[Kaléidoscope #03] Statistiques et témoignages sur les relations intra-systèmes par Atoll

Les relations d’amitié sont-elles plus fréquentes que les relations conflictuelles, voire de haine entre les alters ? Est-ce que les alters font parfois partie de la même famille au sein du système ? Et si oui, quels types de liens familiaux existe-t-il dans les systèmes ? Les couples (ou trouples, etc.) sont-ils fréquents entre les alters ? Sont-ils exclusifs, ou arrive-t-il qu’un.e alter soit en couple avec un.e alter dans le système ET avec une personne extérieure au système ? Voilà quelques questions auxquelles nous allons répondre, grâce à votre participation à l’enquête !

Avertissements de contenu:

Multiplicité et dissociation (TDI, alters, conflits internes, persécuteurices, mémoire altérée, confusion identitaire, perte de contrôle) ; Trauma et abus (références aux traumatismes, programmation, amnésies, sentiment de mort) ; Violence et sécurité (situations dangereuses, blessures, altercations) ; Relations intra-systémiques (hiérarchie, contrôle, famille, couples, reparenting)

Transcription:


Bienvenue dans cette vidéo sur les relations intra-système.

Dans le cadre de cette édition de Kaléidoscope, nous avons mis en ligne fin décembre un questionnaire pour obtenir des données statistiques sur les relations entre les alter d’un même système.

Les relations d’amitié sont-elles plus fréquentes que les relations conflictuelles, voire de haine entre les alters ? Il y a-t-il beaucoup de systèmes avec une hiérarchie entre les alters ? Est-ce que les alters font parfois partie de la même famille au sein du système ? Et si oui, quels types de liens familiaux existe-t-il dans les systèmes ? Les couples (ou trouples, etc.) sont-ils fréquents entre les alters ? Sont-ils exclusifs, ou arrive-t-il qu’un.e alter soit en couple avec un.e alter dans le système ET avec une personne extérieure au système ? Il y a-t-il des systèmes sans littles ? Les littles ont-iels des alters parents ou qui tiennent un rôle de parent ? Et qu’en est-il des « PNJ », ces êtres – humain.es ou non-humain.es – qui ne sont pas des alters mais qui existent dans l’inner chez certaines personnes multiples ?

Voilà quelques questions auxquelles nous allons tenter de trouver des réponses, grâce à votre participation à l’enquête !

Cette fois, c’est plus de 160 systèmes ( !) qui ont répondu au questionnaire, dont plus d’une centaine en moins de 12 heures ! Whao, on ne s’y attendait pas du tout ! Merci à toustes celleux qui ont participé, et également à celleux qui ont partagé l’enquête sur leurs réseaux sociaux et à leurs proches.

L’échantillon est ainsi plus conséquent que pour la vidéo « Multiplicité et stéréotypes de genre » d’octobre dernier. On peut espérer que les statistiques seront d’autant plus fiables, même si, on le rappelle, nos questionnaires ne sont pas de réelles études scientifiques ! Il ne s’agit pas ici de tirer des vérités générales sur la multiplicité et les personnes multiples, mais simplement de donner un aperçu partiel (huhu !) de tendances qui pourraient se vérifier ou pas dans une étude scientifique plus large.

Enfin, je précise que la seule chose objective dans cette vidéo sont les chiffres en eux-mêmes.

Merci également aux 56 systèmes qui se sont portés volontaires pour témoigner auprès de nous de leur expérience, de leur vécu de personnes multiples. Pour des raisons évidentes de « notre temps n’est pas illimité et c’est une frustration sans fin », nous n’avons pas pu faire un entretien avec chacun des 56 systèmes volontaires. Nous avons sélectionné 7 systèmes avec lesquels nous avons échangé, et nous diffuserons des extraits de leur témoignage dans cette vidéo.

Enfin, merci à Epsi et Kara pour leur soutien et pour tout ce qu’iels font depuis des années pour la communauté multiple.

Grâce à votre accueil enthousiaste de notre première vidéo – on avait peur qu’une heure de statistiques vous fasse fuir ! – on s’est autorisé à réitérer avec cette nouvelle enquête, et on compte bien continuer.

Vous pouvez donc à présent nous suivre sur Instagram, Facebook et Youtube, sous le nom Être.s multiples. On y propose des enquêtes, des sondages ; on y diffuse des statistiques, des extraits de témoignages, et suivant l’humeur et l’envie des alters du système, on fera surement plein d’autres choses. Pour celleux qui sont déjà abonné.es, vous avez pu voir que les littles ont des idées et savent s’imposer !

Avant de commencer, un petit topo « Triggers warning – avertisseurs de contenu ».

Même s’il y a forcément des mots triggers dans la vidéo, il n’y a pas de détails évoqués dans les parties statistiques. Dans les parties témoignages, il arrive que des thèmes potentiellement trigger soient mentionnés. Voilà une liste globale, et non exhaustive, des triggers potentiels.

Multiplicité et dissociation (TDI, alters, conflits internes, persécuteurices, mémoire altérée, confusion identitaire, perte de contrôle)

Trauma et abus (références aux traumatismes, programmation, amnésies, sentiment de mort)

Violence et sécurité (situations dangereuses, blessures, altercations)

Relations intra-systémiques (hiérarchie, contrôle, famille, couples, reparenting)

Cette introduction est aussi longue que la liste des alters de mon système encore dans les ombres, sacrebleu !

Let’s go, c’est parti pour les données générales !

On a fait léger cette fois-ci, en vous demandant simplement dans quel trouble dissociatif/définition de la multiplicité vous vous retrouvez, que ce soit avec ou sans diagnostic, afin de voir si l’on avait une diversité dans les profils ou pas.

Et c’est le cas !

Dans quel trouble dissociatif ou définition de la multiplicité vous retrouvez vous ? (Avec ou sans diagnostic)

Bien que les TDI soient une majorité avec presque 60% des répondant.es (ce qui s’entend pour un sondage qui pose des questions très spécifiques sur les alters), nous avons aussi 19% de personnes se définissant comme multiple/plural, 7,5% qui ne se définissent pas, 6,2% de TDI-P (TDI partiel), 2,5% d’ATDS et 1,2% de TDNS. De façon minoritaire – 1 système à chaque fois – nous trouvons d’autres « étiquettes », comme « médian », « TDI complexe programmé », ou sur plusieurs définitions à la fois « multiple et ATDS », « TDI et multiple », etc.

Entrons maintenant dans le vif du sujet : les relations intra-systèmes.

Nous avons défini 6 catégories de relations. Il y en a évidemment bien plus, mais voilà, il faut bien choisir des petites boites pour organiser les données, et pas trop non plus, sinon on fait une vidéo de 5 heures et tout le monde finit desséché devant son ordi.

So, nous verrons :

• Les relations ami.es – ennemi.es entre alters

• La hiérarchie et les relations d’autorité au sein du système

• Les familles d’alters

• Les alters en couple (ou trouple, etc.)

• Les enfants au sein du système (littles) et les alters parentaux

• Et enfin, les PNJ, c’est-à-dire les êtres qui ne sont pas des alters mais qui apportent de la compagnie à vos alters dans l’inner.

Vous verrez qu’il y a peu de questions par catégories. L’idée était d’avoir des tendances générales, qui permettront de faire d’autres enquêtes plus approfondies pour chaque catégorie. L’expérience et le vécu des personnes sur le spectre de la multiplicité est vaste, et nous n’avons pas la prétention de tenter de l’explorer en une seule enquête.

Les relations Ami.es – Ennemi.es.

Tout d’abord, il y a-t-il des alters qui sont ami.es au sein d’un même système ? Pour 96,3% des personnes multiples, c’est oui. On note une petite frange d’indécis.es (3,1% des systèmes répondant.es) et un système certain de n’avoir pas d’alters ami.es hors lien de parenté.

Et des alters ennemi.es, il y en a-t-il ? Les réponses sont plus variées, avec une majorité de systèmes qui connaissent le conflit entre au moins 2 de leurs alters (61,5%), 28% de systèmes où il n’y a aucune relation d’ennemi.es, et 10,6% qui ne se prononcent pas.

Mais ces relations ont-elles toujours été ainsi ? Nous avons demandé aux répondant.es s’il y a dans leur système des relations entre alters qui ont évoluées avec le temps, comme des ami.es qui deviennent ennemi.es ou inversement. C’est le cas dans 82,6% des systèmes. Dans une grande majorité des cas, l’état des relations n’est donc pas définitif, dans un sens comme dans l’autre. Toutefois, on note 7,5% de systèmes où les dynamiques de relation ne changent pas, et 9,9% où l’on ne sait pas.

Pour résumer, notons que dans 96,3% des systèmes, il y a des alters qui sont amis. Et 61,5% des systèmes connaissent des conflits internes. Les relations évoluent dans 82,6% des cas. Cela met en évidence une fluidité dans la structure des systèmes, avec la transformation des relations au fil du temps, et une place prédominante mais pas exclusive des liens d’amitié.

Avec Macha, nous avons parlé de ce type de dynamique au sein d’un système, entre des alters qui ne s’accordent pas, mais dont la relation évolue avec le temps. Voilà leur témoignage :

« Je n’ai pas beaucoup d’informations sur mon système, et je ne suis pas vraiment en communication avec les autres alters. À ma connaissance, on est 7. 2 littles, 2 ados, moi et deux qui restent en interne et ne frontent jamais. À part Charlotte et moi, aucune autre n’a de prénom.

Il y en a 3 que je connais relativement bien car elles viennent en co-front. Et lorsqu’elles sont là, même si je n’ai pas de moyen d’action, je suis là et je sais ce qu’il se passe.

Charlotte, elle, peut prendre totalement le contrôle du corps, et je ne sais pas ce qu’il se passe quand elle est au front. Si elle veut, elle peut me laisser voir, mais en général elle préfère me faire partir. Charlotte est apparue à mon entrée au lycée. À cette époque, j’ai eu l’impression d’avoir évolué, changé avec le lycée. Mais à la fin du lycée, je suis redevenue comme avant. Je n’étais pas au courant de ma multiplicité, je ne comprenais pas pourquoi j’avais « régressé ». Maintenant que j’ai conscience de la dissociation, des amnésies, etc, je comprends qu’au lycée, c’était Charlotte.

Nous sommes très différentes. Je suis une personne très timide, réservée. Charlotte, elle, n’a aucun problème à parler aux gens, elle n’hésite pas à se battre. Elle ne connait pas la peur, alors que moi je suis pétrie d’anxiété. Je ne sais pas ce qu’elle sait, même si je pense qu’elle sait plus de choses que moi, et que tout ce que je sais, elle le sait. Mais il n’y a pas de communication entre nous. À la base, je ne l’aimais pas et c’était réciproque. D’ailleurs, elle le prend très mal si on nous confond.

Ça a été très difficile à accepter, et c’est encore difficile aujourd’hui. C’est arrivé récemment qu’elle fronte dans un moment où j’étais avec des ami.es. Ces dernier.es ne sont pas au courant de ma multiplicité et je ne sais pas ce qu’il s’est passé. Comme je ne me souviens pas, j’imagine le pire et j’ai honte. J’ai peur de passer pour folle, bizarre, d’être jugée. Et en même temps, je ne veux pas savoir.

Ça m’est déjà arrivé de me réveiller d’une dissociation et de me rendre compte que je suis des lits d’inconnu.es ou enfermée dans une cellule. Je me suis aussi réveillée à l’hôpital, avec un cocard et sans chaussures. Je n’ai jamais retrouvé mes chaussures ! C’est très angoissant pour moi. Et en même temps, je ne veux pas savoir ce qu’il s’est passé.

Cependant, un jour, elle nous a sauvé. Un homme a voulu rentrer chez moi, il a bloqué la porte au moment où j’ai voulu la fermer. Je me suis dissociée. La première alter qui est venue, c’est ma toute petite fille qui était terrorisée. Elle est restée une fraction de seconde, puis c’est Charlotte qui est venue, mais sans me bloquer. Elle nous a défendu physiquement, puis elle m’a laissé de nouveau le contrôle. À ce moment-là je me suis dit : « Ok elle peut m’apporter des problèmes, ok elle est assez extrême, mais n’empêche que c’est une ressource ! » Moi je n’ai pas les épaules pour gérer ce genre de situations. Malheureusement, mon système n’est « pas très bien fait », car c’est une gosse qui fronte dans les situations de danger. Heureusement que Charlotte était là !

J’ai compris qu’elle se préoccupait de la sécurité d’au moins une partie du système, notamment des deux littles. Je sais que si elles sont en danger, Charlotte va venir, et c’est très rassurant ! »

Merci à Macha pour leur témoignage ! Et vous, est-ce que vous relatez ce type de relation ?

Passons maintenant à la catégorie suivante.

Les relations d’autorité et la hiérarchie

Nous vous avons d’abord posé une question liée à la programmation. En effet, les systèmes programmés ont en général un fonctionnement particulier : lorsqu’un.e abuseureuse extérieur.e au système programme quelqu’un.e , iel le fait dans un objectif de contrôle. Il est donc fortement probable qu’un système programmé ait une hiérarchie au sein de son système.

Voilà pourquoi nous vous avons posé la question : Êtes-vous un système programmé ?

Parmi les répondants, il y a 8,7% de systèmes programmés, presque les ¾ qui ne sont pas programmés, et environ 17% de systèmes qui ignorent s’ils sont programmés ou non.

Nous vous avons demandé, tout type de systèmes confondus, s’il y avait une hiérarchie dans votre système. Presque la moitié d’entre vous nous a répondu que oui. 35,4% ont indiqué n’avoir aucune hiérarchie, tandis que 14,3% ignorent s’ils en ont une ou non.

Entrons un peu plus dans le détail :

Parmi les systèmes programmés, 85,7% expliquent avoir une hiérarchie au sein de leur système. Parmi les 14,3% restants, qui représentent 2 systèmes, 1 n’a pas de hiérarchie et 1 autre ne souhaite pas répondre à la question.

Cependant, le fait d’avoir une hiérarchie dans son système n’est pas réservé aux systèmes programmés. Parmi les systèmes non programmés (étant certains de ne pas l’être), 41,7% indiquent avoir une hiérarchie entre leurs alters. On comprend donc que la structuration hiérarchique n’est pas uniquement une conséquence de la programmation externe, mais peut émerger naturellement dans les systèmes.

Notons aussi qu’il est également très fréquent de n’avoir pas de hiérarchie ! Encore une fois, tout ce que montre les chiffres, c’est que toutes les configurations existent. Quelle que soit votre expérience de la multiplicité, vous êtes légitime !

Enfin, on peut ne pas avoir de hiérarchie dans son système et pour autant que certain.es alters aient une relation d’autorité sur d’autres alters. Pour 75,8% des systèmes ayant répondu à l’enquête, au moins un.e alter a une relation d’autorité sur un.e ou plusieurs autres.

Nous avons échangé avec deux systèmes dont l’organisation interne présente une hiérarchie : un système programmé, et un système non-programmé. Commençons par le témoignage d’Équinoxe.

« Comme beaucoup de systèmes programmés, il y a une hiérarchie au sein de notre système. Nous avons des alters « gestionnaires de crises », des protecteurs, des caregivers (des alters chargés de prendre soin du système/ des autres alters), etc.

Tout est très schématisé, très organisé, chaque alter est complémentaire des autres, y compris des alters qu’on pensait être simplement des parts trauma. On s’est rendu compte qu’iels avaient un rôle spécifique dans notre pyramide et face à la programmation.

On fonctionne avec un pôle d’hôtes, c’est-à-dire qu’on est un groupe d’hôtes toujours au front, avec l’impression de ne jamais switcher, d’être une « soupe » d’une personne, alors qu’on est nombreux à être au front. La programmation joue beaucoup dans ce sentiment.

On n’a pas accès à l’inner et pas accès au lien avec les autres alters. Néanmoins, ces autres alters s’organisent de manière coordonnée face à la programmation, et des relations parfois amicales, parfois amoureuses, parfois familiales entre eux. Certains alters ont pris le rôle de parents pour certains littles, ou d’aidants pour d’autres alters.

Quand un programme se lance, il y a une solidarité dans le système : des alters protecteurs vont aller « main dans la main » éteindre le programme, des gate-keepers vont donner le front à certains care-givers qui vont réparer, aider s’il s’est passé des choses plus ou moins graves, etc.

Cette entraide intra-système continue de se développer au fur et à mesure de la déprogrammation, et aussi grâce au fait d’être entouré.s d’autres systèmes, d’avoir des proches multiples.

L’aspect négatif de cette très grande organisation et hiérarchie dans notre système, c’est que lorsque la programmation prend le dessus, ça peut avoir des effets catastrophiques.

Par exemple, il y a 1 an et demi, un programme très dangereux s’est déclenché et a eu comme conséquence désastreuse de faire partir en dormance un de nos gestionnaires de crise, celui qui s’occupait de plus de choses dans le système. Il relationnait avec le protecteur principal, et son départ a fait s’effondrer comme un château de cartes toute l’organisation du système.

Ce qui est paradoxal, c’est que nous, le groupe d’alters hôtes, nous n’avons pas vraiment conscience de tout ce qu’il se passe derrière. On vit notre vie, avec l’impression que c’est toujours plus ou moins calme. On ne ressent pas la complexité de notre système.

En fait, nous, le groupe d’hôtes, on n’a pas conscience de la programmation. Et puis on ne s’en souvient pas. Tout ça fait partie de la programmation ! Ça nous donne l’impression de vivre de façon très détachée du reste du système, et c’est assez dur, car on a l’impression d’être mis à l’écart involontairement. On en prend conscience quand des alters concernés viennent au front et nous racontent. Cependant – et on ne sait pas exactement quelle est l’influence de la programmation là-dessus – ces alters qui ne sont pas des hôtes, lorsqu’iels viennent au front, perdent énormément la mémoire de ce qu’il se passe derrière. On a des archivistes qui s’occupent de tout ça, mais il y a beaucoup de pertes.

D’un côté, nous on se sent isolés, et derrière, c’est très complexe, très solidaire et très unifié. »

Merci à Équinoxe pour son témoignage !

Maintenant, écoutons celui d’Indra :

Le système, il est assez simple. On est 6 principaux et 2 secondaires. C’est comme qu’on a décidé un peu les rôles. Dans les principaux, on a un homme cerf, une femme âgée démon, un enfant humain, une fille ado qui est un ange, une ombre vivante et une espèce de fantôme/dieu – il ne sait pas trop ce qu’il est mais bon c’est à peu près ça – et dans les secondaires y’a un homme loup et une espèce d’esprit. Celui qui est un dieu a une autorité sur tous les autres. Hiérarchiquement, en fait, en première position il y a donc Mass qui est donc le dieu, en second c’est Ano qui est l’ombre vivante, après il y a tous les autres qui sont en système juste en dessous et juste le little, l’enfant humain, qui est vraiment en dernier. Angie, qui est la femme âgée démon, et Hap, qui est donc le little, ont un lien grand-mère/petit-fils slash professeur/élève. Fenrir qui est l’homme loup et Scare l’homme cerf ont un lien de frères. L’esprit, qui a décidé de ne pas nous communiquer son nom, et le little, ont un lien de meilleurs amis, entre guillemets. Sady, qui est l’ange, à un lien de sœur avec Scare et Hap. Dans le principe, tout le monde se réunit pour prendre une décision. Tout le monde a pour ainsi dire une voix, que ce soit un alter principal ou secondaire, et ça se votre à la majorité. Après, le dieu a le droit de poser un véto s’il a pas envie. Sur le plan purement fonctionnel, ça s’est fait comme ça naturellement. Sur le plan plus historique de la création du système, vu que c’est le dieu qui a créé un peu l’inner, c’est lui qui prend les décisions. Au point où s’il a envie de mettre une montagne à un endroit, il va mettre la montagne à l’endroit et nous on a pas notre mot à dire. Chaque alter a sa pièce de vie, si on veut, pratiquement une maison entière chacun, et du moment que le dieu ne fait aucun changement sur la périphérie directe de la maison ou l’intérieur de la maison, y’a pas de soucis. Le corps est dirigé par jamais moins de deux alters. À part le dieu qui peut se permettre de gérer seul mais sinon tous les autres sont obligés d’être par deux, sinon c’est le bordel. Au début y’avait pas de communication, et c’était tellement n’importe quoi que on a fini par plus rien faire en fait. Le réveil sonnait le matin, on l’éteignait on se rendormait et voilà. Angie et Scare ont des tempéraments qui se complètent en fait. Angie qui est quelqu’un de très impulsive, et qui se met en colère très facilement, elle est quasiment voire quasiment que en cofront avec Scar qu’est très calme, très réfléchi et autre pour la tempérer. En soi, quand on regarde les caractères des alters, s’ils sont par deux c’est pas pour rien car il y en a toujours un qui contrebalance les caractéristiques de l’autre pour que ce soit à peu près équilibré.

Merci à Indra pour son témoignage. On passe aux relations de famille au sein d’un système.

Les familles d’alters

Les alters peuvent être de la même famille, soit parce que le cerveau les a créés ainsi, soit parce qu’un lien familial s’est établi entre les alters d’un même système. On se demandait quelle était la proportion de systèmes dans lequel au moins 2 alters partagent un lien familial, et quel type de lien.

Dans votre système, il y a-t-il des alters qui sont de la même famille ? On voit qu’il y a souvent des liens familiaux entre les alters d’un même système, car 71,4% d’entre vous répondent par l’affirmative. Dans 21,1% des systèmes, il n’y a aucun lien familial entre leurs alters.

On vous a questionné sur la présence ou l’absence de frères/sœurs et/ou adelphes dans votre système. 67,1% des systèmes ont des alters qui partagent un lien de ce type avec un.e ou plusieurs autres alters. 24,2% n’ont pas de frères/sœurs/adelphes parmi leurs alters. Enfin, 7,5% ignorent s’il existe des liens de ce genre parmi leurs alters.

Et il y a-t-il des liens de parenté de type enfant/parent ? La réponse est plus partagée que pour la question précédente. Pour la moitié des systèmes répondants, c’est le cas. Tandis que presque 40% n’ont pas ce type de lien dans leur système.

Et existe-t-il d’autres types de liens familiaux dans vos systèmes ?

C’est le cas dans 29,2% des systèmes. Voilà un échantillon de vos réponses à cette question :

Des cousin.es

Des tantes/oncles et des neveux/nièces

Des grands parents

Des ancêtres plus lointains

Plusieurs générations d’une même famille

Des belles-sœurs, des beaux-frères, des bels-adelphes

Des marraines et des parrains, des filleul.es, etc.

Chez certains systèmes, cela a également une influence forte sur l’apparence physique des alters. Comme par exemple chez Miscé :

Tyler, Lou et moi, c’est un peu le noyau dur. En fait, on se considère comme frères et sœurs, même dans comment on se voit dans l’inner. Moi, j’ai exactement le même corps que le corps ici. Et Lou, elle a un corps un peu similaire, c’est un peu comme si on était jumelles. Et Tyler a beaucoup de ressemblances à mes frères. Mais à côté, Kali ne ressemble pas du tout à Lou ou à moi, ni à ma famille, et Cassie encore moins. Alors que Lou, Kali et Cassie sont d’une même souche, j’ai envie de dire.

Merci Miscé pour cette anecdote sur votre système !

Pour autant, il n’est pas nécessaire que les alters aient un lien familial établi pour fonctionner comme une famille. Écoutons Loulio nous parler dans le détail du fonctionnement de leur système, et notamment des relations avec les alters introjects du système.

« En fait, notre système, ce qui est très intéressant et ce qui nous fait du bien, c’est qu’on est tous très soudés. Il n’y en a pas un qu’on met de côté, il n’y en a pas un qui est éloigné ou qu’on n’écoute pas. On a vraiment établi quelque chose de très solide dès le début. On a eu forcément des problèmes, je pense comme beaucoup, mais vraiment maintenant, on essaye de s’écouter, d’avoir la parole de tous et de vraiment avoir établi des bases solides. Donc tout le monde est accepté de la façon dont il vit. On essaie d’arranger les choses pour que tout le monde soit à l’aise, surtout. J’ai beaucoup de troubles, on va dire, qui font que j’hyperfixe extrêmement facilement sur énormément de sujets, énormément de personnages, énormément d’histoires, énormément de trucs. Et ça, chez nous, provoquait beaucoup l’apparition d’introjects. Ce que je trouve vraiment intéressant chez nous, c’est vraiment les relations qu’on a pu établir avec eux. On a vraiment tout type d’introjects. On a de ceux qui ressemblent presque trait pour trait à leur source et qui ont beaucoup de mal à interagir avec d’autres représentations d’eux-mêmes, entre guillemets, puisque c’est pas eux-mêmes, mais vous avez compris. On en a d’autres qui sont complètement détachés, mais pourtant gardent des racines. On sait très bien qu’ils viennent de, par exemple, d’une œuvre ou d’un jeu, etc. Mais qui, pourtant, se sont très bien intégrés et vivent comme s’ils étaient complètement détachés. En tant qu’introjects, certains ont vraiment du mal. Et on a essayé de leur créer leur propre identité, leur propre vie, leurs propres intérêts. Et c’est vraiment ce qui est marqué chez nous. On a beaucoup d’introjects fictifs, donc du coup basés sur des personnages de fiction. Et on a un peu moins d’introjects factifs, basés sur des vraies personnes. Mais c’est ceux-là qui sont, je pense, les plus difficiles à vivre pour eux, puisque la personne, ils peuvent la voir en vrai et se dire, « Bah mince, pourquoi je suis là et en fait je suis pas là ? » Enfin, c’est surtout nos factifs qui ont du mal avec leur légitimité. » Surtout, un, j’ai un exemple en tête. Lorsqu’un de nos introjects factifs est apparu, pendant très longtemps, ça a été extrêmement compliqué, puisqu’il a invalidé absolument toutes les représentations de lui, même lui-même. Quand on regardait des vidéos de cette personne, parce que du coup c’est une célébrité, c’était quasiment impossible de la regarder tranquillement, sans qu’il entre en crise ou sans qu’on sente vraiment un poids très très lourd. En fait, chez nous, c’est plutôt des sensations, des sentiments, lorsqu’un alter ne va pas très bien. Et pendant très longtemps, ça a été compliqué. Enfin, lui en particulier, il pensait qu’il était l’original, quoi. Et que c’était juste une mascarade, que de toute façon, on mentait, que c’était pas la réalité. Et pendant très longtemps, ça a été très compliqué de lui faire prendre conscience de sa situation, en fait. Mais on a de très bons alters sociaux qui ont su l’écouter, qui ont su rester avec eux, aussi nos aidants internes, qui ont su l’accompagner et qui maintenant, ça va un peu mieux. Disons que… Je pense que c’est toujours difficile. C’est difficile d’accepter le fait qu’on est juste une invention, entre guillemets. Je pense qu’on a fait le nécessaire pour que tout le monde ait une place et qu’ils se sentent tous importants. Et puis voilà. Au début, ça a été assez compliqué, puisqu’on a eu beaucoup d’arrivées d’introjects d’un coup. C’est des alters avec énormément de conscience et énormément d’énergie, entre guillemets. Toutes leurs émotions négatives, on les a en première ligne, sachant qu’en plus, on est hypersensibles. Donc, ça a un peu divisé. On a eu beaucoup de mal à accepter certains d’entre eux, au tout début. Moi, je suis vraiment plus quelqu’un qui a un caractère un peu fort et un peu… J’aime bien mon coin, j’aime bien être seul.e, j’aime bien ma routine, mes trucs, mon quotidien. Au début, ça nous a vraiment chamboulé d’en avoir vraiment beaucoup. Maintenant, il y a vraiment de l’entraide. On a vraiment une espèce de hiérarchie entre nous. On l’a noté quelque part. Nos gatekeepers, c’est ceux qu’on écoute. Ils ont vraiment un charisme et ils sont gentils. Je veux dire, il n’y a pas de rapport de force. Juste, ça s’est établi comme ça. Disons que c’est un respect mutuel qu’on a eu depuis le début. On a du coup une hiérarchie, mais qui… s’est établi dès le début. Notre gatekeeper est apparu assez tôt, quand on n’était que cinq, encore. Donc, il a eu la décence d’esprit de se dire, bon, on va essayer d’établir quelque chose de stable, d’organisé. Il a eu vraiment cette prise d’initiative qui nous a fait nous dire, OK, lui, on va peut-être l’écouter. Au début, j’avais un peu du mal avec lui, je pense. Je n’aime pas qu’on me donne des ordres, je n’aime pas être au service de quelqu’un. Mais en fait, il nous fait vraiment beaucoup de bien et c’est devenu mon pote. Notre gatekeeper est extrêmement fort, puisqu’il arrive à bloquer la plupart des brouhahas, des bruits de fond pour l’hôte, pour éviter qu’elle ne soit parasitée par tout ça. En fait, elle arrive vraiment à vivre une vie normale, là où nous, on n’est pas des plus silencieux. Notre gatekeeper, c’est vraiment le pilier. Toutes les fondations se sont bâties autour de lui. Même s’il a des problèmes, je pense qu’on pourra consolider. Il y a quand même quelques piliers dans notre système, qui sont ceux qui étaient là au début, qui font que si jamais, il y en a un qui part, c’est un peu compliqué. Plusieurs autres alters se sont manifestés ou sont apparus. Lorsque ça devenait vraiment beaucoup trop à gérer pour lui, vu sa bienveillance, on a su pouvoir répondre et réagir pour l’aider, lui, puisqu’il a passé tout son temps à nous aider, nous. Il fallait bien qu’on lui rende la pareille. Il y a eu un moment dans sa vie où il n’était vraiment pas bien, puisqu’il vient lui-même d’une source, mais c’est un peu compliqué, puisque c’est une source que notre hôte avait inventée quand elle était petite. On avait oublié cette histoire, puis on s’en est souvenu quand il est apparu. Donc lui-même a eu, à un moment donné, un problème avec sa source. Des souvenirs, qui revenaient très souvent, qui lui faisait beaucoup de mal. Du coup, on l’a beaucoup épaulé, on a pris la relève. Puis voilà, en fait, c’est vraiment une grande famille. Je pense que c’est l’esprit qu’on essaie de garder avec tous ceux qui sont là et avec tous ceux qui apparaîtront peut-être plus tard. Vraiment, cet esprit de famille, cet esprit d’entraide, cet esprit de… On a besoin de nous tous. Si je devais adresser un petit message de courage, vraiment, ne lâchez rien. Il y a des moments où ça va être très difficile. Nous aussi, on l’a vécu et puis il y en aura forcément peut-être d’autres. Il faut avant tout s’accepter tous, même s’il y en a qui font des crasses, même s’il y en a qui sont plus difficiles, qui ont un caractère horrible. Il faut essayer de s’accepter, c’est avant tout des personnes qui souffrent. Il faut les accompagner, c’est des personnes qui ont besoin d’aide. Et oui, nous, maintenant, on est arrivés à un stade où franchement, ça va. On est aussi beaucoup aidés par l’extérieur, par des proches, par des gens q e se manifeste pas non plus. Forcément tous, mais on est quand même épaulés et on est écoutés surtout. Et je pense que c’est le plus important. »

Merci Loulio pour votre témoignage !

On voit donc qu’il y a une grande diversité de liens familiaux dans les systèmes des personnes multiples, autant que parmi les familles hors systèmes, et que les systèmes ont tendance à structurer les relations entre alters sous des formes familiales, ce qui peut être un mécanisme de cohésion interne, ou simplement une influence sociale : le cerveau crée à partir de la société dans laquelle il grandit et se construit.

Évidemment, il y a aussi des couples et autres types de relations amoureuses/sexuelles, etc.

C’est parti pour la catégorie suivante.

Les couples (et autres types de relations)

Il y a-t-il des alters en couple (ou en trouple, ou autre configuration) dans vos systèmes ?

Chez 67,1%, c’est le cas. Pour 28,6% des systèmes, il n’y a pas de couple parmi leurs alters.

On se pose des tonnes de questions sur les relations intra-systèmes, et nous essaieront surement de faire des sondages plus approfondis pour chaque catégorie. Dans la catégorie couple, nous nous demandions notamment si les couples ( ou trouples, ou autre configuration) d’alters étaient exclusifs, c’est-à-dire monogames/monoamoureux. On voit qu’il y a une grande diversité dans les réponses. Pour 43,8 % des systèmes, l’exclusivité dépend des couples. (On va utiliser le terme « couple » par praticité à l’oral, mais gardez bien en tête qu’on parle des configurations de relation amoureuse/sexuelle/autre, pas uniquement des couples.) 28,9% sont des couples exclusifs, et 20,2 ne sont pas exclusifs. Enfin, 6,1% ne savent pas s’il y a exclusivité ou non, et 1,7% ne souhaite pas répondre à la question.

Comme dans la vie hors système, les couples ne sont pas forcément éternels. Est-ce que les couples d’alters se séparent ? Pour 19,3%, c’est déjà arrivé. Dans une proportion proche (21,9), c’est arrivé à certains couples. Mais dans 49.1% des cas, le ou les couples du système ne se sont jamais séparés. 8,8% des répondant.es ne savent pas si un couple de leur système s’est déjà séparé ou non. Et 2.6% ne souhaitent pas répondre.

Il peut sembler évident à la communauté multiple que les alters développent dans leur système des sentiments et des dynamiques comparables à celles des singlets. Mais on fait le pari que si vous êtes singlet, vous avez appris des choses aujourd’hui. 😉

Écoutons le témoignage du système Porcelaine sur un couple de leur système.

« Il s’agit du coup de Zara et Jennifer, qui sont deux alters qui viennent des années 1900-1940, même avant 1930-1920. C’est un couple lesbien qui n’a jamais pu vivre autrement que caché. Ce sont des alters brain-made, elles n’ont pas de source, enfin une source brain-made quoi. Du coup justement, elles profitent du fait d’être dans le système, dans un système en plus qui est ouvertement queer, ouvertement hors normes on va dire, dans la société, pour justement vivre leur amour à elles et en profiter pour justement adopter un enfant. Pour le moment, rien n’est encore fait de leur côté. Aucun enfant, aucun little dans notre système n’est à elles. Mais voilà, elles profitent justement d’être dans ce système pour vivre leur amour qu’elles ne pouvaient pas vivre justement à part en étant cachées dans leur source entre guillemets. On s’est toustes mis d’accord communément pour ne pas avoir d’enfant dans la vraie vie. Et donc du coup, par contre, on a beaucoup de littles dans notre système. Je pense que la réflexion ça a juste été, maintenant qu’on est là, maintenant qu’on est libres, de là où elles venaient avant, où elles étaient persécutées, etc. En plus, il y a eu beaucoup de persécutions dans leur source et justement en fait, le fait de vivre dans un inner différent, ça leur permet d’expérimenter des choses qu’elles n’auraient pas pu expérimenter avant. Et c’est là d’où est venue l’idée de, maintenant qu’on est libre ici et qu’on est en sécurité dans cet inner-là, parce que justement elles se sentent en sécurité, on va pouvoir vivre notre vie telle qu’on aurait voulu la vivre ensemble. »

Merci au système Porcelaine pour leur témoignage !

Passons maintenant à une catégorie dont on entend souvent parler : les alters enfants (aussi appelés littles) et leurs relations avec le reste du système. Pareil, on a très envie de creuser plus avant sur cette thématique, mais patience, on y viendra ! Pour le moment, voilà des statistiques générales.

Les enfants au sein du système et les alters parentaux

Déjà, est-ce qu’il y a des alters enfants dans tous les systèmes ? On voit que c’est un type d’alters très fréquent, puisque 96,3% des systèmes ont au moins un.e alter enfant. Cependant, on peut noter que 1,9% n’ont aucun.e little, et que 1,2% ignorent s’ils en ont ou pas.

Les littles sont des enfants, mais avec des caractéristiques très variées suivant les alters, les systèmes, etc. Dans certains systèmes, des alters ont pour rôle de s’occuper des alters enfants. Dans quelle proportion ce fonctionnement existe-t-il chez les personnes multiples ?

Dans 80,1% des systèmes ayant répondu à l’enquête, il y a des alters qui font du reparenting. C’est donc un fonctionnement fréquent. Cependant, 11,2% des systèmes n’ont pas d’alter.s dédié.s à ce rôle, et 8,1% ignorent s’il y a du reparenting au sein de leur système.

Globalement, les systèmes semblent mettre en place des stratégies de protection des littles. On se permet un avis personnel, mais on trouve ça beau, quelque part, que les membres d’un système, qui souvent sont créés par le cerveau pour pallier à des défaillances, des abus, des traumatismes dans l’enfance, etc., prennent soin des enfants de leur système.

Pour terminer sur les littles, abordons un sujet un peu plus tabou : les alters né.es de l’union d’autres alters. C’est loin d’être rare, car 23,6% des systèmes ont au moins un.e alter né.e d’autres alters. Même si on note une franche majorité de systèmes où ce n’est pas le cas (62,1%), il semble judicieux de prendre en compte cette réalité, et aussi la zone de flou pour les 13% qui ignorent si leur système est concerné.

Nous avons échangé avec Miscé sur la division d’alters au sein de leur système, notamment en lien avec une little hypersexuelle.

Écoutons leur témoignage.

