On en parle partout, tout le temps, mais on n’avait encore jamais fait de vidéo directement sur le sujet : la légitimité. Pourquoi on a des crises de l’imposteur et peur d’inventer ? + Quelques pistes pour essayer que ça aille mieux.

On en parle partout, tout le temps, mais on n’avait encore jamais fait de vidéo directement sur le sujet : la légitimité. Pourquoi on a des crises de l’imposteur et peur d’inventer ? + Quelques pistes pour essayer que ça aille mieux.

Introduction

[Kara] Bonjour et bienvenue dans cette nouvelle vidéo de Partielles sur la multiplicité, présentée par Epsi et Kara !

Aujourd’hui, on va parler d’un sujet qui concerne beaucoup, beaucoup, beaucoup de personnes multiples : la légitimité. Vous savez, ne pas se sentir légitime, avoir peur de mentir ou d’inventer, avoir un syndrome de l’imposteur, enfin toutes ces notions très compliquées à gérer quand on prend conscience qu’on est multiple. On en parle tout le temps partout haha mais on n’a jamais fait une vidéo dédiée au sujet.

On va vous parler un peu de certaines causes de ces problèmes de légitimité et on va aussi vous donner quelques trucs pour y faire face. N’oubliez pas de prendre soin de vous et de regarder cette vidéo en plusieurs fois si vous en ressentez le besoin. Le minutage est en description.

Définitions et manifestations

[Epsi] Se sentir légitime, c’est en gros avoir confiance en soi sur une expérience qu’on vit, et ça peut être dans tous les domaines de la vie évidemment, on parle d’ailleurs plus généralement de syndrome de l’imposteur en rapport avec l’emploi, quand on ne se sent pas légitime à être reconnu-e dans le travail qu’on fait par exemple. Et du coup dans notre contexte, se sentir légitime en tant que multiple peut prendre plein de formes : avoir conscience et être confiant-e dans le fait d’être un système, mais aussi plus généralement, avoir confiance dans sa propre expérience de la multiplicité, y compris si elle semble un peu “hors normes”.

Alors en vrai, y a pas de normes dans la multiplicité, y a juste une multitude d’expériences différentes, mais ça peut vraiment mettre du temps pour le réaliser.

Bref, tout ce blabla pour dire en gros que les problèmes de légitimité peuvent toucher plein de facettes de votre expérience avec la multiplicité. Ca peut être la peur de ne pas être un système assez ci ou assez ça, ou trop comme ci ou trop comme ça, du genre pas assez ou trop de communication interne par exemple. Mais plus généralement, quand on parle des problèmes de légitimité vis-à-vis de la multiplicité, on parle du fait d’avoir confiance dans le fait d’être un système, avoir l’impression d’inventer nos manifestations de la multiplicité, faker des switches, avoir tout à coup la sensation d’être un en fait et que tout ça n’était qu’un leurre, etc, etc…

Alors, ça se manifeste aussi régulièrement par rapport aux traumas, mais ça, on en parlera plutôt dans une vidéo dédiée.

Et ça peut être une peur constante qui est plus ou moins vive en fonction des moments, ou ça peut venir sous forme de entre guillemets “crises”, avec des périodes où on a confiance en nous et d’autres où tout s’écroule.

Petites notes avant de passer au vif du sujet : nous on parle de crises de légitimité, d’autres parlent de crises de l’imposteur, de déni ou encore de sysnoia. Et y a certainement d’autres façons de le dire mais en gros voilà.

Et de plus, énormément de systèmes ont des crises de légitimité, mais pas tous, et certains systèmes le vivent de façon très différentes. Par exemple moi, j’en ai peu, et ça se manifeste pas sur le fait d’être un système. Je pense qu’y a plein de paramètres qui font qu’on est plus sensibles aux crises de légitimité, comme le type de système, les éventuels traumas, l’environnement, la psychiatrie, la culture, etc… Mais on y reviendra au cours de la vidéo et si vous voulez, on en parlera en live le week-end prochain sur Twitch haha.

