[Kaléidoscope #03] Statistiques et témoignages sur les relations intra-systèmes par Atoll

Les relations d’amitié sont-elles plus fréquentes que les relations conflictuelles, voire de haine entre les alters ? Est-ce que les alters font parfois partie de la même famille au sein du système ? Et si oui, quels types de liens familiaux existe-t-il dans les systèmes ? Les couples (ou trouples, etc.) sont-ils fréquents entre les alters ? Sont-ils exclusifs, ou arrive-t-il qu’un.e alter soit en couple avec un.e alter dans le système ET avec une personne extérieure au système ? Voilà quelques questions auxquelles nous allons répondre, grâce à votre participation à l’enquête !

Avertissements de contenu:

Multiplicité et dissociation (TDI, alters, conflits internes, persécuteurices, mémoire altérée, confusion identitaire, perte de contrôle) ; Trauma et abus (références aux traumatismes, programmation, amnésies, sentiment de mort) ; Violence et sécurité (situations dangereuses, blessures, altercations) ; Relations intra-systémiques (hiérarchie, contrôle, famille, couples, reparenting)

Transcription:


Bienvenue dans cette vidéo sur les relations intra-système.

Dans le cadre de cette édition de Kaléidoscope, nous avons mis en ligne fin décembre un questionnaire pour obtenir des données statistiques sur les relations entre les alter d’un même système.

Les relations d’amitié sont-elles plus fréquentes que les relations conflictuelles, voire de haine entre les alters ? Il y a-t-il beaucoup de systèmes avec une hiérarchie entre les alters ? Est-ce que les alters font parfois partie de la même famille au sein du système ? Et si oui, quels types de liens familiaux existe-t-il dans les systèmes ? Les couples (ou trouples, etc.) sont-ils fréquents entre les alters ? Sont-ils exclusifs, ou arrive-t-il qu’un.e alter soit en couple avec un.e alter dans le système ET avec une personne extérieure au système ? Il y a-t-il des systèmes sans littles ? Les littles ont-iels des alters parents ou qui tiennent un rôle de parent ? Et qu’en est-il des « PNJ », ces êtres – humain.es ou non-humain.es – qui ne sont pas des alters mais qui existent dans l’inner chez certaines personnes multiples ?

Voilà quelques questions auxquelles nous allons tenter de trouver des réponses, grâce à votre participation à l’enquête !

Cette fois, c’est plus de 160 systèmes ( !) qui ont répondu au questionnaire, dont plus d’une centaine en moins de 12 heures ! Whao, on ne s’y attendait pas du tout ! Merci à toustes celleux qui ont participé, et également à celleux qui ont partagé l’enquête sur leurs réseaux sociaux et à leurs proches.

L’échantillon est ainsi plus conséquent que pour la vidéo « Multiplicité et stéréotypes de genre » d’octobre dernier. On peut espérer que les statistiques seront d’autant plus fiables, même si, on le rappelle, nos questionnaires ne sont pas de réelles études scientifiques ! Il ne s’agit pas ici de tirer des vérités générales sur la multiplicité et les personnes multiples, mais simplement de donner un aperçu partiel (huhu !) de tendances qui pourraient se vérifier ou pas dans une étude scientifique plus large.

Enfin, je précise que la seule chose objective dans cette vidéo sont les chiffres en eux-mêmes.

Merci également aux 56 systèmes qui se sont portés volontaires pour témoigner auprès de nous de leur expérience, de leur vécu de personnes multiples. Pour des raisons évidentes de « notre temps n’est pas illimité et c’est une frustration sans fin », nous n’avons pas pu faire un entretien avec chacun des 56 systèmes volontaires. Nous avons sélectionné 7 systèmes avec lesquels nous avons échangé, et nous diffuserons des extraits de leur témoignage dans cette vidéo.

Enfin, merci à Epsi et Kara pour leur soutien et pour tout ce qu’iels font depuis des années pour la communauté multiple.

Grâce à votre accueil enthousiaste de notre première vidéo – on avait peur qu’une heure de statistiques vous fasse fuir ! – on s’est autorisé à réitérer avec cette nouvelle enquête, et on compte bien continuer.

Vous pouvez donc à présent nous suivre sur Instagram, Facebook et Youtube, sous le nom Être.s multiples. On y propose des enquêtes, des sondages ; on y diffuse des statistiques, des extraits de témoignages, et suivant l’humeur et l’envie des alters du système, on fera surement plein d’autres choses. Pour celleux qui sont déjà abonné.es, vous avez pu voir que les littles ont des idées et savent s’imposer !

Avant de commencer, un petit topo « Triggers warning – avertisseurs de contenu ».

Même s’il y a forcément des mots triggers dans la vidéo, il n’y a pas de détails évoqués dans les parties statistiques. Dans les parties témoignages, il arrive que des thèmes potentiellement trigger soient mentionnés. Voilà une liste globale, et non exhaustive, des triggers potentiels.

Multiplicité et dissociation (TDI, alters, conflits internes, persécuteurices, mémoire altérée, confusion identitaire, perte de contrôle)

Trauma et abus (références aux traumatismes, programmation, amnésies, sentiment de mort)

Violence et sécurité (situations dangereuses, blessures, altercations)

Relations intra-systémiques (hiérarchie, contrôle, famille, couples, reparenting)

Cette introduction est aussi longue que la liste des alters de mon système encore dans les ombres, sacrebleu !

Let’s go, c’est parti pour les données générales !

On a fait léger cette fois-ci, en vous demandant simplement dans quel trouble dissociatif/définition de la multiplicité vous vous retrouvez, que ce soit avec ou sans diagnostic, afin de voir si l’on avait une diversité dans les profils ou pas.

Et c’est le cas !

Dans quel trouble dissociatif ou définition de la multiplicité vous retrouvez vous ? (Avec ou sans diagnostic)

Bien que les TDI soient une majorité avec presque 60% des répondant.es (ce qui s’entend pour un sondage qui pose des questions très spécifiques sur les alters), nous avons aussi 19% de personnes se définissant comme multiple/plural, 7,5% qui ne se définissent pas, 6,2% de TDI-P (TDI partiel), 2,5% d’ATDS et 1,2% de TDNS. De façon minoritaire – 1 système à chaque fois – nous trouvons d’autres « étiquettes », comme « médian », « TDI complexe programmé », ou sur plusieurs définitions à la fois « multiple et ATDS », « TDI et multiple », etc.

Entrons maintenant dans le vif du sujet : les relations intra-systèmes.

Nous avons défini 6 catégories de relations. Il y en a évidemment bien plus, mais voilà, il faut bien choisir des petites boites pour organiser les données, et pas trop non plus, sinon on fait une vidéo de 5 heures et tout le monde finit desséché devant son ordi.

So, nous verrons :

• Les relations ami.es – ennemi.es entre alters

• La hiérarchie et les relations d’autorité au sein du système

• Les familles d’alters

• Les alters en couple (ou trouple, etc.)

• Les enfants au sein du système (littles) et les alters parentaux

• Et enfin, les PNJ, c’est-à-dire les êtres qui ne sont pas des alters mais qui apportent de la compagnie à vos alters dans l’inner.

Vous verrez qu’il y a peu de questions par catégories. L’idée était d’avoir des tendances générales, qui permettront de faire d’autres enquêtes plus approfondies pour chaque catégorie. L’expérience et le vécu des personnes sur le spectre de la multiplicité est vaste, et nous n’avons pas la prétention de tenter de l’explorer en une seule enquête.

Les relations Ami.es – Ennemi.es.

Tout d’abord, il y a-t-il des alters qui sont ami.es au sein d’un même système ? Pour 96,3% des personnes multiples, c’est oui. On note une petite frange d’indécis.es (3,1% des systèmes répondant.es) et un système certain de n’avoir pas d’alters ami.es hors lien de parenté.

Et des alters ennemi.es, il y en a-t-il ? Les réponses sont plus variées, avec une majorité de systèmes qui connaissent le conflit entre au moins 2 de leurs alters (61,5%), 28% de systèmes où il n’y a aucune relation d’ennemi.es, et 10,6% qui ne se prononcent pas.

Mais ces relations ont-elles toujours été ainsi ? Nous avons demandé aux répondant.es s’il y a dans leur système des relations entre alters qui ont évoluées avec le temps, comme des ami.es qui deviennent ennemi.es ou inversement. C’est le cas dans 82,6% des systèmes. Dans une grande majorité des cas, l’état des relations n’est donc pas définitif, dans un sens comme dans l’autre. Toutefois, on note 7,5% de systèmes où les dynamiques de relation ne changent pas, et 9,9% où l’on ne sait pas.

Pour résumer, notons que dans 96,3% des systèmes, il y a des alters qui sont amis. Et 61,5% des systèmes connaissent des conflits internes. Les relations évoluent dans 82,6% des cas. Cela met en évidence une fluidité dans la structure des systèmes, avec la transformation des relations au fil du temps, et une place prédominante mais pas exclusive des liens d’amitié.

Avec Macha, nous avons parlé de ce type de dynamique au sein d’un système, entre des alters qui ne s’accordent pas, mais dont la relation évolue avec le temps. Voilà leur témoignage :

« Je n’ai pas beaucoup d’informations sur mon système, et je ne suis pas vraiment en communication avec les autres alters. À ma connaissance, on est 7. 2 littles, 2 ados, moi et deux qui restent en interne et ne frontent jamais. À part Charlotte et moi, aucune autre n’a de prénom.

Il y en a 3 que je connais relativement bien car elles viennent en co-front. Et lorsqu’elles sont là, même si je n’ai pas de moyen d’action, je suis là et je sais ce qu’il se passe.

Charlotte, elle, peut prendre totalement le contrôle du corps, et je ne sais pas ce qu’il se passe quand elle est au front. Si elle veut, elle peut me laisser voir, mais en général elle préfère me faire partir. Charlotte est apparue à mon entrée au lycée. À cette époque, j’ai eu l’impression d’avoir évolué, changé avec le lycée. Mais à la fin du lycée, je suis redevenue comme avant. Je n’étais pas au courant de ma multiplicité, je ne comprenais pas pourquoi j’avais « régressé ». Maintenant que j’ai conscience de la dissociation, des amnésies, etc, je comprends qu’au lycée, c’était Charlotte.

Nous sommes très différentes. Je suis une personne très timide, réservée. Charlotte, elle, n’a aucun problème à parler aux gens, elle n’hésite pas à se battre. Elle ne connait pas la peur, alors que moi je suis pétrie d’anxiété. Je ne sais pas ce qu’elle sait, même si je pense qu’elle sait plus de choses que moi, et que tout ce que je sais, elle le sait. Mais il n’y a pas de communication entre nous. À la base, je ne l’aimais pas et c’était réciproque. D’ailleurs, elle le prend très mal si on nous confond.

Ça a été très difficile à accepter, et c’est encore difficile aujourd’hui. C’est arrivé récemment qu’elle fronte dans un moment où j’étais avec des ami.es. Ces dernier.es ne sont pas au courant de ma multiplicité et je ne sais pas ce qu’il s’est passé. Comme je ne me souviens pas, j’imagine le pire et j’ai honte. J’ai peur de passer pour folle, bizarre, d’être jugée. Et en même temps, je ne veux pas savoir.

Ça m’est déjà arrivé de me réveiller d’une dissociation et de me rendre compte que je suis des lits d’inconnu.es ou enfermée dans une cellule. Je me suis aussi réveillée à l’hôpital, avec un cocard et sans chaussures. Je n’ai jamais retrouvé mes chaussures ! C’est très angoissant pour moi. Et en même temps, je ne veux pas savoir ce qu’il s’est passé.

Cependant, un jour, elle nous a sauvé. Un homme a voulu rentrer chez moi, il a bloqué la porte au moment où j’ai voulu la fermer. Je me suis dissociée. La première alter qui est venue, c’est ma toute petite fille qui était terrorisée. Elle est restée une fraction de seconde, puis c’est Charlotte qui est venue, mais sans me bloquer. Elle nous a défendu physiquement, puis elle m’a laissé de nouveau le contrôle. À ce moment-là je me suis dit : « Ok elle peut m’apporter des problèmes, ok elle est assez extrême, mais n’empêche que c’est une ressource ! » Moi je n’ai pas les épaules pour gérer ce genre de situations. Malheureusement, mon système n’est « pas très bien fait », car c’est une gosse qui fronte dans les situations de danger. Heureusement que Charlotte était là !

J’ai compris qu’elle se préoccupait de la sécurité d’au moins une partie du système, notamment des deux littles. Je sais que si elles sont en danger, Charlotte va venir, et c’est très rassurant ! »

Merci à Macha pour leur témoignage ! Et vous, est-ce que vous relatez ce type de relation ?

Passons maintenant à la catégorie suivante.

Les relations d’autorité et la hiérarchie

Nous vous avons d’abord posé une question liée à la programmation. En effet, les systèmes programmés ont en général un fonctionnement particulier : lorsqu’un.e abuseureuse extérieur.e au système programme quelqu’un.e , iel le fait dans un objectif de contrôle. Il est donc fortement probable qu’un système programmé ait une hiérarchie au sein de son système.

Voilà pourquoi nous vous avons posé la question : Êtes-vous un système programmé ?

Parmi les répondants, il y a 8,7% de systèmes programmés, presque les ¾ qui ne sont pas programmés, et environ 17% de systèmes qui ignorent s’ils sont programmés ou non.

Nous vous avons demandé, tout type de systèmes confondus, s’il y avait une hiérarchie dans votre système. Presque la moitié d’entre vous nous a répondu que oui. 35,4% ont indiqué n’avoir aucune hiérarchie, tandis que 14,3% ignorent s’ils en ont une ou non.

Entrons un peu plus dans le détail :

Parmi les systèmes programmés, 85,7% expliquent avoir une hiérarchie au sein de leur système. Parmi les 14,3% restants, qui représentent 2 systèmes, 1 n’a pas de hiérarchie et 1 autre ne souhaite pas répondre à la question.

Cependant, le fait d’avoir une hiérarchie dans son système n’est pas réservé aux systèmes programmés. Parmi les systèmes non programmés (étant certains de ne pas l’être), 41,7% indiquent avoir une hiérarchie entre leurs alters. On comprend donc que la structuration hiérarchique n’est pas uniquement une conséquence de la programmation externe, mais peut émerger naturellement dans les systèmes.

Notons aussi qu’il est également très fréquent de n’avoir pas de hiérarchie ! Encore une fois, tout ce que montre les chiffres, c’est que toutes les configurations existent. Quelle que soit votre expérience de la multiplicité, vous êtes légitime !

Enfin, on peut ne pas avoir de hiérarchie dans son système et pour autant que certain.es alters aient une relation d’autorité sur d’autres alters. Pour 75,8% des systèmes ayant répondu à l’enquête, au moins un.e alter a une relation d’autorité sur un.e ou plusieurs autres.

Nous avons échangé avec deux systèmes dont l’organisation interne présente une hiérarchie : un système programmé, et un système non-programmé. Commençons par le témoignage d’Équinoxe.

« Comme beaucoup de systèmes programmés, il y a une hiérarchie au sein de notre système. Nous avons des alters « gestionnaires de crises », des protecteurs, des caregivers (des alters chargés de prendre soin du système/ des autres alters), etc.

Tout est très schématisé, très organisé, chaque alter est complémentaire des autres, y compris des alters qu’on pensait être simplement des parts trauma. On s’est rendu compte qu’iels avaient un rôle spécifique dans notre pyramide et face à la programmation.

