Dans cette vidéo au format blabla-témoignage, on parle de notre adolescence et notamment de la différenciation des alters, si les différences peuvent déjà être marquées ou non. N’hésitez pas à poser vos questions en commentaire ou en DM, et on y répondra dans de futures vidéos.
Dans cette vidéo au format blabla-témoignage, on parle de notre adolescence et notamment de la différenciation des alters, si les différences peuvent déjà être marquées ou non. N’hésitez pas à poser vos questions en commentaire ou en DM, et on y répondra dans de futures vidéos.
[Epsi] Ce que le DSM dit sur l’adolescence et le TDI?
[K] Oui, oui, et l’enfance et le TDI. Je sais qu’il y a une page là-dessus.
[E] Oui. Bah c’est un peu dans le DSM et dans la CIM le même genre de truc, à savoir que dans l’enfance, le TDI se manifeste pas “beaucoup” entre guillemets par la présence des alters, même s’il y a souvent des comportements incohérents et, s’il y a un vécu traumatique, y a une représentation traumatique dans le jeu et des trucs comme ça.
Mais voilà, les alters ne sont pas forcément bien distinguables dans l’enfance. Et dans l’adolescence par contre, plus, mais ça se manifeste, enfin c’est perçu plus généralement par des problèmes de concentration, d’attention, des colères, des trucs qui peuvent être confondus avec le TDAH ou la bipolarité chez l’ado, et des trucs comme ça. Je crois que le DSM et la CIM à peu près c’est ce qu’ils disent, mais que les manifestations du TDI commencent à n’importe quel âge. Voilà, il me semble que c’est ça. Mais on avait fait un panneau sur Insta qui le résumait mieux si jamais, on mettra le lien en description. [rire]
[K] Mais du coup, ce que ça dit, c’est que les alters peuvent déjà être visibles et formés à l’adolescence, pendant l’enfance bof mais à l’adolescence, oui.
[E] Oui.
[K] Et c’est un peu d’ailleurs le cas pour toi.
[E] Oui.
[K] Et comme souvent, on a un vécu qui est pas identique, comme souvent en fait. Et du coup bah voilà, je pense que ça peut être cool qu’on en parle et qu’on parte de ça comme base. Et puis après, en fonction de vos questions, on verra, comme je disais, si on ajoute une vidéo qui répond un peu à des questions plus précises, que ce soit sur nous ou sur des trucs plutôt liés à la multiplicité, ou si on répond juste en live dimanche prochain, comme on fait maintenant, de faire un live sur Twitch le dimanche vers 20h, le dimanche où il n’y a pas eu de vidéo. Peut-être que tu peux reparler, je sais qu’on en parle toujours souvent mais c’est une bonne base, tu peux peut-être parler de ta prise de conscience vu que c’est la bonne période?
[E] Du coup, moi, ce que j’entends par adolescence, boah c’est plus ou moins entre 11 et 17 quoi, disons début d’adolescence jusqu’à adolescence avancée. Et effectivement, moi j’ai pris conscience du fait d’être multiple vraiment au début de l’adolescence, même si, comme je le dis souvent, je n’avais pas du tout les mots, je ne savais pas que c’était TDI, je savais pas que c’était alter ou de trucs ainsi, mais j’ai pris conscience que j’avais quelque chose, quelqu’un, un truc dans ma tête au début de l’adolescence. Et comme je le dis souvent, j’ai un TDI un peu cliché, c’est-à-dire que j’ai des manifestations qui peuvent être reprises comme idées reçues du TDI. [rire] Et c’est peut-être pour ça que je m’en suis rendu compte plus tôt, mais peut-être pas, j’en sais rien, bref. Et du coup, moi, ce qui s’est passé, c’est que j’avais des trucs bizarres qui se passaient quoi, j’avais des trucs qui se déplaçaient, j’avais des gens qui me parlaient