Comment le reparenting peut aider les littles des systèmes ? Explications et témoignage personnel.

Avertissements de contenu:

Mentions d’attachement désorganisé et de traumatismes, mention d’école et de parents, mention de rupture de relations

Transcription:

Hello tout le monde et bienvenue dans cette vidéo sur le reparenting que je vous propose pour cette 3ème édition de Kaléidoscope sur les relations intra-système. Pour les personnes qui ne me connaîtraient pas, moi c’est Epsi. On est dans un système majoritairement traumagène, même si on a un système mixte. On a un diagnostic de TDI, mais on préfère se définir comme multiple ou plural. On a 34 ans, on habite en Belgique et on est en couple avec Kara, avec qui on est cofondateurs de l’association Partielles.

Aujourd’hui, je vais vous parler du reparenting, ou reparentage en français – mais j’aime pas donc je préfère dire reparenting -, qui est en gros un moyen de prendre soin des littles d’un système. Alors je ne suis pas du tout experte du sujet mais c’est un truc qui a aidé mon système à un moment donc j’avais envie de vous en parler aujourd’hui parce que c’est un sujet qui n’est pas très très connu.

Alors le reparenting, c’est quoi ? C’est le fait de trouver des personnes aussi safe que possible, une ou plusieurs personnes qui pourraient offrir aux enfants un amour et un soin inconditionnels, dans le but simplement de prendre soin d’eux ou en tout cas, d’améliorer la façon dont on a pris soin d’eux jusque-là. Dans le cas évidemment des systèmes, c’est donc le fait de prendre soin des alters enfants, donc des littles. Et c’est particulièrement bien pour les systèmes qui ont des traumas et qui ont notamment des littles qui ont des traumas ou plus généralement des systèmes qui ont un attachement un peu fucké avec des littles au milieu du truc. [rire] Alors le reparenting à la base, je pense que c’est une technique thérapeutique, qu’on trouve notamment dans la thérapie des schémas, mais c’est vraiment pas de ça dont on va parler ici. Ici, on va vraiment parler du concept général du reparenting, c’est-à-dire juste permettre aux littles d’un système d’avoir un attachement sécure pour les aider dans leur développement. Et je parlerai plus de leur développement plus tard.

Alors la raison pour laquelle j’ai envie d’en parler, c’est simplement parce que c’est quelque chose que je considérais pas. Non pas que j’avais pas envie que mes littles aient un attachement sécure [rire], mais ça n’a pas été un sujet au départ parce que les littles n’étaient pas très en demande et, j’ai envie de dire que leur besoin est évidemment urgent, mais il n’a pas été prioritaire dans la prise en charge de mon propre système. Du coup c’est un sujet auquel je pensais pas et qui, au final, a vraiment, vraiment aidé d’une façon assez inattendue. Et donc je pense que ça peut être bien simplement de savoir que ça existe dans un premier temps et peut-être de mettre des choses en place quand le besoin se fait sentir.

Alors en quoi ça peut être utile dans un système ? Bah c’est évidemment, quand on a des littles en général et surtout des littles traumatisés ou en tout cas qui vivent dans un milieu un peu traumagène, ça permet déjà de les aider. C’est toujours sympa d’avoir un attachement sécure, et c’est encore mieux quand on a la maturité little. Sans vouloir dire que les littles sont forcément immatures ou se comportent systématiquement comme des enfants du monde physique, mais voilà, on sait que les littles ont quand même des besoins qui leur sont spécifiques, dont avoir un attachement à des référents adultes par exemple. Ça peut aussi aider en fait… ça a pas été le cas pour nous, mais je sais que ça arrive beaucoup. Je vois beaucoup ça, je vois beaucoup cette question dans les groupes, etc., de systèmes qui ont des fronts de littles un peu intempestifs, qui ont des littles qui frontent au taf et qui sont là à des moments assez “inappropriés”, en tout cas selon leur comportement, et qui aimeraient savoir comment empêcher ces littles de fronter dans ces moments-là. Moi j’aime pas le principe de vouloir empêcher des alters de fronter, mais j’entends qu’il y a des moments appropriés et le reparenting peut être un moyen de mieux réguler ce genre de fronts. Et enfin, un sujet qui je trouve est important, même si assez difficile à aborder : ça permet d’avoir un attachement qui- enfin en tout cas, ça permet d’éviter d’avoir un attachement qui est “pas sain” ou qui est inapproprié. Je pense à des littles qui s’attachent à n’importe quel adulte, ou un partenaire qui serait pas ouf, ou même parfois un thérapeute avec cette notion vraiment d’un besoin de parent, pas juste un attachement “adapté”. Et bah ça comporte des risques en fait, d’avoir ce genre de choses. Et donc le reparenting peut permettre de modérer ça pour que ce soit plus sain au final et donc mieux. Par contre, évidemment, le reparenting c’est pas magique, ça prend du temps, ça demande de la préparation et surtout, il y a des précautions à prendre que je développerai un peu plus tard dans la vidéo.

Pour le contexte, moi j’ai connu le reparenting via le site Kinhost. C’est un site en anglais qui a énormément de ressources sur comment développer et améliorer la communication et la cohésion intra-système, entre autres. Et du coup, moi, j’avais déjà lu cet article mais je n’avais pas pris le temps de mettre en place, j’avais pas conscientisé l’importance que ça pouvait avoir, etc., je voyais un peu ce que c’était. Et puis, les responsables du site ont fait une formation sur le sujet et je l’ai suivie. J’expliquerai plus tard, enfin je ferai une partie témoignage à la fin de la vidéo où j’expliquerai un peu mieux comment ça s’est déroulé. Mais voilà, en gros, c’est comme ça, j’ai suivi ça en anglais. Ce que ça a apporté pour nous personnellement, c’est vraiment que nos littles sont beaucoup plus apaisés. C’était des littles qui s’exprimaient pas beaucoup et qui avaient pas l’air très en besoin, même si dans leur comportement un peu, on voyait que c’était pas toujours simple pour elles, mais ça leur a permis vraiment d’être plus capables de s’exprimer et de se soutenir mutuellement ou même parfois de soutenir des alters plus grands maintenant, voire des alters de chez Kara. [rire] Et elles sont plus épanouies, vraiment. Elles étaient assez anxieuses, sans l’exprimer spécialement, sans le montrer, c’est des littles assez discrètes. C’est vraiment beaucoup mieux aujourd’hui. Elles peuvent exprimer leurs peurs, elles savent exprimer leurs émotions, elles savent déterminer quand il y a un truc qui ne va pas et elles sont simplement beaucoup moins timides, même s’il y en a une des deux qui l’était déjà moins mais c’était beaucoup du masking. Maintenant, elles sont toutes les deux vraiment plus épanouies, simplement.