On fonctionne avec un pôle d’hôtes, c’est-à-dire qu’on est un groupe d’hôtes toujours au front, avec l’impression de ne jamais switcher, d’être une « soupe » d’une personne, alors qu’on est nombreux à être au front. La programmation joue beaucoup dans ce sentiment.

On n’a pas accès à l’inner et pas accès au lien avec les autres alters. Néanmoins, ces autres alters s’organisent de manière coordonnée face à la programmation, et des relations parfois amicales, parfois amoureuses, parfois familiales entre eux. Certains alters ont pris le rôle de parents pour certains littles, ou d’aidants pour d’autres alters.

Quand un programme se lance, il y a une solidarité dans le système : des alters protecteurs vont aller « main dans la main » éteindre le programme, des gate-keepers vont donner le front à certains care-givers qui vont réparer, aider s’il s’est passé des choses plus ou moins graves, etc.

Cette entraide intra-système continue de se développer au fur et à mesure de la déprogrammation, et aussi grâce au fait d’être entouré.s d’autres systèmes, d’avoir des proches multiples.

L’aspect négatif de cette très grande organisation et hiérarchie dans notre système, c’est que lorsque la programmation prend le dessus, ça peut avoir des effets catastrophiques.

Par exemple, il y a 1 an et demi, un programme très dangereux s’est déclenché et a eu comme conséquence désastreuse de faire partir en dormance un de nos gestionnaires de crise, celui qui s’occupait de plus de choses dans le système. Il relationnait avec le protecteur principal, et son départ a fait s’effondrer comme un château de cartes toute l’organisation du système.

Ce qui est paradoxal, c’est que nous, le groupe d’alters hôtes, nous n’avons pas vraiment conscience de tout ce qu’il se passe derrière. On vit notre vie, avec l’impression que c’est toujours plus ou moins calme. On ne ressent pas la complexité de notre système.

En fait, nous, le groupe d’hôtes, on n’a pas conscience de la programmation. Et puis on ne s’en souvient pas. Tout ça fait partie de la programmation ! Ça nous donne l’impression de vivre de façon très détachée du reste du système, et c’est assez dur, car on a l’impression d’être mis à l’écart involontairement. On en prend conscience quand des alters concernés viennent au front et nous racontent. Cependant – et on ne sait pas exactement quelle est l’influence de la programmation là-dessus – ces alters qui ne sont pas des hôtes, lorsqu’iels viennent au front, perdent énormément la mémoire de ce qu’il se passe derrière. On a des archivistes qui s’occupent de tout ça, mais il y a beaucoup de pertes.

D’un côté, nous on se sent isolés, et derrière, c’est très complexe, très solidaire et très unifié. »

Merci à Équinoxe pour son témoignage !

Maintenant, écoutons celui d’Indra :

Le système, il est assez simple. On est 6 principaux et 2 secondaires. C’est comme qu’on a décidé un peu les rôles. Dans les principaux, on a un homme cerf, une femme âgée démon, un enfant humain, une fille ado qui est un ange, une ombre vivante et une espèce de fantôme/dieu – il ne sait pas trop ce qu’il est mais bon c’est à peu près ça – et dans les secondaires y’a un homme loup et une espèce d’esprit. Celui qui est un dieu a une autorité sur tous les autres. Hiérarchiquement, en fait, en première position il y a donc Mass qui est donc le dieu, en second c’est Ano qui est l’ombre vivante, après il y a tous les autres qui sont en système juste en dessous et juste le little, l’enfant humain, qui est vraiment en dernier. Angie, qui est la femme âgée démon, et Hap, qui est donc le little, ont un lien grand-mère/petit-fils slash professeur/élève. Fenrir qui est l’homme loup et Scare l’homme cerf ont un lien de frères. L’esprit, qui a décidé de ne pas nous communiquer son nom, et le little, ont un lien de meilleurs amis, entre guillemets. Sady, qui est l’ange, à un lien de sœur avec Scare et Hap. Dans le principe, tout le monde se réunit pour prendre une décision. Tout le monde a pour ainsi dire une voix, que ce soit un alter principal ou secondaire, et ça se votre à la majorité. Après, le dieu a le droit de poser un véto s’il a pas envie. Sur le plan purement fonctionnel, ça s’est fait comme ça naturellement. Sur le plan plus historique de la création du système, vu que c’est le dieu qui a créé un peu l’inner, c’est lui qui prend les décisions. Au point où s’il a envie de mettre une montagne à un endroit, il va mettre la montagne à l’endroit et nous on a pas notre mot à dire. Chaque alter a sa pièce de vie, si on veut, pratiquement une maison entière chacun, et du moment que le dieu ne fait aucun changement sur la périphérie directe de la maison ou l’intérieur de la maison, y’a pas de soucis. Le corps est dirigé par jamais moins de deux alters. À part le dieu qui peut se permettre de gérer seul mais sinon tous les autres sont obligés d’être par deux, sinon c’est le bordel. Au début y’avait pas de communication, et c’était tellement n’importe quoi que on a fini par plus rien faire en fait. Le réveil sonnait le matin, on l’éteignait on se rendormait et voilà. Angie et Scare ont des tempéraments qui se complètent en fait. Angie qui est quelqu’un de très impulsive, et qui se met en colère très facilement, elle est quasiment voire quasiment que en cofront avec Scar qu’est très calme, très réfléchi et autre pour la tempérer. En soi, quand on regarde les caractères des alters, s’ils sont par deux c’est pas pour rien car il y en a toujours un qui contrebalance les caractéristiques de l’autre pour que ce soit à peu près équilibré.

Merci à Indra pour son témoignage. On passe aux relations de famille au sein d’un système.

Les familles d’alters

Les alters peuvent être de la même famille, soit parce que le cerveau les a créés ainsi, soit parce qu’un lien familial s’est établi entre les alters d’un même système. On se demandait quelle était la proportion de systèmes dans lequel au moins 2 alters partagent un lien familial, et quel type de lien.

Dans votre système, il y a-t-il des alters qui sont de la même famille ? On voit qu’il y a souvent des liens familiaux entre les alters d’un même système, car 71,4% d’entre vous répondent par l’affirmative. Dans 21,1% des systèmes, il n’y a aucun lien familial entre leurs alters.

On vous a questionné sur la présence ou l’absence de frères/sœurs et/ou adelphes dans votre système. 67,1% des systèmes ont des alters qui partagent un lien de ce type avec un.e ou plusieurs autres alters. 24,2% n’ont pas de frères/sœurs/adelphes parmi leurs alters. Enfin, 7,5% ignorent s’il existe des liens de ce genre parmi leurs alters.

Et il y a-t-il des liens de parenté de type enfant/parent ? La réponse est plus partagée que pour la question précédente. Pour la moitié des systèmes répondants, c’est le cas. Tandis que presque 40% n’ont pas ce type de lien dans leur système.

Et existe-t-il d’autres types de liens familiaux dans vos systèmes ?

C’est le cas dans 29,2% des systèmes. Voilà un échantillon de vos réponses à cette question :

Des cousin.es

Des tantes/oncles et des neveux/nièces

Des grands parents

Des ancêtres plus lointains

Plusieurs générations d’une même famille

Des belles-sœurs, des beaux-frères, des bels-adelphes

Des marraines et des parrains, des filleul.es, etc.

Chez certains systèmes, cela a également une influence forte sur l’apparence physique des alters. Comme par exemple chez Miscé :

Tyler, Lou et moi, c’est un peu le noyau dur. En fait, on se considère comme frères et sœurs, même dans comment on se voit dans l’inner. Moi, j’ai exactement le même corps que le corps ici. Et Lou, elle a un corps un peu similaire, c’est un peu comme si on était jumelles. Et Tyler a beaucoup de ressemblances à mes frères. Mais à côté, Kali ne ressemble pas du tout à Lou ou à moi, ni à ma famille, et Cassie encore moins. Alors que Lou, Kali et Cassie sont d’une même souche, j’ai envie de dire.

Merci Miscé pour cette anecdote sur votre système !

Pour autant, il n’est pas nécessaire que les alters aient un lien familial établi pour fonctionner comme une famille. Écoutons Loulio nous parler dans le détail du fonctionnement de leur système, et notamment des relations avec les alters introjects du système.

« En fait, notre système, ce qui est très intéressant et ce qui nous fait du bien, c’est qu’on est tous très soudés. Il n’y en a pas un qu’on met de côté, il n’y en a pas un qui est éloigné ou qu’on n’écoute pas. On a vraiment établi quelque chose de très solide dès le début. On a eu forcément des problèmes, je pense comme beaucoup, mais vraiment maintenant, on essaye de s’écouter, d’avoir la parole de tous et de vraiment avoir établi des bases solides. Donc tout le monde est accepté de la façon dont il vit. On essaie d’arranger les choses pour que tout le monde soit à l’aise, surtout. J’ai beaucoup de troubles, on va dire, qui font que j’hyperfixe extrêmement facilement sur énormément de sujets, énormément de personnages, énormément d’histoires, énormément de trucs. Et ça, chez nous, provoquait beaucoup l’apparition d’introjects. Ce que je trouve vraiment intéressant chez nous, c’est vraiment les relations qu’on a pu établir avec eux. On a vraiment tout type d’introjects. On a de ceux qui ressemblent presque trait pour trait à leur source et qui ont beaucoup de mal à interagir avec d’autres représentations d’eux-mêmes, entre guillemets, puisque c’est pas eux-mêmes, mais vous avez compris. On en a d’autres qui sont complètement détachés, mais pourtant gardent des racines. On sait très bien qu’ils viennent de, par exemple, d’une œuvre ou d’un jeu, etc. Mais qui, pourtant, se sont très bien intégrés et vivent comme s’ils étaient complètement détachés. En tant qu’introjects, certains ont vraiment du mal. Et on a essayé de leur créer leur propre identité, leur propre vie, leurs propres intérêts. Et c’est vraiment ce qui est marqué chez nous. On a beaucoup d’introjects fictifs, donc du coup basés sur des personnages de fiction. Et on a un peu moins d’introjects factifs, basés sur des vraies personnes. Mais c’est ceux-là qui sont, je pense, les plus difficiles à vivre pour eux, puisque la personne, ils peuvent la voir en vrai et se dire, « Bah mince, pourquoi je suis là et en fait je suis pas là ? » Enfin, c’est surtout nos factifs qui ont du mal avec leur légitimité. » Surtout, un, j’ai un exemple en tête. Lorsqu’un de nos introjects factifs est apparu, pendant très longtemps, ça a été extrêmement compliqué, puisqu’il a invalidé absolument toutes les représentations de lui, même lui-même. Quand on regardait des vidéos de cette personne, parce que du coup c’est une célébrité, c’était quasiment impossible de la regarder tranquillement, sans qu’il entre en crise ou sans qu’on sente vraiment un poids très très lourd. En fait, chez nous, c’est plutôt des sensations, des sentiments, lorsqu’un alter ne va pas très bien. Et pendant très longtemps, ça a été compliqué. Enfin, lui en particulier, il pensait qu’il était l’original, quoi. Et que c’était juste une mascarade, que de toute façon, on mentait, que c’était pas la réalité. Et pendant très longtemps, ça a été très compliqué de lui faire prendre conscience de sa situation, en fait. Mais on a de très bons alters sociaux qui ont su l’écouter, qui ont su rester avec eux, aussi nos aidants internes, qui ont su l’accompagner et qui maintenant, ça va un peu mieux. Disons que… Je pense que c’est toujours difficile. C’est difficile d’accepter le fait qu’on est juste une invention, entre guillemets. Je pense qu’on a fait le nécessaire pour que tout le monde ait une place et qu’ils se sentent tous importants. Et puis voilà. Au début, ça a été assez compliqué, puisqu’on a eu beaucoup d’arrivées d’introjects d’un coup. C’est des alters avec énormément de conscience et énormément d’énergie, entre guillemets. Toutes leurs émotions négatives, on les a en première ligne, sachant qu’en plus, on est hypersensibles. Donc, ça a un peu divisé. On a eu beaucoup de mal à accepter certains d’entre eux, au tout début. Moi, je suis vraiment plus quelqu’un qui a un caractère un peu fort et un peu… J’aime bien mon coin, j’aime bien être seul.e, j’aime bien ma routine, mes trucs, mon quotidien. Au début, ça nous a vraiment chamboulé d’en avoir vraiment beaucoup. Maintenant, il y a vraiment de l’entraide. On a vraiment une espèce de hiérarchie entre nous. On l’a noté quelque part. Nos gatekeepers, c’est ceux qu’on écoute. Ils ont vraiment un charisme et ils sont gentils. Je veux dire, il n’y a pas de rapport de force. Juste, ça s’est établi comme ça. Disons que c’est un respect mutuel qu’on a eu depuis le début. On a du coup une hiérarchie, mais qui… s’est établi dès le début. Notre gatekeeper est apparu assez tôt, quand on n’était que cinq, encore. Donc, il a eu la décence d’esprit de se dire, bon, on va essayer d’établir quelque chose de stable, d’organisé. Il a eu vraiment cette prise d’initiative qui nous a fait nous dire, OK, lui, on va peut-être l’écouter. Au début, j’avais un peu du mal avec lui, je pense. Je n’aime pas qu’on me donne des ordres, je n’aime pas être au service de quelqu’un. Mais en fait, il nous fait vraiment beaucoup de bien et c’est devenu mon pote. Notre gatekeeper est extrêmement fort, puisqu’il arrive à bloquer la plupart des brouhahas, des bruits de fond pour l’hôte, pour éviter qu’elle ne soit parasitée par tout ça. En fait, elle arrive vraiment à vivre une vie normale, là où nous, on n’est pas des plus silencieux. Notre gatekeeper, c’est vraiment le pilier. Toutes les fondations se sont bâties autour de lui. Même s’il a des problèmes, je pense qu’on pourra consolider. Il y a quand même quelques piliers dans notre système, qui sont ceux qui étaient là au début, qui font que si jamais, il y en a un qui part, c’est un peu compliqué. Plusieurs autres alters se sont manifestés ou sont apparus. Lorsque ça devenait vraiment beaucoup trop à gérer pour lui, vu sa bienveillance, on a su pouvoir répondre et réagir pour l’aider, lui, puisqu’il a passé tout son temps à nous aider, nous. Il fallait bien qu’on lui rende la pareille. Il y a eu un moment dans sa vie où il n’était vraiment pas bien, puisqu’il vient lui-même d’une source, mais c’est un peu compliqué, puisque c’est une source que notre hôte avait inventée quand elle était petite. On avait oublié cette histoire, puis on s’en est souvenu quand il est apparu. Donc lui-même a eu, à un moment donné, un problème avec sa source. Des souvenirs, qui revenaient très souvent, qui lui faisait beaucoup de mal. Du coup, on l’a beaucoup épaulé, on a pris la relève. Puis voilà, en fait, c’est vraiment une grande famille. Je pense que c’est l’esprit qu’on essaie de garder avec tous ceux qui sont là et avec tous ceux qui apparaîtront peut-être plus tard. Vraiment, cet esprit de famille, cet esprit d’entraide, cet esprit de… On a besoin de nous tous. Si je devais adresser un petit message de courage, vraiment, ne lâchez rien. Il y a des moments où ça va être très difficile. Nous aussi, on l’a vécu et puis il y en aura forcément peut-être d’autres. Il faut avant tout s’accepter tous, même s’il y en a qui font des crasses, même s’il y en a qui sont plus difficiles, qui ont un caractère horrible. Il faut essayer de s’accepter, c’est avant tout des personnes qui souffrent. Il faut les accompagner, c’est des personnes qui ont besoin d’aide. Et oui, nous, maintenant, on est arrivés à un stade où franchement, ça va. On est aussi beaucoup aidés par l’extérieur, par des proches, par des gens q e se manifeste pas non plus. Forcément tous, mais on est quand même épaulés et on est écoutés surtout. Et je pense que c’est le plus important. »

Merci Loulio pour votre témoignage !

