Nous allons ici aborder les différences entre un système programmé et non programmé en se basant sur notre vécu et celui de notre aidante qui a elle aussi un TDI mais non programmé. Cette session a pour but d’informer sur le fonctionnement d’un système programmé et donner des pistes sur comment aider un système qui a été programmé lorsqu’on est un•e proche ou un•e aidant•e.
Ceci n’est pas un article rédigé par Partielles.
Il s’agit de deux articles traduits depuis Power to the Plurals, écrits par le Stronghold System. Liens des originaux en anglais:
https://powertotheplurals.com/what-is-programming-101-in-dissociative-identity-disorder-part-1/
https://powertotheplurals.com/best-practice-resource-for-ra-survivors-in-did-plural-safe-spaces/
Cette session va parler du TDI programmé elle contient donc de nombreux triggers, nous avons essayé autant que possible de ne pas trop entrer dans les détails cependant pour la compréhension du sujet cela est parfois nécessaire. De manière détaillée mais sans description précise des types d’abus nous allons parler de :
Manipulation mentale
Programmation de systèmes
Exploitation à des fins illégales et/ou personnelles
Contrôle mental basé sur la torture
Abus rituel et organisé
Torture Based Mind Control (TBMC)
Ritual Abuse, Mind Control, and Organized Abuse (RAMCOA)
Traumatismes liés à la programmation
Alters programmés avec symboles, codes, déclencheurs
Non respect du consentement
Programmation spirituelle
Croyances dérivées et dérives spirituelles
Implémentation de croyances dans l’inner
Abus spirituel
Contrôle de l’inner pour remettre en doute la parole de la victime
Idées implantées dans l’esprit du système programmé
Croyances limitantes implantées pour servir le réseau
Domaine médical
Il y aura aussi des mentions non explicites de :
Messes sataniques ou messes noires
Psychiatrie
Maltraitance médicale et psychiatrique
Expériences médicales traumatiques
Suicide
Difficultés sociales, isolement
Mort / Meurtre
Transcription écrite:
[Pensées Multiples]Bonjour à tous et toutes, nous sommes le système Pensées Multiples et nous sommes accompagné·e·s du système Aurora. Nous sommes ici pour vous parler des systèmes programmés et surtout pour donner des conseils aux proches, aidants et aidantes des systèmes programmés.
Avant de commencer nous allons expliquer rapidement ce qu’est un système programmé, une vidéo complète où l’on parle de notre vécu et de la programmation plus en détails a déjà été faite lors d’une précédente édition et est disponible en rediffusion sur YouTube. Je tiens aussi à préciser que pour faciliter la compréhension orale on va utiliser le terme abuseur ou programmeur mais cela peut très bien être des femmes.
Un système programmé est un système dont la multiplicité a été créée et/ou a été manipulée (généralement tôt dans l’enfance), afin de lui faire adhérer à des idéologies souvent religieuses ou politiques et/ou de l’exploiter à des fins illégales et/ou personnelles. Ce sont des systèmes ayant vécu du TBMC, signifiant Torture Based Mind Control ou en français Contrôle Mental Basé sur la Torture et/ou de la RAMCOA signifiant Ritual Abuse, Mind Control, and Organized Abuse, ou en français Abus Rituel, Contrôle Mental et Abus Organisé. Dans ces systèmes les alters sont programmés par la le ou les abuseurs et la création d’alters est volontaire, réfléchie et planifiée, la, le ou les abuseurs connaissent la multiplicité et s’en servent. On programme un alter avec des symboles, codes, déclencheurs combinés à des traumatismes ou de la torture.
Nous sommes un système TDI programmé et Aurora qui nous accompagne est un système proche de nous et est notre aidante, elles sont aussi un système TDI mais non programmé.
