Petit témoignage sur la relation avec une introject factive d’une personne qu’on côtoie toujours.
Honte, mention développée de « system-hopping »
Transcription:
Salut ! Aujourd’hui j’ai envie de vous parler des introjects et plus particulièrement des factifs. Un introject, c’est un alter qui est issu d’une source. Et du coup, un introject peut être fictif ou factif. Un fictif, c’est un introject issu d’une source qui existe mais qui est fictive, comme par exemple un film, un livre, un jeu vidéo, un personnage quoi. Et un factif, c’est un introject qui est issu d’une personne réelle, généralement- enfin d’une personne réelle et connue quoi, en tout cas entraperçue. Et du coup, il y a un peu plusieurs archétypes de factifs dans les systèmes et je vais juste donner quelques exemples, mais en fait il y en a plus que ça. Il y a des factifs qui sont des personnes que les systèmes ont croisé à un moment et qui ont été par exemple cool ou qui ont été un peu des personnes de référence. Ça peut être par exemple une maîtresse particulièrement chouette dans un système scolaire plutôt violent, ça peut être une nounou, une tante – je dis “une” à chaque fois, mais ça peut être des hommes hein, on s’entend. Ça peut être aussi des introjects d’abuseurs, où là c’est l’inverse, c’est des personnes qui ont marqué les systèmes mais très négativement. Et moi j’ai envie de vous parler encore d’autres factifs, qui sont les factifs de proches. Du coup, moi, une partie de mon système a une facilité à faire des introjects, plutôt des factifs que des fictifs d’ailleurs, même s’il y a quelques fictifs dans mon système. Généralement, c’est des personnes que je connais et que je côtoie toujours. Et c’est pour ça que j’ai envie de vous parler de ce sujet aujourd’hui, parce que ça a vraiment été compliqué pour nous à accepter dans une espèce de rapport à la honte. Parce qu’on n’en parle pas beaucoup déjà, et puis en plus, ça amène toute la gestion d’avoir un introject d’une personne qu’on côtoie encore et donc d’être toujours confronté à la source, la source de l’introject. Et je pense que l’origine de cette vidéo pour moi, c’est qu’il y a quelque temps, je pense que ça m’aurait fait plaisir d’entendre quelqu’un parler de ça et que je me serais senti moins seul et bizarre parce que j’avais vraiment un sentiment de – et c’est complètement ok, c’était vraiment un sentiment qui était personnel et pas du tout justifié – mais j’avais vraiment un sentiment d’être cringe à mort. Je me disais “hnn c’est nul”. Et du coup ça avait un impact sur les interactions et la relation que je pouvais avoir avec ces alters-là. Parce que je pense que je jugeais en partie mon cerveau d’avoir fait ça. J’étais là genre “mais p*tain”. [rire] Voilà. Du coup, je pense qu’un truc qui m’a aidé dans ce chemin d’acceptation qui a été plus compliqué que pour certains alters – alors que déjà, vous le savez, avoir des nouveaux alters parfois c’est déjà compliqué, ça prend du temps, blabla, le déni puis blabla en fait la personne elle était là, puis en fait on accepte, machin, le tout en dents de scie – c’est vraiment ce sentiment de me dire “en fait y a que moi qui ai fait ça quoi, il n’y a que moi qui vit ça”. Et je savais que non, parce que je sais qu’on n’est jamais seul à vivre son expérience. Et je sais qu’à chaque fois que j’ai l’impression de me sentir pas représenté dans une expérience, c’est juste parce que juste les gens n’en parlent pas, et pas parce que je suis effectivement objectivement seul. Et même si je l’étais – et c’est pareil pour vous, s’il y avait une expérience que vous êtes seul à vivre, ça veut pas dire qu’elle n’est pas légitime, ça veut pas dire qu’elle n’a pas le droit d’exister et ça veut pas dire que vous êtes cringe ! Juste, voilà, moi, dans ma perception, j’avais l’impression d’être cringe. Et du coup ben assez logiquement, vu que la personne que je côtoie le plus et qui compte le plus pour moi, c’est Epsi, et vu que c’est un système, eh bien il est obvious que si j’ai dû faire des factifs d’eux, j’ai