On voit donc qu’il y a une grande diversité de liens familiaux dans les systèmes des personnes multiples, autant que parmi les familles hors systèmes, et que les systèmes ont tendance à structurer les relations entre alters sous des formes familiales, ce qui peut être un mécanisme de cohésion interne, ou simplement une influence sociale : le cerveau crée à partir de la société dans laquelle il grandit et se construit.

Évidemment, il y a aussi des couples et autres types de relations amoureuses/sexuelles, etc.

C’est parti pour la catégorie suivante.

Les couples (et autres types de relations)

Il y a-t-il des alters en couple (ou en trouple, ou autre configuration) dans vos systèmes ?

Chez 67,1%, c’est le cas. Pour 28,6% des systèmes, il n’y a pas de couple parmi leurs alters.

On se pose des tonnes de questions sur les relations intra-systèmes, et nous essaieront surement de faire des sondages plus approfondis pour chaque catégorie. Dans la catégorie couple, nous nous demandions notamment si les couples ( ou trouples, ou autre configuration) d’alters étaient exclusifs, c’est-à-dire monogames/monoamoureux. On voit qu’il y a une grande diversité dans les réponses. Pour 43,8 % des systèmes, l’exclusivité dépend des couples. (On va utiliser le terme « couple » par praticité à l’oral, mais gardez bien en tête qu’on parle des configurations de relation amoureuse/sexuelle/autre, pas uniquement des couples.) 28,9% sont des couples exclusifs, et 20,2 ne sont pas exclusifs. Enfin, 6,1% ne savent pas s’il y a exclusivité ou non, et 1,7% ne souhaite pas répondre à la question.

Comme dans la vie hors système, les couples ne sont pas forcément éternels. Est-ce que les couples d’alters se séparent ? Pour 19,3%, c’est déjà arrivé. Dans une proportion proche (21,9), c’est arrivé à certains couples. Mais dans 49.1% des cas, le ou les couples du système ne se sont jamais séparés. 8,8% des répondant.es ne savent pas si un couple de leur système s’est déjà séparé ou non. Et 2.6% ne souhaitent pas répondre.

Il peut sembler évident à la communauté multiple que les alters développent dans leur système des sentiments et des dynamiques comparables à celles des singlets. Mais on fait le pari que si vous êtes singlet, vous avez appris des choses aujourd’hui. 😉

Écoutons le témoignage du système Porcelaine sur un couple de leur système.

« Il s’agit du coup de Zara et Jennifer, qui sont deux alters qui viennent des années 1900-1940, même avant 1930-1920. C’est un couple lesbien qui n’a jamais pu vivre autrement que caché. Ce sont des alters brain-made, elles n’ont pas de source, enfin une source brain-made quoi. Du coup justement, elles profitent du fait d’être dans le système, dans un système en plus qui est ouvertement queer, ouvertement hors normes on va dire, dans la société, pour justement vivre leur amour à elles et en profiter pour justement adopter un enfant. Pour le moment, rien n’est encore fait de leur côté. Aucun enfant, aucun little dans notre système n’est à elles. Mais voilà, elles profitent justement d’être dans ce système pour vivre leur amour qu’elles ne pouvaient pas vivre justement à part en étant cachées dans leur source entre guillemets. On s’est toustes mis d’accord communément pour ne pas avoir d’enfant dans la vraie vie. Et donc du coup, par contre, on a beaucoup de littles dans notre système. Je pense que la réflexion ça a juste été, maintenant qu’on est là, maintenant qu’on est libres, de là où elles venaient avant, où elles étaient persécutées, etc. En plus, il y a eu beaucoup de persécutions dans leur source et justement en fait, le fait de vivre dans un inner différent, ça leur permet d’expérimenter des choses qu’elles n’auraient pas pu expérimenter avant. Et c’est là d’où est venue l’idée de, maintenant qu’on est libre ici et qu’on est en sécurité dans cet inner-là, parce que justement elles se sentent en sécurité, on va pouvoir vivre notre vie telle qu’on aurait voulu la vivre ensemble. »

Merci au système Porcelaine pour leur témoignage !

Passons maintenant à une catégorie dont on entend souvent parler : les alters enfants (aussi appelés littles) et leurs relations avec le reste du système. Pareil, on a très envie de creuser plus avant sur cette thématique, mais patience, on y viendra ! Pour le moment, voilà des statistiques générales.

Les enfants au sein du système et les alters parentaux

Déjà, est-ce qu’il y a des alters enfants dans tous les systèmes ? On voit que c’est un type d’alters très fréquent, puisque 96,3% des systèmes ont au moins un.e alter enfant. Cependant, on peut noter que 1,9% n’ont aucun.e little, et que 1,2% ignorent s’ils en ont ou pas.

Les littles sont des enfants, mais avec des caractéristiques très variées suivant les alters, les systèmes, etc. Dans certains systèmes, des alters ont pour rôle de s’occuper des alters enfants. Dans quelle proportion ce fonctionnement existe-t-il chez les personnes multiples ?

Dans 80,1% des systèmes ayant répondu à l’enquête, il y a des alters qui font du reparenting. C’est donc un fonctionnement fréquent. Cependant, 11,2% des systèmes n’ont pas d’alter.s dédié.s à ce rôle, et 8,1% ignorent s’il y a du reparenting au sein de leur système.

Globalement, les systèmes semblent mettre en place des stratégies de protection des littles. On se permet un avis personnel, mais on trouve ça beau, quelque part, que les membres d’un système, qui souvent sont créés par le cerveau pour pallier à des défaillances, des abus, des traumatismes dans l’enfance, etc., prennent soin des enfants de leur système.

Pour terminer sur les littles, abordons un sujet un peu plus tabou : les alters né.es de l’union d’autres alters. C’est loin d’être rare, car 23,6% des systèmes ont au moins un.e alter né.e d’autres alters. Même si on note une franche majorité de systèmes où ce n’est pas le cas (62,1%), il semble judicieux de prendre en compte cette réalité, et aussi la zone de flou pour les 13% qui ignorent si leur système est concerné.

Nous avons échangé avec Miscé sur la division d’alters au sein de leur système, notamment en lien avec une little hypersexuelle.

Écoutons leur témoignage.

« On est une petite dizaine d’alters. Il n’y a qu’une seule petite, du coup, une seule little. Y’a un ado aussi. Le reste, on est tous adultes. Du coup, il y a trois alters fictifs. Et le reste, c’est que des alters humains. Je pense que c’est la première alter qui est venue. Pas celle qui est née avec le corps, mais celle où il y a eu le premier traumatisme et du coup, elle est apparue. Elle s’appelle Kali. Quand on était petites, on était toutes les deux, en fait. On va dire qu’elle était entière. Un peu déjà démone à l’époque. Vers les 6-7 ans, en fait, elle s’est divisée. Il y a eu Lou et il y a eu Kali. Kali est restée démone. Lou est, du coup, humaine. Elles ne se considèrent pas du tout comme sœurs. Alors que, par exemple, ce qui est intéressant, c’est qu’avec Lou, on se considère comme sœurs de sang. La dynamique entre Lou et Kali, c’est plus Kali qui va être très protectrice envers Lou. Kali aussi, c’est une alter hypersexuelle, alors que Lou, elle a une sexualité plus banale, en fait. En tout cas, elle n’est pas hypersexuelle. Et je pense qu’elles se sont divisées parce que socialement parlant, être hypersexuelle à 6-7 ans, c’est compliqué. On était, du coup, 4. Il y avait moi, je m’appelle Camille. Tyler, qui est le protecteur, qui est arrivé peu après Kali. Ça faisait déjà quelques temps qu’il était là. Quand on n’avait pas encore conscience du fait qu’on était un système, c’était lui qui gérait tout. Maintenant, je l’aide un peu. Et à côté, du coup, il y avait Lou et Kali. On a pris connaissance du TDI en avril. C’est en juin qu’on a eu le diagnostic. Suite à ça, Kali, on l’a sentie se scinder pour faire, du coup, Cassie. Et en fait, on ne sait pas trop pourquoi Cassie est là, à part le fait qu’elle est aussi hypersexuelle. Kali et Cassie, dans l’inner, ne sortent pas ensemble. Mais en fait, elles sont une sorte de sex friends ou un truc comme ça. Et je pense que c’est un peu pour gérer les pulsions un peu hypersexuelles pour éviter que ça soit trop impactant ici. Kali, en fait, s’est divisée deux fois. »

Merci à Miscé pour leur témoignage !

Parfois, ce sont les littles qui ont la meilleure vue d’ensemble du système, et/ou la possibilité de s’exprimer plus facilement que le reste du système. Voilà le témoignage de Nora. Le nom de naissance mentionné dans le témoignage a été changé :

« On a été diagnostiqué TDI P il y a 7 mois. On n’avait jamais entendu parler du TDI avant. Ça a donné du sens à plein de choses, mais on apprivoise encore tout ça.

C’est difficile de nous considérer comme des personnes différentes, car on est trop conscientes d’être une seule personne pour l’extérieur. Et en même temps, on est très distinct quand même.

À chaque fois, celle qui est en train de parler à l’impression d’être Jeanne* mais pas la même qu’avant. Alors il y a plein de Jeanne : petite Jeanne, Jeanne qui fait peur, etc. Nos parties sont définies par leur âge, ou par leur caractère, un trait déterminant.

Au fil du temps, avec le diagnostic qui nous apporte un peu de légitimité, ça devient plus distinct, et des parties ont d’autres prénoms, mais cette base est encore très présente.

Celle qui a la meilleure vue d’ensemble, c’est une petite. Il y a une partie qu’elle appelle « la sorcière ». J’ai l’impression qu’on ne se perçoit pas toutes de la même façon.

La communication est difficile, elle est très rarement directe, plutôt par textes ou dessins interposés, ou par une autre personne, comme notre psy. Dans l’espace de nos séances thérapeutiques, lorsque quelqu’une vient parler, d’autres peuvent en même temps. Parfois même, dès la salle d’attente de la psy, il y a beaucoup plus de monde de présent. Quand physiquement on est toute seule, c’est plus compliqué, plus furtif. Je ne trouve pas de mots pour définir précisément.

Comme on est autistes, on a un grand besoin d’utiliser des mots précis, justes, spécifiques. Du coup, cela nous enlève parfois notre capacité à exprimer ce que l’on vit en interne. C’est peut-être pour cela que la petite a plus de facilité à s’exprimer, car elle a une exigence moindre à ce niveau.

On a souvent l’impression de manquer de mots. Ça semble difficile d’utiliser les mêmes mots que ceux qui sont utilisés pour décrire des choses différentes, des relations externes à la multiplicité. Parler de fratrie ou de parenté pour parler de nous nous semble bizarre. Par exemple, j’ai une petite sœur, et je n’arriverais pas à considérer les parties petites comme des petites sœurs, même si j’ai un comportement avec elles qui est proche de celui que j’ai avec ma petite sœur.

Tous les termes qui définissent des relations extérieures ne peuvent pas correspondre à ce que je vis en interne. »

Merci à Nora pour leur témoignage !

Terminons avec la dernière catégorie, peut-être un peu taboue : la compagnie dans l’inner, par exemple ceux qu’on appelle les PNJ, ces êtres (humains ou non-humains) qui ne sont pas des alters mais qui apportent de la compagnie aux alters d’un système, souvent dans l’inner.

La compagnie – les PNJ

Il y a-t-il des PNJ (quel que soit leur nom) dans les systèmes ayant répondu à l’enquête ? Et bien oui, dans la moitié des cas (49,7%). Un quart des systèmes n’a pas ce type d’êtres en interne (25,5%) et un autre petit quart ignore si c’est le cas (23,6%).

Jouent-ils un rôle de soutien psychologique ? Remplissent-ils des besoins spécifiques au sein du système ? On a très envie d’en savoir plus à ce sujet ! Pensez à nous suivre sur les réseaux pour participer aux prochaines enquêtes !

Conclusion

Malgré des tendances générales, chaque système est unique, avec des structures et des dynamiques relationnelles variées, passant par l’amitié, le conflit, la hiérarchie, les relations familiales et amoureuses, etc… Le spectre de la multiplicité est riche ! Immensément riche ! Chaque système a un fonctionnement propre, suivant ses besoins et son histoire.

Et les relations intra-système ne se limitent pas à des schémas rigides : l’amitié et le conflit coexistent, la hiérarchie est présente mais non systématique, et les liens familiaux sont propres à chaque système. De plus, les liens évoluent dans le temps chez beaucoup de systèmes. Cette plasticité des liens mérite d’être étudiée plus en profondeur.

Est-ce que les conflits intra-système sont susceptibles de s’apaiser ou de s’intensifier en fonction du niveau de communication et de coopération entre alters ? Ou bien d’autres paramètres rentrent-ils en ligne de compte ? Est-ce que les relations entre les alters sont influencées par le travail thérapeutique, et si oui comment ? Comment les systèmes s’adaptent à l’arrivée (émergence, division, etc.) ou au départ (dormance, fusion, etc.) d’alters ?

La hiérarchie qui émerge dans 41,7% des systèmes non programmés découle-t-elle d’un besoin d’organisation interne, ou d’un héritage de mécanismes de contrôle externes (trauma, abus…). Quelles sont les pratiques de décision collective qui existent dans les systèmes ? Ces derniers sont-ils plutôt des démocraties, des monarchies, des totalitarismes, des anarchies, etc… ?

Les liens familiaux sont fréquents dans les systèmes (71,4%), tout comme les relations de couple (67.1%). Est-ce que ces liens facilitent la cohabitation et la coopération entre alters, ou au contraire ? Est-ce que cela contribue à la stabilité du système, en offrant des repères affectifs sécurisants, ou bien est-ce qu’il est possible que cela occasionne des tensions avec les relations extérieures au système ?

L’existence fréquente du reparenting dans les systèmes vise t’il à combler des lacunes affectives et sécuritaires du passé, ou bien est-ce indépendant, dans une certaine mesure, des traumas vécus par le système ?

Concernant les PNJ, ces êtres qui ne sont pas des alters mais qui pourtant existent bel et bien dans la moitié des systèmes (49,7%), à quoi ressemblent-ils ? Comment aident-ils les alters ? Est-ce que leur existence pourrait être au service d’un besoin de continuité narrative pour les systèmes, de cohérence interne, ou bien d’autre chose ?

Bref, comme vous le voyez, vos réponses à notre enquête nous font nous poser 1000 fois plus de questions qu’au début ! On espère pouvoir en explorer une partie avec vous !

Encore un immense merci à toustes celleux qui ont répondu à l’enquête, qui ont témoigné, qui nous ont soutenu pour la réalisation de cette vidéo, et évidemment, merci à vous qui êtes présent.es et venez de regarder notre vidéo !

Vous pouvez nous suivre sur Insta et Facebook, sous le nom @etresmultiples

On se retrouve de suite dans les questions/réponses.

