Dans cette vidéo, on explique ce qu’est la dissociation, à quoi elle sert et comment savoir si elle devient pathologique. On aborde aussi quelques questions comme l’hérédité, le rapport aux traumatismes, l’hypnose, la méditation, la dissociation lors des switches, etc… Enfin, on donne quelques outils pour diminuer les symptômes dissociatifs.
Dans cette vidéo, on explique ce qu’est la dissociation, à quoi elle sert et comment savoir si elle devient pathologique. On aborde aussi quelques questions comme l’hérédité, le rapport aux traumatismes, l’hypnose, la méditation, la dissociation lors des switches, etc… Enfin, on donne quelques outils pour diminuer les symptômes dissociatifs.
Kara: Bonjour et bienvenue dans cette nouvelle vidéo de Partielles sur la multiplicité dont le TDI, présentée par Epsi et Kara ! Comme vous le savez sûrement, le TDI, l’ATDS, l’amnésie dissociative, etc… ce sont des troubles dissociatifs. Mais la dissociation, c’est quoi au juste ? Eh bien c’est le sujet de cette vidéo ! On va définir un peu la dissociation et les troubles dissociatifs, répondre à quelques questions sur par exemple l’hérédité ou le lien avec les traumatismes, et puis on donnera quelques pistes pour diminuer d’éventuels symptômes dissociatifs.
La dissociation, c’est quoi ?
Pour en faire une définition ultra-simplifiée, la dissociation c’est une déconnexion de la présence dans l’ici et maintenant ou de la conscience de l’instant présent. En elle-même, la dissociation est un phénomène totalement naturel, tout le monde dissocie à un moment ou à un autre. L’exemple fréquemment donné, c’est le fait d’être en voiture ou dans les transports en commun et d’arriver à destination sans voir le trajet passer, surtout quand c’est une route vraiment connue ou devenue presque automatique.
Un autre exemple est le fait d’être tellement absorbé-e dans un film ou un livre qu’on n’entend pas tout de suite que quelqu’un nous appelle. Par contre, quand la dissociation devient plus fréquente ou plus forte au point qu’elle en est gênante, envahissante ou handicapante, alors elle devient un symptôme, on dit qu’elle est pathologique.
Epsi: En gros, la dissociation, c’est comme éternuer: si on a une poussière qui gratte le nez, on éternue et c’est tout à fait banal, mais si on commence à éternuer souvent, ça peut être le signe d’un rhume ou d’allergies ou autre, vous voyez l’idée ?
En cas de besoin, la dissociation est également un mécanisme de défense. Elle permet par exemple de “penser à autre chose” quand on ressent une vive douleur, ou de limiter les sentiments négatifs quand on passe un moment très désagréable ou stressant, en se déconnectant en quelques sortes du corps ou des émotions.
Mais elle peut aussi être un mécanisme de survie parce que quand le cerveau perçoit un danger, qu’il soit effectif ou interprété comme tel, il prépare le corps à réagir en libérant des hormones, de façon à accélérer le rythme cardiaque et faire chauffer les muscles pour, en résumé, fuir ou éventuellement combattre. Mais si le corps ne peut pas réagir, peu importe la raison, les hormones continuent à être libérées, ce qui engendre une surcharge qui, si elle n’était pas interrompue, finirait par causer un arrêt cardiaque. Du coup, le cerveau bloque cette production d’hormones, il débranche tout pour assurer la survie, et cette déconnexion, c’est de la dissociation, un peu plus poussée que le fait de ne pas voir un trajet passer évidemment. [rire]
En fait, la dissociation est un mécanisme entre guillemets “normal” qui permet au cerveau de se ménager ou, en cas de nécessité, de se protéger de choses qu’il ne peut pas gérer. Plus la dissociation est forte ou fréquente, plus elle peut avoir des conséquences sur d’autres domaines. De la même façon qu’on ne se souvient pas bien d’un trajet en voiture ou d’une conversation qui ne nous intéressait pas trop, on peut ne pas bien se souvenir d’un événement qui a causé une déconnexion par stress ou survie, encore une fois, que le danger soit effectif ou interprété comme tel par le cerveau. Le cerveau n’étant pas dans un état de fonctionnement entre guillemets “normal”, il ne peut pas traiter les informations comme il le devrait et ça peut avoir tout un tas de conséquences comme par exemple: des flashbacks, parce que les souvenirs sont bloqués et pas traités correctement, ou de l’hypervigilance, pour que le cerveau déconnecte au moindre signe perçu de danger.