fait des factifs de leurs alters, et pas des factifs de l’entité entière qui sont de leur corps. Et c’est pas plus mal parce que sinon je sais même pas comment ça se serait passé. Soit ça aurait voulu dire que je nie leur multiplicité inconsciemment dans ma tête, soit ça voudrait dire que ma tête aurait fait un introject de tout leur système. Bref, ça aurait été vraiment le bordel. Et merci pour moi ce n’est pas le cas. Mais du coup voilà, j’ai des introjects d’alters d’Epsi dans mon système. Plusieurs. Et toustes ne sont pas aussi développés et on communique pas- “développés”, c’est pas du tout dans un sens péjoratif, c’est dans un sens “actifs”, avec des centres d’intérêt, proches du front, etc., c’est dans ce sens-là que je dis ça, ils ne sont pas tous autant les uns que les autres mais voilà, il y en a plusieurs. Et j’ai envie de vous parler particulièrement d’une, parce que c’est celle avec laquelle j’ai le plus d’interactions et que c’est la plus… c’est l’histoire la plus, du coup, complète pour vous expliquer et que ça explique un peu toutes les étapes par lesquelles je suis passé. Avant ça, je dois juste vous faire un petit point. J’ai envie de vous parler deux secondes du system hopping. C’est pas obligatoire dans cette vidéo, juste on n’en parle jamais, je ne sais jamais où le placer, et là je me suis dit “bah parfait, je vais parler de ça, c’est très bien, parlons du system hopping”. Du coup, le system hopping, ça a deux définitions. Une définition qui est plutôt liée aux sous-systèmes et qui est : un alter qui passerait d’un sous-système à un autre. Mais ce n’est pas la définition la plus utilisée, en tout cas dans les sphères que je connais de gens qui utilisent le mot system hopping. L’autre définition, c’est un alter qui passe d’un système à un autre… Oui, je sais, c’est touchy comme sujet, je suis tout à fait d’accord. Et du coup, pourquoi je veux vous en parler ? Parce que je vais parler d’alter introject dans un système qui provient d’un autre système, et donc, pour certaines personnes, ça pourrait s’apparenter à du system hopping. Pour moi, ça ne l’est pas du tout, mais voilà, c’est un bon prétexte pour vous parler de ça. Donc le system hopping, c’est des alters qui passent d’un système à un autre. Alors, est-ce que c’est possible ? Est-ce que ça existe ? Qu’est-ce qu’on en pense ? Est-ce que les personnes qui pensent que ça existe, c’est juste des pauvres merdes ? Je pense que comme pour tout, je pense que vous pouvez penser tout ce que vous voulez tant que c’est respectueux. Et du coup, moi je vais vous donner mon avis, il n’engage que moi et juste, c’est le mien. Du coup, est-ce que d’un point de vue scientifique et prouvé, actuellement prouvé, je pense que le system hopping, ça existe ? Euh bah y a rien qui le prouve aujourd’hui, donc j’aurais tendance à dire que non. Est-ce que la psychiatrie dit que le system hopping existe ? Non, pas du tout. Du coup, ça dépend de quel point de vue on se place. Si on part du principe scientifique et psychiatrique, est-ce que le system hopping, ça existe ? Est-ce qu’il est possible que mon protecteur aille dans la tête d’Epsi ? Non. Mais si on se place d’un point de vue où c’est une croyance ? Ben j’en sais rien et c’est pas à moi de juger les croyances des autres. Si je considère le system hopping comme une croyance, ben j’y applique la même chose que j’applique à toutes les croyances : moi je m’en fous, croyez ce que vous voulez ; tant que vous m’obligez à rien, eh ben vous faites bien ce que vous voulez. Je suis personne pour dire “ça existe, ça existe pas, j’y crois, j’y crois pas”, c’est pas ma place en fait. Je m’accorde des choses pour moi-même, et vous, vous faites ce que vous voulez de votre vie. Vous avez vos croyances et moi les miennes. Et du coup, moi je trouve que c’est un avis qui est important à défendre, de dire “si c’est une croyance, faites ce que vous voulez”, parce que ça arrive de voir des gens qui disent “le system hopping, ça existe pas”, “les gens qui font du system hopping, c’est