Intervention proposée par:

  • Atoll (elle/iels) | Multiple : « Nous sommes un système de 20+ alters, avec des personnes passionnées de sociologie, de psychologie et de santé mentale dedans, mais pas que. »

[Kaléidoscope #03] Le reparenting par Epsi

Comment le reparenting peut aider les littles des systèmes ? Explications et témoignage personnel.

Avertissements de contenu:

Mentions d’attachement désorganisé et de traumatismes, mention d’école et de parents, mention de rupture de relations

Transcription:

Hello tout le monde et bienvenue dans cette vidéo sur le reparenting que je vous propose pour cette 3ème édition de Kaléidoscope sur les relations intra-système. Pour les personnes qui ne me connaîtraient pas, moi c’est Epsi. On est dans un système majoritairement traumagène, même si on a un système mixte. On a un diagnostic de TDI, mais on préfère se définir comme multiple ou plural. On a 34 ans, on habite en Belgique et on est en couple avec Kara, avec qui on est cofondateurs de l’association Partielles.

Aujourd’hui, je vais vous parler du reparenting, ou reparentage en français – mais j’aime pas donc je préfère dire reparenting -, qui est en gros un moyen de prendre soin des littles d’un système. Alors je ne suis pas du tout experte du sujet mais c’est un truc qui a aidé mon système à un moment donc j’avais envie de vous en parler aujourd’hui parce que c’est un sujet qui n’est pas très très connu.

Alors le reparenting, c’est quoi ? C’est le fait de trouver des personnes aussi safe que possible, une ou plusieurs personnes qui pourraient offrir aux enfants un amour et un soin inconditionnels, dans le but simplement de prendre soin d’eux ou en tout cas, d’améliorer la façon dont on a pris soin d’eux jusque-là. Dans le cas évidemment des systèmes, c’est donc le fait de prendre soin des alters enfants, donc des littles. Et c’est particulièrement bien pour les systèmes qui ont des traumas et qui ont notamment des littles qui ont des traumas ou plus généralement des systèmes qui ont un attachement un peu fucké avec des littles au milieu du truc. [rire] Alors le reparenting à la base, je pense que c’est une technique thérapeutique, qu’on trouve notamment dans la thérapie des schémas, mais c’est vraiment pas de ça dont on va parler ici. Ici, on va vraiment parler du concept général du reparenting, c’est-à-dire juste permettre aux littles d’un système d’avoir un attachement sécure pour les aider dans leur développement. Et je parlerai plus de leur développement plus tard.

Alors la raison pour laquelle j’ai envie d’en parler, c’est simplement parce que c’est quelque chose que je considérais pas. Non pas que j’avais pas envie que mes littles aient un attachement sécure [rire], mais ça n’a pas été un sujet au départ parce que les littles n’étaient pas très en demande et, j’ai envie de dire que leur besoin est évidemment urgent, mais il n’a pas été prioritaire dans la prise en charge de mon propre système. Du coup c’est un sujet auquel je pensais pas et qui, au final, a vraiment, vraiment aidé d’une façon assez inattendue. Et donc je pense que ça peut être bien simplement de savoir que ça existe dans un premier temps et peut-être de mettre des choses en place quand le besoin se fait sentir.

Alors en quoi ça peut être utile dans un système ? Bah c’est évidemment, quand on a des littles en général et surtout des littles traumatisés ou en tout cas qui vivent dans un milieu un peu traumagène, ça permet déjà de les aider. C’est toujours sympa d’avoir un attachement sécure, et c’est encore mieux quand on a la maturité little. Sans vouloir dire que les littles sont forcément immatures ou se comportent systématiquement comme des enfants du monde physique, mais voilà, on sait que les littles ont quand même des besoins qui leur sont spécifiques, dont avoir un attachement à des référents adultes par exemple. Ça peut aussi aider en fait… ça a pas été le cas pour nous, mais je sais que ça arrive beaucoup. Je vois beaucoup ça, je vois beaucoup cette question dans les groupes, etc., de systèmes qui ont des fronts de littles un peu intempestifs, qui ont des littles qui frontent au taf et qui sont là à des moments assez “inappropriés”, en tout cas selon leur comportement, et qui aimeraient savoir comment empêcher ces littles de fronter dans ces moments-là. Moi j’aime pas le principe de vouloir empêcher des alters de fronter, mais j’entends qu’il y a des moments appropriés et le reparenting peut être un moyen de mieux réguler ce genre de fronts. Et enfin, un sujet qui je trouve est important, même si assez difficile à aborder : ça permet d’avoir un attachement qui- enfin en tout cas, ça permet d’éviter d’avoir un attachement qui est “pas sain” ou qui est inapproprié. Je pense à des littles qui s’attachent à n’importe quel adulte, ou un partenaire qui serait pas ouf, ou même parfois un thérapeute avec cette notion vraiment d’un besoin de parent, pas juste un attachement “adapté”. Et bah ça comporte des risques en fait, d’avoir ce genre de choses. Et donc le reparenting peut permettre de modérer ça pour que ce soit plus sain au final et donc mieux. Par contre, évidemment, le reparenting c’est pas magique, ça prend du temps, ça demande de la préparation et surtout, il y a des précautions à prendre que je développerai un peu plus tard dans la vidéo.

Pour le contexte, moi j’ai connu le reparenting via le site Kinhost. C’est un site en anglais qui a énormément de ressources sur comment développer et améliorer la communication et la cohésion intra-système, entre autres. Et du coup, moi, j’avais déjà lu cet article mais je n’avais pas pris le temps de mettre en place, j’avais pas conscientisé l’importance que ça pouvait avoir, etc., je voyais un peu ce que c’était. Et puis, les responsables du site ont fait une formation sur le sujet et je l’ai suivie. J’expliquerai plus tard, enfin je ferai une partie témoignage à la fin de la vidéo où j’expliquerai un peu mieux comment ça s’est déroulé. Mais voilà, en gros, c’est comme ça, j’ai suivi ça en anglais. Ce que ça a apporté pour nous personnellement, c’est vraiment que nos littles sont beaucoup plus apaisés. C’était des littles qui s’exprimaient pas beaucoup et qui avaient pas l’air très en besoin, même si dans leur comportement un peu, on voyait que c’était pas toujours simple pour elles, mais ça leur a permis vraiment d’être plus capables de s’exprimer et de se soutenir mutuellement ou même parfois de soutenir des alters plus grands maintenant, voire des alters de chez Kara. [rire] Et elles sont plus épanouies, vraiment. Elles étaient assez anxieuses, sans l’exprimer spécialement, sans le montrer, c’est des littles assez discrètes. C’est vraiment beaucoup mieux aujourd’hui. Elles peuvent exprimer leurs peurs, elles savent exprimer leurs émotions, elles savent déterminer quand il y a un truc qui ne va pas et elles sont simplement beaucoup moins timides, même s’il y en a une des deux qui l’était déjà moins mais c’était beaucoup du masking. Maintenant, elles sont toutes les deux vraiment plus épanouies, simplement.

Avant de commencer à parler plus précisément de comment on fait du reparenting, etc., j’aimerais un peu revenir sur la notion de ce qu’est un parent. Je pense que c’est bien de préciser. On est quand même beaucoup, à mon avis, ici, à avoir des parents qui sont un peu craignos, voire qui nous ont causé des traumas, je ne dis pas que c’est le cas pour tout le monde, mais je pense que ça peut parler à certain·es d’entre vous. Ici on parle de parenting dans le sens prendre soin, dans le sens aimer, protéger, aider, montrer l’exemple et surtout agir de façon juste et appropriée, etc. Mais vous mettez le mot qui vous met le plus à l’aise. Reparenting, c’est le terme général, c’est le terme qui le plus utilisé. Mais si le mot parent vous hérisse d’emblée, trouvez autre chose. [rire] Je vais continuer à dire reparenting, mais ce n’est pas obligé d’être un parent, c’est vraiment juste le fait de prendre soin. Et n’hésitez pas à utiliser d’autres termes si ça met votre système plus à l’aise.

Alors comment on fait du reparenting ? La première chose à faire, j’ai envie de dire, c’est de faire ce qu’on appelle du system mapping, c’est-à-dire de connaître un peu ses littles. [rire] Sans connaître ses littles, c’est un peu plus compliqué d’être précis dans le fait de faire du reparenting. Donc savoir un peu qui sont ses littles, sans pour autant les connaître vraiment très bien ou connaître exactement quand est-ce qu’ils frontent, à quoi ils ressemblent ou des choses comme ça, ça peut déjà être pas mal. Maintenant, si vous connaissez déjà vos littles, sachez que c’est quand même important, et même dans le system mapping en général, même si vous connaissez déjà vos alters, c’est important de pouvoir rester ouverts à d’autres. Parce que si on prend soin, notamment de littles, il est possible qu’il y ait d’autres littles qui soient cachés et qui se disent “ah, il y a une ouverture, ça a l’air plus safe, on va venir” ou, au contraire, des littles qui vont se dire “oulah, ça commence à devenir trop saint par ici, moi je vais venir m’assurer qu’on reste bien en sécurité”, et donc ils vont débarquer. Donc il est possible que faire reparenting amène d’autres littles à arriver, tout comme commencer à connaître son système et à essayer d’améliorer les choses peut attirer d’autres alters. Donc c’est bien de rester ouverts au sujet, même si je dis pas que ça va forcément arriver. Mais voilà, la première étape c’est évidemment de connaître un peu ses littles. Et surtout, ce qu’il faut dans l’idéal, c’est essayer de déterminer leurs besoins. Les littles, ils ont souvent des envies qu’ils manifestent “plus facilement”, mais derrière il peut y avoir des besoins qu’ils n’expriment pas, ou qui sont comblés ou pas, bon souvent, s’il y a des soucis avec les littles, c’est parce que les besoins sont pas comblés. Mais pas forcément, parfois juste ils ne l’expriment pas et donc c’est important d’essayer de leur en parler, d’essayer d’analyser leur comportement, quand est-ce qu’ils frontent, pourquoi, etc. Et donc d’essayer de savoir qu’est-ce qu’il leur faut en fait, au-delà d’un attachement simplement sécure, dans des trucs plus concrets. Vous pouvez aussi leur demander de quoi ils ont peur, qu’est-ce qu’ils aiment, à quoi ils pensent, … En bref, des choses pour apprendre à connaître des alters, des enfants, des alters enfants. Ensuite, bien comme le reparenting, c’est basé sur le fait de construire une relation spécifique entre les littles et des adultes qui vont prendre soin d’eux, c’est bien de demander à ces littles en qui ils ont confiance, vers qui ils pourraient avoir un attachement particulier, avec qui ils se sentiraient de faire cette expérience. Je pense vraiment que le plus important, c’est d’écouter les littles, d’écouter leurs besoins effectivement, et aussi d’écouter leur avis sur qui, selon eux, pourrait prendre soin d’eux de cette façon. J’en reparlerai plus tard mais ici on va parler évidemment plutôt de faire du reparenting intra-système. Donc des alters adultes qui prennent soin des alters enfants. Et dans ce cas, demander aux littles en quels alters adultes, ou en tout cas plus âgés, ils ont confiance. Ensuite, l’étape suivante, c’est de choisir des alters qui sont volontaires pour faire du reparenting. J’expliquerai un peu après en quoi c’est important de bien choisir les alters qui feront le reparenting mais en tout cas voilà, il faut au moins que ces alters soient d’accord. Et pour information, dans la suite de la vidéo, j’appellerai les alters qui font le reparenting soit des caregivers, soit des pourvoyeurs de soins. Voilà. Du coup, l’étape suivante, c’est de travailler un peu la communication et la confiance intra-système. C’est des étapes qui sont de toute façon importantes quand on est un système. Voilà, la prise de contact, la communication, la confiance. Et tout ça, c’est des choses qui prennent du temps, ça prend du temps en général. Faut pas se dire que le reparenting, du jour au lendemain ça va se mettre en place. C’est normal si actuellement vous n’êtes pas prêts, enfin vous ne vous sentez pas prêts à faire du reparenting parce que vous n’avez pas assez de communication, vous connaissez pas vos littles, il n’y a pas de confiance entre vous, etc. N’hésitez pas à remettre un peu à plus tard ou à juste commencer un peu à débriefer le truc sans pour autant essayer de tout mettre en place tout de suite. C’est un processus qui prend du temps, c’est normal. Et d’ailleurs c’est un truc qui peut amener à faire des erreurs et il faut accepter ça. C’est une relation qui peut être complexe, qui peut demander des ressources et surtout qui demande vraiment beaucoup de temps. Ça sert à rien d’avoir honte si ça ne marche pas, c’est ok de ne pas être parfait et l’important c’est vraiment, selon moi, d’être aussi sincère et juste que possible en fait. C’est déjà très bien, Le but, faut pas l’oublier, c’est d’avoir un attachement qui est sécure. Et un attachement sécure, c’est être juste, être sincère, développer la confiance, et ça fait déjà une bonne base en fait. Voilà, Donc tout ça, c’est un peu les bases “techniques”. Et il faut pas oublier aussi, comme je le disais au tout début, c’est pas magique. Oui ça prend du temps, ça peut ne pas être parfait, etc., mais surtout, vous risquez de rencontrer des difficultés. Il peut y avoir des littles qui sont bloqués dans des cycles traumatiques. Il peut y avoir des littles qui sont très craintifs et avec qui il faudra vraiment adapter la façon de faire. Nous, c’est un truc qu’on a fait en interne une fois : on a une little qui était vraiment très craintive et juste, on lui a laissé des affaires, on n’a pas essayé d’interagir avec elle parce que ça ne marchait pas et c’était pas du tout adapté pour elle. Et donc, ce qu’on a fait, c’est que dans l’innerworld, dans le monde intérieur, on a laissé des affaires qui pourraient lui être utiles. Et ça a permis déjà un petit peu d’établir un petit quelque chose avec elle. Le reparenting, c’est avant tout beaucoup d’amour. Ça a l’air simple comme ça, mais en fait c’est vraiment la base du truc, c’est d’avoir beaucoup d’amour à donner à ses littles. Et c’est aussi évidemment d’éviter tout ce qui est rejet, même s’il y a des comportements inadaptés, même s’il y a des erreurs, etc. Toujours essayer plutôt d’être dans le pardon, la compréhension et vraiment essayer d’éviter le rejet. Et ensuite, bah il y a plus qu’à choisir ce qu’on met en place concrètement, qui là va vraiment dépendre de votre système, dépendre de vos littles. Et bah… de le mettre en place. [rire] Donc on a vu un peu les bases. Le reparenting en gros, c’est des alters adultes qui prennent soin des alters enfants, avec le consentement de tout le monde, dans l’amour et la bienveillance. [rire]

