Ça fait du bien de pouvoir classer les choses ! Hôte, protecteur-ice, traumaholder, gatekeeper, … Mais parfois, ça met la pression. Parlons-en un peu dans cette vidéo.
Ça fait du bien de pouvoir classer les choses ! Hôte, protecteur-ice, traumaholder, gatekeeper, … Mais parfois, ça met la pression. Parlons-en un peu dans cette vidéo.
[K] Bonjour et bienvenue dans cette nouvelle vidéo de Partielles sur la multiplicité, présentée par Epsi et Kara !
Aujourd’hui, on va parler des rôles. Hôte, protecteur, persécuteur et bien d’autres encore. Les rôles, pour faire un bref résumé si vous ne connaissez pas, c’est entre guillemets la “fonction” d’un alter dans le système, la raison de certaines de ses actions et réactions. Alors évidemment, c’est en fait beaucoup plus large que ça mais on va justement en reparler.
Dans cette vidéo, on ne va pas définir les rôles un par un. Si vous voulez, on a fait un article à ce sujet sur le blog, et on a aussi une playlist où on a parlé en vidéos de certains rôles. Vous trouverez les liens en description.
Non, aujourd’hui, on va plutôt parler de ce que sont vraiment les rôles selon nous, et aussi de différentes formes de pression que les rôles peuvent amener.
D’où viennent les rôles ?
[E] On le dit souvent mais on ne l’explique pas toujours : les rôles sont un outil. Ils sont une aide pour vous permettre d’y voir plus clair. Mais ils ne sont pas un canevas ou une condition.
En fait, les rôles viennent avant tout d’un besoin très humain de classer les choses. Quand la multiplicité, et notamment le trouble dissociatif de l’identité, a commencé à être observée, on a pu remarquer qu’il y avait des sortes de comportements d’alters récurrents. Par exemple, des alters qui tempèrent les agressions, d’autres plutôt porteurs de traumatismes, d’autres qui gèrent le quotidien, etc… Et par cela, on a commencé à les classer dans différentes catégories : protecteur, traumaholder, hôte, et ainsi de suite.
Pour autant, ce n’est évidemment pas si simple. D’une part, tous les systèmes sont différents et la multiplicité est vraiment extrêmement vaste en termes d’expériences de vécu. D’autre part, les alters sont des êtres bien plus complexes que des petites cases. Eh oui, le cerveau est complexe et l’humain est complexe. Même si on a toujours très envie de classer les choses, on a souvent tendance à faire des cases trop petites. C’est déjà le cas rien que pour des réalités physiques palpables, alors imaginez ce que ça peut être pour classer la composition de l’esprit… et donc de l’esprit multiple.
Bon, sans vouloir faire de la philosophie amateure [rire], l’important à retenir c’est juste que les rôles sont une possibilité, un outil envisageable, une aide disponible, mais certainement pas une structure inévitable, parce que, comme toujours, c’est plus compliqué et vaste que ça.
[K] Alors, évidemment, on va pas se mentir, utiliser les rôles, c’est répandu. On en parle souvent, on en voit passer partout, ça fait partie un peu des premières choses qu’on apprend sur les systèmes. Et c’est normal, on aime bien classer et avoir des infos qu’on peut ranger [rire]. Nous-mêmes, on a cherché les rôles des alters de nos systèmes, nos propres rôles, et ça nous a souvent beaucoup aidé à nous comprendre. Maiiis, parfois, ça a pu aussi nous mettre des bâtons dans les roues. Et c’est la raison de cette vidéo, parler de différents types de pression qu’on peut se mettre autour des rôles.
Petit rappel d’usage : si les rôles vous conviennent et que vous vous sentez bien avec, c’est totalement ok ! Mais si ça vous questionne, cette vidéo vous aidera peut-être à vous sentir moins seul-es.
#1 : Légitimité
[E] Alors, le premier type de pression qu’on peut se mettre avec les rôles, c’est évidemment au niveau de la légitimité. Vous savez, la peur de mentir, la peur d’inventer, le syndrôme de l’imposteur. Eh bien quand on entend parler des rôles, et quand on regarde d’autres systèmes qui ont l’air d’avoir des rôles bien définis, on peut se dire que c’est bizarre que pour nous ce soit pas le cas.