Avant de commencer à parler plus précisément de comment on fait du reparenting, etc., j’aimerais un peu revenir sur la notion de ce qu’est un parent. Je pense que c’est bien de préciser. On est quand même beaucoup, à mon avis, ici, à avoir des parents qui sont un peu craignos, voire qui nous ont causé des traumas, je ne dis pas que c’est le cas pour tout le monde, mais je pense que ça peut parler à certain·es d’entre vous. Ici on parle de parenting dans le sens prendre soin, dans le sens aimer, protéger, aider, montrer l’exemple et surtout agir de façon juste et appropriée, etc. Mais vous mettez le mot qui vous met le plus à l’aise. Reparenting, c’est le terme général, c’est le terme qui le plus utilisé. Mais si le mot parent vous hérisse d’emblée, trouvez autre chose. [rire] Je vais continuer à dire reparenting, mais ce n’est pas obligé d’être un parent, c’est vraiment juste le fait de prendre soin. Et n’hésitez pas à utiliser d’autres termes si ça met votre système plus à l’aise.

Alors comment on fait du reparenting ? La première chose à faire, j’ai envie de dire, c’est de faire ce qu’on appelle du system mapping, c’est-à-dire de connaître un peu ses littles. [rire] Sans connaître ses littles, c’est un peu plus compliqué d’être précis dans le fait de faire du reparenting. Donc savoir un peu qui sont ses littles, sans pour autant les connaître vraiment très bien ou connaître exactement quand est-ce qu’ils frontent, à quoi ils ressemblent ou des choses comme ça, ça peut déjà être pas mal. Maintenant, si vous connaissez déjà vos littles, sachez que c’est quand même important, et même dans le system mapping en général, même si vous connaissez déjà vos alters, c’est important de pouvoir rester ouverts à d’autres. Parce que si on prend soin, notamment de littles, il est possible qu’il y ait d’autres littles qui soient cachés et qui se disent “ah, il y a une ouverture, ça a l’air plus safe, on va venir” ou, au contraire, des littles qui vont se dire “oulah, ça commence à devenir trop saint par ici, moi je vais venir m’assurer qu’on reste bien en sécurité”, et donc ils vont débarquer. Donc il est possible que faire reparenting amène d’autres littles à arriver, tout comme commencer à connaître son système et à essayer d’améliorer les choses peut attirer d’autres alters. Donc c’est bien de rester ouverts au sujet, même si je dis pas que ça va forcément arriver. Mais voilà, la première étape c’est évidemment de connaître un peu ses littles. Et surtout, ce qu’il faut dans l’idéal, c’est essayer de déterminer leurs besoins. Les littles, ils ont souvent des envies qu’ils manifestent “plus facilement”, mais derrière il peut y avoir des besoins qu’ils n’expriment pas, ou qui sont comblés ou pas, bon souvent, s’il y a des soucis avec les littles, c’est parce que les besoins sont pas comblés. Mais pas forcément, parfois juste ils ne l’expriment pas et donc c’est important d’essayer de leur en parler, d’essayer d’analyser leur comportement, quand est-ce qu’ils frontent, pourquoi, etc. Et donc d’essayer de savoir qu’est-ce qu’il leur faut en fait, au-delà d’un attachement simplement sécure, dans des trucs plus concrets. Vous pouvez aussi leur demander de quoi ils ont peur, qu’est-ce qu’ils aiment, à quoi ils pensent, … En bref, des choses pour apprendre à connaître des alters, des enfants, des alters enfants. Ensuite, bien comme le reparenting, c’est basé sur le fait de construire une relation spécifique entre les littles et des adultes qui vont prendre soin d’eux, c’est bien de demander à ces littles en qui ils ont confiance, vers qui ils pourraient avoir un attachement particulier, avec qui ils se sentiraient de faire cette expérience. Je pense vraiment que le plus important, c’est d’écouter les littles, d’écouter leurs besoins effectivement, et aussi d’écouter leur avis sur qui, selon eux, pourrait prendre soin d’eux de cette façon. J’en reparlerai plus tard mais ici on va parler évidemment plutôt de faire du reparenting intra-système. Donc des alters adultes qui prennent soin des alters enfants. Et dans ce cas, demander aux littles en quels alters adultes, ou en tout cas plus âgés, ils ont confiance. Ensuite, l’étape suivante, c’est de choisir des alters qui sont volontaires pour faire du reparenting. J’expliquerai un peu après en quoi c’est important de bien choisir les alters qui feront le reparenting mais en tout cas voilà, il faut au moins que ces alters soient d’accord. Et pour information, dans la suite de la vidéo, j’appellerai les alters qui font le reparenting soit des caregivers, soit des pourvoyeurs de soins. Voilà. Du coup, l’étape suivante, c’est de travailler un peu la communication et la confiance intra-système. C’est des étapes qui sont de toute façon importantes quand on est un système. Voilà, la prise de contact, la communication, la confiance. Et tout ça, c’est des choses qui prennent du temps, ça prend du temps en général. Faut pas se dire que le reparenting, du jour au lendemain ça va se mettre en place. C’est normal si actuellement vous n’êtes pas prêts, enfin vous ne vous sentez pas prêts à faire du reparenting parce que vous n’avez pas assez de communication, vous connaissez pas vos littles, il n’y a pas de confiance entre vous, etc. N’hésitez pas à remettre un peu à plus tard ou à juste commencer un peu à débriefer le truc sans pour autant essayer de tout mettre en place tout de suite. C’est un processus qui prend du temps, c’est normal. Et d’ailleurs c’est un truc qui peut amener à faire des erreurs et il faut accepter ça. C’est une relation qui peut être complexe, qui peut demander des ressources et surtout qui demande vraiment beaucoup de temps. Ça sert à rien d’avoir honte si ça ne marche pas, c’est ok de ne pas être parfait et l’important c’est vraiment, selon moi, d’être aussi sincère et juste que possible en fait. C’est déjà très bien, Le but, faut pas l’oublier, c’est d’avoir un attachement qui est sécure. Et un attachement sécure, c’est être juste, être sincère, développer la confiance, et ça fait déjà une bonne base en fait. Voilà, Donc tout ça, c’est un peu les bases “techniques”. Et il faut pas oublier aussi, comme je le disais au tout début, c’est pas magique. Oui ça prend du temps, ça peut ne pas être parfait, etc., mais surtout, vous risquez de rencontrer des difficultés. Il peut y avoir des littles qui sont bloqués dans des cycles traumatiques. Il peut y avoir des littles qui sont très craintifs et avec qui il faudra vraiment adapter la façon de faire. Nous, c’est un truc qu’on a fait en interne une fois : on a une little qui était vraiment très craintive et juste, on lui a laissé des affaires, on n’a pas essayé d’interagir avec elle parce que ça ne marchait pas et c’était pas du tout adapté pour elle. Et donc, ce qu’on a fait, c’est que dans l’innerworld, dans le monde intérieur, on a laissé des affaires qui pourraient lui être utiles. Et ça a permis déjà un petit peu d’établir un petit quelque chose avec elle. Le reparenting, c’est avant tout beaucoup d’amour. Ça a l’air simple comme ça, mais en fait c’est vraiment la base du truc, c’est d’avoir beaucoup d’amour à donner à ses littles. Et c’est aussi évidemment d’éviter tout ce qui est rejet, même s’il y a des comportements inadaptés, même s’il y a des erreurs, etc. Toujours essayer plutôt d’être dans le pardon, la compréhension et vraiment essayer d’éviter le rejet. Et ensuite, bah il y a plus qu’à choisir ce qu’on met en place concrètement, qui là va vraiment dépendre de votre système, dépendre de vos littles. Et bah… de le mettre en place. [rire] Donc on a vu un peu les bases. Le reparenting en gros, c’est des alters adultes qui prennent soin des alters enfants, avec le consentement de tout le monde, dans l’amour et la bienveillance. [rire]