« On est une petite dizaine d’alters. Il n’y a qu’une seule petite, du coup, une seule little. Y’a un ado aussi. Le reste, on est tous adultes. Du coup, il y a trois alters fictifs. Et le reste, c’est que des alters humains. Je pense que c’est la première alter qui est venue. Pas celle qui est née avec le corps, mais celle où il y a eu le premier traumatisme et du coup, elle est apparue. Elle s’appelle Kali. Quand on était petites, on était toutes les deux, en fait. On va dire qu’elle était entière. Un peu déjà démone à l’époque. Vers les 6-7 ans, en fait, elle s’est divisée. Il y a eu Lou et il y a eu Kali. Kali est restée démone. Lou est, du coup, humaine. Elles ne se considèrent pas du tout comme sœurs. Alors que, par exemple, ce qui est intéressant, c’est qu’avec Lou, on se considère comme sœurs de sang. La dynamique entre Lou et Kali, c’est plus Kali qui va être très protectrice envers Lou. Kali aussi, c’est une alter hypersexuelle, alors que Lou, elle a une sexualité plus banale, en fait. En tout cas, elle n’est pas hypersexuelle. Et je pense qu’elles se sont divisées parce que socialement parlant, être hypersexuelle à 6-7 ans, c’est compliqué. On était, du coup, 4. Il y avait moi, je m’appelle Camille. Tyler, qui est le protecteur, qui est arrivé peu après Kali. Ça faisait déjà quelques temps qu’il était là. Quand on n’avait pas encore conscience du fait qu’on était un système, c’était lui qui gérait tout. Maintenant, je l’aide un peu. Et à côté, du coup, il y avait Lou et Kali. On a pris connaissance du TDI en avril. C’est en juin qu’on a eu le diagnostic. Suite à ça, Kali, on l’a sentie se scinder pour faire, du coup, Cassie. Et en fait, on ne sait pas trop pourquoi Cassie est là, à part le fait qu’elle est aussi hypersexuelle. Kali et Cassie, dans l’inner, ne sortent pas ensemble. Mais en fait, elles sont une sorte de sex friends ou un truc comme ça. Et je pense que c’est un peu pour gérer les pulsions un peu hypersexuelles pour éviter que ça soit trop impactant ici. Kali, en fait, s’est divisée deux fois. »

Merci à Miscé pour leur témoignage !

Parfois, ce sont les littles qui ont la meilleure vue d’ensemble du système, et/ou la possibilité de s’exprimer plus facilement que le reste du système. Voilà le témoignage de Nora. Le nom de naissance mentionné dans le témoignage a été changé :

« On a été diagnostiqué TDI P il y a 7 mois. On n’avait jamais entendu parler du TDI avant. Ça a donné du sens à plein de choses, mais on apprivoise encore tout ça.

C’est difficile de nous considérer comme des personnes différentes, car on est trop conscientes d’être une seule personne pour l’extérieur. Et en même temps, on est très distinct quand même.

À chaque fois, celle qui est en train de parler à l’impression d’être Jeanne* mais pas la même qu’avant. Alors il y a plein de Jeanne : petite Jeanne, Jeanne qui fait peur, etc. Nos parties sont définies par leur âge, ou par leur caractère, un trait déterminant.

Au fil du temps, avec le diagnostic qui nous apporte un peu de légitimité, ça devient plus distinct, et des parties ont d’autres prénoms, mais cette base est encore très présente.

Celle qui a la meilleure vue d’ensemble, c’est une petite. Il y a une partie qu’elle appelle « la sorcière ». J’ai l’impression qu’on ne se perçoit pas toutes de la même façon.

La communication est difficile, elle est très rarement directe, plutôt par textes ou dessins interposés, ou par une autre personne, comme notre psy. Dans l’espace de nos séances thérapeutiques, lorsque quelqu’une vient parler, d’autres peuvent en même temps. Parfois même, dès la salle d’attente de la psy, il y a beaucoup plus de monde de présent. Quand physiquement on est toute seule, c’est plus compliqué, plus furtif. Je ne trouve pas de mots pour définir précisément.

Comme on est autistes, on a un grand besoin d’utiliser des mots précis, justes, spécifiques. Du coup, cela nous enlève parfois notre capacité à exprimer ce que l’on vit en interne. C’est peut-être pour cela que la petite a plus de facilité à s’exprimer, car elle a une exigence moindre à ce niveau.

On a souvent l’impression de manquer de mots. Ça semble difficile d’utiliser les mêmes mots que ceux qui sont utilisés pour décrire des choses différentes, des relations externes à la multiplicité. Parler de fratrie ou de parenté pour parler de nous nous semble bizarre. Par exemple, j’ai une petite sœur, et je n’arriverais pas à considérer les parties petites comme des petites sœurs, même si j’ai un comportement avec elles qui est proche de celui que j’ai avec ma petite sœur.

Tous les termes qui définissent des relations extérieures ne peuvent pas correspondre à ce que je vis en interne. »

Merci à Nora pour leur témoignage !

Terminons avec la dernière catégorie, peut-être un peu taboue : la compagnie dans l’inner, par exemple ceux qu’on appelle les PNJ, ces êtres (humains ou non-humains) qui ne sont pas des alters mais qui apportent de la compagnie aux alters d’un système, souvent dans l’inner.

La compagnie – les PNJ

Il y a-t-il des PNJ (quel que soit leur nom) dans les systèmes ayant répondu à l’enquête ? Et bien oui, dans la moitié des cas (49,7%). Un quart des systèmes n’a pas ce type d’êtres en interne (25,5%) et un autre petit quart ignore si c’est le cas (23,6%).

Jouent-ils un rôle de soutien psychologique ? Remplissent-ils des besoins spécifiques au sein du système ? On a très envie d’en savoir plus à ce sujet ! Pensez à nous suivre sur les réseaux pour participer aux prochaines enquêtes !

Conclusion

Malgré des tendances générales, chaque système est unique, avec des structures et des dynamiques relationnelles variées, passant par l’amitié, le conflit, la hiérarchie, les relations familiales et amoureuses, etc… Le spectre de la multiplicité est riche ! Immensément riche ! Chaque système a un fonctionnement propre, suivant ses besoins et son histoire.

Et les relations intra-système ne se limitent pas à des schémas rigides : l’amitié et le conflit coexistent, la hiérarchie est présente mais non systématique, et les liens familiaux sont propres à chaque système. De plus, les liens évoluent dans le temps chez beaucoup de systèmes. Cette plasticité des liens mérite d’être étudiée plus en profondeur.

Est-ce que les conflits intra-système sont susceptibles de s’apaiser ou de s’intensifier en fonction du niveau de communication et de coopération entre alters ? Ou bien d’autres paramètres rentrent-ils en ligne de compte ? Est-ce que les relations entre les alters sont influencées par le travail thérapeutique, et si oui comment ? Comment les systèmes s’adaptent à l’arrivée (émergence, division, etc.) ou au départ (dormance, fusion, etc.) d’alters ?

La hiérarchie qui émerge dans 41,7% des systèmes non programmés découle-t-elle d’un besoin d’organisation interne, ou d’un héritage de mécanismes de contrôle externes (trauma, abus…). Quelles sont les pratiques de décision collective qui existent dans les systèmes ? Ces derniers sont-ils plutôt des démocraties, des monarchies, des totalitarismes, des anarchies, etc… ?

Les liens familiaux sont fréquents dans les systèmes (71,4%), tout comme les relations de couple (67.1%). Est-ce que ces liens facilitent la cohabitation et la coopération entre alters, ou au contraire ? Est-ce que cela contribue à la stabilité du système, en offrant des repères affectifs sécurisants, ou bien est-ce qu’il est possible que cela occasionne des tensions avec les relations extérieures au système ?

L’existence fréquente du reparenting dans les systèmes vise t’il à combler des lacunes affectives et sécuritaires du passé, ou bien est-ce indépendant, dans une certaine mesure, des traumas vécus par le système ?

Concernant les PNJ, ces êtres qui ne sont pas des alters mais qui pourtant existent bel et bien dans la moitié des systèmes (49,7%), à quoi ressemblent-ils ? Comment aident-ils les alters ? Est-ce que leur existence pourrait être au service d’un besoin de continuité narrative pour les systèmes, de cohérence interne, ou bien d’autre chose ?

Bref, comme vous le voyez, vos réponses à notre enquête nous font nous poser 1000 fois plus de questions qu’au début ! On espère pouvoir en explorer une partie avec vous !

Encore un immense merci à toustes celleux qui ont répondu à l’enquête, qui ont témoigné, qui nous ont soutenu pour la réalisation de cette vidéo, et évidemment, merci à vous qui êtes présent.es et venez de regarder notre vidéo !

Vous pouvez nous suivre sur Insta et Facebook, sous le nom @etresmultiples

On se retrouve de suite dans les questions/réponses.

Intervention proposée par:

  • Atoll (elle/iels) | Multiple : « Nous sommes un système de 20+ alters, avec des personnes passionnées de sociologie, de psychologie et de santé mentale dedans, mais pas que. »

[Kaléidoscope #03] Le reparenting par Epsi

Comment le reparenting peut aider les littles des systèmes ? Explications et témoignage personnel.

Avertissements de contenu:

Mentions d’attachement désorganisé et de traumatismes, mention d’école et de parents, mention de rupture de relations

Transcription:

Hello tout le monde et bienvenue dans cette vidéo sur le reparenting que je vous propose pour cette 3ème édition de Kaléidoscope sur les relations intra-système. Pour les personnes qui ne me connaîtraient pas, moi c’est Epsi. On est dans un système majoritairement traumagène, même si on a un système mixte. On a un diagnostic de TDI, mais on préfère se définir comme multiple ou plural. On a 34 ans, on habite en Belgique et on est en couple avec Kara, avec qui on est cofondateurs de l’association Partielles.

Aujourd’hui, je vais vous parler du reparenting, ou reparentage en français – mais j’aime pas donc je préfère dire reparenting -, qui est en gros un moyen de prendre soin des littles d’un système. Alors je ne suis pas du tout experte du sujet mais c’est un truc qui a aidé mon système à un moment donc j’avais envie de vous en parler aujourd’hui parce que c’est un sujet qui n’est pas très très connu.

Alors le reparenting, c’est quoi ? C’est le fait de trouver des personnes aussi safe que possible, une ou plusieurs personnes qui pourraient offrir aux enfants un amour et un soin inconditionnels, dans le but simplement de prendre soin d’eux ou en tout cas, d’améliorer la façon dont on a pris soin d’eux jusque-là. Dans le cas évidemment des systèmes, c’est donc le fait de prendre soin des alters enfants, donc des littles. Et c’est particulièrement bien pour les systèmes qui ont des traumas et qui ont notamment des littles qui ont des traumas ou plus généralement des systèmes qui ont un attachement un peu fucké avec des littles au milieu du truc. [rire] Alors le reparenting à la base, je pense que c’est une technique thérapeutique, qu’on trouve notamment dans la thérapie des schémas, mais c’est vraiment pas de ça dont on va parler ici. Ici, on va vraiment parler du concept général du reparenting, c’est-à-dire juste permettre aux littles d’un système d’avoir un attachement sécure pour les aider dans leur développement. Et je parlerai plus de leur développement plus tard.

Alors la raison pour laquelle j’ai envie d’en parler, c’est simplement parce que c’est quelque chose que je considérais pas. Non pas que j’avais pas envie que mes littles aient un attachement sécure [rire], mais ça n’a pas été un sujet au départ parce que les littles n’étaient pas très en demande et, j’ai envie de dire que leur besoin est évidemment urgent, mais il n’a pas été prioritaire dans la prise en charge de mon propre système. Du coup c’est un sujet auquel je pensais pas et qui, au final, a vraiment, vraiment aidé d’une façon assez inattendue. Et donc je pense que ça peut être bien simplement de savoir que ça existe dans un premier temps et peut-être de mettre des choses en place quand le besoin se fait sentir.

Alors en quoi ça peut être utile dans un système ? Bah c’est évidemment, quand on a des littles en général et surtout des littles traumatisés ou en tout cas qui vivent dans un milieu un peu traumagène, ça permet déjà de les aider. C’est toujours sympa d’avoir un attachement sécure, et c’est encore mieux quand on a la maturité little. Sans vouloir dire que les littles sont forcément immatures ou se comportent systématiquement comme des enfants du monde physique, mais voilà, on sait que les littles ont quand même des besoins qui leur sont spécifiques, dont avoir un attachement à des référents adultes par exemple. Ça peut aussi aider en fait… ça a pas été le cas pour nous, mais je sais que ça arrive beaucoup. Je vois beaucoup ça, je vois beaucoup cette question dans les groupes, etc., de systèmes qui ont des fronts de littles un peu intempestifs, qui ont des littles qui frontent au taf et qui sont là à des moments assez “inappropriés”, en tout cas selon leur comportement, et qui aimeraient savoir comment empêcher ces littles de fronter dans ces moments-là. Moi j’aime pas le principe de vouloir empêcher des alters de fronter, mais j’entends qu’il y a des moments appropriés et le reparenting peut être un moyen de mieux réguler ce genre de fronts. Et enfin, un sujet qui je trouve est important, même si assez difficile à aborder : ça permet d’avoir un attachement qui- enfin en tout cas, ça permet d’éviter d’avoir un attachement qui est “pas sain” ou qui est inapproprié. Je pense à des littles qui s’attachent à n’importe quel adulte, ou un partenaire qui serait pas ouf, ou même parfois un thérapeute avec cette notion vraiment d’un besoin de parent, pas juste un attachement “adapté”. Et bah ça comporte des risques en fait, d’avoir ce genre de choses. Et donc le reparenting peut permettre de modérer ça pour que ce soit plus sain au final et donc mieux. Par contre, évidemment, le reparenting c’est pas magique, ça prend du temps, ça demande de la préparation et surtout, il y a des précautions à prendre que je développerai un peu plus tard dans la vidéo.

Pour le contexte, moi j’ai connu le reparenting via le site Kinhost. C’est un site en anglais qui a énormément de ressources sur comment développer et améliorer la communication et la cohésion intra-système, entre autres. Et du coup, moi, j’avais déjà lu cet article mais je n’avais pas pris le temps de mettre en place, j’avais pas conscientisé l’importance que ça pouvait avoir, etc., je voyais un peu ce que c’était. Et puis, les responsables du site ont fait une formation sur le sujet et je l’ai suivie. J’expliquerai plus tard, enfin je ferai une partie témoignage à la fin de la vidéo où j’expliquerai un peu mieux comment ça s’est déroulé. Mais voilà, en gros, c’est comme ça, j’ai suivi ça en anglais. Ce que ça a apporté pour nous personnellement, c’est vraiment que nos littles sont beaucoup plus apaisés. C’était des littles qui s’exprimaient pas beaucoup et qui avaient pas l’air très en besoin, même si dans leur comportement un peu, on voyait que c’était pas toujours simple pour elles, mais ça leur a permis vraiment d’être plus capables de s’exprimer et de se soutenir mutuellement ou même parfois de soutenir des alters plus grands maintenant, voire des alters de chez Kara. [rire] Et elles sont plus épanouies, vraiment. Elles étaient assez anxieuses, sans l’exprimer spécialement, sans le montrer, c’est des littles assez discrètes. C’est vraiment beaucoup mieux aujourd’hui. Elles peuvent exprimer leurs peurs, elles savent exprimer leurs émotions, elles savent déterminer quand il y a un truc qui ne va pas et elles sont simplement beaucoup moins timides, même s’il y en a une des deux qui l’était déjà moins mais c’était beaucoup du masking. Maintenant, elles sont toutes les deux vraiment plus épanouies, simplement.

Avant de commencer à parler plus précisément de comment on fait du reparenting, etc., j’aimerais un peu revenir sur la notion de ce qu’est un parent. Je pense que c’est bien de préciser. On est quand même beaucoup, à mon avis, ici, à avoir des parents qui sont un peu craignos, voire qui nous ont causé des traumas, je ne dis pas que c’est le cas pour tout le monde, mais je pense que ça peut parler à certain·es d’entre vous. Ici on parle de parenting dans le sens prendre soin, dans le sens aimer, protéger, aider, montrer l’exemple et surtout agir de façon juste et appropriée, etc. Mais vous mettez le mot qui vous met le plus à l’aise. Reparenting, c’est le terme général, c’est le terme qui le plus utilisé. Mais si le mot parent vous hérisse d’emblée, trouvez autre chose. [rire] Je vais continuer à dire reparenting, mais ce n’est pas obligé d’être un parent, c’est vraiment juste le fait de prendre soin. Et n’hésitez pas à utiliser d’autres termes si ça met votre système plus à l’aise.

Alors comment on fait du reparenting ? La première chose à faire, j’ai envie de dire, c’est de faire ce qu’on appelle du system mapping, c’est-à-dire de connaître un peu ses littles. [rire] Sans connaître ses littles, c’est un peu plus compliqué d’être précis dans le fait de faire du reparenting. Donc savoir un peu qui sont ses littles, sans pour autant les connaître vraiment très bien ou connaître exactement quand est-ce qu’ils frontent, à quoi ils ressemblent ou des choses comme ça, ça peut déjà être pas mal. Maintenant, si vous connaissez déjà vos littles, sachez que c’est quand même important, et même dans le system mapping en général, même si vous connaissez déjà vos alters, c’est important de pouvoir rester ouverts à d’autres. Parce que si on prend soin, notamment de littles, il est possible qu’il y ait d’autres littles qui soient cachés et qui se disent “ah, il y a une ouverture, ça a l’air plus safe, on va venir” ou, au contraire, des littles qui vont se dire “oulah, ça commence à devenir trop saint par ici, moi je vais venir m’assurer qu’on reste bien en sécurité”, et donc ils vont débarquer. Donc il est possible que faire reparenting amène d’autres littles à arriver, tout comme commencer à connaître son système et à essayer d’améliorer les choses peut attirer d’autres alters. Donc c’est bien de rester ouverts au sujet, même si je dis pas que ça va forcément arriver. Mais voilà, la première étape c’est évidemment de connaître un peu ses littles. Et surtout, ce qu’il faut dans l’idéal, c’est essayer de déterminer leurs besoins. Les littles, ils ont souvent des envies qu’ils manifestent “plus facilement”, mais derrière il peut y avoir des besoins qu’ils n’expriment pas, ou qui sont comblés ou pas, bon souvent, s’il y a des soucis avec les littles, c’est parce que les besoins sont pas comblés. Mais pas forcément, parfois juste ils ne l’expriment pas et donc c’est important d’essayer de leur en parler, d’essayer d’analyser leur comportement, quand est-ce qu’ils frontent, pourquoi, etc. Et donc d’essayer de savoir qu’est-ce qu’il leur faut en fait, au-delà d’un attachement simplement sécure, dans des trucs plus concrets. Vous pouvez aussi leur demander de quoi ils ont peur, qu’est-ce qu’ils aiment, à quoi ils pensent, … En bref, des choses pour apprendre à connaître des alters, des enfants, des alters enfants. Ensuite, bien comme le reparenting, c’est basé sur le fait de construire une relation spécifique entre les littles et des adultes qui vont prendre soin d’eux, c’est bien de demander à ces littles en qui ils ont confiance, vers qui ils pourraient avoir un attachement particulier, avec qui ils se sentiraient de faire cette expérience. Je pense vraiment que le plus important, c’est d’écouter les littles, d’écouter leurs besoins effectivement, et aussi d’écouter leur avis sur qui, selon eux, pourrait prendre soin d’eux de cette façon. J’en reparlerai plus tard mais ici on va parler évidemment plutôt de faire du reparenting intra-système. Donc des alters adultes qui prennent soin des alters enfants. Et dans ce cas, demander aux littles en quels alters adultes, ou en tout cas plus âgés, ils ont confiance. Ensuite, l’étape suivante, c’est de choisir des alters qui sont volontaires pour faire du reparenting. J’expliquerai un peu après en quoi c’est important de bien choisir les alters qui feront le reparenting mais en tout cas voilà, il faut au moins que ces alters soient d’accord. Et pour information, dans la suite de la vidéo, j’appellerai les alters qui font le reparenting soit des caregivers, soit des pourvoyeurs de soins. Voilà. Du coup, l’étape suivante, c’est de travailler un peu la communication et la confiance intra-système. C’est des étapes qui sont de toute façon importantes quand on est un système. Voilà, la prise de contact, la communication, la confiance. Et tout ça, c’est des choses qui prennent du temps, ça prend du temps en général. Faut pas se dire que le reparenting, du jour au lendemain ça va se mettre en place. C’est normal si actuellement vous n’êtes pas prêts, enfin vous ne vous sentez pas prêts à faire du reparenting parce que vous n’avez pas assez de communication, vous connaissez pas vos littles, il n’y a pas de confiance entre vous, etc. N’hésitez pas à remettre un peu à plus tard ou à juste commencer un peu à débriefer le truc sans pour autant essayer de tout mettre en place tout de suite. C’est un processus qui prend du temps, c’est normal. Et d’ailleurs c’est un truc qui peut amener à faire des erreurs et il faut accepter ça. C’est une relation qui peut être complexe, qui peut demander des ressources et surtout qui demande vraiment beaucoup de temps. Ça sert à rien d’avoir honte si ça ne marche pas, c’est ok de ne pas être parfait et l’important c’est vraiment, selon moi, d’être aussi sincère et juste que possible en fait. C’est déjà très bien, Le but, faut pas l’oublier, c’est d’avoir un attachement qui est sécure. Et un attachement sécure, c’est être juste, être sincère, développer la confiance, et ça fait déjà une bonne base en fait. Voilà, Donc tout ça, c’est un peu les bases “techniques”. Et il faut pas oublier aussi, comme je le disais au tout début, c’est pas magique. Oui ça prend du temps, ça peut ne pas être parfait, etc., mais surtout, vous risquez de rencontrer des difficultés. Il peut y avoir des littles qui sont bloqués dans des cycles traumatiques. Il peut y avoir des littles qui sont très craintifs et avec qui il faudra vraiment adapter la façon de faire. Nous, c’est un truc qu’on a fait en interne une fois : on a une little qui était vraiment très craintive et juste, on lui a laissé des affaires, on n’a pas essayé d’interagir avec elle parce que ça ne marchait pas et c’était pas du tout adapté pour elle. Et donc, ce qu’on a fait, c’est que dans l’innerworld, dans le monde intérieur, on a laissé des affaires qui pourraient lui être utiles. Et ça a permis déjà un petit peu d’établir un petit quelque chose avec elle. Le reparenting, c’est avant tout beaucoup d’amour. Ça a l’air simple comme ça, mais en fait c’est vraiment la base du truc, c’est d’avoir beaucoup d’amour à donner à ses littles. Et c’est aussi évidemment d’éviter tout ce qui est rejet, même s’il y a des comportements inadaptés, même s’il y a des erreurs, etc. Toujours essayer plutôt d’être dans le pardon, la compréhension et vraiment essayer d’éviter le rejet. Et ensuite, bah il y a plus qu’à choisir ce qu’on met en place concrètement, qui là va vraiment dépendre de votre système, dépendre de vos littles. Et bah… de le mettre en place. [rire] Donc on a vu un peu les bases. Le reparenting en gros, c’est des alters adultes qui prennent soin des alters enfants, avec le consentement de tout le monde, dans l’amour et la bienveillance. [rire]

Maintenant, concrètement, comment on fait ça ? Un truc qui peut aider pour commencer, si on ne sait pas trop- si c’est pas naturel et spontané, je vais dire, d’être une figure parentale, en général et pour ses littles, c’est ben justement d’observer des figures parentales existantes. Alors, si vos parents sont craignos, n’observez pas ces figures parentales-là. Toujours figure parentale dans le sens de prendre soin, dans le sens général de prendre soin, et pas dans un sens vraiment relation de sang je vais dire. Essayez d’observer des figures parentales qui vous semblent saines, où vous vous dites “j’aimerais avoir ça” ou “j’aurais aimé avoir des parents comme ça”, par exemple, ou en tout cas “cette relation, elle a l’air positive, elle me fait du bien”. Ça peut être des figures parentales qui sont “réelles” : des gens que vous connaissez, des gens que vous avez observés, des parents de vos amis, … Après je dis parents mais ça peut être des grands-parents, ça peut être n’importe. Mais ça peut être aussi des figures parentales fictives : dans une série, dans un livre ou même dans un jeu vidéo. Si vous observez des figures parentales qui vous ont l’air saines et adaptées et que vous voulez vous en inspirer, bah c’est très bien. Et vous n’êtes pas obligés de coller trait pour trait. Vous pouvez choisir des traits qui vous semblent adaptés et sains. Un deuxième truc concret qui peut être bien, c’est d’aménager l’innerworld, le monde intérieur. On peut aménager des espaces d’accueil, on peut aménager des zones safe, c’est on peut aménager des zones d’activités, on peut aménager des salles de jeux, … Il y en a qui aménagent des écoles, des nurseries, etc. Voilà, c’est toujours ok d’essayer d’aménager son inner, ça ne veut pas dire que vous inventez, pas du tout. Si c’est facile pour vous, tant mieux, si c’est compliqué pour vous, il y a des techniques pour y arriver. Aménager son espace mental, c’est même un truc qui se fait en thérapie, pour s’aménager des safe place et tout ça, donc voilà. Dans le cas d’un système, vous pouvez aménager des zones. Vous pouvez même avoir une salle qui, juste, peut changer, qui peut se transformer en fonction du besoin des littles. Avoir des zones concrètes, ça peut vraiment aider à rendre les choses plus concrètes. Alors si vous êtes aphantasiques par exemple, ou si vous n’avez pas un monde intérieur construit, ça peut être juste intuitif, mais ça peut être bien d’essayer vraiment d’y mettre un peu une intention concrète, que ça devienne concret pour vos littles et pour vos caretakers. Vous pouvez, je sais pas, les dessiner, en faire un schéma, mettre des post-it, le décrire dans un texte, etc. Mais essayez vraiment d’y mettre quelque chose d’un peu conscient pour que le cerveau sache que ça existe et que vos littles, même ceux avec qui vous communiquez peut-être pas encore, puissent y accéder plus facilement. Ensuite, ce qui aide bien, c’est d’essayer de prévoir des activités selon les besoins des littles. Les activités, ça peut être du coloriage comme ça peut être complètement quelque chose d’autre qui vous est complètement propre. Les activités du coup, elles peuvent être internes, dans les zones que vous créez, ou externes. Parce que si vous êtes capables de switcher, si vos littles sont capables de fronter, c’est toujours bien aussi, si vos littles aiment fronter, d’aménager des temps de front, surtout si vous avez des fronts intempestifs de littles à des moments inappropriés. Le but du reparenting n’est jamais d’empêcher les littles de fronter complètement. Mais c’est possible d’aménager des moments plus appropriés pour que leurs besoins soient remplis, qu’ils n’aient plus besoin d’avoir des fronts intempestifs, et qu’ils puissent fronter quand même. Et surtout, concrètement, le reparenting, il ne faut pas hésiter à se faire aider. Que vous ayez des amis systèmes, que vous ayez d’autres alters en interne pour vous aider, des ressources, … Et vous pouvez aussi demander à des thérapeutes ou des coaches comment faire, comment être un bon parent, comment être un bon parent pour vos parties enfants, même sans exprimer spécifiquement que vous êtes un système et que c’est des alters adultes qui vont prendre soin des alters enfants, il y a des possibilités. Et si c’est des thérapeutes que vous connaissez pas, vous pouvez dire que vous voulez être un bon parent pour vos (futurs) enfants, simplement. Faut vraiment pas hésiter à se faire aider. Et l’entraide intra-système, c’est quelque chose qui est important. C’est une ressource qui est trop souvent négligée. Et d’ailleurs, en parlant de ça, pour les alters qui ne seraient pas désignés en tant que caregivers, et j’en reparlerai après : n’hésitez pas à checker, n’hésitez pas à aller voir ces alters, là, qui s’occupent des littles, pour leur demander comment ça va. C’est aussi un peu un travail d’équipe. Il ne faut pas hésiter à faire un peu des réunions, des check-up pour s’assurer que ça va, qu’il n’y a pas des besoins, … C’est pas parce qu’il y a des caregivers qui vont être désignés pour s’occuper des littles que d’autres alters vont pas pouvoir venir donner un coup de main, s’en occuper de temps en temps, etc. Et surtout, permettre aux caregivers de souffler un peu et de faire des activités à côté. Voilà, la cohésion intra-système. [rire]

Maintenant, quelles sont les “qualités” qui déterminent si un alter peut être un bon caregiver pour le reparenting ? Parce que bah évidemment, tous les alters sont pas- n’ont pas envie déjà, mais sont pas forcément adaptés. Et c’est pas du tout sur base de préjugés ou quoi que ce soit, juste voilà. Un caregiver, pour le reparenting, c’est avant tout une personne de confiance. C’est une personne à qui on peut faire confiance et qui a confiance en elle. Mais c’est surtout une personne qui a, comme je le disais, beaucoup d’amour, beaucoup d’empathie et beaucoup d’éthique. C’est une personne qui est juste. Pas juste dans le sens terre-à-terre ou très pratico-pratique, très la balance et l’équilibre parfait, non. Juste dans le sens : juste dans ses relations en fait, juste dans ses réactions. Parce que parfois, les littles n’ont pas facile ou sont “pas faciles” du coup. Et donc les alters caregivers pour le reparenting, ils doivent rester “stables” et sécures eux-mêmes. Parce que l’objectif, faut pas oublier, c’est d’avoir un attachement qui est sécure, un attachement qui est stable. Parce qu’on a eu un attachement désorganisé ou parce que les littles ont pas eu d’attachement, pas de parents. Et donc le but c’est de montrer l’exemple, de rassurer. Si on a des alters qui ont tendance à surréagir, à être très anxieux, à avoir du mal à pardonner ou des choses comme ça, bah c’est pas les alters les plus adaptés pour être de bons caregivers. Voilà. Faut vraiment des personnes qui ont beaucoup d’affection à donner mais qui sont aussi stables, de confiance. Et surtout, un point qui est vraiment important – et c’est en ça que le reparenting intra-système diffère du reparenting qui peut exister dans le monde physique extérieur -, c’est qu’il faut que ce soit des alters qui soient très disponibles. Ça ne peut pas être des hôtes ou des alters qui frontent très souvent ou qui s’occupent de la vie extérieure dans l’idéal. Parce qu’il faut qu’ils soient disponibles pour les littles et c’est un peu du h24. Il y a des littles qui sont très jeunes et qui ont besoin- ou pas forcément très jeunes, mais il y a des littles qui ont besoin de pouvoir compter sur leur caregiver n’importe quand. Si c’est un alter qui fronte, si c’est un alter qui s’occupe du quotidien, qui travaille, qui s’occupe d’une relation externe, etc., il y a des moments où il ne sera pas disponible. Donc idéalement, des alters qui sont très, très disponibles en interne pour pouvoir s’occuper des littles à n’importe quel moment. Dans l’idéal, si ça peut être des alters qui sont expérimentés avec les littles, c’est toujours bon à prendre. [rire] Ou en tout cas, des alters qui sont ok et qui “matchent” avec les enfants. Nous, personnellement, on a des alters qui sont pas du tout à l’aise avec les enfants et c’est évident que c’est pas eux qu’on a choisis comme caregivers. [rire] Et qui sont – s’ils sont pas expérimentés mais même s’ils sont expérimentés – qui sont toujours ok d’apprendre comment être un bon parent, comment être un bon caregiver dans le cadre du reparenting. Idéalement, parce que c’est toujours sympa, des alters qui peuvent comprendre les émotions des littles, qui peuvent s’y adapter, être justes comme je le disais, mais qui sont aussi capables de poser des limites, sans être pour autant arbitraires voire agressifs quoi. Et qui savent répondre aux besoins, qui ont été déterminés plus tôt, de vos littles. Et beh encore une fois, tout ça, ça dépend vraiment de votre système et de vos littles et de leurs besoins spécifiques. Un truc super important, auquel il faut vraiment réfléchir et il faut vraiment être sûr de soi, c’est qu’il faut tenir ses promesses. Ça arrive souvent que des adultes fassent des promesses et ne les tiennent pas et n’expliquent pas pourquoi et n’expliquent pas pourquoi ça n’a pas été possible de tenir la promesse. Et ça, c’est un truc qui peut vraiment rompre la confiance des littles, même si ça n’arrive qu’une seule fois. Surtout avec des littles anxieux qui ont un attachement désorganisé. Donc un truc important : on tient ses promesses. Ça, c’est un conseil de protecteur que j’ai vu dans un groupe une fois, que j’applique, et ça marche, c’est vrai. [rire] Et évidemment, une qualité importante d’un bon caregiver pour le reparenting, c’est que les littles soient ok avec ce caregiver-là. Si les littles, d’emblée, ils disent “non, moi je veux pas de lui, je ne veux pas d’elle”, ça ne marchera pas. Peut-être que ça peut être un caregiver secondaire. Ça peut mettre un coup à l’ego, hein, on est tous d’accord, mais c’est eux, la priorité, c’est les littles qui choisissent quand même. Après, si les littles choisissent un alter qui n’est pas du tout sécure, là aussi ça peut être un caregiver un peu secondaire du coup. Mais il faut essayer de se mettre d’accord intra-système pour que le consentement de tout le monde soit respecté. Le reparenting, c’est quelque chose qui peut prendre beaucoup de temps et c’est bien d’avoir des caregivers qui sont très disponibles en interne. Et idéalement, si vous en avez la possibilité, ce serait bien qu’il y ait un caregiver référent par little par exemple, si vous en avez plusieurs, ou un caregiver référent pour tous vos littles. Mais faut pas hésiter à en avoir plusieurs – des caregivers – afin qu’ils puissent se relayer. Pour que les alters caregivers puissent à certains moments faire autre chose, c’est normal. Et dans tous les cas, c’est bien d’avoir un caregiver référent, mais les autres alters du système peuvent aider. Évidemment, ils peuvent aider déjà le caregiver, mais ils peuvent aussi s’occuper des littles à certains moments, à des instants T, c’est comme aller chez ta tante quoi. [rire] D’autres adultes peuvent, à certains moments, prendre soin des enfants, de façon saine, toujours, on est d’accord avec ça. Ça peut arriver que les caregivers aient besoin d’être aidés par les autres alters, même si c’est pas eux qui ont été mis en charge. Mais c’est bien que les littles puissent vraiment se tourner vers une personne, toujours la même, et qu’ils sachent qu’elle est toujours là et qu’elle est là pour les rassurer tant et aussi longtemps qu’ils en ont besoin. Et évidemment, dernière “qualité” que je trouve importante – bon il y en a sûrement d’autres, c’est pas exhaustif -, c’est des alters qui soient capables de communiquer, également capables de communiquer leurs propres difficultés. Il y a des alters qui sont un peu des “mamans de système”, mais qui du coup se plaignent pas et parfois vont au-delà de leurs capacités et de leurs possibilités, et finalement finissent par plus gérer ou, en tout cas, par devenir des alters anxieux, etc., avec trop de responsabilités. La communication c’est important, déjà de base, mais aussi pouvoir communiquer leurs propres difficultés, besoins et savoir qu’ils peuvent aller voir d’autres alters si y a besoin. Tout ça, c’est évidemment des conseils qui sont assez généraux. Comme je disais, je suis pas experte du reparenting, donc je vous donne vraiment un peu des points clés, mais n’hésitez pas à aller chercher d’autres ressources sur le sujet pour vraiment le développer. Et surtout, bah en parler intra-système, en parler avec d’autres systèmes également, pour essayer de mettre en place tout ça.