Ça arrive notamment beaucoup avec le rôle d’hôte. C’est un rôle très répandu mais rassurez-vous, il y a des systèmes qui n’ont pas d’hôte, ou qui en ont plusieurs. Et ça arrive aussi avec des rôles comme traumaholders, ou même persécuteurs. Mais vraiment, en fait, il y a des systèmes qui n’en ont pas, ou plus.
C’est comme ça pour tous les rôles ou types d’alters, il y a des systèmes qui en ont, qui en ont beaucoup, peu, ou pas du tout.
Et de la même façon, ne pas réussir à définir un rôle pour les alters de son système, c’est normal. Il y en a pour qui c’est évident, et d’autres pour qui c’est flou. C’est ok de se tromper, c’est ok de ne pas savoir, et c’est ok aussi que des alters ne rentrent dans aucun rôle fréquent et que leur rôle soit très spécifique au système ou même tout simplement inconnu. On vous renvoie pour ça vers notre vidéo sur comment se forment les alters.
#2 : Préjugés
[K] Le deuxième type de pression qu’on peut se mettre vis-à-vis des rôles, c’est de se laisser influencer par des préjugés. Un rôle particulièrement sujet à ça, c’est celui de persécuteur. Persécuteur ou persécutrice ne veut pas dire méchant, même si les actions le laissent penser au premier coup d’oeil ou quand on le subit. Du coup, quand on détermine qu’un alter est un persécuteur, on peut avoir tendance à mal le considérer, à ne pas vouloir l’écouter, à manifester du rejet à son égard ou à considérer toutes ses actions par ce filtre de entre guillemets “méchant” ou “désagréable”. Alors qu’en fait, c’est surtout un fonctionnement différent, qui n’est pas ou plus adapté, même si ça l’a été par le passé. Mais si définir le rôle donne une espèce de mal-être et n’invite pas à une meilleure communication ou empêche d’établir un lien de confiance, bah ça peut être intéressant de redéfinir le rôle, de s’en détacher ou de prendre conscience de ses propres préjugés. C’est valable également pour l’alter en question. Il y a des persécuteurs ok avec cette appellation, et d’autres qui vont penser des choses comme “quitte à ce qu’on considère que je suis mauvais, bah je vais pas faire d’effort”.
Et vraiment, c’est pas pour vous blâmer, y a des alters qui ont des actions franchement pas adaptées, qui peuvent nous faire du mal, et dont on n’a pas envie. Mais voilà, pour commencer à fonctionner ensemble, ça sert à rien d’en plus ajouter un mot qui vous met mal à l’aise et qui, en quelques sortes, tarit encore plus votre relation.
À noter que c’est valable pour d’autres rôles, notamment les traumaholders ou les alters s*xuels par exemple, les persécuteurs sont seulement l’exemple le plus fréquent.
#3 : Performances
[E] Le troisième type de pression ressemble un peu au deuxième mais dans un axe différent, ce sont les performances. C’est un peu une histoire d’idées préconçues aussi, et qui peut concerner tous les rôles également. En gros, c’est le fait de considérer, même de façon un peu inconsciente, qu’il faut performer son rôle, qu’il faut être bon dans ce qu’on fait parce qu’on est fait pour ça.
On en connait pas mal, des protecteurs qui se mettent la pression pour bien protéger leur système, des hôtes qui font tout pour être présents en permanence, des alters sociaux qui améliorent encore et toujours leur masking jusqu’à l’épuisement, des gatekeepers qui culpabilisent d’avoir laissé passer un alter pas adapté au mauvais timing, et ainsi de suite.
En fait, il faut bien comprendre que le rôle correspond plutôt à ce que l’alter fait naturellement, à ce qui l’attire, le fait réagir et comment. Et même si un système c’est un peu une micro-société interne [rire], il n’y a pas de notion de performance ou de bien faire les choses. Par exemple, pour reprendre les alters sociaux, c’est pas rare qu’iels ne soient en fait pas à l’aise avec les relations sociales. Juste, iels réagissent et agissent quand il y a du social. Mais ça veut pas dire qu’iels sont bons pour ça ! Pas dans le sens où on l’entend en tout cas. Peut-être qu’iels sont bons pour moins souffrir des contraintes sociales ou pouvoir mieux s’y adapter, ou simplement mieux que d’autres alters. Ou peut-être autre chose.