Maintenant, concrètement, comment on fait ça ? Un truc qui peut aider pour commencer, si on ne sait pas trop- si c’est pas naturel et spontané, je vais dire, d’être une figure parentale, en général et pour ses littles, c’est ben justement d’observer des figures parentales existantes. Alors, si vos parents sont craignos, n’observez pas ces figures parentales-là. Toujours figure parentale dans le sens de prendre soin, dans le sens général de prendre soin, et pas dans un sens vraiment relation de sang je vais dire. Essayez d’observer des figures parentales qui vous semblent saines, où vous vous dites “j’aimerais avoir ça” ou “j’aurais aimé avoir des parents comme ça”, par exemple, ou en tout cas “cette relation, elle a l’air positive, elle me fait du bien”. Ça peut être des figures parentales qui sont “réelles” : des gens que vous connaissez, des gens que vous avez observés, des parents de vos amis, … Après je dis parents mais ça peut être des grands-parents, ça peut être n’importe. Mais ça peut être aussi des figures parentales fictives : dans une série, dans un livre ou même dans un jeu vidéo. Si vous observez des figures parentales qui vous ont l’air saines et adaptées et que vous voulez vous en inspirer, bah c’est très bien. Et vous n’êtes pas obligés de coller trait pour trait. Vous pouvez choisir des traits qui vous semblent adaptés et sains. Un deuxième truc concret qui peut être bien, c’est d’aménager l’innerworld, le monde intérieur. On peut aménager des espaces d’accueil, on peut aménager des zones safe, c’est on peut aménager des zones d’activités, on peut aménager des salles de jeux, … Il y en a qui aménagent des écoles, des nurseries, etc. Voilà, c’est toujours ok d’essayer d’aménager son inner, ça ne veut pas dire que vous inventez, pas du tout. Si c’est facile pour vous, tant mieux, si c’est compliqué pour vous, il y a des techniques pour y arriver. Aménager son espace mental, c’est même un truc qui se fait en thérapie, pour s’aménager des safe place et tout ça, donc voilà. Dans le cas d’un système, vous pouvez aménager des zones. Vous pouvez même avoir une salle qui, juste, peut changer, qui peut se transformer en fonction du besoin des littles. Avoir des zones concrètes, ça peut vraiment aider à rendre les choses plus concrètes. Alors si vous êtes aphantasiques par exemple, ou si vous n’avez pas un monde intérieur construit, ça peut être juste intuitif, mais ça peut être bien d’essayer vraiment d’y mettre un peu une intention concrète, que ça devienne concret pour vos littles et pour vos caretakers. Vous pouvez, je sais pas, les dessiner, en faire un schéma, mettre des post-it, le décrire dans un texte, etc. Mais essayez vraiment d’y mettre quelque chose d’un peu conscient pour que le cerveau sache que ça existe et que vos littles, même ceux avec qui vous communiquez peut-être pas encore, puissent y accéder plus facilement. Ensuite, ce qui aide bien, c’est d’essayer de prévoir des activités selon les besoins des littles. Les activités, ça peut être du coloriage comme ça peut être complètement quelque chose d’autre qui vous est complètement propre. Les activités du coup, elles peuvent être internes, dans les zones que vous créez, ou externes. Parce que si vous êtes capables de switcher, si vos littles sont capables de fronter, c’est toujours bien aussi, si vos littles aiment fronter, d’aménager des temps de front, surtout si vous avez des fronts intempestifs de littles à des moments inappropriés. Le but du reparenting n’est jamais d’empêcher les littles de fronter complètement. Mais c’est possible d’aménager des moments plus appropriés pour que leurs besoins soient remplis, qu’ils n’aient plus besoin d’avoir des fronts intempestifs, et qu’ils puissent fronter quand même. Et surtout, concrètement, le reparenting, il ne faut pas hésiter à se faire aider. Que vous ayez des amis systèmes, que vous ayez d’autres alters en interne pour vous aider, des ressources, … Et vous pouvez aussi demander à des thérapeutes ou des coaches comment faire, comment être un bon parent, comment être un bon parent pour vos parties enfants, même sans exprimer spécifiquement que vous êtes un système et que c’est des alters adultes qui vont prendre soin des alters enfants, il y a des possibilités. Et si c’est des thérapeutes que vous connaissez pas, vous pouvez dire que vous voulez être un bon parent pour vos (futurs) enfants, simplement. Faut vraiment pas hésiter à se faire aider. Et l’entraide intra-système, c’est quelque chose qui est important. C’est une ressource qui est trop souvent négligée. Et d’ailleurs, en parlant de ça, pour les alters qui ne seraient pas désignés en tant que caregivers, et j’en reparlerai après : n’hésitez pas à checker, n’hésitez pas à aller voir ces alters, là, qui s’occupent des littles, pour leur demander comment ça va. C’est aussi un peu un travail d’équipe. Il ne faut pas hésiter à faire un peu des réunions, des check-up pour s’assurer que ça va, qu’il n’y a pas des besoins, … C’est pas parce qu’il y a des caregivers qui vont être désignés pour s’occuper des littles que d’autres alters vont pas pouvoir venir donner un coup de main, s’en occuper de temps en temps, etc. Et surtout, permettre aux caregivers de souffler un peu et de faire des activités à côté. Voilà, la cohésion intra-système. [rire]