Avant de continuer, je voudrais faire un avertissement. Il s’agit ici de ce que nous mettons en place au quotidien, mais la programmation est un spectre large et il existe plusieurs dizaines de types de programmes, par conséquent ce qui nous aide ne va pas forcément aider un autre système programmé et inversement. Demandez toujours aux systèmes ce qu’iels souhaitent comme aides et la manière dont iels souhaitent que ce soit fait. Il s’agit ici de pistes et d’exemples. L’important lorsqu’on aide un système programmé est avant tout de respecter son consentement, ses limites et ses besoins. Ne leur imposez pas une aide non désirée et demandez toujours leur accord avant de mettre en place quoi que ce soit. Ce qui peut aider un système programmé peut en déclencher un autre, l’écoute de l’autre est par conséquent le plus important.
[Aurora] On va commencer par parler des différences, parce que pour venir en aide à un système programmé, il faut comprendre comment cela fonctionne. Un bon départ pour aider un système programmé c’est la compréhension de celui-ci. C’est comme si vous vouliez envoyer un e-mail mais que vous ne saviez pas comment fonctionne un ordinateur. Ici on va prendre exemple sur nos deux systèmes respectifs, mais il faut garder à l’esprit que des différences parfois drastiques peuvent exister entre les systèmes, que ce soit entre systèmes programmés ou non.
[Pensées Multiples] Pour parler des différences on va commencer par parler de nos inners, je ne sais pas ce que tu en penses mais on peut quand même trouver des différences au sein des inners programmés par rapport à un inner qui ne l’a pas été. Car généralement lorsqu’un système est programmé son inner l’est aussi, on y retrouve des structures spécifiques dont les plus connues sont le système solaire, l’arbre de vie et la double hélice. Il est aussi commun de retrouver des châteaux, des symboles et chiffres significatifs et comprendre la programmation d’un inner peut aider à comprendre la programmation du système. Je précise bien évidemment qu’il existe des systèmes programmés dont l’inner n’est pas ou peu programmé et des systèmes non programmés avec un inner complexe ou organisé.
[Aurora] D’ailleurs ce qui m’a toujours impressionné chez vous, c’est que depuis votre enfance vous avez conscience de votre inner et qu’il était déjà complexe à l’époque. Vous ne saviez pas que ce n’était pas le monde où nous nous trouvons mais il était déjà bien présent dans votre quotidien. Vous en parliez énormément à votre entourage ! Tandis que pour nous, on a énormément de difficulté à avoir des informations là-dessus. On a pris conscience de notre TDI il y a trois ans mais aujourd’hui encore la structure de l’inner est très vague. J’ai des vagues souvenirs de mondes imaginaires dans lesquels je me plongeais enfant mais impossible pour moi de déterminer si c’était l’inner ou non.
Mon inner a l’air aussi moins complexe que le vôtre. Je trouve aussi que le vôtre est extrêmement hiérarchisé ce qui n’est pas le cas chez moi.
[Pensées Multiples] Effectivement et dans notre cas c’est très lié à notre programmation notamment spirituelle. Il faut savoir que dans certains réseaux on retrouve des dérives spirituelles et croyances, notamment la croyance que l’inner d’une personne multiple est une autre dimension. Dans notre cas on nous a implanté dans notre esprit et ce dès notre plus jeune âge l’idée que notre inner était une dimension annexe à laquelle était rattaché notre corps terrestre et que la terre n’était qu’une dimension parmi d’autres, voir même une non réalité ou une sorte de purgatoire. De plus on a un inner très programmé avec des symboles en lien avec le réseau mais surtout il est fait de sorte à nous maintenir dans une spirale et à ne pas être crus.
Tout simplement car si une personne vient vers vous et que sans contexte iel vous dit que dans son corps il y a des âmes d’une autre dimension à laquelle iel peut avoir accès il y a peu de chances qu’on écoute les autres choses qu’iel ait à dire, la qualifiant automatiquement d’affabulatrice. En fait dans la programmation, les abus spirituels sont souvent perpétrés selon des croyances mais aussi pour que la victime ne soit pas crue, c’est pour ça que des réseaux n’ayant pas de réelles convictions spirituelles vont quand même organiser des messes souvent considérée comme des messes sataniques ou des messes noires, tout simplement pour que la parole de la victime soit remise en doute. De plus, le fait de contrôler l’inner, cela renforce l’idée de la toute puissance du réseau et ça va implanter dans l’esprit de la victime des idées telle que “le réseau est tout puissant” ou encore “le réseau fait certaines choses par magie”. On reviendra plus tard dans la vidéo sur les idées pouvant être implantées dans l’esprit du système programmé et comment essayer de les déconstruire.
