Table ronde sur les relations intra système. Sont abordés les différents modes de communications utilisés au sein de nos groupes ainsi que nos différentes manières et raisons de relationner

Avertissements de contenu:

Noël, Mort (pas explicite), conflit, thérapie, TDI et termes associés, famille, crises de légitimité

Transcription:

Bonjour.

Bonjour.

Bonjour.

[La Meute] Alors une présentation rapide, je m’appelle Silco, je fais partie de La Meute. On est on va dire une quinzaine. On a pris conscience qu’on était multiples en 2022 et de là se sont enquillées plusieurs prises de conscience, déprises de conscience, crises de légitimité et autres, et puis on avance petit à petit jusqu’à cette table ronde sur les relations intra système, voilà.

[Vicktore] Ben merci nous du coup nous c’est Vicktore, actuellement c’est Orphée, du coup je suis l’hôte. On est un système polyfragmenté d’à peu près une 160aine d’alters. On est à peu près conscients de nous depuis les 17 ans du corps. On en a 23. Voilà.

[Les Saphis] Eh bien enchantée, moi c’est Anaïs, je suis hôte du coup du système Les Saphis. On est environ 35, allez en tout, il y a un système principal et les deux sous-systèmes, environ 35 sur tout. J’ai conscience de la multiplicité, des hôtes depuis les 9 ans du corps et j’ai fait une deuxième prise de conscience aux 17 ans du corps et du coup le corps a 26 ans.

[Ethée] OK, bonjour, alors moi je m’appelle Kitsune, mon pronom c’est elle, le nom de mon groupe c’est Ethée, je suis plutôt sociale. On n’a pas d’hôte connu ni de sous-système. A ce jour et à ma connaissance on est un peu plus que 20 dans notre groupe. On a conscientisé notre existence en 2021 ou 2022, je sais plus. On sait pas grand chose sur nous. Les notions de TDI et certains termes spécifiques sont compliqués à gérer pour nous. Et ce dont je témoigne aujourd’hui c’est valable aujourd’hui mais j’en apprends tous les jours.

[La Meute] Du coup si je suis cette magique petite feuille. Ben déjà enchanté tout le monde et merci d’être là. Y avait une question que Sacha (membre de La Meute) trouvait sympa la dernière fois, donc quelqu’un de chez nous qui demandait ce qui vous avait donné envie de participer à la table ronde afin de lancer la discussion, et pour nous c’est un besoin de participer à un cercle vertueux de partage d’expériences, de se sentir plus légitimes à parler de notre vécu aussi, envie de connecter avec d’autres personnes multiples même pas tant précisément pour qu’il y ait des fonctionnements communs mais simplement pour… pour se rappeler qu’ils sont tous légitimes finalement. Ouais à peu près ça.

[Vicktore] Du coup nous ça va être, pourquoi on a eu envie ? Alors ça va dépendre de qui, moi plus parce que ça me permet de cartographier à peu près ce qui se passe dans l’inner et Maya parce que besoin de témoigner un peu, pour que ce soit un peu plus réel. Voilà.

[Les Saphis] Du coup.

[La Meute] Okay.

[Les Saphis] Pardon. Du coup pour ma part j’ai choisi de rejoindre la table ronde parce que c’est finalement beaucoup plus facile de parler en groupe que de faire une vidéo tout seul, même si en soi ben du coup on rapporte les témoignages les uns et des autres mais c’est plus facile de faire une discussion de groupe et d’échanger et de voir les points de vue de chacun et comment ça se passe chez les autres ou comment ça se passe pas. Et du coup que de faire une vidéo tout seul et de galérer à monter au lieu d’avoir des échanges tranquillement.

(rires)

[Ethée] Alors moi ben j’avais mal compris la thématique au départ, j’avais lu communication intra système, j’avais plein d’idées et en relisant le chat du Discord, j’ai vu que j’avais mal compris le thème du coup j’ai barré mes idées mais j’avais quand même envie d’le faire. Après je rejoins ce qui a été dit, c’est beaucoup plus simple d’être à plusieurs que de faire un truc tout seul. Nous on a en plus commencé à se questionner sur le fait qu’on soit plusieurs après avoir vu une interview d’Olympe et du coup on est très sensibles à l’importance des témoignages et on se dit, même si nous on se sent pas du tout légitimes à témoigner même encore aujourd’hui, y a quand même, on se dit que ça peut quand même peut être aider, même si c’est juste une personne qui l’entend, voilà, ça vaut le coup de prendre la place quoi.

[La Meute] Je suis d’accord avec ça, c’est important. Alors, et c’est le moment où je suis transparent et je dis que je me suis réveillé 5 minutes avant le moment où je me suis mis en vocal et où je fais genre que je sais quoi dire tout de suite sans me louper, ce qui n’est absolument pas le cas. Mais du coup si je reviens sur cette magnifique petite feuille, ont été dégrossis plusieurs axes pour parler de tout ça et un axe qui m’intéressait c’était les raisons potentielles sur lesquelles on pouvait relationner et en partant sur un axe chronologique chez nous, je me suis aperçu qu’il y avait beaucoup de relations en tout cas au début de la découverte entre nous qui s’étaient faites un petit peu par défaut, des relations qui s’étaient développées par habitude. Et que, on avait mis beaucoup de temps à mettre le doigt sur le fait que c’étaient des relations par habitude et de questionner la chose pour voir si on voulait faire quelque chose de ces relations, si on voulait activement construire quelque chose plutôt que de les laisser par défaut. A savoir que y avait des choses qui étaient ancrées dès le début, par rapport à d’autres relations où y avait des gens qui cohabitaient mais qui ne se connaissaient pas, ou ne s’étaient pas rencontrés dans le monde interne, ou n’avaient jamais dialogué de quelque manière que ce soit. Et certaines situations, donc problèmes externes de la vie liés au fait d’être plusieurs dans un corps tout simplement, des problèmes intrinsèques au fait d’être multiple, on s’est rendus compte qu’il y allait avoir besoin de développer ces relations plutôt que de les laisser en mode par défaut. Voilà. Du coup, que ce soit, donc là c’est plutôt pour régler des problèmes ou pour s’organiser donc ça rentre dans une fonction de besoin. Mais je sais aussi que plus tard, quand on a été plus à l’aise avec le fait d’être plusieurs, se sont développées plus de relations par plaisir et par envie que simplement par obligation. Et que donc, à partir du moment où on est sortis du mode survie par rapport à notre prise de conscience, on a pu développer ça en fait. Je ne sais pas si vous, vous avez eu des choses comme ça chez vous qui ont remis en question certaines relations que vous avez. Mais je sais que nous on a eu des moments où vraiment on avait des relations presque, comment dire, protocolaires, administratives. Et que au fur et à mesure, soit de front seul.e, soit en ayant des co-front de combinaisons de personnes auxquelles nous n’avions pas l’habitude, on s’est rendus compte que potentiellement, les gens aimaient bien passer naturellement plus de temps avec d’autres gens et qu’on aurait pas forcément testé sans vraiment se pencher dessus on va dire. Donc voilà un peu pour parler de manière générale. Je ne sais pas comment est-ce que vous voyez le truc. Si quelqu’un veut prendre la parole pour poursuivre, je suis ok.

[Vicktore] Nous, comment on a commencé à relationner ? Alors, c’est un peu compliqué parce que on prend encore conscience de certains alters, d’autres apparaissent, d’autres partent, c’est le principe d’un système polyfragmenté. Mais, on a plus d’alters qui apparaissent que qui partent. Mais on a commencé à relationner, on était 3, enfin 3 conscientisés, on était beaucoup plus, mais ça c’est un autre détail, et autant Alec et moi, ça a été naturel, en même temps on a toujours été ensemble, depuis que j’ai pris le rôle d’hôte, on a toujours été ensemble, très rares ont été les moments où j’ai été seul, ou lui a été seul, on étaient toujours tous les deux. Donc on va dire qu’on a relationné par défaut entre guillemets. Mais on va dire qu’on a une relation très fusionnelle qui a été faite avec le temps mais qui en même temps était un peu obligatoire. Avec Maya ça a été plus, comment dire ? Différent, plus difficile, ben parce que déjà Alec et Maya sont en couple, à l’époque, ils avaient un crush l’un sur l’autre, donc moi j’étais un peu celui qui tenait la chandelle. Et euh, Maya, j’aime énormément Maya mais c’est surtout Maya avait un rôle très différent de celui que moi ou Alec, on avait.

