Dans cette vidéo, on aborde quelques sujets de peurs vis-à-vis de la découverte d’autres alters. Qu’entend-on par « nouveaux alters » ? A-t-on peur du nombre d’alters, de la raison de leur présence, de devoir partager ? + Quelques pistes pour gérer.
PS: On ne parle pas des signes de la présence d’autres alters et il y a plein d’autres raisons que celles abordées dans la vidéo pour lesquelles on peut avoir peur de découvrir des alters, on abordera probablement tout ça dans une autre vidéo :)
Dans cette vidéo, on aborde quelques sujets de peurs vis-à-vis de la découverte d’autres alters. Qu’entend-on par « nouveaux alters » ? A-t-on peur du nombre d’alters, de la raison de leur présence, de devoir partager ? + Quelques pistes pour gérer.
PS: On ne parle pas des signes de la présence d’autres alters et il y a plein d’autres raisons que celles abordées dans la vidéo pour lesquelles on peut avoir peur de découvrir des alters, on abordera probablement tout ça dans une autre vidéo :)
Kara: Bonjour et bienvenue dans cette nouvelle vidéo de Partielles sur la multiplicité dont le TDI, présentée par Epsi et Kara. Aujourd’hui, on a envie de rebondir sur des commentaires qu’on a eu suite à notre dernière vidéo sur le system-mapping. Si vous l’avez pas vue, on la glisse dans le “i” et en description. Dans cette vidéo-là, on explique quelques outils pour mieux connaître son système et on aborde brièvement le fait que mapper peut amener à prendre conscience de la présence d’alters qu’on ne connait pas encore. Et que bah ça peut faire peur. Alors on va parler de ça : la découverte d’autres alters. Souvent, même s’il y a eu des signes, même si il y a plein de raisons de penser que le système est plus grand que ce qu’on croit au départ, même si quelque part on le sait, c’est plus intuitif de faire la la la la la la, le déni c’est mon ami [rire].
Alors petit disclaimer, si votre déni est vraiment fort et que rien que le fait d’envisager qu’il puisse y avoir d’autres alters dans votre système vous met vraiment mal à l’aise, bah évitez peut-être de regarder cette vidéo, parce qu’on va parler de certaines raisons pour lesquelles ça fait peur, et ça peut éventuellement amener à certaines prises de conscience. Prenez soin de vous, comme toujours !
Le deuxième petit disclaimer c’est le fait qu’on va genrer au masculin pluriel, on va principalement dire “nouveaux alters” et pas “nouvelleaux alters”. On y inclut évidemment tout le monde ! Mais on a essayé de lire notre script en disant “nouvelleaux” et notre dyslessie- voilà, et notre dyslexie n’a pas aimé du tout [rire]. On va encore travailler sur notre inclusif oral mais voilà, comme ça vous savez.
Qu’est-ce qu’on entend par nouveaux alters ?
Epsi: Alors, le premier grand point qu’on voudrait clarifier, c’est ce qu’on entend par “nouveaux alters”. Il y a principalement deux catégories. Il y a les nouveaux-nouveaux, c’est-à-dire qui sont arrivés récemment dans le système, et on peut s’en rendre compte tout de suite ou en tout cas, à quelques semaines près quoi. Et il y a les nouveaux-anciens, c’est-à-dire qu’iels sont dans le système depuis plus ou moins longtemps mais on en avait pas conscience. Et donc on peut découvrir de nouveaux alters à n’importe quel moment de la vie, et ces nouveaux alters peuvent être en fait là depuis la nuit des temps, depuis quelques mois, quelques années ; ou iels peuvent être effectivement tout nouveaux, parce qu’il est évidemment possible que des alters se développent tout au long de la vie.
Et comme un système ça évolue tout le temps, il est possible qu’un alter nouveau-nouveau soit très “développé” entre guillemets ou pas encore, tout comme il est possible qu’un nouveau-ancien ne soit pas très développé ou au contraire le soit. Souvent, mais c’est pas du tout toujours le cas, de nouveaux-anciens qui ont beaucoup fronté, même inconsciemment, ou du moins ont été en coconscience, peuvent être plus conscients d’elleux-mêmes ou plus développés. Mais c’est pas toujours linéaire. Ce qu’on entend par « développé », dans les grandes lignes, c’est le fait qu’iel ait conscience d’ellui-même, de ses goûts, de qui iel est, de ses capacités d’action, etc… Et le “développement”, toujours entre guillements, d’un alter à un moment T n’a pas de rapport avec sa capacité de développement. Un alter peut être peu « développé », toujours entre guillemets, et se développer beaucoup par la suite ou pas du tout, ça dépend de chaque alter.