[Aurora] Effectivement c’est un truc qui m’a tout de suite marqué, chez vous tout est organisé et incrémenté comme des poupées russes. Dans le système solaire, les planètes sont elles-mêmes hiérarchisées. Sans parler des side-système qui ont chacun leur propre fonctionnement.
[Pensées Multiples] Effectivement, surtout que dans les programmations avancées ça permet aussi de faire comprendre à la victime que même dans sa tête elle n’est pas en sécurité, on remarque aussi ce mécanisme avec les dirigeants programmés, la hiérarchie d’alters ou le système d’alters surveillant et rapporteur par exemple.
[Aurora] Chez nous l’inner est beaucoup beaucoup plus simple ! On a une sorte de terrain d’une dimension à peu près illimitée qui est fractionné en plusieurs terrains. On a une capitale, un désert où y’a un roi, un laboratoire prison et plus loin une autre capitale. La seule chose cohérente c’est le ciel, c’est moins organisé et compartimenté. Notre alter stellaire vit dans l’espace et le ciel étant partout où que l’on soit, forcément elle voit tout. Mais ça s’arrête là, les incrémentations sont quasi inexistantes chez nous.
D’ailleurs à propos de la hiérarchisation, puisque tu en parles, nous aussi on en a une entre les alters. Un alter gère l’entièreté du système selon les besoins et donne des ordres à deux alters subordonnés. Mais ça a l’air quand même moins “militarisé” entre guillemets que chez vous. Et aussi les conséquences des ordres donnés ne sont pas du tout les mêmes.
[Pensées Multiples] Effectivement, chez nous, la hiérarchie la plus haute (parce qu’en soi on a plusieurs hiérarchies avec des fonctions et grades différents) c’est vraiment une sorte de toute puissance. Lorsqu’un ordre ou qu’un programme est lancé ça va impacter jusqu’à la capacité même à réfléchir en dehors de l’ordre et de ce qui est demandé. C’est d’ailleurs pour ça que quand on est trop enclenchés on va avoir des réponses en boucle préconçues comme “désolé” ou “je sais pas”. En fait c’est parce que suite à l’ordre l’alter devient incapable de formuler sa propre pensée et donc ael ne peut pas traiter les demandes extérieures, par conséquent la question posée et donc y répondre, donc ael pioche une réponse toute faite imposée. Je ne sais pas si tu vois à quel comportement je fais référence.
[Aurora] Oui je vois tout à fait, j’y ai d’ailleurs fait face à plusieurs reprises. Ca vous est souvent arrivé lors d’entretiens administratifs où la personne en face représentait une autorité. Mais c’est également arrivé dans des contextes médicaux où après certaines questions vous étiez incapables de formuler autre chose que “Je sais pas” ou “Désolé”. De l’extérieur vous aviez l’air totalement buggé et freezé. Le regard extrêmement vide et une expression totalement perdue. Franchement j’étais rassurée d’être avec vous dans ces moments là pour vous épauler après les rendez-vous ou répondre à votre place avant que la personne en face perde patience.
[Pensées Multiples] Et d’ailleurs quand ce genre de situation arrive je conseille de ne pas forcer, au contraire laisser la personne sans stimuli extérieurs et attendre, c’est dans notre cas la meilleure des solutions, aussi s’assurer qu’iel ne risque pas de se mettre en danger.
[Aurora] A propos des ordres que des alters hauts gradés peuvent donner à d’autre, chez vous la situation peut vite être flagrante lorsque c’est le cas. Chez nous, si un alter n’a pas envie d’obéir, il peut le faire. Il n’y aura pas d’énorme conséquence à part une engueulade. Ça n’ira jamais plus loin. Alors que chez vous, vous n’êtes pas capable d’ignorer l’ordre.