Et, avant de passer à mon témoignage personnel, j’aimerais quand même vous parler de quelques précisions et surtout précautions qu’il y a à prendre avec le reparenting. Et je pense que c’est important de mettre un content warning sur cette partie parce qu’il y a certains points qui pourraient mettre vos littles mal à l’aise, voire parfois les perturber un peu. Donc n’hésitez pas, s’il y a des alters qui ont envie de prendre soin de ces littles déjà [rire]; à le faire quoi, c’est bien. J’en ai déjà parlé un petit peu au cours de la vidéo, mais c’est mieux pour le reparenting, même si je sais que ça arrive souvent, et il faut pas s’en vouloir du tout, mais c’est mieux d’éviter que les caregivers soient des personnes extérieures, ou en tout cas, que ce soient les seules figures parentales ou les figures parentales principales. Parce que, déjà, les personnes extérieures ne sont pas disponibles 100% du temps. Mais surtout, il y a toujours un risque que la relation soit rompue. Si c’est un partenaire, il peut toujours y avoir une rupture. Si c’est un thérapeute, le thérapeute peut déménager ou arrêter son activité. Si c’est un parent du corps, bah une personne peut “disparaître”, vous avez compris. Il y a toujours plus de sécurité, même si je sais que la dormance arrive, etc., c’est pas ça, mais c’est plus sécurisant de prendre des alters internes au système plutôt que des personnes extérieures pour éviter une rupture de la relation et donc potentiellement un nouveau traumatisme ou un traumatisme. Et en plus, il y a des moments où c’est pas toujours adapté. Je veux dire, si on prend le cas d’un partenaire, il peut y avoir des moments d’adulte hein, vous avez compris je pense. Et dans ces moments-là, si les littles, ils ont besoin de leur caregiver, bah c’est pas très adapté… Si c’est même un frère ou une sœur du corps ou un truc comme ça, c’est des gens qui potentiellement travaillent, etc., et qui donc sont pas forcément dispo. Par contre, évidemment, les personnes extérieures peuvent aider les caregivers, ils peuvent s’occuper des littles par moment, s’occuper des littles quand ils frontent dans les moments appropriés, déterminés, etc. Ils peuvent prendre le relais et ils peuvent soutenir et aider les caregivers. Évidemment, ça c’est sûr. Autre précaution très importante, c’est de faire attention au choix des caregivers. J’ai envie de dire, en particulier si ce sont des personnes extérieures. Ça peut être dangereux, vraiment, de choisir des personnes qui pourraient accentuer des problèmes d’attachement. Qui pourraient faire pire, qui pourraient profiter de littles et de trucs comme ça. Malheureusement, c’est des choses qui arrivent, donc je pense vraiment que c’est un point assez essentiel. C’est vraiment important de prendre des figures, idéalement internes, qui soient “saines” et extrêmement disponibles, et idéalement plusieurs. S’engager en tant que caregiver pour faire du reparenting, c’est un engagement à temps plein. Et quand je dis temps plein, c’est 24h sur 24. [rire] Enfin je veux dire, quand vous êtes un alter qui vit dans une tête, il n’y a pas forcément de notion de jour/nuit, il n’y a pas forcément de notion de grandir/pas grandir. Du coup, c’est vraiment un engagement qui peut être pour plusieurs années et h24. Il y a des littles qui grandissent avec le cours du temps du monde extérieur, mais il y en a pour qui c’est pas le cas. Et il y en a qui, même s’ils grandissent, leur maturité émotionnelle ne grandit pas. Et il y en a qui ne grandissent pas mais ont une maturité émotionnelle qui évolue. Donc tout ça, c’est des inconnus. Enfin, peut-être vous connaissez très bien comment fonctionne votre système et donc vous pouvez avoir une idée plus précise. Mais dans l’absolu, c’est un engagement qui est réel, qui est concret et qui est potentiellement pour vraiment longtemps. C’est déjà pas facile pour un alter, parfois, de faire confiance, pour un little, de faire confiance, surtout s’il a déjà été abandonné ou trahi une fois ou plusieurs par le passé, n’hésitez pas à prendre le temps de bien préparer, de bien choisir vos caregivers, qu’ils soient d’accord avec cet engagement. L’objectif du reparenting, c’est pas de les faire grandir. On ne force pas les littles à grandir, c’est pas comme ça qu’on aide les littles, enfin c’est pas- Il n’y a aucune obligation à forcer des littles à grandir, ni à être comme des enfants extérieurs dans le sens à aller à l’école ou à avoir des comportements exclusivement d’enfants. Et le but n’est pas non plus de les empêcher de fronter. Quand on parle du fait de prendre soin des littles, c’est pas pour les normaliser. Ça ne marchera pas. [rire] Les littles ont souvent une puissance que vous sous-estimez. Les littles domineront le monde. [rire] Je suis sûre que ça approuve, même si j’ai dit “attention, content warning”. [rire] On a l’impression, parfois, que pour “guérir des littles”, il faut qu’ils soient grands ou qu’ils soient matures, ou que voilà. Ou que les littles ne peuvent pas se comporter comme des enfants ou ne peuvent pas se comporter comme des adultes. Il y a beaucoup d’a priori sur les littles. Le but n’est jamais de les forcer à quoi que ce soit. Si vous avez des fronts intempestifs inadaptés, le but est de permettre à ces littles, non pas de les empêcher de fronter, mais de fronter dans des moments plus appropriés pour répondre à leurs besoins afin qu’il n’y ait plus de fronts intempestifs. Mais c’est pas de les maintenir bien sagement à l’intérieur. Pas du tout. Et pareil, c’est pas en les faisant grandir ou des choses comme ça qu’on guérit les littles. Les littles peuvent rester des littles pour toute la vie de votre corps et c’est comme ça. Pour autant, ça ne veut pas dire qu’il faudra faire du reparenting pour toute la vie du corps. Même si, comme je l’ai dit juste avant ça, ça peut être le cas, on sait jamais. Mais faut tenir compte de l’avis des littles, il faut tenir compte du consentement des littles et leur demander leur avis, parce que bah c’est eux la cible en fait. [rire] Voilà, c’est eux la cible principale. Et, petite précision, juste comme ça, après je passerai à mon témoignage perso : le reparenting, c’est aussi possible pour des alters, qu’ils soient ados ou adultes. Ça se présente un peu différemment dans les choses concrètes à faire parce qu’il n’y a pas les mêmes besoins que pour des littles, mais le concept est possible. On peut mettre en place le fait de mettre un alter référent, une équipe d’alters référents, pour soutenir des alters qui en ont besoin en fait, et qui ont besoin de créer ou de recréer un attachement sécure. C’est possible. Vraiment, pas de problème. Juste, ça fonctionne un peu différemment. Mais si vous vous posiez la question, ça se fait.

Voilà, je pense avoir dit l’essentiel sur le reparenting et comment faire, du coup là je vais passer à la partie sur mon témoignage perso. La situation initiale, c’est qu’on avait trois littles. Deux qui sont très régulièrement présentes au front, même si pas de fronts intempestifs, et une qui était vraiment très, très interne et qui frontait quasiment jamais. Et qui était très porteuse de traumas. Et les deux autres pas spécialement, juste c’est des littles timides, très discrètes et qui n’étaient pas à l’aise avec le fait de pleurer ou d’agir comme des enfants. Et on avait déjà commencé à un peu se gérer intra-système depuis plusieurs années et on était un peu stagnants. Donc on avait déjà évolué sur pas mal de trucs. On avait des situations qui étaient assez bloquées et qu’on arrivait pas à améliorer, et les littles étaient au milieu du truc quoi. Elles n’étaient pas spécialement concernées directement par ces sujets, mais elles étaient un peu au milieu des conflits qui restaient. Et du coup, pour un peu améliorer notre communauté interne, on suivait des formations des Crisses, qui sont les coaches dont je parlais au début de la vidéo, qui ont fait du coup l’article en anglais sur le reparenting sur leur site Kinhost. Ils font aussi des formations pas chères et qui sont accessibles gratuitement, mais j’en reparlerai un peu après. On avait déjà suivi plusieurs de leurs formations sur comment aménager un inner, comment communiquer, le plan de sécurité qu’ils avaient adapté pour la multiplicité et dont on avait repris les idées, on en avait parlé à ce moment-là. Bref. Donc j’étais un peu dans ces sujets-là. Et en aménageant l’inner, on avait une zone- notre inner est sectionné, a plusieurs segments, en fonction des alters ou des éléments du passé. Et il y avait une section où il y avait des littles, où d’ailleurs on a trouvé la little qui était beaucoup plus interne et beaucoup plus stressée, qui était un endroit super effrayant. Et on avait nettoyé cette partie, on avait mis les littles en sécurité, etc. Mais au niveau des littles, on stagnait un peu. Et comme je dis, il y avait des conflits entre des alters adultes, et les littles au milieu de ça qui, juste, n’avaient rien demandé mais ça se passait un peu dans l’espace mental proche du front, et elles étaient là quoi. Et les Crisses ont sorti une formation, du coup, sur le reparenting qui était en live et gratuite. Parce que c’est comme ça qu’ils font : ils font une première formation en live gratuite avec des gens et puis ils l’améliorent et ils la rendent disponible pour 10$ ou moins, enfin ou plus si on a envie, mais ou moins si on ne peut pas se permettre de payer 10$, ce qui est totalement ok pour eux. Voilà, donc c’est comme ça qu’on s’est dit “allez, pourquoi pas, notre niveau d’anglais nous permet relativement d’y arriver, on va tenter le truc quoi”. Et en fait, ça a eu de l’effet, même si on s’y attendait pas. [rire] Alors au tout début, les littles, du coup, les deux qui sont plus présent au front, etc., étaient beaucoup plus- un peu plus communicatives que la dernière qui était très, très en retrait et qui n’a pas verbalisé de choses à ce sujet. Mais les deux autres étaient là “mais on veut pas aller à l’école”, “on veut pas être comme les enfants normaux” en fait. Et je pense qu’il y avait une notion de ce qu’on nous a imposé enfant en fait, et “ce qu’on impose aux enfants, nous on n’en veut pas”. Voilà. Elles étaient anxieuses, elles voulaient pas se montrer et, c’est pas qu’elles voulaient pas participer au truc, mais il y avait une espèce d’appréhension de “punaise, qu’est-ce qu’on va nous demander ?” quoi. On a su les rassurer sur le fait que c’était pas ça. [rire] Mais au début, il y a quand même eu de la réticence. Elles étaient assez discrètes et elles n’avaient pas envie qu’on s’occupe d’elles parce qu’elles sont comme ça en fait, elles sont assez timides, y compris sur le fait d’exprimer le fait d’avoir des besoins, et pas envie de prendre de la place. Et un autre point d’appréhension un peu qu’elles avaient – une des deux, surtout celle qui est là depuis longtemps et qui identifie les parents du corps comme ses parents -, c’est qu’elles voulaient pas que ça remplace les parents du corps. Du coup, si y a des littles qui m’écoutent : c’est pas le cas. Le but n’est pas là. Le but n’est pas du tout de vous obliger à quoi que ce soit. Donc là aussi on les a rassurées sur le fait que le but était qu’elles aient un alter référent, chez qui aller si y avait besoin, sachant qu’elles ne peuvent pas aller vers les parents du corps parce que… ils sont inadaptés en fait hein simplement, et pas disponibles. Et donc voilà, le but, c’était simplement ça. Il n’y avait pas de “remplacer les parents du corps”, ni les obliger à être des enfants comme dans le monde extérieur, ni les obliger à grandir, etc. Et puis il y a eu, du coup, le choix des caregivers. Alors on avait pensé à deux possibilités. La première, c’est une ancienne alter sociale qui est devenue, un peu- c’est un peu la maman du système en fait. Elle est très empathique, elle est très gentille, elle s’occupait déjà pas mal des littles. Et elle s’occupait aussi, du coup, de la vie externe en fait. Elle adore faire la vaisselle. [rire] Voilà, elle aime ranger, nettoyer, un peu… enfin bref, voilà. Elle s’occupe des trucs administratifs. Là où on a tous de l’anxiété administrative, elle, elle y va. Elle téléphone… comment elle fait ça ?… Bref. Mais donc voilà, c’était une vraiment bonne candidate au niveau de son caractère et de son tempérament et de son amour pour les littles. Le problème c’est qu’effectivement, elle frontait beaucoup. Elle était très sollicitée à l’extérieur et elle aimait ça, c’était naturel pour elle. Du coup, c’était un peu compliqué de se dire : est-ce qu’elle peut être assez disponible pour être caregiver dans le cadre du reparenting ? On s’est dit qu’elle pouvait peut-être être aidée par une autre alter, qui est l’ancienne hôte, qui est la grande sœur d’une des deux littles qui frontent, et qui est à l’aise avec les littles et qui s’entend bien avec, qui est chouette, etc. Mais à ce moment-là, comme je vous le disais, on avait des conflits internes et elle était un des alters qui avaient des conflits. Et du coup, son état émotionnel, à ce moment-là, lui permettait pas de prendre cette place. Surtout que bah c’est l’ancienne hôte, qui est un peu devenue une alter sociale depuis, et donc elle était aussi assez présente devant. Et du coup, de façon assez inattendue, on a une alter qui s’est proposée, qui est une protectrice interne. On en a parlé sur la chaîne de Partielles. C’est River. C’est une alter qui s’est développée à la fin de l’adolescence et qui est partie en dormance tout de suite. Elle a été dormante pendant 10 ans. Et après, elle est revenue sans souvenirs, puis elle a récupéré des souvenirs. Et juste, c’est devenu un peu une espèce de protectrice interne avec des capacités d’architecte. Du coup, c’était elle qui avait par exemple nettoyé la zone un peu effrayante où les littles étaient censé être, où étaient censé aller. Elle avait aussi créé une safe place, un salon, au milieu de l’espace mental. Et elle frontait quasiment pas, parce que bah pas le besoin, etc. Même si la possibilité de fronter était là mais juste, voilà. Et donc elle était disponible, elle avait les capacités. C’est une alter qui est bien dans sa tête et bien dans ses pattes. Et juste, elle était là, elle était dispo. Et en plus, la little qui avait été trouvée dans l’espace un peu effrayant était venue près d’elle, au milieu de l’espace de front, et juste elle n’y bougeait pas, elle n’interagissait pas, mais elle restait près d’elle. Donc c’était effectivement une bonne candidate. Elle s’est proposée et voilà, c’est comme ça qu’on a choisi River. Avec du coup Enochi pour l’aider, donc la maman du système [rire], s’il y avait besoin de quoi. Concrètement, ce qu’on a mis en place, simplement, c’est qu’on a mis en fait une attention particulière sur les littles. Les littles, petit à petit, ont commencé à comprendre que si elles avaient besoin, elles pouvaient simplement aller vers River. Et ce à quoi on a réfléchi, parce que ça nous a pris du temps, c’est : leurs besoins, ok, mais comment on met en place des choses qu’elles voudraient ? On savait qu’elles ne voulaient pas être comme les enfants extérieurs, elles voulaient pas aller à l’école, elles avaient pas besoin de nurserie, elles avaient pas besoin de jeux et des trucs comme ça. Elles s’occupaient à l’extérieur quand elles étaient là, mais elles faisaient aussi des trucs d’adultes, etc. Et donc ça a mis du temps pour réfléchir vraiment concrètement à : qu’est-ce qui leur plaît, en fait ? À part ne pas déranger ? [rire] Et un truc qui a été mis en place, simplement, c’est que bah c’est des alters qui sont des chats. C’est toujours un peu bizarre parce qu’on a des alters non-humains, on est majoritairement non-humains, en tout cas les fronteurs principaux, blablabla. Et donc bah c’était un peu : est-ce que c’est vraiment adapté ? Est-ce que c’est ça qu’il faut, et tout. On est un système très ouverts sur nous-mêmes donc on s’est dit : bah voilà, ok, c’est des chats, qu’est-ce qui fait plaisir aux chats ? Et c’est comme ça que River s’est dit : bah vous savez quoi, je vais faire un arbre à chat ! [rire] Près de son canapé, au milieu de la salle de front. Et vraiment, ça a été une révélation quoi. Les littles, les deux, ces deux-là, pouvaient simplement jouer en interne. Mais comme les jouets d’enfants externes les intéressaient pas, bah des jouets pour chats, c’était ce qu’il leur fallait. Et on s’en fout, tout ça, ça se passe dans la tête. Le but, c’est qu’elles se sentent bien. Donc voilà, on l’a fait, simplement, et ça a été un kiff absolu. Et l’arbre à chat est toujours là et elles sont toujours dessus. Et voilà. Elles ont développé une relation- elles étaient déjà relativement proches, mais elles le sont devenues encore plus en fait. Et elles se soutiennent ensemble, etc. Et voilà. Et pour l’autre little, qui du coup était juste de River, ben juste, ce que cette little a fait à un moment, c’est que juste, elle s’est allongée près de River, en posant juste sa tête sur ses genoux. Et elle demandait rien, elle parlait pas, etc., donc voilà. Et juste, River est restée là. Et elle est restée là pendant des mois. Et quand elle n’était pas là, quand elle n’avait pas la possibilité, ce qui n’est pas arrivé souvent parce qu’elle était vraiment très dispo, c’était juste Enochi qui venait se mettre à sa place. Mais du coup, la little en question est juste allée chercher ce dont elle avait besoin, c’est-à-dire avoir une présence – présence rassurante – et se sentir en sécurité, et c’est tout. Et elle est juste restée là. Voilà. On a mis des petites choses en place, mais franchement, enfin j’en reparlerai après mais n’hésitez pas à vous renseigner et à tester des trucs quoi en fait, mais à vous renseigner sur d’autres possibilités, notamment sur le site de Kinhost. Et voilà, c’était juste aussi simple que ça en fait. La little en question, elle est juste restée là et ça lui convenait. Et les autres, elles savaient que si elles avaient peur, bah elles allaient se mettre en boule sur les genoux de River, elles allaient se cacher sous son canapé. Si elles avaient envie de pleurer ou des choses comme ça, si il y avait des trucs qui n’allaient pas, … Parce qu’elles n’étaient pas très expressives sur l’émotionnel, à part un peu la peur. Et du coup, quand elles avaient peur, elles allaient près de leur figure rassurante qui les protégeait. Et leur besoin, c’était ça je pense. C’était de ne pas avoir besoin d’exprimer qu’elles avaient besoin de se sentir en sécurité. Et elles y allaient. Et voilà. Et si éventuellement, il y avait besoin, River pouvait se déplacer pour aller vers elles, y compris, parce qu’elle est architecte, avec son arbre à chat ou son canapé. Mais c’est pas arrivé souvent, il n’y a pas eu spécialement besoin. Et juste, c’est un truc sur lequel on s’est concentrés pendant la formation, qui a duré, je sais plus… C’était quelques semaines mais on avait les cours – enfin les cours, les textes – le lundi et il y avait une réunion en live une fois par semaine, et voilà, on s’est concentrés dessus à ce moment-là et c’est tout. Et en fait, c’est une évolution- c’est juste resté comme ça après, et c’est une évolution qui restait très discrète. On s’est pas rendu compte de ce que ça amenait. Parce que bah on a des littles discrètes. [rire] Je suppose qu’il y a des systèmes chez qui les alters, l’évolution peut être plus flagrante ou pas. Mais on s’est pas rendu compte, en fait, que ça faisait des trucs. Et en fait, depuis, bah elles vont toutes beaucoup mieux. La little qui était plus anxieuse, qui restait juste sur le canapé, elle est retournée avec des alters en interne qui étaient “sa famille”, et ça lui convient. Et les deux autres, bah elles viennent, elles frontent, elles s’occupent de trucs. Comme je vous disais au début, vraiment, elles ont confiance en elles, ça va mieux. Et quand elles ont peur, elles peuvent aller se rassurer, il n’y a pas de problème. Mais elles en ont vraiment moins besoin. Elles savent dire “oh j’ai eu peur” ou “oh j’ai peur”. Elles n’hésitent pas à dire si elles sont tristes, si elles sont inquiètes, même si elles sont fâchées. Ce qui n’arrivait pas hein, elles n’exprimaient pas grand-chose. Et ça arrive, quand un alter plus grand, adulte, va pas bien, qu’elles aillent se mettre en boule sur les genoux, mais pas dans un but de se rassurer elles-mêmes, mais dans le but d’apporter une présence à cet alter. Et c’est trop mignon ! [rire] C’est trop bien. Et voilà. Du coup, on s’attendait pas, nous, à ce que le reparenting, ça ait ce genre d’effet. Mais, même sur nous qui sommes un système qui sont peu dans l’expression émotionnelle, qui ont des littles discrets, qui n’avaient pas l’air d’avoir besoin de quoi que ce soit au départ, même si toujours un peu mais voilà, bah ça a eu ce genre d’effet. Donc je pense vraiment que pour des littles qui seraient vraiment plus encore en besoin, ça peut vraiment être une technique qui fonctionnerait bien. On a pensé à les faire parler dans cette vidéo, mais je pense que c’est compliqué. Elles ne sont plus timides en interne, elles ne sont plus timides avec Kara mais elles sont toujours timides vis-à-vis de l’extérieur. Mais peut-être qu’elles viendront pour les questions/réponses, mais vraiment, je peux pas le garantir. J’aurais aimé faire parler River aussi mais elle est pas dispo. Bref. J’espère que cette vidéo aura été utile. C’est vraiment juste quelques bases, n’hésitez pas à vous documenter, il y a notamment l’article de Kinhost. Les Crisses ont aussi fait une vidéo pour une Plural Positivity World Conference, je pense. Les Crisses, c’est vraiment un système que je trouve vraiment très adapté. Ils sont très chouettes, ils connaissent vraiment bien la pluralité, ils sont coaches aussi, ils ont vraiment beaucoup de vécu et ils sont très, très bienveillants. Vraiment, si vous avez besoin de ressources que vous trouvez pas, n’hésitez pas à aller voir s’il y a des trucs chez eux, notamment sur Kinhost, parce que c’est des ressources qui sont vraiment super. Et puis bah il y a toujours la formation, celle que moi j’ai fait, qui du coup maintenant est accessible simplement à l’écrit. Il n’y a plus de réunions en live mais le contenu est disponible. Et c’est payant mais comme je vous dis, il y a vraiment une possibilité de s’arranger avec eux. La seule chose, c’est que c’est en anglais. Alors, c’est possible de se débrouiller avec un traducteur, mais les Crisses ont parfois un parler un peu… américain… Enfin ils parlent comme nous on parle français, et je ne suis pas sûre que les traducteurs sont toujours bons pour mettre toutes les nuances que nous on apporte dans la façon dont on a de parler. [rire] Mais voilà, il y a quand même moyen de s’en sortir. Et si jamais il y a des gens qui seraient intéressés, on s’est arrangés avec eux pour leur proposer de traduire leur contenu. Du coup, si vraiment ça vous intéresse, je peux leur redemander de traduire cette formation spécifiquement, et de la rendre accessible aux francophones quoi. Bref, je vais donc m’arrêter là. J’espère que c’était relativement clair et relativement intéressant. Et bah maintenant, y a plus que les questions/réponses. Voilà, à tout de suite.

Intervention proposée par:

  • Epsi (iels/peu importe) | Multiple/Plural : « Co-fondateurs de l’association sans but lucratif Partielles, qui vise à informer et soutenir les personnes multiples. Nous avons 34 ans, nous habitons en Belgique et sommes en couple avec le système de Kara. Nous avons un TDI, mais nous nous définissons surtout comme Plurals (ou multiples). »

[Kaléidoscope #03] Gestion des conflits intra-systèmes par Le Nuancier

Témoignages et tips sur les conflits internes à notre système : leurs causes et la manière de les gérer

Avertissements de contenu:

Principaux : violences inter alters, relation de contrôle/dominance d’alters sur d’autres.
Mention : psychothérapie.

Transcription:

[Waël] Salut à toustes, on espère que vous allez bien et on vous souhaite de bien profiter de Kaléidoscope. Nous aujourd’hui on va vous parler des conflits intra-système et de leur gestion. Nous c’est qui ? On est un système, Le Nuancier, d’une douzaine d’alters à peu près, très fréquemment en co-conscience, du moins pour une certaine partie du système. Donc on a de bonnes facilités à communiquer, mais ça implique aussi qu’on est très fréquemment au contact les uns des autres et que donc, fatalement, il y a des désaccords qui se forment et des disputes, c’est assez fréquent. Pour vous donner un exemple, quand on a commencé à travailler sur le sujet, j’en discutais avec un autre alter qui me disait qu’on était pas capable de se mettre d’accord sur aucun sujet au sein du système. Je trouvais qu’elle exagérait un peu… Vous voyez de principe on n’arrive pas à se mettre d’accord sur le fait qu’on ne soit pas d’accord. Donc, ça c’est très fréquent chez nous et toutes ces situations là n’aboutissent pas forcément en un conflit un conflit c’est quoi d’après Wikipédia : “Un conflit, ou situation conflictuelle, est un état d’opposition entre personnes ou entités. Le conflit est chargé d’émotions telles que la colère, la frustration, la peur, la tristesse, la rancune, le dégoût. Parfois, il peut être fait d’agressivité et de violence.”

Nous on va parler des conflits mais on va aussi parler des situations qui sont génératrices de conflits. On va se concentrer sur ce qui est interne au système effectivement et on ne parlera pas donc des conflits avec l’entourage externe système. On a voulu organiser notre présentation de sorte à avoir une discussion entre les différents alters du système. Donc c’est pour ça qu’on va être plusieurs à intervenir. Du coup on va vous indiquer sur l’écran qui parle.

Moi je suis Waël. Je suis arrivée en 2023. Bon personnellement j’aime pas trop rentrer dans tout ce qui est définition des rôles etc donc tout ça je saute.

[Narriaa] Donc moi je suis Narriaa. Je suis l’une des hôtes de ce système. Je suis là depuis quasiment tout le temps. Je suis une persécutrice et également une alter sociale, pas dans le sens où j’apprécie la vie sociale mais dans le sens où j’ai tellement d’anxiété sociale que quand il y a des personnes externes au système c’est moi qui fronte pour pouvoir gérer et s’assurer qu’on reste bien dans une situation sécuritaire on va dire ça comme ça, voilà. C’est important pour la suite de cette affaire d’anxiété sociale parce que ça génère justement beaucoup de tension, beaucoup de désaccords dans le système. Moi je suis Rhouznel, je suis dans ce système depuis… ouh là, un bon moment je dirais. Ça doit faire plus de 10 ans. Alors, j’apprécie les rôles, aussi. Les rôles que je tiens personnellement c’est caretaker et, en ce moment, on est justement en train de travailler avec le reste du système pour pouvoir passer co-hôte. Ce qu’il y a à savoir sur moi également c’est que je suis une personne qui est très prompte au conflit.

[W] Donc, pour commencer, ce qu’on va faire c’est qu’on va vous présenter les différents types de conflit auxquels on est confronté. On va voir les conséquences des conflits et comment est-ce qu’on les gère, à la fois pour les prévenir et puis, une fois qu’ils sont là, comment on les résout.

[W] Donc les différents types de conflits qu’on rencontre en commençant par nos petites chamailleries du quotidien. Ça, on en a beaucoup, on en a beaucoup… [R] Effectivement, c’est ce qu’on vous disait dans notre système on est rarement d’accord en soit être non d’accord ne devrait pas générer des conflits, c’est tout à fait normal d’avoir des idées différentes. [N] En fait je pense qu’on a un groupe qui aime bien se charier et s’embêter les uns les autres, mais c’est pas forcément des conflits. [R] Hm… Je pense qu’il y a quand même une un fond derrière. [N] Bah, il y a un fond, peut-être, mais pour moi tout ne génère pas de l’agressivité. [R] Ben les désaccords… [N] Alors, c’est peut-être que tu montes très très vite dans les tours, Rhourhou. [R] C’est possible. Ça a un impact sur notre fonctionnement du quotidien. [N] Pas tant que ça. [R] Mais si justement, c’est juste que tu veux pas le reconnaître. Les conséquences de ces petites prises de tête au quotidien c’est que à force ça génère quand même une fatigue, des tensions, un agacement perpétuel, et ça c’est un terrain favorable au conflit. Le problème c’est que si on laisse ça on voit bien que ça à un poids sur les relations au sein du système. On voit bien que on est beaucoup plus tendus, beaucoup plus désagréables, et donc ça ne fait que encourager le mouvement. [N] C’est vrai. Mais pour moi il y a autre chose aussi qu’il est important à noter en lien avec ces désaccords, c’est que ça nous permet d’avoir une diversité de point de vue qui est très enrichissante. Ce que je veux dire c’est que, vu qu’on est jamais à 100 % d’accord sur un sujet, il y en a toujours un pour défendre l’autre opinion. Et du coup ça nous permet de voir la situation sous d’autres angles différents. Et peut-être que c’est une manière d’analyser notre environnement. Et évidemment que c’est pas 100 % de nos échanges, on a quand même beaucoup de discussions positives, d’encouragement de compliments de choses comme ça.

[R] Quels autres types de conflits on rencontre dans notre système. On a des conflits sur les ressources. Alors, ressources… Tout ce qui est argent : en soi on se prend la tête des fois sur comment le dépenser. Comme le fameux thermostat : est-ce qu’on va mettre le chauffage cet hiver ou est-ce qu’on va continuer à avoir le nez qui coule dans l’appartement ? [N] Ce fameux thermostat…. A chaque fois que je m’approchais pour le baisser, tu rajoutais +1 degré. [R] Tu juges qu’on devrait faire des économies là-dessus parce qu’on le peut. Moi je juge que, vu qu’on galère déjà suffisamment à gagner notre vie, bah quand on est chez nous et que, justement, on est en train de vivre, et ben on devrait en profiter puisque, justement, on gagne notre vie pour la vivre. Donc ce serait bien de la passer autrement qu’en train de se moucher tout le temps quoi, donc mets le chauffage, c’est tout ! [N] Mais, oui. Derrière c’est toujours la même chose. Au fond du fond, c’est que moi j’ai peur de beaucoup de choses et que toi tu vis dans le moment présent. Je passe mon temps à m’inquiéter de ce qui va arriver demain, et toi tu as froid et tu as raison. Je comprends ce que tu veux dire.

[N] Autre conflit de ressources très fréquent qu’on a c’est le temps et les activités. Je pense que tout le monde manque toujours de temps pour pouvoir faire ce qu’iel veut. Chez nous c’est la même chose. En plus on travaille 5 jours sur 7 avec des horaires qui sont assez contraignants [R] Mais tu vois typiquement ça va mieux maintenant que je t’ai demandé d’arrêter de travailler hors de tes horaires de travail. [N] ça ça peut être justement un exemple de conflit qu’on a résolu. Effectivement, je ramenais du travail à la maison ou alors je ne respectais pas les horaires de travail en travaillant plus longtemps. Du coup, c’est moi qui m’occupe de travailler principalement. Et depuis qu’on a pris le rôle de co-hôte tous les deux et que tu occupes davantage le temps, et que tu nous fait partir plus tôt, ça c’est un problème à moins. [R] Ouais mais il y en a d’autres des problèmes sur les ressources. [N] Oui il y en a d’autres mais est-ce qu’on peut prendre 2 secondes pour reconnaître que, au moins, on a résolu un problème de temps en temps. Ça pourrait être bien ! [R] ça pourrait, c’est vrai. Du coup au niveau des conflis de ressources effectivement sur les activités, on aimerait bien occuper notre temps de manière différente. Chacun a des intérêts différents donc c’est vraiment pas le sujet qu’on gère le mieux au sein du système,je pense. En fait, ce qui nous sauve un peu et ce qui fait qu’on a pas trop de conflits sur le sujet, c’est que on a peu d’alters qui sont fréquemment en front. On en a trois, je dirais, principaux. [N] Et ce qu’on a fait avec le projet co-hôte, c’est que du coup Rhouz a demandé aux autres alters du système ceux qu’il voulait voir changé dans notre manière de fonctionner afin de… Si on change notre système et d’hôtes, ce qui en fin de compte a un impact non négligeable sur le fonctionnement du système mine de rien puisque les hôtes occupent énormément de place au front et donc et là Rhouz est en train de réfléchir pour pouvoir laisser beaucoup plus de temps aux autres alters aussi.

[W] On va avoir des conflits aussi vraiment de valeurs. Bah on a eu récemment un gros conflit de valeur sur la manière dont certains persécuteurs agissent entre eux. En fait, c’est deux persécuteurs qui s’encouragent l’un·e l’autre. La violence faite à eux-même ou la violence faite aux autres membres du système génère des conflits. Et du coup, c’est la grande question de : quand est-ce que vous mettez le nez dans une situation qui ne vous regarde pas si c’est entre de alters et que vous n’êtes pas concerné, et quand est-ce que, là, vous vous interposez parce que vous estimez que la personne est allée trop loin ? Nous ça nous est arrivé récemment et on a fini par mettre un stop sur un comportement mais ça a généré quand même des contraintes. Depuis, la situation n’est pas revenue à son état normal. On a eu l’apparition d’un nouvel alter assez récemment. Pour lui le comportement de certains persécuteurs ne passait vraiment pas Il y a eu de sacrées disputes et des personnes qui n’échangent plus, ne s’approchent plus; parce que c’est la seule manière pour eux d’éviter de monter dans les tours.

[W] On a des conflits basés sur la peur aussi. On a une alter, donc Narriaa, qui fait de l’anxiété sociale. Ce qui fait que pour les alters qui aimeraient avoir une vie sociale, ben c’est très difficile, pour différentes raisons. Notamment parce que, Na, tu vas chercher à contrôler les échanges. Tu ne ne nous permet même pas, en fait, de participer à des activités sociales, même quand tu n’as pas le front. [N] En fait, le truc, c’est que je n’arrive pas à déconnecter. Je vais être à l’écoute de la situation quand vous êtes en front. Si je pouvais au moins déconnecter, je ne verrai pas ce que vous faites et ce serait bien moins stressant pour moi. Mais là, c’est vous voir nous exposer à une situation qui, moi, m’angoisse. J’ai beaucoup de mal avec ça. Et je suis d’accord il faudrait que je vous laisse la main dessus parce que c’est injuste pour vous d’être bloqué à cause de mes peurs sur lesquelles, en plus, je ne travaille pas. Parce que, du coup, je refuse d’aller mettre les pieds chez un psy. Et, bon, il y a d’autres manières de travailler sur l’anxiété sociale que d’aller chez des psys évidemment, mais c’est pas un travail que je fais aujourd’hui. Donc ça veut dire que, là, les autres alters du système ne peuvent pas faire ce qu’ils veulent pour une peur qui ne les concerne pas et moi je ne fais rien pour améliorer la situation. Donc oui, ça c’est un problème. Après je pense qu’il y a autre chose aussi : cette anxiété sociale moi je me la tape parce que je suis… j’ai été hôte pendant vraiment très longtemps. Vous ne vous rendez pas compte qu’on est à moitié sourd, que tous les échanges sont difficiles et, autre chose en plus, c’est que quand vous êtes dans une situation sociale difficile, c’est moi qui repasse au front ! Donc à partir du moment où vous allez vous retrouver dans des situations sociales qui vont peut-être vous faire plaisir sur le moment c’est très bien mais à partir du moment où vous allez rencontré une difficulté, il y a 90 % de chance pour que ce soit moi qui me la tape en fin de compte.

[W] Tout ce qui est orientation romantique, orientation sexuelle. [R] Dans le système on a des profils différent. Moi par exemple je suis gay et j’aimerais bien avoir, par exemple un copain, ça pourrait être top. Surtout si je suis co-hôte et que j’arrive à voir la lumière du jour de temps en temps. Le truc c’est que ma chère co-hôte Narriaa est… Na tu veux expliquer ? [N] Alors, déjà je suis dans le spectre aro-ace. En plus de ça il y a l’anxiété sociale. Ce serait moins un problème si je pouvais déconnecter, mais on sait que c’est pas le cas. Et tout ça c’est difficilement conevable pour moi, mais je suis même pas la seule alter à te mettre des bâtons dans les roues sur ce sujet. Tu crois que Ita va accepter que quelqu’un s’approche de nous comme ça ? Mais c’est mort. Donc ouais, on va avoir un problème et un sujet de discussion. Soit j’arrive à chill, soit tu renonces à ce truc et là. Et là, il y a pas moyen de se retrouver au milieu, quoi. [W] Si, y a… Rhouz il pourrait se faire des dates de temps en temps et puis c’est tout, s’arrêter à la deuxième base, un machin comme ça. [N] Waël… pourquoi à chaque fois tu viens avec une solution ? [W] Je te dirais bien “c’est mon job” mais je sens que ça va me revenir dans la gueule. En fait mon conseil à tout le monde c’est d’arrêter de vous prendre la tête tout le temps. Respirez un bon coup et prenez de la distance. Vous êtes dans des situations qui ont plusieurs portes de sortie, vous en voyez que deux, et encore deux c’est bien. Généralement, vous en voyez qu’une. Il faut que vous voyiez plus large. La résolution du conflit c’est pas juste aboutir à ce que l’une personne veut ou à ce que l’autre personne veut. Soit vous trouvez effectivement une solution entre les deux, soit vous trouvez quelque chose de complètement différent, soit vous arrêtez d’en faire un conflit. Parce que, parfois, au sein de notre système on le voit : on monte à des niveaux d’agacement et d’agressivité qui ne sont pas nécessaires. Il y a vraiment pas autant d’importance, ben typiquement il y a vraiment pas autant d’importance derrière le thermostat. Non je sais je reprends encore le même exemple, mais il y a plein de fois où je pense qu’on met dans nos conflits le stress du quotidien, lagacement du quotidien et qu’on fait monter la mayonnaise pour rien. Et qu’en fait globalement tout va bien et que c’est que c’est pas si grave. Et il y a beaucoup aussi de situations qui peuvent rester des désaccords sans que- sans trouver une résolution et qu’on accepte comme telles. Je dis pas que c’est le cas pour tout, mais je dis que ça peut être une solution. En fait mon seul vrai conseil c’est de se détendre. Mais c’est c’est compliqué évidemment quand on est dans un conflit. Et c’est pour ça, je pense que ça peut aider aussi de faire appel, des fois, à une tierce personne. Du coup tous les deux vous restez dans votre point de vue et vous vous rendez pas compte que il y a pas forcément lieu de conduire tout ça en conflit. Après c’est peut-être mon point de vue parce que du coup je suis pas concerné. C’est sûr que ça aide. Mais le fait que je sois pas concerné et que pour moi il y a pas d’enjeux derrière et que j’ai pas besoin in de de m’énerver, que j’ai pas de sentiment fort ça m’aide, enfin ça me permet de vous apporter l’aide requise pour résoudre le conflit.

