Sujet sensible qui peut être compliqué à aborder mais qui revient plutôt souvent : est-ce les alters peuvent décéder ? Est-ce que les alters peuvent disparaître ? C’est une source d’inquiétudes et de stress pour beaucoup de systèmes, alors on va essayer de vous éclairer là-dessus dans cet article.
Sujet sensible qui peut être compliqué à aborder mais qui revient plutôt souvent : est-ce les alters peuvent décéder ? Est-ce que les alters peuvent disparaître ? C’est une source d’inquiétudes et de stress pour beaucoup de systèmes, alors on va essayer de vous éclairer là-dessus dans cet article.
Avertissements de contenu parce que la « mort » des alters, c’est un sujet qui peut être difficile : on va donc parler de mort, un peu de suicide et de tuer, de dormance et d’un peu de psychiatrie, avec une brève mention alcool. Assurez-vous d’être en sécurité avant de lire cet article, sinon arrêtez-vous juste au titre qui suit.
Non, les alters ne peuvent pas mourir
Enfin, pas vraiment, mais la réponse la plus simple, basique, efficace c’est : non, les alters ne peuvent pas mourir.
Voilà, c’est tout pour moi, j’espère que ça vous rassure.
Mais non, plus sérieusement, je vais expliciter quand même.
Les alters ne peuvent pas décéder dans le sens où on l’entend habituellement. C’est-à-dire que leurs souvenirs, leurs caractéristiques, leurs expériences, leur existence restent présents dans le cerveau. A moins que le corps meure, les alters ne disparaissent jamais complètement.
Pour autant, ça ne veut pas dire qu’on ne peut pas avoir l’impression, le sentiment, la conviction profonde qu’un·e alter est décédé·e ou a disparu. On peut ne plus du tout le·a ressentir dans son système, comme s’iel était effectivement mort·e. Cette expérience est totalement légitime ! Et même si l’alter en question n’est pas réellement mort·e, la détresse de cette disparition est réelle et doit être prise en compte !
Concrètement, il se passe quoi alors ?
Les alters peuvent « mourir » pour différentes raisons. D’abord, il y a l’âge, certain·es alters sont âgé·es et peuvent « s’éteindre » de vieillesse, en particulier quand le système n’a plus besoin d’elleux ou quand ces alters sont à l’image d’une personne proche réellement décédée. Ensuite, les alters peuvent « mourir » à cause d’événements de la vie où le cerveau a cru qu’il allait mourir. Que ce soit une tentative de suicide, un accident, une agression ou toute autre événement de cet ordre, si le cerveau s’est dit qu’il allait mourir, cela peut impacter certain·es alters, notamment des traumaholders (mais pas que). Enfin, dans l’innerworld, il peut y avoir des alters qui se suicident ou qui s’entretuent, malheureusement.
Comme je le disais, dans tous ces cas, les alters ne meurent pas vraiment. Iels deviennent dormant·es. Pour résumer, iels s’enfoncent trop loin dans l’inconscient pour qu’on puisse les ressentir ou leur parler, iels ne communiquent plus, comme s’iels avaient disparu. Il est possible, toujours dans l’inner, qu’iels soient « accessibles » par les autres alters mais soient dans une sorte de coma, incapables de réagir à ce qu’il se passe ou à l’appel des autres alters du système.
Cette dormance peut être très temporaire et durer quelques jours ou quelques semaines, mais elle peut être beaucoup plus longue et durer des mois ou des années.
Les alters entrent en dormance pour d’autres raisons aussi, notamment lorsqu’iels ont le sentiment que le système n’a plus besoin d’elleux ou lorsque le stress est trop intense pour qu’iels puissent « survivre » plus longtemps consciemment à ce qu’il se passe.
En général, les alters « décédé·es » sortent de dormance lorsque le système est en sécurité, quand les alters sont suffisamment stabilisé·es pour que ces alters puissent revenir. Cela fonctionne souvent par étapes, et quand le moment est venu et que la situation est suffisamment sécurisante pour le système ou que les événements à l’origine de la « mort » sont assimilés, ces alters se réveillent. Quant aux alters disparu·es parce qu’il n’y avait « plus besoin » d’elleux, iels peuvent revenir avec des triggers (positifs ou négatifs), parfois lorsqu’on ne s’y attend pas du tout.
Entre le monde « physique » et l’innerworld
On le sait, je le dis souvent, le cerveau est une merveille de technologie tout autant qu’une source de bugs infinie. Et il faut bien se rendre compte que ce qu’il se passe dans l’inner est réel pour les alters, même s’iels savent qu’il s’agit d’un monde intérieur et pas du monde physique dans lequel le corps vit. Donc, quand un·e alter meurt – même s’iel passe en fait en dormance -, la tristesse, la détresse, tous ces sentiments et même le besoin de deuil sont réels pour les alters. Tout comme, si un·e alter se blesse au bras dans l’inner, on peut avoir mal au bras physique du corps, ou encore, si un·e alter est aveugle, le corps ne voit pas lorsqu’iel est proche du front. Ces deux exemples simples montrent à quel point le cerveau est complexe et à quel point la mort peut être vécue comme réelle.