J’ai eu l’occasion de parler avec l’un d’entre vous qui était dans ce cas là et il était impossible d’avoir une réelle discussion avec ael. Je pouvais dire n’importe quoi, c’est comme si je parlais à un mur, ou que je n’existais tout simplement pas. J’avais l’impression de faire face à un robot dont la seule mission était d’exécuter l’ordre qu’il avait reçu. Dans des situations où vous pouviez porter atteinte à votre sécurité, je préférais rester avec vous. C’est effectivement pas l’idéal parce que ce n’est pas respecter votre consentement dans le cas où ael voulait que je m’en aille. Mais on en avait discuté en amont pour ce type de situation d’urgence.
[Pensées Multiples] Effectivement, l’idéal est de faire un plan de crise en amont pour savoir ce que le système accepte ou non lorsqu’iel est dans cet état. Dans notre cas c’est que vous restiez mais pas plus que cela. D’ailleurs si vous avez besoin d’un exemple de plan de crise il y a un article dédié à ce sujet sur le site de Partielles qui s’appelle “Élaborer un plan de crise” et cela peut être utile peu importe votre trouble ou que vous soyez programmé ou non.
[Aurora] Ensuite, il y a une autre différence présente, je ne sais pas si c’est spécifique à la programmation, mais c’est l’incapacité à se construire un schéma identitaire non voulu par l’abuseur et ce même après être sorti du réseau pendant des années, 14 ans pour vous. En 14 ans vous n’avez pas eu la capacité de vous former un semblant d’identité là ou nous on a pu le faire avec le temps. En fait, la programmation dans votre cas a totalement annihilé votre capacité à forger une identité autre que celle en lien à des réactions traumatiques ou à vos troubles.
[Pensées Multiples] Dans notre cas effectivement, cela peut être moins marqué chez d’autres systèmes, de plus en dehors de la programmation dans notre cas il y a aussi le fait qu’on soit polyfragmenté avec des alters portant des choses très spécifiques et n’ayant pas la capacité d’aller au-delà de cette spécification. Mais je pense que ce n’est pas que lié à la programmation mais aussi lié au fait qu’on switch énormément et que par conséquent on n’a pas l’occasion de se forger dans le monde de toi et moi.
D’ailleurs pour celleux qui ne nous connaissent pas ce qui n’est pas l’inner c’est ce qu’on appelle le tangible ou le monde de toi et moi ou ce que d’autre appelle réalité physique partagée. Mais on ne dit pas la réalité tout simplement car on a passé bien plus de temps de notre vie à penser que l’inner était la réalité et par conséquent parler de monde tangible est plus facile que de dire réalité. Car notre inner même si au final il n’est que dans notre esprit c’est notre réalité en quelque sorte, je sais pas si je suis clair.
[Aurora] Si je vois totalement parce que ce sera invalidant en quelque sorte pour vous de vous dire que l’inner n’est pas la réalité. Ca reviendrait à dire que comme ce n’est pas réel ça n’existe pas.
Je crois que je ne vois pas d’autre différence notable entre nos deux systèmes. On a fait le tour non ?
[Pensées Multiples] On a parlé des différences flagrantes effectivement, après il y en a d’autres mais ça serait partir dans les détails et pas spécialement pertinent. Je pense que les différences majeures se font sur ces trois points, l’inner, la hiérarchie et l’incapacité d’avoir un sens de soi. On a parlé tout à l’heure des idées préconçues implantées dans l’esprit de beaucoup de systèmes programmés et j’aimerais qu’on fasse le point sur ce sujet.
En fait, un système programmé peut avoir des croyances limitantes implantées pour servir le réseau et/ou les programmeurs. Et il y a des méthodes pour les contrer, à faire lorsque la personne n’est pas déclenchée évidemment, car une fois déclenchée discuter ne sert souvent plus à rien, en tout cas dans notre cas.
A savoir qu’on tient ces informations du livre “From the Trenches: A victim and Therapist Talk about Mind Control and Ritual Abuse” veuillez m’excuser pour mon anglais, de Wendy Hoffman et Alison Miller.
Les idées implantées les plus courantes et qui nous concernent sont :
Le fait de croire qu’on n’a pas été réellement victime mais qu’on s’est approprié le vécu d’une autre victime via des livres, des témoignages ou des films.
Le fait de croire que les flashbacks sont des rêves ou notre imagination.