Si je peux parler un peu de sujets sensibles, Maya nous a sauvé la vie à plusieurs reprises, que ce soit de la part d’Alec ou que ce soit de la mienne, ou que ce soit même à l’extérieur, Maya nous a sauvé la vie à plusieurs reprises. Donc c’est ça. Sinon avec les autres, ben moi j’ai une famille, dont je me rappelais pas mais maintenant je me rappelle, j’ai une famille. Ben du coup Alec et Maya en ont une aussi. On a pas mal de familles dans l’inner de base, avec enfants/parents que ce soit de sang ou adopté.e.s. On fonctionne pas mal par groupe on va dire. Genre je ne connais pas, à ma connaissance, d’alter qui soit vraiment tout seul, que ce soit little ou adulte ou teen.

[La Meute] Quand tu dis “seul.e”, c’est au front ou de manière établie dans le système, quelqu’un qui fonctionne seul.e ?

[Vicktore] Ben que ce soit au front, alors au front ça arrive que l’on soit seul.e, c’est assez rare, ça arrive à certains littles surtout quand iels sont trigger. Mais j’parlais plutôt dans l’inner dans le sens où je connais pas d’alter qui vivent seul.e.s, enfin si mais c’est très particulier, y en a bien un mais c’est particulier. Sinon je ne connais pas d’alter qui vive seul.e, qui fonctionne seul.e. On fonctionne en groupe de manière générale.

[La Meute] D’accord

[Vicktore] que ce soit des groupes amicaux, que ce soit des groupes un plus administratifs, ou plus on va dire déclarés, dans le sens où on a des conseils. Mais ouais, je connais très peu d’alters qui passent leur vie seul.e et qui fonctionnent seul.e.s.

[La Meute] D’accord.

[La Meute] Est-ce que le fait de, je me posais la question parce que j’estime ne pas être polyfragmenté. D’ailleurs si jamais vous voulez dire une définition de ce que c’est pour vous peut-être pour les personnes qui nous écoutent et qui ne connaissent pas, ben ça pourra leur donner des billes. Mais du coup, est-ce que vous pensez que le fait de fonctionner beaucoup par groupes c’est parce que vous êtes polyfrag ou est-ce que ça n’a rien à voir ?

[Vicktore] Alors pour nous ça n’a rien à voir. Alors déjà j’vais ptêt donner une définition du coup de qu’est-ce qu’un système polyfragmenté pour nous. Alors pour nous, ce n’est pas tant le nombre, même si souvent c’est souvent un critère mais bon. Je connais des systèmes qui sont très nombreux et qui ne sont pas polyfragmentés. C’est surtout que chez nous, comment ça se caractérise, on crée très facilement des alters, on dissocie très facilement. On crée des alters en masse, très souvent quand il y a une conscientisation ou une création d’alters, on conscientise en masse. La dernière conscientisation, on a conscientisé une quinzaine d’alters. On sait très bien que si on développe un nouveau intérêt spé ou une nouvelle hyperfixation, et qu’on dissocie dessus, on va avoir des introjects. Le dernier exemple en date, c’est Hazbin Hotel, on a énormément d’introjects d’Hazbin Hotel. Pour nous c’est la création massive et la dissociation qui est quasiment constante.

[La Meute] Du coup, ça c’est ces deux trucs qui font vraiment partie de la définition d’être genre polyfrag pour vous, c’est pas juste le fait, enfin c’est pas juste, c’est pas le fait d’être beaucoup ?

[Vicktore] Non, pour nous, c’est vraiment ces deux points-là. Et du coup, pour répondre à ta question, le fait qu’on soit polyfragmentés et que ben du coup on sait que va y avoir des nouveaux assez régulièrement, fait que effectivement, y a eu besoin qu’on ait une communication assez claire, on n’a pas vraiment eu le choix. Mais même avant qu’on sache être polyfragmentés, et même avant que y ait des sorties de dormance, qu’il y ait pas mal de choses, on relationnait déjà puisque Maya, Alec et moi, on formait un noyau assez fusionnel. Je ne suis pas aussi proche de Maya qu’Alec l’est, mais Maya et moi on a fonctionné pendant très longtemps, bon maintenant c’est un peu plus compliqué, mais à deux. C’est à dire que moi j’étais au front, lui en cofront et on fonctionnait comme ça. Maintenant c’est un peu moins nécessaire, et puis il a sa vie, c’est un peu moins le cas. Mais voilà.

[La Meute] D’accord. Et est-ce que quelqu’un veut genre faire un petit topo par rapport au groupe dont iel fait partie ou partir sur carrément même sur un autre sujet ?

[Ethée] Ben moi je vais ptêt répondre à la question.

[Les Saphis] Oui moi aussi je voulais répondre à la question que tu avais lancée.

[Ethée] J’suis un peu embêtée parce que c’est une nouvelle question, du coup ça me prend un peu au dépourvu donc j’essayais en même temps d’écouter et de réfléchir. Donc la question c’est comment on a commencé à relationner, c’est ça, j’ai bien compris ?

[La Meute] Ben disons que, alors pour faire un ptit topo, c’était pas la même personne au front chez nous la dernière fois et donc c’est possible que y ait une sortie de route.

[Ethée] Non non, c’est pas grave, c’est juste pour vérifier qu’j’ai bien compris la question, pas que j’réponde à côté.

[La Meute] Ben je sais pas si y avait vraiment une question quand j’ai commencé à parler mais disons que c’était un espèce d’état des choses, nous on a commencé, genre j’me suis posée la question de manière un peu chronologique pour essayer de déterminer comment ça se passait. Si y avait une question, vraiment, ce serait genre, j’sais pas, j’imagine. Est-ce que vous avez dessiné des axes ? Est-ce qu’y a des fonctionnements qui se dessinent, qui reviennent assez souvent ? Est-ce qu’y a des choses comme ça ? Pas forcément des types de relations mais.

[Ethée] Euh les questions qu’on avait abordées la dernière fois, on va les aborder ou pas du tout ?

[La Meute] Bien sûr, on peut.

[Ethée] Ouais non non, c’est juste pour savoir. Ça m’est égal, c’est juste pour euh savoir. OK, donc comment est-ce qu’on a commencé à relationner ? Donc si y faut faire un truc historique, pour nous c’est hyper compliqué parce qu’on se situe pas dans le temps. Euh, donc là ce qui me vient en vrac c’est que je sais qu’au début qu’on a pris conscience, c’était très euh, c’était une atmosphère de guerre très violente, euh y faisait noir, il y avait beaucoup de fumée, beaucoup de bruit, beaucoup d’insultes, ça j’me souviens. Euh ça s’est fait pendant la thérapie donc très rapidement en fait c’est le thérapeute qui servait d’intermédiaire mais j’ai pas de souvenirs parce que euh toutes nos mémoires sont vraiment complètement coupées les unes des autres. On partage pas grand’chose donc j’ai très peu de souvenirs si ce n’est les miens de ce moment-là, de cette époque-là. Donc c’est le thérapeuthe qui faisait les allers-retours entre tous les gens qui voulaient bien venir lui parler. Et puis euh, y a quelqu’un chez nous qui a pris l’initiative d’aller voir les autres, euh bon ça s’est mal terminé, mais voilà au moins c’était une initiative. Et là maintenant, aujourd’hui, on essaye en fait de parler entre nous, d’aller se voir directement les uns les autres, euh pour discuter entre nous plutôt que de rester dans son coin, à se perdre en conjectures, à lancer pleins d’hypothèses. Voilà, on essaie d’aller vérifier nos hypothèses auprès de ceux qui sont concernés, ce qui est pas du tout un réflexe chez nous donc c’est vraiment très coûteux en énergie, très fatigant, très épuisant. Voilà, aujourd’hui, ça donne un petit peu l’évolution de comment on a commencé à relationner et comment c’est un peu aujourd’hui.