Maintenant, concrètement, comment on fait ça ? Un truc qui peut aider pour commencer, si on ne sait pas trop- si c’est pas naturel et spontané, je vais dire, d’être une figure parentale, en général et pour ses littles, c’est ben justement d’observer des figures parentales existantes. Alors, si vos parents sont craignos, n’observez pas ces figures parentales-là. Toujours figure parentale dans le sens de prendre soin, dans le sens général de prendre soin, et pas dans un sens vraiment relation de sang je vais dire. Essayez d’observer des figures parentales qui vous semblent saines, où vous vous dites “j’aimerais avoir ça” ou “j’aurais aimé avoir des parents comme ça”, par exemple, ou en tout cas “cette relation, elle a l’air positive, elle me fait du bien”. Ça peut être des figures parentales qui sont “réelles” : des gens que vous connaissez, des gens que vous avez observés, des parents de vos amis, … Après je dis parents mais ça peut être des grands-parents, ça peut être n’importe. Mais ça peut être aussi des figures parentales fictives : dans une série, dans un livre ou même dans un jeu vidéo. Si vous observez des figures parentales qui vous ont l’air saines et adaptées et que vous voulez vous en inspirer, bah c’est très bien. Et vous n’êtes pas obligés de coller trait pour trait. Vous pouvez choisir des traits qui vous semblent adaptés et sains. Un deuxième truc concret qui peut être bien, c’est d’aménager l’innerworld, le monde intérieur. On peut aménager des espaces d’accueil, on peut aménager des zones safe, c’est on peut aménager des zones d’activités, on peut aménager des salles de jeux, … Il y en a qui aménagent des écoles, des nurseries, etc. Voilà, c’est toujours ok d’essayer d’aménager son inner, ça ne veut pas dire que vous inventez, pas du tout. Si c’est facile pour vous, tant mieux, si c’est compliqué pour vous, il y a des techniques pour y arriver. Aménager son espace mental, c’est même un truc qui se fait en thérapie, pour s’aménager des safe place et tout ça, donc voilà. Dans le cas d’un système, vous pouvez aménager des zones. Vous pouvez même avoir une salle qui, juste, peut changer, qui peut se transformer en fonction du besoin des littles. Avoir des zones concrètes, ça peut vraiment aider à rendre les choses plus concrètes. Alors si vous êtes aphantasiques par exemple, ou si vous n’avez pas un monde intérieur construit, ça peut être juste intuitif, mais ça peut être bien d’essayer vraiment d’y mettre un peu une intention concrète, que ça devienne concret pour vos littles et pour vos caretakers. Vous pouvez, je sais pas, les dessiner, en faire un schéma, mettre des post-it, le décrire dans un texte, etc. Mais essayez vraiment d’y mettre quelque chose d’un peu conscient pour que le cerveau sache que ça existe et que vos littles, même ceux avec qui vous communiquez peut-être pas encore, puissent y accéder plus facilement. Ensuite, ce qui aide bien, c’est d’essayer de prévoir des activités selon les besoins des littles. Les activités, ça peut être du coloriage comme ça peut être complètement quelque chose d’autre qui vous est complètement propre. Les activités du coup, elles peuvent être internes, dans les zones que vous créez, ou externes. Parce que si vous êtes capables de switcher, si vos littles sont capables de fronter, c’est toujours bien aussi, si vos littles aiment fronter, d’aménager des temps de front, surtout si vous avez des fronts intempestifs de littles à des moments inappropriés. Le but du reparenting n’est jamais d’empêcher les littles de fronter complètement. Mais c’est possible d’aménager des moments plus appropriés pour que leurs besoins soient remplis, qu’ils n’aient plus besoin d’avoir des fronts intempestifs, et qu’ils puissent fronter quand même. Et surtout, concrètement, le reparenting, il ne faut pas hésiter à se faire aider. Que vous ayez des amis systèmes, que vous ayez d’autres alters en interne pour vous aider, des ressources, … Et vous pouvez aussi demander à des thérapeutes ou des coaches comment faire, comment être un bon parent, comment être un bon parent pour vos parties enfants, même sans exprimer spécifiquement que vous êtes un système et que c’est des alters adultes qui vont prendre soin des alters enfants, il y a des possibilités. Et si c’est des thérapeutes que vous connaissez pas, vous pouvez dire que vous voulez être un bon parent pour vos (futurs) enfants, simplement. Faut vraiment pas hésiter à se faire aider. Et l’entraide intra-système, c’est quelque chose qui est important. C’est une ressource qui est trop souvent négligée. Et d’ailleurs, en parlant de ça, pour les alters qui ne seraient pas désignés en tant que caregivers, et j’en reparlerai après : n’hésitez pas à checker, n’hésitez pas à aller voir ces alters, là, qui s’occupent des littles, pour leur demander comment ça va. C’est aussi un peu un travail d’équipe. Il ne faut pas hésiter à faire un peu des réunions, des check-up pour s’assurer que ça va, qu’il n’y a pas des besoins, … C’est pas parce qu’il y a des caregivers qui vont être désignés pour s’occuper des littles que d’autres alters vont pas pouvoir venir donner un coup de main, s’en occuper de temps en temps, etc. Et surtout, permettre aux caregivers de souffler un peu et de faire des activités à côté. Voilà, la cohésion intra-système. [rire]

Maintenant, quelles sont les “qualités” qui déterminent si un alter peut être un bon caregiver pour le reparenting ? Parce que bah évidemment, tous les alters sont pas- n’ont pas envie déjà, mais sont pas forcément adaptés. Et c’est pas du tout sur base de préjugés ou quoi que ce soit, juste voilà. Un caregiver, pour le reparenting, c’est avant tout une personne de confiance. C’est une personne à qui on peut faire confiance et qui a confiance en elle. Mais c’est surtout une personne qui a, comme je le disais, beaucoup d’amour, beaucoup d’empathie et beaucoup d’éthique. C’est une personne qui est juste. Pas juste dans le sens terre-à-terre ou très pratico-pratique, très la balance et l’équilibre parfait, non. Juste dans le sens : juste dans ses relations en fait, juste dans ses réactions. Parce que parfois, les littles n’ont pas facile ou sont “pas faciles” du coup. Et donc les alters caregivers pour le reparenting, ils doivent rester “stables” et sécures eux-mêmes. Parce que l’objectif, faut pas oublier, c’est d’avoir un attachement qui est sécure, un attachement qui est stable. Parce qu’on a eu un attachement désorganisé ou parce que les littles ont pas eu d’attachement, pas de parents. Et donc le but c’est de montrer l’exemple, de rassurer. Si on a des alters qui ont tendance à surréagir, à être très anxieux, à avoir du mal à pardonner ou des choses comme ça, bah c’est pas les alters les plus adaptés pour être de bons caregivers. Voilà. Faut vraiment des personnes qui ont beaucoup d’affection à donner mais qui sont aussi stables, de confiance. Et surtout, un point qui est vraiment important – et c’est en ça que le reparenting intra-système diffère du reparenting qui peut exister dans le monde physique extérieur -, c’est qu’il faut que ce soit des alters qui soient très disponibles. Ça ne peut pas être des hôtes ou des alters qui frontent très souvent ou qui s’occupent de la vie extérieure dans l’idéal. Parce qu’il faut qu’ils soient disponibles pour les littles et c’est un peu du h24. Il y a des littles qui sont très jeunes et qui ont besoin- ou pas forcément très jeunes, mais il y a des littles qui ont besoin de pouvoir compter sur leur caregiver n’importe quand. Si c’est un alter qui fronte, si c’est un alter qui s’occupe du quotidien, qui travaille, qui s’occupe d’une relation externe, etc., il y a des moments où il ne sera pas disponible. Donc idéalement, des alters qui sont très, très disponibles en interne pour pouvoir s’occuper des littles à n’importe quel moment. Dans l’idéal, si ça peut être des alters qui sont expérimentés avec les littles, c’est toujours bon à prendre. [rire] Ou en tout cas, des alters qui sont ok et qui “matchent” avec les enfants. Nous, personnellement, on a des alters qui sont pas du tout à l’aise avec les enfants et c’est évident que c’est pas eux qu’on a choisis comme caregivers. [rire] Et qui sont – s’ils sont pas expérimentés mais même s’ils sont expérimentés – qui sont toujours ok d’apprendre comment être un bon parent, comment être un bon caregiver dans le cadre du reparenting. Idéalement, parce que c’est toujours sympa, des alters qui peuvent comprendre les émotions des littles, qui peuvent s’y adapter, être justes comme je le disais, mais qui sont aussi capables de poser des limites, sans être pour autant arbitraires voire agressifs quoi. Et qui savent répondre aux besoins, qui ont été déterminés plus tôt, de vos littles. Et beh encore une fois, tout ça, ça dépend vraiment de votre système et de vos littles et de leurs besoins spécifiques. Un truc super important, auquel il faut vraiment réfléchir et il faut vraiment être sûr de soi, c’est qu’il faut tenir ses promesses. Ça arrive souvent que des adultes fassent des promesses et ne les tiennent pas et n’expliquent pas pourquoi et n’expliquent pas pourquoi ça n’a pas été possible de tenir la promesse. Et ça, c’est un truc qui peut vraiment rompre la confiance des littles, même si ça n’arrive qu’une seule fois. Surtout avec des littles anxieux qui ont un attachement désorganisé. Donc un truc important : on tient ses promesses. Ça, c’est un conseil de protecteur que j’ai vu dans un groupe une fois, que j’applique, et ça marche, c’est vrai. [rire] Et évidemment, une qualité importante d’un bon caregiver pour le reparenting, c’est que les littles soient ok avec ce caregiver-là. Si les littles, d’emblée, ils disent “non, moi je veux pas de lui, je ne veux pas d’elle”, ça ne marchera pas. Peut-être que ça peut être un caregiver secondaire. Ça peut mettre un coup à l’ego, hein, on est tous d’accord, mais c’est eux, la priorité, c’est les littles qui choisissent quand même. Après, si les littles choisissent un alter qui n’est pas du tout sécure, là aussi ça peut être un caregiver un peu secondaire du coup. Mais il faut essayer de se mettre d’accord intra-système pour que le consentement de tout le monde soit respecté. Le reparenting, c’est quelque chose qui peut prendre beaucoup de temps et c’est bien d’avoir des caregivers qui sont très disponibles en interne. Et idéalement, si vous en avez la possibilité, ce serait bien qu’il y ait un caregiver référent par little par exemple, si vous en avez plusieurs, ou un caregiver référent pour tous vos littles. Mais faut pas hésiter à en avoir plusieurs – des caregivers – afin qu’ils puissent se relayer. Pour que les alters caregivers puissent à certains moments faire autre chose, c’est normal. Et dans tous les cas, c’est bien d’avoir un caregiver référent, mais les autres alters du système peuvent aider. Évidemment, ils peuvent aider déjà le caregiver, mais ils peuvent aussi s’occuper des littles à certains moments, à des instants T, c’est comme aller chez ta tante quoi. [rire] D’autres adultes peuvent, à certains moments, prendre soin des enfants, de façon saine, toujours, on est d’accord avec ça. Ça peut arriver que les caregivers aient besoin d’être aidés par les autres alters, même si c’est pas eux qui ont été mis en charge. Mais c’est bien que les littles puissent vraiment se tourner vers une personne, toujours la même, et qu’ils sachent qu’elle est toujours là et qu’elle est là pour les rassurer tant et aussi longtemps qu’ils en ont besoin. Et évidemment, dernière “qualité” que je trouve importante – bon il y en a sûrement d’autres, c’est pas exhaustif -, c’est des alters qui soient capables de communiquer, également capables de communiquer leurs propres difficultés. Il y a des alters qui sont un peu des “mamans de système”, mais qui du coup se plaignent pas et parfois vont au-delà de leurs capacités et de leurs possibilités, et finalement finissent par plus gérer ou, en tout cas, par devenir des alters anxieux, etc., avec trop de responsabilités. La communication c’est important, déjà de base, mais aussi pouvoir communiquer leurs propres difficultés, besoins et savoir qu’ils peuvent aller voir d’autres alters si y a besoin. Tout ça, c’est évidemment des conseils qui sont assez généraux. Comme je disais, je suis pas experte du reparenting, donc je vous donne vraiment un peu des points clés, mais n’hésitez pas à aller chercher d’autres ressources sur le sujet pour vraiment le développer. Et surtout, bah en parler intra-système, en parler avec d’autres systèmes également, pour essayer de mettre en place tout ça.

Et, avant de passer à mon témoignage personnel, j’aimerais quand même vous parler de quelques précisions et surtout précautions qu’il y a à prendre avec le reparenting. Et je pense que c’est important de mettre un content warning sur cette partie parce qu’il y a certains points qui pourraient mettre vos littles mal à l’aise, voire parfois les perturber un peu. Donc n’hésitez pas, s’il y a des alters qui ont envie de prendre soin de ces littles déjà [rire]; à le faire quoi, c’est bien. J’en ai déjà parlé un petit peu au cours de la vidéo, mais c’est mieux pour le reparenting, même si je sais que ça arrive souvent, et il faut pas s’en vouloir du tout, mais c’est mieux d’éviter que les caregivers soient des personnes extérieures, ou en tout cas, que ce soient les seules figures parentales ou les figures parentales principales. Parce que, déjà, les personnes extérieures ne sont pas disponibles 100% du temps. Mais surtout, il y a toujours un risque que la relation soit rompue. Si c’est un partenaire, il peut toujours y avoir une rupture. Si c’est un thérapeute, le thérapeute peut déménager ou arrêter son activité. Si c’est un parent du corps, bah une personne peut “disparaître”, vous avez compris. Il y a toujours plus de sécurité, même si je sais que la dormance arrive, etc., c’est pas ça, mais c’est plus sécurisant de prendre des alters internes au système plutôt que des personnes extérieures pour éviter une rupture de la relation et donc potentiellement un nouveau traumatisme ou un traumatisme. Et en plus, il y a des moments où c’est pas toujours adapté. Je veux dire, si on prend le cas d’un partenaire, il peut y avoir des moments d’adulte hein, vous avez compris je pense. Et dans ces moments-là, si les littles, ils ont besoin de leur caregiver, bah c’est pas très adapté… Si c’est même un frère ou une sœur du corps ou un truc comme ça, c’est des gens qui potentiellement travaillent, etc., et qui donc sont pas forcément dispo. Par contre, évidemment, les personnes extérieures peuvent aider les caregivers, ils peuvent s’occuper des littles par moment, s’occuper des littles quand ils frontent dans les moments appropriés, déterminés, etc. Ils peuvent prendre le relais et ils peuvent soutenir et aider les caregivers. Évidemment, ça c’est sûr. Autre précaution très importante, c’est de faire attention au choix des caregivers. J’ai envie de dire, en particulier si ce sont des personnes extérieures. Ça peut être dangereux, vraiment, de choisir des personnes qui pourraient accentuer des problèmes d’attachement. Qui pourraient faire pire, qui pourraient profiter de littles et de trucs comme ça. Malheureusement, c’est des choses qui arrivent, donc je pense vraiment que c’est un point assez essentiel. C’est vraiment important de prendre des figures, idéalement internes, qui soient “saines” et extrêmement disponibles, et idéalement plusieurs. S’engager en tant que caregiver pour faire du reparenting, c’est un engagement à temps plein. Et quand je dis temps plein, c’est 24h sur 24. [rire] Enfin je veux dire, quand vous êtes un alter qui vit dans une tête, il n’y a pas forcément de notion de jour/nuit, il n’y a pas forcément de notion de grandir/pas grandir. Du coup, c’est vraiment un engagement qui peut être pour plusieurs années et h24. Il y a des littles qui grandissent avec le cours du temps du monde extérieur, mais il y en a pour qui c’est pas le cas. Et il y en a qui, même s’ils grandissent, leur maturité émotionnelle ne grandit pas. Et il y en a qui ne grandissent pas mais ont une maturité émotionnelle qui évolue. Donc tout ça, c’est des inconnus. Enfin, peut-être vous connaissez très bien comment fonctionne votre système et donc vous pouvez avoir une idée plus précise. Mais dans l’absolu, c’est un engagement qui est réel, qui est concret et qui est potentiellement pour vraiment longtemps. C’est déjà pas facile pour un alter, parfois, de faire confiance, pour un little, de faire confiance, surtout s’il a déjà été abandonné ou trahi une fois ou plusieurs par le passé, n’hésitez pas à prendre le temps de bien préparer, de bien choisir vos caregivers, qu’ils soient d’accord avec cet engagement. L’objectif du reparenting, c’est pas de les faire grandir. On ne force pas les littles à grandir, c’est pas comme ça qu’on aide les littles, enfin c’est pas- Il n’y a aucune obligation à forcer des littles à grandir, ni à être comme des enfants extérieurs dans le sens à aller à l’école ou à avoir des comportements exclusivement d’enfants. Et le but n’est pas non plus de les empêcher de fronter. Quand on parle du fait de prendre soin des littles, c’est pas pour les normaliser. Ça ne marchera pas. [rire] Les littles ont souvent une puissance que vous sous-estimez. Les littles domineront le monde. [rire] Je suis sûre que ça approuve, même si j’ai dit “attention, content warning”. [rire] On a l’impression, parfois, que pour “guérir des littles”, il faut qu’ils soient grands ou qu’ils soient matures, ou que voilà. Ou que les littles ne peuvent pas se comporter comme des enfants ou ne peuvent pas se comporter comme des adultes. Il y a beaucoup d’a priori sur les littles. Le but n’est jamais de les forcer à quoi que ce soit. Si vous avez des fronts intempestifs inadaptés, le but est de permettre à ces littles, non pas de les empêcher de fronter, mais de fronter dans des moments plus appropriés pour répondre à leurs besoins afin qu’il n’y ait plus de fronts intempestifs. Mais c’est pas de les maintenir bien sagement à l’intérieur. Pas du tout. Et pareil, c’est pas en les faisant grandir ou des choses comme ça qu’on guérit les littles. Les littles peuvent rester des littles pour toute la vie de votre corps et c’est comme ça. Pour autant, ça ne veut pas dire qu’il faudra faire du reparenting pour toute la vie du corps. Même si, comme je l’ai dit juste avant ça, ça peut être le cas, on sait jamais. Mais faut tenir compte de l’avis des littles, il faut tenir compte du consentement des littles et leur demander leur avis, parce que bah c’est eux la cible en fait. [rire] Voilà, c’est eux la cible principale. Et, petite précision, juste comme ça, après je passerai à mon témoignage perso : le reparenting, c’est aussi possible pour des alters, qu’ils soient ados ou adultes. Ça se présente un peu différemment dans les choses concrètes à faire parce qu’il n’y a pas les mêmes besoins que pour des littles, mais le concept est possible. On peut mettre en place le fait de mettre un alter référent, une équipe d’alters référents, pour soutenir des alters qui en ont besoin en fait, et qui ont besoin de créer ou de recréer un attachement sécure. C’est possible. Vraiment, pas de problème. Juste, ça fonctionne un peu différemment. Mais si vous vous posiez la question, ça se fait.