Le fait de croire que le réseau sait tout et est tout puissant et parfois même qu’iels savent les choses par magie.
Le fait de croire que le réseau a accès en permanence à notre esprit et à ce que l’on pense.
Le fait de croire que le réseau peut nous chercher et nous récuperer à tout moment.
La peur que les proches soient tué·e·s si on parle.
Le fait de croire qu’iels auront accès toute notre vie à l’entièreté du système et peuvent nous contrôler à distance.
Le fait de penser que si on nous a forcés à faire du mal à une personne ou à un animal, on est mauvais et que nous sommes les auteurs du crime plutôt que les victimes.
Le fait de croire que le corps n’a aucune valeur.
Et le fait de penser que si nous parlons à un thérapeute ou à un médecin, iels ne nous croiront pas et qu’iels enfermeront dans un établissement psychiatrique où nous serons drogués, attachés et maltraités.
Cette dernière idée implantée est la base de la programmation anti médicale mais elle est malheureusement parfois vraie… Et je crois d’ailleurs que c’est ça le plus compliqué, le fait que certaines choses se produisent vraiment et malheureusement le système psychiatrique français va souvent accentuer la programmation anti médicale de la victime.
De même qu’il existe des idées implantées sur la police qui s’avèrent souvent vraies. Et le fait que certaines de ces affirmations soient vraies dans certains contextes peut accentuer les autres affirmations et faire croire au système qu’elles sont toutes vraies de manière permanente et intemporelle.
Cette liste est évidemment non exhaustive et il y a énormément d’autres affirmations, si vous voulez connaître la liste complète elle est sur notre drive accessible gratuitement à toustes.
[Aurora] C’est vrai que je le remarque très souvent chez vous. Vous doutez beaucoup de votre programmation voire même de vos troubles et handicaps et c’est accentué à chaque fois que vous découvrez une nouvelle info qui fait écho à votre vécu. A chaque fois vous nous dites que vous avez tout inventé et que vous vous êtes approprié les sensations et expériences de l’auteurice à l’origine de l’info, alors que vous en parliez avant même que l’information ne soit publiée.
Pour ce qui est de la programmation anti médicale, au début quand j’ai voulu vous soutenir dans votre suivi médical, vous faisiez énormément de rétention d’information et c’est d’ailleurs toujours le cas. Je me disais que ça allait être compliqué pour les thérapeutes d’imaginer ce que vous ressentez ou de trouver des solutions si vous ne disiez pas tout. Je vous encourageais à dévoiler à votre rythme un peu plus mais à chaque fois j’ai fait face à votre peur de ne pas être crus.
Et pire encore, une obsession, une peur qu’on vous enferme et vous maltraite. Pour vous dans ces situations là, tout le monde est mauvais et vous veut du mal que ce soit un psychiatre ou tout autre membre du corps médical que ce soit du secteur psychiatrique ou de médecine générale.
[Pensées Multiples] Après, malheureusement dans notre cas on a effectivement subi énormément de maltraitance médicale et de l’invalidation, de plus on a un passé hors programmation très traumatique en lien avec le monde médical, ce qui a accentué à l’extrême notre programmation anti médicale. Vraiment le système médical est je pense le plus gros problème pour les systèmes programmés, enfin de notre point de vue. Surtout en France où les professionnels ne sont pas ou très peu renseignés sur la RAMCOA et le TDI, alors le TDI programmé il ne vaut mieux pas y penser. Sans parler du fait qu’il a été prouvé que c’est un système où l’on retrouve énormément de maltraitance peu importe la problématique du ou de la patiente.
J’en profite pour faire un point d’information. Dans la programmation on retrouve souvent plusieurs programmes associés entre eux afin de programmer l’entièreté de la vie de la victime, dont souvent la programmation anti médicale que je viens de citer. Une programmation anti médicale est là pour que la victime n’aille pas voir un médecin quelle que soit sa spécialité afin que les traces des abus ne soient pas vues mais aussi afin que la victime n’ait pas l’idée de parler de ce qu’iel a vécu à un membre du personnel médical qui pourrait par la suite faire un signalement si la victime est mineure ou essayer d’aider la victime d’une quelconque façon.