Idem pour les protecteurs. Souvent, les protecteurs et les persécuteurs sont un peu confondus. On voit les protecteurs comme des alters qui défendent le corps des agressions, alors qu’il est plus fréquent que les protecteurs aient en fait des actes de protection en interne tandis que ce sont les persécuteurs qui protègent de façon externe. C’est pas toujours le cas évidemment ! Mais en attendant, il y a pas mal de protecteurs qui se mettent la pression et s’en veulent de ne pas avoir réussi à protéger, alors que la réalité est souvent tellement plus compliquée que ça, et c’est juste pas possible d’empêcher tous les problèmes malgré tous nos efforts.
[K] Et bien sûr les hôtes, qui ont l’impression de n’être en fait jamais là ou de ne servir à rien, alors qu’en fait, c’est encore une question de possibilités réelles et pas attendues. On ne peut pas être toujours là, et c’est normal d’être là seulement quand il se passe rien, surtout quand on fait partie d’un système adaptatif. Bref, on vous renvoie vers notre vidéo sur le sujet.
Des exemples comme ça, il y en a plein, pour tous les rôles. Et parfois c’est très inconscient. Quand on est une personne traumatisée, on a tendance à facilement ressentir de la honte, de la culpabilité, de l’hypervigilance, et plein d’autres choses du genre. Du coup, l’envie d’être irréprochable et performant est vraiment courante. Mais souvenez-vous que l’important est de faire de votre mieux ! C’est bien de chercher à s’améliorer, à faire ce qu’il faut, mais prenez aussi soin de vous ! Vous n’êtes pas qu’un rôle, vous n’êtes pas qu’une capacité, vous ne pouvez pas toujours y arriver, et c’est normal. Vous pouvez toujours faire de votre mieux et composer sans être toujours parfait ou parfaite, vous pouvez vous reposer et vous pouvez vous pardonner si nécessaire, parce que ça arrive de faire des erreurs. Et surtout, vous pouvez demander de l’aide au reste de votre système ! L’entraide, c’est vraiment trop sous-estimé.
#4 : Forcer les cases
[E] Le quatrième type de pression qu’on peut se mettre, c’est de, en quelques sortes, forcer les cases. Comme on le disait au début, on a envie de classer les choses parce que c’est rassurant. Et donc on a envie que chaque alter rentre bien comme il faut dans un rôle précis, c’est normal. Chaque alter peut avoir envie de rentrer dans un rôle précis aussi d’ailleurs, parfois même pour se sentir le droit d’exister dans le système par exemple. L’inconvénient, c’est que ça peut être restrictif. On peut se dire qu’un alter a tel rôle alors qu’en fait pas vraiment. On peut se dire qu’un alter ne peut pas changer de rôle. On peut aussi revenir à cette notion de performances.
Et du coup, on peut aussi chercher à interpréter chaque action comme devant appartenir au rôle. Par exemple, si un jour un alter gère tout seul une soirée avec plein de monde, on va se dire que c’est un alter social, alors qu’en fait si ça se trouve pas du tout mais les choses se sont faites comme ça. Si un alter est là très souvent, on va se dire que c’est un hôte, alors qu’en fait on est dans une situation qui n’est pas safe et qui perdure et c’est un protecteur ou un alter social. Et ainsi de suite.
De la même façon, on peut avoir tendance à penser que les alters ne peuvent rien faire qui sortent de leur rôle. Un exemple commun, ce sont les alters s*xuels. On peut avoir tendance à penser qu’il n’y a qu’elleux qui peuvent avoir des relations physiques alors qu’en fait non, plein d’autres alters peuvent, ça dépend de chaque alter et de chaque système.
Les rôles c’est large, les systèmes ça change et les alters évoluent. Comme toujours, c’est juste plus complexe que ce qu’on peut penser. Mais les cases sont souvent trop petites et on n’aime pas que ça déborde.
Et on rappelle que c’est ok que ce soit flou et pas défini, moins commun, ou plus spécifique à votre système en particulier. Ou même qu’un alter ait plusieurs rôles.