Tout ça pour dire que la dissociation, c’est en quelques sortes un spectre, une échelle d’expériences dissociatives qui varie d’une personne à l’autre. Ce “degré de dissociation” peut indiquer s’il s’agit d’une dissociation commune ou si elle devient pathologique, et si donc elle est un symptôme de quelque chose.
Exemples d’expériences dissociatives
K: Alors, comment se manifeste la dissociation ? On va faire une liste non-exhaustive d’expériences dissociatives mais on rappelle donc qu’elles ne signifient pas forcément qu’il y a un problème. C’est quand ces expériences deviennent dérangeantes, peuvent vous mettre en danger ou en difficultés, voire sont traumatisantes qu’elles peuvent indiquer la présence de quelque chose.
Les expériences dissociatives plus communes sont, comme on le disait :
- de ne pas voir passer un trajet,
- de perdre la notion du temps quand on est absorbé-es dans une activité,
- de rêvasser,
- d’être un peu déconnecté-e, distrait-e, pas vraiment là, un peu dans le vide, …
Mais ça peut aussi être moins direct, comme :
- pouvoir ne pas ressentir la douleur ou ne pas se rendre compte qu’on a mal,
- avoir des sortes d’absence de quelques secondes,
- oublier de manger ou, plus généralement, ne pas faire attention aux besoins du corps quand on est occupé-es,
- perdre la notion du temps évidemment, …
Et puis ça peut aussi être plus poussé, moins commun, comme :
- être déconnecté-e de certaines parties du corps, se sentir irréel-le ou vide,
- se voir de l’extérieur,
- avoir un détachement vis-à-vis de l’environnement, se sentir flotter ou avoir l’impression que le monde est brumeux ou observé à travers une vitre, comme s’il était étrange, pas tout à fait réel,
- idem pour les gens, les objets, les animaux,
- avoir une vision floue, en tunnel ou déformée, ou voir son corps déformé,
- au contraire, voir trop net, trop lumineux ou trop vif,
- avoir l’impression de fonctionner en pilote automatique,
- ne rien ressentir,
- fixer le vide, être “perdu-e” dans ses pensées entre guillemets tout en ne pensant à rien,
- etc…
Eh puis on a les choses qui indiquent une potentielle dissociation plus forte, comme :
- ne pas savoir qui on est, ne pas être sûr-e de son identité,
- ne pas être sûr-e de savoir si un souvenir a vraiment été vécu ou pas, ou nous est vraiment arrivé,
- remarquer que des choses ont été faites par nous mais on ne s’en souvient pas,
- ne pas reconnaître des gens qu’on a déjà rencontrés,
- se réveiller ou “redevenir soi” entre guillemets
- dans un endroit inattendu,
- et bien d’autres choses encore.
Alors, juste au cas où : il n’est pas nécessaire d’avoir toutes ces manifestations pour avoir de la dissociation. Comme on l’a dit: tout le monde dissocie, ça varie d’une personne à l’autre. Et oui, certaines expériences concernent plus souvent des gens qui ont un trouble dissociatif mais ça ne veut pas dire que c’est une liste à cocher. [rire]Et si vous ressentez une dissociation pathologique avec des manifestations décrites ci-dessus, pensez toujours à vérifier qu’il n’y a pas une autre explication, au cas où. Par exemple, une vision floue peut venir d’un problème aux yeux ou ne pas reconnaître les gens peut venir d’une prosopagnosie.
Quand la dissociation devient un symptôme
E: Bref, le degré de dissociation peut être en quelques sortes mesuré en fonction des expériences vécues et de leur intensité ou fréquence. Il y a des échelles qui indiquent si la dissociation est peut-être pathologique ou non.
La dissociation en elle-même n’est pas un trouble mais quand elle est pathologique, elle devient un symptôme d’un potentiel trouble, et pas forcément d’un trouble dissociatif. En effet, on peut avoir des symptômes dissociatifs en cas de TCA, de stress post-traumatique, de troubles de la personnalité, de schizophrénie, de troubles anxieux, etc…
En général, même si ce n’est pas toujours linéaire et surtout pas toujours conscient, le degré de dissociation est le plus élevé lorsqu’il y a un trouble dissociatif.