que je connaissais pas, je sentais qu’il y avait quelque chose qui était bizarre et malgré tout, j’en parlais pas parce que ça me faisait peur. Et je me suis rendu compte que je me levais la nuit et que je faisais des trucs la nuit. Et j’ai d’abord pensé à du somnambulisme, mais j’en ai quand même pas vraiment parlé. Pourtant, ma sœur avait eu ce qui semblait en être et donc ma mère aurait été familière avec ce sujet mais malgré tout, j’en ai pas parlé parce que j’étais vraiment pas à l’aise de le faire. Et je me réveillais habillée alors que je m’étais couchée en pyjama quoi et des trucs dans ce genre. Et la façon dont je me suis rendu compte qu’effectivement c’était vraiment bizarre, c’était, je l’ai déjà dit aussi, en me regardant dans le miroir. Enfin c’était un truc que j’avais pris l’habitude de faire le matin quoi, je me regardais dans le miroir pour voir s’il s’était passé des trucs la nuit, et je me suis rendu compte que c’était pas moi qui me regardais, et que c’était vraiment ouais, le regard dans le miroir n’était pas mon regard et c’était, enfin, c’était très de la déperso en fait hein mais encore une fois, à ce moment-là, je n’avais pas ces mots-là. Et plus ou moins au même moment, je me suis aussi rendu compte que j’avais toujours eu deux courants de pensée… divergents [rire], qui n’avaient pas du tout le même avis et toujours une pensée, la mienne, plus “socialement acceptable”, et une autre pensée qui n’était pas… qui avait des opinions très différentes de la mienne. [rire] Et voilà quoi. Et d’abord, j’ai pensé à des trucs, comme ça arrive à d’autres systèmes quand on ne sait pas quoi, j’ai pensé à des esprits, de la possession, des trucs comme ça, alors que ça faisait pas partie de ma culture ou de mes croyances. Et je trouve ça triste qu’à l’époque ce soit ça qui me soit venu à l’esprit parce que je connaissais pas la possibilité du fait qu’on pouvait être multiple. J’espère que c’est un truc qui a changé aujourd’hui en soi.
[K] Je sais pas. Je suis pas sûr.
[E] Je sais pas non plus. Vu que c’est plus médiatisé, peut-être, mais je sais même pas. Mais bref. Mais finalement, je me suis dit que non, que j’y croyais pas et des trucs comme ça. Et je suis juste restée sur la conclusion du “j’ai un dédoublement de la personnalité, j’ai quelqu’un d’autre dans ma tête”, c’est tout. Voilà. Ma prise de conscience, donc au début de l’adolescence, c’est ça. [rire]
[K] Oui et du coup, ce que je voulais dire c’est que, dès le départ, t’as conscience que vous étiez très différenciées, en tout cas entre A. et toi. Et ça n’a pas changé aujourd’hui.
[E] Non. Je pense vraiment que le fait qu’elle soit si différente fait que je l’ai conscientisée.
Et il y a, dans mon système, des alters qui lui ressemblent un peu et des alters qui me ressemblent un peu, et donc il y a sûrement eu des confusions, mais il y a pas vraiment une grosse différence de caractère, d’opinions, d’agissements, de tout en fait, d’attitude, voilà. On était vraiment, on a toujours été très, très différentes, et ce dès le départ. Parce que les premiers souvenirs que j’ai d’elle, que ce soit de communication ou quand je réfléchis à des attitudes ou à des trucs qu’on m’a racontés ou des trucs ainsi, ça date vraiment, comme je disais, du tout début de l’adolescence, 10-11 ans maximum. Et donc voilà, elle était déjà très comme elle est, même si depuis, elle a quand même évolué hein. [rire]
[K] Oui c’est ça, très comme elle est, mais avec 20 ans de moins.
[E] Oui, c’est ça. Mais déjà très différente, très différentiable, très différenciée quoi.