Maintenant, quelles sont les “qualités” qui déterminent si un alter peut être un bon caregiver pour le reparenting ? Parce que bah évidemment, tous les alters sont pas- n’ont pas envie déjà, mais sont pas forcément adaptés. Et c’est pas du tout sur base de préjugés ou quoi que ce soit, juste voilà. Un caregiver, pour le reparenting, c’est avant tout une personne de confiance. C’est une personne à qui on peut faire confiance et qui a confiance en elle. Mais c’est surtout une personne qui a, comme je le disais, beaucoup d’amour, beaucoup d’empathie et beaucoup d’éthique. C’est une personne qui est juste. Pas juste dans le sens terre-à-terre ou très pratico-pratique, très la balance et l’équilibre parfait, non. Juste dans le sens : juste dans ses relations en fait, juste dans ses réactions. Parce que parfois, les littles n’ont pas facile ou sont “pas faciles” du coup. Et donc les alters caregivers pour le reparenting, ils doivent rester “stables” et sécures eux-mêmes. Parce que l’objectif, faut pas oublier, c’est d’avoir un attachement qui est sécure, un attachement qui est stable. Parce qu’on a eu un attachement désorganisé ou parce que les littles ont pas eu d’attachement, pas de parents. Et donc le but c’est de montrer l’exemple, de rassurer. Si on a des alters qui ont tendance à surréagir, à être très anxieux, à avoir du mal à pardonner ou des choses comme ça, bah c’est pas les alters les plus adaptés pour être de bons caregivers. Voilà. Faut vraiment des personnes qui ont beaucoup d’affection à donner mais qui sont aussi stables, de confiance. Et surtout, un point qui est vraiment important – et c’est en ça que le reparenting intra-système diffère du reparenting qui peut exister dans le monde physique extérieur -, c’est qu’il faut que ce soit des alters qui soient très disponibles. Ça ne peut pas être des hôtes ou des alters qui frontent très souvent ou qui s’occupent de la vie extérieure dans l’idéal. Parce qu’il faut qu’ils soient disponibles pour les littles et c’est un peu du h24. Il y a des littles qui sont très jeunes et qui ont besoin- ou pas forcément très jeunes, mais il y a des littles qui ont besoin de pouvoir compter sur leur caregiver n’importe quand. Si c’est un alter qui fronte, si c’est un alter qui s’occupe du quotidien, qui travaille, qui s’occupe d’une relation externe, etc., il y a des moments où il ne sera pas disponible. Donc idéalement, des alters qui sont très, très disponibles en interne pour pouvoir s’occuper des littles à n’importe quel moment. Dans l’idéal, si ça peut être des alters qui sont expérimentés avec les littles, c’est toujours bon à prendre. [rire] Ou en tout cas, des alters qui sont ok et qui “matchent” avec les enfants. Nous, personnellement, on a des alters qui sont pas du tout à l’aise avec les enfants et c’est évident que c’est pas eux qu’on a choisis comme caregivers. [rire] Et qui sont – s’ils sont pas expérimentés mais même s’ils sont expérimentés – qui sont toujours ok d’apprendre comment être un bon parent, comment être un bon caregiver dans le cadre du reparenting. Idéalement, parce que c’est toujours sympa, des alters qui peuvent comprendre les émotions des littles, qui peuvent s’y adapter, être justes comme je le disais, mais qui sont aussi capables de poser des limites, sans être pour autant arbitraires voire agressifs quoi. Et qui savent répondre aux besoins, qui ont été déterminés plus tôt, de vos littles. Et beh encore une fois, tout ça, ça dépend vraiment de votre système et de vos littles et de leurs besoins spécifiques. Un truc super important, auquel il faut vraiment réfléchir et il faut vraiment être sûr de soi, c’est qu’il faut tenir ses promesses. Ça arrive souvent que des adultes fassent des promesses et ne les tiennent pas et n’expliquent pas pourquoi et n’expliquent pas pourquoi ça n’a pas été possible de tenir la promesse. Et ça, c’est un truc qui peut vraiment rompre la confiance des littles, même si ça n’arrive qu’une seule fois. Surtout avec des littles anxieux qui ont un attachement désorganisé. Donc un truc important : on tient ses promesses. Ça, c’est un conseil de protecteur que j’ai vu dans un groupe une fois, que j’applique, et ça marche, c’est vrai. [rire] Et évidemment, une qualité importante d’un bon caregiver pour le reparenting, c’est que les littles soient ok avec ce caregiver-là. Si les littles, d’emblée, ils disent “non, moi je veux pas de lui, je ne veux pas d’elle”, ça ne marchera pas. Peut-être que ça peut être un caregiver secondaire. Ça peut mettre un coup à l’ego, hein, on est tous d’accord, mais c’est eux, la priorité, c’est les littles qui choisissent quand même. Après, si les littles choisissent un alter qui n’est pas du tout sécure, là aussi ça peut être un caregiver un peu secondaire du coup. Mais il faut essayer de se mettre d’accord intra-système pour que le consentement de tout le monde soit respecté. Le reparenting, c’est quelque chose qui peut prendre beaucoup de temps et c’est bien d’avoir des caregivers qui sont très disponibles en interne. Et idéalement, si vous en avez la possibilité, ce serait bien qu’il y ait un caregiver référent par little par exemple, si vous en avez plusieurs, ou un caregiver référent pour tous vos littles. Mais faut pas hésiter à en avoir plusieurs – des caregivers – afin qu’ils puissent se relayer. Pour que les alters caregivers puissent à certains moments faire autre chose, c’est normal. Et dans tous les cas, c’est bien d’avoir un caregiver référent, mais les autres alters du système peuvent aider. Évidemment, ils peuvent aider déjà le caregiver, mais ils peuvent aussi s’occuper des littles à certains moments, à des instants T, c’est comme aller chez ta tante quoi. [rire] D’autres adultes peuvent, à certains moments, prendre soin des enfants, de façon saine, toujours, on est d’accord avec ça. Ça peut arriver que les caregivers aient besoin d’être aidés par les autres alters, même si c’est pas eux qui ont été mis en charge. Mais c’est bien que les littles puissent vraiment se tourner vers une personne, toujours la même, et qu’ils sachent qu’elle est toujours là et qu’elle est là pour les rassurer tant et aussi longtemps qu’ils en ont besoin. Et évidemment, dernière “qualité” que je trouve importante – bon il y en a sûrement d’autres, c’est pas exhaustif -, c’est des alters qui soient capables de communiquer, également capables de communiquer leurs propres difficultés. Il y a des alters qui sont un peu des “mamans de système”, mais qui du coup se plaignent pas et parfois vont au-delà de leurs capacités et de leurs possibilités, et finalement finissent par plus gérer ou, en tout cas, par devenir des alters anxieux, etc., avec trop de responsabilités. La communication c’est important, déjà de base, mais aussi pouvoir communiquer leurs propres difficultés, besoins et savoir qu’ils peuvent aller voir d’autres alters si y a besoin. Tout ça, c’est évidemment des conseils qui sont assez généraux. Comme je disais, je suis pas experte du reparenting, donc je vous donne vraiment un peu des points clés, mais n’hésitez pas à aller chercher d’autres ressources sur le sujet pour vraiment le développer. Et surtout, bah en parler intra-système, en parler avec d’autres systèmes également, pour essayer de mettre en place tout ça.