[R] On a eu des conflits autour des rôles aussi. Je suis un très bon exemple de ce que s’accrocher à un rôle peut entraîner de négatif. Il n’est donc pas conseillé de faire ceci. Je me compare à la définition du rôle en permanence et j’organise ma valeur autour de ce… de ma performance pour ledit rôle. On m’a bien répété hein que l’alter n’est pas le rôle mais je ne parviens pas à intégrer l’idée. Tant pis, ça viendra quand ça viendra. Du coup s’occuper de la santé du corps et de l’état des alters dans le système c’est assez compliqué en général chez nous. En général ça mène en burnout. Bref j’en viens au fameux conflit. Juin 2023, débarque Waël, nouvel alter dans le système, et qui présentait pas mal de similitudes avec moi, notamment sur toute la partie soins aux alters. Une différence notable, toutefois, il avait beaucoup plus de succès que moi dans ce rôle là et il ne se fatiguait pas. Alors je pense que vous me voyez venir. Je pense aussi que, même si ce ne sont pas des sujets glamours, il est intéressant de parler de la jalousie entre alters parce que l’ignorer en se disant “hm c’est gênant et déplaisant”, ça résout rarement le problème. Donc la vérité, c’est qu’il y a pas un alter par rôle, que vous n’avez pas besoin d’un rôle attitré et que le rôle n’est certainement pas une performance. Ça n’empêche que sur le moment ça m’a bien pesé quand même. Donc avec passive-agressivité, dépression et anxiété, mais j’étais déjà dedans de toute façon. Ce qui a dévié de l’implosion c’est que Waël n’est pas entré dans le jeu. Et de son côté il y a pas eu de compétitivité en fait. [W] Donc mais… mais oui. Et et ce qui est terrible c’est que, pour moi, ça n’a pas de sens. Ça n’en a jamais eu. On n’agit pas de la même manière, on n’agit pas sur le même sujet, on ne ressent pas les choses de la même manière. Il y a vraiment pas de compétitivité entre toi et moi. Oui, on avait une tendance similaire et on souhaitait la même chose. Tu t’es épuisé après des années et des années aussi à essayer d’aboutir à des résultats et je prenais les choses différemment, mais il y a eu plein d’autres paramètres à prendre en compte sur le pourquoi avec moi ça a mieux fonctionné qu’avec toi… Et encore je suis désolé c’est pas vrai et on te l’a déjà dit. Et pour moi c’est pas un poste à remplir, c’est pas une performance, ça n’existe pas tout ça. Et c’est pour ça que plus tu te montes le chou pour rien et plus tu as l’impression de jamais en faire assez, parce qu’il y a pas de but à atteindre. Tu n’arriveras jamais à cocher la case de “ça y est je suis un bon caretaker” ! Ça ne marche pas comme ça. [R] Je pense qu’il y a le savoir et le vivre. Je comprends ce que tu me dis, mais j’arrive pas à l’intégrer. Du coup pour résoudre ce conflit là, on a été… Ça nous a pris du temps, déjà. Je pense que ce qu’il faut se rappeler aussi c’est que les choses prennent du temps. J’ai beaucoup de mal avec ça… Et puis j’ai pu en parler du coup à un psy. Ce qui m’a aidé aussi, je pense, ça a été de réaliser que, moi-même, je bénéficiais également de la présence de Waël. Qu’il pouvait m’apporter des choses positives de la même manière qu’il apportait des choses positives au reste du système. Par exemple, j’ai toujours voulu qu’on passe le permis. C’était choses très difficile avec la réticence de certains alters, notamment de l’hôte du moment. Na, qui ne voulait pas en entendre parler. Et Waël elle a fini par réussir à la convaincre et, aujourd’hui, on l’a.

[W] les conséquences des conflits. Donc on en a parlé pour les petits conflits du quotidien, on disait que ça génère de l’agacement, de la dégradation des relations et de l’évitement. L’évitement je pense que c’est un un vrai problème qui concerne tout type de relation et tout type de conflits, mais au sein d’un système c’est encore plus compliqué à gérer je pense. [N] En fait c’est vraiment l’horreur de se disputer au un système. Déjà, on sait exactement où taper pour faire mal à l’autre. Vous pouvez super bien blesser l’’adversaire’ entre guillemets. Ce n’est vraiment pas le but, ne faites pas ça. Mais vous voyez le problème : ça monte très très vite. C’est impossible de prendre ces distances. Il y a des gens qui disent que c’est une mauvaise chose de partir d’une dispute alors qu’elle est en cours sans la résoudre, mais je pense que prendre un petit peu de temps pour se permettre de redescendre, de se calmer, de reprendre de la distance sur la discussion, ça aide. Dans un système, c’est très difficile de faire ça. Alors, j’imagine que si vous avez un gateekeper, je pense, que ça peut vous permettre effectivement de mettre une sorte de barrière ou d’éviter que les deux entrent en contact. Nous c’est pas notre cas. Donc ça veut dire que c’est pas possible de s’éviter, c’est pas possible de se donner 2 secondes pour respirer sans en mettre une couche. Quand la situation dérape trop, vous pouvez avoir de la chance et vous pouvez attirer un alter qui va essayer de calmer le jeu, mais vous pouvez aussi attirer des alters qui vont en rajouter une couche. Et en plus de ça, et ben il y a l’amnésie. Moi, les disputes sont une source de stress, donc du coup j’en oublie le sujet. Comment voulez-vous résoudre un problème que vous avez oublié. Faudrait réussir à remonter à la source du conflit et tout refaire. Et de un, qui a envie de faire ça, et de deux c’est même pas possible parce que je ne sais même plus ce qu’il y a déclenché. La cause peut être oubliée, mais les sentiments négatifs peuvent rester. Donc, on parlait tout à l’heure de tout ce qui est l’accumulation d’agacement et la dégradation des relations, on est toujours là dedans sauf que vous savez pas d’où ça vient, vous savez pas comment le résoudre et voilà, et vous êtes confronté à ça.

[N] Gérer les conflits maintenant. Ben la première chose à faire c’est d’éviter qu’ils surviennent. [R] C’est important de prévenir les conflits quand on le peut. Il y a différentes manières de le faire. Quand on sait qu’il y a une situation qui va être amenée à changer, comme par exemple dans le système on vous expliqué qu’on voulait passer sur un système de co-hôte, quand c’est comme ça on sait qu’on va avoir des changements importants, on sait que ça va avoir des conséquences pour notre fonctionnement, de la manière dont on vit. Il va y avoir des impacts, ça va générer du stress… Donc on est sur une source de conflit. Du coup, c’est important de se préparer à ce genre de changement. Alors comment est-ce qu’on s’est préparé à ça, on a été demandé des conseils aux autres membres du système, on a pris en compte les attentes et les besoins des autres alters parce qu’on avait pris en compte principalement le conflit entre Na et moi-même et on n’avait pas pris en compte le fait que d’autres alters pouvaient également avoir des situations conflictuelles en lien avec le changement d’hôte.

[N] Alors si vous demandez à n’importe qui comment prévenir un conflit ou comment le gérer, il va vous dire : “c’est la communication”. Ce qui est vrai… C’est un peu vaste par contre. C’est quoi la communication sur la gestion de conflit ? Moi je n’ai aucune idée, dieu merci j’ai : Waël.

[W] La communication, effectivement, c’est un sujet qui est très large. Globalement, ça va être, pour l’alter qui se sent lésé d’expliquer ce qu’il veut, ce qu’il n’a pas aujourd’hui, et ce qu’il le blesse là-dedans. Ce qu’il est généralement conseillé de faire c’est de vraiment exprimer ses sentiments et son ressenti, de ne pas être dans l’accusation de l’autre. C’est “je me suis senti·e triste quand tu as dit ceci”, c’est pas “quand tu dis ceci tu me rends triste” et c’est pas “tu fais des choses qui me rend triste”. Là vous mettez votre interlocuteur sur la défensive. L’autre point extrêmement important dans la communication c’est que tout le monde parle toujours de comment faut s’exprimer, les gens ne vous disent jamais comment faut écouter. Ecoutez-vous ! Pendant 2 secondes, essayez de ne pas penser à vous et de penser à la personne qui est en train de vous parler. C’est super dur pour certains, pour d’autres j’imagine que c’est très facile. Et encore une fois tout ce qu’on vous dit là; pour moi, ce qui est vraiment essentiel à comprendre c’est que ce sera jamais parfait. Ni du premier coup, ni jamais. Faut essayer. C’est pas plaisant non plus. Mais on fait pas tout le temps que des trucs sympas. [N] un conseil de communication qu’on a reçu de la part de certains proches : il se bloque un créneau d’environ 40 minutes / 1 heure quelque chose comme ça. La première personne va s’exprimer pendant 15-20 minutes sans être interrompue par l’autre. Si elle veut parler de quelque chose en particulier, bah elle parlera de ça en particulier. Si elle veut pas parler, elle dit rien. Puis à force de raconter tout et rien, en commençant par exemple par la liste des courses, ça débloque la parole et en fin de compte on se retrouve à traiter de sujets plus importants derrière. Une fois que les 15-20 minutes sont épuisées l’autre personne va prendre la parole. Elle peut lui répondre sur ce que l’interlocuteur lui a dit en premier, ou elle peut partir sur complètement autre chose, voilà. En fait, l’intérêt c’est de se donner un moment où on sait qu’on est écouté par l’autre et où on sait qu’on ne sera pas interrompu. Et ça permet de développer les idées et d’aller en profondeur sans… Alors, si vous parlez en plus de choses qui sont un peu tendues, vous évitez les matchs de tennis, vous savez, où “j’envoie un argument, il me le renvoie, alors faut que je tape encore plus fort dans la balle, et là je te fais une feinte, est-ce que tu vas la voir ?” Bref, donc on évite d’être dans la compétition et l’agressivité comme ça. Bon, vous pouvez mettre de l’agressivité en parlant tout seul pendant 20 minutes, je le sais si Rhouz me le fait, il va y arriver mais, t’énerve pas je déconne. Donc ouais, je l’ai pas testé. Je pense qu’au sein de mon système on aurait du mal parce qu’on a du mal à rester concentré pendant une longue durée de temps. Cela dit, pour autant, on l’a jamais testé donc tant qu’on a pas testé on peut pas dire. Et après, évidemment si vous êtes une centaine dans votre système ben oui c’est sûr que vous pouvez pas faire ça à chaque fois avec tout le monde, c’est certain. Voilà. Et du coup, ces personnes-là l’utilisent à la fois pour gérer les conflits une fois qu’ils sont présents mais aussi pour les prévenir en discutant avant que la situation se dégrade en conflit.

[W] Ensuite nous on croit qu’il est vraiment très important d’identifier concrètement ce qui pose problème. Si j’ai une situation conflictuelle, ça peut pas être juste être : “ça m’embête que tu fasses ça”, réponse : “ok ben je le ferai plus”. Alors pour certains problèmes, c’est possible, et dans ce cas-là pas de soucis, et tant mieux si ça marche comme ça chez vous. Mais chez nous on sait que c’est pas possible. Qu’il faut aller creuser les causes. Si vous aviez un comportement jusqu’à présent, vraisemblablement, il y avait une raison. Très vraisemblablement, tant que vous n’identifiez pas et ne répondez pas à cette raison, les problèmes vont continuer. Vous allez répéter le même comportement, le problème ne sera pas solutionné. Faut vraiment que vous creusiez le “pourquoi”. Et, c’est aussi, d’une certaine manière, une preuve de respect dans certains cas. Je m’explique : juste un “non je veux pas” est un peu léger. On peut rester buter éternellement comme ça sur “moi je veux pas, toi tu veux”, à un moment peut-être se poser la question de “pourquoi tu veux pas en fait ? Explique-le moi”. Si la réponse à la fin c’est “non on fera pas parce que tu es pas à l’aise avec ça”, ok. Ce qu’on essaie de faire au sein du système c’est de se donner une justification, parce que la personne a le droit de savoir ce qui vous retient, en fait. A le droit de comprendre pourquoi elle n’aura pas ce qu’elle désire. Donner une explication et rendre la chose logique permet de mieux rationaliser. Moi, par exemple, j’aimerais bien faire plein de soirées. Aujourd’hui, c’est non parce que je sais que Narriaa a une peur bleue des espaces social de ce type là, qu’elle va être mal à l’aise parce qu’elle entendra pas et qu’elle n’arrivera pas complètement à se déconnecter. Elle a ses raisons mais du coup elle me les a expliquées. Maintenant je comprends pourquoi elle veut pas y aller, je suis capable d’avoir de l’empathie pour elle parce que ça me semble logique, du coup, la situation dans laquelle elle est. Et donc je suis beaucoup moins frustré. Après, il y a des choses pour lesquelles on pourra donner des raisons et des choses pour lesquelles on pourra pas. Il y a des espèces de peur viscérales des fois, ou des rejets viscérales de certaines situations, c’est des choses qui ne sont pas forcément logiques. Et si c’est le cas, et bah ok, c’est comme ça. A voir si on décide de faire traiter ce problème là en allant chez le psy ou en faisant d’autres choses. Mais c’est pas toujours simple de comprendre ce qui bloque et ce qui pose problème en profondeur. Il y a différents moyens de s’aider, je pense, et même par exemple quand on exprime ce qui nous pose problème c’est pas forcément simple non plus de savoir comment s’expliquer. Il y a des modèles sur internet de lettre de d’excuses, ou ce genre de choses, qui peuvent au moins vous aider pour vous en inspirer. Pour chercher les causes, pareil vous pouvez vous poser tout le temps la question du “pourquoi”. “Pourquoi est-ce que je ne veux pas te laisser faire ça ?” “Parce que ‘raison 1’.” “OK, pourquoi ‘raison 1’ ?” “Bah il y a deux raisons derrière.” “Très bien” et on creuse chaque raison derrière etc, etc. Et à la fin on finit par aboutir à la “cause racine” entre guillemets. Et quand vous arrivez à répondre à ce problème là, normalement, vous arrivez à changer le comportement, et normalement vous arrivez à changer la situation qui pose problème.

[W] Du coup, effectivement, changer la situation qui pose problème : comment on procède ? Vous pouvez négocier : “toi tu veux ceci, moi je veux ceci”. Soit on trouve un terrain d’entente entre les deux, soit on se dit : “bah un coup tu auras ce que tu veux, un coup c’est moi qui aurai ce que je veux”, on alterne. Soit on voit que j’avais, par exemple, besoin de reconnaissance et ben je vais chercher ma connaissance ailleurs Voilà. Après, les autres stratégies de négociation qu’on a dans le système… Alors je sais qu’il y en a certains qui s’en sortent au charme. N’est-ce pas Eiyo ? [Eiyo] Oui ! Vous faites un grand sourire, vous faites de grands yeux tristes, vous le demandez gentiment, et avec 50 % de chance, ça passe. [W] J’en connais d’autres qui font ça au défi, n’est-ce pas Ita ? Ah, Ita participera pas, il vous dira pas directement mais Na tu peux peut-être nous dire ? [N] Oui. Ita est contre tout ce qui est coming out parce qu’il s’inquiète notamment de l’impact que ça peut avoir sur notre vie : si les personnes ne respectent pas les limites qu’on a mis, si on est discriminé, si… Enfin, il y a plein de raisons derrière qui sont pas dénuées de sens. C’est des scénarios qui peuvent se passer. Vous ne pouvez jamais savoir avant comment va vraiment réagir une personne ou non. La question c’est : est-ce que vous acceptez de prendre le risque ou non ? Et ça aussi c’est une source de conflit, la perception du risque. Faire mon coming out à certaines personnes, je vois beaucoup d’avantages parce que j’ai envie d’être honnête avec ces personnes, j’ai envie de leur parler de ma vie, j’ai envie qu’on soit plus proches, j’ai envie d’échanger… Ita c’est pas du tout un alter qui est intéressé par les relations sociales, c’est un alter qui ne front pas souvent, enfin moins souvent maintenant. Qui, de toute façon, s’en moque un peu s’il est confondu avec d’autres alters, alors que pour d’autres alters dans le système, c’est très important d’être différencié. Donc, lui, il voit vraiment pas l’intérêt de faire le coming out. En fait, pour lui, on est dans une situation qui ne présente que des risques et pas de bénéfices, et il comprend bien que, moi, je vois les bénéfices. On n’arrivera pas à être d’accord là-dessus parce qu’on ne fonctionne pas de la même manière au départ. Ce qui est pas grave en soi, c’est juste que en fin de compte on est dans une situation où on n’est pas d’accord et c’est ça qu’il faut qu’on résolve. Je vais pas le changer Ita, c’est pas le but. Le seul but c’est de trouver un truc où l’un et l’autre… Bah… Je pense que dans une situation comme ça, il y en aura forcément un qui ressortira de là frustré. Ouais je vois pas comment est-ce qu’on pourrait aboutir à une situation où l’un de nous sera pas “perdant” entre guillemets. Ah ! J’aime pas l’utilisation du terme “perdant”. [W] C’est pas que tu es perdant, c’est que tu n’as… c’est juste que là, la situation ne se déroulera pas comme tu le veux. Tu es pas “perdant”. Faut arrêter avec ça aussi parce que en vous disant ça, vous rentrez dans un jeu de compétition, de “moi je suis plus fort que machin parce que j’ai réussi à mettre en place mes propres valeurs. Là j’ai réussi à mettre en place ma décision, je l’ai remporté sur alter 2, donc je suis le plus fort”. Ça va qu’on a pas trop, enfin on en a, mais pas trop de relations comme ça dans le système. Mais enfin… Ouais, je pense qu’il faut faire attention à ça aussi. [N] Oui, je vois ce que tu veux dire, mais je pense que dans tous les cas il y en aura un qui sera pas satisfait. [W] Après là ce qu’on pourrait voir en termes de… On parlait tout à l’heure de tout ce qui était ‘échange’ et tout ce qui est ‘alterner’ et tout ce qui est ‘demi-mesures’. Une demi-mesure ça pourrait être : bah tu le dis à certaines personnes et pas à d’autres. Par exemple, tu vas pouvoir le dire à ta famille mais pas aux personnes du monde professionnel, parce que ça peut avoir un impact sur ta carrière, etc. Voilà ça peut être une sorte de négociation : certaines personnes c’est OK, certaines personnes c’est non. Voilà… Et du coup Na tu disais ? [N] Je sais plus… Si. Que oui, bah du coup ce qu’on s’est dit pour ce conflit là, Ita et moi on fonctionne bien avec tout ce qui est jeu et notamment : défi. Donc la carotte/bâton du moment c’est : j’ai un projet d’écriture, il m’a dit “Je parie que tu le finira jamais”. “Ah bon, tu penses ? Tu paries quoi ?” “Et ben si tu y arrives, tu auras le droit de faire tes coming outs.” “Très bien !”. Alors, je vous avoue que ça fait maintenant 1 an / 1an et demi, le truc il a pas bougé, mais mon point c’est que ! Comment dire, si j’arrive à finir ce truc un jour, j’aurai ce que je voudrai. Lui, il fait tout à fait confiance en ma capacité de procrastination et d’abandon. Tu es conscient à combien de pourcent que j’arriverais pas ? Oh, tu es méchant, 90 !? Donc, pour lui, j’ai vraiment très peu de chance d’y arriver. Et donc, là, le risque d’aboutir à la situation qu’il ne veut pas voir, il est faible. Donc ça, il accepte.

[N] Il y a évidemment tout ce qui est se rassurer. Ça c’est plutôt la méthode de Waël. [W] C’est de rassurer les alters. Si la cause que vous avez trouvé derrière c’est une peur liée à une situation vécue, c’est de leur montrer que les conséquences que vous avez rencontrées avant, vous ne les rencontrez plus forcément aujourd’hui. Alors, ça ne marche pas pour tout, donc évidemment, ne commencez pas à mettre les autres alters de votre système dans le stress en leur disant “non mais tu vas voir ça va bien se passer”, ça va juste les braquer. Mais ce qu’il faut vous dire c’est que si vous avez des alter en stress dans votre système et que vous voulez les rassurer, il va falloir prendre le temps. Il va falloir le répéter aussi. Respire, observe, est-ce que ce que tu crains est en train de se passer ?

[N] Pour revenir sur tout ce qui était amnésie, ça nous arrive du coup parfois d’avoir des difficultés à identifier les causes. Parce que le cerveau ne veut pas y penser, il va le cacher, il va pas nous laisser réfléchir dessus. Il va nous divertir, nous distraire mais il ne vous laissera pas creuser le problème. Nous on rencontre ça comme comme difficulté. Ce qu’on fait comme ça c’est que, bon il est possible qu’il y a des facteurs externes, du genre il est 1 heure du matin, il serait peut-être temps d’aller dormir quand même, ça ira peut-être mieux le lendemain. Du genre : ça va aider d’en parler avec un autre alter mais actuellement il est pas disponible. Parce qu’il est 1h du matin et qu’il dort. Il y a des méthodes de recherche sur l’inconscient. Alors, on en pense ce qu’on en pense. Nous on vous liste juste tout, et vous prenez ce que vous voulez vous jetez le reste. Donc, il y a des gens qui vont voir des professionnels de la santé mentale. Maintenant, si comme moi vous êtes allergique à cette idée et que, du coup, vous ne voulez pas aller voir de psy, vous avez d’autres méthodes. Moi, ce blocage, il apparaît quand je me pose la question de manière insistante et répétitive. Le cerveau ne veut pas répondre à cette question. Donc si j’y vais de front, il va esquiver. Donc la stratégie, c’est de passer par une autre méthode qui le distrait pour qu’il s’aperçoit pas que je suis en train de creuser la question. Donc ce que je fais des fois c’est des tirages de cartes de tarot. Qu’est-ce qu’on m’a conseillé d’autre aussi… Je faisais du chamanisme aussi, pendant un moment. Donc ça me permettait de, pareil, d’analyser les choses sous un autre angle. En fait le cerveau est distrait avec autre chose et en fin de compte vous creusez quand même la question. Qu’est-ce qu’on peut faire comme ça… Il y a aussi de l’écriture automatique alors typiquement chez moi ça ne marche pas du tout. Mais je sais qu’il y a plusieurs personnes qui qui la pratiquent et qui aiment bien. L’hypnose aussi, je crois que c’est une méthode de travail sur l’inconscient. Voilà.

[N] Voilà je pense qu’on a dit un peu tout ce qu’on voulait dire. Evidemment, on n’a pas développé les situations les plus personnelles ou les pires qu’on a rencontré. Le bilan, en fin de compte, c’est qu’aujourd’hui la situation est bien mieux qu’elle était dans le passé. Autrefois, on a eu des disputes tellement importantes que certains alters ont fini en dormance parce que c’était trop violent. La situation va en s’améliorant et je pense que c’est quelque chose qu’il faut pas perdre de vue, que même si vous êtes dans une tempête aujourd’hui et ben, au fur et à mesure, en continuant et en résolvant petit à petit les problèmes, vous allez finir par vous en sortir. Et que ça sera pas “parfait”, mais ce sera moins pénible. Et je pense que c’est ça qu’il faut qu’on vise. Voilà. En tout cas, j’espère que… [W] On espère tous que ce qu’on vous a présenté vous a intéressé. Éventuellement que ça vous sera même utile pour vos conflits du quotidien. Et puis on tient du coup à vous remercier pour votre attention. Si vous avez des questions, n’hésitez pas. On tient à remercier aussi Epsi et Kara pour toute l’organisation autour de Kaléidoscope, tous les autres participants, toutes les personnes qui font vivre cet événement. Et puis les membres de mon système qui se sont accrochés et qui ont failli abandonner trois fois ce projet mais qui ont tenu, c’est bien les gars. Voilà, sur ce on vous souhaite une bonne journée, et à bientôt pour les questions réponses.

Intervention proposée par:

  • Le Nuancier (Iels/Peu importe | Multiple (ou Plural)): « Notre système se compose d’une douzaine d’alters incluant non-humains et fictifs. Nous sommes fréquemment en co-conscience et dotés d’un certain talent pour générer des conflits »

[Kaléidoscope #03] L’hypnose comme outil de communication interne par Tsunami

L’intervention parle de l’hypnose en général puis de manière plus spécifique, expliquant ensuite pourquoi c’est selon notre point de vue un outil utile pour la communication intra-système lorsque cette dernière est encore compliquée. Il y aura aussi notre témoignage personnel à ce sujet.

Avertissements de contenu:

Mentions brèves de triggers négatifs forcés, violence, souvenirs douloureux, flashbacks, trauma holder, dissociation émotionnelle, cauchemars et paralysie du sommeil ; faux souvenirs

Transcription:

Bonjour tout le monde ! Enchanté, moi c’est Sunny, je suis l’hôte du système Tsunami ! Nous sommes un système avec environ une dizaine de headmates régulièrement au front, et plusieurs fragments et surtout beaucoup de headmates en interne, qui influencent ou communiquent via des pensées et conseils plus qu’ils ne front.

Aujourd’hui, dans le cadre des relations intra-système je voulais vous parler de l’hypnose, qui a été pour moi personnellement un véritable outil afin de comprendre notre système et surtout réussir à communiquer avec les autres headmates… Y en avait, des choses à débroussailler là-dedans haha.

Je vais donc dans un premier temps vous décrire ce qu’est précisément l’hypnose, et plus particulièrement l’hypnose Ericksonienne, ainsi que l’auto hypnose qui sont celles que je connais le mieux, pour ensuite expliquer pourquoi c’est selon moi un outil intéressant pour la communication intra système. Et après certaines mises en garde concernant cette pratique, je vous expliquerai mon expérience personnelle à titre d’exemple.

(Description hypnose)

Et donc… Oui. Depuis tout à l’heure je parle de l’hypnose et vous avez surement déjà été familier avec ce terme, mais au fond… Qu’est-ce que c’est ?

Et bien croyez-le ou non, mais même les spécialistes ne sont pas d’accord entre eux ! Est-ce une pratique ? Un état ? Une transition ?

Restons simples. Je vais décrire l’hypnose en tant qu’état, pour commencer, que l’on appelle aussi état de transe.

Et contrairement aux idées reçues, la transe est autant un état second puissant où on se sent voler que quelque chose de tout à fait banal, qu’on vit tous les jours.

Vous connaissez ce moment où vous déverrouillez votre téléphone pour regarder l’heure, vous le verrouillez à nouveau, puis… Vous vous rendez compte que vous avez totalement oublié l’heure que vous venez de lire. C’est un petit état de transe.

Vous connaissez très probablement aussi ce moment où vous marchez sur un chemin que vous empruntez régulièrement, ou que vous prenez les transports, pourquoi pas avec une petite musique…! Vous laissez votre esprit divaguer, dans des réflexions totalement hors de l’état présent, peut-être dans une rêverie, une petite histoire imaginaire… C’est aussi un état de transe.

C’est donc l’hypnose en tant qu’état! Concernant l’hypnose en tant que pratique, c’est à priori le fait d’induire cet état de transe via des protocoles précis pour ensuite être plus enclin à la suggestion, quitter un état dit “normal” avec des pensées rigides pour se trouver dans un état plus fluide, parler sans se demander si cela ait besoin de faire sens. Pour vous ça le fait en tout cas…

Pour faire simple, c’est l’idée d’exploiter volontairement les bugs du cerveau pour aller plus loin dans ses réflexions internes !

(Hypnose Ericksonienne et auto-hypnose)

Je dis “à priori” parce qu’il y a plusieurs types d’hypnoses qui reposent sur différents protocoles et intentions, même si le principe d’induire volontairement un état de transe reste le même.

On connaît à peu près toustes l’hypnose de spectacle, où l’hypnotiseur fait quelques tests pour voir qui dans la salle est réceptif à ses propres inductions et les choisir pour faire des tours exubérants. On en a aussi d’autres basées sur des rituels spirituels comme la transe chamanique.

Mais dans ce contexte, j’aimerais vous parler de deux types d’hypnose : L’hypnose Ericksonienne et l’auto-hypnose.

L’hypnose Ericksonienne tient son nom de son créateur Milton Erickson, et c’est l’hypnose la plus utilisée dans un cadre de thérapie. Le principe de l’hypnose Ericksonienne, c’est que l’hypnotiseur est ignorant. Il part du principe de ne rien savoir sur son sujet et de ne rien présumer. Après tout, même quand on croit bien connaître quelqu’un, on peut avoir des biais liés à notre propre perception de cette personne, ou de comment on vit les émotions ! La compétition peut-être perçue comme négative par l’hypnotiseur, mais pas par le sujet par exemple ! Cela demande ainsi une grande analyse et prise de recul de la part de l’hypnotiseur.

Et donc, le but n’est pas de donner des conseils tout préparés et de donner les clés du bien être au sujet, mais d’aider le sujet lui-même à trouver ses propres outils… Et cela en passant par son inconscient !

Après des inductions adaptées au sujet pour l’emmener dans un état de transe, vient un travail interne avec l’inconscient. L’hypnotiseur peut émettre différentes suggestions en précisant que du l’inconscient sujet est capable de prendre ce qui l’intéresse et rejeter ce qui ne lui parle pas. Il peut aussi y avoir une discussion entre l’hypnotiseur et le sujet qui laisse parler son inconscient et ses propres métaphores intérieures.

Par exemple, il peut arriver que lors d’une séance, le sujet se voit en chevalier en train de battre un dragon pour métaphoriser le fait de se donner la force pour faire partir une personne toxique de son entourage. Comme c’est l’inconscient du sujet qui choisit cette image, elle est d’autant plus puissante pour lui, parfois plus que s’il s’agissait vraiment d’un souvenir réaliste. Dans certains cas, ces métaphores peuvent survenir lorsque la réalité est encore trop compliquée pour lui faire face directement. Mais pour le cerveau, c’est la même conclusion !

De l’exploitation de bug, je vous le dis…

L’auto-hypnose, quant-à-elle, est plus simple à comprendre, surtout une fois qu’on connaît des bases de l’hypnose Ericksonienne, des métaphores internes, et le fait qu’on vit un état de transe plusieurs fois par jour. Il s’agit simplement de pratiquer l’hypnose… Directement sur soi ! Tout seul, dans un lieu en sécurité de préférence bien-sûr.

C’est quelque chose qui demande effectivement pas mal de pratique, de tests, de connaissance de soi. Il est bien sûr possible de s’aider par des vidéos ou reportages sur le sujet pour en apprendre davantage.

Cela peut passer par une forme de méditation, de rêverie volontaire, avec ou sans musique… Tout est possible en fonction de ce que vous souhaitez faire avec cette auto séance ! C’est d’ailleurs très utile de formuler, dans sa tête ou à voix haute, ce que vous désirez. “Je souhaite découvrir mon monde intérieur”. “Je souhaite créer un safeplace interne.” “Je souhaite discuter avec celui qui m’envoie des messages d’alerte.”

(Discussion intra-système)

Discuter avec quelqu’un dans sa tête… Et bien parlons-en ! Puisqu’il s’agit du sujet principal de cette vidéo. Parce que je pense qu’effectivement, l’hypnose peut être un outil formidable pour communiquer avec ses headmates, les comprendre, et dans le cadre de système traumagène, soutenir et aider les headmates porteurs de traumatismes.

Bien qu’avec l’hypnose Ericksonienne, l’important étant de s’adapter au sujet avant tout, il y a des protocoles qui servent un peu de base et d’objectif, dont on peut plus ou moins s’éloigner en fonction des besoins lors de la séance.

Et l’un des protocoles existants et même souvent utilisé est l’idée de “discuter avec ses parts inconscientes”.

Le principe est simple. On commence par une induction d’hypnose pour proposer l’effet de faire flotter une main du sujet par exemple, pour ensuite induire l’idée qu’une part inconsciente du sujet s’est installée dans cette fameuse main qui flotte. En fonction de la séance et des besoins, cela peut être différentes “parts inconscientes” ! Une part de colère, une part qui gère la mémoire, une part attachée à la famille, … Et lui proposer de communiquer ! Dans un premier temps on peut utiliser les doigts pour une communication simple. Un mouvement pour dire oui, un mouvement pour dire non… Et quand le sujet est habitué à ce protocole, il est possible d’aller plus loin, en demandant à la part inconsciente de transmettre une idée en pensée, et alors là le sujet dit ce qu’il a cru avoir compris, et la part inconsciente peut valider ou non avec les mouvements de tout à l’heure.

On peut travailler ainsi avec une “part inconsciente” ou plusieurs à la fois, ce qui sert beaucoup pour un conflit interne par exemple !

Vous vous en doutez bien-sûr, ce protocole, qui sert aussi en thérapie des “états du moi”, peut être utilisé sur tout le monde. Ce qui veut dire que cela marche sur les singlets pour qui leurs différentes “parts” sont unies, et là alors l’état de transe permet temporairement une dissociation sur ces états de soi avant une réunification une fois revenu à un état de conscience dit “normal”, habituel.

Mais bien évidemment ce protocole peut être totalement adapté aux systèmes multiples ! Cela peut aider à établir une communication quand elle est compliquée, essayer de chercher un headmate un peu en arrière pour lui laisser la place et s’exprimer librement sans jugement, intégrer un headmate s’il le désire, régler un conflit entre deux headmates en ramenant tout ça à la conscience, comme régler un conflit entre proches…

Et à partir du moment où vous connaissez le principe, vous pouvez aller encore plus loin ! S’entrainer à switch si un headmate le veut mais n’y arrive pas, entrer dans de longues conversations en état de méditation, etc…

Cela peut se faire avec un hypnothérapeute adapté comme chez soi en auto-hypnose à force de se connaître et savoir comment entrer en transe… Ce qui n’est généralement pas très compliqué quand on a tendance à dissocier facilement, que ce soit de manière pathologique ou non ! Comme la transe utilise souvent des mécanismes similaires, encore plus avec ce type de protocole, c’est un peu comme si on se demandait “peux-tu dissocier s’il te plait ?” “Facile, je fais ça tous les jours !!”

(Mises en garde)

Cependant bien-sûr je préfère faire quelques mises en garde concernant l’hypnose, que ce soit en auto-hypnose ou avec un thérapeute. C’est un outil très puissant mais dont on doit justement connaître les limites et inconvénients pour y aller sereinement.

Déjà comme dit tout à l’heure, les personnes qui dissocient plus facilement que la moyenne, que ce soit de manière pathologique ou non, sont plus enclines à entrer facilement en transe… Ce qui fait également qu’elles peuvent être plus facilement influençables ! Faites donc très attention à l’hypnothérapeute qui vous prendra en charge, prenez bien le temps nécessaire d’établir une relation de confiance, quitte à ne pas faire d’hypnose dès la première séance. Généralement si l’hypnothérapeute vous dit qu’il peut régler vos problèmes en une séance avec un effet presque “baguette magique”, fuyez.

(CW souvenirs douloureux, forcer un trigger)

Ensuite je me permets de faire un content warning car je vais parler brièvement de souvenirs douloureux qui mentionnent une violence, et de forcer des triggers : Faites aussi attention, surtout pour les systèmes traumagènes, au protocole de “l’hypnose régressive” qui est de plonger dans un souvenir passé pour le trier, ou de “l’hypnose régressive non biographique” qui est l’idée de plonger dans un souvenir pour au final se trouver dans une autre époque voire un autre monde. Il peut totalement s’agir d’un exoflashback d’un headmate fictif par exemple.

Dans les faits il n’y a aucun problème avec ça bien-sûr, au contraire c’est même un protocole souvent utilisé pour aider les headmates porteurs de traumatismes… Mais faites bien attention à ne pas prendre les souvenirs, surtout ceux d’hypnose régressive classique, comme argent comptant à chaque fois. La mémoire qui refait surface est très souvent la mémoire dite “émotionnelle” plus intacte que la mémoire factuelle qui peut davantage évoluer au fur et à mesure du temps. Par exemple, vous pouvez vous voir lors de la séance être victime d’une violence physique alors que factuellement elle était verbale. Bien entendu c’est totalement valide, cela veut dire qu’émotionellement parlant, ce moment de votre vie était tellement violent pour vous que vous l’avez ressenti de cette manière. Raison de plus pour le traiter, d’ailleurs. Mais il est important après la séance de prendre en compte cette notion pour éviter de se créer de faux souvenirs, qui peuvent aggraver la chose plutôt que la trier correctement dans la case passé.

De manière générale, cela vaut surtout pour les systèmes traumagènes mais c’est valable pour n’importe quel être humain, prenez le soin de préciser si vous avez des triggers trop violents. Dans le cadre d’une thérapie bien entendu il sera bon de devoir travailler dessus, mais chaque chose en son temps. Si votre hypnothérapeute fait exprès de vous trigger pour “aller vite à la source du problème” ou parler à tel headmate sans votre consentement… Sans aucune surprise, là aussi, fuyez.

(Fin du CW)

Je mets fin au Content Warning pour parler d’un conseil plutôt positif.

Quelque chose qui peut-être bien, que ce soit avec un thérapeute ou en auto-hypnose pour communiquer sereinement avec ses headmates et aussi aider ceux en difficulté, c’est de se créer un “safe place” interne. Cela serait même, à mon sens, une des premières choses à faire en hypnose. Ca peut être un lieu imaginaire, un endroit qui vous a plu, un mélange, différents lieux selon l’émotion et les headmates que vous voulez accueillir, tout est possible ! Comme ça si vous pensiez être prêt à aller dans un lieu dangereux de votre psychée mais que c’est finalement trop dur à cet instant, ou bien que vous voulez y aller petit à petit, pensez à votre safe place, qui peut être là à tout instant pour vous protéger. C’est comme ancrer une sécurité.

Également, dans le cadre d’une thérapie, il est à mon sens personnel, important de parler de votre multiplicité à l’hypnothérapeute. J’ai souvent vu passer sur des groupes la question de si oui ou non on doit en parler. Pas forcément dès la première séance mais… Ca me semble important. Que ce soit pour qu’il puisse vous accompagner correctement,une question de confiance et d’attention aux triggers cités plus tôt, mais aussi parce que cela peut accidentellement créer des headmates supplémentaires.

Imaginons par exemple que le thérapeute vous induit l’idée d’instaurer une forme de sagesse intérieure, de conseiller ou de présence rassurante.

Pour un système, dont le cerveau est habitué à créer en interne des headmates plus ou moins indépendants, il est possible que cette “présence rassurante” prenne la forme d’un headmate involontairement. Dans un cas où c’est voulu, consenti et même un objectif, il n’y a aucun souci bien sûr, au contraire ! Mais c’est une petite mise en garde pour les systèmes se sentant déjà trop nombreux ou pour qui cela pourrait créer une gêne dans la communication. A ce compte-là essayez de trouver une autre manière d’instaurer une sagesse interne, comme un lieu de recueillement ou un objet inanimé par exemple !

Et dernière petite mise en garde, bien que celle-ci soit très minime et personnelle dans le sens où à part moi, je n’ai pas vu de témoignage de personne à qui il arrivait la même chose…

Il se peut éventuellement à force de s’induire qu’avec les doigts on peut communiquer ou transmettre un message, et de le faire assez souvent en auto hypnose, que des petits headmates filou utilisent ce mécanisme pour dire qu’il y a un message important à transmettre à la personne au front dont il n’a pas conscience. Par exemple, lorsqu’une crise d’angoisse peut arriver suite à un trigger négatif ou une surcharge sensorielle, un headmate (souvent Daisen chez nous) fait en sorte que la main tremble un peu pour avertir la personne au front. Un message comme pour dire “isole-toi.”, “Vas te reposer.”, “Retiens-moi je vais étrangler notre interlocuteur.” … Vous me direz, je préfère ce signe qui aide à communiquer en urgence quand les mots sont trop longs qu’à l’époque où nous avions du mal à communiquer entre nous, et qu’on m’envoyait plutôt des flashs d’image volontairement liées à mes triggers pour essayer de me faire réagir, sauf que ça faisait juste que m’effrayer de moi-même et mes pensées !