D’ailleurs dans la programmation on peut aussi retrouver des sortes de contradictions qui avaient une utilité à une époque mais sont devenues obsolètes une fois la victime sortie du réseau ou du climat traumatique. Par exemple dans notre cas on va avoir des programmes anti-médicaux ou de suicide qui entrent en contradiction avec des programmes de maintient en vie du corps. Dans le réseau ces programmes pouvaient fonctionner en “harmonie” entre guillemets et avaient une utilité. Mais avec le temps et notre situation une fois adultes cela peut entrer en conflit et peut nous causer pas mal de problèmes.
[Aurora] Ouais c’est clairement quelque chose qu’on peut observer. D’ailleurs, la programmation anti-médicale c’est le point sur lequel on n’arrive pas à travailler à cause de votre vécu. De plus malheureusement souvent quand vous nous racontiez vos séances, certaines choses que la ou le thérapeute a dit nous énervaient. Spécialement l’un de nos alter qui vous a souvent dit que telle chose n’était ni normale ni respectueuse envers vous. Cet alter a aussi beaucoup insisté parfois auprès de vos thérapeutes pour qu’iels vous prennent beaucoup plus au sérieux. Car souvent quand un ou une proche de la ou du patient décrit ce qu’iel voit au quotidien, on le croit beaucoup plus que le ou la patiente.
Malheureusement encore aujourd’hui vous vivez des choses anormales dans votre suivi ce qui entraîne systématiquement une augmentation de l’impact de votre programmation anti médicale qui chez vous provoque une véritable phobie. Et malheureusement sur ce point nous n’avons pas de conseils à donner, nous abordons le sujet surtout pour que vous sachiez que ca existe et qu’ainsi vous puissiez mieux comprendre certaines réactions que peut avoir un système programmé face au monde médical.
Et nous même on commence à perdre espoir ayant constaté l’ignorance des thérapeutes à ce sujet. On a aussi vécu beaucoup d’invalidation alors que nous avons un TDI classique.
Mais pour les autres affirmations il existe des choses à mettre en place pour les déprogrammer petit à petit. Par exemple en tant qu’aidante je peux noter ces idées implantées et revenir vous en parler lorsque vous n’êtes pas enclenchés, que vous êtes en sécurité pour en discuter et mettre en avant les arguments qui expliquent pourquoi ce n’est plus vrai à l’heure actuelle.
Par exemple, expliquer que de nombreuses personnes lisent de telles histoires ou regardent telles émissions, mais savent que ces choses ne leur sont pas arrivées. Et expliquer que tous les thérapeutes qualifiés ont été formés pour ne pas faire de suggestions susceptibles d’influencer les croyances des patients sur ce qui leur est arrivé.
Ou encore mettre en avant le fait que le réseau et/ou les abuseurs n’ont ni le temps ni les ressources nécessaires pour suivre toutes les personnes qu’iels ont abusées, en particulier celleux qui ont déménagé. Les survivants et survivantes plus âgé·e·s qui se sont éloigné·e·s du réseau depuis de nombreuses années ne courent généralement plus de risque surtout si elles sont déclarées en tant que citoyens, car il existe malheureusement beaucoup de victimes qui n’ont aucune existence légale et ne sont pas recensées à l’état civil, mais lorsque le système a une existence légale et a parlé de son vécu, le faire disparaître est bien plus complexe car ça serait déclaré aux autorité par les proches.
Ou alors parler du fait que si les abuseurs savaient tout ce que le système programmé pensait lorsqu’iel était dans le réseau, c’était à cause des alters programmés pour rapporter ce genre de choses et des programmes hyperverbaux. Par conséquent si vous n’avez plus de contact avec vos abuseurs il n’est plus possible à ces alters de faire des rapports et donc le réseau ne sait plus à quoi vous pensez.