Voilà, je pense avoir dit l’essentiel sur le reparenting et comment faire, du coup là je vais passer à la partie sur mon témoignage perso. La situation initiale, c’est qu’on avait trois littles. Deux qui sont très régulièrement présentes au front, même si pas de fronts intempestifs, et une qui était vraiment très, très interne et qui frontait quasiment jamais. Et qui était très porteuse de traumas. Et les deux autres pas spécialement, juste c’est des littles timides, très discrètes et qui n’étaient pas à l’aise avec le fait de pleurer ou d’agir comme des enfants. Et on avait déjà commencé à un peu se gérer intra-système depuis plusieurs années et on était un peu stagnants. Donc on avait déjà évolué sur pas mal de trucs. On avait des situations qui étaient assez bloquées et qu’on arrivait pas à améliorer, et les littles étaient au milieu du truc quoi. Elles n’étaient pas spécialement concernées directement par ces sujets, mais elles étaient un peu au milieu des conflits qui restaient. Et du coup, pour un peu améliorer notre communauté interne, on suivait des formations des Crisses, qui sont les coaches dont je parlais au début de la vidéo, qui ont fait du coup l’article en anglais sur le reparenting sur leur site Kinhost. Ils font aussi des formations pas chères et qui sont accessibles gratuitement, mais j’en reparlerai un peu après. On avait déjà suivi plusieurs de leurs formations sur comment aménager un inner, comment communiquer, le plan de sécurité qu’ils avaient adapté pour la multiplicité et dont on avait repris les idées, on en avait parlé à ce moment-là. Bref. Donc j’étais un peu dans ces sujets-là. Et en aménageant l’inner, on avait une zone- notre inner est sectionné, a plusieurs segments, en fonction des alters ou des éléments du passé. Et il y avait une section où il y avait des littles, où d’ailleurs on a trouvé la little qui était beaucoup plus interne et beaucoup plus stressée, qui était un endroit super effrayant. Et on avait nettoyé cette partie, on avait mis les littles en sécurité, etc. Mais au niveau des littles, on stagnait un peu. Et comme je dis, il y avait des conflits entre des alters adultes, et les littles au milieu de ça qui, juste, n’avaient rien demandé mais ça se passait un peu dans l’espace mental proche du front, et elles étaient là quoi. Et les Crisses ont sorti une formation, du coup, sur le reparenting qui était en live et gratuite. Parce que c’est comme ça qu’ils font : ils font une première formation en live gratuite avec des gens et puis ils l’améliorent et ils la rendent disponible pour 10$ ou moins, enfin ou plus si on a envie, mais ou moins si on ne peut pas se permettre de payer 10$, ce qui est totalement ok pour eux. Voilà, donc c’est comme ça qu’on s’est dit “allez, pourquoi pas, notre niveau d’anglais nous permet relativement d’y arriver, on va tenter le truc quoi”. Et en fait, ça a eu de l’effet, même si on s’y attendait pas. [rire] Alors au tout début, les littles, du coup, les deux qui sont plus présent au front, etc., étaient beaucoup plus- un peu plus communicatives que la dernière qui était très, très en retrait et qui n’a pas verbalisé de choses à ce sujet. Mais les deux autres étaient là “mais on veut pas aller à l’école”, “on veut pas être comme les enfants normaux” en fait. Et je pense qu’il y avait une notion de ce qu’on nous a imposé enfant en fait, et “ce qu’on impose aux enfants, nous on n’en veut pas”. Voilà. Elles étaient anxieuses, elles voulaient pas se montrer et, c’est pas qu’elles voulaient pas participer au truc, mais il y avait une espèce d’appréhension de “punaise, qu’est-ce qu’on va nous demander ?” quoi. On a su les rassurer sur le fait que c’était pas ça. [rire] Mais au début, il y a quand même eu de la réticence. Elles étaient assez discrètes et elles n’avaient pas envie qu’on s’occupe d’elles parce qu’elles sont comme ça en fait, elles sont assez timides, y compris sur le fait d’exprimer le fait d’avoir des besoins, et pas envie de prendre de la place. Et un autre point d’appréhension un peu qu’elles avaient – une des deux, surtout celle qui est là depuis longtemps et qui identifie les parents du corps comme ses parents -, c’est qu’elles voulaient pas que ça remplace les parents du corps. Du coup, si y a des littles qui m’écoutent : c’est pas le cas. Le but n’est pas là. Le but n’est pas du tout de vous obliger à quoi que ce soit. Donc là aussi on les a rassurées sur le fait que le but était qu’elles aient un alter référent, chez qui aller si y avait besoin, sachant qu’elles ne peuvent pas aller vers les parents du corps parce que… ils sont inadaptés en fait hein simplement, et pas disponibles. Et donc voilà, le but, c’était simplement ça. Il n’y avait pas de “remplacer les parents du corps”, ni les obliger à être des enfants comme dans le monde extérieur, ni les obliger à grandir, etc. Et puis il y a eu, du coup, le choix des caregivers. Alors on avait pensé à deux possibilités. La première, c’est une ancienne alter sociale qui est devenue, un peu- c’est un peu la maman du système en fait. Elle est très empathique, elle est très gentille, elle s’occupait déjà pas mal des littles. Et elle s’occupait aussi, du coup, de la vie externe en fait. Elle adore faire la vaisselle. [rire] Voilà, elle aime ranger, nettoyer, un peu… enfin bref, voilà. Elle s’occupe des trucs administratifs. Là où on a tous de l’anxiété administrative, elle, elle y va. Elle téléphone… comment elle fait ça ?… Bref. Mais donc voilà, c’était une vraiment bonne candidate au niveau de son caractère et de son tempérament et de son amour pour les littles. Le problème c’est qu’effectivement, elle frontait beaucoup. Elle était très sollicitée à l’extérieur et elle aimait ça, c’était naturel pour elle. Du coup, c’était un peu compliqué de se dire : est-ce qu’elle peut être assez disponible pour être caregiver dans le cadre du reparenting ? On s’est dit qu’elle pouvait peut-être être aidée par une autre alter, qui est l’ancienne hôte, qui est la grande sœur d’une des deux littles qui frontent, et qui est à l’aise avec les littles et qui s’entend bien avec, qui est chouette, etc. Mais à ce moment-là, comme je vous le disais, on avait des conflits internes et elle était un des alters qui avaient des conflits. Et du coup, son état émotionnel, à ce moment-là, lui permettait pas de prendre cette place. Surtout que bah c’est l’ancienne hôte, qui est un peu devenue une alter sociale depuis, et donc elle était aussi assez présente devant. Et du coup, de façon assez inattendue, on a une alter qui s’est proposée, qui est une protectrice interne. On en a parlé sur la chaîne de Partielles. C’est River. C’est une alter qui s’est développée à la fin de l’adolescence et qui est partie en dormance tout de suite. Elle a été dormante pendant 10 ans. Et après, elle est revenue sans souvenirs, puis elle a récupéré des souvenirs. Et juste, c’est devenu un peu une espèce de protectrice interne avec des capacités d’architecte. Du coup, c’était elle qui avait par exemple nettoyé la zone un peu effrayante où les littles étaient censé être, où étaient censé aller. Elle avait aussi créé une safe place, un salon, au milieu de l’espace mental. Et elle frontait quasiment pas, parce que bah pas le besoin, etc. Même si la possibilité de fronter était là mais juste, voilà. Et donc elle était disponible, elle avait les capacités. C’est une alter qui est bien dans sa tête et bien dans ses pattes. Et juste, elle était là, elle était dispo. Et en plus, la little qui avait été trouvée dans l’espace un peu effrayant était venue près d’elle, au milieu de l’espace de front, et juste elle n’y bougeait pas, elle n’interagissait pas, mais elle restait près d’elle. Donc c’était effectivement une bonne candidate. Elle s’est proposée et voilà, c’est comme ça qu’on a choisi River. Avec du coup Enochi pour l’aider, donc la maman du système [rire], s’il y avait besoin de quoi. Concrètement, ce qu’on a mis en place, simplement, c’est qu’on a mis en fait une attention particulière sur les littles. Les littles, petit à petit, ont commencé à comprendre que si elles avaient besoin, elles pouvaient simplement aller vers River. Et ce à quoi on a réfléchi, parce que ça nous a pris du temps, c’est : leurs besoins, ok, mais comment on met en place des choses qu’elles voudraient ? On savait qu’elles ne voulaient pas être comme les enfants extérieurs, elles voulaient pas aller à l’école, elles avaient pas besoin de nurserie, elles avaient pas besoin de jeux et des trucs comme ça. Elles s’occupaient à l’extérieur quand elles étaient là, mais elles faisaient aussi des trucs d’adultes, etc. Et donc ça a mis du temps pour réfléchir vraiment concrètement à : qu’est-ce qui leur plaît, en fait ? À part ne pas déranger ? [rire] Et un truc qui a été mis en place, simplement, c’est que bah c’est des alters qui sont des chats. C’est toujours un peu bizarre parce qu’on a des alters non-humains, on est majoritairement non-humains, en tout cas les fronteurs principaux, blablabla. Et donc bah c’était un peu : est-ce que c’est vraiment adapté ? Est-ce que c’est ça qu’il faut, et tout. On est un système très ouverts sur nous-mêmes donc on s’est dit : bah voilà, ok, c’est des chats, qu’est-ce qui fait plaisir aux chats ? Et c’est comme ça que River s’est dit : bah vous savez quoi, je vais faire un arbre à chat ! [rire] Près de son canapé, au milieu de la salle de front. Et vraiment, ça a été une révélation quoi. Les littles, les deux, ces deux-là, pouvaient simplement jouer en interne. Mais comme les jouets d’enfants externes les intéressaient pas, bah des jouets pour chats, c’était ce qu’il leur fallait. Et on s’en fout, tout ça, ça se passe dans la tête. Le but, c’est qu’elles se sentent bien. Donc voilà, on l’a fait, simplement, et ça a été un kiff absolu. Et l’arbre à chat est toujours là et elles sont toujours dessus. Et voilà. Elles ont développé une relation- elles étaient déjà relativement proches, mais elles le sont devenues encore plus en fait. Et elles se soutiennent ensemble, etc. Et voilà. Et pour l’autre little, qui du coup était juste de River, ben juste, ce que cette little a fait à un moment, c’est que juste, elle s’est allongée près de River, en posant juste sa tête sur ses genoux. Et elle demandait rien, elle parlait pas, etc., donc voilà. Et juste, River est restée là. Et elle est restée là pendant des mois. Et quand elle n’était pas là, quand elle n’avait pas la possibilité, ce qui n’est pas arrivé souvent parce qu’elle était vraiment très dispo, c’était juste Enochi qui venait se mettre à sa place. Mais du coup, la little en question est juste allée chercher ce dont elle avait besoin, c’est-à-dire avoir une présence – présence rassurante – et se sentir en sécurité, et c’est tout. Et elle est juste restée là. Voilà. On a mis des petites choses en place, mais franchement, enfin j’en reparlerai après mais n’hésitez pas à vous renseigner et à tester des trucs quoi en fait, mais à vous renseigner sur d’autres possibilités, notamment sur le site de Kinhost. Et voilà, c’était juste aussi simple que ça en fait. La little en question, elle est juste restée là et ça lui convenait. Et les autres, elles savaient que si elles avaient peur, bah elles allaient se mettre en boule sur les genoux de River, elles allaient se cacher sous son canapé. Si elles avaient envie de pleurer ou des choses comme ça, si il y avait des trucs qui n’allaient pas, … Parce qu’elles n’étaient pas très expressives sur l’émotionnel, à part un peu la peur. Et du coup, quand elles avaient peur, elles allaient près de leur figure rassurante qui les protégeait. Et leur besoin, c’était ça je pense. C’était de ne pas avoir besoin d’exprimer qu’elles avaient besoin de se sentir en sécurité. Et elles y allaient. Et voilà. Et si éventuellement, il y avait besoin, River pouvait se déplacer pour aller vers elles, y compris, parce qu’elle est architecte, avec son arbre à chat ou son canapé. Mais c’est pas arrivé souvent, il n’y a pas eu spécialement besoin. Et juste, c’est un truc sur lequel on s’est concentrés pendant la formation, qui a duré, je sais plus… C’était quelques semaines mais on avait les cours – enfin les cours, les textes – le lundi et il y avait une réunion en live une fois par semaine, et voilà, on s’est concentrés dessus à ce moment-là et c’est tout. Et en fait, c’est une évolution- c’est juste resté comme ça après, et c’est une évolution qui restait très discrète. On s’est pas rendu compte de ce que ça amenait. Parce que bah on a des littles discrètes. [rire] Je suppose qu’il y a des systèmes chez qui les alters, l’évolution peut être plus flagrante ou pas. Mais on s’est pas rendu compte, en fait, que ça faisait des trucs. Et en fait, depuis, bah elles vont toutes beaucoup mieux. La little qui était plus anxieuse, qui restait juste sur le canapé, elle est retournée avec des alters en interne qui étaient “sa famille”, et ça lui convient. Et les deux autres, bah elles viennent, elles frontent, elles s’occupent de trucs. Comme je vous disais au début, vraiment, elles ont confiance en elles, ça va mieux. Et quand elles ont peur, elles peuvent aller se rassurer, il n’y a pas de problème. Mais elles en ont vraiment moins besoin. Elles savent dire “oh j’ai eu peur” ou “oh j’ai peur”. Elles n’hésitent pas à dire si elles sont tristes, si elles sont inquiètes, même si elles sont fâchées. Ce qui n’arrivait pas hein, elles n’exprimaient pas grand-chose. Et ça arrive, quand un alter plus grand, adulte, va pas bien, qu’elles aillent se mettre en boule sur les genoux, mais pas dans un but de se rassurer elles-mêmes, mais dans le but d’apporter une présence à cet alter. Et c’est trop mignon ! [rire] C’est trop bien. Et voilà. Du coup, on s’attendait pas, nous, à ce que le reparenting, ça ait ce genre d’effet. Mais, même sur nous qui sommes un système qui sont peu dans l’expression émotionnelle, qui ont des littles discrets, qui n’avaient pas l’air d’avoir besoin de quoi que ce soit au départ, même si toujours un peu mais voilà, bah ça a eu ce genre d’effet. Donc je pense vraiment que pour des littles qui seraient vraiment plus encore en besoin, ça peut vraiment être une technique qui fonctionnerait bien. On a pensé à les faire parler dans cette vidéo, mais je pense que c’est compliqué. Elles ne sont plus timides en interne, elles ne sont plus timides avec Kara mais elles sont toujours timides vis-à-vis de l’extérieur. Mais peut-être qu’elles viendront pour les questions/réponses, mais vraiment, je peux pas le garantir. J’aurais aimé faire parler River aussi mais elle est pas dispo. Bref. J’espère que cette vidéo aura été utile. C’est vraiment juste quelques bases, n’hésitez pas à vous documenter, il y a notamment l’article de Kinhost. Les Crisses ont aussi fait une vidéo pour une Plural Positivity World Conference, je pense. Les Crisses, c’est vraiment un système que je trouve vraiment très adapté. Ils sont très chouettes, ils connaissent vraiment bien la pluralité, ils sont coaches aussi, ils ont vraiment beaucoup de vécu et ils sont très, très bienveillants. Vraiment, si vous avez besoin de ressources que vous trouvez pas, n’hésitez pas à aller voir s’il y a des trucs chez eux, notamment sur Kinhost, parce que c’est des ressources qui sont vraiment super. Et puis bah il y a toujours la formation, celle que moi j’ai fait, qui du coup maintenant est accessible simplement à l’écrit. Il n’y a plus de réunions en live mais le contenu est disponible. Et c’est payant mais comme je vous dis, il y a vraiment une possibilité de s’arranger avec eux. La seule chose, c’est que c’est en anglais. Alors, c’est possible de se débrouiller avec un traducteur, mais les Crisses ont parfois un parler un peu… américain… Enfin ils parlent comme nous on parle français, et je ne suis pas sûre que les traducteurs sont toujours bons pour mettre toutes les nuances que nous on apporte dans la façon dont on a de parler. [rire] Mais voilà, il y a quand même moyen de s’en sortir. Et si jamais il y a des gens qui seraient intéressés, on s’est arrangés avec eux pour leur proposer de traduire leur contenu. Du coup, si vraiment ça vous intéresse, je peux leur redemander de traduire cette formation spécifiquement, et de la rendre accessible aux francophones quoi. Bref, je vais donc m’arrêter là. J’espère que c’était relativement clair et relativement intéressant. Et bah maintenant, y a plus que les questions/réponses. Voilà, à tout de suite.