[La Meute] Ok, donc c’est un vrai travail ?

[Ethée] Un travail de fou, tous les jours, et très compliqué, et tout sauf automatique pour nous.

[Les Saphis] Du coup pour ma part, pour répondre à ta question. Alors au départ, commencer à relationner, quand j’ai fait la première prise de conscience. J’ai conscientisé Jérémy, Kimy ensemble. Un garçon une fille. Et ça m’a pas plu de les conscientiser, pas du tout. Donc je les ai simplement écartés, totalement pour qu’ils ne gênent pas. Et une fois que j’ai compris qu’ils pouvaient m’aider à aller mieux plutôt dans le, en société, là j’ai commencé du coup à relationner un peu en mode : okay, on prend, on discute et on voit qui peut faire quoi pour que ça aille mieux. Et une fois qu’on fut beaucoup et donc beaucoup de littles, c’est pareil là j’ai dit avoir beaucoup d’enfants au front c’est compliqué. Donc on va faire en sorte que les enfants ne viennent pas au front. On va faire papa maman des familles et chaque little aura sa famille de référence. Donc j’ai construit des familles, on a construit des familles, d’abord adoptives pour les littles qui arrivaient en adoption et après ce fut, chacun a fait sa propre famille en fonction de, bah de ses affinités avec les uns ou les autres. Au départ pas de relation voulue, et au final c’est aidant de relationner donc on s’y met.

[La Meute] Okay, donc on est là aussi sur un truc où à un moment y’a eu nécessité de le faire.

[Les Saphis] C’est ça.

[La Meute] Est-ce que euh, bon du coup, je n’ai pas le souvenir de potentiellement la direction que ça avait pris la dernière fois donc je n’ai pas un ordre de question à poser. Donc si quelqu’un a des idées pour la suite, je prends.

[Ethée] Ben euh,

[La Meute] Je vois plein de directions potentielles actuellement.

[Ethée] on s’était posé la question, quels genres de relations existent-ils en fonction de la présence des gens ?

[La Meute] Okay. Ben écoutez je vais parler pour mon cas parce que ça me paraît plus difficile de parler pour les autres voire impossible. Mais pour le coup, moi je suis en couple avec quelqu’un d’autre du système, Jarod, qui est quelqu’un qui front assez peu et moi pas mal en comparaison. Donc j’ai eu à un moment une espèce de séparation, pas voulue mais avec laquelle je dois composer entre la vie en interne, qui est une vie domestique dans laquelle j’entretiens une relation romantique avec quelqu’un mais qui n’est pas quelqu’un d’extérieur au corps, et où, à contrario, où mes autres relations, les relations comment dire, j’ai des relations avec des gens, d’autres personnes dans le système et y’a une personne avec laquelle je suis vraiment proche, et à contrario d’avoir, de devoir du coup entretenir des relations plus amicales et euh comment dire, de proximité immédiate, par exemple la personne qui habite avec nous, ce genre de chose. Les gens, les proches qui viennent régulièrement, les amis de l’hôte en fait la plupart du temps. Et du coup c’est vrai c’est assez disparate et des fois c’est dur de s’y retrouver dans le sens où j’aimerais pouvoir entretenir ces relations à l’extérieur mais où je sais que c’est pas possible parce que ben c’est un autre alter tout simplement. Et donc c’est vrai que ça, ça doit être genre un problème que j’ai, là où d’autres personnes n’vont pas voir le truc, ça se fait toujours de manière décousue, c’est-à-dire que une tête n’est pas bien rangée, donc jamais les choses ne se passent de manière bien rangée, même si parfois ce serait plus simple. Si S et A sont au front, ce sera pas la même chose que si y’a seulement K, ou si on compte B, H, , J, voilà je dis juste des noms d’emprunts parce que bon, la confidentialité des gens, mais grosso modo c’est ça, on peut pas contrôler ces choses-là. Quand je dis on c’est nous, si y’a d’autres gens pour qui c’est le cas, c’est comme ça , nous on sait juste que c’est quelque chose qui n’est pas possible. Donc y’a aussi une partie de relations d’habitudes qui ont été faites comme ça. Mais personnellement c’est vrai que j’ai un peu un creux avec comment est-ce que j’arrive à faire coïncider ma vie interne avec ma vie au front en sachant que je ne contrôle pas la venue ni de l’un ni l’autre, ou le timing ni de l’un ni de l’autre. Même si je peux essayer de le moduler pour m’arranger un peu, c’est toujours des choses, ça arrive et ensuite on compose avec. Donc voilà ça c’est un peu le gros truc, récemment, c’est d’avoir cette vie mais que comment dire ? Que je peux partager avec les autres de manière très limitée, puisque les autres ne le voient pas. Donc euh c’est un peu particulier mais on s’y fait. Je sais pas si ça répond à la question.

[Vicktore] euh oui oui

[La Meute] Pas de soucis

[Vicktore] Nous du coup, comment on relationne ? Bah déjà il y a plusieurs types de relations chez nous. Euh enfin oui plusieurs types oui, et notamment y’a du coup comme j’avais dit tout à l’heure. Pour ce qui est de moi, comme je suis hôte donc je suis la plupart du temps au front. Je suis proche des autres, des amis du corps, et proche du fiancé en particulier, mais les autres alters sont pas mal aussi à être proches. Euh surtout nos littles, surtout nos littles c’est très drôle, nos littles sont proche du fiancé, voire le voient comme un père. Elles l’aiment beaucoup voire même pour certains le considèrent comme leur père. ça dépend de quels alters parce que par exemple, on a une alter sociale qui crée son propre réseau entre guillemets où elle s’entend très bien avec pas mal de gens que moi je connais à peine. Sinon, on est tous plus ou moins amis avec les proches du système en général.

[La Meute] Okay. Est-ce que vous aussi parfois vous remarquez des grosses différences entre le truc que je mentionnais tout à l’heure qui étaient la vie interne et la vie externe. Dans le sens où bah par exemple, je sais que déjà, il y a une distribution naturelle entre les gens auprès de qui on est out mais pas forcément extrêmement expansifs, et de gens auprès de qui on n’est pas out du tout parce que du coup ça va changer aussi et potentiellement creuser cet écart entre les relations que j’entretiens avec les gens en interne versus les relations que j’entretiens avec les gens en externe.

[Vicktore] C’est ça, c’est alors. On n’a pas vraiment de proches, de personnes avec qui on fait partie des cercles d’affections entre guillemets. On n’a pas vraiment de personne à qui on n’est pas out. On le dit pas forcément lors de la première rencontre mais ça se voit très facilement parce très souvent quand on relationne avec des personnes dont on n’est pas proches, donc loin, donc les alters ne switch pas très facilement, notamment quand on relationne mais sinon pour ce qui est de la vie interne/externe, on la vit tous un peu différemment. Je sais que certains de nos alters sont mieux à l’intérieur qu’à l’extérieur parce que bah ils ont leur petite vie. Moi, ben comme j’ai dit mon fiancé est du coup à l’extérieur, ben j’essaye quand même d’être présent même si par exemple les littles le voient comme leur père du coup, peuvent front. Mais y’a pas vraiment de disparités juste plus on est plus à l’aise dans l’innerworld que dans l’outworld ou l’inverse ou être à l’aise dans les deux. Voilà

[La Meute] Okay.

