Quand on dit « troubles dissociatifs », on pense à « trouble dissociatif de l’identité », mais saviez-vous qu’il y en avait d’autres ? Dans ce dossier, nous allons aborder les troubles dissociatifs reconnus par le DSM-V. Chacun des cinq troubles aura également un court article dédié, en lien à la fin de l’article.
Quand on dit « troubles dissociatifs », on pense à « trouble dissociatif de l’identité », mais saviez-vous qu’il y en avait d’autres ? Dans ce dossier, nous allons aborder les troubles dissociatifs reconnus par le DSM-V. Chacun des cinq troubles aura également un court article dédié, en lien à la fin de l’article.
Petit disclaimer avant de commencer : on va parler ici des critères diag selon le DSM-V, sorti en 2013. Sur d’autres sites et ressources, il y a parfois des confusions avec les critères du DSM-IV, ça fera l’objet d’un autre article parce qu’il y a beaucoup de choses à en dire. Donc ici, on va se concentrer sur le DSM-V seulement mais attention, la vision du DSM-V, c’est un seul regard et… ce n’est pas forcément le bon regard. Le DSM-V est perfectible, comme beaucoup de choses. Mais c’est une base encore très utilisée par les professionnel·les et il faut bien commencer quelque part ^^
Dissociation, symptômes dissociatifs et troubles
Avant toute chose, rappel : la dissociation, c’est être déconnecté·e de l’ « ici et maintenant ». En très très simple, c’est ne pas être ancré·e dans l’instant présent, être « ailleurs » ou ne pas avoir conscience de soi ou de son environnement. La dissociation est courante et concerne tout le monde (exemple : être en voiture et ne pas voir le trajet passer) mais c’est lorsqu’elle est gênante dans la vie qu’elle devient pathologique (exemples : perdre des heures à divaguer sur les RS, avoir le sentiment d’être étranger·e à son corps ou avoir l’impression que le monde autour de soi est plus ou moins flou, irréel).
Ensuite, il y a les symptômes dissociatifs, c’est-à-dire des symptômes liés à la dissociation dite « pathologique ». Ces symptômes peuvent être liés à de nombreux troubles qui ne sont pas forcément repris dans la catégorie des troubles dissociatifs, peu importe l’importance de la dissociation. Et enfin, il y a les troubles dissociatifs, avec des listes de critères diagnostiques qui sont décrits dans les articles en lien plus bas.
Autrement dit, ce n’est pas parce qu’une personne ne rentre pas dans les critères d’un trouble dissociatif qu’elle n’a pas de symptômes liés à la dissociation et qu’elle est moins légitime à ce sujet ! Par ailleurs, les troubles dissociatifs peuvent également être des troubles associés d’autres troubles.
Comme dit ci-dessus, la dissociation est une sorte de déconnexion du présent donc elle n’implique pas forcément une multiplicité au sens « présence d’autres identités » du terme. Il en est de même pour les troubles dissociatifs, il n’y a pas d’alters dans plusieurs d’entre eux.
En passant, concernant la légitimité, on tient à rappeler qu’il y a une multitude de façons de vivre la multiplicité. Cette dernière n’est pas toujours liée à un trouble, même si nous ne parlerons dans cet article que des troubles reconnus. Les symptômes ou l’origine de la multiplicité n’influence pas la légitimité de la personne multiple.
Liens entre troubles dissociatifs et traumatismes
Autant les symptômes dissociatifs sont présents dans de nombreux troubles, autant les troubles dissociatifs sont très souvent liés aux traumas. Le DSM-V le dit lui-même :
Les troubles dissociatifs sont souvent rencontrés dans les suites d’un traumatisme, et plusieurs de leurs symptômes, notamment la gêne et la confusion qu’ils provoquent, ou bien le désir de les cacher, sont influencés par la proximité du traumatisme. Le DSM-5 place les troubles dissociatifs après les Troubles liés à un traumatisme ou à des facteurs de stress, sans toutefois les y inclure, pour indiquer la relation étroite qui existe entre ces classes diagnostiques.
Et parce qu’il n’est jamais inutile de le rappeler : un traumatisme, c’est un choc émotionnel intense, et l’importance d’un traumatisme ne dépend absolument pas du regard de la société mais bien de la façon dont la personne elle-même a vécu l’événement.
Autrement dit, il n’y a pas de vrais ou de faux traumatismes, de traumatismes graves ou pas graves, il y a des événements traumatisants pour quelqu’un·e ou non, c’est tout.
En cas de trauma, la dissociation suit la sidération, qui elle-même survient quand une situation ne permet ni de fuir ni de combattre. Bien entendu, il y a une récurrence dans les types d’événements traumatiques retrouvés chez les personnes ayant un trouble dissociatif, notamment les abus sexuels, physiques et psychologiques. Cependant, il ne faut pas oublier qu’une anxiété sociale présente au quotidien pendant plusieurs années est également un traumatisme répété dont on ne peut pas fuir !
Quant à l’origine exacte de la multiplicité traumatique, on ne sait pas encore exactement. Les théories les plus récentes disent que le trouble dissociatif de l’identité se développe durant l’enfance suite à des traumatismes répétés et/ou sur le long terme avant l’âge de 9 ans (l’âge où l’identité, en principe, se consolide pour former un sens du soi “unique”). Pour cette raison, on a tendance à dire que le TDI ne peut s’être formé qu’avant l’âge de 9 ans, et c’est probablement vrai mais il ne faut pas oublier que ça reste théorique et que les recherches continuent.