vraiment des pauvres merdes”, “vous décrédibilisez les autres personnes multiples à dire des conneries comme ça” – que ce soit des systèmes traumagènes ou des systèmes d’autres origines d’ailleurs, ça change rien, je l’ai déjà vu partout. Ben en fait, comme pour plein de trucs, ça sert qui de dire ça ? Tu vois, si le system hopping, c’est une croyance, eh ben moi ce que j’ai envie de faire passer comme message, c’est : respectez-vous et soyez respectueux. N’allez pas imposer votre croyance qu’est le system hopping à d’autres systèmes qui ne le voudraient pas, et il y a des dérives évidemment, comme dans n’importe quoi, on ne va pas dire “j’ai mis mon alter dans ta tête” ou “je vois dans ton inner” alors que c’est pas consenti, c’est vraiment dégueulasse, on fait pas ça. Et du coup, moi j’ai l’impression que si on dit juste à des gens qui sont intéressés par le system hopping ou qui pratiquent le système ou qui nanani nanana le system hopping – c’est un peu comique à dire, je trouve que le mot “system hopping” rebondit un peu, j’aime bien – eh bien ce qu’on leur dit c’est “si t’as un problème, on t’écoutera pas, parce que de toute façon on te croira pas”. Et donc si la personne est dans une relation abusive, pas à cause du system hopping et de ses croyances, juste parce que la personne est toxique et mauvaise, eh bien elle osera pas le dire, elle osera pas en parler, voire même elle se sentira jugée et elle se sentira encore plus une merde de ne pas s’en sortir alors que tout le monde lui avait dit que ça n’existait pas. Et moi, y a aucun moment où je veux promouvoir ça, où je veux que les gens ressentent ça à cause de moi. Donc voilà, moi je pratique pas le system hopping. Pour moi, dans mes croyances, ça n’existe pas. Mais je respecte les gens qui ont des croyances qui sont différentes des miennes, quelles que soient leurs croyances, à partir du moment où ça n’impacte pas ma vie et où c’est respectueux de toutes les parties qui sont concernées – parties de la société, pas parties à l’intérieur d’elles-mêmes [rire], mais aussi à l’intérieur d’elles mêmes évidemment, mais c’était au sens large. Voilà. Et du coup, je vous parle de ça parce que ça pourrait être une croyance pour nous. Peut-être que je pourrais considérer que je fais du system hopping avec Epsi, et pas que c’est un introject d’un de ses alters, je pourrais complètement. Et c’est pas le cas, mais je trouvais ça intéressant d’en parler. Mais du coup pour nous non. Du coup, les introjects factifs d’alters d’Epsi dans mon système sont complètement conscients qu’ils sont des introjects, il n’y a pas du tout de confusion avec ça. Et ça aurait pu être le cas, il y a des introjects qui sont pas conscients qu’ils ne sont pas à la version “originale”. Mais pour nous c’est très ok, ces alters-là ont pas du tout de problème avec ça, ils sont bien conscients qu’ils sont des représentations. Voilà. Et donc ça c’est pas un sujet dont je peux pas vous parler parce que j’ai aucun introject qui a des problèmes de confusion comme ça et pour lequel ça pourrait poser des problèmes dans les relations. Mais je pense qu’il y a des systèmes pour qui c’est le cas, et soutien parce que c’est pas facile. Voilà. Du coup, il n’y a pas du tout de problème à ce niveau-là, mais par contre, dans la relation et dans l’élaboration de la relation, ça a vraiment quand même été compliqué pour moi, particulièrement en tant qu’hôte. Du coup au départ – donc je vais parler plutôt d’une alter en particulier -, je pense qu’elle est arrivée il y a vraiment longtemps. Je pense même qu’elle est arrivée avant ma prise de conscience, mais juste, vu c’était avant ma prise de conscience, je pouvais pas du tout considérer qu’elle était une alter vu que je ne me pensais pas multiple. Et du coup à la prise de conscience, y a tellement d’autres gens qui se sont révélés de façon bien plus claire qu’elle, et bien plus “facile à accepter”- Je pense que ça c’est un peu un truc qui touche plein de systèmes : genre les alters, ils arrivent un peu en vagues