Pour illustrer, je vais donner deux exemples concrets.
Le premier, c’est le mien. Quand le corps avait environ 13 ou 14 ans, on a fait un bref séjour en HP durant lequel un psychiatre nous a fait comprendre qu’il fallait qu’une identité disparaisse parce que c’était pas normal d’être plusieurs dans sa tête. On ne savait pas, à l’époque. Le résultat, c’est qu’une alter en a tué un autre. C’était une ancienne persécutrice (devenue protectrice), qui a « tué » notre protecteur… Ce dernier est resté dormant pendant près de 15 ans, on n’avait absolument plus conscience de son existence, mais une little du système s’en souvenait. Est-ce que cette little n’en a pas souffert ? Bien sûr que si. Est-ce que la persécutrice qui l’a fait n’a pas regretté et ne regrette pas encore aujourd’hui ? Bien sûr que si. Et est-ce que cet alter était mort ? À nos yeux et aux siens, bien sûr que oui ! Il s’est laissé mourir pour ne pas blesser en retour l’alter qui l’attaquait. Il n’empêche qu’au moment de sa mort, le corps s’est vu mourir aussi, alors que tout s’est passé dans l’inner, inner auquel on n’a plus vraiment accès, peut-être depuis ce moment. Autant vous dire que les hôpitaux nous font peur, aujourd’hui. Heureusement, cet alter est revenu, il se souvenait de tout ce qu’il s’était passé durant ces années, et on a eu la chance que ce soit un protecteur apaisé à son retour.
Le second exemple dont j’ai envie de parler est celui du Stronghold System, iels en parlent très bien sur leur chaîne Youtube (en anglais). Pour faire un résumer rapide, iels ont un espace dans leur innerworld où se trouvent des alters décédé·es (entre autres car iels ne pouvaient plus survivre aux violences subies). Ces alters sont dans cet espace de l’inner et sont apaisé·es, iels n’ont plus peur, plus mal. Cet espace est comme un paradis, et les alters y vivent leur après-vie. Iels ne frontent pas, et n’ont pas totalement conscience du reste du système (du moins, au moment de la vidéo, je ne sais pas si la communication a pu être possible depuis), parce qu’iels n’en ont pas vraiment besoin. Le cerveau a donc créé un « paradis » d’après-vie pour les alters décédé·es où iels « vivent » en paix.
Ces deux exemples montrent à quel point les expériences de mort des alters peuvent toucher profondément le système entier et le cerveau. Donc non, les alters ne peuvent pas mourir, iels peuvent d’ailleurs revenir ou « survivre » quelque part dans l’inner, pour autant, c’est une souffrance dont il ne faut pas minimiser les effets.
Reparlons un peu de la dormance
La dormance n’est ni positive ni négative en soi, elle est contextuelle. Les alters peuvent entrer en dormance parce qu’iels ne supportent plus les traumas ou parce qu’iels « meurent », mais cela peut arriver aussi parce qu’iels ont besoin de repos, parce que le système n’a plus besoin d’elleux ou parce qu’iels sont apaisé·es et peuvent reculer pour laisser la place à d’autres alters. Et les alters dormant·es peuvent revenir plus tard, quand la situation est plus stable, quand on a besoin d’elleux, quand iels en ont envie.
Pour autant, il ne faut pas pousser à la dormance lorsqu’un·e alter ne le fait pas spontanément ! Souvent, la peur ou la psychiatrie pousse les systèmes à rejeter un·e alter (notamment un·e persécuteur·ice ou un·e traumaholder « ingérable », « problématique »). Mais les alters ne sont pas comme le vin, iels ne bonifient pas en étant oublié·es au fond d’une cave pendant des années ! Ce n’est pas parce qu’on les pousse à dormir qu’iels vont revenir apaisé·es, et c’est malheureusement un conseil qui revient souvent, voire c’est une méthode thérapeutique vraiment discutable. Évidemment, je ne dis pas que les alters qui reviennent de ce genre de dormance ne vont pas mieux, mais je pense que c’est le cas parce que la situation de vie a changé ou parce que la maturité du système est meilleure (conscience des alters, certains traumas assimilés, etc…), mais certainement pas parce qu’un·e alter « problématique » a été écarté·e pendant suffisamment longtemps…
Pour conclure, prenez soin de vous& et de votre système et si un·e alter est dormant·e, cherchez à savoir pourquoi, et en fonction, voyez si vous pouvez le·a réveiller (avec des triggers positifs c’est mieux) s’iel en a envie et surtout s’il y a moyen de l’apaiser si nécessaire.