[Ethee] Euh…. alors nous alors je vais d’abord parler des genres de relations qui existent chez nous. Les relations dans notre groupe sont de type “on se connaît” avec des guillemets. on n’a pas de lien familial ni hiérarchique euh on n’a pas non plus de gatekeeper, on n’a pas d’hôte, euh personne ne gère personne, à part moi qui tente de bloquer une autre personne chez nous mais je dis bien qui tente. Plus généralement, personne ne se met en travers du chemin de personne. Ce qui n’est pas toujours forcément une bonne chose au final. On part du principe que tout le monde a une bonne raison d’agir, donc ils agissent même si au premier abord ça a pas l’air super évident. Nos relations, elles sont plutôt basées sur l’amitié, la compréhension profonde de l’autre pour certains, la protection, et à contrario y’a aussi des inimitiés, personnellement moi, j’éprouve envers certains, certaines, de la colère, du ressentiment, de l’agacement, et des fois les trois. Euh et y’en a d’autres parmi nous qui s’ignorent royalement. Donc y’a vraiment toute la palette. Parfois les circonstances font que moi je suis obligée de relationner avec des gens à qui j’ai pas envie de parler. Par exemple quand euh je fais un travail en thérapie moi toute seule et que je suis bloquée, par euh les traumas de quelqu’un d’autre, ben du coup je suis obligée d’aller voir ce quelqu’un d’autre pour lui dire que ça me bloque aussi, que cette personne-là doit venir travailler, donc, je laisse un certain nombre de séances se passer sans venir. Une fois que ça c’est réglé, je peux revenir et reprendre moi. Cette situation là y’a pas que moi qui la vit, on la vit tous chez nous, parce qu’en fait nos problématiques mine de rien elles sont vachement intriquées, et en fait on s’en rend pas compte. Mais on s’en rend compte en avançant. Quand je regarde autour de moi, dans l’inner je peux juste constater les relations qui existent, j’ai pas d’historique, j’ai pas de choses comme ça. Comme on a chacun notre vécu et notre mémoire, tout est un peu haché et peut-être que si un jour on arrive à mettre en commun tous et toutes nos mémoires, et toutes nos histoires, genre d’où on vient tout ça, peut-être qu’on va réussir à reconstruire l’histoire globale du groupe j’ai envie de dire. Peut-être qu’on va réussir à se souvenir comment on s’est rencontrés, parce que là pour l’instant, je ne sais pas. Et comment nos liens se sont tissés au fil du temps. Ca c’est tout des choses ce qu’on ne sait pas.

Et pour répondre à la question, différences entre vie interne et vie externe et puis différence avec les gens pour lesquels, les gens du monde extérieur à qui on a dit qu’on était plusieurs et ceux à qui on n’a pas dit, nous ça fait énormément de différences. Déjà chez nous, y’a des gens qui n’ont aucune notion, rien du tout, du monde extérieur, qui ne savent pas que ça existe. Quand ils entendent parler, ils comprennent pas ce que c’est, ils voient pas l’intérêt . c’est des gens qui, à ma connaissance, ne frontent pas. Ou alors je me fais éjectée quand ils frontent et j’en ai aucun souvenir. En tout cas personne de l’extérieur ne m’en parle. Donc y’a ça.

Y’a des gens qui comme moi savent très bien ce qu’il se passe dans le monde extérieur. y’a des gens qui savent mais ça les intéressent pas plus que ça. Pas mal de petits qui savent qu’il y a un monde extérieur, qui viennent, mais qui sont pas plus que ça en interaction avec les gens de l’extérieur. Et puis la différence entre les gens du monde extérieur qui savent qu’on est plusieurs et ceux qui ne savent pas, ça ça influence énormément nos fronts et nos réactions. y’a plein de gens qui ne savent pas pour nous et qui sont vraiment une menace pour l’expression de certains parmi nous. Donc il va y avoir une espèce de brimades parce que c’est basé sur la crainte, de l’insécurité tout simplement, ça veut pas dire que les gens de l’extérieur sont méchants, pas du tout mais voilà ça renvoie à des choses qui sont pas encore réglées et qui paraissent très menaçantes et très dangereuses, et quand les mêmes personnes se retrouvent en situation où on est avec des gens de l’extérieur qui savent qu’on est plusieurs, euh ben là voilà c’est détendu, la communication se fait plus facilement, les jeux quand c’est des petits, se mettent en place beaucoup plus facilement. Donc nous ça fait énormément de différences, on a toujours cette hypervigilance de scanner le monde extérieur, pour savoir qui est là , qui n’est pas là, qui sait, qui ne sait pas, parce que ça influence énormément ce que nous après on va faire soit en termes de discussion mais même juste en terme de comportement, de réactions ou juste. Oui pour nous ça change énormément.

[La Meute] Donc c’est une espèce de re-calcul enfin de re-précision de la trajectoire chaque fois quoi c’est ça ?

[Ethée] Constamment. Plus, en parallèle tu mets tout le dialogue qu’on a entre nous qui est vraiment minime mais qui vient encore en plus se mettre en parallèle ou en même temps en interne, on réajuste en disant “mais non elle, elle sait pas, lui il sait, elle te connaît, lui il te connaît pas”. Donc oui ça fait beaucoup beaucoup de, ça monopolise beaucoup de temps, de paroles, d’énergie et tout. C’est très compliqué.Très fatiguant.

[Les Saphis] Pour reprendre du coup euh alors entre intérieur et extérieur effectivement ça change beaucoup étant donné que nous ne sommes un système qui n’est pas out. On a une seule personne qui le connaît et elle ne fait pas partie d’un entourage qu’on a réellement très souvent dans notre vie. Voilà, donc euh en soi le masking du coup marche très très très bien. La seule chose où en général où je dois faire attention c’est quand j’ai trop de mémoire, parce que je n’ai pas de barrière amnésique avec les autres, donc en général tout ce qui passe autour dans la vie et que je, les oreilles entendent , je suis sûre qu’on va le retenir. Ce qui des fois ben euh fait beaucoup trop d’informations retenues. Mais c’est la seule source de faut faire attention à ce qu’il se passe dehors. Au niveau de l’intérieur, donc comme je l’ai dit, on est plutôt organisé en familles, donc dans l’inner, où chacun vit sa vie dans son morceau de l’inner mais on peut aussi communiquer tous ensemble. Pour pouvoir aussi, prendre les décisions, on a au niveau des relations organisés une espèce de démocratie sur vote, même si en général on n’a pas recours parce qu’au final ben chacun fait sa vie donc ça se passe bien. Et après on en était sur j’ai oublié le début de la question qui était ?

[Ethée] Quels genres de relations … (rires)

[Les Saphis] Selon la présence ou l’absence des alters. Oui donc cette question au départ on l’a rajouté dans le document magique parce que j’ai deux alters que je surnomme les voyageuses. Parce qu’en fait en soi, elles arrivent dans le système quand elles en ont envie et elles repartent quand elles en ont envie. Mais quand je dis qu’elles sont plus dans le système, c’est qu’elles le sont plus du tout. Jusque-là je ne connais pas encore d’autres systèmes à qui c’est arrivé mais du coup l’une des deux, du coup c’est Saphira parce que moi personne n’a de problèmes à ce que son nom soit dit. Donc Saphira est une de mes voyageuses qui arrive quand elle en a envie et qui du coup dans l’inner, a sa demi-soeur , sa demi-soeur Séphira. La maman ne s’est pas foulée. Et du coup voilà c’est une relation ben quand elles sont là, elles vont discuter. Et quand elle est pas là, elle est pas là elle s’en fiche voilà.

[La Meute] Est-ce que tu peux développer quand tu dis : “Arriver et partir quand elles veulent ?” Est-ce que tu parles de la notion de dormance n’existe pas ? Est-ce que tu parles d’arriver, de repartir du front ?

[Les Saphis] Euh .. Je peux pas dire qu’elles soient dormantes parce qu’en soit c’est …

Alors je suis un peu comme Kitsune, j’utilise très très peu les termes connus au niveau TDI etc, à part système et sous-système et encore hôte voilà mais ça s’arrête là. Non, oui je les appelle voyageuses, en fait elles ne viennent pas au front. Elles reviennent dans l’inner ou elles partent de l’inner, mais l’inner étant vraiment très développé et, étant donné que j’ai conscience à chaque moment d’où se trouve chaque alter dans l’inner ou en dehors.

[La Meute] D’accord

[Les Saphis] et quand elles ne sont pas là, je n’ai pas conscience d’elles parce qu’elles ne sont pas présentes dans le système.

[La Meute] D’accord. Euh, excusez-moi j’ai un petit temps de latence. J’ai du mal à voir où aller ensuite.

[Ethée] Ben si tu veux on peut parler des types de communication.