Les troubles dissociatifs sont donc des troubles dont les symptômes et les critères diagnostiques tournent le plus autour de la dissociation. Le DSM-5 et la CIM-11 définissent la dissociation des troubles dissociatifs plus ou moins de la même façon, c’est-à-dire avec une perturbation, une discontinuité ou une interruption totale ou partielle dans l’intégration normale d’un ou plusieurs des éléments suivants : conscience, perception, sensations, sentiments, affects, pensées, souvenirs, contrôle des mouvements, contrôle du comportement ou identité.
Si vous voulez une liste des troubles dissociatifs selon le DSM-5 et selon la CIM-11, on vous met les liens des articles qui les décrivent en description.
Questions-réponses
Voilà, ça c’était pour expliquer un peu c’est quoi la dissociation. Maintenant, on va essayer de répondre à certaines questions qu’on se pose souvent à ce sujet.
Première question, quel est le lien entre dissociation et traumatismes ?
Eh bien comme on le disait plus tôt, la dissociation peut être un mécanisme d’adaptation, de défense ou de survie. Lors d’un traumatisme, d’expériences stressantes ou difficiles, ou même en cas de douleurs, etc… le cerveau peut dissocier pour se protéger.
Cependant, si l’expérience est trop intense ou répétée, le cerveau peut entre guillemets “dissocier à l’excès”, c’est-à-dire qu’au moindre signe d’alerte, il va lancer le mécanisme de dissociation pour se protéger même si ce n’est pas nécessaire. C’est comme ça d’ailleurs que la dissociation peut être un symptôme de trouble anxieux ou de stress post-traumatique.
De même, comme les informations ne sont pas forcément bien traitées par le cerveau à cause de la dissociation, les souvenirs d’un événement peuvent être bloqués et générer d’autres symptômes comme de l’anxiété, des flashbacks ou de l’hypervigilance. En effet, pour se protéger de ses propres souvenirs, le cerveau va dissocier dès qu’il sera en contact avec quoi que ce soit qui pourrait lui rappeler les événements traumatiques et donc réactiver la production d’hormones et la potentielle surchauffe.
K: Question suivante, est-ce que la dissociation est héréditaire ?
Alors pour ça, on va répondre oui et non.
Des études ont en effet montré que le “potentiel” entre guillemets de dissociation peut être héréditaire.
Cependant cela ne veut pas forcément dire qu’une personne ayant un trouble dissociatif ou même des symptômes dissociatifs filera la patate chaude à ses enfants, seulement le potentiel de dissociation plus élevé.
Parce que bon, le développement d’une dissociation pathologique ou d’un trouble dissociatif est aussi lié à d’autres facteurs dont notamment l’environnement, les expériences vécues, l’attachement, la sécurité, etc…
Troisième question, est-ce que dissocier, c’est long ?
Ça dépend.
On peut dissocier une seconde ou quelques minutes, comme pour le trajet en voiture, ça ne dure pas forcément des heures.
Cependant, quand la dissociation est pathologique, elle peut notamment être remarquée comme ça: quand on se rend compte que ça fait un bon moment qu’on est entre guillemets “pas là” ou en tout cas, pas trop conscient-e de ce qu’on fait.
Voilà, on peut dissocier seulement quelques instants ou beaucoup plus longtemps. Il y a même des gens qui restent plusieurs jours, semaines, mois voire années dissociés.
Question suivante : est-ce que c’est vrai qu’on est plus facilement hypnotisable quand on a un trouble dissociatif ?
En principe, oui.
Évidemment, dans la pratique, il y a plein de gens qui ont trop d’hypervigilance ou ne peuvent tout simplement pas lâcher prise et donc ne réagissent pas trop à l’hypnose. Et donc dans le cas d’un système, il peut être fréquent qu’un-e alter ne se laisse pas hypnotiser ou que l’hypnose engendre un switch vers un-e alter qui ne laissera pas l’inconscient s’exprimer via l’hypnose.
En bref, ça dépend des gens, mais en principe, oui, il y a une corrélation entre dissociation et hypnotisabilité. Après tout, l’hypnose, c’est un peu se déconnecter de la conscience de l’ici et maintenant, et la dissociation aussi donc bon, c’est assez logique quand c’est un mécanisme plutôt fréquent comme dans un trouble dissociatif.