Causes possibles

[K] Alors, maintenant qu’on a défini de quoi on parle, on va lister quelques causes possibles aux problèmes de légitimité. C’est une liste non-exhaustive évidemment, mais ça donne nos pistes et nos observations sur le pourquoi du comment de ces crises.

Dissociation

Selon nous, une des premières causes des crises de légitimité, c’est… la dissociation. Eh oui, dissocier, c’est se détacher de la conscience de l’ici et maintenant, mais plus généralement, ça englobe des expériences comme la dépersonnalisation et la déréalisation. La déperso, c’est grosso modo ne pas se sentir exister, ne pas se sentir réel ou vivant, ne pas se sentir soi, ne pas ressentir ses contours, … Et la déréal, en bref, c’est ne pas ressentir son environnement comme réel, palpable ou clair. Forcément qu’avec des expériences comme ça, on peut être juste déconnecté de qui on est et de nos expériences, et donc ne pas ressentir ces expériences comme réelles…

Et si à ça, on ajoute de l’amnésie dissociative, bah on oublie nos expériences passées, on y a plus accès dans notre cerveau, on oublie par exemple ce qu’on a ressenti quand c’était un autre alter devant nous, et donc tout ce qu’il reste c’est un grand flou nébuleux impalpable où il est très difficile de se raccrocher à quoi que ce soit.

Que ce soit la dissociation en général ou plus spécifiquement la déperso, la déréal ou l’amnésie, tout ça peut mener à des crises de légitimité.

Si vous vous demandez si vous avez effectivement dit quelque chose ou si vous avez seulement pensé à le dire, imaginez ce que ça peut donner pour d’autres expériences beaucoup plus sensibles.

Et pour ne rien arranger, tout ça peut être très subtil, latent, on peut ne pas se rendre compte qu’on est en disso, ou ne pas savoir que c’est de la disso, et donc on ne comprend pas pourquoi…

Anxiété

[E] Tout ça peut évidemment générer du stress, et c’est comme ça qu’on en arrive à la deuxième cause possible : l’anxiété. Stresser, se mettre la pression, bref avoir de l’anxiété, ça peut augmenter la dissociation, qui est un mécanisme naturel de défense. Donc on est là, on anxiète, le cerveau se met en alerte et, pour se protéger, il dissocie. Et on en revient au point précédent, la conscience se détache et ainsi de suite. Et ça peut être un cercle vicieux, on stresse, on dissocie, on se retrouve en crise de légitimité, ce qui génère de l’anxiété, ce qui fait dissocier, et ainsi de suite. Et encore une fois, ça peut être subtil hein, y a plein de gens qui ont des crises d’angoisse silencieuses par exemple. D’ailleurs, la dissociation peut pousser à se détacher de l’anxiété, et donc on peut ne pas se rendre compte qu’on est en disso et anxieux. Mais ça n’empêche que le cerveau et le corps, eux, en ont bien conscience, et continuent leur cercle vicieux.

Besoin de se cacher

[K] D’ailleurs, en parlant du cerveau qui masque ces manifestations, une autre cause possible est le besoin viscéral de se cacher. La majorité des systèmes qui ont un trouble dissociatif, donc TDI, ATDS, TDI partiel, etc… sont des systèmes qui ont besoin de se cacher.

Ca vient entre autres du fait qu’il y a généralement des traumas, donc un besoin de se protéger des traumas, donc un besoin de s’en cacher pour s’en protéger. C’est pas toujours le cas mais la plupart du temps oui. Et donc, quoi de mieux pour cacher des choses, que de se les cacher à soi-même ? Bah oui, comment éviter que le conscient n’ait à supporter ce qu’il a vécu si ce n’est en lui cachant, ou en en cachant des aspects, tout simplement ? Il est fort le cerveau. C’est pour ça qu’y a plein de systèmes qui n’avaient pas conscience d’être des systèmes, parce que tout est mis sous le tapis avec plein de mécanismes inconscients mis en place pour pallier aux bizarreries que ça apporte haha.