[Pensées Multiples] Effectivement, parler et démystifier ces croyances quand le système est safe et au calme peut être une bonne idée. Cependant il faudra le faire à plusieurs reprises car ce sont des idées qu’on nous a répétées encore et encore et par conséquent la discussion devra avoir lieu plusieurs fois afin que l’idée se déprogramme petit à petit, mais aussi il faut en parler à plusieurs alters différents car un alter peut avoir compris le fait que ces affirmation soient fausses alors que d’autres pas du tout. Attention cependant à ne pas trop insister non plus afin de ne pas déclencher un programme, le mieux c’est d’en parler de temps en temps mais sur une longue période.Vraiment la méthode la plus efficace c’est le temps, la patience, la bienveillance et surtout ne pas forcer.
A savoir que dans le document que j’ai cité tout à l’heure accessible gratuitement sur notre drive il y a la manière dont on peut démystifier chaque affirmation du point de vue d’une thérapeute spécialisée sur le sujet, je vous conseille donc fortement d’aller le consulter si vous êtes aidant, aidante ou concerné·e.
[Aurora] J’en profite pour enchaîner sur les choses à ne pas faire lorsqu’on essaie d’aider un système programmé. Déjà comme vous l’avez dit, il ne faut absolument pas forcer les choses. Sinon ça risque d’aggraver plus que d’aider. Par exemple, si un alter refuse d’entendre que tel comportement est programmé, il ne faut pas insister au risque de déclencher autre chose. D’ailleurs ne mettez pas non plus tous les comportements un peu extrêmes ou atypiques sur le dos de la programmation, cela ne se fait pas, en plus cela peut se révéler totalement faux..
Le mieux c’est que le système programmé vous dise lui même par la suite si le comportement était programmé ou non selon lui.
A mon sens, il ne faut pas non plus traiter le système programmé de parano à chaque fois qu’iel dit quelque chose qui vous paraît extrême. Comme par exemple le fait que son thérapeute va forcément lui faire du mal. Essayez plutôt de tempérer les choses, d’aider votre proche à prendre du recul et d’énoncer les points positifs et négatifs de chaque situation. Ca permet d’avoir une vue d’ensemble et de montrer qu’il n’y a pas que des risques à parler à son thérapeute par exemple. Si vous accusez tout le temps votre proche de paranoïa, le jour où iel aura raison et que son thérapeute l’aura maltraité, ça renforcera encore plus cette idée implantée.
Essayer d’énoncer le positif de chaque situation lorsque votre proche se sent en échec. Par exemple, si iel vous dit “Je suis loin d’arriver à m’en sortir dans un futur proche, il y a encore beaucoup trop de programmes”, vous pouvez mettre en avant tous les progrès qui ont déjà été faits. Ca nous arrive souvent de dire “Oui on comprend tout à fait, plein de choses sont encore compliquées mais regardez par rapport à avant maintenant vous arrivez mieux à gérer ça ou ça. C’est déjà super, bravo à vous !”
[Pensées Multiples] Aussi ne pas parler constamment de programmation et encourager la création de passions et la formation d’une identité propre plutôt que celle imposée par la programmation. Car comme dit plus tôt souvent les victimes de programmation voient leur identité totalement annihilée et n’ont pas eu l’occasion de se forger des passions ou centres d’intérêts.
Et cela passe par des choses simples. Par exemple, essayer plein d’activités avec le système programmé pour lui montrer toutes les possibilités et essayer de l’aider à trouver ce qu’iel aime ou non, en plus cela permet de se changer les idées. Car oui, rester toujours le nez dans la programmation n’est pas une solution, encourager à faire des activités pour décrocher des recherches sur la programmation et ne pas penser constamment aux traumatismes c’est vraiment une des meilleures choses que vous pouvez faire.
Proposer des balades, un musée, des films, des activités créatives, du sport, en prenant bien sûr en compte les triggers et handicaps du système, c’est vraiment la meilleure des choses que vous pouvez faire.
[Aurora] Oui c’est exactement ce que nous vous proposons ! Surtout dans des périodes plus compliquées. On vous invitait quelques jours à la maison, on prévoyait des sorties, des promenades avec mon chien pour se vider la tête. Et je pense que créer des souvenirs positifs est essentiel afin d’occulter petit à petit le négatif.
