Dans cette vidéo, on parle de cette période qui oscille entre hauts et bas, panique et déni, légitimité et révélations qu’est la prise de conscience de sa propre multiplicité.
Dans cette vidéo, on parle de cette période qui oscille entre hauts et bas, panique et déni, légitimité et révélations qu’est la prise de conscience de sa propre multiplicité.
Epsi: Bref une belle intro parce qu’aujourd’hui, on a envie de vous parler de ce moment si étrange, si important et en même temps pas, si déterminé dans le temps qu’est la prise de conscience de sa propre multiplicité. On va essayer de lister quelques trucs qui peuvent se passer durant cette période. Ce sera pas exhaustif évidemment mais on espère que ça vous aidera quand même. Tout d’abord, on rappelle qu’on peut prendre conscience de sa multiplicité à n’importe quel âge et il peut y avoir mille et une raisons pour lesquelles vous ou vos proches n’avaient rien vu ou rien su avant ou vu ou su des trucs sans conscientiser que c’était ça. Parmi ces raisons, il y a par exemple le fait que la multiplicité se cache. C’est bien moins visible, surtout quand on ne sait pas voir, que ce qu’on a comme idées reçues ou comme représentations. Mais c’est aussi simplement possible de ne pas avoir conscience que son propre fonctionnement est différent de ce que les autres gens vivent. C’est aussi possible d’avoir su mais d’avoir oublié à cause de la stigmatisation, de la peur, de la honte ou d’un environnement pas sécure par exemple. Puis il est aussi possible que certains alters en aient conscience et vous pas, tout comme il est possible que vous ou des gens de votre entourage ayez pu avoir une intuition qui pouvait laisser penser à la multiplicité mais, comme on vit dans un monde singlet-centré, ce n’est pas allé plus loin et ça ne s’est pas vraiment conscientisé. Bref il y a vraiment plein de raisons possibles mais une question qui revient souvent c’est: pourquoi maintenant alors? Là encore, il y a une infinité de possibilités. Par exemple: un environnement sécure qui laisse la place à autre chose que la survie, qui permet de réfléchir et de s’interroger. Autre exemple: connaître une personne multiples ou grâce à la visibilisation de la multiplicité, ça pousse à se poser des questions et à se dire « oh ce truc que je vis, je pensais que tout le monde vivait ça mais en fait non » ou à l’inverse « oh ce truc que je pensais être la seule personne à vivre, en fait il y a d’autres gens qui le vivent aussi ». En parlant de réflexion, on sait que le premier confinement et l’arrêt de la vie sociale a provoqué beaucoup de prises de conscience par exemple. Parmi d’autres raisons, il peut aussi y
avoir une retraumatisation quand on est un système traumagène ou un changement important dans la vie. Puis il y a aussi le fait que quelqu’un d’autre nous le dise, via un diag par exemple. En fait il y a mille et une possibilités de savoir et de ne pas savoir. Au fond, c’est pas tellement le plus important, même si c’est ok que ça compte pour vous évidemment. Mais ce qu’on veut dire c’est que c’est ok d’avoir su et oublié, c’est ok de s’en être douté ou pas du tout, c’est ok d’être ou d’avoir été dans le déni, c’est ok que ce soit pas encore l’heure et c’est ok que ce soit pas clair. Il n’y a pas de bonnes raisons ou de moments plus légitimes, ça arrive quand ça arrive et c’est différent pour tout le monde.