Il est aussi possible qu’un nouveau-ancien ait un développement qui correspond à des caractéristiques plus récentes. Je vais donner un exemple. Par exemple, il est possible qu’un alter soit là depuis 20 ans mais qu’au moment où on prend conscience qu’iel est là, iel a l’apparence d’un personnage de fiction qui n’existe que depuis 10 ans. Parce que bah l’identification de soi n’est pas forcément ancrée dans ce genre de temporalité. Et de la même façon, un nouveau-nouveau peut être un little même si le corps a un âge avancé. Et dans tous les cas, les nouveaux alters, qu’iels soient effectivement nouveaux ou en fait anciens, peuvent avoir conscience ou pas vraiment du fait d’être des alters et de faire partie d’un système.
Bref, tout ça pour dire que pour savoir si un alter est nouveau-nouveau ou nouveau-ancien, ça peut parfois être un peu complexe. Comme pour tout alter. Le mapping par exemple peut aider à mieux comprendre d’où iel vient et qui iel est.
Raisons d’existence des alters, alter = trauma ?
K: Le deuxième grand point qu’on va aborder c’est le fait qu’il y a mille et une raisons pour lesquelles il peut y avoir des alters ou des nouveaux alters. Et ces raisons sont pas toujours limpides. De notre point de vue, on pense sincèrement que croire que le cerveau ne crée des alters que pour certains besoins spécifiques est trop restrictif par rapport à la réalité de plein de systèmes. On ne peut pas dire que le cerveau n’a pas besoin d’avoir une raison, on n’en sait rien et on ne peut pas se prononcer sur le sujet. Mais on pense vraiment que même si ça peut effectivement toujours venir d’un besoin, il n’est pas forcément toujours très clair. Et l’alter concerné n’est pas toujours hyper-adapté à répondre à ce besoin précis d’ailleurs, mais on y reviendra.
Souvent, surtout quand on est un système traumagène, on se dit que nouvel alter = réaction à un nouveau trauma. Ou alter lié à un trauma passé qu’on ne connait pas. Et donc très vite, on peut se dire que si on n’a pas de nouveaux traumas ou de trauma inconnus, on ne peut pas avoir de nouveaux alters. Mais déjà, il est possible qu’un trauma ait généré plusieurs alters, et on peut en connaitre une partie mais pas l’entièreté des alters liés à ce trauma. Parce qu’il peut y avoir des alters liés à certains aspects spécifiques du trauma et que juste, c’était pas encore l’heure de les découvrir ou cet aspect-là a été géré depuis ou plein d’autres raisons encore. Et juste pour préciser, un trauma peut générer plusieurs alters et un aspect d’un trauma peut aussi générer plusieurs alters. Tout comme un trauma peut ne pas générer d’alter.
Ensuite bah, s’il y a de l’amnésie, et on peut ne pas avoir conscience qu’on a de l’amnésie, il peut effectivement y avoir des traumas qu’on ne connait pas et qui sont à l’origine d’alters. Et ces alters peuvent se révéler parce que bah c’est l’heure et le système est apte à les entendre. Apte ne veut pas dire que ça passe toujours crème hein, mais voilà. Info en passant d’ailleurs : on peut connaitre un alter lié à un trauma sans connaitre le trauma. Et même si l’alter a conscience du trauma d’ailleurs. Trouver un nouvel alter ne veut pas forcément dire qu’on va conscientiser un nouveau trauma au passage, même si cet alter est effectivement lié à un trauma.