C’est pour cela qu’il faut faire attention quand on participe à une séance d’hypnose, que ce soit dans le cadre d’une thérapie ou lors d’un show ou autre. En effet, l’hypnose peut, sans le vouloir, aller titiller des choses dans l’inconscient que le cerveau protège avec la dissociation, il faut toujours s’assurer que la personne qui hypnotise ait conscience de ce qu’elle fait, soit bienveillante et puisse vous assurer une certaine sécurité.
E: La prochaine question rejoint un peu le même sujet, est-ce que la méditation est dangereuse quand on dissocie beaucoup ?
En fait, ça dépend.
La méditation peut aussi engendrer une sorte d’état dissociatif, en se déconnectant, en faisant le vide par exemple, mais elle sert en principe plutôt à se détendre en diminuant l’anxiété par l’ancrage, et l’ancrage est un moyen de limiter les symptômes dissociatifs, mais on reparlera de ça un peu plus tard.
Mais la méditation peut aussi toucher l’inconscient et donner le même effet que l’hypnose. Alors, comme pour cette dernière, il faut faire preuve de prudence. Les vidéos de méditation sur Internet ne sont pas toujours adaptées, de même que les séances en groupe par exemple, il peut arriver que des méditations guidées soient en fait de l’hypnose entre guillemets “déguisée”.
Le mieux est de développer ses propres techniques, d’enregistrer ses propres vidéos de méditation guidée, ou d’utiliser seulement du son sans voix comme des bruits de nature, etc…
Et si on est un système, demander à un-e autre alter de faire une sorte d’auto-hypnose depuis l’intérieur peut aider également.
Sixième question, quelle est la différence entre la dissociation et la rêverie compulsive/immersive (ou maladaptive daydreaming) ?
La rêverie est une forme de dissociation.
En fait, Il faut voir la dissociation comme un parapluie qui regroupe plein de manifestations différentes, comme par exemple la dépersonnalisation et la déréalisation. Les anglophones ont même un terme pour désigner la dissociation du trajet en voiture, terme qu’on pourrait traduire par hypnose routière.
La rêverie est donc une des manifestations possibles de dissociation, qui se place aussi sur un spectre en fonction de la fréquence des rêveries, de leur intensité et des difficultés éventuelles qu’elles amènent.
Question suivante, est-ce que se plonger dans un intérêt spécifique ou une hyperfixation peut être de la dissociation ? Et est-ce qu’un shutdown est un état dissociatif ?
Alors disons que non, et oui.
Que ce soient les intérêts spé ou les hyperfocus, ce ne sont pas des expériences dissociatives en soi, non, parce que ce ne sont pas des déconnexions. Mais si on a une certaine tendance à la dissociation en plus, et c’est fréquent d’avoir des expériences dissociatives quand on est autiste ou TDAH notamment, les deux peuvent se mélanger. Par exemple, on peut plonger dans une hyperfixation pour dissocier, même si c’est inconscient, ou pour masquer ou gérer une dissociation. Ou on peut se dissocier plus facilement de ses besoins corporels quand on est à fond dans un intérêt spé. Mais on peut aussi se concentrer en mode hyperfixation pour s’ancrer et arrêter de dissocier par exemple.
Quant aux shutdown, ce ne sont pas non plus des états dissociatifs en soi, parce qu’on est justement trop stimulé-es, trop connecté-es au point d’être surchargé-es mais encore une fois, si on a tendance à dissocier, un shutdown, ou un meltdown aussi d’ailleurs, peut totalement être suivi d’une dissociation ou les deux peuvent se mélanger, notamment parce que ça génère du stress que le cerveau peut couper avec la dissociation.
K: Neuvième* question, est-ce qu’on peut avoir plusieurs troubles dissociatifs ? Ou plusieurs troubles liés à la dissociation ?
(Huitième*)
Oui, dans l’absolu, on peut avoir plusieurs troubles dissociatifs, tout comme on peut avoir plusieurs troubles tout court d’ailleurs.