Et, avant de passer à mon témoignage personnel, j’aimerais quand même vous parler de quelques précisions et surtout précautions qu’il y a à prendre avec le reparenting. Et je pense que c’est important de mettre un content warning sur cette partie parce qu’il y a certains points qui pourraient mettre vos littles mal à l’aise, voire parfois les perturber un peu. Donc n’hésitez pas, s’il y a des alters qui ont envie de prendre soin de ces littles déjà [rire]; à le faire quoi, c’est bien. J’en ai déjà parlé un petit peu au cours de la vidéo, mais c’est mieux pour le reparenting, même si je sais que ça arrive souvent, et il faut pas s’en vouloir du tout, mais c’est mieux d’éviter que les caregivers soient des personnes extérieures, ou en tout cas, que ce soient les seules figures parentales ou les figures parentales principales. Parce que, déjà, les personnes extérieures ne sont pas disponibles 100% du temps. Mais surtout, il y a toujours un risque que la relation soit rompue. Si c’est un partenaire, il peut toujours y avoir une rupture. Si c’est un thérapeute, le thérapeute peut déménager ou arrêter son activité. Si c’est un parent du corps, bah une personne peut “disparaître”, vous avez compris. Il y a toujours plus de sécurité, même si je sais que la dormance arrive, etc., c’est pas ça, mais c’est plus sécurisant de prendre des alters internes au système plutôt que des personnes extérieures pour éviter une rupture de la relation et donc potentiellement un nouveau traumatisme ou un traumatisme. Et en plus, il y a des moments où c’est pas toujours adapté. Je veux dire, si on prend le cas d’un partenaire, il peut y avoir des moments d’adulte hein, vous avez compris je pense. Et dans ces moments-là, si les littles, ils ont besoin de leur caregiver, bah c’est pas très adapté… Si c’est même un frère ou une sœur du corps ou un truc comme ça, c’est des gens qui potentiellement travaillent, etc., et qui donc sont pas forcément dispo. Par contre, évidemment, les personnes extérieures peuvent aider les caregivers, ils peuvent s’occuper des littles par moment, s’occuper des littles quand ils frontent dans les moments appropriés, déterminés, etc. Ils peuvent prendre le relais et ils peuvent soutenir et aider les caregivers. Évidemment, ça c’est sûr. Autre précaution très importante, c’est de faire attention au choix des caregivers. J’ai envie de dire, en particulier si ce sont des personnes extérieures. Ça peut être dangereux, vraiment, de choisir des personnes qui pourraient accentuer des problèmes d’attachement. Qui pourraient faire pire, qui pourraient profiter de littles et de trucs comme ça. Malheureusement, c’est des choses qui arrivent, donc je pense vraiment que c’est un point assez essentiel. C’est vraiment important de prendre des figures, idéalement internes, qui soient “saines” et extrêmement disponibles, et idéalement plusieurs. S’engager en tant que caregiver pour faire du reparenting, c’est un engagement à temps plein. Et quand je dis temps plein, c’est 24h sur 24. [rire] Enfin je veux dire, quand vous êtes un alter qui vit dans une tête, il n’y a pas forcément de notion de jour/nuit, il n’y a pas forcément de notion de grandir/pas grandir. Du coup, c’est vraiment un engagement qui peut être pour plusieurs années et h24. Il y a des littles qui grandissent avec le cours du temps du monde extérieur, mais il y en a pour qui c’est pas le cas. Et il y en a qui, même s’ils grandissent, leur maturité émotionnelle ne grandit pas. Et il y en a qui ne grandissent pas mais ont une maturité émotionnelle qui évolue. Donc tout ça, c’est des inconnus. Enfin, peut-être vous connaissez très bien comment fonctionne votre système et donc vous pouvez avoir une idée plus précise. Mais dans l’absolu, c’est un engagement qui est réel, qui est concret et qui est potentiellement pour vraiment longtemps. C’est déjà pas facile pour un alter, parfois, de faire confiance, pour un little, de faire confiance, surtout s’il a déjà été abandonné ou trahi une fois ou plusieurs par le passé, n’hésitez pas à prendre le temps de bien préparer, de bien choisir vos caregivers, qu’ils soient d’accord avec cet engagement. L’objectif du reparenting, c’est pas de les faire grandir. On ne force pas les littles à grandir, c’est pas comme ça qu’on aide les littles, enfin c’est pas- Il n’y a aucune obligation à forcer des littles à grandir, ni à être comme des enfants extérieurs dans le sens à aller à l’école ou à avoir des comportements exclusivement d’enfants. Et le but n’est pas non plus de les empêcher de fronter. Quand on parle du fait de prendre soin des littles, c’est pas pour les normaliser. Ça ne marchera pas. [rire] Les littles ont souvent une puissance que vous sous-estimez. Les littles domineront le monde. [rire] Je suis sûre que ça approuve, même si j’ai dit “attention, content warning”. [rire] On a l’impression, parfois, que pour “guérir des littles”, il faut qu’ils soient grands ou qu’ils soient matures, ou que voilà. Ou que les littles ne peuvent pas se comporter comme des enfants ou ne peuvent pas se comporter comme des adultes. Il y a beaucoup d’a priori sur les littles. Le but n’est jamais de les forcer à quoi que ce soit. Si vous avez des fronts intempestifs inadaptés, le but est de permettre à ces littles, non pas de les empêcher de fronter, mais de fronter dans des moments plus appropriés pour répondre à leurs besoins afin qu’il n’y ait plus de fronts intempestifs. Mais c’est pas de les maintenir bien sagement à l’intérieur. Pas du tout. Et pareil, c’est pas en les faisant grandir ou des choses comme ça qu’on guérit les littles. Les littles peuvent rester des littles pour toute la vie de votre corps et c’est comme ça. Pour autant, ça ne veut pas dire qu’il faudra faire du reparenting pour toute la vie du corps. Même si, comme je l’ai dit juste avant ça, ça peut être le cas, on sait jamais. Mais faut tenir compte de l’avis des littles, il faut tenir compte du consentement des littles et leur demander leur avis, parce que bah c’est eux la cible en fait. [rire] Voilà, c’est eux la cible principale. Et, petite précision, juste comme ça, après je passerai à mon témoignage perso : le reparenting, c’est aussi possible pour des alters, qu’ils soient ados ou adultes. Ça se présente un peu différemment dans les choses concrètes à faire parce qu’il n’y a pas les mêmes besoins que pour des littles, mais le concept est possible. On peut mettre en place le fait de mettre un alter référent, une équipe d’alters référents, pour soutenir des alters qui en ont besoin en fait, et qui ont besoin de créer ou de recréer un attachement sécure. C’est possible. Vraiment, pas de problème. Juste, ça fonctionne un peu différemment. Mais si vous vous posiez la question, ça se fait.