[K] Je trouve ça comique comme, on en parlait il y a pas longtemps, je ne sais pas exactement qu’est-ce qui fait qu’il y a des systèmes avec plus de différences et des systèmes avec moins de différences, et on revient un peu sur la notion de overt et covert, je sais pas exactement et je pense qu’il y a 1000 et 1 facteurs. Mais ce que je trouve intéressant dans ce que tu dis, c’est que ça n’a pas changé. C’est ce truc un peu “déterminé”, par quoi? On ne sait pas exactement blablabla, mais qui n’a pas changé. C’est pas, vous avez pas “gagné en élaboration” avec le temps. Vous avez gagné en connaissance de vous et du coup en, je ne sais pas comment je pourrais dire ça, maisgenre en capacité à voir où commence qui et où termine qui, en découverte d’alters, tu vois?
[E] Ouais. Ben si je reprends vraiment depuis l’adolescence, il y a eu une évolution quand même au niveau de la maturité et au niveau des expériences de vie, tu vois? Mais la base de caractère, elle était déjà là. On était déjà deux personnes différentes avec deux caractères différents. Et je te dis, même si en fait il y a aussi d’autres gens qui ressemblent et avec qui on a pu se confondre, mais il y avait déjà vraiment, c’était déjà marqué quoi. Si je me voyais aujourd’hui, enfin si quelqu’un me regardait aujourd’hui en sachant ce que c’est et en connaissant la multiplicité, c’est très clair.
[K] Et c’est très clair que la multiplicité l’est, mais aussi, enfin pour moi par exemple, ou d’autres gens qui vous connaissent aujourd’hui, c’est très clair aussi. Genre, enfin moi je vois la tête de mini-A.
[E] Oui, si tu regardes des photos ou des vidéos, oui, oui.
[K] Oui, tu vois, si je regarde des photos de toi quand t’as entre 10 et 15 ans, je vois que c’est elle.
[E] Ouais, et même si tu regardes enfant, ça commence déjà à se voir. Parce que c’est vraiment, comme je dis, on est vraiment très, très visibles. Et c’est même dans des regards, des attitudes et tout ça. Et oui, si tu regardes des vidéos de moi enfant, tu vois vraiment les prémices de ce qu’elle est et les prémices de ce que je suis.
[K] Ouais. Et pour le coup, c’est beaucoup moins clair chez moi. Mais c’est un peu la conclusion que j’avais. C’était pas clair chez moi et c’est toujours pas clair. Ça n’a pas changé non plus. C’est le point commun entre nos deux “visibilités de multiplicité”, c’est que ça n’a pas changé. Moi, j’ai pas eu de trucs comme ça, “clichés”, de blackouts ou de courants de pensée différents. J’avais pas du tout de conscience de tout ça, de me dire c’est quelqu’un d’autre. Mais par contre, j’ai beaucoup manqué de cohérence. Et ça va mieux uniquement depuis la prise de conscience. Mais ma prise de conscience date d’après l’adolescence donc c’est pas l’entrée à l’âge adulte qui m’a amené de la cohérence, c’est uniquement la prise de conscience. Mais quand j’étais ado, j’étais changeant en fait. Je prenais des décisions que je regrettais à moitié, je faisais des trucs mais je ne savais pas pourquoi je les faisais, genre j’allais dans une direction et en même temps que j’étais en train d’y aller, j’arrêtais pas de penser des trucs genre “mais pourquoi je fais ça?” [rire], j’avais des intérêts qui étaient super différents, enfin genre j’avais une vie à l’école et des fréquentations et des trucs que je disais que j’aimais – que j’aimais hein, c’était pas faux – mais qui était complètement différents, ou ça m’arrivait, mon dimanche après-midi, de me taper mes meilleurs aprem à jouer aux Polly Pocket, tu vois? Mais jamais j’aurais osé dire ça, tu vois?