Attention, ça va devenir un peu technique. Selon le DSM-5, en théorie, on ne peut avoir qu’un trouble dissociatif parce que, par exemple, si on a de l’amnésie dissociative et qu’on a un TDI, le TDI englobe l’amnésie. Si on a de la déperso/déréal et de l’amnésie, on tombe dans l’ATDS, etc… C’est moins linéaire dans la CIM-11 mais en gros, c’est ça l’idée, plus le trouble est complexe, plus il y a de manifestations d’expériences dissociatives incluses dans le package du trouble.
Donc en soi, si on a un TDI, il y a des chances qu’on ait de la déperso/déréal, de l’amnésie ou des symptômes de conversion, tout comme il y a des chances qu’on ait des symptômes de stress post-traumatique ou de trouble borderline, etc.. sans avoir avoir effectivement plusieurs troubles.
Cependant, si les symptômes sont vraiment plus envahissants ou plus présents que la, entre guillemets, “normalité” du TDI, on peut avoir plusieurs diag pour souligner que ces manifestations-là dépassent les symptômes associés au trouble et sont un autre trouble à part entière.
Si on reprend l’exemple de l’éternuement, on peut éternuer beaucoup parce qu’on a des allergies et éternuer d’autant plus parce qu’on cumule avec un rhume ou avec un pollen spécifique de cette période de l’année qui nécessite une attention supplémentaire.
C’est pour ça qu’il y a des gens qui ont plusieurs diags comme TDI et borderline, TDI et déperso/déréal, TDI et stress post-traumatique, etc… même si toute personne ayant un TDI peut manifester des symptômes plus ou moins intenses de ces différents troubles.
Enfin, dernière question, est-ce qu’il faut dissocier pour switcher ?
Pas forcément non, ça dépend. Il y a par exemple des systèmes qui dissocient systématiquement lors d’un switch, et ça peut prendre plusieurs secondes ou minutes de “flottement”, et l’alter qui arrive peut aussi être dissocié-e en prenant le front.
Il y a des switches qui peuvent prendre plusieurs heures de dissociation pour se mettre en place.
Mais il y aussi des systèmes qui switchent d’une seconde à l’autre ou qui switchent facilement sans dissociation du tout, ou au contraire qui font du rapid-switching ou même du frontstuck avec dissociation.
Puis il y a aussi des systèmes très conscients de leurs switches dont l’alter qui était devant reste même en coconscience après et qui ne ressentent pas du tout de dissociation lors des switches.
Et tout ça, peu importe le degré de dissociation général du système.
Réduire la dissociation
E: Maintenant, on va donner quelques trucs qui peuvent aider à diminuer la fréquence ou l’intensité de la dissociation. Mais avant on aimerait quand même aborder un point important : quand on dissocie beaucoup, la dissociation devient vraiment un mécanisme de base du cerveau. Quand on prend conscience qu’on dissocie, on peut avoir tendance à vouloir rester connecté-e en permanence, à essayer de ne plus dissocier, et c’est normal de vouloir contrôler. Mais comme c’est vraiment un mécanisme du cerveau qui vous a protégé-es, même à l’excès, depuis probablement des années, bah rester focus tout le temps, c’est ultra-fatiguant ! Et vraiment, vous risquez le burnout.
Alors diminuer la dissociation c’est bien, c’est utile, surtout que la dissociation peut être un signe d’hypervigilance ou d’anxiété mais la dissociation, même pathologique, n’a pas que du mauvais alors pensez aussi à vous reposer. Laissez-vous dissocier quand c’est ok et quand vous n’avez pas besoin d’être en full conscience et présence dans l’ici et maintenant.
L’environnement
Pour aider à diminuer la dissociation, il y a d’abord la gestion de l’environnement. La dissociation est souvent liée à l’anxiété ou à l’insécurité. Le mieux, c’est d’essayer d’être un environnement et avec des personnes les plus safe possible, autant que possible en tout cas.
Aussi, se créer un plan de sécurité pour déterminer ses sources de stress et ses triggers et essayer d’adapter au mieux l’environnement en conséquences peuvent vraiment aider à diminuer les expériences dissociatives.
Bref, diminuer et éviter si possible les sources de stress. Pour aider, il est aussi possible de développer des techniques pour réguler ses émotions ou éventuellement s’aider avec des plantes ou des traitements pour limiter l’anxiété et donc la dissociation.
On précise au passage qu’il n’y a aucun traitement contre la dissociation. Il y a par contre des substances qui peuvent augmenter la dissociation, n’hésitez pas à faire des recherches pour les éviter si nécessaire. Ensuite, il y a les techniques d’ancrage.