Concernant les autres troubles dissociatifs, notamment l’autre trouble dissociatif spécifié, ils peuvent en théorie se développer à tout âge.
Limites du DSM-V et différences avec la CIM
Comme déjà dit en intro, le DSM-V a ses limites et est très perfectible. La raison pour laquelle ce dossier est basé sur les critères diag selon le DSM-V, c’est parce que ce manuel est encore largement utilisé par les professionnel·les et les critères qu’il décrit sont ceux généralement utilisés pour poser un diagnostic.
Bien sûr, comme pour beaucoup de troubles, le DSM-V est loin d’être parfait et de tenir compte de la réalité du vécu des personnes concernées. De plus, il a été publié en 2013, autant dire que de nouvelles recherches sont faites tous les jours.
Autre exemple de limite du DSM-V : certains troubles ayant une origine traumatique et causant des symptômes dissociatifs ne sont pas repris dans les troubles dissociatifs, alors qu’ils sont parfois étroitement liés (exemple : trouble de la personnalité borderline ou trouble de stress post-traumatique). C’est une classification sur base de critères parfois un peu nébuleux.
Et surtout, bah, par exemple, on y voit clairement que les alters n’y sont jamais considéré·es comme des personnes mais comme des parts dissociées “anormales” qui viennent juste mettre le dawa dans l’identité de quelqu’un·e, hors ce n’est pas le cas.
Bref, le DSM-V n’est pas parole universelle, c’est une source psy, faillible et souvent psychophobe ou validiste, mais utilisée comme référence, c’est tout.
Il y a aussi la CIM (Classification Internationale des Maladies) qui est utilisée comme référence pour poser des diagnostics. C’est une source qui peut être plus appréciée parce qu’elle est internationale, mise à jour et pas issue d’un collectif américain. Elle est cependant souvent moins utilisée, sans doute parce qu’elle est plutôt accessible en anglais, et elle-même dit qu’il est intéressant de se référer au DSM-V pour avoir des informations plus complètes sur les conditions mentales. On fera sans doute un article sur les troubles dissociatifs selon la CIM.
Et puis bon, avoir un diag c’est surtout utile pour pouvoir avoir un accompagnement approprié (et encore ^^). On décrit ici les critères parce que les troubles dissociatifs sont encore trop peu connus, même par les pro, et parce que l’errance diagnostique est hyper fréquente. Le diag n’est pas obligatoire pour être légitime ! Il est important seulement si vous en avez besoin et/ou envie.
Ça paraît si clair, et pourtant…
Les troubles dissociatifs sont là, décrits, ils ont des critères, des symptômes, des exemples mais… ça reste compliqué. Déjà, il y a tous les symptômes des troubles associés qui peuvent se montrer plus visibles que ceux des troubles dissociatifs (qui sont et restent des troubles qui se cachent) et en plus, ils sont méconnus par les professionel·les elleux-mêmes (y compris parfois celleux qui se disent spécialistes !).
D’autant plus que la multiplicité peut s’exprimer d’une multitude de façons. Une personne ayant un TDI peut avoir deux alters, peu d’amnésie en apparence, pas de déperso/déréal, alors qu’une autre peut avoir plus de 100 alters, de l’amnésie sur plusieurs années, des fugues dissociatives etc… Et entre, il y a touuuutes les autres personnes ayant un TDI ou un ATDS et toutes les possibilités combinées. Même l’amnésie dissociative peut concerner différents aspects (quotidien, événements, souvenirs mais dépersonnalisés, …). Enfin bref, c’est pas évident tout ça !
Puis, on va pas se mentir, même si on connait ses symptômes et qu’il est presque évident qu’il y a de la dissociation pathologique derrière, il est très facile de se dire “Non, je ne suis pas concerné·e, il me manque cette virgule”, pas vrai ? ^^
C’est d’autant plus vrai pour les troubles dits « invisibles » qui se cachent. C’est un autre sujet mais, que votre but à terme soit d’obtenir un diag ou pas, on vous renvoie vers cette source sur l’autodiag pour vous aider à comprendre comment agir avec un trouble potentiellement très méconnu et à vous sentir légitimes : L’autodiagnostique + L’expérience de Rosnahn par Alistair – H Paradoxæ.
Place aux troubles dissociatifs en détails !
Allez, on passe au concret ! Le DSM-V nous donne une petite description générale de la dissociation pathologique :
Les symptômes dissociatifs sont ressentis comme a) des intrusions spontanées dans la conscience et le comportement, accompagnées d’une perte de la continuité de l’expérience subjective (c.-à-d. les symptômes dissociatifs « positifs » comme la fragmentation de l’identité, la dépersonnalisation, la déréalisation) et/ou b) une incapacité à accéder à certaines informations ou à contrôler certains processus mentaux qui sont normalement facilement accessibles ou contrôlés (c.-à-d. les symptômes dissociatifs « négatifs » comme l’amnésie).
Et parce que c’est un dossier, vous trouverez plus d’infos sur chaque trouble dissociatif dans un court article dédié. Voici les liens (dans l’ordre du DSM-V, pas de hiérarchisation) :
- Le trouble dissociatif de l’identité
- L’amnésie dissociative (avec ou sans fugue dissociative)
- La dépersonnalisation et la déréalisation
- L’autre trouble dissociatif spécifié
- Le trouble dissociatif non spécifié
En espérant que ça vous sera utile, bonne lecture !
Bonus
Voici un schéma récapitulatif des critères des troubles dissociatifs, mais lisez les petits articles avant pour bien comprendre les questions ci-dessous :