Et donc, même si c’est un mécanisme fréquent, bah ça engendre des crises de légitimité parce que y a une sorte de conflit pour le cerveau – ou pour certains alters d’ailleurs – entre cacher ce qu’il doit cacher et qu’on farfouille dedans pour savoir ce qu’il y a dedans.

Du coup, on répresse ce qu’on sait, les prises de conscience sont laborieuses, et on peut avoir des crises de légitimité, ce qui amène de l’anxiété supplémentaire au cerveau qui lui se dit qu’il doit continuer à cacher et on repart dans le cercle vicieux qui fait que tout s’écroule.

Dévalorisation

[E] Un autre point qui s’ajoute à ça pour beaucoup de systèmes vient aussi du vécu. Si on a vécu de la manipulation, du gaslighting, des discours dévalorisants, et toutes ces joyeusetés, on peut avoir plus de mal à avoir confiance en soi. C’est difficile de considérer qu’on est légitime quand on s’est construit sur une base de dévalorisation… Et donc, bah on peut facilement avoir honte, on peut être trop perfectionnistes, et plein d’autres choses qui se lient à tout ça. Et ça peut amener un besoin de contrôle et de structure qu’il n’est pas possible d’avoir, et donc ça peut amener à de l’anxiété également.

Bref, vous l’aurez compris, le combo anxiété et dissociation, quelle que soit l’origine de l’un ou de l’autre, est souvent une cause de crises de légitimité.

Idées reçues et comparaisons

[K] Mais il y en a évidemment d’autres, comme par exemple les idées reçues. On croit plein de choses sur la multiplicité et plus spécifiquement sur le TDI et assimilé. Et les représentations dans les médias et la pop culture n’y aident pas. On pense qu’il faut des blackouts, des switches visibles, des alters différentiables, un vécu tragique, une incapacité de vivre, et plus encore. Y a évidemment plein d’autres idées reçues possibles, mais vous avez l’idée. Et on a envie de cocher toutes ces cases, parce qu’on se dit que si on en coche pas une ou pire, si on en coche pas plusieurs, c’est forcément que c’est pas ça.

Et si à ça, on ajoute un peu de validisme, psychophobie ou sanisme intériosiés, bah on se dit qu’on peut pas se sentir légitime si on a pas été validé par quelqu’un qui a une autorité supérieure sur le sujet, qu’on peut pas se sentir légitime si on n’a pas de diagnostic confirmé par quatre psychiatres différents, et ainsi de suite.

On le dit souvent mais la multiplicité, ça se manifeste de tellement de façons différentes que ça ne peut pas être quantifié. Et même si on prend juste le TDI, l’amnésie par exemple se manifeste de plein de façons. Certains oublient seulement une période de leur enfance, d’autres oublient des infos personnelles comme leur âge, d’autres oublient leur quotidien, d’autres ont effectivement des blackouts, etc…

Et pareil pour les alters, y a des systèmes avec des alters très différentiables et d’autres qui ont 10 alters qui ont le même prénom et pratiquement le même caractère… C’est juste vraiment différent pour chaque système.

Mais quand on est en crise de légitimité, ou du moins sensible sur le sujet, la moindre petite chose peut nous faire vaciller. Une personne qui vit les choses différemment de nous et hop, le cercle vicieux commence.

Les idées reçues, les représentations qu’on a et la comparaison avec les autres systèmes sont donc d’autres causes possibles aux crises de légitimité selon nous. Mais à ça, il faut ajouter un autre point majeur : le fakeclaiming.