Voilà, je pense avoir dit l’essentiel sur le reparenting et comment faire, du coup là je vais passer à la partie sur mon témoignage perso. La situation initiale, c’est qu’on avait trois littles. Deux qui sont très régulièrement présentes au front, même si pas de fronts intempestifs, et une qui était vraiment très, très interne et qui frontait quasiment jamais. Et qui était très porteuse de traumas. Et les deux autres pas spécialement, juste c’est des littles timides, très discrètes et qui n’étaient pas à l’aise avec le fait de pleurer ou d’agir comme des enfants. Et on avait déjà commencé à un peu se gérer intra-système depuis plusieurs années et on était un peu stagnants. Donc on avait déjà évolué sur pas mal de trucs. On avait des situations qui étaient assez bloquées et qu’on arrivait pas à améliorer, et les littles étaient au milieu du truc quoi. Elles n’étaient pas spécialement concernées directement par ces sujets, mais elles étaient un peu au milieu des conflits qui restaient. Et du coup, pour un peu améliorer notre communauté interne, on suivait des formations des Crisses, qui sont les coaches dont je parlais au début de la vidéo, qui ont fait du coup l’article en anglais sur le reparenting sur leur site Kinhost. Ils font aussi des formations pas chères et qui sont accessibles gratuitement, mais j’en reparlerai un peu après. On avait déjà suivi plusieurs de leurs formations sur comment aménager un inner, comment communiquer, le plan de sécurité qu’ils avaient adapté pour la multiplicité et dont on avait repris les idées, on en avait parlé à ce moment-là. Bref. Donc j’étais un peu dans ces sujets-là. Et en aménageant l’inner, on avait une zone- notre inner est sectionné, a plusieurs segments, en fonction des alters ou des éléments du passé. Et il y avait une section où il y avait des littles, où d’ailleurs on a trouvé la little qui était beaucoup plus interne et beaucoup plus stressée, qui était un endroit super effrayant. Et on avait nettoyé cette partie, on avait mis les littles en sécurité, etc. Mais au niveau des littles, on stagnait un peu. Et comme je dis, il y avait des conflits entre des alters adultes, et les littles au milieu de ça qui, juste, n’avaient rien demandé mais ça se passait un peu dans l’espace mental proche du front, et elles étaient là quoi. Et les Crisses ont sorti une formation, du coup, sur le reparenting qui était en live et gratuite. Parce que c’est comme ça qu’ils font : ils font une première formation en live gratuite avec des gens et puis ils l’améliorent et ils la rendent disponible pour 10$ ou moins, enfin ou plus si on a envie, mais ou moins si on ne peut pas se permettre de payer 10$, ce qui est totalement ok pour eux. Voilà, donc c’est comme ça qu’on s’est dit “allez, pourquoi pas, notre niveau d’anglais nous permet relativement d’y arriver, on va tenter le truc quoi”. Et en fait, ça a eu de l’effet, même si on s’y attendait pas. [rire] Alors au tout début, les littles, du coup, les deux qui sont plus présent au front, etc., étaient beaucoup plus- un peu plus communicatives que la dernière qui était très, très en retrait et qui n’a pas verbalisé de choses à ce sujet. Mais les deux autres étaient là “mais on veut pas aller à l’école”, “on veut pas être comme les enfants normaux” en fait. Et je pense qu’il y avait une notion de ce qu’on nous a imposé enfant en fait, et “ce qu’on impose aux enfants, nous on n’en veut pas”. Voilà. Elles étaient anxieuses, elles voulaient pas se montrer et, c’est pas qu’elles voulaient pas participer au truc, mais il y avait une espèce d’appréhension de “punaise, qu’est-ce qu’on va nous demander ?” quoi. On a su les rassurer sur le fait que c’était pas ça. [rire] Mais au début, il y a quand même eu de la réticence. Elles étaient assez discrètes et elles n’avaient pas envie qu’on s’occupe d’elles parce qu’elles sont comme ça en fait, elles sont assez timides, y compris sur le fait d’exprimer le fait d’avoir des besoins, et pas envie de prendre de la place. Et un autre point d’appréhension un peu qu’elles avaient – une des deux, surtout celle qui est là depuis longtemps et qui identifie les parents du corps comme ses parents -, c’est qu’elles voulaient pas que ça remplace les parents du corps. Du coup, si y a des littles qui m’écoutent : c’est pas le cas. Le but n’est pas là. Le but n’est pas du tout de vous obliger à quoi que ce soit. Donc là aussi on les a rassurées sur le fait que le but était qu’elles aient un alter référent, chez qui aller si y avait besoin, sachant qu’elles ne peuvent pas aller vers les parents du corps parce que… ils sont inadaptés en fait hein simplement, et pas disponibles. Et donc voilà, le but, c’était simplement ça. Il n’y avait pas de “remplacer les parents du corps”, ni les obliger à être des enfants comme dans le monde extérieur, ni les obliger à grandir, etc. Et puis il y a eu, du coup, le choix des caregivers. Alors on avait pensé à deux possibilités. La première, c’est une ancienne alter sociale qui est devenue, un peu- c’est un peu la maman du système en fait. Elle est très empathique, elle est très gentille, elle s’occupait déjà pas mal des littles. Et elle s’occupait aussi, du coup, de la vie externe en fait. Elle adore faire la vaisselle. [rire] Voilà, elle aime ranger, nettoyer, un peu… enfin bref, voilà. Elle s’occupe des trucs administratifs. Là où on a tous de l’anxiété administrative, elle, elle y va. Elle téléphone… comment elle fait ça ?