#5 : Définir le rôle selon le type
[K] Enfin, le cinquième type de pression qu’il peut y avoir vis-à-vis des rôles ressemble au quatrième encore une fois, c’est le fait de penser que le rôle dépend aussi du type des alters. Pour rappel, les types d’alters, ce sont un peu des caractéristiques profondes de l’alter. Par exemple, les alters enfants ou littles, les alters ados, les alters non-humains, les fragments, les introjects, etc, etc… On vous met un lien vers un article à ce sujet. Contrairement aux rôles qui définissent la “fonction”, le type définit plutôt “l’être”, si c’est clair.
Et donc pour en revenir au sujet, on peut avoir tendance à penser que certains types d’alters doivent correspondre, ou au contraire ne peuvent pas correspondre, à certains rôles. Par exemple, on peut avoir tendance à penser que les littles ne peuvent pas être des protecteurs, des persécuteurs ou des alters sociaux, alors que si. On peut avoir tendance à penser qu’un fragment ne peut pas être gatekeeper, alors qu’en fait si. On peut avoir tendance à penser que les non-humains ne peuvent pas être caretakers, alors qu’en fait si. Ou encore qu’un fictif de vilain est forcément persécuteur et ne peut pas être autre chose, alors qu’en fait si. Et ainsi de suite.
Chaque type d’alter peut avoir chaque rôle, l’un ne dépend pas du tout de l’autre. Toutes les combinaisons sont possibles. Et toutes les combinaisons peuvent changer, parce que sinon ce serait trop facile [rire].
Se définir les rôles
[E] Voilà pour les cinq types de pression qu’on voit souvent et qu’on a nous-mêmes pu expérimenter parfois [rire] mais ce n’est évidemment pas exhaustif !
En fait, ce qu’on a envie de vous dire surtout, c’est que les rôles, ça correspond juste à des schémas d’actions. Et éventuellement aussi à la façon dont l’alter s’est conçu au départ, mais ça ça peut tellement évoluer avec le temps que c’est pas forcément le cas. Mais l’essentiel, selon nous, le plus important, c’est que vous soyez d’accord et à l’aise avec la définition que vous donnez à chaque rôle, et que l’alter concerné le soit aussi !
Nous, on utilise beaucoup les rôles pour parler de nous, parce que ça facilite notre communication, mais nos définitions de chaque rôle est claire pour nous, pour nos alters, et pour communiquer justement.
Sur Partielles, on a essayé de définir un peu chaque rôle pour vous aider, mais vous trouverez peut-être d’autres variantes ailleurs, et d’autres systèmes qui interprètent les choses encore différemment. La vérité c’est qu’y a pas de définition universelle et précise pour chaque rôle, ni un rôle précis pour chaque alter de chaque système qui existe. C’est ok de vous définir selon ce qui vous convient, toujours sans faire de mal aux autres ni à vous-mêmes ou vos alters. Si persécuteur c’est péjoratif, utilisez un autre mot ou n’en utilisez pas. Si protecteur vous met la pression, faites autrement. Si alter social ne vous semble pas assez, partagez le rôle d’hôte. Si vous ne vous sentez pas à l’aise avec les rôles, ne les utilisez pas. Et si chaque alter a ses rôles définis et que ça vous convient, c’est nickel aussi !
Faites selon ce qui vous convient à vous, vous ensemble, en tant que système, en faisant des compromis si nécessaire. Faites de votre mieux et prenez soin de vous autant que possible, sans vous mettre la pression parce que c’est ok d’être faillible [rire].
Conclusion
[K] On espère que cette vidéo vous a plu !
On en profite pour vous informer que la plateforme de dons qu’on utilisait avant, uTip, a fermé. Du coup, si vous voulez nous soutenir, vous pouvez le faire via Ko-Fi, le lien est en description. En allant sur Ko-Fi, vous verrez en même temps qu’il y a une cagnotte pour nous aider à financer l’ouverture de notre association sans but lucratif ! Vous pouvez déjà participer si vous le souhaitez, et nous de notre côté on vous fera une annonce dédiée en vidéo dans pas longtemps sur la chaîne.
On se retrouve ici sur Youtube dans quinze jours, en espérant sans retard cette fois [rire] et le reste du temps sur les réseaux sociaux. À bientôt !
Liens utiles
- Article Les rôles des alters
- Playlist vidéos Zoom sur les rôles & les types
- Vidéo Comment se forment les alters
- Article Les « types » très diversifiés des alters