Genre en société. Il y avait très le paraître de ce qu’il fallait être qui était déjà une forme de masking, même si beaucoup plus inconsciente que maintenant, et puis il y avait tous les trucs complètement incohérents que je faisais sans avoir conscience que ça l’était, en m’en rendant compte sur le coup ou après, ou en en ayant conscience et en pensant que tout le monde vivait ça. Moi, je pensais qu’une des caractéristiques de l’adolescence, c’était ça, c’était d’être à cheval entre l’enfance et l’âge adulte. Et je ne pense pas que ce soit faux. Et que du coup, tout le monde faisait genre on est grands, mais qu’en fait tout le monde jouait aux Polly Pocket chez lui. Mais je pense pas. [rires] Voilà. Il y avait vraiment beaucoup- C’est vraiment ça qui caractérise mon adolescence, c’est l’incohérence. C’est l’incohérence entre les différents intérêts spé, les différentes passions, les différentes fréquentations, les différentes décisions. Et du coup, j’avais vraiment un sentiment, et je l’ai dit beaucoup, de “je sais pas qui je suis”, “je sais pas où je vais”, “j’ai du mal à trouver mon but”. Voilà. Mais à côté de ça, il n’y avait pas de trucs flagrants. Je ne dis pas que quelqu’un qui connaît la multiplicité et le TDI verrait pas que je suis multiple en voyant mon adolescence, parce que quand tu sais où regarder, tu te bidonnes en fait. Mais pas comme toi. Tu vois, ça me fait penser à ce A. disait je sais plus quand, mais elle disait qu’elle avait toujours tellement été différente de toi, c’était tellement grand que les gens l’avaient jamais notifié. C’était tellement visible que personne ne l’avait jamais saoulée avec ça.
[E] Oui.
[K] Parce que c’est trop gros, en fait.
[E] Oui, c’est clair. Et ben même moi en fait. Enfin, tu vois, dans mon adolescence à moi, oui, évidemment, j’avais des incohérences et des trucs comme ça, mais pas comme toi je pense. Parce que l’adolescence chez nous, c’est vraiment le moment où on s’est très divisés et où on a eu des blackouts beaucoup et plusieurs vies en même temps, mais moi sans avoir conscience des autres et tout. Et du coup, moi, j’avais pas vraiment ce sentiment d’incohérence. J’avais de l’incohérence dans les faits, j’avais de l’incohérence, je te dis, dans les trucs qui se déplaçaient, les gens qui me connaissaient que moi je ne connaissais pas ou des trucs comme ça, ce qui est très cliché encore une fois, mais pas forcément dans ce que moi je faisais, moi ce que je décidais, moi mes amis, moi… tu vois? Ça pouvait arriver mais à mon avis, moins que toi parce que moins continu du coup.
[K] Oui, c’est ça. Et où toi… Toi, je pense que les gens extérieurs, ça arrive à ta mère d’ailleurs, de dire ”ah t’as ta mauvaise tête aujourd’hui”-
[E] “Ne redeviens pas méchante”.
[K] Oui, c’est ça. Toi, c’était notifié par des gens extérieurs, ton manque de cohérence. Et toi tu faisais genre “bah non”. Je sais qu’au tout début où on se connaissait – on s’est rencontrés, on était au collège -, je me souviens que j’ai des anecdotes en tête comme ça de trucs où des gens qu’on connaît disent que parfois t’es bizarre et changeante, et où toi non, tu penses pas.
[E] Non. Et ce que A. dit, qu’on lui a jamais rien dit sur le fait qu’elle était différente, on m’a entre guillemets “jamais rien dit” non plus. Je pense que c’était un truc qui- C’était un truc qui se disait, et je pense même qui se disait inter-écoles, que j’étais bizarre, mais pas à moi directement. Parce qu’effectivement, je pense que c’était trop gros, trop visible, trop… trop “je sais pas quoi faire de cette information” pour les gens.
[K] Oui, c’est ça.
[E] Et donc juste rien. Il y avait pas de quoi juger, c’était bizarre, c’est tout.