Et aussi, évidemment, même sans amnésie, on peut avoir des traumas dont on a pas conscience que ce sont des traumas, notamment parce qu’éventuellement ce sont en fait des alters qui les gèrent mais pas seulement. C’est très fréquent de ne pas se rendre compte qu’une situation a été vraiment difficile et a laissé des traces, en particulier si la société donne une injonction du type “c’est pas grave”. Mais un trauma, c’est personnel, on ne sait pas toujours ce qui a été interprété comme traumatique par le cerveau, surtout quand on a déjà des traumas complexes par exemple, et donc on peut avoir des traumas mais que ce soit subtil ou avoir du déni, etc…
Sans compter qu’en tant que système, tout ça, ça peut être très mélangé.
C’est pas toujours si direct ou clair
E: Tout ça, c’est vraiment pour la partie un peu traumagène pure, trauma = alter. Et comme on le disait, bah c’est pas toujours si direct. Notamment parce qu’il peut y avoir des alters qui sont là suite à un besoin qui découle d’un trauma mais qui n’y sont pas directement liés. Comme si le cerveau avait un peu sauté une étape, il s’est dit “mmh, on aurait besoin de ça, on va faire ça”.
Est-ce que du coup l’alter est en lien avec quelque chose de plus profond ? Certainement.
Est-ce que le lien est limpide ? Certainement pas.
Par exemple, on peut avoir un alter dont le caractère ou les spécificités ne semblent avoir aucun rapport avec le trauma à l’origine de son arrivée dans le système, et donc ça peut être compliqué, encore une fois hein, si c’était facile ce serait trop simple, de savoir vraiment d’où vient cet alter.
Et puis aussi, il peut y avoir des alters qui ne sont vraiment pas “adaptés” entre guillemets à la raison pour laquelle iels sont dans le système à la base, mais sans pouvoir vraiment faire autrement que gérer cet aspect malgré tout. Ce qui du coup peut fausser les pistes aussi. Par exemple un alter social, qui gère le social, qui vient quand y a des situations sociales… et qui est en fait très asocial.
Les alters qui sont là « sans raison »
Eh puis bah… y a tous les alters pour lesquels on ne saura juste jamais à quoi iels sont reliés ou qui ne sont peut-être reliés à rien. C’est vraiment un mythe qu’on aimerait déconstruire encore une fois, le fait que les alters soient là pour un besoin spécifique, presque délimité même, avec souvent une tâche spécifique et un peu carrée. On ne dit pas qu’il n’y a pas souvent un besoin derrière, on dit que c’est pas systématiquement limpide. Et surtout, à partir du moment où le cerveau est câblé multiple, bah y a des trucs qui se forment pour plein de raisons qui peuvent ne pas paraître logiques, linéaires, raisonnables, etc.. Et c’est ok, c’est normal en fait. Et on sait que avoir des alters qui ne semblent avoir de raison d’origine ou qui ont une raison qui n’est pas celle à laquelle on s’attend le plus, ça peut générer beaucoup de honte.
On pense par exemple aux systèmes qui développent ou pourraient développer des fictifs à chaque nouvelle série, ou qui ont des alters qui se forment suite à la création d’un personnage de jeu de rôle, ou des alters qui se forment parce qu’un alter se sent seul, ou en fréquentant d’autres systèmes, ou même suite à en quelques sortes une envie ou une blague ou peu importe. La légitimité peut facilement en prendre un coup à se dire qu’on invente, etc…
Mais en fait bah rassurez-vous, vous l’avez pas fait exprès, et quand bien même ce serait le cas, l’important à retenir c’est que ces alters sont là maintenant, et comme n’importe qui d’autre, iels méritent qu’on prenne soin d’elleux.
Et quoiqu’il en soit, vous êtes légitimes, votre système l’est, la façon dont votre cerveau gère l’est tout autant, et dans tous les cas, ces alters sont là, et c’est ok. Iels ont le droit d’être là, et la honte ou la culpabilité ne les feront pas disparaître.
Et surtout bah dites-vous que c’est hyper fréquent. Il y a beaucoup de honte à ce sujet mais comme plein d’autres trucs, c’est fréquent mais personne n’en parle ou n’ose en parler.