Fakeclaiming

[E] Le fakeclaiming, c’est dire de quelqu’un qu’iel fake, que ce qu’iel raconte est faux. Dans notre contexte, c’est donc de dire que la multiplicité c’est n’importe quoi, que c’est de la recherche d’attention, que c’est une mode, que les vrais malades sont pas comme ça, etc, etc…

On vit dans un environnement de fakeclaiming, y en a partout. Suffit de lire des commentaires sous un média qui aurait diffusé un témoignage d’une personne multiple et on trouve des idées reçues, de la peur et du fakeclaiming. C’est pas évident de se sentir légitime avec toute cette pression sociale ! C’est un fait. Même si on ne veut pas, même si on sait que ça ne vaut pas la peine de donner du crédit à ces discours, ça peut nous atteindre, à force. Et si en plus, comme on le disait avant, on a facilement honte et qu’on ne veut pas se montrer faillible par mécanismes ancrés, bah on se met d’autant plus de doutes et de pression…

Et tout ça, on peut le ressentir de façon intime, mais c’est souvent pire quand y a du fakeclaiming direct. Par exemple, si un ou une proche ne nous croit pas… Et souvent, ça peut se mélanger avec un des points précédents, si par exemple c’est une forme d’autorité perçue qui remet en doute nos expériences, comme un ou une psy ou même une autre personne multiple.

Tout ça peut faire énormément, énormément de mal à la légitimité. Vraiment.

Bon, on a presque fini notre liste non-exhaustive, après on passe à nos trucs et astuces, mais on fait une mini-pause pour vous rappeler s’il vous plait de prendre soin de vous autant que possible, et que vous êtes légitime et qu’on vous croit !

Alters qui n’y croient pas

[K] Ok, maintenant une autre cause possible des crises de légitimité… bah ce sont les alters directement. Eh oui, qui dit multiple, dit + que 1. Et qui + que 1, dit potentiellement différences de conscience et différences d’opinions.

Quand on prend conscience qu’on est multiple, l’info peut mettre du temps à se diffuser dans l’ensemble du système. Il peut y avoir des alters qui le savaient déjà, d’autres qui tombent des nues et d’autres qui restent dans le déni pendant encore un certain temps. Et donc pour ces alters-là, c’est faux. Et même si pour nous, c’est vrai, bah dans un système y a des influences, et donc on peut douter. Et si ces alters se mettent à stresser de la prise de conscience d’être potentiellement un système, et bah on en revient à l’anxiété, etc…

D’une façon générale, la prise de conscience, ça prend du temps, purement et simplement parce que les alters ne prennent pas conscience de l’info en même temps.

Mais à ça on ajoute que dans certains systèmes, il y a des alters qui font des persécutions ou qui répètent des schémas, de façon entre guillemets “volontaire”, mais surtout en fait de façon ancrée. On en parlait tout à l’heure, si on a été dévalorisé par exemple, on peut avoir des alters dévalorisant, qui mettent en doute notre légitimité sur plein de points, y compris ça, et qui peuvent être à l’origine de crises de légitimité. Souvent, c’est difficile de savoir si ces alters croient réellement qu’on est pas un système ou pas, mais les effets sont quand même là. Et c’est seulement à force de travail sur son système qu’on peut comprendre les schémas derrière ces alters et les aider à s’apaiser, mais ça peut prendre beaucoup de temps.

Et dans un autre style mais qui arrive aussi, on parlait plus tôt du besoin de se cacher, eh bien ça peut se matérialiser dans un ou plusieurs alters. Il peut y avoir des alters qui sont là seulement pour qu’on ait pas conscience d’être un système, pour le cacher ou se cacher, et potentiellement cacher d’autres choses mais bref, ces alters se retrouvent facilement en stress quand on prend conscience d’être multiple ou quand on commence à farfouiller ce qu’il se passe dans notre tête.

Ces alters se pensent souvent sincèrement singlet, et là aussi, ça peut prendre beaucoup de temps pour que l’information puisse circuler plus librement et qu’iels acceptent leur condition, ou s’apaisent du moins.

Et ça peut prendre du temps rien que pour se rendre compte que ça provient d’un alter spécifique et pas de soi. Savoir si ce qu’on ressent vient de soi ou pas, ça fait partie de la complexité du fait d’être un système. Mais il n’empêche qu’on partage le même corps et le même cerveau, et donc les mêmes réactions viscérales d’anxiété, de disso, et ainsi de suite, le cercle vicieux, tout ça, tout ça, vous avez compris.

Bien sûr, on dit alters, mais ça peut être des fragments, des facettes, ou n’importe quel élément qui peut composer un système.