(Expérience personnelle)

Je pense que c’est justement le bon moment pour parler de mon expérience personnelle sur l’hypnose et notre communication interne !

Ce qu’il faut savoir, c’est que pendant des années je ne me pensais pas multiple, pour la principale raison que je ne vivais pas de blackout comme pouvaient parler certains systèmes parlant du TDI… Oui, c’est un peu spécifique voire idiot maintenant que j’y pense avec le recul.

En dehors de ça, j’avais beaucoup, beaucoup de personnages originaux, d’histoires que j’inventais, tout ça… Certains étaient d’ailleurs inspirés de rêves ou de méditations, avec des personnages récurrents qui me disaient des messages plus ou moins importants. Notamment un que j’appelais mon “enfant intérieur”, un enfant très enthousiaste qui avait l’apparence d’un personnage inventé vers mes 8 ans. Un autre également que je voyais très souvent, qui se disait être un “ange gardien interne”. Et malgré le fait qu’il disait ou faisait des choses qui me surprenaient et que je ne prévoyais pas, ce qui me faisait presque peur par moments, je me disais que bon… C’était juste un ami imaginaire qui a pris l’apparence d’une figurine d’ange que j’adorais étant petit, rien de plus complexe que ça !

Bref… Tout ça pour dire qu’il y avait quelque chose sans que j’y mette trop de mots dessus. En même temps à l’époque j’étais dans le déni de tant de choses, sans parler juste de multiplicité, que j’essayais juste de joindre les deux bouts pour être à peu près “correct” aux yeux de… La vie, je sais pas… M’enfin .

Je connaissais bien-sûr l’hypnose de nom comme tout le monde, mais j’avais vraiment découvert ça… En convention ! C’était de l’hypnose récréative pour le coup. Une amie qui s’entraînait et woah c’était rigolo, on se prenait littéralement pour les personnages qu’on cosplayait ! Déjà là ça me fascinait, surtout que j’étais très… Très facile à hypnotiser, haha.

Et là à une autre convention, revient cette amie qui dit “regardez, je peux parler avec mon inconscient !”

Elle montra alors un exercice similaire à ceux expliqué plus tôt : Son inconscient pouvait répondre à des questions par oui ou non avec des mouvements du doigt. Et à ce moment-là… Woah ! J’étais vraiment impressionné, moi aussi je voulais ça ! Je me posais plein de questions, j’étais là à me dire “trop bien, je pourrais lui demander directement si je suis vraiment un homme !” Comme si les tas de rêves avec des mecs trans ou même un personnage qui disait clairement en rêve aussi “olalah, je suis si heureux maintenant que je suis un homme !” n’étaient pas des messages assez clairs… Mais bref, ça c’était le sujet d’une autre vidéo…

En résumé, ça m’avait fasciné. Et lors de mes remises en question sur mes envies personnelles et professionnelles, je me demandais si travailler avec l’hypnose pour aider des gens ne serait pas une possibilité. J’ai donc pris un premier module de formation en hypnose Ericksonienne, me disant qu’au mieux je continue et au pire j’aurais forcément appris quelque chose de bien… J’ai finalement pris les quatre modules de base.

C’était vraiment intéressant de voir comment pouvait fonctionner le cerveau, d’apprendre aussi des bases sur la psychologie, la conversation, … L’idée que le thérapeute est ignorant et n’impose pas ses idées au patient me plaisait beaucoup également. Et bien-sûr, le fait de travailler avec ses métaphores internes était incroyablement impactant pour moi. Le nombre de fois où en tant que sujet lors des exercices, mes histoires revenaient à la charge, où je comprenais à quel point elles ne venaient pas de nulle part mais de choses bien plus complexes de ma psychée… Enfin, disons que je m’en doutais, mais pas à ce point.

Et bien-sûr vient l’exercice des “parts inconscientes”. Comme quoi on n’aurait pas juste “un inconscient” avec lequel communiquer mais bien plusieurs parts… Et ça faisait tellement sens !! C’était évident !! J’ai pu discuter directement à nouveau avec mon “enfant intérieur” (qui me disait d’ailleurs de fuir certains potes toxiques de l’époque), avec Ambre, mon “ange gardien” dont j’ai parlé plus tôt aussi… Et bien d’autres, qui avaient pour une bonne partie l’apparence de personnages de mes histoires originales.

Et là où pour la majeure partie des personnes c’était le temps de l’exercice et paf on en parlait plus, en ce qui “me” concernait… A la fois c’était étrange, du style “tiens, pourquoi tu parle encore comme ce fameux “samouraï” apparu durant la séance alors qu’elle est finie ? L’hypnotiseur a bien fait ses suggestions pour sortir de transe pourtant !” sans parler de l’extrême fascination que j’avais pour ça… C’était un peu comme apprendre à mieux me connaître… Moi dans mon entièreté… Mes besoins les plus profonds reniés… Les autres “moi”.

Presque tous les soirs après avoir appris cet exercice, avant de me coucher je me posais, je m’induisait l’idée de proposer à une “part inconsciente” de venir discuter si elle en avait envie. Certains même revenaient et avaient beaucoup de choses à raconter ! D’autres parlaient même d’autres parts, de leurs relations,de certains qui n’osaient pas parler mais avaient besoin d’aide, je demandais comment je pouvais éventuellement les aider, etc…

Parfois c’était même un peu complexe, du style un me disait “Je sais que telle part m’en veux alors je me suis volontairement split entre moi adulte et moi enfant pour faciliter la communication avec lui !”

Où un qui me disait qu’on devait assumer la multiplicité, je lui disais que non je pense pas être multiple, et donc il m’a boudé.

Bref, sujet typique de singlet qui parle à lui-même quoi…

(CW mention de dissociation émotionnelle)

Ça avait un peu comme “relevé un tapis” sur plein de choses… Des bonnes, très bonnes choses, liées à “nos” envies et nos rêves… Comme des moins bonnes. Attention content warning je vais parler de trauma holder, flashs et dissociations émotionnelles.

Notamment le fait que par exemple mon “enfant intérieur” a avoué avoir été séparé en deux. Il y avait celui que je connaissais, enthousiaste et heureux, et un autre qui portait beaucoup de souvenirs traumatiques. Et il était vrai qu’autant je savais rationnellement ce que j’avais vécu, autant j’idéalisais quand-même beaucoup trop l’enfance, et je ne m’étais jamais vraiment exprimé émotionnellement aux sujets plus difficiles… Jusqu’à la formation. Et ouais, aussi bien en tant qu’hypnotiseur que sujet, croyez-moi ça fait remuer plein de trucs pour une formation ! C’est bien pour ça d’ailleurs que nous concernant, on se soigne encore jusqu’à avoir une certaine stabilité émotionnelle et interne avant de pratiquer l’hypnose professionnellement à temps plein…

Ca avance bien heureusement !

Mais pour revenir sur cet enfant porteur de traumatismes infantiles, ce dernier à l’époque communiquait beaucoup avec des cauchemars, où je me réveillais parfois en paralysie du sommeil, des flashs d’image me faisant volontairement peur, etc…

(Fin CW Warning)

Je mets fin au content warning pour continuer sur quelque chose de positif.

Ça a pris pas mal de temps, aussi bien avec l’aide de personnes dont je me suis rapproché à la formation qu’en auto hypnose avec l’aide de headmates rassurants dont je me suis rapproché avec le temps, mais nous avons enfin pu apporter ce dont cet enfant avait besoin. Depuis, la communication est bien plus efficace et il n’est plus jamais seul, aussi bien en interne que lorsqu’il front…

C’est après ce genre d’auto soin, en rejoignant la communauté de tulpamancie, que j’ai commencé à me dire que “ah oui, ce que je vis, c’est peut-être un peu une forme de multiplicité en fait !”

Et mine de rien… Conscientiser ça aussi, a aidé au processus ! Par exemple je n’avais plus peur lors de mes séances d’auto hypnose de dire “tiens, est-ce que tu veux qu’on switche ? Veux-tu essayer de prendre pleinement le front ?”

C’était d’ailleurs amusant qu’après un de nos premiers switchs réussis consciemment (avec un headmate appelé Claus), un autre headmate est vite apparu en pensée pour parler, car je cite “Ah, contrairement à l’autre buté toi tu vas écouter ce que j’ai à dire j’en suis sûr !”

C’est à la fois amusant et triste de me rendre compte à quel point mon déni de tout dans la vie m’avait aussi bloqué des colocataires de notre tête…

Mais bon heureusement ça a évolué.

Ce sont des exemples parmi des tonnes sur ce que nous a apporté l’hypnose et le fait que je fasse enfin face à des headmates que je n’osais pas écouter jusqu’à présent.

Actuellement, on est aidé par une psy et faisons régulièrement de l’auto hypnose à but thérapeutique, quand quelqu’un à quelque chose à régler en interne… Mais de manière générale, la communication se fait bien plus efficacement, on se connaît beaucoup mieux les uns les autres, prenons le temps de parler en interne et surtout, nous nous faisons confiance, nous nous entraidons pour le quotidien qu’on apprend à vivre plutôt que subir en tentant d’être “parfait” en respectant uniquement les attentes des autres… Nos attentes à nous c’est déjà bien ! C’est primordial en fait !

Maintenant on fonctionne un peu comme une grande équipe, on s’entraide les uns les autres, on est souvent au moins deux au front pour se soutenir, profiter ensemble du moment, ou juste par curiosité de ce qui se passe… Et surtout, nous nous donnons beaucoup d’amour, quelque chose dont on avait besoin depuis des années…

Il y a encore un chemin à parcourir, mais c’est agréable de voir à quel point les choses s’améliorent…

Bon… Je pourrais encore discuter longtemps sur ce sujet mais j’ai déjà beaucoup parlé, alors je vous propose à présent de conclure ici !

Selon moi, l’hypnose permet d’utiliser les mécanismes de son propre cerveau pour les utiliser à son avantage. Si l’on dissocie beaucoup, que ce soit par de nombreuses rêveries ou malheureusement de manière pathologique, autant utiliser ce fait qui est là et sera toujours là pour se comprendre à un niveau plus inconscient et personnel, dans son “entièreté” comme j’aime le dire…

La communication interne est une relation de toute une vie, mais qui apporte beaucoup de bien. Peu importe le moment de votre vie, vos headmates, alters, parts, qu’importe le nom que vous vous donnez entre vous, seront toujours là. Et vice versa, vous serez toujours là avec eux. Alors autant avoir de la patience et de l’amour envers tout le monde, de la même manière que vous voulez qu’on vous traite, en externe ou en interne… C’est quelque part une forme d’amour envers soi-même. Un besoin fondamental…

Nous remercions du fond du cœur Epsi et Kara pour leur confiance et pour nous avoir permis de parler de ce sujet qui est très important pour nous…

Nous vous remercions aussi sincèrement pour votre écoute, et où que vous soyez et quoi que vous fassiez, nous vous souhaitons une très belle journée !

Peut-être à bientôt !

Intervention proposée par:

  • Tsunami (He/They/Il | Système mixte): « Un système avec à peu près une dizaine de headmates principalement au front, beaucoup de fragments ou headmates uniquement en interne (plus en influence qu’en front) »

[Kaléidoscope #03] Relationner avec les introjects factifs par Kara

Petit témoignage sur la relation avec une introject factive d’une personne qu’on côtoie toujours.

Avertissements de contenu:

Honte, mention développée de « system-hopping »

Transcription:


Salut ! Aujourd’hui j’ai envie de vous parler des introjects et plus particulièrement des factifs. Un introject, c’est un alter qui est issu d’une source. Et du coup, un introject peut être fictif ou factif. Un fictif, c’est un introject issu d’une source qui existe mais qui est fictive, comme par exemple un film, un livre, un jeu vidéo, un personnage quoi. Et un factif, c’est un introject qui est issu d’une personne réelle, généralement- enfin d’une personne réelle et connue quoi, en tout cas entraperçue. Et du coup, il y a un peu plusieurs archétypes de factifs dans les systèmes et je vais juste donner quelques exemples, mais en fait il y en a plus que ça. Il y a des factifs qui sont des personnes que les systèmes ont croisé à un moment et qui ont été par exemple cool ou qui ont été un peu des personnes de référence. Ça peut être par exemple une maîtresse particulièrement chouette dans un système scolaire plutôt violent, ça peut être une nounou, une tante – je dis “une” à chaque fois, mais ça peut être des hommes hein, on s’entend. Ça peut être aussi des introjects d’abuseurs, où là c’est l’inverse, c’est des personnes qui ont marqué les systèmes mais très négativement. Et moi j’ai envie de vous parler encore d’autres factifs, qui sont les factifs de proches. Du coup, moi, une partie de mon système a une facilité à faire des introjects, plutôt des factifs que des fictifs d’ailleurs, même s’il y a quelques fictifs dans mon système. Généralement, c’est des personnes que je connais et que je côtoie toujours. Et c’est pour ça que j’ai envie de vous parler de ce sujet aujourd’hui, parce que ça a vraiment été compliqué pour nous à accepter dans une espèce de rapport à la honte. Parce qu’on n’en parle pas beaucoup déjà, et puis en plus, ça amène toute la gestion d’avoir un introject d’une personne qu’on côtoie encore et donc d’être toujours confronté à la source, la source de l’introject. Et je pense que l’origine de cette vidéo pour moi, c’est qu’il y a quelque temps, je pense que ça m’aurait fait plaisir d’entendre quelqu’un parler de ça et que je me serais senti moins seul et bizarre parce que j’avais vraiment un sentiment de – et c’est complètement ok, c’était vraiment un sentiment qui était personnel et pas du tout justifié – mais j’avais vraiment un sentiment d’être cringe à mort. Je me disais “hnn c’est nul”. Et du coup ça avait un impact sur les interactions et la relation que je pouvais avoir avec ces alters-là. Parce que je pense que je jugeais en partie mon cerveau d’avoir fait ça. J’étais là genre “mais p*tain”. [rire] Voilà. Du coup, je pense qu’un truc qui m’a aidé dans ce chemin d’acceptation qui a été plus compliqué que pour certains alters – alors que déjà, vous le savez, avoir des nouveaux alters parfois c’est déjà compliqué, ça prend du temps, blabla, le déni puis blabla en fait la personne elle était là, puis en fait on accepte, machin, le tout en dents de scie – c’est vraiment ce sentiment de me dire “en fait y a que moi qui ai fait ça quoi, il n’y a que moi qui vit ça”. Et je savais que non, parce que je sais qu’on n’est jamais seul à vivre son expérience. Et je sais qu’à chaque fois que j’ai l’impression de me sentir pas représenté dans une expérience, c’est juste parce que juste les gens n’en parlent pas, et pas parce que je suis effectivement objectivement seul. Et même si je l’étais – et c’est pareil pour vous, s’il y avait une expérience que vous êtes seul à vivre, ça veut pas dire qu’elle n’est pas légitime, ça veut pas dire qu’elle n’a pas le droit d’exister et ça veut pas dire que vous êtes cringe ! Juste, voilà, moi, dans ma perception, j’avais l’impression d’être cringe. Et du coup ben assez logiquement, vu que la personne que je côtoie le plus et qui compte le plus pour moi, c’est Epsi, et vu que c’est un système, eh bien il est obvious que si j’ai dû faire des factifs d’eux, j’ai fait des factifs de leurs alters, et pas des factifs de l’entité entière qui sont de leur corps. Et c’est pas plus mal parce que sinon je sais même pas comment ça se serait passé. Soit ça aurait voulu dire que je nie leur multiplicité inconsciemment dans ma tête, soit ça voudrait dire que ma tête aurait fait un introject de tout leur système. Bref, ça aurait été vraiment le bordel. Et merci pour moi ce n’est pas le cas. Mais du coup voilà, j’ai des introjects d’alters d’Epsi dans mon système. Plusieurs. Et toustes ne sont pas aussi développés et on communique pas- “développés”, c’est pas du tout dans un sens péjoratif, c’est dans un sens “actifs”, avec des centres d’intérêt, proches du front, etc., c’est dans ce sens-là que je dis ça, ils ne sont pas tous autant les uns que les autres mais voilà, il y en a plusieurs. Et j’ai envie de vous parler particulièrement d’une, parce que c’est celle avec laquelle j’ai le plus d’interactions et que c’est la plus… c’est l’histoire la plus, du coup, complète pour vous expliquer et que ça explique un peu toutes les étapes par lesquelles je suis passé. Avant ça, je dois juste vous faire un petit point. J’ai envie de vous parler deux secondes du system hopping. C’est pas obligatoire dans cette vidéo, juste on n’en parle jamais, je ne sais jamais où le placer, et là je me suis dit “bah parfait, je vais parler de ça, c’est très bien, parlons du system hopping”. Du coup, le system hopping, ça a deux définitions. Une définition qui est plutôt liée aux sous-systèmes et qui est : un alter qui passerait d’un sous-système à un autre. Mais ce n’est pas la définition la plus utilisée, en tout cas dans les sphères que je connais de gens qui utilisent le mot system hopping. L’autre définition, c’est un alter qui passe d’un système à un autre… Oui, je sais, c’est touchy comme sujet, je suis tout à fait d’accord. Et du coup, pourquoi je veux vous en parler ? Parce que je vais parler d’alter introject dans un système qui provient d’un autre système, et donc, pour certaines personnes, ça pourrait s’apparenter à du system hopping. Pour moi, ça ne l’est pas du tout, mais voilà, c’est un bon prétexte pour vous parler de ça. Donc le system hopping, c’est des alters qui passent d’un système à un autre. Alors, est-ce que c’est possible ? Est-ce que ça existe ? Qu’est-ce qu’on en pense ? Est-ce que les personnes qui pensent que ça existe, c’est juste des pauvres merdes ? Je pense que comme pour tout, je pense que vous pouvez penser tout ce que vous voulez tant que c’est respectueux. Et du coup, moi je vais vous donner mon avis, il n’engage que moi et juste, c’est le mien. Du coup, est-ce que d’un point de vue scientifique et prouvé, actuellement prouvé, je pense que le system hopping, ça existe ? Euh bah y a rien qui le prouve aujourd’hui, donc j’aurais tendance à dire que non. Est-ce que la psychiatrie dit que le system hopping existe ? Non, pas du tout. Du coup, ça dépend de quel point de vue on se place. Si on part du principe scientifique et psychiatrique, est-ce que le system hopping, ça existe ? Est-ce qu’il est possible que mon protecteur aille dans la tête d’Epsi ? Non. Mais si on se place d’un point de vue où c’est une croyance ? Ben j’en sais rien et c’est pas à moi de juger les croyances des autres. Si je considère le system hopping comme une croyance, ben j’y applique la même chose que j’applique à toutes les croyances : moi je m’en fous, croyez ce que vous voulez ; tant que vous m’obligez à rien, eh ben vous faites bien ce que vous voulez. Je suis personne pour dire “ça existe, ça existe pas, j’y crois, j’y crois pas”, c’est pas ma place en fait. Je m’accorde des choses pour moi-même, et vous, vous faites ce que vous voulez de votre vie. Vous avez vos croyances et moi les miennes. Et du coup, moi je trouve que c’est un avis qui est important à défendre, de dire “si c’est une croyance, faites ce que vous voulez”, parce que ça arrive de voir des gens qui disent “le system hopping, ça existe pas”, “les gens qui font du system hopping, c’est vraiment des pauvres merdes”, “vous décrédibilisez les autres personnes multiples à dire des conneries comme ça” – que ce soit des systèmes traumagènes ou des systèmes d’autres origines d’ailleurs, ça change rien, je l’ai déjà vu partout. Ben en fait, comme pour plein de trucs, ça sert qui de dire ça ? Tu vois, si le system hopping, c’est une croyance, eh ben moi ce que j’ai envie de faire passer comme message, c’est : respectez-vous et soyez respectueux. N’allez pas imposer votre croyance qu’est le system hopping à d’autres systèmes qui ne le voudraient pas, et il y a des dérives évidemment, comme dans n’importe quoi, on ne va pas dire “j’ai mis mon alter dans ta tête” ou “je vois dans ton inner” alors que c’est pas consenti, c’est vraiment dégueulasse, on fait pas ça. Et du coup, moi j’ai l’impression que si on dit juste à des gens qui sont intéressés par le system hopping ou qui pratiquent le système ou qui nanani nanana le system hopping – c’est un peu comique à dire, je trouve que le mot “system hopping” rebondit un peu, j’aime bien – eh bien ce qu’on leur dit c’est “si t’as un problème, on t’écoutera pas, parce que de toute façon on te croira pas”. Et donc si la personne est dans une relation abusive, pas à cause du system hopping et de ses croyances, juste parce que la personne est toxique et mauvaise, eh bien elle osera pas le dire, elle osera pas en parler, voire même elle se sentira jugée et elle se sentira encore plus une merde de ne pas s’en sortir alors que tout le monde lui avait dit que ça n’existait pas. Et moi, y a aucun moment où je veux promouvoir ça, où je veux que les gens ressentent ça à cause de moi. Donc voilà, moi je pratique pas le system hopping. Pour moi, dans mes croyances, ça n’existe pas. Mais je respecte les gens qui ont des croyances qui sont différentes des miennes, quelles que soient leurs croyances, à partir du moment où ça n’impacte pas ma vie et où c’est respectueux de toutes les parties qui sont concernées – parties de la société, pas parties à l’intérieur d’elles-mêmes [rire], mais aussi à l’intérieur d’elles mêmes évidemment, mais c’était au sens large. Voilà. Et du coup, je vous parle de ça parce que ça pourrait être une croyance pour nous. Peut-être que je pourrais considérer que je fais du system hopping avec Epsi, et pas que c’est un introject d’un de ses alters, je pourrais complètement. Et c’est pas le cas, mais je trouvais ça intéressant d’en parler. Mais du coup pour nous non. Du coup, les introjects factifs d’alters d’Epsi dans mon système sont complètement conscients qu’ils sont des introjects, il n’y a pas du tout de confusion avec ça. Et ça aurait pu être le cas, il y a des introjects qui sont pas conscients qu’ils ne sont pas à la version “originale”. Mais pour nous c’est très ok, ces alters-là ont pas du tout de problème avec ça, ils sont bien conscients qu’ils sont des représentations. Voilà. Et donc ça c’est pas un sujet dont je peux pas vous parler parce que j’ai aucun introject qui a des problèmes de confusion comme ça et pour lequel ça pourrait poser des problèmes dans les relations. Mais je pense qu’il y a des systèmes pour qui c’est le cas, et soutien parce que c’est pas facile. Voilà. Du coup, il n’y a pas du tout de problème à ce niveau-là, mais par contre, dans la relation et dans l’élaboration de la relation, ça a vraiment quand même été compliqué pour moi, particulièrement en tant qu’hôte. Du coup au départ – donc je vais parler plutôt d’une alter en particulier -, je pense qu’elle est arrivée il y a vraiment longtemps. Je pense même qu’elle est arrivée avant ma prise de conscience, mais juste, vu c’était avant ma prise de conscience, je pouvais pas du tout considérer qu’elle était une alter vu que je ne me pensais pas multiple. Et du coup à la prise de conscience, y a tellement d’autres gens qui se sont révélés de façon bien plus claire qu’elle, et bien plus “facile à accepter”- Je pense que ça c’est un peu un truc qui touche plein de systèmes : genre les alters, ils arrivent un peu en vagues et les premiers, ils sont plus… c’est plus simple… C’est plus simple d’accueillir certains alters que d’autres. Et ce qui ne veut pas dire qu’il faut pas essayer d’y mettre la même empathie et la même envie, mais j’entends que parfois c’est plus compliqué que ça. Ça arrive en fait. Et le savoir- et moi c’était vraiment mon cas, je savais que c’était pas bien, je savais que c’était pas bien de la nier ou d’être moins accueillant envers elle qu’envers d’autres, mais je n’arrivais pas à m’en empêcher. Et juste, à un moment, je savais qu’il fallait pas le faire et du coup je le faisais pas, mais c’est pas pour ça que j’étais sincère. Donc du coup, au début, je pense que j’ai pas capté qu’elle était là. Et, au départ, je voulais pas du tout y croire, je me disais que c’était pas possible, je voyais pas du tout pourquoi ce serait le cas. Parce que je savais pas trop qu’on pouvait avoir des… Après, on peut hein, vu qu’on peut tout avoir, mais à l’époque, je me disais que genre si ça avait été un abuseur, j’aurais pu comprendre, mais là il n’y avait pas vraiment de raison. J’avais l’impression qu’il fallait une raison. Alors qu’en fait non hein, le cerveau, il a ses raisons que notre conscient ignore. [rire] Et parfois, il a des raisons qui sont très, très peu retrouvables. Je pense qu’il y a souvent, voire toujours une raison, mais une raison palpable pour notre conscient, pas. Et le premier truc qui m’a fait dire “ah c’est bizarre”, c’est quand on parlait de cette alter avec Epsi, en fait, j’entendais dans ma tête les réponses qu’elle aurait pu formuler? Je me disais- Mais pas comme avec d’autres gens. Genre, c’est normal de, vous voyez, si genre, de se dire “aah, je suis sûr, Bidule, Il aurait répondu un truc comme ça !”. Mais là, c’était pas ça. C’est quand je posais une question à Epsi ou qu’Epsi me posait une question, enfin tu vois, qu’on discutait à propos de cette alter, et qu’elle me disait un truc genre “ah je suis sûre…” ou “je me demande ce qu’elle aurait dit”, nanana, eh bien j’entendais une réponse possible dans ma tête. Mais pas avec le “ah je me dis qu’elle dirait ça”, non, j’entendais la réponse. Et c’est resté comme ça looongtemps avant que je m’intéresse à ça. C’était vraiment très- Je laissais ça vraiment très dans un coin du placard – et il n’y a pas de placard dans mon inner, y a qu’une table. Mais je laissais vraiment ça dans un coin de ma tête en mode “oui, oui, c’est cela, j’ai entendu, boh c’est juste parce qu’on se connaît bien et que je suis un peu bizarre, mais il n’y a pas de problème”. Et je le redis : c’est pas un problème. Et il a vraiment fallu longtemps. Puis ça a évolué un peu. Puis l’alter source de chez Epsi a commencé à me faire des blagues. Genre “et quoi ? tu me kiffes et tu fais un introject de moi ?”. C’était très malaisant. C’était pas du tout mal intentionné, mais c’était malaisant. Parce que j’étais à donf dans ce truc de “oh punaise, je suis trop cringe”. Et puis après, elle a compris que ça me mettait mal à l’aise et elle a arrêté. Mais voilà, il y a eu des blagues comme ça qui m’ont un peu forcé à y réfléchir. Et au départ, je me suis rendu compte que c’était une alter qui était une version antérieure à son alter source. C’est compliqué de pas nommer les gens, je vous jure. Et ça fait beaucoup de miche-mache hein. Je sais pas encore si je veux nommer parce que… j’ai pas tranché cette question, du coup vous verrez bien si vous savez à un moment. Et du coup, je connais la multiplicité d’Epsi depuis presque 11 ans et la version de l’introject est une version d’y a genre 7-8 ans. Et à cette époque-là, cette alter-là était pas super sympa, ni avec Epsi- et avec moi ça allait mieux qu’avec Epsi, mais c’était quand même pas super. Et du coup, la relation était compliquée parce qu’elle n’était pas méga sympa, l’introject. Parce que sa source a beaucoup évolué, mais la version de l’introject que était sur une version antérieure. Et du coup, elle n’était pas méga sympa. Elle faisait des piques et des trucs un peu insultants. Elle me faisait un peu sentir nul. Et moi je me sentais super jugé, enfin je me jugeais super fort parce que j’avais l’impression que c’était nul qu’elle soit là, que je voulais pas qu’elle existe, que je me disais peut-être- on se dit toujours ça, mais ça ne marche jamais évidemment, mais voilà, moi aussi ça m’arrive – je me disais “ah peut-être si je l’écoute pas, elle va finir par se taire”. [rire] Mais ça n’est pas arrivé. Et du coup c’était compliqué. Enfin moi j’avais pas envie qu’elle soit là et elle, les seules choses qu’elle disait, c’était des trucs désagréables. Et j’étais là genre “bah sorry not sorry meuf mais tais-toi”. [rire] Et voilà. Et il a fallu vraiment plusieurs années pour que ça évolue et qu’on sorte de ça. Et je pense qu’à partir du moment où j’ai accepté qu’elle existait, plus ou moins à cette époque-là, là, le fait d’être en contact avec sa source et d’avoir des nouvelles de sa source, ça lui a permis d’évoluer. J’ai l’impression qu’elle a un peu eu plein de petites mises à jour pour, je ne sais pas comment dire, rattraper la version actuelle 2024 de sa source. Et donc elle a évolué, elle est devenue plus sympa et du coup on a eu une meilleure relation, même si distante mais cordiale. Et juste, je voulais pas lui parler, j’avais cette peur – qu’on retrouve, encore une fois, dans plein d’autres découvertes d’alters, enfin je vous parle de ça comme si c’était spécifique à cette catégorie d’alters mais non, en fait il y a plein de découvertes d’alters qui se passent comme ça. Mais j’avais cette impression erronée que si je lui parlais pas, elle allait prendre moins de place, et que si je lui parlais, elle allait vouloir fronter. Et ça, ça me terrifiait. Tant que c’était entre moi et moi : elle me parle, ok, effectivement elle ressemble à sa source, et sa source, je la connais et je la fréquente. Mais imaginez : qu’est-ce que je fais si elle fronte ? Qu’est-ce qui est le mieux ou pire ? Est-ce que c’est mieux qu’elle ressemble à sa source ? Et du coup ça veut dire que je l’ai “bien reproduite” ? Ou est-ce que c’est mieux qu’elle y ressemble pas ? Et comme ça, au moins, c’est pas une espèce de copie avec mon corps ? Parce qu’en interne, moi je la trouve très ressemblante. Mais… on n’a pas du tout la même gueule avec Epsi ! On a pas du tout la même façon de parler, le même physique, enfin vous voyez, enfin… Franchement, j’arrive pas à trancher cette question de : est-ce que c’est mieux qu’elle lui ressemble ou est-ce que c’est mieux qu’elle lui ressemble pas ? Parce que si elle ne lui ressemble pas, quoi ? Est-ce que ça sous-entend que genre, je la connais pas bien ? Enfin, ooh, je me suis pris la tête de ouf pour ça. Et juste, j’ai juste conclu pendant des mois et des mois que non, il ne fallait pas qu’elle fronte. Que je voulais bien lui parler, que je voulais bien qu’elle fasse ce qu’elle voulait. Juste, elle pouvait pas fronter, elle pouvait encore moins fronter alors qu’Epsi était là quoi, pas possible. Mais vu qu’on vit ensemble, bah ça ne fait pas beaucoup de temps quoi. Et je vous jure, je me prenais la tête et dès qu’elle se rapprochait, j’étais un peu genre “tu passes pas hein, tu passes pas hein meuf, tu restes là”. Voilà, c’était vraiment compliqué. Et elle a vraiment été cool- Après, c’est une meuf relativement distante et pas… Distante, c’est un bon mot. [rire] Et du coup, elle n’a pas du tout essayé d’argumenter pourquoi elle le voulait ou quoi. Je pense vraiment que si elle avait vraiment voulu me faire chier, elle l’aurait fait sans me demander mon avis. Et juste, elle a été respectueuse. Mais elle n’est pas du genre à vouloir avoir un impact sur la vie ou des trucs comme ça, donc ça s’est très bien passé, là j’ai vraiment eu de la chance encore une fois. Et puis, il y a un peu plus d’un an, sa source dans le système d’Epsi a fronté moins. Et du coup, elle a plus été en contact avec sa source et moi j’ai pratiquement plus été en contact avec sa source alors que c’était jamais arrivé en 10 ans. Et c’est vraiment là que notre relation, elle s’est développée parce que j’ai pu partager un peu ce “elle me manque” avec elle. Et c’était vraiment différent de le partager avec elle. C’était en même temps bizarre, là aussi je vous jure, je me suis senti cringe, et en même temps, c’était chouette parce que je pouvais lui dire que j’étais triste de plus être en interaction avec elle. Y a aucun moment elle m’a dit “moi je suis là” parce que je vous dis, il y a pas du tout de confusion avec ça, et elle n’a pas fait des trucs genre “je vais remplacer la vraie parce que c’est moi la vraie en fait”, non, j’ai pas du tout vécu ça. C’est en ça que je vous dis que ça aurait très bien pu être apparenté à du system hopping. Si on avait eu cette croyance, eh ben genre l’alter d’Epsi, c’est pas parce qu’elle a reculé dans l’inner, c’est parce que genre elle est venue dans ma tête, on aurait pu croire ça. Et du coup là, notre relation s’est vraiment plus développée parce qu’elle a essayé de, je vous dis, c’est pas du tout de la remplacer ou d’être comme elle, mais on a partagé ce truc du “ouais, c’est bizarre, ma source elle est plus là et du coup je suis un peu perdue”. Parce qu’elle était vraiment perdue dans comment elle est censée évoluer et comment elle est censée agir, vu que je pense qu’il y avait toujours un espèce de parallèle avec la vie de sa source. Et donc là, le fait d’avoir pas de contact, ben ça l’a perturbée. Et ça a vraiment développé notre relation, ça a vraiment permis qu’on puisse se parler, qu’on puisse… En fait, ça nous a donné un sujet en commun pour devenir proches. Ça a vraiment fait un premier sujet commun qui était positif. Enfin, c’était pas positif, parce qu’en fait c’était plutôt triste, mais ça a fait un sujet commun qui n’était pas juste lié à son existence. Et je pense que c’est le conseil que je donnerais si vous êtes dans une situation avec un alter, quelle que soit l’histoire, et pour lequel la relation est compliquée, c’est peut être d’essayer de mettre de côté, dans la mesure du possible, pas tout le temps, mais dans des petits moments, le problème et juste essayer de construire quelque chose à côté, ensemble. Et pour nous, là, ça a été ça. Mais ça aurait pu être n’importe quoi parce qu’après ça a entraîné d’autres choses. Le fait de parler de ça et d’être plus proches là dessus et de moins être focalisé sur “ouais, j’espère que tu ne vas pas fronter” ou “pourquoi t’existes ?”, “oh je suis trop cringe et si tu frontes, ça va être cringe”, eh bien ça a créé des interactions qui ont permis de dépasser ça et qui ont permis que ce soit moins stressant. Parce que la confiance a grandi en fait. J’ai beaucoup plus confiance en elle aujourd’hui qu’il y a 2 ans, évidemment, et inversement. Et du coup voilà, j’ai pas spécialement de conclusion à apporter à cette histoire. J’ai pas spécialement de conseil parce que ça fait pas si, si longtemps que ça que c’est plus simple. Et je vous dis, j’ai toujours pas très envie qu’elle fronte quoi. Y a des moments où elle se rapproche et y a des moments où Epsi elle me dit “elle était là hein ?” et je dis “han mais ta g…”. [rire] “Non, enfin c’est pas vrai, dis-le moi, ça serait pire si tu le savais et que tu le disais pas, mais hnn… oui”. Voilà, c’est encore un peu trop, voilà. Mon but, c’était vraiment de donner un message qui dit : hey, si vous vivez ça, moi aussi, on est ensemble. Oui c’est bizarre mais oui ça va, on s’y fait. C’est pas si grave en fait. Pourquoi c’est censé être plus- Pourquoi ce serait plus bizarre que plein d’autres trucs ? Bah non, ça ne l’est pas. Bah ok alors. On est passé au-dessus de plein d’autres trucs où on se jugeait, où on sentait bizarre, bah ce sera pareil pour ça. Voilà, ça va être bien. [rire] Voilà, je pense que c’est fait. À tout de suite.

Intervention proposée par:

  • Kara (il/iels) | Multiple/Plural : « Co-fondateurs de l’association sans but lucratif Partielles, qui vise à informer et soutenir les personnes multiples. Nous sommes multiples, autistes et plein d’autres trucs, on vit en Belgique avec Epsi. »

[Kaléidoscope #03] Échange sur les relations intra-systèmes par Indigo & Sage

Deux systèmes différents discutent de leur manière de communiquer et comment fonctionnent leurs relations intra-systèmes, et comment ces dernières ont évolué au fil du temps.