La peur du nombre d’alters
K: Le troisième point qu’on a envie d’aborder c’est la peur du nombre d’alters. On l’a déjà dit plein de fois mais on va le redire : il n’y a pas de nombre maximum d’alters. Le minimum pour être un système, bah c’est deux, et encore on dit alters pour généraliser mais il y a des systèmes pour lesquels c’est moins limpide que des alters ou qui se représentent en parts, et pas parts dans le sens alters mais dans le sens différentes parts de soi, mais BREF ! Le minimum c’est d’être + que 1 mais il n’y a pas de maximum.
Et quand on dit ça, c’est pas seulement dans le sens où un système peut avoir plusieurs milliers d’alters, c’est aussi dans le sens où il n’y a pas vraiment de moyenne non plus. On entend souvent que les systèmes de plus de 20 alters c’est louche, sauf si c’est un système polyfragmenté, mais que des polyfragmentés de plus de 100 c’est louche aussi. Ou les médias, les films etc… laissent souvent sous-entendre que plus de 10 c’est déjà beaucoup. On pense notamment à la promotion de la sortie du film Split qui vendait le truc comme “le mec avec le plus d’identités au monde, il en a… 23 et bientôt 24”, wouwh, genre c’est énooorme ! Bah non. Juste non en fait. Il n’y a pas de maximum, il n’y a pas de record, et surtout, il n’y a pas de limites même imposées par la société ou la représentation que la plupart des singlets se font du TDI, ou même de la multiplicité en général.
Il y a des systèmes de 2, de 10, de 50, de 100, de 1000, de 5000, et certainement de plus que ça. C’est juste un fait. Et il y a des petits systèmes et des grands systèmes, et y a même pas de limite à savoir quand est-ce qu’on est un petit ou un grand système, c’est une perception personnelle.
Voilà, maintenant que c’est dit, on sait par contre que ça reste compliqué de se dire “ah, un de plus…”. Et c’est même souvent compliqué de passer une dizaine par exemple. On est 9, ok 1 de plus mais après c’est tout. Non, non, on est 100, c’est tout, pas plus [rire]. Et ça bah c’est un peu juste une déconstruction à faire, et petit à petit réussir à se dire que bah c’est juste comme ça et voilà.
Par contre, si vous vivez la multiplicité comme un trouble, un nombre plus grand d’alters ne veut pas dire que vous êtes plus atteints. Tout comme un nombre plus grand d’alters ne veut pas dire que vous êtes plus traumatisés si vous êtes un système traumagène d’ailleurs. C’est loin d’être aussi linéaire encore une fois. Comme on le disait juste avant, les alters n’ont pas toujours une raison spécifique d’exister eh puis bah, chaque cerveau différent, chaque système est différent, et c’est tout. Même si on reprend le basique trauma = alters, un événement traumatique peut générer plusieurs alters chez une personne et un ou pas d’alter chez une autre personne.
Le nombre d’alters qui augmente ne veut au final rien dire, à part qu’il y aura une organisation différente à trouver, et encore ce n’est pas le cas pour tous les systèmes. En parlant d’organisation d’ailleurs, une peur récurrente c’est un peu que tout soit chamboulé. Et ça peut arriver au moment où on prend conscience de nouveaux alters, mais généralement c’est temporaire et un nouvel équilibre se trouve. Bien sûr, ça dépend des systèmes et de l’environnement et de plein d’autres facteurs mais voilà, pour résumer, le nombre ne change pas grand-chose et quand un système a trouvé un équilibre qui lui convient bien, c’est plus facile d’en retrouver un même après une période de chamboulement.
De la même façon, on peut avoir peur par exemple de devoir encore plus partager son temps. Mais là, disons que le problème ne vient pas des nouveaux alters mais qu’il est un peu à côté, et c’est en développant la communication et la coconscience qu’on perd moins de temps et que le partage est plus facile, et du coup bah c’est aussi en communiquant avec les nouveaux que ça peut aider. Et puis bah ça arrive aussi fréquemment que les nouveaux-anciens soient en fait là depuis longtemps et qu’il y avait des switches avec elleux, etc… mais que juste c’était pas conscient ou qu’il y avait de l’amnésie. Et que donc au final ça ne change pas grand-chose pour le coup, à part une conscientisation différente. Même si on sait que c’est compliqué et que ça prend du temps et que c’est différent pour chaque système, pour mille raisons comme le fait de changer d’hôte fréquemment ou d’être un très grand système par exemple. Et dans tous les cas, vous êtes toustes quelqu’un, et vous êtes légitimes.