Intervention proposée par:

  • Epsi (iels/peu importe) | Multiple/Plural : « Co-fondateurs de l’association sans but lucratif Partielles, qui vise à informer et soutenir les personnes multiples. Nous avons 34 ans, nous habitons en Belgique et sommes en couple avec le système de Kara. Nous avons un TDI, mais nous nous définissons surtout comme Plurals (ou multiples). »

[Kaléidoscope #03] Relationner avec les introjects factifs par Kara

Petit témoignage sur la relation avec une introject factive d’une personne qu’on côtoie toujours.

Avertissements de contenu:

Honte, mention développée de « system-hopping »

Transcription:


Salut ! Aujourd’hui j’ai envie de vous parler des introjects et plus particulièrement des factifs. Un introject, c’est un alter qui est issu d’une source. Et du coup, un introject peut être fictif ou factif. Un fictif, c’est un introject issu d’une source qui existe mais qui est fictive, comme par exemple un film, un livre, un jeu vidéo, un personnage quoi. Et un factif, c’est un introject qui est issu d’une personne réelle, généralement- enfin d’une personne réelle et connue quoi, en tout cas entraperçue. Et du coup, il y a un peu plusieurs archétypes de factifs dans les systèmes et je vais juste donner quelques exemples, mais en fait il y en a plus que ça. Il y a des factifs qui sont des personnes que les systèmes ont croisé à un moment et qui ont été par exemple cool ou qui ont été un peu des personnes de référence. Ça peut être par exemple une maîtresse particulièrement chouette dans un système scolaire plutôt violent, ça peut être une nounou, une tante – je dis “une” à chaque fois, mais ça peut être des hommes hein, on s’entend. Ça peut être aussi des introjects d’abuseurs, où là c’est l’inverse, c’est des personnes qui ont marqué les systèmes mais très négativement. Et moi j’ai envie de vous parler encore d’autres factifs, qui sont les factifs de proches. Du coup, moi, une partie de mon système a une facilité à faire des introjects, plutôt des factifs que des fictifs d’ailleurs, même s’il y a quelques fictifs dans mon système. Généralement, c’est des personnes que je connais et que je côtoie toujours. Et c’est pour ça que j’ai envie de vous parler de ce sujet aujourd’hui, parce que ça a vraiment été compliqué pour nous à accepter dans une espèce de rapport à la honte. Parce qu’on n’en parle pas beaucoup déjà, et puis en plus, ça amène toute la gestion d’avoir un introject d’une personne qu’on côtoie encore et donc d’être toujours confronté à la source, la source de l’introject. Et je pense que l’origine de cette vidéo pour moi, c’est qu’il y a quelque temps, je pense que ça m’aurait fait plaisir d’entendre quelqu’un parler de ça et que je me serais senti moins seul et bizarre parce que j’avais vraiment un sentiment de – et c’est complètement ok, c’était vraiment un sentiment qui était personnel et pas du tout justifié – mais j’avais vraiment un sentiment d’être cringe à mort. Je me disais “hnn c’est nul”. Et du coup ça avait un impact sur les interactions et la relation que je pouvais avoir avec ces alters-là. Parce que je pense que je jugeais en partie mon cerveau d’avoir fait ça. J’étais là genre “mais p*tain”. [rire] Voilà. Du coup, je pense qu’un truc qui m’a aidé dans ce chemin d’acceptation qui a été plus compliqué que pour certains alters – alors que déjà, vous le savez, avoir des nouveaux alters parfois c’est déjà compliqué, ça prend du temps, blabla, le déni puis blabla en fait la personne elle était là, puis en fait on accepte, machin, le tout en dents de scie – c’est vraiment ce sentiment de me dire “en fait y a que moi qui ai fait ça quoi, il n’y a que moi qui vit ça”. Et je savais que non, parce que je sais qu’on n’est jamais seul à vivre son expérience. Et je sais qu’à chaque fois que j’ai l’impression de me sentir pas représenté dans une expérience, c’est juste parce que juste les gens n’en parlent pas, et pas parce que je suis effectivement objectivement seul. Et même si je l’étais – et c’est pareil pour vous, s’il y avait une expérience que vous êtes seul à vivre, ça veut pas dire qu’elle n’est pas légitime, ça veut pas dire qu’elle n’a pas le droit d’exister et ça veut pas dire que vous êtes cringe ! Juste, voilà, moi, dans ma perception, j’avais l’impression d’être cringe. Et du coup ben assez logiquement, vu que la personne que je côtoie le plus et qui compte le plus pour moi, c’est Epsi, et vu que c’est un système, eh bien il est obvious que si j’ai dû faire des factifs d’eux, j’ai fait des factifs de leurs alters, et pas des factifs de l’entité entière qui sont de leur corps. Et c’est pas plus mal parce que sinon je sais même pas comment ça se serait passé. Soit ça aurait voulu dire que je nie leur multiplicité inconsciemment dans ma tête, soit ça voudrait dire que ma tête aurait fait un introject de tout leur système. Bref, ça aurait été vraiment le bordel. Et merci pour moi ce n’est pas le cas. Mais du coup voilà, j’ai des introjects d’alters d’Epsi dans mon système. Plusieurs. Et toustes ne sont pas aussi développés et on communique pas- “développés”, c’est pas du tout dans un sens péjoratif, c’est dans un sens “actifs”, avec des centres d’intérêt, proches du front, etc., c’est dans ce sens-là que je dis ça, ils ne sont pas tous autant les uns que les autres mais voilà, il y en a plusieurs. Et j’ai envie de vous parler particulièrement d’une, parce que c’est celle avec laquelle j’ai le plus d’interactions et que c’est la plus… c’est l’histoire la plus, du coup, complète pour vous expliquer et que ça explique un peu toutes les étapes par lesquelles je suis passé. Avant ça, je dois juste vous faire un petit point. J’ai envie de vous parler deux secondes du system hopping. C’est pas obligatoire dans cette vidéo, juste on n’en parle jamais, je ne sais jamais où le placer, et là je me suis dit “bah parfait, je vais parler de ça, c’est très bien, parlons du system hopping”. Du coup, le system hopping, ça a deux définitions. Une définition qui est plutôt liée aux sous-systèmes et qui est : un alter qui passerait d’un sous-système à un autre. Mais ce n’est pas la définition la plus utilisée, en tout cas dans les sphères que je connais de gens qui utilisent le mot system hopping. L’autre définition, c’est un alter qui passe d’un système à un autre… Oui, je sais, c’est touchy comme sujet, je suis tout à fait d’accord. Et du coup, pourquoi je veux vous en parler ? Parce que je vais parler d’alter introject dans un système qui provient d’un autre système, et donc, pour certaines personnes, ça pourrait s’apparenter à du system hopping. Pour moi, ça ne l’est pas du tout, mais voilà, c’est un bon prétexte pour vous parler de ça. Donc le system hopping, c’est des alters qui passent d’un système à un autre. Alors, est-ce que c’est possible ? Est-ce que ça existe ? Qu’est-ce qu’on en pense ? Est-ce que les personnes qui pensent que ça existe, c’est juste des pauvres merdes ? Je pense que comme pour tout, je pense que vous pouvez penser tout ce que vous voulez tant que c’est respectueux. Et du coup, moi je vais vous donner mon avis, il n’engage que moi et juste, c’est le mien. Du coup, est-ce que d’un point de vue scientifique et prouvé, actuellement prouvé, je pense que le system hopping, ça existe ? Euh bah y a rien qui le prouve aujourd’hui, donc j’aurais tendance à dire que non. Est-ce que la psychiatrie dit que le system hopping existe ? Non, pas du tout. Du coup, ça dépend de quel point de vue on se place. Si on part du principe scientifique et psychiatrique, est-ce que le system hopping, ça existe ? Est-ce qu’il est possible que mon protecteur aille dans la tête d’Epsi ? Non. Mais si on se place d’un point de vue où c’est une croyance ? Ben j’en sais rien et c’est pas à moi de juger les croyances des autres. Si je considère le system hopping comme une croyance, ben j’y applique la même chose que j’applique à toutes les croyances : moi je m’en fous, croyez ce que vous voulez ; tant que vous m’obligez à rien, eh ben vous faites bien ce que vous voulez. Je suis personne pour dire “ça existe, ça existe pas, j’y crois, j’y crois pas”, c’est pas ma place en fait. Je m’accorde des choses pour moi-même, et vous, vous faites ce que vous voulez de votre vie. Vous avez vos croyances et moi les miennes. Et du coup, moi je trouve que c’est un avis qui est important à défendre, de dire “si c’est une croyance, faites ce que vous voulez”, parce que ça arrive de voir des gens qui disent “le system hopping, ça existe pas”, “les gens qui font du system hopping, c’est vraiment des pauvres merdes”, “vous décrédibilisez les autres personnes multiples à dire des conneries comme ça” – que ce soit des systèmes traumagènes ou des systèmes d’autres origines d’ailleurs, ça change rien, je l’ai déjà vu partout. Ben en fait, comme pour plein de trucs, ça sert qui de dire ça ? Tu vois, si le system hopping, c’est une croyance, eh ben moi ce que j’ai envie de faire passer comme message, c’est : respectez-vous et soyez respectueux. N’allez pas imposer votre croyance qu’est le system hopping à d’autres systèmes qui ne le voudraient pas, et il y a des dérives évidemment, comme dans n’importe quoi, on ne va pas dire “j’ai mis mon alter dans ta tête” ou “je vois dans ton inner” alors que c’est pas consenti, c’est vraiment dégueulasse, on fait pas ça. Et du coup, moi j’ai l’impression que si on dit juste à des gens qui sont intéressés par le system hopping ou qui pratiquent le système ou qui nanani nanana le system hopping – c’est un peu comique à dire, je trouve que le mot “system hopping” rebondit un peu, j’aime bien – eh bien ce qu’on leur dit c’est “si t’as un problème, on t’écoutera pas, parce que de toute façon on te croira pas”. Et donc si la personne est dans une relation abusive, pas à cause du system hopping et de ses croyances, juste parce que la personne est toxique et mauvaise, eh bien elle osera pas le dire, elle osera pas en parler, voire même elle se sentira jugée et elle se sentira encore plus une merde de ne pas s’en sortir alors que tout le monde lui avait dit que ça n’existait pas. Et moi, y a aucun moment où je veux promouvoir ça, où je veux que les gens ressentent ça à cause de moi. Donc voilà, moi je pratique pas le system hopping. Pour moi, dans mes croyances, ça n’existe pas. Mais je respecte les gens qui ont des croyances qui sont différentes des miennes, quelles que soient leurs croyances, à partir du moment où ça n’impacte pas ma vie et où c’est respectueux de toutes les parties qui sont concernées – parties de la société, pas parties à l’intérieur d’elles-mêmes [rire], mais aussi à l’intérieur d’elles mêmes évidemment, mais c’était au sens large. Voilà. Et du coup, je vous parle de ça parce que ça pourrait être une croyance pour nous. Peut-être que je pourrais considérer que je fais du system hopping avec Epsi, et pas que c’est un introject d’un de ses alters, je pourrais complètement. Et c’est pas le cas, mais je trouvais ça intéressant d’en parler. Mais du coup pour nous non. Du coup, les introjects factifs d’alters d’Epsi dans mon système sont complètement conscients qu’ils sont des introjects, il n’y a pas du tout de confusion avec ça. Et ça aurait pu être le cas, il y a des introjects qui sont pas conscients qu’ils ne sont pas à la version “originale”. Mais pour nous c’est très ok, ces alters-là ont pas du tout de problème avec ça, ils sont bien conscients qu’ils sont des représentations. Voilà. Et donc ça c’est pas un sujet dont je peux pas vous parler parce que j’ai aucun introject qui a des problèmes de confusion comme ça et pour lequel ça pourrait poser des problèmes dans les relations. Mais je pense qu’il y a des systèmes pour qui c’est le cas, et soutien parce que c’est pas facile. Voilà. Du coup, il n’y a pas du tout de problème à ce niveau-là, mais par contre, dans la relation et dans l’élaboration de la relation, ça a vraiment quand même été compliqué pour moi, particulièrement en tant qu’hôte. Du coup au départ – donc je vais parler plutôt d’une alter en particulier -, je pense qu’elle est arrivée il y a vraiment longtemps. Je pense même qu’elle est arrivée avant ma prise de conscience, mais juste, vu c’était avant ma prise de conscience, je pouvais pas du tout considérer qu’elle était une alter vu que je ne me pensais pas multiple. Et du coup à la prise de conscience, y a tellement d’autres gens qui se sont révélés de façon bien plus claire qu’elle, et bien plus “facile à accepter”- Je pense que ça c’est un peu un truc qui touche plein de systèmes : genre les alters, ils arrivent un peu en vagues et les premiers, ils sont plus… c’est plus simple… C’est plus simple d’accueillir certains alters que d’autres. Et ce qui ne veut pas dire qu’il faut pas essayer d’y mettre la même empathie et la même envie, mais j’entends que parfois c’est plus compliqué que ça. Ça arrive en fait. Et le savoir- et moi c’était vraiment mon cas, je savais que c’était pas bien, je savais que c’était pas bien de la nier ou d’être moins accueillant envers elle qu’envers d’autres, mais je n’arrivais pas à m’en empêcher. Et juste, à un moment, je savais qu’il fallait pas le faire et du coup je le faisais pas, mais c’est pas pour ça que j’étais sincère. Donc du coup, au début, je pense que j’ai pas capté qu’elle était là. Et, au départ, je voulais pas du tout y croire, je me disais que c’était pas possible, je voyais pas du tout pourquoi ce serait le cas. Parce que je savais pas trop qu’on pouvait avoir des… Après, on peut hein, vu qu’on peut tout avoir, mais à l’époque, je me disais que genre si ça avait été un abuseur, j’aurais pu comprendre, mais là il n’y avait pas vraiment de raison. J’avais l’impression qu’il fallait une raison. Alors qu’en fait non hein, le cerveau, il a ses raisons que notre conscient ignore. [rire] Et parfois, il a des raisons qui sont très, très peu retrouvables. Je pense qu’il y a souvent, voire toujours une raison, mais une raison palpable pour notre conscient, pas. Et le premier truc qui m’a fait dire “ah c’est bizarre”, c’est quand on parlait de cette alter avec Epsi, en fait, j’entendais dans ma tête les réponses qu’elle aurait pu formuler? Je me disais- Mais pas comme avec d’autres gens. Genre, c’est normal de, vous voyez, si genre, de se dire “aah, je suis sûr, Bidule, Il aurait répondu un truc comme ça !”