Avoir déjà menti

[E] Enfin, une dernière cause possible selon nous, et pas forcément facile à appréhender, c’est le fait d’avoir déjà menti auparavant. Tout le monde ment, au moins un peu, mais parfois bah on a menti plus que ça au cours de notre vie. Il arrive souvent, quand on vit des trucs difficiles, qu’on finisse par mentir pour se protéger, pour avoir la paix, ou pour avoir un truc dont on a besoin mais qu’on pouvait pas avoir en étant honnête. Y a d’ailleurs plein de gens qui ont menti pour expliquer ce qui était en fait des manifestations de leur multiplicité par exemple. Ou des alters qui se font passer pour d’autres alters, pour une raison x ou y, et qui ont l’impression de mentir, ou qu’on ait l’impression de mentir si on peut faire si ou ça, comme revenir à soi en une fraction de seconde ou autre, bref.

Du coup, quand on a déjà menti, parfois sur des petits trucs mais parfois sur des plus gros, on peut plus facilement se dire qu’on se ment à soi-même. On peut même se dire qu’on ment sur nos crises de légitimité pour être rassuré, pour se sentir plus vrai. Bref ça peut aller vraiment loin.

On abordera plus en détails ce qui peut aider à sortir d’une crise de légitimité juste après, mais on va juste aborder un point. Souvent, quand on fait une crise de légitimité, des gens extérieurs peuvent nous dire qu’on a conscience qu’on ment, donc que si on fait pas ça consciemment, c’est que c’est pas du mensonge. Et c’est totalement vrai ! Mais quand on a un problème avec le mensonge, on peut justement se dire que si si c’est conscient, qu’on se ment même jusque là pour leurrer tout le monde y compris soi-même. Et à ça on a envie de répondre tout de suite : non. Mentir consciemment n’engendre pas autant d’anxiété, et surtout, l’état dans lequel une crise de légitimité vous met ne vous permettrait pas de continuer à mentir ni à faker l’état dans lequel vous êtes. Mentir demande des ressources qu’un cerveau en stress n’a pas. D’ailleurs quand on stresse, on a du mal à réfléchir, et il faut réfléchir pour mentir. Bref, on sait, c’est difficile à croire, mais vraiment, même si vous êtes ou avez été des méga-kings and queens du mensonge, vous vous mettriez pas dans cet état pour mentir là-dessus. Vous pouvez même penser que si, si, vous êtes capables de mentir même en état de stress, je dis pas le contraire, mais pas à ce point sur ce que ça vous fait ressentir, et surtout, pensez à tous les autres éléments de cette liste, c’est plus cohérent que ce soit un de ceux-là ou un mélange que juste du mensonge à soi-même.

D’ailleurs, en parlant de mélange, tous les points de cette liste peuvent s’accentuer les uns les autres, s’engendrer mutuellement, etc. Pour autant, pas besoin de les avoir tous pour avoir une crise de légitimité, parfois on comprend pas d’où ça sort, parfois ça vient d’un petit truc qu’on aurait pas pu voir venir, et n’oubliez pas que cette liste n’est pas exhaustive.

Ce qui peut aider

[K] Okay ! Bon, passons maintenant aux trucs qui peuvent aider.

Tout d’abord, bah nous on pense sincèrement que comprendre d’où vient un problème peut aider à le résoudre et à se donner de meilleures clés pour y arriver. Du coup, prenez soin de vous mais n’hésitez pas à revenir à cette vidéo et à chercher en vous ce qui cause vos crises de légitimité. Ça peut faire partie de cette liste ou pas, ce ne sont que des pistes. Mais s’il vous plait, faites-le en douceur quand même, et avec le consentement du système. Ça peut remuer, d’aller prendre conscience qu’on a des mécanismes du passé et pourquoi on a ces mécanismes. Prenez votre temps. Mais si possible, essayez de comprendre pourquoi.