Expérience perso
E: Ok maintenant je vais parler un peu de mon expérience personnelle avec l’arrivée de nouveaux alters. Rappel évidemment que c’est mon vécu et que ça se présente pas forcément pareil pour tout le monde, et bref oui vous êtes légitimes même si votre vécu ou vos ressentis sont différents.
Quelques mois après la prise de conscience, on pensait qu’on était 7, et que c’était un nombre très correct et définitif. Hahahah – lol. Bref. Alors bon déjà, dans l’inner, dans un espace de rencontre qui avait été fait justement pour améliorer la communication, etc… y avait plus de places dispo que 7… Eh ouais ça aurait pu mettre la puce à l’oreille mais on se disait des trucs comme “c’est pas possible de savoir ça”, “je vois pas pourquoi”, “c’est juste que c’est plus joli comme ça”, etc…
Puis une nouvelle alter a débarqué, mais elle avait pas de nom ni de conscience de sa présence, je me souviens juste avoir eu une déréalisation bizarre et avoir même naïvement demandé dans un groupe ce que ça voulait dire. Et plein de gens m’ont dit “c’est peut-être une nouvelle alter non ?” et j’ai dit “bah non”. Mais si, en fait si, bien sûr que si. Quand ça a été confirmé que c’était une nouvelle, qui était en fait une ancienne sortie de dormance, mon monde s’est écroulé comme à la prise de conscience. Ça bousculait tout, ça allait tout changer, c’était trop, c’était n’importe quoi, etc, etc.. Et au final bah elle est là, elle est quelqu’un, elle nous équilibre par moments, et voilà.
Quelques mois après, nouveaux signes de l’apparition d’un alter qu’on ne connait pas. Un autre ancien, sorti de dormance également. Et pareil, évidemment. D’abord non, ensuite olalah, et puis en fait bah voilà. Et ça nous a apporté énormément de réponses sur notre passé. Et ça s’est souvent présenté comme ça au final, c’était juste l’heure de les découvrir, iels avaient l’espace pour venir.
Puis y a eu la première fois où on a découvert une nouvelle-ancienne alter… qui ne sortait pas de dormance. Grosse remise en question évidemment ! Qui est-elle ? Fronte-elle ? Depuis quand elle est ? Pourquoi on a rien remarqué ? C’est pas possible ! C’est n’importe quoi ! Etc, etc… Et évidemment, nouveau cycle. Mais au final, comme Kara disait, bah elle était déjà là. Et maintenant on savait qu’elle était là mais ça ne changeait pas grand–chose sur notre quotidien, puisqu’en fait c’était déjà le cas.
Enfin, y a eu l’arrivée de nouveaux-nouveaux, et c’était encore une autre forme de désillusion quelque part. On pensait pas que d’autres pouvaient se former alors qu’on avait conscience de notre multiplicité, parce que bah ça paraissait pas nécessaire en quelques sortes. Et pour le coup, on a aussi flippé de devoir totalement changer d’organisation, que ça change vraiment quelque chose pour les autres… mais au final, on a juste un équilibre plus adapté à ces nouveaux paramètres qui fluctuent tout le temps, et ça va en fait.
Tout ça pour dire que dans tous les cas, on avait plein de peurs liées à l’arrivée de nouveaux alters, et on a lutté à chaque fois. D’abord on voit les signes mais on se dit que non. Puis on se dit que ok mais qu’on veut pas le savoir. Puis on y fait un peu attention mais en pouvant tout mettre de côté si besoin. Eh puis en fait, iel est là et voilà, et ça devient un membre du système comme les autres. Et à chaque fois on s’est dit qu’on en avait fait un foin pour rien et que, la prochaine fois, on ferait mieux… je répète mais hahaha – lol, évidemment qu’on a refait inlassablement le même schéma, pour au final presque toujours réussir à intégrer les nouveaux alters au système. Mais ça nous est arrivé que ça prenne plusieurs mois, ou que ça devienne conscient et puis qu’on retombe dans le déni pour revenir dessus ensuite. Et, en fonction des alters, ça a été plus ou moins bien accepté d’ailleurs [rire].