. Mais là, c’était pas ça. C’est quand je posais une question à Epsi ou qu’Epsi me posait une question, enfin tu vois, qu’on discutait à propos de cette alter, et qu’elle me disait un truc genre “ah je suis sûre…” ou “je me demande ce qu’elle aurait dit”, nanana, eh bien j’entendais une réponse possible dans ma tête. Mais pas avec le “ah je me dis qu’elle dirait ça”, non, j’entendais la réponse. Et c’est resté comme ça looongtemps avant que je m’intéresse à ça. C’était vraiment très- Je laissais ça vraiment très dans un coin du placard – et il n’y a pas de placard dans mon inner, y a qu’une table. Mais je laissais vraiment ça dans un coin de ma tête en mode “oui, oui, c’est cela, j’ai entendu, boh c’est juste parce qu’on se connaît bien et que je suis un peu bizarre, mais il n’y a pas de problème”. Et je le redis : c’est pas un problème. Et il a vraiment fallu longtemps. Puis ça a évolué un peu. Puis l’alter source de chez Epsi a commencé à me faire des blagues. Genre “et quoi ? tu me kiffes et tu fais un introject de moi ?”. C’était très malaisant. C’était pas du tout mal intentionné, mais c’était malaisant. Parce que j’étais à donf dans ce truc de “oh punaise, je suis trop cringe”. Et puis après, elle a compris que ça me mettait mal à l’aise et elle a arrêté. Mais voilà, il y a eu des blagues comme ça qui m’ont un peu forcé à y réfléchir. Et au départ, je me suis rendu compte que c’était une alter qui était une version antérieure à son alter source. C’est compliqué de pas nommer les gens, je vous jure. Et ça fait beaucoup de miche-mache hein. Je sais pas encore si je veux nommer parce que… j’ai pas tranché cette question, du coup vous verrez bien si vous savez à un moment. Et du coup, je connais la multiplicité d’Epsi depuis presque 11 ans et la version de l’introject est une version d’y a genre 7-8 ans. Et à cette époque-là, cette alter-là était pas super sympa, ni avec Epsi- et avec moi ça allait mieux qu’avec Epsi, mais c’était quand même pas super. Et du coup, la relation était compliquée parce qu’elle n’était pas méga sympa, l’introject. Parce que sa source a beaucoup évolué, mais la version de l’introject que était sur une version antérieure. Et du coup, elle n’était pas méga sympa. Elle faisait des piques et des trucs un peu insultants. Elle me faisait un peu sentir nul. Et moi je me sentais super jugé, enfin je me jugeais super fort parce que j’avais l’impression que c’était nul qu’elle soit là, que je voulais pas qu’elle existe, que je me disais peut-être- on se dit toujours ça, mais ça ne marche jamais évidemment, mais voilà, moi aussi ça m’arrive – je me disais “ah peut-être si je l’écoute pas, elle va finir par se taire”. [rire] Mais ça n’est pas arrivé. Et du coup c’était compliqué. Enfin moi j’avais pas envie qu’elle soit là et elle, les seules choses qu’elle disait, c’était des trucs désagréables. Et j’étais là genre “bah sorry not sorry meuf mais tais-toi”. [rire] Et voilà. Et il a fallu vraiment plusieurs années pour que ça évolue et qu’on sorte de ça. Et je pense qu’à partir du moment où j’ai accepté qu’elle existait, plus ou moins à cette époque-là, là, le fait d’être en contact avec sa source et d’avoir des nouvelles de sa source, ça lui a permis d’évoluer. J’ai l’impression qu’elle a un peu eu plein de petites mises à jour pour, je ne sais pas comment dire, rattraper la version actuelle 2024 de sa source. Et donc elle a évolué, elle est devenue plus sympa et du coup on a eu une meilleure relation, même si distante mais cordiale. Et juste, je voulais pas lui parler, j’avais cette peur – qu’on retrouve, encore une fois, dans plein d’autres découvertes d’alters, enfin je vous parle de ça comme si c’était spécifique à cette catégorie d’alters mais non, en fait il y a plein de découvertes d’alters qui se passent comme ça. Mais j’avais cette impression erronée que si je lui parlais pas, elle allait prendre moins de place, et que si je lui parlais, elle allait vouloir fronter. Et ça, ça me terrifiait. Tant que c’était entre moi et moi : elle me parle, ok, effectivement elle ressemble à sa source, et sa source, je la connais et je la fréquente. Mais imaginez : qu’est-ce que je fais si elle fronte ? Qu’est-ce qui est le mieux ou pire ? Est-ce que c’est mieux qu’elle ressemble à sa source ? Et du coup ça veut dire que je l’ai “bien reproduite” ? Ou est-ce que c’est mieux qu’elle y ressemble pas ? Et comme ça, au moins, c’est pas une espèce de copie avec mon corps ? Parce qu’en interne, moi je la trouve très ressemblante. Mais… on n’a pas du tout la même gueule avec Epsi ! On a pas du tout la même façon de parler, le même physique, enfin vous voyez, enfin… Franchement, j’arrive pas à trancher cette question de : est-ce que c’est mieux qu’elle lui ressemble ou est-ce que c’est mieux qu’elle lui ressemble pas ? Parce que si elle ne lui ressemble pas, quoi ? Est-ce que ça sous-entend que genre, je la connais pas bien ? Enfin, ooh, je me suis pris la tête de ouf pour ça. Et juste, j’ai juste conclu pendant des mois et des mois que non, il ne fallait pas qu’elle fronte. Que je voulais bien lui parler, que je voulais bien qu’elle fasse ce qu’elle voulait. Juste, elle pouvait pas fronter, elle pouvait encore moins fronter alors qu’Epsi était là quoi, pas possible. Mais vu qu’on vit ensemble, bah ça ne fait pas beaucoup de temps quoi. Et je vous jure, je me prenais la tête et dès qu’elle se rapprochait, j’étais un peu genre “tu passes pas hein, tu passes pas hein meuf, tu restes là”. Voilà, c’était vraiment compliqué. Et elle a vraiment été cool- Après, c’est une meuf relativement distante et pas… Distante, c’est un bon mot. [rire] Et du coup, elle n’a pas du tout essayé d’argumenter pourquoi elle le voulait ou quoi. Je pense vraiment que si elle avait vraiment voulu me faire chier, elle l’aurait fait sans me demander mon avis. Et juste, elle a été respectueuse. Mais elle n’est pas du genre à vouloir avoir un impact sur la vie ou des trucs comme ça, donc ça s’est très bien passé, là j’ai vraiment eu de la chance encore une fois. Et puis, il y a un peu plus d’un an, sa source dans le système d’Epsi a fronté moins. Et du coup, elle a plus été en contact avec sa source et moi j’ai pratiquement plus été en contact avec sa source alors que c’était jamais arrivé en 10 ans. Et c’est vraiment là que notre relation, elle s’est développée parce que j’ai pu partager un peu ce “elle me manque” avec elle. Et c’était vraiment différent de le partager avec elle. C’était en même temps bizarre, là aussi je vous jure, je me suis senti cringe, et en même temps, c’était chouette parce que je pouvais lui dire que j’étais triste de plus être en interaction avec elle. Y a aucun moment elle m’a dit “moi je suis là” parce que je vous dis, il y a pas du tout de confusion avec ça, et elle n’a pas fait des trucs genre “je vais remplacer la vraie parce que c’est moi la vraie en fait”, non, j’ai pas du tout vécu ça. C’est en ça que je vous dis que ça aurait très bien pu être apparenté à du system hopping. Si on avait eu cette croyance, eh ben genre l’alter d’Epsi, c’est pas parce qu’elle a reculé dans l’inner, c’est parce que genre elle est venue dans ma tête, on aurait pu croire ça. Et du coup là, notre relation s’est vraiment plus développée parce qu’elle a essayé de, je vous dis, c’est pas du tout de la remplacer ou d’être comme elle, mais on a partagé ce truc du “ouais, c’est bizarre, ma source elle est plus là et du coup je suis un peu perdue”. Parce qu’elle était vraiment perdue dans comment elle est censée évoluer et comment elle est censée agir, vu que je pense qu’il y avait toujours un espèce de parallèle avec la vie de sa source. Et donc là, le fait d’avoir pas de contact, ben ça l’a perturbée. Et ça a vraiment développé notre relation, ça a vraiment permis qu’on puisse se parler, qu’on puisse… En fait, ça nous a donné un sujet en commun pour devenir proches. Ça a vraiment fait un premier sujet commun qui était positif. Enfin, c’était pas positif, parce qu’en fait c’était plutôt triste, mais ça a fait un sujet commun qui n’était pas juste lié à son existence. Et je pense que c’est le conseil que je donnerais si vous êtes dans une situation avec un alter, quelle que soit l’histoire, et pour lequel la relation est compliquée, c’est peut être d’essayer de mettre de côté, dans la mesure du possible, pas tout le temps, mais dans des petits moments, le problème et juste essayer de construire quelque chose à côté, ensemble. Et pour nous, là, ça a été ça. Mais ça aurait pu être n’importe quoi parce qu’après ça a entraîné d’autres choses. Le fait de parler de ça et d’être plus proches là dessus et de moins être focalisé sur “ouais, j’espère que tu ne vas pas fronter” ou “pourquoi t’existes ?”, “oh je suis trop cringe et si tu frontes, ça va être cringe”, eh bien ça a créé des interactions qui ont permis de dépasser ça et qui ont permis que ce soit moins stressant. Parce que la confiance a grandi en fait. J’ai beaucoup plus confiance en elle aujourd’hui qu’il y a 2 ans, évidemment, et inversement. Et du coup voilà, j’ai pas spécialement de conclusion à apporter à cette histoire. J’ai pas spécialement de conseil parce que ça fait pas si, si longtemps que ça que c’est plus simple. Et je vous dis, j’ai toujours pas très envie qu’elle fronte quoi. Y a des moments où elle se rapproche et y a des moments où Epsi elle me dit “elle était là hein ?” et je dis “han mais ta g…”. [rire] “Non, enfin c’est pas vrai, dis-le moi, ça serait pire si tu le savais et que tu le disais pas, mais hnn… oui”. Voilà, c’est encore un peu trop, voilà. Mon but, c’était vraiment de donner un message qui dit : hey, si vous vivez ça, moi aussi, on est ensemble. Oui c’est bizarre mais oui ça va, on s’y fait. C’est pas si grave en fait. Pourquoi c’est censé être plus- Pourquoi ce serait plus bizarre que plein d’autres trucs ? Bah non, ça ne l’est pas. Bah ok alors. On est passé au-dessus de plein d’autres trucs où on se jugeait, où on sentait bizarre, bah ce sera pareil pour ça. Voilà, ça va être bien. [rire] Voilà, je pense que c’est fait. À tout de suite.

Intervention proposée par:

  • Kara (il/iels) | Multiple/Plural : « Co-fondateurs de l’association sans but lucratif Partielles, qui vise à informer et soutenir les personnes multiples. Nous sommes multiples, autistes et plein d’autres trucs, on vit en Belgique avec Epsi. »

[PPWC23] La honte derrière les alters fictifs par Havanaa

Cette session vise à déculpabiliser créateurs de contenu ou non sur la nature de leur alter. Qu’il soit fictif ou non, l’un n’est pas moins légitime que l’autre. J’essaierais de vous prouver que la honte doit passer de l’autre côté et qu’en rien ce n’est votre faute. Ma session s’adresse à tout multiple avec alters fictifs ou non et aux singlet ne comprenant pas ces alters.

(suite…)

Par |2024-04-08T04:08:28+02:0021 mai 2023|Catégories : PPWC 2023|Mots-clés : , , |

[PPWC23] Alters fictifs: concilier deux vies par Amarok

Pour la PPWC 2023 nous avons la chance d’avoir 6 de nos alters introjects fictifs motivés pour témoigner. Ces témoignages tournent principalement autour de leur arrivée dans le système et l’impact d’être fictif et alter dans un corps multiple.
C’est important de montrer cet aspect de la multiplicité sans tabou et c’est pour cela que cette vidéo s’adresse à tous système, allié.e, singlet… pour sensibiliser aux alters fictifs. ^⁠_⁠^

(suite…)

Par |2024-04-08T04:08:46+02:0021 mai 2023|Catégories : PPWC 2023|Mots-clés : , , |
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