[La Meute] Euh alors je pense que principalement chez nous ça marche par transmission de pensées, transmission de, d’images, de ressentis un peu en sourdine, en tâche de fond en tout cas si les gens sont pas en co-front. Y’a peu de comment dire ? On a des hallus mais d’autre chose, c’est-à-dire qu’on ne voit pas les gens; certains potes à nous, nous ont retracé certains trucs comme ça, où ils voient la personne à leur droite et ils peuvent parler avec eux comme ce serait genre en externe, autre, etc. Nous ça c’est un truc qu’on n’a pas du tout, peu importe les configurations de ce que je ressens, de ce que je sais. Comme y’a euh… c’est pas que y’a pas de barrières amnésiques, c’est-à-dire qu’on partage la plupart des souvenirs. Quand je dis la plupart, c’est qu’on va tabler sur plus de la moitié mais pas la totalité. Donc on est sur un partage des infos mais y’a quand même des choses qui sont, en fait… on a la plupart de la mémoire mais pas forcément les émotions qui sont reliées au souvenir. La barrière va se faire à ce niveau-là surtout. Le type de communication principal qu’on a, c‘ est que si jamais y’a besoin de faire passer une info, elle va être reliée à une émotion, l’émotion ne va pas forcément passer dans le filtre mais par contre l’information en général oui. Mais c’est vrai qu’en général ça va marcher comme ça. On voit assez peu les gens, il faut vraiment faire un effort conscient pour savoir qui est où géographiquement par exemple. Mais par contre on a toujours plus ou moins une espèce de comment dire ? De répondeur téléphonique et où on peut si la personne est dans le coin potentiellement va transmettre une pensée mais ça va s’arrêter là. On va avoir des indications mais il faut qu’on reprécise entre nous pour être bien sûrs qu’il s’agit de ça parce que du coup c’est des choses qui sont envoyées genre naturellement, même des fois c’est des choses qui se font sans qu’on l’ait demandé puisque que les gens réagissent à ce qui se passe, et donc envoient aussi des pensées. Mais donc voilà en demandant un peu de tri et en reprécisant avec plusieurs personnes ça se fait à peu près, en général. Mais on n’a pas de euh, par exemple le fait d’avoir des débats internes; c’est quelque chose qui, qui arrive vraiment quand on est beaucoup et/ou du coup très dissociés mais c’est rare que deux personnes puissent avoir une discussion où on se souvient de tout ou alors qui est très très fournie en échanges pendant X heures d’affilées ou ce genre de choses. En général c’est vraiment des ressentis comme ça un peu vagues qui arrivent, et on compose avec en gros. Je sais pas comment ça marche pour vous du coup.

[Vicktore] Alors nous on a une communication plutôt fluide. Alors déjà on a mis en place des systèmes de communication donc, téléphone, mail. On a aussi des hauts-parleurs dans tout l’inner qui sont reliés à plusieurs stations de radios qui permettent de faire des annonces au cas où, pour les cas d’urgences, pour parler s’il y a un problème. Même si les littles les utilisent pour donner toutes sortes d’informations complètement random mais ça, c’est les littles. Sinon, niveau communication… à ma connaissance on avait pas de salle de front avant un p’tit moment, avant y’a pas longtemps mais elle était là juste j’en avais pas conscience. On entendait à peu près tout ce qu’il se passait dans l’inner, et on était capables de vraiment pouvoir communiquer les uns avec les autres sans problème sans qu’il y ait de cofront. Mais quand on est tous dans l’inner on ne peut pas communiquer géographiquement ensemble donc on utilise des systèmes comme le téléphone etc.

[La Meute] Okay. Est-ce que la salle de front est un endroit qui est transitoire et qui sert à faire passer les infos, ou est-ce-que parfois vous avez des gens qui se retrouvent spécifiquement à cet endroit pour parler parce que c’est plus facile ?

[Vicktore] Pour parler parce que c’est plus facile, non, par contre pour communiquer oui. C’est un endroit qui est transitoire, parce qu’il nous permet de front. On peut être au front de n’importe où dans l’inner, pas spécialement la salle de front. La salle de front sert surtout au cofront et notamment à ce que certains alters communiquent entre eux via le cofront quand c’est nécessaire.

[La Meute] Okay. Aussi, Vicktore vous aviez une super question qui était comment vous viviez la relation versus comment elles sont socialement connotées. Si vous êtes ok de développer là-dessus, ce serait cool.

[VIcktore] Euh oui… Alors comment on vit les relations. Bah chez nous comme on dit c’est majoritairement familial, on a énormément de familles. Le problème, je vais prendre l’exemple d’Alec et Maya je prends toujours cet exemple-là mais c’est celui qui est le plus parlant. Alec a eu énormément de mal au tout début de leur mariage parce que y’avait pas de signes extérieurs qui validaient leur relation vu qu’iels étaient tous les deux dans l’inner. Donc y’a eu un moment, de “comment ma relation peut être validée par des personnes extérieures”, en sachant que du coup la relation est intérieure, ce qui a amené à énormément de débat de leur part et de la notre. Moi et certains littles qui étaient déjà là on comprenait pas spécialement pourquoi iels avaient besoin de validation extérieure, jusqu’à ce qu’on comprenne qu’on était perçu comme singlet à l’extérieur et qu’on peut pas avoir de relation interne. Voilà.

[La Meute] Ok, donc quand tu dis genre validation extérieure tu entends quoi en fait par ça?

[Vicktore] Bah par exemple y’a pas pu avoir de cérémonie de mariage.

[La Meute] Ok donc une reconnaissance officielle de la relation.

[Viktore] Voilà c’est ça.

[La Meute] Ouais ok.

[Ethée] Bah du coup si ça vous va je vais essayer d’expliquer les types de communication qu’il y a chez nous. On se voit réellement dans notre monde intérieur (donc on a un monde intérieur), on se voit réellement, il y a juste une nuance, c’est que… on a de gros problème de confiance, des problèmes d’insécurité même nous entre nous. Du coup, on a une espèce de masking dans le monde intérieur qui ressemble un peu, comment dire… On va se présenter par exemple sous la forme d’un animal par exemple, et en fait, c’est une façon de se cacher derrière une apparence mais à chaque fois l’animal va avoir une signification profonde en lien avec nos valeurs.

[La Meute] Ok.

[Ethée] Et ensuite, j’ai remarqué que quand y’a un petit peu plus de confiance, on a tendance à laisser tomber cette espèce de costume on va dire et on ose se montrer nous, tel qu’on est avec notre corps. Donc ça c’est déjà comme ça dans notre monde intérieur. Un autre exemple, à un moment donné, y avait une forme blanche que moi je voyais comme un fantôme qui voletait de ci, de là, de loin, et en fait c’était pas du tout un fantôme, c’est une petite fille qui a 8 ans. Et quand elle se montrait sous forme de fantôme, moi elle me parlait pas, mais je constatais qu’elle parlait avec d’autres enfants. Et qu’elle parlait verbalement, et pas juste avec des espèces de gestes ou des choses comme ça. Aujourd’hui, cette petite, je la vois comme elle est avec son corps, et elle me parle avec des mots. Donc la communication est vraiment soumise toujours à cette insécurité, à cette confiance. Sinon ados et adultes parlent avec un langage élaboré, un peu plus que les petits. Ce que j’ai mis en place y’a quelque temps justement pour améliorer la communication entre nous dans notre groupe, c’est un cahier. Donc dans le monde extérieur y’a un vrai cahier physique, qui existe, qui est un cahier de correspondance et qui permet d’échanger en fait des messages entre nous; et j’ai prévu aussi quelques pages pour certaines personnes du monde extérieur, que les gens du monde extérieur puissent aussi mettre des informations, des messages, des idées ou des questions qui sont après transmises nous en interne.

[La Meute] Donc par exemple, un ami de l’extérieur qui veut mettre un message à destination de quelqu’un en particulier ?