[K] Mais du coup, dans tes sentiments, t’étais très claire. Et A. est très claire… dans son absence de sentiments. [rires] Tu vois? Que moi, je pense que justement c’était peu notifiable, mais moi j’étais tiraillé à mort quoi. Moi, genre, d’un moment à l’autre, d’un jour à l’autre, je pouvais être super in love de la personne avec qui je sortais, et le jour d’après me dire que j’aurais jamais dû larguer mon ex, je pouvais être sûr d’être trop bien dans mon groupe d’amis, et en fait non, tu vois? J’avais vraiment des sentiments changeants. Il y avait des moments où j’avais l’impression d’être à ma place et il y avait des moments où pas du tout. Je pense que le monde ne voyait pas à quel point j’étais perdu et tiraillé alors que toi, le monde le voyait mais toi, tu le voyais pas. [rire]
[E] Ouais. [rire] Ou je voulais pas le voir, je sais pas trop, mais ouais, ouais.
[K] Voilà. Mais ce que je voulais dire, c’est que ce qui s’est construit à l’adolescence n’a pas changé. On reste toujours beaucoup plus cachés que vous et beaucoup moins séparés, divisés. Et ça n’a pas changé. Je pense que c’est un truc que peut-être les gens peuvent se dire, de se dire “ah, à l’adolescence, c’était différent”, bah pour nous en tout cas… C’était différent.parce que l’adolescence, c’est compliqué, parce que l’expérience n’est pas la même, parce que la prise de conscience n’est pas la même blabla blablabla, mais sur le fonctionnement basique de nos systèmes, un peu la “version primaire”, c’est tellement similaire à maintenant.
[E] Oui. Je pense qu’il faudrait vraiment un gros événement pour que ça change.
[K] Ben moi je suis même pas sûr parce que des gros évènements depuis que je suis ado, t’inquiète qu’il y en a eu à la pelle.
[E] Oui, oui! Mais je pense que chez quelqu’un, la “seule chose” entre guillemets qui pourrait faire que, c’est un gros truc qui pousserait, tu vois, le cerveau à agir différemment. Je sais que moi, du coup, c’était moins visible quand A. est partie en dormance là, pendant plusieurs années, à la fin de l’adolescence du coup, au début de l’âge adulte. Et où… Ben où on s’est tous plus ou moins moitié éteints moitié effacés derrière une alter qui a pris le rôle d’hôte alors que voilà, au début de l’âge adulte, et qui est restée hôte pendant plusieurs années, mais quasiment seule, mais avec juste nos influences, mais on n’avait pas conscience de tout ça, c’est avec le recul qu’on sait tout ça. Et là, je pense qu’effectivement ça se voyait moins parce que ben, les alters plus marqués n’étaient plus là, vu que dormants. Et c’est suite à une grosse période traumatique. Mais depuis que c’est revenu et que c’est revenu à un fonctionnement plus “neutre”, “naturel” pour nous, effectivement c’est revenu comme c’était comme au départ.
[K] Oui, c’est ça. Parce vraiment, conscientisation en moins et expérience en moins, des sentiments ou des trucs qui me sont arrivés à l’adolescence pourraient encore m’arriver aujourd’hui, de ces sentiment d’être pas à ma place ou d’être flou ou… de manquer de cohérence, je peux vraiment pas le dire autrement. C’est ce que je disais quoi. Je disais des trucs comme “j’aimerais juste me sentir sûr de mes décisions”, “j’aimerais juste ne pas regretter”, tu vois, des trucs comme ça.
[E] Ouais, je sais qu’un truc que je lis souvent chez d’autres gens et que tu m’as déjà dit aussi, c’est le fait de ne pas se sentir familier dans ton groupe d’amis. Bah c’est pas vraiment quelque chose que j’ai vécu ado. Un peu, mais je connaissais mes amis, c’était mes amis. Je me suis pas sentie étrangère ou juste “je ne sais pas trop qui sont ces gens”, tu vois?
[K] Ah si moi blindé. Et aussi dans mes affinités un peu. Ado encore plus, t’as très une personne que tu préfères aux autres dans ton groupe d’amis, ben moi c’était pas toujours la même, tu vois? Il y avait des moments où je fréquentais des gens qui étaient censés être mes meilleurs potes et juste ces gens étaient relou, tu vois?