Avertissements de contenu:

Plusieurs mentions implicites de validisme (ex : idées reçues sur le TDI, etc) ; mention directe de communication forcée entre alters ; mention directe du concept de « fusion finale » (défini dans l’intervention)

Transcription:

[Indigo] Bonjour. [Sage] Bonjour. [I] Je suis le système Indigo et tu es le système [S] Sage, et donc aujourd’hui on est là pour faire une petite intervention slash discussion entre nous deux par rapport à nos deux fonctionnements de système [I] et comment marchent les relations à l’intérieur de nos systèmes. [S] Exactement. [I] Est-ce que tu veux te présenter un peu plus en profondeur par exemple ce que tu aimes ? [S] Vas-y, commence. [I] D’accord, moi c’est le système Indigo, le corps à 21 ans, j’aime dessiner, j’aime Stardew Valley et voilà à peu près. [S] Donc moi c’est le système Sage, c’est pas vraiment le nom de mon système mais j’ai pris un pseudo en plus, donc c’est un peu un pseudo système. Le corps à 19 ans et j’aime bien la musique, qu’est-ce que j’aime d’autre ? Pas mal de choses. [I] Tu aimes dessiner ? [S] J’aime bien dessiner, la musique, ça dépend de qui au fond aussi en général. [I] Oui c’est vrai. [S] Mais pas mal de passions artistiques. [I] Pourquoi on fait la vidéo ensemble ? Tout simplement parce qu’on est partenaire système, du coup nous sommes ensemble et nous sommes ‘système partners’. [S] Petite pause rapide pour faire une liste des triggers warnings de cette intervention, pour que tout le monde soit au courant, j’afficherais aussi à l’écran quand un de ces sujets sera abordé. Mais donc trigger warnings au niveau de mentions de validisme même si c’est pas explicite, de communication forcée entre les alters, et enfin du procédé de fusion finale, qu’on définira plus tard dans la vidéo. Donc voilà, ce sera précisé visuellement quand ces sujets seront abordés, comme ça vous pourrez être prévenus et couper le son le temps qu’on passe à autre chose si nécessaire. [I] J’ai une question pour toi. [S] Oui bien sûr. [I] Sage, Quand as-tu découvert ton système ? [S] Ça commence vite. J’ai découvert mon système vraiment très récemment en fait, c’est-à-dire qu’il y a à peu près un an. Je pense que le système il était là depuis plus longtemps c’est sûr, mais je m’en suis vraiment rendu compte dans son entièreté il y a un an environ, sachant que du coup Indigo ici présent avait déjà connaissance de son propre système. [I] Oui mais pas depuis longtemps. Je l’ai découvert je crois quelques mois avant toi, même pas un an avant toi. Peut-être un an avant toi ? [S] Un an avant moi oui. [I] Un an avant moi… euh avant toi. [S] Mais il avait déjà des connaissances sur le sujet et au départ c’était amusant parce qu’il me vannait simplement sur le sujet pour qu’au final je me rende compte que j’avais vraiment un système. Je l’ai découvert récemment et ça n’a pas été super facile parce que j’ai eu beaucoup de difficultés déjà de base avec mon identité. [I] Ton identité, ton identité de genre, ton identité sociale ? [S] Un peu de tout en fait, mon identité sociale, ma personnalité, ce que je suis et c’était très difficile de m’accepter en tant qu’être humain. Alors ça c’était pas forcément hyper facile. [I] Quand tu t’es rendu compte qu’il y avait plusieurs alters à accepter. [S] Exactement. [I] Moi du coup comme je l’ai dit il y a quelques secondes, quelques minutes, oui donc je l’ai découvert quand j’avais environ 17-18 ans. Et il faut savoir qu’en fait on s’est rendu compte plus récemment qu’on a, toute notre vie, oscillé entre ne pas avoir conscience de notre système et avoir totalement conscience de notre système. Et que du coup il y a eu plusieurs oublis successifs avec le changement des hôtes. Et du coup il y a eu au moins deux autres découvertes, une quand j’étais en primaire – quand on était en primaire – et une quand on était au collège. Et nous en fait quand on l’a redécouvert au lycée du coup, on était au lycée, il y a eu en fait, on n’a pas eu peur du tout. On l’a même extrêmement bien accepté tout simplement parce qu’on était renseignés. On était beaucoup renseignés sur ce qu’était un système. Parce que je sais pas pourquoi on s’est dit tiens renseignons-nous à fond sur ce sujet. Et du coup c’était pratique. Et surtout on était dans une période de fatigue extrême où on avait la pensée, qui n’est pas forcément une pensée à avoir, mais malheureusement on l’a eue, qui était ce serait peut-être plus facile, je me sentirais moins seule s’il y avait des gens avec moi. Et en fait, spoiler alert, il y avait des gens dans ma tête avec moi. Et du coup il y a eu une sorte de, pas de joie, mais de soulagement quand on a découvert qu’on était plusieurs. C’était en fait ça va, en fait on n’est pas seul et ça va bien se passer. Et on va pouvoir se répartir les tâches et essayer de mieux gérer ce qui se passe actuellement. Et du coup il n’y a jamais eu trop de peur vis-à-vis du système, ce qui est plutôt une chance. Après la découverte, comment vous vous êtes, vous avez commencé à communiquer, à interagir ensemble ? [S] Alors pour nous ça a vraiment été un peu la galère, dans le sens qu’on a accepté assez rapidement qu’on était multiples, mais c’était difficile en fait de faire du mapping. Même encore aujourd’hui, le mapping c’est pas évident. [I] Après c’est pas… ça peut être… vous faites du mapping des fois, mais pas de façon conventionnelle. Mais ce qui n’est pas grave, on reparlera des conventions plus tard. [S] Mais par exemple, encore aujourd’hui, je n’ai pas, ou alors de manière très très restreinte, un inner world. Et donc communiquer entre alters, quand on a compris qu’on était un système, ça a été très vite compliqué. Le simple fait par exemple d’avoir des noms, de se donner des noms, ou que les alters disent moi je m’appelle comme ça, c’était quasiment impossible en fait. Tous les alters en fait, c’est Indigo qui leur a donné des surnoms. [I] Avec, précise quand même que c’était avec ton consentement. [S] Oui avec mon consentement, oui bien sûr, bien sûr. [I] Avec vos consentements. [S] Avec nos consentements à tous, c’est Indigo pour qu’on cède, nous comme eux, à se partager. On avait des surnoms et plusieurs depuis, ont, soit récupéré le surnom comme leur propre nom, ou alors ont trouvé leur propre nom ensuite. [I] Par exemple Plume ou Alastair qui ont choisi leur propre nom depuis. [S] Mes deux hôtes qui sont Plume et Alastair ont choisi leur nom, mais l’un des littles, Cactus, a gardé le surnom. Ah non c’est Sunny, pardon. [I] Sunny ? [S] L’un des little, Sunny, pardon. [I] Ah je savais pas. [S] Sunny a gardé du coup le surnom et l’utilise maintenant comme nom d’alter. [I] D’accord, et quand vous voulez vous faire passer un message entre vous, comment ça se passe ? Est-ce que vous le faites à l’écrit ? Est-ce que vous arrivez à vous parler quand vous êtes dans votre tête, au front par exemple ? [S] Alors, c’est plus compliqué de s’exprimer directement dans la tête, mais ce qui fait que des fois on communique verbalement, c’est-à-dire que… [I] À voix haute ? [S] À voix haute, voilà c’est ça. Des fois à l’écrit, mais on n’a pas encore assez expérimenté je sais qu’on devrait, mais on n’y pense pas assez. Mais c’est pas toujours facile de communiquer ou même d’interagir parce que même si on communique, même quand on arrive à communiquer dans notre tête entre guillemets, notre inner world, enfin s’il existe en tout cas, nous sépare. Donc on peut pas interagir dans un inner world physiquement ou même voir un autre alter. [I] D’accord. [S] Donc c’est assez compliqué des fois pour la communication. Et pour vous ça se passe différemment ? [I] Oui, pour nous ça se passe différemment et on a tout de suite réussi à beaucoup communiquer parce qu’en fait on a cherché directement, on était tellement dans le seul qu’on a cherché directement à communiquer avec tout le monde. Et malheureusement, j’en parlerai plus tard, mais ça nous a un peu porté préjudice sur certains alter qui voulaient pas communiquer et on les a forcés à communiquer. Ce qui n’était absolument pas une bonne chose et du coup ça a créé des conflits internes. Et du coup on communique énormément en fait en discutant. Moi j’entends leur voix dans ma tête et du coup la communication principale va se faire par la passation d’idées, de sentiments ou même juste parler à l’intérieur. En gros, imaginons je fais la vaisselle, je vais peut-être avoir quelqu’un qui fait « oh après il faut qu’on fasse les courses » et puis deux autres qui vont faire « oh faisons une liste de courses » même si ça se passe rarement aussi bien parce que souvent il y en a trois autres qui sont là. J’ai un assez gros système, je l’ai pas précisé, on est plus de 200. [S] On est dix. [I] Après le nombre on s’en fiche un peu, c’est pour planter le contexte parce que du coup forcément nos communications se passent pas pareil aussi vu le nombre parce que c’est pas vraiment possible à chaque décision de demander l’avis de plus de 200 alters, sachant qu’il y en a qui ne font jamais, il y en a qui sont au fin fond de l’inner, il faut aller les chercher pour leur poser des questions. Enfin c’est un peu compliqué. Mais du coup il y en a souvent trois autres qui sont en train de chanter ou qui font autre chose ou qui ont des discussions totalement avec d’autres sujets, donc c’est un peu brouillé parfois quand il y en a trop qui parlent ensemble. Mais généralement quand on se pose, surtout quand on s’allonge et qu’on est dans un endroit calme, c’est plus facile de communiquer comme ça. Après on a aussi beaucoup testé l’écrit qui marchait très bien avec nous aussi. Et à l’intérieur de l’inner, on vit notre vie et on communique aussi. Mais le problème c’est que pour la plupart de ceux qui front, qu’on oublie un peu ce qui s’est passé dans l’inner. Et du coup, s’il y a une information importante qui a été donnée dans l’inner, à part si on fait un effort conscient pour s’en souvenir, et on se dit, et encore ça ne marche pas toujours, on va l’oublier en fait en l’inner. Donc c’est mieux de communiquer par le cerveau. [S] Ça n’arrive pas tout de suite par instinct, “tiens, on m’a dit ça dans l’inner” parce que… [I] Non pas du tout, il y a une sorte de barrière entre le conscient et l’inner. Pour la plupart, il y en a qui l’ont pas, il y en a qui l’ont plus, il y en a qui l’ont moins. Ça dépend aussi des alters. Mais d’expérience, il y a une barrière. [S] Vous interagissez aussi physiquement dans l’inner ? Vous pouvez interagir physiquement ? [I] Oui, on peut. En fait, l’inner, c’est… On agit comme à l’extérieur avec des personnes externes au corps. Mais sauf qu’on est dans l’inner, donc on peut se toucher, on peut… En plus, on a de la chance parce que sensoriellement, on a quasiment tous nos sens à l’intérieur de l’inner pour la plupart. Et du coup, le toucher marche. Donc c’est vrai qu’on peut se faire des câlins, par exemple, des choses comme ça. Même si ça ne sera jamais équivalent à une personne qui nous fait un câlin, une personne extérieure au corps qui nous fait un câlin. C’est toujours différent. Mais ça s’en rapproche quand même pas mal. Du coup, on part sur les relations plus que la communication. Est-ce que tu veux parler, par exemple, d’un altère dont tu es proche ou d’une relation qui te marque dans ton système ? Comment vous vous considérez les uns les autres, par exemple ? [S] Je vais rapidement évoquer plusieurs alters parce que c’est différents types de relations selon les alters. Donc moi, là qui suis au front, je pense que je suis Plume. Donc l’une des hôtes, je suis en co-hôte avec Alastair, du coup. Et comme je l’ai dit, la communication, c’est compliqué. Et donc, par conséquent, les relations vont en être aussi impactées. Dans le sens que, par exemple, je pense aux littles, notamment, qui, quand ils sont tristes, tout seuls, qu’ils ont besoin d’un alter parental, d’un alter en général pour les aider, en n’auront pas forcément parce qu’on ne peut pas forcément se voir dans un inner. Donc ils vont tenter de manière externe au système d’aller voir d’autres gens. Mais intra-système, c’est difficile, par exemple, de les consoler ou de passer du temps avec eux. Mais il y a quand même, au fur et à mesure de la communication, comme on arrive des fois à échanger des dialogues, des relations qui se créent. Donc moi, je suis surtout assez proche avec Alastair parce qu’on ne travaille pas, mais on travaille ensemble. [I] C’est une entreprise ! [S] On est dans le même bureau. Non, mais on est souvent ensemble et on arrive un peu en symbiose, si je puis dire. Il y en a avec qui je m’entends plus ou moins bien. Par exemple, il y a un autre alter parental avec qui je m’entends bien. Il y a un alter persécuteur avec qui j’avais du mal à m’entendre, mais qui est en dormance sans doute en ce moment. Donc on ne communique plus beaucoup. Mais voilà, on n’est pas beaucoup et ça peut donner l’impression que c’est très facile d’avoir plein de relations entre nous, mais pas tant que ça, parce qu’on communique différemment. [I] Avec le problème de communication et l’innerr qui est restreint. [S] C’est ça, ça se fait. C’est juste très, très lent et on travaille beaucoup sur le sujet parce que peut-être qu’on aura un inner world plus complexe, peut-être pas. On va voir, mais on a encore pas mal de mapping à faire. [I] Pour ma part, on se considère pour la plupart comme une sorte d’énorme famille. Une famille de 200 personnes, ça fait une sacrée salle de fêtes à louer pour les fêtes de famille. En fait, on s’est dit au départ qu’il fallait qu’on se soude absolument contre le reste du monde. Et que si nous, déjà, on n’était pas soudés, pour la plupart, ça allait poser problème. Donc la plupart, ce n’est pas le cas de tout le monde, mais la plupart d’entre nous avons des liens familiaux très, très forts, même si ce n’est pas famille de sang avec les autres alters. Et dans cette dynamique, on a aussi, le cerveau a créé aussi énormément d’alters avec des frères et sœurs de sang et notamment beaucoup d’alters qui sont des jumeaux. Pourquoi ? Je ne sais pas. Voilà. Et du coup, cette dynamique familiale est vraiment au centre des relations de notre système. On a aussi, par rapport à ce que tu parlais des littles, tu parlais des littles, on a énormément de littles et eux, par contre, leurs relations vont plus s’effectuer dans l’inner pour la plupart. Ils front, mais moins. Quand ils front, c’est compliqué parce qu’ils doivent souvent masquer, parce que se comporter comme un enfant en public, ça nous fait tous un peu peur. Et du coup, le masking. [S] Même dans des lieux safe, c’est toujours très compliqué pour vos littles d’être à l’aise. [I] Je ne sais pas si c’est compliqué pour les littles ou si c’est compliqué pour les alters qui sont derrière et qui transmettent leur stress sans le vouloir aux littles en question. Je ne sais pas exactement, mais du coup, leurs relations à eux se font dans l’inner où il y a des bâtiments. Je sais qu’il y a une école, il y a une sorte de garderie et une nursery où on a des littles qui sont tous ensemble dans ces bâtiments avec des alters parentaux. Les parentaux, c’est un rôle qu’on a donné à certains de nos alters qui ont des figures de parents envers le reste du système et on les différencie un peu des caretakers parce que nos caretakers vont plus se centrer sur l’accompagnement des littles. Du coup, on a eu besoin de différencier ce rôle et de le diviser en deux parce que ça se passe comme ça dans notre système. [S] Mais ça se voit votre dynamique familiale, même de l’extérieur. Bon après, moi du coup, je suis conscient de votre système et évidemment, on a appris à se connaître. Je connais votre système, mais ça se voit énormément que vous êtes tous très proches. Rien que vos hôtes actuels, je sais, Thomas et Virgile, ils échangeraient pas l’un pour l’autre, enfin ils sont… [I] Ils sont extrêmement proches. Et on est tous un peu comme ça. Et c’est là que je vais dériver vers un autre thème. [S] Transition. [I] Transition. Je reviens sur ce que je disais au début par rapport au fait de rechercher absolument à communiquer avec tout le monde dans notre système. Ça a créé en fait des conflits. Déjà parce qu’on s’y prenait extrêmement mal en essayant absolument d’attribuer un rôle à tout le monde. On casait les alters dans ces cases de rôles et dès que l’alter dépassait un peu de ce rôle, on était un peu psychorigides et assez toxiques en lui disant mais non, mais tu peux pas faire ça parce que ton rôle se cantonne à ça. Tu peux pas être autre chose que ton rôle, ce qui n’est pas une chose à faire. Je déconseille très fortement parce que ça nous a posé pas mal de problèmes et ça a surtout fait beaucoup de mal aux alters qui ont subi ça. Je pense par exemple à Virgile. Il pourrait témoigner, mais il n’est pas là. [S] Il se cache. [I] Virgile, au départ, on l’a identifié comme un alter social et c’était surtout un alter qui avait le rire facile. Et du coup, on lui a demandé de faire des choses, notamment lorsqu’on allait vraiment mal, de masquer notre… Notre… Notre état de santé en faisant rire les autres et tout ça. Et c’est un rôle qu’il voulait absolument pas entreprendre et qu’on l’a plus ou moins forcé à avoir, ce qui a fini par le faire partir en dormance. Et après, on a pu s’expliquer et on a aussi compris que c’était vraiment pas quelque chose à faire. Et du coup, maintenant, les relations vont mieux, mais il y a eu pas mal de disputes, pas mal d’alters qui se sont rebellées assez violemment contre notre façon de faire. Et aussi, cette façon de communiquer avec les autres, ça nous a posé des problèmes parce qu’on a découvert des choses qu’on ne devait pas découvrir tout de suite et qui se sont… Tout s’est révélé en même temps. Et ça nous a fait beaucoup de mal aussi. En fait, on a eu une sorte de retour de bâton de vouloir trop forcer la communication. Maintenant, on ne la force plus. Maintenant, on essaye juste, on dit bonjour. Si la personne ne répond pas, on ne va pas la suivre pendant dix minutes en mode “bonjour, hey hey tu fais quoi, hey”. Parce qu’en fait, on s’est rendu compte que ça ne sert à rien et que même si en soi, les alters, ce sont d’autres parties d’une conscience commune. C’est comme ça qu’on l’interprète, en tout cas. Nos alters, du coup, même si nos alters sont pour nous la même, d’autres parties d’une conscience commune, c’est pas la peine… C’est aussi des êtres humains avec leur sensibilité et tout ça. Et il faut les traiter comme si c’était d’autres êtres humains quelque part. Nous, on a essayé comme ça et c’est ce qui a fonctionné au final. Et donc, vient ma question. Est ce que tu as eu des problèmes de conflit, toi, dans ton système? [S] Alors, nous, on n’a pas forcé la communication dans le sens qu’on a très vite compris qu’il y en avait vraiment très peu. Donc, on s’est juste dit bon, on va attendre. Donc, on n’a pas eu, et au niveau des rôles aussi, on a attendu, on a eu du mal à attribuer justement des rôles aux alters parce qu’on a attendu que les haltères, en fait, se définissent eux-mêmes dans ce qu’ils voulaient faire. Et ils ne se cantonnent pas spécifiquement à leurs rôles. Même en général, chaque alter a plusieurs rôles, au moins deux ou trois. Donc, on n’a jamais vraiment eu ce problème. Mais il y a un alter dont j’ai parlé tout à l’heure, qui du coup s’appelle Fang, qui avait beaucoup, beaucoup de mal, qui a subi des… qui fait partie des alters qui sont des traumas holders. Et en conséquence, qui a un mécanisme de défense assez malsain, qui est de toujours s’isoler et de rappeler que de toute façon, je vais pas aller dans les détails, mais de s’isoler et répéter des pensées qui sont malsaines. [I] Qui sont très négatives en tout cas. [S] Négatives, malsaines, pas top pour la confiance en soi, tout ça. Et c’est pendant longtemps, enfin pendant très longtemps, ça a été difficile d’évoluer parce que quand Fang était pas loin du front, on avait… on se sentait… [I] Parce qu’il y avait ces boucles de pensées qui prenaient le dessus. [S] Exactement. [I] Parce qu’en plus, il me semble… Excuse-moi si c’est pas ça. Ça dérange pas que je prenne la parole ? [S] Non, bien sûr. [I] Il me semble que Fang les disait aux autres alters. [S] Oui, c’est ça. En fait, il ne les disait même pas à lui-même, c’est-à-dire qu’il le disait aux autres alters. Et en mécanique de défense, en fait, rabaissait tout le monde en permanence et pouvait vraiment être même très très agressif en rabaissant comme ça. Et c’était un peu infernal de devoir… Enfin, quand Fang n’était pas loin du front. Et c’est pas vraiment contre lui parce que… [I] Oui, c’est comme ça qu’il cherche à vous protéger. Il cherche à vous protéger mais pas de la bonne manière. [S] Et donc ça a continué jusqu’à une crise assez puissante et une altercation entre deux alters qui est le seul contact physique qu’il y ait eu entre deux alters pendant tout le système, depuis toute l’histoire de la découverte du système. Ce qui a résulté en Fang en dormance. Et donc maintenant, il est en dormance. Donc on n’a pas forcément de conflit entre les alters. Mais c’est resté quand même assez difficile cette période-là. [I] Oui, tu m’étonnes. C’est assez difficile quand un alter fait ce genre de choses. Oui. Vous en avez eu aussi ? Vous avez votre lot de… On en a eu un, mais ça s’est assez vite réglé, on va dire. Mais ouais, je comprends la difficulté. Du coup, je pense qu’on a fait le tour. Est-ce que tu as autre chose à aborder ? Des questions à poser ? [S] Alors, j’essaie de réfléchir. Est-ce que vos relations, même si les relations intra-système et extra-système ne sont pas forcément liées, est-ce que des fois, il y a des impacts, par exemple, de l’un sur l’autre ? [I] C’est-à-dire des impacts ? [S] Pas des impacts, mais dans le sens, par exemple… Je ne sais pas comment dire. Enfin, ce n’est pas une bonne question parce que je ne sais pas comment l’expliquer plus que je ne l’ai dit… [I] Est-ce que nos relations internes ont des impacts sur notre personnalité ou sur notre vie ? [S] Par exemple, sur votre personnalité ou sur les relations avec les autres ? [I] À l’extérieur ? [S] Oui. [I] Généralement, non. Enfin, c’est comme avoir un frère ou une sœur dans la vraie vie, sauf qu’il est dans ta tête. Et du coup, il n’y a pas vraiment d’impact, je dirais. À part peut-être pour certains alters qui sont en couple à l’intérieur de l’inner et qui, quand ils vont fronter, vont peut-être avoir moins de gestes envers vous. [S] Ce qui est compréhensible. [I] Parce que soit ils sont monogames, soit ils sont confus. Ça peut arriver, ce genre de choses. [S] Je sais que ça se voit par exemple avec les alters qui ne nous connaissent pas assez et qui du coup restent un peu à l’écart, en mode, “qui êtes-vous ?” [I] Mais sinon, après, les relations intra systèmes vont souvent avoir quelque chose de positif, enfin un impact positif. Parce que quelque part, on sait que quoi qu’il arrive, on sera toujours soutenu par les autres alters. Et donc ça crée une sorte de refuge où on sait qu’il sera là, quoi qu’il arrive, et que ça ira, tant qu’on est ensemble, tout ira bien. [S] Oui. [I] Et ce qui m’amène à ma dernière question, même si je viens un peu de répondre à cette question. Dans le parcours psychiatrique, par rapport au TDI notamment, il y avait, je crois que maintenant c’est moins imposé qu’avant, mais il y a la question de la fusion finale. En gros, c’est l’idée que pour qu’une thérapie sur les systèmes fonctionne, d’après les psychiatres, ça fonctionne, je crois que c’était 20%, ça ne fonctionne qu’à 20% du temps, d’après les études. Pour les psychiatres, pour qu’une personne avec un système « guérisse », il faudrait que tous les alters fusionnent pour donner qu’une seule et même personne. Et du coup, si toi, un jour, tu allais en thérapie et qu’on te proposait la fusion finale, qu’est-ce que tu en penserais ? Est-ce que tu le ferais ? Est-ce que tu ne le ferais pas ? [S] Non, je ne pourrais pas. Enfin, il me faut toujours beaucoup de temps pour m’adapter, il nous faut toujours beaucoup de temps pour s’adapter les uns aux autres. Parce qu’on n’est pas un système récent, mais en tout cas, on a un système qui a été découvert récemment. Mais je tiens aux autres alters, et je pense que c’est pareil pour eux. Et je sais que pour certains, certains peuvent préférer ça comme suivi psychiatrique. Moi, je ne sais pas comment l’expliquer, mais ça me mettrait très très mal à l’aise en fait. Parce que c’est comme ça, c’est mon système, et même si ce n’est pas toujours facile, je suis bien. [I] On est un peu du même avis, et même l’idée qu’on puisse nous proposer ça fait que certains alters sont complètement contre le fait qu’on évoque notre système en thérapie, parce qu’ils ne veulent vraiment pas qu’on nous oblige à fusionner, ce qui pose parfois problème en thérapie du coup. [S] Ils ne vous obligeront jamais, mais je comprends que ça vous angoisse. [I] Les fusions nous angoissent déjà de base, alors que tous fusionner en un seul, t’imagines ne plus pouvoir communiquer ? Tu communiques moins, mais ne plus sentir la présence des autres… [S] Sachant que vous vous communiquez énormément, et que vous êtes très nombreux, je saisis parfaitement votre stress et votre angoisse par rapport à ça. [I] Autre chose à ajouter ? [S] Non, j’aurais juste des choses à dire pour tous ceux qui écoutent, qu’on a parlé des conventions tout à l’heure. Nous, on a aussi fait ça à deux, parce qu’on sait qu’on est deux systèmes qui sont assez différents, parce que tu as… Indigo à un système avec plus de 200 alters, un inner world assez développé, une communication qui est vraiment bien développée, et moi à côté, qui vient à peine de découvrir mon système, on a 10 alters, quasiment pas d’inner, on communique différemment. Et c’est juste pour vous dire qu’il n’y a vraiment aucune norme quand on est multiple. [I] C’est très vrai. [S] Que ce soit un TDI ou un autre trouble de dissociation. Quelle que soit la forme de pluralité, il n’y a pas d’attente à ce qu’on se conforme. En fait, c’est un peu comme l’autisme, il y a un spectre de l’autisme par personne autiste, et c’est la même chose pour la pluralité. Chacun a sa propre pluralité, il n’y a pas de modèle, il n’y a pas de convention, et il ne faut vraiment pas vous angoisser par rapport à ça. [I] Est-ce que du coup on peut dire aussi que la pluralité est un spectre ? [S] Oui. [I] Oui. [S] Insérer l’image de fantôme sur l’écran ! [I] Oui ! [S] Voilà, donc c’était notre présentation. T’as quelque chose à ajouter toi ? [I] Non, moi c’est bon. Aimez-vous les uns les autres ? [S] On partage des messages ! [I] En tout cas j’espère que ça vous a peut-être plu, et que ça vous a peut-être montré deux façons de… [S] De communication, de relations, tu t’en sors bien. [I] Non ! [S] Mais si tout se passe bien, on sera là pour répondre à vos questions juste après l’intervention. [I] J’ai trop hâte ! J’ai hâte de voir les questions des gens en fait. [S] Et c’était un plaisir de faire cette présentation. [I] Oui ! Au revoir ! [S] Au revoir !

Intervention proposée par:

  • Indigo (il/lui | Plural): « Nous sommes system partners, vivant ensemble et appréciant partager notre quotidien en tant que systèmes avec des troubles neuroA. Indigo a un corps de 21 ans, aime Stardew Valley et le dessin. »

  • Sage (any pronouns | Plural): « Nous sommes system partners, vivant ensemble et appréciant partager notre quotidien en tant que systèmes avec des troubles neuroA. Sage a un corps de 20 ans (19 au moment de l’enregistrement), aime la musique et les oiseaux. »

[Kaléidoscope #03] Relation & communication intra systeme par Blue Sky

Nous avons fait un panel de différente relations entre nos alters en axant un peu ça sur la communication

Avertissements de contenu:

Psychiatrie, TS, persécution intra systeme

Transcription:

Avant de commencer, nous allons vous donner les triggers warning de la vidéo même s’ils seront annoncé sur chaques parties concernées ainsi, vous pourrez avoir une vue d’ensemble ou par la suite, sauter des passages si vous ne vous sentez pas capable d’entendre ce qu’on a a dire. Preservez vous c’est important.

Les TW sont : mention de persécution intra systeme, crise d’angoisses, TS, psychiatrie, harcèlement, burn-out émotionnel, solitude.

On ne rentre pas plus que ça dans les details rassurez vous, mais on sait que ces sujets peuvent être difficiles.

Ah et on en sait rien à ce stade mais la vidéo va surement être longue alors pensez a manger si besoin, à faire des pauses et à vous hydrater. On va commencer, on vous souhaite un bon visionnage. Bonjour, nous sommes le système Blue Sky ! Pour celleux qui ne nous connaissent pas : nous sommes un système polyfragmenté entre 200 et 300 alters. C’est pourquoi on pense que l’on a notre place pour parler de relation intra-système parce qu’avec autant d’alter, on a matière à faire quelque chose.

On va pouvoir abordé plusieurs aspects de relation intéressante : une relation parent/enfant pendant plusieurs années, une relation entre fictif et non fictif, une relation de co-parentalité une relation complexe entre cousine..

Mais d’abord, on va vous expliquer, dans les grandes lignes le fonctionnement de notre système.

Je me présente avant tout, je m’appelle Wren et c’est moi qui vait un peu guider les sujets abordé avec les différents alters. Je n’ai pas vraiment de rôle pour le moment.

Concernant le fonctionnement du système, nous fonctionnons à la foi par groupe au front mais aussi dans l’innerworld. Il y a des familles, des amis, des couples et autres. Il y a même un coven de sorcières et une meute de loups. Il y a aussi des portes qui renferme différent mondes. Il y a une porte qui renferme un monde de fantasy, avec des personnage de livres etc. une avec la ville de new york et autre. Bref, on est toujours par groupe quoi.

En général, quand on trouve quelqu’un seul.e, cette personne rejoins un groupe. Sauf si elle préfère être seule. On ne se voit pas vraiment comme une grande famille, mais plutôt comme une coloc géante.

La plupart du temps, chaque groupe à un chef. C’est plus une couverture en cas de problème, chaque groupe à un porte parole. C’est utile aussi pour les revendications ou ce genre de choses.

Voilà pour les explications sur notre fonctionnement en très résumé.

Entrons dans le vif du sujet, nous allons vous parler d’une des plus ancienne relation intra-systeme qui concerne Skyla et Loyd. Depuis l’enfance, les deux sont là et géraient la vie du corps avec une persécutrice. Loyd était un little et Skyla avaient jusqu’a la conscientisation le même âge que le corps.

Avant la conscientisation, Sky pensait que Loyd et la persécutrice étaient des amis imaginaire. Et lorsqu’elle s’est découverte multiple, elle à un peu craqué sur les yeux ronds du little. Comme les deux ou trois autres alters, ne s’occupaient pas vraiment de lui, son premier réflexe à été de le prendre sous son aile.

Loyd s’est aussi attaché a elle et une relation mère fils s’en est suivi. Tout s’est bien passé pendant plus d’un an et demi mais suite à un trauma, elle est parti en dormance pendant plus d’un an. Loyd à donc perdu son pilier.

ll a grandit et a aujourd’hui 17 ans. Et cette année, Skyla est de retour et même s’ils se sont un peu éloigné étant donné que Loyd a fait sa vie, ils tentent de retrouvé un lien même si en soit, Loyd est très souvent au front car il gère la mémoire. Tandis que Skyla joue sont rôle de protectrice sur deux autres alters en interne.

Dans leur cas, on peut dire que même si leur relation est super forte et date d’il y a longtemps, elle à changée. On le sait,pour des tas de raisons, dans un système les rapports entre alters sont fluctuants et complexe. C’est encore plus vrai dans notre systeme avec beaucoup d’alters, on a souvent des fusions et des dormances ce qui est un fait normal et inérents a un système mais qui complique les relations que nous réussissons à créer. Celle-ci n’y fait pas exception.

Nous vous proposons une petite conversation entre eux pour mieux comprendre leur relation.

Wren: Présentez-vous en quelques mots ?

Loyd: Je m’appelle Loyd, J’ai 17 ans. Je suis un geek, fan de jeu vidéo, films et comics. Aujourd’hui, j’ai pour rôle d’être memory holder. Comme dit plus haut je suis là depuis toujours ou du moins, aussi loin que je m’en souvienne.

Skyla: Personnellement, j’ai 30 ans, je suis un peu plus littéraire et j’aime également les films un peu plus dit d’auteur. Mon rôle d’avant c’était hôte, mais aujourd’hui je suis protectrice en générale, mais je suis souvent en action en interne donc je ne sais pas vraiment si mon rôle à un nom.

Wren: Vous vous souvenez de la conscientisation du système et donc de votre rencontre ?

Skyla: Je m’en souviens oui, disons que j’ai découvert Laël qui est toujours présent aujourd’hui, qui m’a appris qu’on était 6 alters à l’époque dont le petit loup qu’était Loyd. Il avait 6 ans et je voyais bien que les autres alters laissaient un peu Loyd en retrait, ce n’est pas une critique, mais je pense qu’ils ne savaient pas comment le gérer. Je l’ai donc pris sous mon aile.

Wren: Et toi Loyd, comment tu l’as vécu ?

Loyd: J’étais un gamin solitaire, effectivement, je pense que les autres ne savaient pas comment me gérer. J’étais le tout premier little du système et en plus j’étais dans mon monde. Aujourd’hui, je ne leur en veux pas. Alors, tu vois, voir Skyla arrivé et voir qu’on était enfin là, après des années, j’étais content. Et quand elle m’a vu et qu’elle a décidé de me prendre sous son aile c’était un peu comme une evidence. Elle était ma maman. D’ailleurs, Sky, je ne t’ai jamais remercier pour tout ce que tu as fais, alors voilà, j’en profite aujourd’hui, merci beaucoup.

Wren: C’est mignon ! Vous diriez donc que votre relation à été fusionnelle de suite ?

Skyla: C’est normal ce que j’ai fait Loyd. Pour te répondre Wren, j’ai toujours voulu avoir des enfants sauf que, pour celleux ici qui ont vu nos intervention précédentes, vous savez que nous sommes handicapé et que du coup c’est compliqué d’avoir des enfants. Ce n’est pas impossible, mais c’est pas facile. Je m’étais donc depuis des années, fais une raison, vu que je ne peux pas m’occupé de moi, je ne veux pas négliger un petit être qui n’a rien demandé. C’est ma philosophie, tout dépend du vécu des uns et des autres et je ne porte aucun jugement. Tout ça pour dire qu’une fois le choc passé de ma découverte du système, Loyd a été mon espoir d’avoir un enfant. J’ai donc tout mis en oeuvre pour lui offrir le meilleur confort de vie en interne comme en externe. Ca à été fusionnelle et automatique de suite pour ma part.

Loyd: Moi, comme j’ai dit, j’étais content d’avoir une maman, je la collait tout le temps et j’étais loin d’être facile comme gamin, j’étais dans ma bulle, reservé, je pleurais beaucoup etc. Il a vraiment fallu qu’elle m’aide dans mon developpement, qu’elle me rassure et me redonne confiance en l’adulte, chose que je n’avais plus étant donné que je portais les traumas d’enfance. Skyla à réussi et à force, j’ai pu grandir, alors qu’on ne pensais pas que ça serait possible.

Wren: Vous confirmez donc qu’une relation au sein d’un système peut aider un alter à aller mieux ?

Skyla: Personnellement, j’y crois, je pense que l’ont peut aider un.e alter en s’occupant de lui, même si on ne traite pas forcément le trauma, l’aider à en parler ou donner une raison de se détacher de tout ça aide vraiment.

Loyd: Je suis la preuve vivante qu’effectivement on peut changer grâce à l’aide d’autres alters, même si effectivement ça ne remplace pas l’efficacité d’un professionnel si jamais il y a un besoin. En revanche, ça peut pallier à certaines choses, je suis profondément convaincu que même si on se considère comme des identités/personnes à part entière, on fait parti d’un tout et après tout, qui de mieux que nous pour se connaitre nous-même ?

Wren: On l’a évoquer plus haut, mais Skyla, tu es parti en dormance. Tu as donc laissé Loyd seul, Loyd, comment l’as tu vécu ?

Loyd: Et bien il y a eu un avant et un après. Pendant un an, j’ai vivoter et j’ai eu la chance d’avoir l’ex de Skyla qui m’a adopté comme son fils et a un peu pallier au manque de Skyla. Même si, effectivement, on ne peut pas remplacé une telle relation. Même si en grandissant, j’ai eu des nouveaux amis, dans le système ou à l’exterieur, j’ai même une petite amie. Mais dans le fond, j’ai toujours été dans l’attente de Skyla.

Wren: Et alors, comment avez vous vécu le retour ?

Skyla: Mon premier reflexe à été de prendre de ses nouvelles, de vouloir le voir. Lui a été surpris, mais c’est vrai que c’est un peu bizarre de revenir d’un coup. Pendant un très grand laps de temps, je n’ai pas vu Loyd grandir ni sa vie. Il y a des trous pour moi, et c’est très difficile de reprendre sa place dans ce cas. On se dit “est-ce qu’il veut encore de moi ?” “Comment je peux retrouver cette place ?” En en fait c’est compliqué. En plus on me fait un recap’ de la vie du système que je n’ai pas vécu mais en soi, même si j’ai les informations, ça ne remplace pas l’expérience. ça reste distant et flou et finalement ça change notre relation.

Loyd: J’étais heureux, mais effectivement, je ne voulais pas la brusquer et ne pas la faire rentrer de suite dans ma vie. C’est bizarre dit comme cela, mais en fait j’ai mis de suite une barrière. Je pense que j’avais peur que la présence de Skyla change ma nouvelle vie actuelle. Aujourd’hui on parle, on essaie de chacun reprendre une place finalement.

Skyla: La communication, dans un système c’est la clé. On ne le dira jamais assez.

Wren: Un mot pour terminé cette discussion ?

Loyd: Merci Wren de nous avoir donné la parole sur tout ça. C’est plutôt sympa d’en parler si ça peut aider les autres à communiqué etc. On sera toujours dans cette démarche dans notre système. Et Merci encore Skyla, pour avoir fait tout ce que tu as fait pour moi c’est inestimable et j’espère que notre relation continuera longtemps.