Parfois, ça peut permettre de savoir que c’est dû au fakeclaiming ambiant et donc se préserver est une clé. Parfois, ça peut venir d’un schéma de honte et de dévalorisation, et du coup ça demande plutôt à travailler sur ces traumas-là par exemple, et les crises de légitimité se calmeront. Parfois, c’est un mélange, et il faut dépatouiller. Parfois, l’environnement ne permet pas de vraiment régler le problème, si on est toujours dans un entourage insécure par exemple, et il faut alors limiter les crises autant que possible en se disant qu’on travaillera la source quand on aura l’espace mental pour le faire. Et ainsi de suite.

En cas de crise

[E] Maintenant, passons à des trucs plus concrets. Commençons par les trucs qui peuvent aider pendant une crise de légitimité.

Bah d’abord, comme vous l’avez sans doute compris, l’anxiété peut vraiment être un facteur. Du coup, si vous avez des techniques pour limiter l’angoisse, utilisez-les. Que ce soit des techniques d’ancrage, de présence, de cohérence cardiaque, de ce que vous voulez selon ce qui vous convient, ça peut aider au moins sur le plan physique. Essayez des techniques et entrainez-vous, si vous avez un suivi demandez de l’aide là-dessus, ou si vous avez pourquoi pas des médicaments prescrits pour le stress, et essayez d’y penser au moment d’une crise de légitimité. On sait que c’est difficile, mais si ça ne vous coûte pas trop d’essayer, pensez-y.

Ensuite, un autre truc qui peut aider sur le moment, c’est de prendre conscience que ça passe. Oui, c’est difficile à vivre, tout s’écroule, c’est hyper désagréable, on peut avoir l’impression que ça n’en finit pas. Mais ça passe. C’est sans doute déjà arrivé, et c’est déjà passé, ça passera encore. Parfois, ça aide de s’en rendre compte. Les crises de légitimité, même si elles sont fréquentes, même si elles sont intenses, même si elles sont terribles, finissent par passer. Et on vous soutient fort.

[K] Un autre truc qui aide pas mal mais qui demande un peu de pratique en amont, ce sont les notes, que ce soit de façon écrite ou orale ou peu importe, mais gardez une trace des expériences vécues pour pouvoir s’en rappeler. Gardez une trace de vos découvertes sur votre système, de vos amnésies si vous en avez, de comment c’est quand vous êtes derrière même si vous avez l’impression de toujours être là, de tous les trucs du passé qui étaient des manifestations avant que vous preniez conscience, et ainsi de suite.

Vous pouvez demander à des proches de le retenir pour vous si c’est trop compliqué de garder une trace vous-mêmes. Ou vous pouvez aussi demander à vos alters de vous rassurer, même si la communication se coupe pendant vos crises de légitimité, iels peuvent peut-être agir en interne malgré tout pour aider.

Ensuite, vous pouvez vous rappeler de trucs qui peuvent vous rassurer. Pas tellement sur vos propres expériences mais plutôt de façon générale. Là aussi, vous pouvez prendre des notes pour relire sur le moment. Ça peut simplement être des phrases pour vous rassurer.

Par exemple, vous pouvez vous rappeler que le TDI n’est pas rare et qu’il y a plus de gens avec un TDI que de personnes aux yeux verts. Vous pouvez aussi vous dire qu’il y a statistiquement plus de probabilité que ce soit vrai que faux, que toutes vos manifestations correspondent plus à la multiplicité qu’à autre chose.

[E] Vous pouvez aussi vous dire que vous n’avez rien à gagner à faire semblant, que ça apporte de la stigmatisation et pas vraiment de reconnaissance, et que du coup ça n’a pas d’intérêt de simuler.

Vous pouvez vous dire que quand on ment, on a conscience qu’on ment. Donc si ça échappe à votre contrôle ou si ça dure longtemps, bah c’est que vous mentez pas. Même si vous êtes pro du mensonge, on en a déjà parlé plus tôt.