[E] Ouais tu vois, moi j’avais ça enfant. En y réfléchissant, je vois ça au primaire. Je vois cette sensation. Mais à partir de l’adolescence, à partir du moment où on s’est divisés, pas. Et je pense que c’est parce que c’étaient mes amis et les siens mais que c’était justement divisé.
[K] Ouais, moi ça n’a pas changé, ni enfant, ni ado, ni même maintenant. La seule chose que je sais faire maintenant de différent, c’est dire “ah, je pense qu’un tel préfère machin et moi je préfère machin”.
[E] Ouais.
[K] C’est la seule chose qui a changé. Mon sentiment profond, il n’a pas changé, mais mon regard dessus, il est plus clair et donc il est moins dérangeant.
[E] Ouais, et moi, c’est pareil. Bah comme je te dis tu vois, l’alter qui était là, qui a été hôte pendant quelques années, eh ben les relations de ce moment-là, j’ai ça avec. J’ai ce sentiment vis-à-vis des gens que je côtoyais à ce moment-là.
[K] Mais du coup, oui, il m’est pas arrivé de trucs tellement notables que ç’aurait pu me mettre la puce à l’oreille. C’est tellement logique que je l’ai pas vu et que personne l’ait vu. Autant toi, c’était trop et du coup les gens te l’ont pas dit [rire], autant moi les gens auraient pas pu le voir, et du coup moi non plus. Mais voilà. Et d’ailleurs, toi t’- En préparant ce qu’on allait dire, on a trouvé quand même pas mal d’anecdotes comiques, même si un peu bizarres ou un peu, voilà, mais comiques quand même, sur ton adolescence. Que, ben pour le coup, dans toute cette grande capacité au masking et à être invisible et à passer inaperçu que je suis, j’en ai pas trouvé, pour moi, des si comiques.
[E] Des si claires?
[K] Oui, mais comiques. Enfin tu vois, suffisamment claires que pour qu’on puisse raconter ça sous forme d’anecdotes et que ce soit comique. [rire] Comme… vas-y, raconte-en une, tu vas voir, on va se marrer.
[E] Mais je raconte celle à laquelle on a pensé du coup qui nous a donné l’idée de cette vidéo.
Du coup, je sais plus quel âge j’avais, 16 ans, un truc comme ça, 16, 17, ouais, fin de l’adolescence. Et j’étais beaucoup sur Internet à ce moment-là et j’étais admin d’un site et une admin d’un autre site avec qui j’avais déjà échangé quelques fois, enfin on se connaissait de loin parce qu’on avait des sites sur le même sujet, m’envoie un MP alors que c’était bizarre qu’elle me contacte par là, mais bref. Elle m’envoie un MP pour m’engueuler d’avoir fait des trucs avec son mec. Je ne vais pas vous faire un dessin. En sachant que le gars en question, c’était mon ex que j’avais quitté 2 ans avant, pour ne plus sortir depuis qu’avec des filles. Donc je ne comprends pas d’où elle sort quoi mais vraiment, elle est vraiment fâchée du fait qu’il l’ait trompée avec moi, et “comment ai-je pu” alors qu’on était relativement potes, quoi. Et je ne comprends pas d’où elle sort et je lui dis “mais je ne comprends pas d’où tu sors” [rire]. “Je comprends pas pourquoi tu dis ça”, enfin “on n’est plus ensemble depuis 2 ans”, “les mecs ça ne m’intéresse plus”, voilà, adolescence très lesbienne-friendly, et vraiment je comprends pas quoi. Et elle, elle continue à me dire “mais vraiment c’est pas ok du tout”, elle m’engueule et tout. Et moi je lui soutiens vraiment mordicus que non, c’est pas possible. C’est mon ami depuis, que déjà on se parle quasiment plus parce qu’on s’est engueulés depuis, enfin bref, je comprends vraiment pas. Et en plus, l’info que j’ai pas dit c’est qu’on se connaissait à distance. Donc moi je suis en Belgique, lui était du côté de Paris, et à ce moment-là je ne prenais pas le train pour aller à Paris tous les weekends hein, on