[Ethée] Voilà, alors soit, par exemple on a une amie, si elle a envie de nous parler en direct elle le fait. Si c’est quelqu’un qui se cache un peu, elle peut dire bien tiens j’ai envie de dire à untel, j’ai envie de lui poser cette question, donc soit elle va me la poser en direct soit je l’écris dans le cahier et ensuite le cahier on essaie de le prendre tous les jours, de le lire, d’interpeller tout le monde dans notre monde et de dire “Hey, viens voir y’a bidule, elle voudrait savoir ça, te poser cette question-là”, et y’a ou y’a pas de réponse. Alors ça marche pas avec tout le monde, y’en a qui comprennent pas ce que c’est, y’en a qui savent pas, mais ça commence à prendre un petit peu, et c’est un outil vachement utile parce que même si la communication – c’est pas magique, ça règle pas tout d’un coup – mais y a une espèce de “on peut le poser par écrit”, on sait que c’est dans le cahier donc y’a moins la pression de dire “ah je veux dire un truc”. Je parle de front par exemple, c’est mis dans le cahier, c’est temporisé, ça existe, ça déjà été dit. Et ensuite, quand on reprend le cahier, on peut dire : “Ah oui tiens au fait, y’a machin il voulait te demander ça”.

[La Meute] Ouais ouais, ça peut se faire en différé, mais c’est quand même tangible et ça a été acté à un moment, quoi.

[Ethée] Exactement, le fait de pouvoir le poser par écrit tout de suite – parce que genre ça peut être au milieu de la nuit – ça temporise et c’est une garantie que se sera pas oublié. Et c’est vrai que ça c’est plutôt pas mal. Après y’a eu plein plein plein d’ajustements, mais je pense que c’est vraiment un outil assez prometteur.

[La Meute] Surtout en terme de se rappeler des choses, je sais que noter pour nous ça a vraiment été “game changer” (= “ça a vraiment changé la donne”, en anglais) pour certaines infos. Autant, des fois c’est juste pour le soulagement de pouvoir communiquer entre nous même si ça ne fait pas tout comme tu disais; et aussi bah juste, se rappeler des infos qui sont essentielles au bon fonctionnement de tout le monde et à la bonne progression de tout le monde, quoi. Y’a des trucs très importants.

[Ethée] Alors nous c’est comment dire, je voudrais préciser, ce cahier de correspondance, c’est vraiment un cahier de correspondance, donc on a pas le droit de dessiner dedans par exemple. Si y a des petits qui veulent se décharger, dessiner ou quoi que ce soit, ils ont leur carnet à part. C’est pas un carnet dans lequel moi je commence à réfléchir ou noter tout ce qui me passe par la tête ou à me décharger parce que je pense à quatre cent millions de trucs, là j’ai aussi un autre carnet pour faire ça. C’est vraiment un carnet qui est hyper centré sur les messages en fait qui sont adressés de telle personne à telle personne ou des fois un message qui s’adresse à tout le monde, en mode panneau d’affichage publicitaire. Même des fois on a mis des messages à celui ou à celle qui donne la sensation de mal de ventre donc on ne sait pas à qui on s’adresse, mais ça ne fait rien, on s’adresse quand même à la personne et la personne qui est concernée, elle se reconnaîtra et si elle veut venir parler, elle parlera.

[La Meute] C’est cool que vous ayez mis ça en place et que ça existe je pense.

[Ethée] Bah moi je trouve que c’est plutôt pas mal. D’ailleurs j’ai bien rigolé parce que y’a un petit qui très rapidement est venu, il m’a tiré la veste comme ça et y m’a dit “Tu peux demander à machin si je peux avoir ça pour Noël ?” Sauf que machin c’est quelqu’un du monde extérieur. Et là je fais “ah ouais, t’as bien compris, toi, comment ça marche !”. Et il a eu son cadeau.(rires)

[La Meute] Bien joué à lui.

[Ethée] Exactement donc en renforcement positif, c’est magique. Plus sérieusement, j’en attends beaucoup, faut peut-être que je me calme avec ça aussi.

[La Meute] Par rapport au cahier ?

[Ethée] Ouais par rapport au cahier. J’ai un défaut, je suis trop enthousiaste (rire). Tu disais, comment on vit les relations versus comment elles sont socialement connotées. Du coup j’avais une petite réponse, donc pour nous effectivement, ça n’a strictement rien à voir. Bah deux exemples, vous allez me voir, moi, de l’extérieur je vais paraître toute gentille (rires) alors que dans mon for intérieur, je suis juste saoulée, je suis pas du tout gentille, je suis juste complaisante. Donc entre ce que moi je vis et ce que, socialement dans le monde extérieur on va me renvoyer sur moi, ça va être tellement à l’opposé que ça va confiner à l’absurde.

[La Meute] J’imagine aussi que selon qu’on est out (=”dehors” en anglais : si les gens sont au courant ou non de notre multiplicité, dans le contexte) ou pas, ça peut tout bouleverser à ce niveau-là et renforcer ces trucs-là.

[Ethée] Peut-être ouais. Et un autre chez nous, qui d’un point de vue extérieur est perçu comme extrêmement agressif, extrêmement méchant… ben en vrai pas du tout, c’est un chevalier blanc mais qui s’y prend de façon un peu brusque on va dire, assez efficace et avec le moins de mots possible, mais c’est quelqu’un qui est perçu comme extrêmement agressif, je m’en rends compte en fait.

[La Meute] En fonction des normes de bienséance.

[Ethée] Mais c’est ça, les normes de la société mais c’est affreux, c’est affreux, parce que si on écoute les gens de l’extérieur en voulant se dire on veut s’améliorer, tout ça, on écoute ce que les gens nous disent… ils nous renvoient des trucs qui sont à l’opposé de nos intentions. Et faut le comprendre, ça, faut l’intégrer et c’est vachement dur. Donc on a du mal avec la société je crois.

[La Meute] Peut-être que c’est l’inverse aussi.

[Les Saphis] C’est la société qui a du mal avec nous.

[La Meute] Ah, voilà, ça me fait plaisir !

(Rires)

[Ethée] Refaisons une société à notre image dans laquelle on se sente bien !

[La Meute] Bah le témoignage c’est une preuve concrète de ça. Mais je trouve ça super, je suis limite soulagé de la première partie de ta réponse parce que ce masking interne c’est quelque chose qu’on n’a jamais vu ailleurs que chez nous pour l’instant, en tous cas dit de cette manière-là et ça nous parle beaucoup. On a des gens dans le système qui avaient précisément… tu as appelé ça un costume donc je vais reprendre ce mot parce que je sais pas trop quel est le meilleur mot etc, mais qui avait ça et qui peuvent dans un besoin de protection encore l’adopter assez régulièrement, et qui au début se présentaient au monde interne de cette manière. Jusqu’à ce que potentiellement, avec une relation de confiance ou en tout cas une habitude qui se développe, se dévoilent tels qu’ils sont aux autres. Et du coup on a trois quatre personnes qui sont concernées, et qui sont un peu considérées comme des change-forme, parce que soit par envie, soit par besoin, enfin surtout par besoin mais maintenant c’est vrai que c’est plus modulable avec le temps d’endosser ou de retirer le costume. Mais en tous cas, il y a ce fonctionnement-là, donc je suis très content de savoir qu’on est pas les seuls chez qui ça arrive.

[Ethée] Alors c’est cool. Et nous on avait même une autre situation qui a duré pas mal de temps, c’est en fait on avait une personne qui s’appelait d’une certaine façon, et pis en fait, au fur et à mesure du temps, au fur et à mesure du travail, le temps que la confiance s’installe et tout, en fait on s’est rendus compte que c’était pas une personne mais deux personnes qui étaient constamment ensemble, qui ont deux identités complètement différentes et qui ont deux apparences complètement différentes, donc ça va même jusqu’au fait que plusieurs personnes peuvent se montrer sous l’apparence d’une seule personne. Et c’est pas du tout euh, parce que j’ai entendu parfois, dans certains groupes y’a des gens qui se recoupent en deux, c’est même pas ça. C’est vraiment deux personnes à la base, mais qui étaient tellement en autoprotection l’un avec l’autre qu’ils ne montraient qu’une seule personne.

[La Meute] Ouais, ok.