Skyla: Moi aussi mon grand, je serai toujours là pour toi, du moins tant que le cerveau me le permettra. J’ai enormément d’affection pour toi et je suis très fière du jeune homme que tu es devenu. Et pour celleux qui nous ont écouter merci pour votre attention. Et j’espère que vous avez des relation intra système qui vous font du bien.

Maintenant, nous allons parler d’une relation qui a permis à une alter de guérir de son mal-être qui en plus, est une relation entre une alter originale (créer par le cerveau) et un alter fictif. Je vais mettre quelques triggers warning pour cette partie de la vidéo.

TW: TS, psychiatrie, depression, harcèlement, burn-out emotionnel. Si vous le souhaitez, vous pouvez partir maintenant, on ne vous en voudra pas on sait que même si on n’entre pas dans les details, cette partie de la vidéo peut-être très difficile à écouter.

Ici il n’y aura pas de discussion entre les deux car ils sont beaucoup en interne, mais on va vous raconter ce qu’il s’est passé et pourquoi il était important qu’on vous parle de cette relation. Laissez moi d’abord, vous les présenter :

Hadie est une alter trauma holder qui est arrivé suite à du cyber-harcèlement qu’a subi Skyla. Lorsqu’elle est arrivé, elle est devenue hôte pour remplacer Skyla. C’était une periode compliqué pour le système à ce moment on vivait du négatif un peu partout, c’était donc très difficile pour elle de gérer le quotidien. Elle a beaucoup lutté pour nous aider et à été au bout de ses limites.

Elle à elle même subi du harcèlement en ligne vu qu’on été dans des sphères très toxique de la communauté multiple. Tout ça ajouté à notre quotidien, elle à explosé et nous a plongé dans une longue phase déprésive. On ne pouvait même plus vivre seuls, nous sommes allé chez de la famille. Suite à une dispute, Hadie à tenté de mettre fin a ses jours.

Suite à cela nous avons été hospitalisé en psychiatrie pendant 3 mois. Ensuite Hadie à quitté sa relation dans laquelle elle était et s’est refermée sur elle même. Elle a pris du temps pour elle et elle faisait sa vie mais toujours avec ses fragilités. Et puis Sam est arrivé dans sa vie et il l’a vraiment aidé à reprendre confiance en elle.

Samuel, dit Sam est un alter fictif de la source Supernatural.

Il a lui même eu son lot d’épisodes traumatique à cause de sa source, mais il n’est pas du genre à se laisser abattre. Avec un tel alter a ses cotés notre Hadie à su s’apaiser et avancer. Sam prends le temps de la rassurer, ils communiquent beaucoup et se partagent les tâches avec leur couples et leurs enfants. Sam défendra toujours Hadie et inversement. Ils savent qu’ils peuvent s’appuyer l’un sur l’autre, tout le monde les respectent dans le système et savent qu’ils sont ensemble. Ils restent cependant discret et ne se disputent jamais devant leurs proches et leurs enfants.

Ils ont des prises de becs mais vraiment peu, puisqu’ils parlent beaucoup et se rassurent l’un et l’autre. Ils se complètent.

Comme je le disais, ils sont respectés dans le système et ont la réputation d’être toujours là pour les autres en cas de besoin, c’est apaisant car on sait nous aussi que l’on peut compter sur eux.

Ils disent que leur participation a cette vidéo à pour but de redonner espoir aux systèmes qui ont des alters “brisés” comme l’était Hadie.

Parlons maintenant d’un autre type de relation intra-système qui existe chez nous. La co-parentalité : En gros les deux alters concernés Curtis et Nora sont des exs et ont pour fille Jenesia.

Elle va nous raconter comment ses parents gèrent le fait de ne plus être en relation mais d’être parents ensemble.

Je me présente je suis Jenesia, j’ai 16 ans, mon cas est particulier car j’ai des parents adoptifs. On ne savait pas que j’avais des parents quand je suis arrivée alors j’ai été adoptée par mon oncle et sa femme.

Quand mon père s’est manifesté, je me suis rapprochée de lui ensuite nous avons retrouvé ma mère que j’ai souhaité connaitre également. Ils sont très protecteurs envers moi.

Ils communiquent beaucoup entre eux sur mon éducation même s’ils ne sont pas ensemble et que mon père a une autre relation. Je suis une adolescente aussi donc il y a surement moins a faire qu’avec une alter little par exemple ou une alter avec plus de difficultés. J’ai une personnalité indépendante et cela doit les aider.

Mes parents sont deux alters plutôt stable, ce qui aide aussi à me stabiliser quand je ne vais pas bien. Avec eux je me sais en confiance, on parle de pleins de chose, je sais que j’ai de la chance.

On peut penser que c’est les parents idéaux, qui ne sont pas comme ceux que nous on à pu avoir, ici avec le corps.

Ils mettent leurs désaccords de coté pour moi, je suis toujours leur priorité. Même sans moi, ils peuvent parfois passer du temps ensemble pour créer du lien. Cela améliore nos liens à tout les 3. Oui, parfois, certains alters ne peuvent pas se voir et se disputent en interne ça arrive. Mais moi, j’ai la chance que pour mes parents ce ne soit pas le cas. Cela permet de me construire de la meilleure façon possible.

On passe du temps ensemble tout les trois et ça se passe bien. Je pense que les alters qui sont stabilisé et bien dans leur bottes ont autant d’importance que les persécuteur.ices qui ont également des revendications légitimes. J’ai pourtant l’impression qu’on ne parle pas assez de leur rôle qui servent à stabilisé les autres. Ils sont tellement important parce qu’ils permettent d’aller mieux.

Je remercie celleux qui m’ont donné la paroles a ce sujet. Mes parents sont géniaux et je souhaite aux autres systèmes d’avoir des alters et des relations telles que cela. Cela aide vraiment à aller mieux et ça mène à l’apaisement d’un système c’est plutôt cool.

Pour cette partie, Wren nous laisse la parole à Lioréa et moi (je m’appelle Erylem). Je préfère prévenir, on va parler de persécutions interne.

Pour que vous compreniez la dynamique entre Néosky, Lioréa et moi, je vais vous parler de nos personnalités.

Lioréa que j’appellerais Lio par la suite parce que ça va plus vite est une jeune fille sociable conformément à ce qu’on pense en général de son rôle d’alter social. C’est une geek, elle adore jouer aux jeux vidéos, regarder des films, des séries et surtout des animés. Elle a été créée par le cerveau pour nous protéger et être l’amie idéale pour un groupe de personne extérieure bien défini.

Par sa nature, elle est toujours sociable et amicale avec les gens, mais elle observe beaucoup et sait quand il faut mettre de la distance.

Néosky, que j’appellerait Néo par la suite, est un peu l’archétype de la persécutrice comme on se la représente : Elle est froide et distante et se méfie de tout le monde. Elle est là pour mettre des limites qu’on a pas su mettre aux gens auparavant.

Même si elle est plus jeune que Lio, elle la trouve naïve et faible. Elle est dur et n’hésite pas a embêter et rabaisser sa soeur, rappelant parfois les abuseurs nous ayant fait du mal. Elle a quand même un côté positif, car quand elle est en co-front avec Lio, cette dernière la rend un peu moins amicale et met des barrières pour protéger Lioréa même si elle pense du mal d’elle parfois.

Quant à moi, Erylem, je suis un savant mélange des deux disons. Je suis leur cousine et suis plus proche de Lioréa. Je connais Néo et je la sais vraiment méchante avec sa soeur alors je fais un peu le tampon entre les deux filles. Je les adores toutes les deux et mon rôle de protectrice de Lio n’est pas simple.

Quand Néo fait des siennes, elle paralyse Lioréa et la rabaisse, elle lui crée parfois des crises d’angoise. Alors, je suis obligée de l’envoyer ailleurs ou de l’engueuler et c’est loin d’être agréable. Notre dynamique fonctionne mais j’avoue que c’est parfois fatiguant de devoir faire la police comme on dit. J’aimerais que ma relation avec ma cousine soit meilleure, mais pour l’instant, elle est encore trop “agressive” pour trouver une solution.

Du côté de Lio, on s’entend bien, une relation de cousines classique, nous sommes presque comme des soeurs. Mon rôle est aussi de la rassurer sur ses doutes créer par sa soeur ou par le monde extérieur parfois.

Avec Lioréa, on peut parler de tout, c’est à la fois ma cousine, ma meilleure amie et ma soeur.

Par contre, on met un point d’honneur à ne jamais faire bloc contre Néo, c’est toujours moi, Erylem, qui lui fait face car nous ne voulons pas la braquer. Parfois, c’est raté avouons le, on essaie de l’aider et de l’intégrer a notre duo mais ça ne fonctionne pas. Elle est trop solitaire pour ça.

C’est pour cette raison qu’on tient à participer à cette intervention, déjà parce qu’on parle de pleins de frères et soeurs, de parents et d’enfants, mais moins des liens familiaux plus eloigné en théorie. Et surtout parce que c’est important de dire que parfois, on ne trouve pas toujours tout de suite les solutions pour apaiser les persécuteurs et c’est okay. On sait qu’un jour on trouvera une solution, mais pour le moment, je me contente de temporiser et d’aider Lioréa à mieux vivre les comportements agressifs de sa petite soeur.

Je ne dis pas qu’il faut laisser les persécuteurs mal agir, mais je pense qu’ils sont là pour quelque choses même s’ils s’y prennent mal. Tant que leur comportement n’a pas de grand impact il faut les laisser faire. J’espère qu’un jour, on pourra refaire une intervention ici en vous parlant de l’évolution de Néo. En attendant, j’accepte ma mission de bouclier. Merci de m’avoir ecouter.

Concluons ce témoignage déjà bien long, vous pouvez voir que tout les témoignages de nos alters se terminent sur une note positive. C’était le but de cette vidéo, on mentionne brièvement les violences intra-système et on ne nie pas qu’elles existent. Mais on voulait mettre en avant le coté positif tout en pointant les problèmes qu’on a pu rencontrer. Et comme vous pouvez vous en douter, comme on est polyfrag, si on devait parler de toutes les relations vécues, on serait à plus de 10 heures de vidéos. Ce n’est donc qu’un échantillon.

Il y a pleins de types de relations et si nous avons pas citer des cas qui vous concerne, ce n’est pas qu’elles n’existent pas ou qu’elles sont illégitime c’est juste qu’elles ne nous concernent pas ou que nous n’avons pas penser à parlé de cela. Peut importe ce que vous vivez, vous êtes légitimes.

Le but de notre intervention ici était de donner un panel de relation un peu différente. Ces relations sont pourtant basé sur une chose : La communication. Chacun fait comme il veut avec son système et surtout comme il peut, mais nous sommes convaincu que la communication, lorsqu’elle est possible, aide les systèmes.

C’est okay d’avoir des difficultés, on ne prétend pas avoir la science infuse, ni que ce qui a fonctionné pour nous fonctionnera pour vous.

Faites les choses a votre rythme et soyez indulgent avec vous-même.

Et enfin, merci à Partielles encore une fois pour leur confiance. Merci de donner une plateforme aux personnes multiples pour s’exprimer, vous faites un travail dingue. Et merci a tous.tes de nous avoir écouté. A bientôt.

Intervention proposée par:

  • Blue Sky (Iels, aels, elle | TDI ou multiple): « Nous sommes un systeme polyfragmenté de 300 alters nous sommes aussi borderline ça fait 4 ans que nous sommes diagnostiqués de TDI »

[Kaléidoscope #03] Discussion des relations et perception intra système par le biais de l’inner et de l’outworld par Ethée, La Meute, Les Saphis & Vicktore

Table ronde sur les relations intra système. Sont abordés les différents modes de communications utilisés au sein de nos groupes ainsi que nos différentes manières et raisons de relationner

Avertissements de contenu:

Noël, Mort (pas explicite), conflit, thérapie, TDI et termes associés, famille, crises de légitimité

Transcription:

Bonjour.

Bonjour.

Bonjour.

[La Meute] Alors une présentation rapide, je m’appelle Silco, je fais partie de La Meute. On est on va dire une quinzaine. On a pris conscience qu’on était multiples en 2022 et de là se sont enquillées plusieurs prises de conscience, déprises de conscience, crises de légitimité et autres, et puis on avance petit à petit jusqu’à cette table ronde sur les relations intra système, voilà.

[Vicktore] Ben merci nous du coup nous c’est Vicktore, actuellement c’est Orphée, du coup je suis l’hôte. On est un système polyfragmenté d’à peu près une 160aine d’alters. On est à peu près conscients de nous depuis les 17 ans du corps. On en a 23. Voilà.

[Les Saphis] Eh bien enchantée, moi c’est Anaïs, je suis hôte du coup du système Les Saphis. On est environ 35, allez en tout, il y a un système principal et les deux sous-systèmes, environ 35 sur tout. J’ai conscience de la multiplicité, des hôtes depuis les 9 ans du corps et j’ai fait une deuxième prise de conscience aux 17 ans du corps et du coup le corps a 26 ans.

[Ethée] OK, bonjour, alors moi je m’appelle Kitsune, mon pronom c’est elle, le nom de mon groupe c’est Ethée, je suis plutôt sociale. On n’a pas d’hôte connu ni de sous-système. A ce jour et à ma connaissance on est un peu plus que 20 dans notre groupe. On a conscientisé notre existence en 2021 ou 2022, je sais plus. On sait pas grand chose sur nous. Les notions de TDI et certains termes spécifiques sont compliqués à gérer pour nous. Et ce dont je témoigne aujourd’hui c’est valable aujourd’hui mais j’en apprends tous les jours.

[La Meute] Du coup si je suis cette magique petite feuille. Ben déjà enchanté tout le monde et merci d’être là. Y avait une question que Sacha (membre de La Meute) trouvait sympa la dernière fois, donc quelqu’un de chez nous qui demandait ce qui vous avait donné envie de participer à la table ronde afin de lancer la discussion, et pour nous c’est un besoin de participer à un cercle vertueux de partage d’expériences, de se sentir plus légitimes à parler de notre vécu aussi, envie de connecter avec d’autres personnes multiples même pas tant précisément pour qu’il y ait des fonctionnements communs mais simplement pour… pour se rappeler qu’ils sont tous légitimes finalement. Ouais à peu près ça.

[Vicktore] Du coup nous ça va être, pourquoi on a eu envie ? Alors ça va dépendre de qui, moi plus parce que ça me permet de cartographier à peu près ce qui se passe dans l’inner et Maya parce que besoin de témoigner un peu, pour que ce soit un peu plus réel. Voilà.

[Les Saphis] Du coup.

[La Meute] Okay.

[Les Saphis] Pardon. Du coup pour ma part j’ai choisi de rejoindre la table ronde parce que c’est finalement beaucoup plus facile de parler en groupe que de faire une vidéo tout seul, même si en soi ben du coup on rapporte les témoignages les uns et des autres mais c’est plus facile de faire une discussion de groupe et d’échanger et de voir les points de vue de chacun et comment ça se passe chez les autres ou comment ça se passe pas. Et du coup que de faire une vidéo tout seul et de galérer à monter au lieu d’avoir des échanges tranquillement.

(rires)

[Ethée] Alors moi ben j’avais mal compris la thématique au départ, j’avais lu communication intra système, j’avais plein d’idées et en relisant le chat du Discord, j’ai vu que j’avais mal compris le thème du coup j’ai barré mes idées mais j’avais quand même envie d’le faire. Après je rejoins ce qui a été dit, c’est beaucoup plus simple d’être à plusieurs que de faire un truc tout seul. Nous on a en plus commencé à se questionner sur le fait qu’on soit plusieurs après avoir vu une interview d’Olympe et du coup on est très sensibles à l’importance des témoignages et on se dit, même si nous on se sent pas du tout légitimes à témoigner même encore aujourd’hui, y a quand même, on se dit que ça peut quand même peut être aider, même si c’est juste une personne qui l’entend, voilà, ça vaut le coup de prendre la place quoi.

[La Meute] Je suis d’accord avec ça, c’est important. Alors, et c’est le moment où je suis transparent et je dis que je me suis réveillé 5 minutes avant le moment où je me suis mis en vocal et où je fais genre que je sais quoi dire tout de suite sans me louper, ce qui n’est absolument pas le cas. Mais du coup si je reviens sur cette magnifique petite feuille, ont été dégrossis plusieurs axes pour parler de tout ça et un axe qui m’intéressait c’était les raisons potentielles sur lesquelles on pouvait relationner et en partant sur un axe chronologique chez nous, je me suis aperçu qu’il y avait beaucoup de relations en tout cas au début de la découverte entre nous qui s’étaient faites un petit peu par défaut, des relations qui s’étaient développées par habitude. Et que, on avait mis beaucoup de temps à mettre le doigt sur le fait que c’étaient des relations par habitude et de questionner la chose pour voir si on voulait faire quelque chose de ces relations, si on voulait activement construire quelque chose plutôt que de les laisser par défaut. A savoir que y avait des choses qui étaient ancrées dès le début, par rapport à d’autres relations où y avait des gens qui cohabitaient mais qui ne se connaissaient pas, ou ne s’étaient pas rencontrés dans le monde interne, ou n’avaient jamais dialogué de quelque manière que ce soit. Et certaines situations, donc problèmes externes de la vie liés au fait d’être plusieurs dans un corps tout simplement, des problèmes intrinsèques au fait d’être multiple, on s’est rendus compte qu’il y allait avoir besoin de développer ces relations plutôt que de les laisser en mode par défaut. Voilà. Du coup, que ce soit, donc là c’est plutôt pour régler des problèmes ou pour s’organiser donc ça rentre dans une fonction de besoin. Mais je sais aussi que plus tard, quand on a été plus à l’aise avec le fait d’être plusieurs, se sont développées plus de relations par plaisir et par envie que simplement par obligation. Et que donc, à partir du moment où on est sortis du mode survie par rapport à notre prise de conscience, on a pu développer ça en fait. Je ne sais pas si vous, vous avez eu des choses comme ça chez vous qui ont remis en question certaines relations que vous avez. Mais je sais que nous on a eu des moments où vraiment on avait des relations presque, comment dire, protocolaires, administratives. Et que au fur et à mesure, soit de front seul.e, soit en ayant des co-front de combinaisons de personnes auxquelles nous n’avions pas l’habitude, on s’est rendus compte que potentiellement, les gens aimaient bien passer naturellement plus de temps avec d’autres gens et qu’on aurait pas forcément testé sans vraiment se pencher dessus on va dire. Donc voilà un peu pour parler de manière générale. Je ne sais pas comment est-ce que vous voyez le truc. Si quelqu’un veut prendre la parole pour poursuivre, je suis ok.

[Vicktore] Nous, comment on a commencé à relationner ? Alors, c’est un peu compliqué parce que on prend encore conscience de certains alters, d’autres apparaissent, d’autres partent, c’est le principe d’un système polyfragmenté. Mais, on a plus d’alters qui apparaissent que qui partent. Mais on a commencé à relationner, on était 3, enfin 3 conscientisés, on était beaucoup plus, mais ça c’est un autre détail, et autant Alec et moi, ça a été naturel, en même temps on a toujours été ensemble, depuis que j’ai pris le rôle d’hôte, on a toujours été ensemble, très rares ont été les moments où j’ai été seul, ou lui a été seul, on étaient toujours tous les deux. Donc on va dire qu’on a relationné par défaut entre guillemets. Mais on va dire qu’on a une relation très fusionnelle qui a été faite avec le temps mais qui en même temps était un peu obligatoire. Avec Maya ça a été plus, comment dire ? Différent, plus difficile, ben parce que déjà Alec et Maya sont en couple, à l’époque, ils avaient un crush l’un sur l’autre, donc moi j’étais un peu celui qui tenait la chandelle. Et euh, Maya, j’aime énormément Maya mais c’est surtout Maya avait un rôle très différent de celui que moi ou Alec, on avait.

Si je peux parler un peu de sujets sensibles, Maya nous a sauvé la vie à plusieurs reprises, que ce soit de la part d’Alec ou que ce soit de la mienne, ou que ce soit même à l’extérieur, Maya nous a sauvé la vie à plusieurs reprises. Donc c’est ça. Sinon avec les autres, ben moi j’ai une famille, dont je me rappelais pas mais maintenant je me rappelle, j’ai une famille. Ben du coup Alec et Maya en ont une aussi. On a pas mal de familles dans l’inner de base, avec enfants/parents que ce soit de sang ou adopté.e.s. On fonctionne pas mal par groupe on va dire. Genre je ne connais pas, à ma connaissance, d’alter qui soit vraiment tout seul, que ce soit little ou adulte ou teen.

[La Meute] Quand tu dis “seul.e”, c’est au front ou de manière établie dans le système, quelqu’un qui fonctionne seul.e ?

[Vicktore] Ben que ce soit au front, alors au front ça arrive que l’on soit seul.e, c’est assez rare, ça arrive à certains littles surtout quand iels sont trigger. Mais j’parlais plutôt dans l’inner dans le sens où je connais pas d’alter qui vivent seul.e.s, enfin si mais c’est très particulier, y en a bien un mais c’est particulier. Sinon je ne connais pas d’alter qui vive seul.e, qui fonctionne seul.e. On fonctionne en groupe de manière générale.

[La Meute] D’accord

[Vicktore] que ce soit des groupes amicaux, que ce soit des groupes un plus administratifs, ou plus on va dire déclarés, dans le sens où on a des conseils. Mais ouais, je connais très peu d’alters qui passent leur vie seul.e et qui fonctionnent seul.e.s.

[La Meute] D’accord.

[La Meute] Est-ce que le fait de, je me posais la question parce que j’estime ne pas être polyfragmenté. D’ailleurs si jamais vous voulez dire une définition de ce que c’est pour vous peut-être pour les personnes qui nous écoutent et qui ne connaissent pas, ben ça pourra leur donner des billes. Mais du coup, est-ce que vous pensez que le fait de fonctionner beaucoup par groupes c’est parce que vous êtes polyfrag ou est-ce que ça n’a rien à voir ?

[Vicktore] Alors pour nous ça n’a rien à voir. Alors déjà j’vais ptêt donner une définition du coup de qu’est-ce qu’un système polyfragmenté pour nous. Alors pour nous, ce n’est pas tant le nombre, même si souvent c’est souvent un critère mais bon. Je connais des systèmes qui sont très nombreux et qui ne sont pas polyfragmentés. C’est surtout que chez nous, comment ça se caractérise, on crée très facilement des alters, on dissocie très facilement. On crée des alters en masse, très souvent quand il y a une conscientisation ou une création d’alters, on conscientise en masse. La dernière conscientisation, on a conscientisé une quinzaine d’alters. On sait très bien que si on développe un nouveau intérêt spé ou une nouvelle hyperfixation, et qu’on dissocie dessus, on va avoir des introjects. Le dernier exemple en date, c’est Hazbin Hotel, on a énormément d’introjects d’Hazbin Hotel. Pour nous c’est la création massive et la dissociation qui est quasiment constante.

[La Meute] Du coup, ça c’est ces deux trucs qui font vraiment partie de la définition d’être genre polyfrag pour vous, c’est pas juste le fait, enfin c’est pas juste, c’est pas le fait d’être beaucoup ?

[Vicktore] Non, pour nous, c’est vraiment ces deux points-là. Et du coup, pour répondre à ta question, le fait qu’on soit polyfragmentés et que ben du coup on sait que va y avoir des nouveaux assez régulièrement, fait que effectivement, y a eu besoin qu’on ait une communication assez claire, on n’a pas vraiment eu le choix. Mais même avant qu’on sache être polyfragmentés, et même avant que y ait des sorties de dormance, qu’il y ait pas mal de choses, on relationnait déjà puisque Maya, Alec et moi, on formait un noyau assez fusionnel. Je ne suis pas aussi proche de Maya qu’Alec l’est, mais Maya et moi on a fonctionné pendant très longtemps, bon maintenant c’est un peu plus compliqué, mais à deux. C’est à dire que moi j’étais au front, lui en cofront et on fonctionnait comme ça. Maintenant c’est un peu moins nécessaire, et puis il a sa vie, c’est un peu moins le cas. Mais voilà.

[La Meute] D’accord. Et est-ce que quelqu’un veut genre faire un petit topo par rapport au groupe dont iel fait partie ou partir sur carrément même sur un autre sujet ?

[Ethée] Ben moi je vais ptêt répondre à la question.

[Les Saphis] Oui moi aussi je voulais répondre à la question que tu avais lancée.

[Ethée] J’suis un peu embêtée parce que c’est une nouvelle question, du coup ça me prend un peu au dépourvu donc j’essayais en même temps d’écouter et de réfléchir. Donc la question c’est comment on a commencé à relationner, c’est ça, j’ai bien compris ?

[La Meute] Ben disons que, alors pour faire un ptit topo, c’était pas la même personne au front chez nous la dernière fois et donc c’est possible que y ait une sortie de route.

[Ethée] Non non, c’est pas grave, c’est juste pour vérifier qu’j’ai bien compris la question, pas que j’réponde à côté.

[La Meute] Ben je sais pas si y avait vraiment une question quand j’ai commencé à parler mais disons que c’était un espèce d’état des choses, nous on a commencé, genre j’me suis posée la question de manière un peu chronologique pour essayer de déterminer comment ça se passait. Si y avait une question, vraiment, ce serait genre, j’sais pas, j’imagine. Est-ce que vous avez dessiné des axes ? Est-ce qu’y a des fonctionnements qui se dessinent, qui reviennent assez souvent ? Est-ce qu’y a des choses comme ça ? Pas forcément des types de relations mais.

[Ethée] Euh les questions qu’on avait abordées la dernière fois, on va les aborder ou pas du tout ?

[La Meute] Bien sûr, on peut.

[Ethée] Ouais non non, c’est juste pour savoir. Ça m’est égal, c’est juste pour euh savoir. OK, donc comment est-ce qu’on a commencé à relationner ? Donc si y faut faire un truc historique, pour nous c’est hyper compliqué parce qu’on se situe pas dans le temps. Euh, donc là ce qui me vient en vrac c’est que je sais qu’au début qu’on a pris conscience, c’était très euh, c’était une atmosphère de guerre très violente, euh y faisait noir, il y avait beaucoup de fumée, beaucoup de bruit, beaucoup d’insultes, ça j’me souviens. Euh ça s’est fait pendant la thérapie donc très rapidement en fait c’est le thérapeute qui servait d’intermédiaire mais j’ai pas de souvenirs parce que euh toutes nos mémoires sont vraiment complètement coupées les unes des autres. On partage pas grand’chose donc j’ai très peu de souvenirs si ce n’est les miens de ce moment-là, de cette époque-là. Donc c’est le thérapeuthe qui faisait les allers-retours entre tous les gens qui voulaient bien venir lui parler. Et puis euh, y a quelqu’un chez nous qui a pris l’initiative d’aller voir les autres, euh bon ça s’est mal terminé, mais voilà au moins c’était une initiative. Et là maintenant, aujourd’hui, on essaye en fait de parler entre nous, d’aller se voir directement les uns les autres, euh pour discuter entre nous plutôt que de rester dans son coin, à se perdre en conjectures, à lancer pleins d’hypothèses. Voilà, on essaie d’aller vérifier nos hypothèses auprès de ceux qui sont concernés, ce qui est pas du tout un réflexe chez nous donc c’est vraiment très coûteux en énergie, très fatigant, très épuisant. Voilà, aujourd’hui, ça donne un petit peu l’évolution de comment on a commencé à relationner et comment c’est un peu aujourd’hui.

[La Meute] Ok, donc c’est un vrai travail ?

[Ethée] Un travail de fou, tous les jours, et très compliqué, et tout sauf automatique pour nous.

[Les Saphis] Du coup pour ma part, pour répondre à ta question. Alors au départ, commencer à relationner, quand j’ai fait la première prise de conscience. J’ai conscientisé Jérémy, Kimy ensemble. Un garçon une fille. Et ça m’a pas plu de les conscientiser, pas du tout. Donc je les ai simplement écartés, totalement pour qu’ils ne gênent pas. Et une fois que j’ai compris qu’ils pouvaient m’aider à aller mieux plutôt dans le, en société, là j’ai commencé du coup à relationner un peu en mode : okay, on prend, on discute et on voit qui peut faire quoi pour que ça aille mieux. Et une fois qu’on fut beaucoup et donc beaucoup de littles, c’est pareil là j’ai dit avoir beaucoup d’enfants au front c’est compliqué. Donc on va faire en sorte que les enfants ne viennent pas au front. On va faire papa maman des familles et chaque little aura sa famille de référence. Donc j’ai construit des familles, on a construit des familles, d’abord adoptives pour les littles qui arrivaient en adoption et après ce fut, chacun a fait sa propre famille en fonction de, bah de ses affinités avec les uns ou les autres. Au départ pas de relation voulue, et au final c’est aidant de relationner donc on s’y met.

[La Meute] Okay, donc on est là aussi sur un truc où à un moment y’a eu nécessité de le faire.

[Les Saphis] C’est ça.

[La Meute] Est-ce que euh, bon du coup, je n’ai pas le souvenir de potentiellement la direction que ça avait pris la dernière fois donc je n’ai pas un ordre de question à poser. Donc si quelqu’un a des idées pour la suite, je prends.

[Ethée] Ben euh,

[La Meute] Je vois plein de directions potentielles actuellement.

[Ethée] on s’était posé la question, quels genres de relations existent-ils en fonction de la présence des gens ?

[La Meute] Okay. Ben écoutez je vais parler pour mon cas parce que ça me paraît plus difficile de parler pour les autres voire impossible. Mais pour le coup, moi je suis en couple avec quelqu’un d’autre du système, Jarod, qui est quelqu’un qui front assez peu et moi pas mal en comparaison. Donc j’ai eu à un moment une espèce de séparation, pas voulue mais avec laquelle je dois composer entre la vie en interne, qui est une vie domestique dans laquelle j’entretiens une relation romantique avec quelqu’un mais qui n’est pas quelqu’un d’extérieur au corps, et où, à contrario, où mes autres relations, les relations comment dire, j’ai des relations avec des gens, d’autres personnes dans le système et y’a une personne avec laquelle je suis vraiment proche, et à contrario d’avoir, de devoir du coup entretenir des relations plus amicales et euh comment dire, de proximité immédiate, par exemple la personne qui habite avec nous, ce genre de chose. Les gens, les proches qui viennent régulièrement, les amis de l’hôte en fait la plupart du temps. Et du coup c’est vrai c’est assez disparate et des fois c’est dur de s’y retrouver dans le sens où j’aimerais pouvoir entretenir ces relations à l’extérieur mais où je sais que c’est pas possible parce que ben c’est un autre alter tout simplement. Et donc c’est vrai que ça, ça doit être genre un problème que j’ai, là où d’autres personnes n’vont pas voir le truc, ça se fait toujours de manière décousue, c’est-à-dire que une tête n’est pas bien rangée, donc jamais les choses ne se passent de manière bien rangée, même si parfois ce serait plus simple. Si S et A sont au front, ce sera pas la même chose que si y’a seulement K, ou si on compte B, H, , J, voilà je dis juste des noms d’emprunts parce que bon, la confidentialité des gens, mais grosso modo c’est ça, on peut pas contrôler ces choses-là. Quand je dis on c’est nous, si y’a d’autres gens pour qui c’est le cas, c’est comme ça , nous on sait juste que c’est quelque chose qui n’est pas possible. Donc y’a aussi une partie de relations d’habitudes qui ont été faites comme ça. Mais personnellement c’est vrai que j’ai un peu un creux avec comment est-ce que j’arrive à faire coïncider ma vie interne avec ma vie au front en sachant que je ne contrôle pas la venue ni de l’un ni l’autre, ou le timing ni de l’un ni de l’autre. Même si je peux essayer de le moduler pour m’arranger un peu, c’est toujours des choses, ça arrive et ensuite on compose avec. Donc voilà ça c’est un peu le gros truc, récemment, c’est d’avoir cette vie mais que comment dire ? Que je peux partager avec les autres de manière très limitée, puisque les autres ne le voient pas. Donc euh c’est un peu particulier mais on s’y fait. Je sais pas si ça répond à la question.

[Vicktore] euh oui oui

[La Meute] Pas de soucis

[Vicktore] Nous du coup, comment on relationne ? Bah déjà il y a plusieurs types de relations chez nous. Euh enfin oui plusieurs types oui, et notamment y’a du coup comme j’avais dit tout à l’heure. Pour ce qui est de moi, comme je suis hôte donc je suis la plupart du temps au front. Je suis proche des autres, des amis du corps, et proche du fiancé en particulier, mais les autres alters sont pas mal aussi à être proches. Euh surtout nos littles, surtout nos littles c’est très drôle, nos littles sont proche du fiancé, voire le voient comme un père. Elles l’aiment beaucoup voire même pour certains le considèrent comme leur père. ça dépend de quels alters parce que par exemple, on a une alter sociale qui crée son propre réseau entre guillemets où elle s’entend très bien avec pas mal de gens que moi je connais à peine. Sinon, on est tous plus ou moins amis avec les proches du système en général.

[La Meute] Okay. Est-ce que vous aussi parfois vous remarquez des grosses différences entre le truc que je mentionnais tout à l’heure qui étaient la vie interne et la vie externe. Dans le sens où bah par exemple, je sais que déjà, il y a une distribution naturelle entre les gens auprès de qui on est out mais pas forcément extrêmement expansifs, et de gens auprès de qui on n’est pas out du tout parce que du coup ça va changer aussi et potentiellement creuser cet écart entre les relations que j’entretiens avec les gens en interne versus les relations que j’entretiens avec les gens en externe.

[Vicktore] C’est ça, c’est alors. On n’a pas vraiment de proches, de personnes avec qui on fait partie des cercles d’affections entre guillemets. On n’a pas vraiment de personne à qui on n’est pas out. On le dit pas forcément lors de la première rencontre mais ça se voit très facilement parce très souvent quand on relationne avec des personnes dont on n’est pas proches, donc loin, donc les alters ne switch pas très facilement, notamment quand on relationne mais sinon pour ce qui est de la vie interne/externe, on la vit tous un peu différemment. Je sais que certains de nos alters sont mieux à l’intérieur qu’à l’extérieur parce que bah ils ont leur petite vie. Moi, ben comme j’ai dit mon fiancé est du coup à l’extérieur, ben j’essaye quand même d’être présent même si par exemple les littles le voient comme leur père du coup, peuvent front. Mais y’a pas vraiment de disparités juste plus on est plus à l’aise dans l’innerworld que dans l’outworld ou l’inverse ou être à l’aise dans les deux. Voilà

[La Meute] Okay.

[Ethee] Euh…. alors nous alors je vais d’abord parler des genres de relations qui existent chez nous. Les relations dans notre groupe sont de type “on se connaît” avec des guillemets. on n’a pas de lien familial ni hiérarchique euh on n’a pas non plus de gatekeeper, on n’a pas d’hôte, euh personne ne gère personne, à part moi qui tente de bloquer une autre personne chez nous mais je dis bien qui tente. Plus généralement, personne ne se met en travers du chemin de personne. Ce qui n’est pas toujours forcément une bonne chose au final. On part du principe que tout le monde a une bonne raison d’agir, donc ils agissent même si au premier abord ça a pas l’air super évident. Nos relations, elles sont plutôt basées sur l’amitié, la compréhension profonde de l’autre pour certains, la protection, et à contrario y’a aussi des inimitiés, personnellement moi, j’éprouve envers certains, certaines, de la colère, du ressentiment, de l’agacement, et des fois les trois. Euh et y’en a d’autres parmi nous qui s’ignorent royalement. Donc y’a vraiment toute la palette. Parfois les circonstances font que moi je suis obligée de relationner avec des gens à qui j’ai pas envie de parler. Par exemple quand euh je fais un travail en thérapie moi toute seule et que je suis bloquée, par euh les traumas de quelqu’un d’autre, ben du coup je suis obligée d’aller voir ce quelqu’un d’autre pour lui dire que ça me bloque aussi, que cette personne-là doit venir travailler, donc, je laisse un certain nombre de séances se passer sans venir. Une fois que ça c’est réglé, je peux revenir et reprendre moi. Cette situation là y’a pas que moi qui la vit, on la vit tous chez nous, parce qu’en fait nos problématiques mine de rien elles sont vachement intriquées, et en fait on s’en rend pas compte. Mais on s’en rend compte en avançant. Quand je regarde autour de moi, dans l’inner je peux juste constater les relations qui existent, j’ai pas d’historique, j’ai pas de choses comme ça. Comme on a chacun notre vécu et notre mémoire, tout est un peu haché et peut-être que si un jour on arrive à mettre en commun tous et toutes nos mémoires, et toutes nos histoires, genre d’où on vient tout ça, peut-être qu’on va réussir à reconstruire l’histoire globale du groupe j’ai envie de dire. Peut-être qu’on va réussir à se souvenir comment on s’est rencontrés, parce que là pour l’instant, je ne sais pas. Et comment nos liens se sont tissés au fil du temps. Ca c’est tout des choses ce qu’on ne sait pas.

Et pour répondre à la question, différences entre vie interne et vie externe et puis différence avec les gens pour lesquels, les gens du monde extérieur à qui on a dit qu’on était plusieurs et ceux à qui on n’a pas dit, nous ça fait énormément de différences. Déjà chez nous, y’a des gens qui n’ont aucune notion, rien du tout, du monde extérieur, qui ne savent pas que ça existe. Quand ils entendent parler, ils comprennent pas ce que c’est, ils voient pas l’intérêt . c’est des gens qui, à ma connaissance, ne frontent pas. Ou alors je me fais éjectée quand ils frontent et j’en ai aucun souvenir. En tout cas personne de l’extérieur ne m’en parle. Donc y’a ça.