et les premiers, ils sont plus… c’est plus simple… C’est plus simple d’accueillir certains alters que d’autres. Et ce qui ne veut pas dire qu’il faut pas essayer d’y mettre la même empathie et la même envie, mais j’entends que parfois c’est plus compliqué que ça. Ça arrive en fait. Et le savoir- et moi c’était vraiment mon cas, je savais que c’était pas bien, je savais que c’était pas bien de la nier ou d’être moins accueillant envers elle qu’envers d’autres, mais je n’arrivais pas à m’en empêcher. Et juste, à un moment, je savais qu’il fallait pas le faire et du coup je le faisais pas, mais c’est pas pour ça que j’étais sincère. Donc du coup, au début, je pense que j’ai pas capté qu’elle était là. Et, au départ, je voulais pas du tout y croire, je me disais que c’était pas possible, je voyais pas du tout pourquoi ce serait le cas. Parce que je savais pas trop qu’on pouvait avoir des… Après, on peut hein, vu qu’on peut tout avoir, mais à l’époque, je me disais que genre si ça avait été un abuseur, j’aurais pu comprendre, mais là il n’y avait pas vraiment de raison. J’avais l’impression qu’il fallait une raison. Alors qu’en fait non hein, le cerveau, il a ses raisons que notre conscient ignore. [rire] Et parfois, il a des raisons qui sont très, très peu retrouvables. Je pense qu’il y a souvent, voire toujours une raison, mais une raison palpable pour notre conscient, pas. Et le premier truc qui m’a fait dire “ah c’est bizarre”, c’est quand on parlait de cette alter avec Epsi, en fait, j’entendais dans ma tête les réponses qu’elle aurait pu formuler? Je me disais- Mais pas comme avec d’autres gens. Genre, c’est normal de, vous voyez, si genre, de se dire “aah, je suis sûr, Bidule, Il aurait répondu un truc comme ça !”. Mais là, c’était pas ça. C’est quand je posais une question à Epsi ou qu’Epsi me posait une question, enfin tu vois, qu’on discutait à propos de cette alter, et qu’elle me disait un truc genre “ah je suis sûre…” ou “je me demande ce qu’elle aurait dit”, nanana, eh bien j’entendais une réponse possible dans ma tête. Mais pas avec le “ah je me dis qu’elle dirait ça”, non, j’entendais la réponse. Et c’est resté comme ça looongtemps avant que je m’intéresse à ça. C’était vraiment très- Je laissais ça vraiment très dans un coin du placard – et il n’y a pas de placard dans mon inner, y a qu’une table. Mais je laissais vraiment ça dans un coin de ma tête en mode “oui, oui, c’est cela, j’ai entendu, boh c’est juste parce qu’on se connaît bien et que je suis un peu bizarre, mais il n’y a pas de problème”. Et je le redis : c’est pas un problème. Et il a vraiment fallu longtemps. Puis ça a évolué un peu. Puis l’alter source de chez Epsi a commencé à me faire des blagues. Genre “et quoi ? tu me kiffes et tu fais un introject de moi ?”. C’était très malaisant. C’était pas du tout mal intentionné, mais c’était malaisant. Parce que j’étais à donf dans ce truc de “oh punaise, je suis trop cringe”. Et puis après, elle a compris que ça me mettait mal à l’aise et elle a arrêté. Mais voilà, il y a eu des blagues comme ça qui m’ont un peu forcé à y réfléchir. Et au départ, je me suis rendu compte que c’était une alter qui était une version antérieure à son alter source. C’est compliqué de pas nommer les gens, je vous jure. Et ça fait beaucoup de miche-mache hein. Je sais pas encore si je veux nommer parce que… j’ai pas tranché cette question, du coup vous verrez bien si vous savez à un moment. Et du coup, je connais la multiplicité d’Epsi depuis presque 11 ans et la version de l’introject est une version d’y a genre 7-8 ans. Et à cette époque-là, cette alter-là était pas super sympa, ni avec Epsi- et avec moi ça allait mieux qu’avec Epsi, mais c’était quand même pas super. Et du coup, la relation était compliquée parce qu’elle n’était pas méga sympa, l’introject. Parce que sa source a beaucoup évolué, mais la version de l’introject que était sur une version antérieure. Et du coup, elle n’était pas méga sympa. Elle faisait des piques et des trucs un peu insultants. Elle