Vous pouvez aussi vous dire que les manifestations étaient déjà là avant que vous preniez conscience, sinon vous vous seriez pas posé la question et vous auriez pas pensé à ça. On peut parfois d’ailleurs avoir l’impression que tout le monde vit ça ou que ça peut correspondre à tout le monde mais non, intimement les singlets ne se sentent pas en adéquation avec la multiplicité, même quand iels se posent la question. Alors haha peut-être que ça vous est arrivé de vous poser la question avant et de vous dire que non, mais la multiplicité se cache parfois très bien. Tout ça pour dire que si vous avez sincèrement ressenti que ça pouvait vous correspondre, y a de fortes chances que ça vous corresponde. C’est juste une prise de conscience et les prises de conscience, ça chamboule et c’est normal.

[K] Vous pouvez aussi vous dire que c’est une réponse normale à l’anxiété ou à un passé difficile. Au même titre que l’hyperviligance, l’anticipation, la dissociation, etc… douter de soi est commun, et ça peut même être considéré comme une “preuve” de plus que vous ne fakez pas en quelques sortes, au même titre que le reste. Bien sûr, si vous n’avez pas de crise de légitimité, ça veut pas dire que vous fakez, mais je devrais même pas devoir dire cette phrase parce que si ça vous fait douter, ça veut surtout dire que vous avez des crises de légitimité hahaha… Bref.

Vous pouvez aussi vous dire c’est commun. Vraiment, beaucoup de systèmes ont des crises de légitimité, comme vous. Même des systèmes qui sont conscients depuis longtemps peuvent encore en avoir parfois. Même des systèmes qui donnent l’impression d’avoir confiance en eux. On a vu énormément de systèmes, avec plein de vécus différents et plein de rapports différents à la légitimité, et vraiment, c’est fréquent. On est pratiquement toustes passé par là d’une façon ou d’une autre.

Bref, plein de phrases et de notions comme ça qui peuvent vous aider à vous ancrer mentalement d’une part et à vous rassurer d’autre part.

[E] Enfin, vous pouvez aussi en parler. À des proches de confiance, à des groupes de personnes concernées si nécessaire, ou écrire tout simplement ce que vous ressentez pour extérioriser. Vous en rigolerez sans doute dans quelques jours avec vos alters – gentiment bien sûr, on se moque pas.

Faites-vous aider. Une crise de légitimité, c’est une crise d’anxiété, de dissociation, de panique, de truc dans ce genre. Vous avez le droit de demander du soutien quand ça arrive. Évidemment, préférez des espaces de confiance où votre légitimité ne sera pas mise en péril encore plus.

Eh puis bah, parfois il faut juste attendre que ça passe. On se met en mode doudou, des trucs qui font du bien, ou qui aident à passer le temps plus vite. Et on se souvient que ça passe et que ça va passer.

Pour limiter les crises

[K] Voilà, ça c’était pour des trucs un peu concrets à tester pendant une crise de légitimité. Maintenant, on va parler un peu de comment éviter ou limiter les crises si possible. Mais souvenez-vous que malgré tous vos efforts, parfois ça peut encore foirer et c’est normal. Ça demande du temps, beaucoup de temps et toujours plus de temps pour appréhender tout ça.

Bah déjà vous pouvez essayer de préparer des ressources à utiliser en cas de crise de légitimité. Préparer des notes avec vos phrases pour vous rassurer, garder des traces de comment vous ressentez votre multiplicité, réfléchir à des techniques à utiliser pour limiter l’anxiété, etc…

[E] Vous pouvez du coup vous informer. Sur la multiplicité en général évidemment, pour vous rassurer. D’ailleurs on vous rappelle en passant qu’on a fait une playlist des questions les plus fréquentes qu’on se pose au début et qui expliquent plein d’expériences possibles si ça peut vous aider.

Mais aussi sur le fait que tous les systèmes sont différents. Vous pouvez consulter des témoignages, suivre des comptes qui vous font du bien sur les réseaux sociaux, discuter avec d’autres personnes concernées. Ça aide à prendre conscience de la diversité des vécus, et que votre vécu est tout aussi légitime que les autres.