Y’a des gens qui comme moi savent très bien ce qu’il se passe dans le monde extérieur. y’a des gens qui savent mais ça les intéressent pas plus que ça. Pas mal de petits qui savent qu’il y a un monde extérieur, qui viennent, mais qui sont pas plus que ça en interaction avec les gens de l’extérieur. Et puis la différence entre les gens du monde extérieur qui savent qu’on est plusieurs et ceux qui ne savent pas, ça ça influence énormément nos fronts et nos réactions. y’a plein de gens qui ne savent pas pour nous et qui sont vraiment une menace pour l’expression de certains parmi nous. Donc il va y avoir une espèce de brimades parce que c’est basé sur la crainte, de l’insécurité tout simplement, ça veut pas dire que les gens de l’extérieur sont méchants, pas du tout mais voilà ça renvoie à des choses qui sont pas encore réglées et qui paraissent très menaçantes et très dangereuses, et quand les mêmes personnes se retrouvent en situation où on est avec des gens de l’extérieur qui savent qu’on est plusieurs, euh ben là voilà c’est détendu, la communication se fait plus facilement, les jeux quand c’est des petits, se mettent en place beaucoup plus facilement. Donc nous ça fait énormément de différences, on a toujours cette hypervigilance de scanner le monde extérieur, pour savoir qui est là , qui n’est pas là, qui sait, qui ne sait pas, parce que ça influence énormément ce que nous après on va faire soit en termes de discussion mais même juste en terme de comportement, de réactions ou juste. Oui pour nous ça change énormément.

[La Meute] Donc c’est une espèce de re-calcul enfin de re-précision de la trajectoire chaque fois quoi c’est ça ?

[Ethée] Constamment. Plus, en parallèle tu mets tout le dialogue qu’on a entre nous qui est vraiment minime mais qui vient encore en plus se mettre en parallèle ou en même temps en interne, on réajuste en disant “mais non elle, elle sait pas, lui il sait, elle te connaît, lui il te connaît pas”. Donc oui ça fait beaucoup beaucoup de, ça monopolise beaucoup de temps, de paroles, d’énergie et tout. C’est très compliqué.Très fatiguant.

[Les Saphis] Pour reprendre du coup euh alors entre intérieur et extérieur effectivement ça change beaucoup étant donné que nous ne sommes un système qui n’est pas out. On a une seule personne qui le connaît et elle ne fait pas partie d’un entourage qu’on a réellement très souvent dans notre vie. Voilà, donc euh en soi le masking du coup marche très très très bien. La seule chose où en général où je dois faire attention c’est quand j’ai trop de mémoire, parce que je n’ai pas de barrière amnésique avec les autres, donc en général tout ce qui passe autour dans la vie et que je, les oreilles entendent , je suis sûre qu’on va le retenir. Ce qui des fois ben euh fait beaucoup trop d’informations retenues. Mais c’est la seule source de faut faire attention à ce qu’il se passe dehors. Au niveau de l’intérieur, donc comme je l’ai dit, on est plutôt organisé en familles, donc dans l’inner, où chacun vit sa vie dans son morceau de l’inner mais on peut aussi communiquer tous ensemble. Pour pouvoir aussi, prendre les décisions, on a au niveau des relations organisés une espèce de démocratie sur vote, même si en général on n’a pas recours parce qu’au final ben chacun fait sa vie donc ça se passe bien. Et après on en était sur j’ai oublié le début de la question qui était ?

[Ethée] Quels genres de relations … (rires)

[Les Saphis] Selon la présence ou l’absence des alters. Oui donc cette question au départ on l’a rajouté dans le document magique parce que j’ai deux alters que je surnomme les voyageuses. Parce qu’en fait en soi, elles arrivent dans le système quand elles en ont envie et elles repartent quand elles en ont envie. Mais quand je dis qu’elles sont plus dans le système, c’est qu’elles le sont plus du tout. Jusque-là je ne connais pas encore d’autres systèmes à qui c’est arrivé mais du coup l’une des deux, du coup c’est Saphira parce que moi personne n’a de problèmes à ce que son nom soit dit. Donc Saphira est une de mes voyageuses qui arrive quand elle en a envie et qui du coup dans l’inner, a sa demi-soeur , sa demi-soeur Séphira. La maman ne s’est pas foulée. Et du coup voilà c’est une relation ben quand elles sont là, elles vont discuter. Et quand elle est pas là, elle est pas là elle s’en fiche voilà.

[La Meute] Est-ce que tu peux développer quand tu dis : “Arriver et partir quand elles veulent ?” Est-ce que tu parles de la notion de dormance n’existe pas ? Est-ce que tu parles d’arriver, de repartir du front ?

[Les Saphis] Euh .. Je peux pas dire qu’elles soient dormantes parce qu’en soit c’est …

Alors je suis un peu comme Kitsune, j’utilise très très peu les termes connus au niveau TDI etc, à part système et sous-système et encore hôte voilà mais ça s’arrête là. Non, oui je les appelle voyageuses, en fait elles ne viennent pas au front. Elles reviennent dans l’inner ou elles partent de l’inner, mais l’inner étant vraiment très développé et, étant donné que j’ai conscience à chaque moment d’où se trouve chaque alter dans l’inner ou en dehors.

[La Meute] D’accord

[Les Saphis] et quand elles ne sont pas là, je n’ai pas conscience d’elles parce qu’elles ne sont pas présentes dans le système.

[La Meute] D’accord. Euh, excusez-moi j’ai un petit temps de latence. J’ai du mal à voir où aller ensuite.

[Ethée] Ben si tu veux on peut parler des types de communication.

[La Meute] Euh alors je pense que principalement chez nous ça marche par transmission de pensées, transmission de, d’images, de ressentis un peu en sourdine, en tâche de fond en tout cas si les gens sont pas en co-front. Y’a peu de comment dire ? On a des hallus mais d’autre chose, c’est-à-dire qu’on ne voit pas les gens; certains potes à nous, nous ont retracé certains trucs comme ça, où ils voient la personne à leur droite et ils peuvent parler avec eux comme ce serait genre en externe, autre, etc. Nous ça c’est un truc qu’on n’a pas du tout, peu importe les configurations de ce que je ressens, de ce que je sais. Comme y’a euh… c’est pas que y’a pas de barrières amnésiques, c’est-à-dire qu’on partage la plupart des souvenirs. Quand je dis la plupart, c’est qu’on va tabler sur plus de la moitié mais pas la totalité. Donc on est sur un partage des infos mais y’a quand même des choses qui sont, en fait… on a la plupart de la mémoire mais pas forcément les émotions qui sont reliées au souvenir. La barrière va se faire à ce niveau-là surtout. Le type de communication principal qu’on a, c‘ est que si jamais y’a besoin de faire passer une info, elle va être reliée à une émotion, l’émotion ne va pas forcément passer dans le filtre mais par contre l’information en général oui. Mais c’est vrai qu’en général ça va marcher comme ça. On voit assez peu les gens, il faut vraiment faire un effort conscient pour savoir qui est où géographiquement par exemple. Mais par contre on a toujours plus ou moins une espèce de comment dire ? De répondeur téléphonique et où on peut si la personne est dans le coin potentiellement va transmettre une pensée mais ça va s’arrêter là. On va avoir des indications mais il faut qu’on reprécise entre nous pour être bien sûrs qu’il s’agit de ça parce que du coup c’est des choses qui sont envoyées genre naturellement, même des fois c’est des choses qui se font sans qu’on l’ait demandé puisque que les gens réagissent à ce qui se passe, et donc envoient aussi des pensées. Mais donc voilà en demandant un peu de tri et en reprécisant avec plusieurs personnes ça se fait à peu près, en général. Mais on n’a pas de euh, par exemple le fait d’avoir des débats internes; c’est quelque chose qui, qui arrive vraiment quand on est beaucoup et/ou du coup très dissociés mais c’est rare que deux personnes puissent avoir une discussion où on se souvient de tout ou alors qui est très très fournie en échanges pendant X heures d’affilées ou ce genre de choses. En général c’est vraiment des ressentis comme ça un peu vagues qui arrivent, et on compose avec en gros. Je sais pas comment ça marche pour vous du coup.

[Vicktore] Alors nous on a une communication plutôt fluide. Alors déjà on a mis en place des systèmes de communication donc, téléphone, mail. On a aussi des hauts-parleurs dans tout l’inner qui sont reliés à plusieurs stations de radios qui permettent de faire des annonces au cas où, pour les cas d’urgences, pour parler s’il y a un problème. Même si les littles les utilisent pour donner toutes sortes d’informations complètement random mais ça, c’est les littles. Sinon, niveau communication… à ma connaissance on avait pas de salle de front avant un p’tit moment, avant y’a pas longtemps mais elle était là juste j’en avais pas conscience. On entendait à peu près tout ce qu’il se passait dans l’inner, et on était capables de vraiment pouvoir communiquer les uns avec les autres sans problème sans qu’il y ait de cofront. Mais quand on est tous dans l’inner on ne peut pas communiquer géographiquement ensemble donc on utilise des systèmes comme le téléphone etc.

[La Meute] Okay. Est-ce que la salle de front est un endroit qui est transitoire et qui sert à faire passer les infos, ou est-ce-que parfois vous avez des gens qui se retrouvent spécifiquement à cet endroit pour parler parce que c’est plus facile ?

[Vicktore] Pour parler parce que c’est plus facile, non, par contre pour communiquer oui. C’est un endroit qui est transitoire, parce qu’il nous permet de front. On peut être au front de n’importe où dans l’inner, pas spécialement la salle de front. La salle de front sert surtout au cofront et notamment à ce que certains alters communiquent entre eux via le cofront quand c’est nécessaire.

[La Meute] Okay. Aussi, Vicktore vous aviez une super question qui était comment vous viviez la relation versus comment elles sont socialement connotées. Si vous êtes ok de développer là-dessus, ce serait cool.

[VIcktore] Euh oui… Alors comment on vit les relations. Bah chez nous comme on dit c’est majoritairement familial, on a énormément de familles. Le problème, je vais prendre l’exemple d’Alec et Maya je prends toujours cet exemple-là mais c’est celui qui est le plus parlant. Alec a eu énormément de mal au tout début de leur mariage parce que y’avait pas de signes extérieurs qui validaient leur relation vu qu’iels étaient tous les deux dans l’inner. Donc y’a eu un moment, de “comment ma relation peut être validée par des personnes extérieures”, en sachant que du coup la relation est intérieure, ce qui a amené à énormément de débat de leur part et de la notre. Moi et certains littles qui étaient déjà là on comprenait pas spécialement pourquoi iels avaient besoin de validation extérieure, jusqu’à ce qu’on comprenne qu’on était perçu comme singlet à l’extérieur et qu’on peut pas avoir de relation interne. Voilà.

[La Meute] Ok, donc quand tu dis genre validation extérieure tu entends quoi en fait par ça?

[Vicktore] Bah par exemple y’a pas pu avoir de cérémonie de mariage.

[La Meute] Ok donc une reconnaissance officielle de la relation.

[Viktore] Voilà c’est ça.

[La Meute] Ouais ok.

[Ethée] Bah du coup si ça vous va je vais essayer d’expliquer les types de communication qu’il y a chez nous. On se voit réellement dans notre monde intérieur (donc on a un monde intérieur), on se voit réellement, il y a juste une nuance, c’est que… on a de gros problème de confiance, des problèmes d’insécurité même nous entre nous. Du coup, on a une espèce de masking dans le monde intérieur qui ressemble un peu, comment dire… On va se présenter par exemple sous la forme d’un animal par exemple, et en fait, c’est une façon de se cacher derrière une apparence mais à chaque fois l’animal va avoir une signification profonde en lien avec nos valeurs.

[La Meute] Ok.

[Ethée] Et ensuite, j’ai remarqué que quand y’a un petit peu plus de confiance, on a tendance à laisser tomber cette espèce de costume on va dire et on ose se montrer nous, tel qu’on est avec notre corps. Donc ça c’est déjà comme ça dans notre monde intérieur. Un autre exemple, à un moment donné, y avait une forme blanche que moi je voyais comme un fantôme qui voletait de ci, de là, de loin, et en fait c’était pas du tout un fantôme, c’est une petite fille qui a 8 ans. Et quand elle se montrait sous forme de fantôme, moi elle me parlait pas, mais je constatais qu’elle parlait avec d’autres enfants. Et qu’elle parlait verbalement, et pas juste avec des espèces de gestes ou des choses comme ça. Aujourd’hui, cette petite, je la vois comme elle est avec son corps, et elle me parle avec des mots. Donc la communication est vraiment soumise toujours à cette insécurité, à cette confiance. Sinon ados et adultes parlent avec un langage élaboré, un peu plus que les petits. Ce que j’ai mis en place y’a quelque temps justement pour améliorer la communication entre nous dans notre groupe, c’est un cahier. Donc dans le monde extérieur y’a un vrai cahier physique, qui existe, qui est un cahier de correspondance et qui permet d’échanger en fait des messages entre nous; et j’ai prévu aussi quelques pages pour certaines personnes du monde extérieur, que les gens du monde extérieur puissent aussi mettre des informations, des messages, des idées ou des questions qui sont après transmises nous en interne.

[La Meute] Donc par exemple, un ami de l’extérieur qui veut mettre un message à destination de quelqu’un en particulier ?

[Ethée] Voilà, alors soit, par exemple on a une amie, si elle a envie de nous parler en direct elle le fait. Si c’est quelqu’un qui se cache un peu, elle peut dire bien tiens j’ai envie de dire à untel, j’ai envie de lui poser cette question, donc soit elle va me la poser en direct soit je l’écris dans le cahier et ensuite le cahier on essaie de le prendre tous les jours, de le lire, d’interpeller tout le monde dans notre monde et de dire “Hey, viens voir y’a bidule, elle voudrait savoir ça, te poser cette question-là”, et y’a ou y’a pas de réponse. Alors ça marche pas avec tout le monde, y’en a qui comprennent pas ce que c’est, y’en a qui savent pas, mais ça commence à prendre un petit peu, et c’est un outil vachement utile parce que même si la communication – c’est pas magique, ça règle pas tout d’un coup – mais y a une espèce de “on peut le poser par écrit”, on sait que c’est dans le cahier donc y’a moins la pression de dire “ah je veux dire un truc”. Je parle de front par exemple, c’est mis dans le cahier, c’est temporisé, ça existe, ça déjà été dit. Et ensuite, quand on reprend le cahier, on peut dire : “Ah oui tiens au fait, y’a machin il voulait te demander ça”.

[La Meute] Ouais ouais, ça peut se faire en différé, mais c’est quand même tangible et ça a été acté à un moment, quoi.

[Ethée] Exactement, le fait de pouvoir le poser par écrit tout de suite – parce que genre ça peut être au milieu de la nuit – ça temporise et c’est une garantie que se sera pas oublié. Et c’est vrai que ça c’est plutôt pas mal. Après y’a eu plein plein plein d’ajustements, mais je pense que c’est vraiment un outil assez prometteur.

[La Meute] Surtout en terme de se rappeler des choses, je sais que noter pour nous ça a vraiment été “game changer” (= “ça a vraiment changé la donne”, en anglais) pour certaines infos. Autant, des fois c’est juste pour le soulagement de pouvoir communiquer entre nous même si ça ne fait pas tout comme tu disais; et aussi bah juste, se rappeler des infos qui sont essentielles au bon fonctionnement de tout le monde et à la bonne progression de tout le monde, quoi. Y’a des trucs très importants.

[Ethée] Alors nous c’est comment dire, je voudrais préciser, ce cahier de correspondance, c’est vraiment un cahier de correspondance, donc on a pas le droit de dessiner dedans par exemple. Si y a des petits qui veulent se décharger, dessiner ou quoi que ce soit, ils ont leur carnet à part. C’est pas un carnet dans lequel moi je commence à réfléchir ou noter tout ce qui me passe par la tête ou à me décharger parce que je pense à quatre cent millions de trucs, là j’ai aussi un autre carnet pour faire ça. C’est vraiment un carnet qui est hyper centré sur les messages en fait qui sont adressés de telle personne à telle personne ou des fois un message qui s’adresse à tout le monde, en mode panneau d’affichage publicitaire. Même des fois on a mis des messages à celui ou à celle qui donne la sensation de mal de ventre donc on ne sait pas à qui on s’adresse, mais ça ne fait rien, on s’adresse quand même à la personne et la personne qui est concernée, elle se reconnaîtra et si elle veut venir parler, elle parlera.

[La Meute] C’est cool que vous ayez mis ça en place et que ça existe je pense.

[Ethée] Bah moi je trouve que c’est plutôt pas mal. D’ailleurs j’ai bien rigolé parce que y’a un petit qui très rapidement est venu, il m’a tiré la veste comme ça et y m’a dit “Tu peux demander à machin si je peux avoir ça pour Noël ?” Sauf que machin c’est quelqu’un du monde extérieur. Et là je fais “ah ouais, t’as bien compris, toi, comment ça marche !”. Et il a eu son cadeau.(rires)

[La Meute] Bien joué à lui.

[Ethée] Exactement donc en renforcement positif, c’est magique. Plus sérieusement, j’en attends beaucoup, faut peut-être que je me calme avec ça aussi.

[La Meute] Par rapport au cahier ?

[Ethée] Ouais par rapport au cahier. J’ai un défaut, je suis trop enthousiaste (rire). Tu disais, comment on vit les relations versus comment elles sont socialement connotées. Du coup j’avais une petite réponse, donc pour nous effectivement, ça n’a strictement rien à voir. Bah deux exemples, vous allez me voir, moi, de l’extérieur je vais paraître toute gentille (rires) alors que dans mon for intérieur, je suis juste saoulée, je suis pas du tout gentille, je suis juste complaisante. Donc entre ce que moi je vis et ce que, socialement dans le monde extérieur on va me renvoyer sur moi, ça va être tellement à l’opposé que ça va confiner à l’absurde.

[La Meute] J’imagine aussi que selon qu’on est out (=”dehors” en anglais : si les gens sont au courant ou non de notre multiplicité, dans le contexte) ou pas, ça peut tout bouleverser à ce niveau-là et renforcer ces trucs-là.

[Ethée] Peut-être ouais. Et un autre chez nous, qui d’un point de vue extérieur est perçu comme extrêmement agressif, extrêmement méchant… ben en vrai pas du tout, c’est un chevalier blanc mais qui s’y prend de façon un peu brusque on va dire, assez efficace et avec le moins de mots possible, mais c’est quelqu’un qui est perçu comme extrêmement agressif, je m’en rends compte en fait.

[La Meute] En fonction des normes de bienséance.

[Ethée] Mais c’est ça, les normes de la société mais c’est affreux, c’est affreux, parce que si on écoute les gens de l’extérieur en voulant se dire on veut s’améliorer, tout ça, on écoute ce que les gens nous disent… ils nous renvoient des trucs qui sont à l’opposé de nos intentions. Et faut le comprendre, ça, faut l’intégrer et c’est vachement dur. Donc on a du mal avec la société je crois.

[La Meute] Peut-être que c’est l’inverse aussi.

[Les Saphis] C’est la société qui a du mal avec nous.

[La Meute] Ah, voilà, ça me fait plaisir !

(Rires)

[Ethée] Refaisons une société à notre image dans laquelle on se sente bien !

[La Meute] Bah le témoignage c’est une preuve concrète de ça. Mais je trouve ça super, je suis limite soulagé de la première partie de ta réponse parce que ce masking interne c’est quelque chose qu’on n’a jamais vu ailleurs que chez nous pour l’instant, en tous cas dit de cette manière-là et ça nous parle beaucoup. On a des gens dans le système qui avaient précisément… tu as appelé ça un costume donc je vais reprendre ce mot parce que je sais pas trop quel est le meilleur mot etc, mais qui avait ça et qui peuvent dans un besoin de protection encore l’adopter assez régulièrement, et qui au début se présentaient au monde interne de cette manière. Jusqu’à ce que potentiellement, avec une relation de confiance ou en tout cas une habitude qui se développe, se dévoilent tels qu’ils sont aux autres. Et du coup on a trois quatre personnes qui sont concernées, et qui sont un peu considérées comme des change-forme, parce que soit par envie, soit par besoin, enfin surtout par besoin mais maintenant c’est vrai que c’est plus modulable avec le temps d’endosser ou de retirer le costume. Mais en tous cas, il y a ce fonctionnement-là, donc je suis très content de savoir qu’on est pas les seuls chez qui ça arrive.

[Ethée] Alors c’est cool. Et nous on avait même une autre situation qui a duré pas mal de temps, c’est en fait on avait une personne qui s’appelait d’une certaine façon, et pis en fait, au fur et à mesure du temps, au fur et à mesure du travail, le temps que la confiance s’installe et tout, en fait on s’est rendus compte que c’était pas une personne mais deux personnes qui étaient constamment ensemble, qui ont deux identités complètement différentes et qui ont deux apparences complètement différentes, donc ça va même jusqu’au fait que plusieurs personnes peuvent se montrer sous l’apparence d’une seule personne. Et c’est pas du tout euh, parce que j’ai entendu parfois, dans certains groupes y’a des gens qui se recoupent en deux, c’est même pas ça. C’est vraiment deux personnes à la base, mais qui étaient tellement en autoprotection l’un avec l’autre qu’ils ne montraient qu’une seule personne.

[La Meute] Ouais, ok.

[Les Saphis] Du coup on était partis sur d’abord les types de communication qui existaient. Nous on est comme Ethée, dans l’inner on se voit, on se voit tous selon l’endroit où on est, après on peut se rejoindre ou repartir pour être tranquille ou non. Au niveau des types de communication, on est plus souvent en verbal quand même mais comme on a aussi des alters animaux, on peut le faire par gestes ou on en a certains, pour éviter les écoutes et autres de certains autres, qui passent par la télépathie. Donc ça voilà, c’est les principales communications en interne. Après au niveau extérieur, y’a qu’un seul endroit où j’ai le droit d’écrire, parce qu’il faut savoir que mes alters détestent que quelque chose soit posé et écrit; au contraire faut pas que ce soit visible quelque part, et il existe un seul endroit où ça marche, où ils sont d’accord, c’est sur un site internet assez protégé, où du coup ça fait un forum protégé où ils font du coup ce qu’on appelle un jeu de rôle, c’est à dire qu’en fait ils se jouent eux-mêmes, simplement dans un univers différent de la vie normale et de l’inner.

[La Meute] Ok, du coup ça leur permet d’entretenir et de concrétiser leur existence en gros, c’est ça ?

[Les Saphis] C’est ça, et leurs relations puisqu’effectivement tout comme chez Viktore, on a plusieurs couples de mariés avec enfants également donc ça permet aussi… cette fois, c’est une validation de dehors sans être totalement dehors.

[La Meute] D’accord.

[Vicktore] Je pense qu’on a fait le tour.

[La Meute] Oui je suis en train de regarder la feuille et j’en arrive à la même conclusion.

[Vicktore] On est à peu près à une heure d’enregistrement.

[La Meute] Ah wesh déjà ?

[Les Saphis] Oui déjà (rires) ça passe vite hein ?

[La Meute] Oh ouah, oui !

[Ethée] Moi j’aurai bien aimé qu’on évoque la structure géographique du monde intérieur si ça vous convient.

(Tout le monde acquiesce)

[La Meute] Est-ce qu’on reprend le rythme de tout à l’heure et du coup on commence ou tu veux te lancer ?

[Ethée] Comme vous voulez, ça m’est égal, tout me va.

[La Meute] Si tu le sens, j’veux bien que tu te lances comme ça je réfléchis dans la foulée.

[Ethée] Ça marche. Alors du coup concernant les relations et la structure géographique de notre monde intérieur. Alors nous, au départ, on pensait que c’était tout facile, qu’y avait un endroit, donc le fameux endroit où c’était tout sombre et tout noir, tout guerroyant, et puis un jour la lumière est apparue, y’a plus eu de guerre, et voilà, on a fait le tour et puis on pensait que c’était terminé. Et en fait non, voilà. Donc déjà chez nous, c’est un monde très naturel, y’a pas de construction de maison, de choses comme ça. On a donc tout ce qui est prairies, forêts, y’a un lieu avec des montagnes et y’a un lieu avec un volcan et un ravin. Et du coup géographiquement déjà y a différentes hauteurs, et je disais tout à l’heure, y’a pas de hiérarchie, je confirme, mais y’a quand même par rapport à cette disposition géographique, des, comment on dit ça ? J’ai plus le mot, peu importe, des répercussions, voilà, sur le fait que, ben par exemple la personne qui est en haut de son volcan, personne ne communique avec elle, non pas parce que on ne peut pas lui parler mais en fait on considère qu’elle est trop occupée, c’est trop important ce qu’elle fait. Donc on la connaît, elle nous connaît mais on ne communique pas avec elle, et on ne relationne pas non plus avec elle. Alors est-ce que c’est parce qu’elle est sur sa position géographique un peu plus haute que nous, ou est-ce que parce qu’on est convaincus qu’il faut pas la déranger, je l’ignore, mais je constate que y a une différence. Moi j’étais au fin fond de mes montagnes à un moment donné, et je ne communiquais / relationnais avec les autres que en criant de loin, on va dire. Alors que maintenant je me suis déplacée physiquement, j’suis plus dans mes montagnes, et voilà. Je constate aussi qu’y avait une répercussion sur le type de relations. Et puis y’a pas très longtemps en fait, on s’est rendus compte que notre petit monde circonscrit dans la lumière, eh ben en fait il s’inscrit dans un monde beaucoup plus vaste, qui lui est dans l’ombre. Et dans cette ombre, y a des gens, alors certains que je connaissais pas et certains que je connais trop bien mais que j’avais oublié, alors je sais encore pas aujourd’hui comment c’est possible d’oublier des gens que je connais. Mais le fait est en fait que notre monde, il est complètement entouré d’un autre monde encore plus grand mais que je ne connais pas géographiquement parlant parce qu’il est dans le sombre, et j’ai pas très envie d’y aller. Donc on a fait une exploration tout au bord, mais voilà, on a pas reproduit. Mais c’est vrai qu’y a quand même chez nous une grosse, un gros lien entre les deux quoi. Donc je sais pas ce qui se cache encore dans notre monde intérieur. Voilà. Et dans la forêt par exemple aussi, on a un groupe d’enfants qui se trimballent dans une des forêts, avec lesquels je ne relationne pas parce que je n’y vais jamais, et même de loin je ne leur parle pas beaucoup quoi. De temps en temps, je balance une phrase mais voilà on ne relationne pas plus que ça. Donc je trouve qu’y a quand même un parallèle entre la géographie des lieux chez nous et les relations, certaines relations.

[La Meute] Ok; est-ce que tu penses que les zones cachées sont cachées par nécessité ? Aussi, est-ce que tu sens que physiquement tu ne peux pas y aller ou est-ce que tu ne te l’autorises pas parce ben que c’est de l’inconnu, ça peut faire peur, ce genre de choses ? Comment est-ce que t’envisages ça ?

[Ethée] Alors physiquement je peux y aller. Euh, j’ai plus de, comment dire, j’ai plus de réticences à y aller parce que je me doute que si j’y vais, j’vais rencontrer les gens qui y sont, et ça fait beaucoup de perturbations, quand même des nouvelles personnes, ou des anciennes “nouvelles” personnes. Ça remet beaucoup de choses en cause, ça rajoute des problèmes à la tonne de problèmes qu’on a déjà qui sont pas encore réglés. Et du coup j’ai beaucoup de frustrations de me dire “purée y a encore tout ça à gérer, mais on va jamais s’en sortir.” Donc j’pense que je fais un peu de résistance, en mode c’est bon quoi, y’a assez de merdier à régler, donc je pense que je suis un peu réticente par rapport à ça. Mais dans l’absolu, ça ne me gêne pas, mais c’est juste que je m’sens un peu débordée, un peu désespérée pour régler tous les problèmes qu’on a déjà comme ça, tu vois ?

[La Meute] Ok, c’est une histoire de “ça fait beaucoup d’informations”.

[Ethée] Ca fait beaucoup de problèmes à régler et ben il faut du temps, et puis faut vivre aussi. Parce que notre objectif c’est sortir de la survie pour commencer à vivre. Et si on rajoute tout le temps des gens et des problèmes, on peut pas vivre quoi.

[La Meute] Ouais, ça c’est une grosse problématique aussi j’pense. Précisément le fait d’essayer de régler des choses et que des personnes se rajoutent et aient des pièces de puzzle supplémentaires, à des données inconnues ou à des nœuds qu’on peut avoir quoi.

[Ethée] Et dans le même temps je suis persuadée que c’est des solutions, tu vois en même temps, moi j’suis un problème et une solution, enfin plusieurs problèmes et une solution. Et c’est un peu le regard que j’porte sur tout le monde. Mais ça me désespère de voir qu’y’en a autant. Et encore, nous on n’est pas nombreux. Quand j’vois d’autres groupes où vous êtes cent, cent-cinquante, j’me dis : “Ouah, mais comment y font ?”.

[La Meute] C’est vrai que je crois que nous on a un peu une inquiétude, comment dire, parce que ben, ce qu’on juge comme étant des progressions de communication en l’occurrence, mais aussi des progressions par rapport à sortir de la survie, vivre, voire vivre à peu près correctement, quoi fin, c’est relatif le correctement mais bon voilà, on s’entend, suffisamment pour fonctionner un minimum, j’imagine c’est ça le critère (rires).

[Ethée] Oui c’est le début ouais.

[La Meute] Quand j’vois effectivement que, comment dire, ben parce que en fait la progression n’est pas linéaire, elle se fait par paliers. Et donc si, à un moment, pendant trois mois, il ne se passe jamais rien si vous voulez, mais genre y a des périodes pendant lesquelles y va pas y avoir de ce qu’on peut considérer comme une avancée majeure, et ensuite, en l’espace d’une semaine, beaucoup de choses qui vont se déclarer, de nouvelles personnes qui vont arriver. Et en fait on se rend compte que l’une des personnes connaissait très bien quelqu’un que nous on connaît depuis longtemps mais cette personne on l’a jamais vue, donc ça remet effectivement des dynamiques de relations en question, ça en déplace d’autres, enfin ça fait bouger la vie interne on va dire. Et du coup le fait qu’il y ait encore des nouvelles personnes qui se rajoutent, ça précisément, ça c’est que pour moi genre, en tant qu’hôte, (parce que oui du coup je pense que c’est Sacha, on a dû switch entre temps,) mais je sais que les autres vont pas avoir le même avis. Genre typiquement, les gens qui frontent jamais, et qui du coup ben passent leur vie en interne, ils sont ok avec ça, bien qu’ils soient conscients du monde extérieur, dans le sens où on a personne qui n’est pas conscient du fait qu’il y a un monde extérieur et qu’on soit un système. Même si j’aime de moins en moins ce terme, mais on va dire, je sais pas, une équipe, enfin je, voilà, c’est compliqué. Plus ça va, plus on a du mal avec les définitions mainstream, enfin qu’on voit partout. Donc c’est vrai qu’on essaie de trouver des nouveaux mots qui vont ressembler le mieux, mais c’est difficile de mettre tout le monde d’accord. Mais en gros ouais, les nouvelles personnes qui se rajoutent et qui changent la dynamique, c’est quelque chose qui me fait pas mal paniquer en tant qu’hôte. (rire) Mais bon, on s’y fait. Je pense qu’accepter, enfin comment dire, considérer comme constante le fait que les choses ne le soient pas, c’est quelque chose que j’essaie de garder parce que, même si c’est basé sur le fait que ce soit instable, c’est quand même un concept qui, quand on le garde tout le temps, met une stabilité. Donc j’essaie de garder cette ligne directrice.

[Ethée] La stabilité de l’instabilité. (rire)

[La Meute] Ben c’est un peu ça (rire). Et voilà, après je pense que j’ai fait le tour pour les trucs que j’avais à dire. J’sais pas si vous voulez rajouter des choses. Si y’a des trucs auxquels, à côté desquels on est passés et sur lesquels vous voulez revenir…

[Les Saphis] Déjà répondre à la question de Kitsune qui est “comment ça se passe géographiquement ?”. Après oui, c’est un concept la stabilité de l’instabilité (rire) mais c’est un concept qu’on doit à peu près tous appliquer (rire). Du coup au niveau de l’inner, enfin du coup du monde intérieur, peu importe comment on l’appelle en soi, au départ y’avait rien. Et rien du tout. Et j’ai découvert ensuite que je pouvais le construire à ma guise avec du coup les pouvoirs que j’ai dedans, parce que ce serait très drôle si on pouvait avoir nos pouvoirs dans la vraie vie, je pense que certains prendraient peur. Du coup, on l’a construit selon les envies de chacun. Certains ont une belle maison, d’autres ont des grottes, certains ont des forêts, d’autres ont des labos. Enfin vraiment c’est selon ce qu’ils ont demandé et ce qui s’est passé. Et la seule chose qui change depuis deux ans et demi maintenant, c’est que – alors j’ai pas encore réussi à trouver si c’est vraiment quelqu’un ou si c’est vraiment le monde en lui-même qui a décidé – qui prenait sa conscience et que du coup y se modifiait comme il en avait envie. Mais du coup, ce que j’ai construit au départ ne bouge pas, mais y a des choses qui se rajoutent que j’ai pas prévues au départ. Voilà. Mais sinon, on a vraiment de tout, on a des constructions autant humaines sociétales connues, que de l’imaginaire total, que de naturelles, forêts, montagnes, volcans. Quand je vous dis imaginaire total, on peut se retrouver dans un palais de nuages violets fait de bonbons mais qui sont pas mangeables. Voilà.Miam (rire). Ils ne sont PAS mangeables.

[Ethée] Ben chez nous, ils sont mangeables alors. Ca existe pas mais si on les imagine, ils sont mangeables (rire).

[La Meute] Trop bien !

[Les Saphis] Après la seule salle qui change jamais, c’est la salle, enfin y en a deux, ça va être du coup ce que tu as appelé la salle du front tout à l’heure, nous c’est un cockpit, un genre de cockpit d’avion, on peut être quatre à y entrer. Je tiens à ce que ça reste quatre, parce qu’au moins je gère ma vie sociale et mon travail avec ces quatre personnes-là. C’est quand même bien plus facile. Après quand y a besoin de relâchement, chacun peut venir quand on peut se relâcher sauf que c’est pas souvent ces derniers temps. Voilà, et la deuxième pièce qui bouge jamais, c’est celle que j’appelle la salle du banquet qui va servir très bientôt. C’est là où c’est le seul moment en fait, on est désolé si certains trigger à propos de Noël, du coup Noël c’est le seul moment où tout le système, et du coup les deux sous-systèmes, se retrouvent ensemble au même endroit pour partager un temps ensemble. Voilà pour moi.

[Vicktore] Je pense du coup on va rebondir aussi. Alors nous, comme j’ai dit du coup on a un inner assez grand. On ne connaît pas tout l’inner parce que Sun et Angèle oublient des bouts d’inner en fonction des inners, des endroits qu’ils ont visités. Mais du coup nous ça impacte aussi la communication, c’est pour ça qu’on a des haut-parleurs, des téléphones, des mails, etc, des lettres aussi. C’est justement parce que ben, notre inner est grand et que ça impacte notre communication aussi. On a aussi des moyens de transports pour pouvoir communiquer quand c’est vraiment urgent, enfin voilà.

[Ethée] Moi j’voudrais juste euh, enfin ça m’a fait penser à un truc quand je vous ai écouté, euh quand tu disais on pouvait inventer des choses etc etc, euh le fait de se dire que nous on pourrait inventer ou construire quelque chose dans notre monde intérieur, en fait ça nous trigger de fou parce que ça nous envoie l’idée qu’on pourrait tout inventer, donc si on peut tout inventer, ça remet en cause notre légitimité, notre existence même. Et on a cette espèce de pensée toute pourrie automatique qu’en fait on a tout inventé, donc qu’on n’existe pas. Euh, c’est un truc de fou. Et en fait on doit se battre contre cette pensée par exemple. C’est parce qu’en fait ça nous empêche de se dire “ben tiens, on pourrait installer quelque chose dans notre monde intérieur, genre pour communiquer. Et du coup ça nous empêche de faire ça. Et en même temps je sais que c’est une pensée toxique donc ça doit dégager, mais c’est encore là pour l’instant.

[La Meute] C’est pas quelque chose de très facile à désamorcer.

[Ethée] Mmmh, pas du tout. C’était juste une petite pensée comme ça, en passant. Du coup ça fait combien de temps là ?

[Vicktore] 1h19 et 16 secondes.

[Ethée] Magnifique, je sais pas ce que vous en pensez mais ça a l’air bien, vu de loin.

[Les Saphis] Oui, on a l’air d’avoir abordé tous les sujets qu’on voulait aborder.

Intervention proposée par:

  • Ethée (elle (Kitsune) | TDI): « Nous sommes un groupe d’environ 20 personnes, nous avons conscientisé notre existence il y a 2 ou 3 ans, je ne sais plus. »

  • Vicktore (Ils/Iels | Plural): « Je suis Orphée, hôte du système et j’ai 23 ans. Le corps à 23 ans aussi et Maya 32 ans. On est un système polyfragmenté de 170aine. »

  • Les Saphis (Il, elle et iel | Multiple mixte): « Système composé d’un système principal et de deux sous-systèmes. 36 personnes connues à ce jour. Conscientisation aux 9 ans du corps et acceptation de la multiplicité aux 16 ans du corps. Le corps est féminin et a 26 ans. »

  • La Meute (Ils): « Système majeur comprenant une quinzaine de personnes »

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