me faisait un peu sentir nul. Et moi je me sentais super jugé, enfin je me jugeais super fort parce que j’avais l’impression que c’était nul qu’elle soit là, que je voulais pas qu’elle existe, que je me disais peut-être- on se dit toujours ça, mais ça ne marche jamais évidemment, mais voilà, moi aussi ça m’arrive – je me disais “ah peut-être si je l’écoute pas, elle va finir par se taire”. [rire] Mais ça n’est pas arrivé. Et du coup c’était compliqué. Enfin moi j’avais pas envie qu’elle soit là et elle, les seules choses qu’elle disait, c’était des trucs désagréables. Et j’étais là genre “bah sorry not sorry meuf mais tais-toi”. [rire] Et voilà. Et il a fallu vraiment plusieurs années pour que ça évolue et qu’on sorte de ça. Et je pense qu’à partir du moment où j’ai accepté qu’elle existait, plus ou moins à cette époque-là, là, le fait d’être en contact avec sa source et d’avoir des nouvelles de sa source, ça lui a permis d’évoluer. J’ai l’impression qu’elle a un peu eu plein de petites mises à jour pour, je ne sais pas comment dire, rattraper la version actuelle 2024 de sa source. Et donc elle a évolué, elle est devenue plus sympa et du coup on a eu une meilleure relation, même si distante mais cordiale. Et juste, je voulais pas lui parler, j’avais cette peur – qu’on retrouve, encore une fois, dans plein d’autres découvertes d’alters, enfin je vous parle de ça comme si c’était spécifique à cette catégorie d’alters mais non, en fait il y a plein de découvertes d’alters qui se passent comme ça. Mais j’avais cette impression erronée que si je lui parlais pas, elle allait prendre moins de place, et que si je lui parlais, elle allait vouloir fronter. Et ça, ça me terrifiait. Tant que c’était entre moi et moi : elle me parle, ok, effectivement elle ressemble à sa source, et sa source, je la connais et je la fréquente. Mais imaginez : qu’est-ce que je fais si elle fronte ? Qu’est-ce qui est le mieux ou pire ? Est-ce que c’est mieux qu’elle ressemble à sa source ? Et du coup ça veut dire que je l’ai “bien reproduite” ? Ou est-ce que c’est mieux qu’elle y ressemble pas ? Et comme ça, au moins, c’est pas une espèce de copie avec mon corps ? Parce qu’en interne, moi je la trouve très ressemblante. Mais… on n’a pas du tout la même gueule avec Epsi ! On a pas du tout la même façon de parler, le même physique, enfin vous voyez, enfin… Franchement, j’arrive pas à trancher cette question de : est-ce que c’est mieux qu’elle lui ressemble ou est-ce que c’est mieux qu’elle lui ressemble pas ? Parce que si elle ne lui ressemble pas, quoi ? Est-ce que ça sous-entend que genre, je la connais pas bien ? Enfin, ooh, je me suis pris la tête de ouf pour ça. Et juste, j’ai juste conclu pendant des mois et des mois que non, il ne fallait pas qu’elle fronte. Que je voulais bien lui parler, que je voulais bien qu’elle fasse ce qu’elle voulait. Juste, elle pouvait pas fronter, elle pouvait encore moins fronter alors qu’Epsi était là quoi, pas possible. Mais vu qu’on vit ensemble, bah ça ne fait pas beaucoup de temps quoi. Et je vous jure, je me prenais la tête et dès qu’elle se rapprochait, j’étais un peu genre “tu passes pas hein, tu passes pas hein meuf, tu restes là”. Voilà, c’était vraiment compliqué. Et elle a vraiment été cool- Après, c’est une meuf relativement distante et pas… Distante, c’est un bon mot. [rire] Et du coup, elle n’a pas du tout essayé d’argumenter pourquoi elle le voulait ou quoi. Je pense vraiment que si elle avait vraiment voulu me faire chier, elle l’aurait fait sans me demander mon avis. Et juste, elle a été respectueuse. Mais elle n’est pas du genre à vouloir avoir un impact sur la vie ou des trucs comme ça, donc ça s’est très bien passé, là j’ai vraiment eu de la chance encore une fois. Et puis, il y a un peu plus d’un an, sa source dans le système d’Epsi a fronté moins. Et du coup, elle a plus été en contact avec sa source et moi j’ai pratiquement plus été en contact avec sa source alors que c’était jamais arrivé en 10 ans. Et c’est vraiment là que notre