Et aujourd’hui, on est quand même quelques années après, on en a eu un paquet de nouveaux alters. Parfois, ça peut encore lutter un tout petit peu mais dans l’ensemble, on a vraiment plus peur de découvrir de nouveaux alters. Et on sait qu’on a pas encore découvert tout le monde et que, un jour viendra où iels viendront se présenter. Tout comme on sait que potentiellement, on créera de nouveaux alters à l’avenir en fonction d’une raison x ou y. Mais ça a mis du temps, des essais, des conscientisations, et tout ça pour se rendre compte qu’en fait ça va.
Ce qu’on en retire beaucoup par contre, et encore une fois c’est notre vécu et ça prend du temps et ça dépend de plein de facteurs mais bref, c’est qu’on a vraiment moins de pertes de temps et de dissociation qu’avant. En dehors de périodes de stress ou de trigger bien sûr mais, plus on connait les membres du système, plus on sait potentiellement qui on peut être et mieux les souvenirs sont gérés, et donc moins on tombe dans un mélange avec des trucs inconscients qui font qu’on a l’impression que la vie défile sans nous.
C’est commun d’avoir peur
K: Voilà, on a envie de rappeler que c’est vraiment commun d’avoir peur de découvrir de nouveaux alters. Et pour plein de systèmes. On connait des systèmes qui sont conscients depuis super longtemps, qui n’ont pas peur de leur multiplicité, qui sont même diags, qui sont tout ce que vous pourriez vous dire que ça change la donne et ça ne l’a pas changé (coucou Kim). Et c’est ok, ça veut juste dire que c’est compliqué et qu’il faut souvent gérer des sentiments comme la peur d’inventer, de découvrir des trucs sur son passé, de mentir, de se dire qu’on avait pas besoin de cet alter, qu’on l’a créé soi-même, et tous ces trucs-là et juste, vous faites ce que vous pouvez, votre système fait ce qu’il peut, votre cerveau aussi et c’est ok. C’est commun, et la honte dans certains cas fait que parfois personne n’ose en parler.
Communiquer et construire la confiance intra-système
Et on a envie de conclure en disant que, même si on sait que c’est vraiment pas toujours facile et que ça peut prendre un certain temps, accueillir les nouveaux alters avec bienveillance est souvent ce qui fonctionne le mieux. Communiquer avec son système, y compris les nouveaux, ça aide vraiment à développer pas mal de trucs positifs. D’ailleurs pour en revenir au début de cette vidéo, la peur de découvrir de nouveaux alters ne devrait, idéalement, pas vous empêcher de faire du mapping [rire], parce que bah dans tous les cas, ou la majorité en tout cas, c’est la communication et la construction d’une base de confiance intra-système qui aident le plus.
Et si vous êtes vraiment pas à l’aise avec un ou une nouvel-le alter et que vous vous dites que vous ne pouvez pas vous entendre avec, dites-vous qu’il y a peut-être d’autres alters dans le système qui seront à l’aise avec cet-te alter. D’ailleurs, n’hésitez jamais à demander de l’aide aux autres alters du système ! Y compris pour accueillir des nouveaux alters. Voilà.
Et si vous êtes vous-mêmes un ou une nouvel-le alter, bah essayez de faire preuve d’indulgence si possible. On sait que ça parait parfois injuste et que vous pouvez avoir envie d’être entendu-e, etc… mais c’est un travail à faire ensemble. Le système qui prend conscience de vous doit s’ouvrir et vous devez faire preuve d’un peu de patience. Et ça peut vraiment être compliqué pour les autres aussi même si c’est pas contre vous personnellement !
Merci beaucoup d’être resté-es jusqu’ici. On espère que cette vidéo vous aidera à accueillir les nouvelleaux avec plus de facilité. On se retrouve ici un dimanche sur deux et le reste du temps sur les réseaux sociaux, et à bientôt !
PS: On ne parle pas des signes de la présence d’autres alters et il y a plein d’autres raisons que celles abordées dans la vidéo pour lesquelles on peut avoir peur de découvrir des alters, on abordera probablement tout ça dans une autre vidéo