En parlant d’activités créatives, on a adoré peindre avec vous car au lieu que ce soit nous qui vous apportions quelque chose, c’est vous qui nous apportiez des choses, et c’est d’ailleurs le cas dans d’autres domaines, un système programmé a tout autant de choses à apporter que son aidant ou aidante lui apporte, ne vous posez pas en tant que sauveur ou sauveuse mais plutôt dans une relation d’entraide mutuelle.
Par exemple, vous nous avez aidé dans notre suivi médical, dans la découverte de nos troubles et sur d’autres domaines. A chaque fois que nous ne nous rendons pas compte de notre situation à cause de notre état dissocié, vous êtes toujours là pour nous mettre la réalité en face. On ne s’en rendrait jamais compte sans vous !
[Pensées Multiples] D’ailleurs, même sans être aussi impliqué dans l’aide du système, car il faut le dire, décortiquer les idées implantées c’est long et coûteux en énergie et toustes les aidants et aidantes n’ont pas forcément l’énergie. Juste proposer de l’aide au niveau alimentaire c’est aussi une bonne chose car la programmation peut parfois empêcher de s’alimenter. Par exemple inviter le système à manger ou l’accompagner pour des courses ou encore faire des tupperware. De même que de l’aide pour le ménage ou les démarches administratives peut être très appréciée, car souvent un système programmé est touché par plusieurs pathologies comme le stress post traumatique complexe, la dépression, le trouble anxieux ou encore des douleurs chroniques, et donc les activités quotidiennes peuvent devenir compliquées voir impossibles.
Vous pouvez aussi lui faire rencontrer d’autres personnes de votre cercle d’amis afin qu’iel ne se sente pas isolé·e, car souvent les victimes sont très seules et ont du mal à nouer des relations car ce n’est pas forcément un apprentissage qu’iels ont eu le temps d’avoir.
Je sais que nous par exemple on a toujours eu du mal à garder des relations sociales, surtout à l’adolescence, tout simplement car on parlait tout le temps de notre inner, qui je le rappelle était notre réalité alors que le tangible ne l’était pas. Par conséquent on passait systématiquement pour la personne étrange qui parlait de trucs étranges et on perdait nos ami·e·s suite au fait qu’on était rattachés à l’idée que l’inner était la réalité. Mais aussi parce qu’entretenir une relation sociale et savoir comment agir ce n’est pas quelque chose qu’on a eu l’occasion d’apprendre tellement on était constamment dissociés et pris dans les traumatismes, surtout que chez nous c’est combiné avec les difficultés sociales liées à l’autisme.
Quoi qu’il en soit, les points à retenir dans cette vidéo sont la compréhension des différences entre un système programmé et non programmé et ce que ces différences impliquent au quotidien. Il est possible avec du temps et de la patience d’aller au-delà de la programmation tout en gardant en tête que vous n’êtes pas un professionnel formé sur le sujet et que par conséquent il ne faut pas essayer de déprogrammer la personne. L’aide se fait dans les petits gestes et paroles du quotidien. Les points clés sont : l’écoute, le respect du consentement, la compréhension, l’accompagnement, se renseigner et surtout être un ou une bonne ami·e, il n’est pas forcément nécessaire de se jeter à corps perdu dans une relation sauveur-sauvé pour aider un système programmé.
Et pour conclure je voudrais dire qu’être un ou une bonne aidant·e c’est aussi prendre soin de vous. Si vous vous épuisez, vous finirez par en pâtir et ce n’est pas le but. Respectez vos limites et vos propres triggers surtout lorsque vous faites des recherches, et pensez à faire des activités pour vous changer les idées autant à vous qu’à votre proche. Et surtout, le point essentiel c’est d’être à l’écoute. Une oreille attentive, ça fait toujours énormément de bien surtout quand la personne qui écoute nous croit sans jugement.
Je vous remercie d’avoir écouté cette session en espérant que cela a pu vous aider que vous soyez proche, aidant, aidante ou système programmé. Et surtout ma dernière phrase sera un énorme merci à Aurora pour tout ce qu’elles font pour nous au quotidien et pour nous avoir aidés à réaliser cette session.
Session présentée par:
- Pensées Multiples (https://www.youtube.com/@penseesmultiples8906)
- Aurora