relation, elle s’est développée parce que j’ai pu partager un peu ce “elle me manque” avec elle. Et c’était vraiment différent de le partager avec elle. C’était en même temps bizarre, là aussi je vous jure, je me suis senti cringe, et en même temps, c’était chouette parce que je pouvais lui dire que j’étais triste de plus être en interaction avec elle. Y a aucun moment elle m’a dit “moi je suis là” parce que je vous dis, il y a pas du tout de confusion avec ça, et elle n’a pas fait des trucs genre “je vais remplacer la vraie parce que c’est moi la vraie en fait”, non, j’ai pas du tout vécu ça. C’est en ça que je vous dis que ça aurait très bien pu être apparenté à du system hopping. Si on avait eu cette croyance, eh ben genre l’alter d’Epsi, c’est pas parce qu’elle a reculé dans l’inner, c’est parce que genre elle est venue dans ma tête, on aurait pu croire ça. Et du coup là, notre relation s’est vraiment plus développée parce qu’elle a essayé de, je vous dis, c’est pas du tout de la remplacer ou d’être comme elle, mais on a partagé ce truc du “ouais, c’est bizarre, ma source elle est plus là et du coup je suis un peu perdue”. Parce qu’elle était vraiment perdue dans comment elle est censée évoluer et comment elle est censée agir, vu que je pense qu’il y avait toujours un espèce de parallèle avec la vie de sa source. Et donc là, le fait d’avoir pas de contact, ben ça l’a perturbée. Et ça a vraiment développé notre relation, ça a vraiment permis qu’on puisse se parler, qu’on puisse… En fait, ça nous a donné un sujet en commun pour devenir proches. Ça a vraiment fait un premier sujet commun qui était positif. Enfin, c’était pas positif, parce qu’en fait c’était plutôt triste, mais ça a fait un sujet commun qui n’était pas juste lié à son existence. Et je pense que c’est le conseil que je donnerais si vous êtes dans une situation avec un alter, quelle que soit l’histoire, et pour lequel la relation est compliquée, c’est peut être d’essayer de mettre de côté, dans la mesure du possible, pas tout le temps, mais dans des petits moments, le problème et juste essayer de construire quelque chose à côté, ensemble. Et pour nous, là, ça a été ça. Mais ça aurait pu être n’importe quoi parce qu’après ça a entraîné d’autres choses. Le fait de parler de ça et d’être plus proches là dessus et de moins être focalisé sur “ouais, j’espère que tu ne vas pas fronter” ou “pourquoi t’existes ?”, “oh je suis trop cringe et si tu frontes, ça va être cringe”, eh bien ça a créé des interactions qui ont permis de dépasser ça et qui ont permis que ce soit moins stressant. Parce que la confiance a grandi en fait. J’ai beaucoup plus confiance en elle aujourd’hui qu’il y a 2 ans, évidemment, et inversement. Et du coup voilà, j’ai pas spécialement de conclusion à apporter à cette histoire. J’ai pas spécialement de conseil parce que ça fait pas si, si longtemps que ça que c’est plus simple. Et je vous dis, j’ai toujours pas très envie qu’elle fronte quoi. Y a des moments où elle se rapproche et y a des moments où Epsi elle me dit “elle était là hein ?” et je dis “han mais ta g…”. [rire] “Non, enfin c’est pas vrai, dis-le moi, ça serait pire si tu le savais et que tu le disais pas, mais hnn… oui”. Voilà, c’est encore un peu trop, voilà. Mon but, c’était vraiment de donner un message qui dit : hey, si vous vivez ça, moi aussi, on est ensemble. Oui c’est bizarre mais oui ça va, on s’y fait. C’est pas si grave en fait. Pourquoi c’est censé être plus- Pourquoi ce serait plus bizarre que plein d’autres trucs ? Bah non, ça ne l’est pas. Bah ok alors. On est passé au-dessus de plein d’autres trucs où on se jugeait, où on sentait bizarre, bah ce sera pareil pour ça. Voilà, ça va être bien. [rire] Voilà, je pense que c’est fait. À tout de suite.
Intervention proposée par:
- Kara (il/iels) | Multiple/Plural : « Co-fondateurs de l’association sans but lucratif Partielles, qui vise à informer et soutenir les personnes multiples. Nous sommes multiples, autistes et plein d’autres trucs, on vit en Belgique avec Epsi. »