… Bref. Mais donc voilà, c’était une vraiment bonne candidate au niveau de son caractère et de son tempérament et de son amour pour les littles. Le problème c’est qu’effectivement, elle frontait beaucoup. Elle était très sollicitée à l’extérieur et elle aimait ça, c’était naturel pour elle. Du coup, c’était un peu compliqué de se dire : est-ce qu’elle peut être assez disponible pour être caregiver dans le cadre du reparenting ? On s’est dit qu’elle pouvait peut-être être aidée par une autre alter, qui est l’ancienne hôte, qui est la grande sœur d’une des deux littles qui frontent, et qui est à l’aise avec les littles et qui s’entend bien avec, qui est chouette, etc. Mais à ce moment-là, comme je vous le disais, on avait des conflits internes et elle était un des alters qui avaient des conflits. Et du coup, son état émotionnel, à ce moment-là, lui permettait pas de prendre cette place. Surtout que bah c’est l’ancienne hôte, qui est un peu devenue une alter sociale depuis, et donc elle était aussi assez présente devant. Et du coup, de façon assez inattendue, on a une alter qui s’est proposée, qui est une protectrice interne. On en a parlé sur la chaîne de Partielles. C’est River. C’est une alter qui s’est développée à la fin de l’adolescence et qui est partie en dormance tout de suite. Elle a été dormante pendant 10 ans. Et après, elle est revenue sans souvenirs, puis elle a récupéré des souvenirs. Et juste, c’est devenu un peu une espèce de protectrice interne avec des capacités d’architecte. Du coup, c’était elle qui avait par exemple nettoyé la zone un peu effrayante où les littles étaient censé être, où étaient censé aller. Elle avait aussi créé une safe place, un salon, au milieu de l’espace mental. Et elle frontait quasiment pas, parce que bah pas le besoin, etc. Même si la possibilité de fronter était là mais juste, voilà. Et donc elle était disponible, elle avait les capacités. C’est une alter qui est bien dans sa tête et bien dans ses pattes. Et juste, elle était là, elle était dispo. Et en plus, la little qui avait été trouvée dans l’espace un peu effrayant était venue près d’elle, au milieu de l’espace de front, et juste elle n’y bougeait pas, elle n’interagissait pas, mais elle restait près d’elle. Donc c’était effectivement une bonne candidate. Elle s’est proposée et voilà, c’est comme ça qu’on a choisi River. Avec du coup Enochi pour l’aider, donc la maman du système [rire], s’il y avait besoin de quoi. Concrètement, ce qu’on a mis en place, simplement, c’est qu’on a mis en fait une attention particulière sur les littles. Les littles, petit à petit, ont commencé à comprendre que si elles avaient besoin, elles pouvaient simplement aller vers River. Et ce à quoi on a réfléchi, parce que ça nous a pris du temps, c’est : leurs besoins, ok, mais comment on met en place des choses qu’elles voudraient ? On savait qu’elles ne voulaient pas être comme les enfants extérieurs, elles voulaient pas aller à l’école, elles avaient pas besoin de nurserie, elles avaient pas besoin de jeux et des trucs comme ça. Elles s’occupaient à l’extérieur quand elles étaient là, mais elles faisaient aussi des trucs d’adultes, etc. Et donc ça a mis du temps pour réfléchir vraiment concrètement à : qu’est-ce qui leur plaît, en fait ? À part ne pas déranger ? [rire] Et un truc qui a été mis en place, simplement, c’est que bah c’est des alters qui sont des chats. C’est toujours un peu bizarre parce qu’on a des alters non-humains, on est majoritairement non-humains, en tout cas les fronteurs principaux, blablabla. Et donc bah c’était un peu : est-ce que c’est vraiment adapté ? Est-ce que c’est ça qu’il faut, et tout. On est un système très ouverts sur nous-mêmes donc on s’est dit : bah voilà, ok, c’est des chats, qu’est-ce qui fait plaisir aux chats ? Et c’est comme ça que River s’est dit : bah vous savez quoi, je vais faire un arbre à chat ! [rire] Près de son canapé, au milieu de la salle de front. Et vraiment, ça a été une révélation quoi. Les littles, les deux, ces deux-là, pouvaient simplement jouer en interne. Mais comme les jouets d’enfants externes les intéressaient pas, bah des jouets pour chats, c’était ce qu’il leur fallait. Et on s’en fout, tout ça, ça se passe dans la tête. Le but, c’est qu’elles se sentent bien. Donc voilà, on l’a fait, simplement, et ça a été un kiff absolu. Et l’arbre à chat est toujours là et elles sont toujours dessus. Et voilà. Elles ont développé une relation- elles étaient déjà relativement proches, mais elles le sont devenues encore plus en fait. Et elles se soutiennent ensemble, etc. Et voilà. Et pour l’autre little, qui du coup était juste de River, ben juste, ce que cette little a fait à un moment, c’est que juste, elle s’est allongée près de River, en posant juste sa tête sur ses genoux. Et elle demandait rien, elle parlait pas, etc., donc voilà. Et juste, River est restée là. Et elle est restée là pendant des mois. Et quand elle n’était pas là, quand elle n’avait pas la possibilité, ce qui n’est pas arrivé souvent parce qu’elle était vraiment très dispo, c’était juste Enochi qui venait se mettre à sa place. Mais du coup, la little en question est juste allée chercher ce dont elle avait besoin, c’est-à-dire avoir une présence – présence rassurante – et se sentir en sécurité, et c’est tout. Et elle est juste restée là. Voilà. On a mis des petites choses en place, mais franchement, enfin j’en reparlerai après mais n’hésitez pas à vous renseigner et à tester des trucs quoi en fait, mais à vous renseigner sur d’autres possibilités, notamment sur le site de Kinhost. Et voilà, c’était juste aussi simple que ça en fait. La little en question, elle est juste restée là et ça lui convenait. Et les autres, elles savaient que si elles avaient