s’était pas souvent vus. Bref, et donc voilà, vraiment, je lui soutiens et je suis convaincue de moi d’avoir raison du fait que ce n’est pas arrivé… Et j’avais tort. [rire] J’avais tort parce qu’effectivement, il était venu dormir chez moi parce que son frère venait en Belgique et il était venu avec pour me voir en tant que pote. Et on avait passé quelques jours ensemble où il avait dormi chez moi – chez ma mère quoi -, dans des chambres séparées. Et donc ça datait de ce moment-là et moi, je sais que quand elle vient m’engueuler, moi j’ai l’impression que c’est super récent, alors c’était vraiment plusieurs mois avant. Et donc non, ce n’était pas possible vu que je l’avais pas vu et qu’en plus j’avais plus de contacts avec lui. Mais en plus j’avais vraiment aucun souvenir à ce moment-là que ça se soit passé. Aucun. J’ai retrouvé cette information il y a 3 ou 4 ans… [rires] En pensant à cette fille et en me disant “punaise, je suis vraiment désolée”. En pensant à lui, en me disant “ah mince”, et en relisant des conversations après où il dit “ah c’était un super weekend, faut qu’on recommence” et où moi, je dis “oui, oui”… Non! [rires] Et en me disant- Oui ben après il m’avait pas dit qu’il était en couple, mais ça ne change rien au fait que j’ai oublié ce fait, vraiment.
[K] Après, c’est pas le fait que t’as oublié dans ta vie.
[E] C’est clair, mais-
[K] Mais oui, là c’est l’anecdote qui est comique, que tu soutiennes à la meuf que non quoi.
[E] Mais oui, c’est ça. Et en fait ça arrivait blindé quand j’étais ado, qu’on me raconte des trucs dont je me souvenais pas. On me racontait que j’avais été pas sympa, qu’on m’avait vue à tel endroit, que je fréquentais des gens bizarres. Et moi, j’étais là genre “non, t’as confondu, c’était pas moi”. Alors qu’en fait j’ai un physique un peu atypique donc on peut pas me confondre. [rire] Et puis, en plus, dans notre ville, un peu tout le monde se connaît donc… Voilà. Mais moi, j’étais vraiment convaincue alors que je savais que j’avais quelqu’un d’autre dans ma tête et que je le définissais comme ça, même si j’en parlais pas, alors que je savais, juste non. Le déni.
[K] C’est beau hein.
[E] Oui. Voilà. [rire] Mais ça fait vraiment partie de ces anecdotes de mon adolescence et vraiment je pourrais en raconter plein. Après, j’ai plein d’autres anecdotes qui sont plus liées- Enfin, aujourd’hui c’est vraiment des trucs “vaut mieux en rire qu’en pleurer”, mais c’est plus lié à tout ce qui est trauma, dissociation et des trucs comme ça, et adolescence pas facile. Mais au niveau multiplicité, c’est clair que si je veux, je peux en trouver des anecdotes. [rire]
[K] Que moi je te dis, j’ai cherché et je trouve pas. Je trouve que des trucs où, avec le recul, si tu regardes ça de l’extérieur, tu fais “mh-mh” [petit rire] parce que tu vois l’incohérence.
[E] Mais c’est pas pour ça, enfin… Moi, je sais que c’est un truc, bon on dévie un peu de l’adolescence, mais je sais que c’est un truc qui a vraiment caractérisé mon TDI, et du coup ma prise de conscience parce que je rentrais dans les clichés, c’est les blackouts. Donc vraiment, c’est la perte de souvenirs lors des switch quoi, c’est avoir vraiment une mémoire divisée entre A. notamment et moi. Le bras de mon personnage fait n’importe quoi, je suis désolée. Salut! [rire] Et toi, t’as pas la sensation d’avoir des blackouts mais pourtant, si tu y réfléchis, pendant ton adolescence, t’as quand même de l’amnésie.
[K] Ah oui, de l’amnésie, oui, c’est sûr, mais pas de blackouts. Comme maintenant en fait. Je pense que je perds les infos au fur et à mesure.