[Les Saphis] Du coup on était partis sur d’abord les types de communication qui existaient. Nous on est comme Ethée, dans l’inner on se voit, on se voit tous selon l’endroit où on est, après on peut se rejoindre ou repartir pour être tranquille ou non. Au niveau des types de communication, on est plus souvent en verbal quand même mais comme on a aussi des alters animaux, on peut le faire par gestes ou on en a certains, pour éviter les écoutes et autres de certains autres, qui passent par la télépathie. Donc ça voilà, c’est les principales communications en interne. Après au niveau extérieur, y’a qu’un seul endroit où j’ai le droit d’écrire, parce qu’il faut savoir que mes alters détestent que quelque chose soit posé et écrit; au contraire faut pas que ce soit visible quelque part, et il existe un seul endroit où ça marche, où ils sont d’accord, c’est sur un site internet assez protégé, où du coup ça fait un forum protégé où ils font du coup ce qu’on appelle un jeu de rôle, c’est à dire qu’en fait ils se jouent eux-mêmes, simplement dans un univers différent de la vie normale et de l’inner.

[La Meute] Ok, du coup ça leur permet d’entretenir et de concrétiser leur existence en gros, c’est ça ?

[Les Saphis] C’est ça, et leurs relations puisqu’effectivement tout comme chez Viktore, on a plusieurs couples de mariés avec enfants également donc ça permet aussi… cette fois, c’est une validation de dehors sans être totalement dehors.

[La Meute] D’accord.

[Vicktore] Je pense qu’on a fait le tour.

[La Meute] Oui je suis en train de regarder la feuille et j’en arrive à la même conclusion.

[Vicktore] On est à peu près à une heure d’enregistrement.

[La Meute] Ah wesh déjà ?

[Les Saphis] Oui déjà (rires) ça passe vite hein ?

[La Meute] Oh ouah, oui !

[Ethée] Moi j’aurai bien aimé qu’on évoque la structure géographique du monde intérieur si ça vous convient.

(Tout le monde acquiesce)

[La Meute] Est-ce qu’on reprend le rythme de tout à l’heure et du coup on commence ou tu veux te lancer ?

[Ethée] Comme vous voulez, ça m’est égal, tout me va.

[La Meute] Si tu le sens, j’veux bien que tu te lances comme ça je réfléchis dans la foulée.

[Ethée] Ça marche. Alors du coup concernant les relations et la structure géographique de notre monde intérieur. Alors nous, au départ, on pensait que c’était tout facile, qu’y avait un endroit, donc le fameux endroit où c’était tout sombre et tout noir, tout guerroyant, et puis un jour la lumière est apparue, y’a plus eu de guerre, et voilà, on a fait le tour et puis on pensait que c’était terminé. Et en fait non, voilà. Donc déjà chez nous, c’est un monde très naturel, y’a pas de construction de maison, de choses comme ça. On a donc tout ce qui est prairies, forêts, y’a un lieu avec des montagnes et y’a un lieu avec un volcan et un ravin. Et du coup géographiquement déjà y a différentes hauteurs, et je disais tout à l’heure, y’a pas de hiérarchie, je confirme, mais y’a quand même par rapport à cette disposition géographique, des, comment on dit ça ? J’ai plus le mot, peu importe, des répercussions, voilà, sur le fait que, ben par exemple la personne qui est en haut de son volcan, personne ne communique avec elle, non pas parce que on ne peut pas lui parler mais en fait on considère qu’elle est trop occupée, c’est trop important ce qu’elle fait. Donc on la connaît, elle nous connaît mais on ne communique pas avec elle, et on ne relationne pas non plus avec elle. Alors est-ce que c’est parce qu’elle est sur sa position géographique un peu plus haute que nous, ou est-ce que parce qu’on est convaincus qu’il faut pas la déranger, je l’ignore, mais je constate que y a une différence. Moi j’étais au fin fond de mes montagnes à un moment donné, et je ne communiquais / relationnais avec les autres que en criant de loin, on va dire. Alors que maintenant je me suis déplacée physiquement, j’suis plus dans mes montagnes, et voilà. Je constate aussi qu’y avait une répercussion sur le type de relations. Et puis y’a pas très longtemps en fait, on s’est rendus compte que notre petit monde circonscrit dans la lumière, eh ben en fait il s’inscrit dans un monde beaucoup plus vaste, qui lui est dans l’ombre. Et dans cette ombre, y a des gens, alors certains que je connaissais pas et certains que je connais trop bien mais que j’avais oublié, alors je sais encore pas aujourd’hui comment c’est possible d’oublier des gens que je connais. Mais le fait est en fait que notre monde, il est complètement entouré d’un autre monde encore plus grand mais que je ne connais pas géographiquement parlant parce qu’il est dans le sombre, et j’ai pas très envie d’y aller. Donc on a fait une exploration tout au bord, mais voilà, on a pas reproduit. Mais c’est vrai qu’y a quand même chez nous une grosse, un gros lien entre les deux quoi. Donc je sais pas ce qui se cache encore dans notre monde intérieur. Voilà. Et dans la forêt par exemple aussi, on a un groupe d’enfants qui se trimballent dans une des forêts, avec lesquels je ne relationne pas parce que je n’y vais jamais, et même de loin je ne leur parle pas beaucoup quoi. De temps en temps, je balance une phrase mais voilà on ne relationne pas plus que ça. Donc je trouve qu’y a quand même un parallèle entre la géographie des lieux chez nous et les relations, certaines relations.

[La Meute] Ok; est-ce que tu penses que les zones cachées sont cachées par nécessité ? Aussi, est-ce que tu sens que physiquement tu ne peux pas y aller ou est-ce que tu ne te l’autorises pas parce ben que c’est de l’inconnu, ça peut faire peur, ce genre de choses ? Comment est-ce que t’envisages ça ?

[Ethée] Alors physiquement je peux y aller. Euh, j’ai plus de, comment dire, j’ai plus de réticences à y aller parce que je me doute que si j’y vais, j’vais rencontrer les gens qui y sont, et ça fait beaucoup de perturbations, quand même des nouvelles personnes, ou des anciennes “nouvelles” personnes. Ça remet beaucoup de choses en cause, ça rajoute des problèmes à la tonne de problèmes qu’on a déjà qui sont pas encore réglés. Et du coup j’ai beaucoup de frustrations de me dire “purée y a encore tout ça à gérer, mais on va jamais s’en sortir.” Donc j’pense que je fais un peu de résistance, en mode c’est bon quoi, y’a assez de merdier à régler, donc je pense que je suis un peu réticente par rapport à ça. Mais dans l’absolu, ça ne me gêne pas, mais c’est juste que je m’sens un peu débordée, un peu désespérée pour régler tous les problèmes qu’on a déjà comme ça, tu vois ?

[La Meute] Ok, c’est une histoire de “ça fait beaucoup d’informations”.

[Ethée] Ca fait beaucoup de problèmes à régler et ben il faut du temps, et puis faut vivre aussi. Parce que notre objectif c’est sortir de la survie pour commencer à vivre. Et si on rajoute tout le temps des gens et des problèmes, on peut pas vivre quoi.

[La Meute] Ouais, ça c’est une grosse problématique aussi j’pense. Précisément le fait d’essayer de régler des choses et que des personnes se rajoutent et aient des pièces de puzzle supplémentaires, à des données inconnues ou à des nœuds qu’on peut avoir quoi.

[Ethée] Et dans le même temps je suis persuadée que c’est des solutions, tu vois en même temps, moi j’suis un problème et une solution, enfin plusieurs problèmes et une solution. Et c’est un peu le regard que j’porte sur tout le monde. Mais ça me désespère de voir qu’y’en a autant. Et encore, nous on n’est pas nombreux. Quand j’vois d’autres groupes où vous êtes cent, cent-cinquante, j’me dis : “Ouah, mais comment y font ?”.

[La Meute] C’est vrai que je crois que nous on a un peu une inquiétude, comment dire, parce que ben, ce qu’on juge comme étant des progressions de communication en l’occurrence, mais aussi des progressions par rapport à sortir de la survie, vivre, voire vivre à peu près correctement, quoi fin, c’est relatif le correctement mais bon voilà, on s’entend, suffisamment pour fonctionner un minimum, j’imagine c’est ça le critère (rires).

[Ethée] Oui c’est le début ouais.