peur, bah elles allaient se mettre en boule sur les genoux de River, elles allaient se cacher sous son canapé. Si elles avaient envie de pleurer ou des choses comme ça, si il y avait des trucs qui n’allaient pas, … Parce qu’elles n’étaient pas très expressives sur l’émotionnel, à part un peu la peur. Et du coup, quand elles avaient peur, elles allaient près de leur figure rassurante qui les protégeait. Et leur besoin, c’était ça je pense. C’était de ne pas avoir besoin d’exprimer qu’elles avaient besoin de se sentir en sécurité. Et elles y allaient. Et voilà. Et si éventuellement, il y avait besoin, River pouvait se déplacer pour aller vers elles, y compris, parce qu’elle est architecte, avec son arbre à chat ou son canapé. Mais c’est pas arrivé souvent, il n’y a pas eu spécialement besoin. Et juste, c’est un truc sur lequel on s’est concentrés pendant la formation, qui a duré, je sais plus… C’était quelques semaines mais on avait les cours – enfin les cours, les textes – le lundi et il y avait une réunion en live une fois par semaine, et voilà, on s’est concentrés dessus à ce moment-là et c’est tout. Et en fait, c’est une évolution- c’est juste resté comme ça après, et c’est une évolution qui restait très discrète. On s’est pas rendu compte de ce que ça amenait. Parce que bah on a des littles discrètes. [rire] Je suppose qu’il y a des systèmes chez qui les alters, l’évolution peut être plus flagrante ou pas. Mais on s’est pas rendu compte, en fait, que ça faisait des trucs. Et en fait, depuis, bah elles vont toutes beaucoup mieux. La little qui était plus anxieuse, qui restait juste sur le canapé, elle est retournée avec des alters en interne qui étaient “sa famille”, et ça lui convient. Et les deux autres, bah elles viennent, elles frontent, elles s’occupent de trucs. Comme je vous disais au début, vraiment, elles ont confiance en elles, ça va mieux. Et quand elles ont peur, elles peuvent aller se rassurer, il n’y a pas de problème. Mais elles en ont vraiment moins besoin. Elles savent dire “oh j’ai eu peur” ou “oh j’ai peur”. Elles n’hésitent pas à dire si elles sont tristes, si elles sont inquiètes, même si elles sont fâchées. Ce qui n’arrivait pas hein, elles n’exprimaient pas grand-chose. Et ça arrive, quand un alter plus grand, adulte, va pas bien, qu’elles aillent se mettre en boule sur les genoux, mais pas dans un but de se rassurer elles-mêmes, mais dans le but d’apporter une présence à cet alter. Et c’est trop mignon ! [rire] C’est trop bien. Et voilà. Du coup, on s’attendait pas, nous, à ce que le reparenting, ça ait ce genre d’effet. Mais, même sur nous qui sommes un système qui sont peu dans l’expression émotionnelle, qui ont des littles discrets, qui n’avaient pas l’air d’avoir besoin de quoi que ce soit au départ, même si toujours un peu mais voilà, bah ça a eu ce genre d’effet. Donc je pense vraiment que pour des littles qui seraient vraiment plus encore en besoin, ça peut vraiment être une technique qui fonctionnerait bien. On a pensé à les faire parler dans cette vidéo, mais je pense que c’est compliqué. Elles ne sont plus timides en interne, elles ne sont plus timides avec Kara mais elles sont toujours timides vis-à-vis de l’extérieur. Mais peut-être qu’elles viendront pour les questions/réponses, mais vraiment, je peux pas le garantir. J’aurais aimé faire parler River aussi mais elle est pas dispo. Bref. J’espère que cette vidéo aura été utile. C’est vraiment juste quelques bases, n’hésitez pas à vous documenter, il y a notamment l’article de Kinhost. Les Crisses ont aussi fait une vidéo pour une Plural Positivity World Conference, je pense. Les Crisses, c’est vraiment un système que je trouve vraiment très adapté. Ils sont très chouettes, ils connaissent vraiment bien la pluralité, ils sont coaches aussi, ils ont vraiment beaucoup de vécu et ils sont très, très bienveillants. Vraiment, si vous avez besoin de ressources que vous trouvez pas, n’hésitez pas à aller voir s’il y a des trucs chez eux, notamment sur Kinhost, parce que c’est des ressources qui sont vraiment super. Et puis bah il y a toujours la formation, celle que moi j’ai fait, qui du coup maintenant est accessible simplement à l’écrit. Il n’y a plus de réunions en live mais le contenu est disponible. Et c’est payant mais comme je vous dis, il y a vraiment une possibilité de s’arranger avec eux. La seule chose, c’est que c’est en anglais. Alors, c’est possible de se débrouiller avec un traducteur, mais les Crisses ont parfois un parler un peu… américain… Enfin ils parlent comme nous on parle français, et je ne suis pas sûre que les traducteurs sont toujours bons pour mettre toutes les nuances que nous on apporte dans la façon dont on a de parler. [rire] Mais voilà, il y a quand même moyen de s’en sortir. Et si jamais il y a des gens qui seraient intéressés, on s’est arrangés avec eux pour leur proposer de traduire leur contenu. Du coup, si vraiment ça vous intéresse, je peux leur redemander de traduire cette formation spécifiquement, et de la rendre accessible aux francophones quoi. Bref, je vais donc m’arrêter là. J’espère que c’était relativement clair et relativement intéressant. Et bah maintenant, y a plus que les questions/réponses. Voilà, à tout de suite.

Intervention proposée par:

  • Epsi (iels/peu importe) | Multiple/Plural : « Co-fondateurs de l’association sans but lucratif Partielles, qui vise à informer et soutenir les personnes multiples. Nous avons 34 ans, nous habitons en Belgique et sommes en couple avec le système de Kara. Nous avons un TDI, mais nous nous définissons surtout comme Plurals (ou multiples). »