[E] Tu vois, si cette meuf était arrivée dans tes MP à toi, qu’est-ce qui se serait passé?
[K] Euh, beh déjà, moi je fais mieux les choses. Du coup moi, si elle était arrivée dans mes MP, je lui aurais pas parlé. Parce que moi, j’aurais su. [rires] Mais non mais c’est vrai.
[E] Oui, d’accord, t’aurais pas oublié.
[K] Ben non!
[E] Ça t’est jamais arrivé d’oublier des gens?
[K] Mais après. Maintenant, quand j’y repense, c’est dans l’autre sens, tu vois?
[E] Oui mais sur le moment, 8 mois après, tu te souviens de tout?
[K] Oui! De tout, non, de ce qui est important parce que ça peut avoir des conséquences. Et donc, la meuf, bah je lui aurais pas parlé, moi. Elle serait arrivée dans mes MP, elle aurait même pas eu le temps de déballer son truc, je l’aurais bloquée avant, tu vois? [rire]
[E] Oui, parce qu’il y avait un contrôle sur les souvenirs “utiles”.
[K] Oui.
[E] Après, t’aurais pas pu savoir qui c’était. Dans mon cas, je savais pas qu’ils sortaient ensemble et je savais encore moins qu’ils sortaient ensemble à ce moment-là. C’est une admin d’un autre site que je connais qui m’envoie un MP.
[K] Il est possible que j’aie sûrement essayé de noyer le poisson, mais en sachant où j’allais, contrairement à toi. [rire]
[E] Que moi, vraiment j’étais sincère quoi.
[K] [rire] Ce sera pour dans 15 jours ça, les perceptions de fidélité et le couple et la multiplicité. On fera ça pour dans 15 jours.
[E] Moi, j’étais pas en couple…
[K] Pour dans 15 jours ou un autre jour.
[E] Si ça vous intéresse, mais on se doute que oui. [rire]
[K] Voilà. Mais donc bref, j’ai pas grand-chose à dire de plus que ça à première vue. Mais n’hésitez pas à nous poser des questions et à faire naître des réflexions parce que c’est un sujet tellement vaste, l’adolescence, qu’on ne savait pas trop où aller. Mais ce qu’on voulait dire, le message qu’on voulait faire passer, c’est ça, c’est: la façon dont fonctionnaient nos systèmes quand on avait 10 piges est le même à 30, ou globalement. Et, comme à l’âge adulte, tous les vécus sont possibles, et non, il n’y a pas de trop ou de pas assez. Non, ne pas avoir eu de conscience très précise de ma multiplicité ado ou qu’elle n’ait pas été notifiable de façon claire ne me rend pas moins légitime qu’eux, qui ont des blackouts alors qu’ils en ont toujours aujourd’hui. En fait, les choses qui marchent pour les adultes marchent aussi pour les ados, et c’est tout. Et donc le message de fond qu’on voulait faire passer, c’était ayez de l’indulgence pour les ados que vous étiez et pour les ados qui résident encore dans vos systèmes, et ayez également de l’indulgence pour les ados que vous croisez sur le web. Parce que, bah en tant qu’adulte encore plus, c’est important de respecter et d’avoir de l’indulgence pour ces ados qui en chient, en ayant de la réelle compassion pour a quel point on en a chié et donc pour à quel point ils en chient. Voilà, c’était le seul message que je voulais faire passer.
[E] [rire] Oui.
[K] C’était trop?
[E] Non, je pense que c’est bien.
[K] Et la prochaine fois, vous nous poserez des questions précises et on y répondra en mode anecdotes ou FAQ ou enfin voilà, comme vous voulez. Du coup, voilà. Sur ce, on vous dit à dimanche prochain sur Twitch vers 20h pour parler de l’adolescence ou de vos adolescences. Le reste du temps, sur les réseaux sociaux. Dimanche dans 15 jours sur YouTube. Et à bientôt.
Liens utiles
- TDI dans l’enfance/l’adolescence: https://www.instagram.com/p/CjlCeUfjoNJ