L’ancrage
L’ancrage, c’est un peu l’opposé de la dissociation, c’est conscientiser et augmenter sa présence dans l’ici et maintenant. En gros, on fait appel aux sens, au corps ou à la conscientisation pour ramener le cerveau qui essaie de s’enfuir on ne sait où. Des techniques d’ancrage, il y en a plein, et il faut parfois chercher un peu pour trouver ce qui vous convient le mieux. N’oubliez pas d’ailleurs que l’ancrage, c’est un peu comme un muscle, ça s’entraine, et il vaut mieux s’exercer quand ça va que seulement essayer des techniques au hasard quand ça va pas, pour de meilleurs résultats. [rire]
Commencez petit, essayez des techniques et notez-en les résultats, voyez ce qui fonctionne et exercez ces techniques-là, testez autre chose si c’est insuffisant, etc…
Parmi les trucs qui aident à s’ancrer, il y a par exemple la musique, ou les odeurs, les stims, mettre de l’eau sur son visage, etc, etc… Il y a aussi des exercices de respiration ou compter ses respirations.
Puis il y a aussi la technique des 5 trucs, c’est la technique préférée de Kara : chercher dans l’environnement 5 trucs qu’on peut voir, 4 trucs qu’on peut entendre, 3 trucs qu’on peut toucher, 2 trucs qu’on peut sentir et 1 truc qu’on peut goûter.
On peut aussi compter de façon aléatoire ou encore se concentrer dans une tâche, notamment une tâche créative par exemple, pour mobilier son corps et son esprit à faire quelque chose.
On en a déjà parlé, il faut y faire attention, mais la méditation, le yoga, les auto-massages peuvent aussi aider à l’ancrage.
Voilà, cherchez plein de techniques, on en met d’ailleurs en description, et faites des tests.
Et n’oubliez pas qu’un truc qui va convenir à quelqu’un ne conviendrait pas forcément pour quelqu’un d’autre. J’ai personnellement beaucoup de problèmes avec les exercices de respiration, qui me donnent des palpitations et donc des angoisses [rire] mais ça convient à plein de gens par exemple ! Et ça vaut aussi intra-système: les alters peuvent avoir besoin de techniques d’ancrage différentes.
K: En passant, il y a plein de techniques d’ancrage ou de méditation qui touchent spécifiquement le corps, comme le fait de définir ses limites corporelles en se serrant fort ou les méditations qui commencent par prendre conscience de ses orteils, en remontant sur les différentes parties du corps. Faites attention avec ces techniques si vous êtes une personne avec des traumatismes. Le corps n’oublie rien et il peut être volontairement anesthésié par le cerveau. La dissociation du corps peut être un sérieux moyen de protection contre des douleurs somatiques ou des flashbacks éventuels. S’ancrer dans son corps, c’est bien, mais si ces techniques ne vous conviennent pas, c’est ok aussi. Vous avez le droit de rester un tout petit à côté de votre corps si nécessaire, la dissociation n’a pas que du mauvais.
N’hésitez pas à donner vos propres techniques d’ancrage dans les commentaires, ça aidera sûrement plein de monde !
Évaluer le degré de dissociation
Et si vous voulez un peu évaluer votre degré de dissociation, qu’elle soit entre guillemets “normale” ou pathologique, n’hésitez pas à passer le DES, c’est un test d’auto-évaluation dont on a fait une traduction, vous le trouverez via le lien Partielles.com/des/
Attention, le DES ne donne pas un diagnostic, il permet seulement d’évaluer où vous vous situez sur une échelle d’expériences dissociatives.
Le DES est un outil encore largement utilisé par les psy pour dépister les troubles dissociatifs, les résultats peuvent être utilisés dans un parcours diag si vous voulez.
Merci beaucoup d’être resté-es jusqu’ici. On espère que cette vidéo rendra le sujet de la dissociation plus clair pour vous. On se retrouve ici un dimanche sur deux et sur les réseaux sociaux le reste du temps. N’hésitez pas à vous abonner si c’est toujours pas fait et à bientôt !
Liens ancrage :
- Fiche d’Igor Thiriez : https://igorthiriez.com/portfolio/ancrage/
- Grounding techniques sur Kinhost : https://kinhost.org/Main/GroundingTechniques