[La Meute] Quand j’vois effectivement que, comment dire, ben parce que en fait la progression n’est pas linéaire, elle se fait par paliers. Et donc si, à un moment, pendant trois mois, il ne se passe jamais rien si vous voulez, mais genre y a des périodes pendant lesquelles y va pas y avoir de ce qu’on peut considérer comme une avancée majeure, et ensuite, en l’espace d’une semaine, beaucoup de choses qui vont se déclarer, de nouvelles personnes qui vont arriver. Et en fait on se rend compte que l’une des personnes connaissait très bien quelqu’un que nous on connaît depuis longtemps mais cette personne on l’a jamais vue, donc ça remet effectivement des dynamiques de relations en question, ça en déplace d’autres, enfin ça fait bouger la vie interne on va dire. Et du coup le fait qu’il y ait encore des nouvelles personnes qui se rajoutent, ça précisément, ça c’est que pour moi genre, en tant qu’hôte, (parce que oui du coup je pense que c’est Sacha, on a dû switch entre temps,) mais je sais que les autres vont pas avoir le même avis. Genre typiquement, les gens qui frontent jamais, et qui du coup ben passent leur vie en interne, ils sont ok avec ça, bien qu’ils soient conscients du monde extérieur, dans le sens où on a personne qui n’est pas conscient du fait qu’il y a un monde extérieur et qu’on soit un système. Même si j’aime de moins en moins ce terme, mais on va dire, je sais pas, une équipe, enfin je, voilà, c’est compliqué. Plus ça va, plus on a du mal avec les définitions mainstream, enfin qu’on voit partout. Donc c’est vrai qu’on essaie de trouver des nouveaux mots qui vont ressembler le mieux, mais c’est difficile de mettre tout le monde d’accord. Mais en gros ouais, les nouvelles personnes qui se rajoutent et qui changent la dynamique, c’est quelque chose qui me fait pas mal paniquer en tant qu’hôte. (rire) Mais bon, on s’y fait. Je pense qu’accepter, enfin comment dire, considérer comme constante le fait que les choses ne le soient pas, c’est quelque chose que j’essaie de garder parce que, même si c’est basé sur le fait que ce soit instable, c’est quand même un concept qui, quand on le garde tout le temps, met une stabilité. Donc j’essaie de garder cette ligne directrice.

[Ethée] La stabilité de l’instabilité. (rire)

[La Meute] Ben c’est un peu ça (rire). Et voilà, après je pense que j’ai fait le tour pour les trucs que j’avais à dire. J’sais pas si vous voulez rajouter des choses. Si y’a des trucs auxquels, à côté desquels on est passés et sur lesquels vous voulez revenir…

[Les Saphis] Déjà répondre à la question de Kitsune qui est “comment ça se passe géographiquement ?”. Après oui, c’est un concept la stabilité de l’instabilité (rire) mais c’est un concept qu’on doit à peu près tous appliquer (rire). Du coup au niveau de l’inner, enfin du coup du monde intérieur, peu importe comment on l’appelle en soi, au départ y’avait rien. Et rien du tout. Et j’ai découvert ensuite que je pouvais le construire à ma guise avec du coup les pouvoirs que j’ai dedans, parce que ce serait très drôle si on pouvait avoir nos pouvoirs dans la vraie vie, je pense que certains prendraient peur. Du coup, on l’a construit selon les envies de chacun. Certains ont une belle maison, d’autres ont des grottes, certains ont des forêts, d’autres ont des labos. Enfin vraiment c’est selon ce qu’ils ont demandé et ce qui s’est passé. Et la seule chose qui change depuis deux ans et demi maintenant, c’est que – alors j’ai pas encore réussi à trouver si c’est vraiment quelqu’un ou si c’est vraiment le monde en lui-même qui a décidé – qui prenait sa conscience et que du coup y se modifiait comme il en avait envie. Mais du coup, ce que j’ai construit au départ ne bouge pas, mais y a des choses qui se rajoutent que j’ai pas prévues au départ. Voilà. Mais sinon, on a vraiment de tout, on a des constructions autant humaines sociétales connues, que de l’imaginaire total, que de naturelles, forêts, montagnes, volcans. Quand je vous dis imaginaire total, on peut se retrouver dans un palais de nuages violets fait de bonbons mais qui sont pas mangeables. Voilà.Miam (rire). Ils ne sont PAS mangeables.

[Ethée] Ben chez nous, ils sont mangeables alors. Ca existe pas mais si on les imagine, ils sont mangeables (rire).

[La Meute] Trop bien !

[Les Saphis] Après la seule salle qui change jamais, c’est la salle, enfin y en a deux, ça va être du coup ce que tu as appelé la salle du front tout à l’heure, nous c’est un cockpit, un genre de cockpit d’avion, on peut être quatre à y entrer. Je tiens à ce que ça reste quatre, parce qu’au moins je gère ma vie sociale et mon travail avec ces quatre personnes-là. C’est quand même bien plus facile. Après quand y a besoin de relâchement, chacun peut venir quand on peut se relâcher sauf que c’est pas souvent ces derniers temps. Voilà, et la deuxième pièce qui bouge jamais, c’est celle que j’appelle la salle du banquet qui va servir très bientôt. C’est là où c’est le seul moment en fait, on est désolé si certains trigger à propos de Noël, du coup Noël c’est le seul moment où tout le système, et du coup les deux sous-systèmes, se retrouvent ensemble au même endroit pour partager un temps ensemble. Voilà pour moi.

[Vicktore] Je pense du coup on va rebondir aussi. Alors nous, comme j’ai dit du coup on a un inner assez grand. On ne connaît pas tout l’inner parce que Sun et Angèle oublient des bouts d’inner en fonction des inners, des endroits qu’ils ont visités. Mais du coup nous ça impacte aussi la communication, c’est pour ça qu’on a des haut-parleurs, des téléphones, des mails, etc, des lettres aussi. C’est justement parce que ben, notre inner est grand et que ça impacte notre communication aussi. On a aussi des moyens de transports pour pouvoir communiquer quand c’est vraiment urgent, enfin voilà.

[Ethée] Moi j’voudrais juste euh, enfin ça m’a fait penser à un truc quand je vous ai écouté, euh quand tu disais on pouvait inventer des choses etc etc, euh le fait de se dire que nous on pourrait inventer ou construire quelque chose dans notre monde intérieur, en fait ça nous trigger de fou parce que ça nous envoie l’idée qu’on pourrait tout inventer, donc si on peut tout inventer, ça remet en cause notre légitimité, notre existence même. Et on a cette espèce de pensée toute pourrie automatique qu’en fait on a tout inventé, donc qu’on n’existe pas. Euh, c’est un truc de fou. Et en fait on doit se battre contre cette pensée par exemple. C’est parce qu’en fait ça nous empêche de se dire “ben tiens, on pourrait installer quelque chose dans notre monde intérieur, genre pour communiquer. Et du coup ça nous empêche de faire ça. Et en même temps je sais que c’est une pensée toxique donc ça doit dégager, mais c’est encore là pour l’instant.

[La Meute] C’est pas quelque chose de très facile à désamorcer.

[Ethée] Mmmh, pas du tout. C’était juste une petite pensée comme ça, en passant. Du coup ça fait combien de temps là ?

[Vicktore] 1h19 et 16 secondes.

[Ethée] Magnifique, je sais pas ce que vous en pensez mais ça a l’air bien, vu de loin.

[Les Saphis] Oui, on a l’air d’avoir abordé tous les sujets qu’on voulait aborder.

Intervention proposée par:

  • Ethée (elle (Kitsune) | TDI): « Nous sommes un groupe d’environ 20 personnes, nous avons conscientisé notre existence il y a 2 ou 3 ans, je ne sais plus. »

  • Vicktore (Ils/Iels | Plural): « Je suis Orphée, hôte du système et j’ai 23 ans. Le corps à 23 ans aussi et Maya 32 ans. On est un système polyfragmenté de 170aine. »

  • Les Saphis (Il, elle et iel | Multiple mixte): « Système composé d’un système principal et de deux sous-systèmes. 36 personnes connues à ce jour. Conscientisation aux 9 ans du corps et acceptation de la multiplicité aux 16 ans du corps. Le corps est féminin et a 26 ans. »

  • La Meute (Ils): « Système majeur comprenant une quinzaine de personnes »