Pour nous, c’est vraiment une richesse accessible et c’est super cool qu’y ait plein de gens qui en parlent et montrent que c’est différent pour chaque système, ça fait plein de représentations. Par contre, on en parlait dans les causes possibles des crises de légitimité, évitez de trop vous comparer aux autres systèmes. On sait que c’est tentant ! Et difficile de faire autrement. Mais essayez de seulement comparer vos expériences similaires et pas vos différences, parce qu’on est tous tellement différents avec plein de points communs haha. Même des systèmes qui entrent plus dans les cases des idées reçues que vous ou qui sont plus connus ou qui sont diagnostiqués ou quoi que ce soit d’autre ne sont pas plus ou moins légitime que vous. Vos expériences, quelles qu’elles soient et qu’elles aient été observées ou pas, approuvées ou pas, normatives ou pas, sont vos expériences et sont légitimes. Vous êtes légitime.

En parlant de ça, pensez à vous protéger du fakeclaiming. Éloignez-vous des sources de fakeclaim si vous en ressentez le besoin. Autant que possible. On sait que ça peut être difficile, et que quoi qu’on fasse ça peut nous affecter, mais si vous en avez la possibilité, faites-vous du bien en consultant des contenus qui vous rassurent et en vous entourant de gens qui vous rassurent pour compenser.

[K] Eh puis, entraidez-vous en interne. On sait que vous avez pas forcément la place, que la communication peut ne pas être bonne, qu’y a plein de freins et de barrières conscientes ou inconscientes, mais vous pouvez toujours essayer. Parfois rien que d’y penser et d’en avoir envie, ça peut faire bouger un peu les choses inconsciemment en interne et aider. Parfois un alter à l’intérieur peut faire quelque chose même si c’est pas conscient. Évidemment, avec la communication, la confiance intra-système et du temps, ça facilite les choses, mais il y a aussi des possibilités en attendant, même si c’est juste un petit peu. On croit fort en vous ^^

Enfin, vous pouvez essayer de réfléchir à ce qui vous fait peur. Il n’y a aucun mal à explorer la piste de la multiplicité, vous ne volez la place de personne, vous pouvez chercher de ce côté pour mieux vous comprendre. Du coup, qu’est-ce qui vous fait peur ? Ça peut amener des réflexions pour vous rassurer ou pour mieux comprendre ce qu’il se passe en vous pour essayer de régler le problème à la source.

Les crises de légitimité peuvent par ailleurs cacher quelque chose d’autre, parce que ça peut être plus facile pour le cerveau de se fixer là-dessus plutôt que sur une autre peur comme la peur de souvenirs ou d’autres trucs anxiogènes.

Et si vous vous rendez compte qu’il y a un truc plus profond derrière vos crises de légitimité on en revient au premier point, ça peut vous permettre d’avancer quand vous en avez les ressources. Prenez soin de vous autant que possible et laissez-vous du temps.

Pour les proches

[E] Dernier point, on va rapidement parler pour les proches. Oui, ça peut être difficile d’aider une personne multiple en crise de légitimité. Essayez autant que possible de faire preuve de patience et de bienveillance et n’hésitez pas à rappeler ce que vous avez remarqué ou à aider la personne à se remémorer ce qu’elle vous a raconté par exemple. Vous pouvez aussi vous mettre d’accord sur comment agir, voire utiliser un plan de sécurité. Parfois, il faut rappeler les mêmes choses plusieurs fois, parfois en l’espace de peu de temps. Mais comme toujours, vous impatienter ou invalider les sentiments de la personne ne peuvent que renforcer la crise de légitimité, du coup faites de votre mieux et prenez soin de vous également, et essayez de voir en amont comment vous pouvez l’aider du mieux possible.

Conclusion

[K] Voilà qui conclut cette vidéo ! Un peu longue mais c’est un sujet complexe qu’on aurait pas vraiment pu scinder en plusieurs vidéos. N’oubliez pas que quoiqu’il arrive, ça finit par s’améliorer, et ça s’est sûrement déjà amélioré un peu depuis votre prise de conscience. Nous, on se retrouve ici un dimanche sur deux sur Youtube, le reste du temps sur les réseaux sociaux, et à bientôt.

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