K: Voilà, c’était deux rappels importants pour aborder la vidéo d’aujourd’hui qui est sur l’étape juste après ça. Cette vidéo est pour les gens qui se disent « ok on est plusieurs »… mais peut-être pas? Mais si j’invente? Mais je l’ai toujours su mais en même temps pas! Mais ça explique tout mais c’est pas possible! Mais non, mais si, mais non, mais si! Ça vous parle? Voilà, on est à ce moment-là. Quand on parle de la prise de conscience, on a souvent l’impression que c’est un moment T, genre on dit « quand j’ai pris conscience » comme si c’était équivalent à « quand j’ai déménagé ». Alors désolé, on va casser un mythe, mais non. La prise de conscience, la plupart du temps, c’est plutôt une période plus ou moins longue, c’est pas linéaire et c’est composé de hauts et de bas, comme plein d’autres choses. Mais si on peut avoir l’impression d’un boom au départ ou d’un moment précis de chute vertigineuse, la prise de conscience peut durer plusieurs mois. C’est une période très informe où il peut y avoir des grandes avancées, des certitudes, des retours en arrière, des problèmes de légitimité et tout en même temps ou à quelques heures ou jours parfois près. Et sincèrement, c’est ok, c’est normal et c’est compliqué. Et si ça va plus vite ou si c’est plus facile pour vous, tant mieux, c’est tout aussi ok! Mais ouais, ne vous étonnez pas si vous avez l’impression que c’est difficile. On vit dans un monde singlet-centré, la norme c’est être seul-e. Et même si vous vous doutiez, saviez ou pressentiez que vous étiez plus que 1, le savoir, l’accepter, le conscientiser, le verbaliser, commencer à collaborer, c’est un vrai truc, c’est une vraie étape. Et bravo déjà! Rassurez- vous, c’est normal que ce soit informe et que ça se passe de plein de façons différentes. Parmi ces possibilités, on va faire une liste des trucs les plus classiques qu’on voit et entend, et répondre un peu aux questions qui reviennent le plus autour de cette période. Pour commencer: les alters ne prennent pas toustes conscience de la même façon et ne réagissent pas de la même façon à la prise de conscience. Il y ait des alters qui prennent conscience de leur existence en même temps que vous, comme une prise de conscience individuelle pour chaque personne mais avec un seul cerveau pour gérer, alors ça peut cafouiller. Il y a aussi des alters qui le savaient déjà ou le savent depuis toujours, et qui peuvent montrer de l’impatience parce que, pour elleux, c’est un peu le « enfiiin! ». Et il peut y avoir des alters complètement dans le déni ou qui ne veulent pas en entendre parler. Souvenez-vous que c’est un cheminement autant individuel que collectif, parce que c’est souvent ça la multiplicité d’ailleurs. Essayez de faire preuve de patience et de compréhension.
E: Ensuite, un truc commun de cette période, c’est les alters qui arrivent par lots, de 2, 5, 10 et plus. Ça donne l’impression que c’est trop d’un coup ou que ça ne s’arrêtera plus mais en général, ça ralentit un peu après ces premiers « pop » d’alters. Même s’il y a en général toujours de nouveaux alters par la suite, bon ok pas chez tout le monde mais bref, en général, pas autant et pas aussi vite qu’à la prise de conscience. Un autre truc compliqué au début, c’est cette sensation que les alters ne sont pas bien défini-es, changent, ne se fixent pas dans leurs caractéristiques ou leur caractère. C’est pas simple de savoir qui est qui, qui aime quoi, qui ressemble à quoi. On a vécu avec un masque de singlet pendant des années, ça peut être normal de ne pas avoir développé ou conscientisé certaines caractéristiques ou préférences. Même s’il y a déjà des différences et des affinités, ça va se développer. Pour apprendre à vous connaître, si vous avez déjà une idée même vague de qui est qui, vous pouvez remplir des listes de questions pour faire connaissance. Ça peut être plus facile de demander à l’alter de fronter pour remplir son questionnaire ou de le remplir pour ellui mais en se référant à ce qu’iel pensait de devant. Généralement, c’est plus facile de savoir des trucs précis de devant que de derrière mais il arrive souvent que des infos ne passent pas la barrière du conscient et que parfois, il faille un peu compléter alors que l’alter donne des réponses de derrière. Faites ce qui vous semble le plus intuitif. Et si vous avez l’impression qu’il y a quelqu’un mais sans plus d’idée de qui c’est, un truc qui aide beaucoup de systèmes, c’est de faire des Picrew par exemple. En choisissant un design qui vous plaît, même intuitivement, et en laissant le visage un peu se créer pour voir ce qu’il en ressort. Ça veut pas dire que dès que vous faites un Picrew qui a une tête que vous connaissez pas, c’est que c’est un alter que vous connaissez pas, mais au moins ça peut générer une réflexion et aider à ce que tout le monde à l’intérieur se pose la question de savoir si c’est sa tête ou pas. D’ailleurs, même si vous avez déjà des infos sur vous en tant qu’alter, c’est ok et ça reste intéressant et cool de faire des Picrew ou des dessins pour se représenter. Aussi, le physique peut vraiment changer et mettre du temps à se fixer, un peu comme tout le reste parfois d’ailleurs.
K: Et à l’inverse même, c’est aussi possible que tout le monde soit tout de suite défini ou que ça en donne l’impression alors qu’en fait, plus tard, vous vous rendrez compte que les plus défini-es sont celleux qui sont là depuis longtemps ou ont fronté ou on été en coconscience depuis longtemps, ça dépend des systèmes comme toujours. C’est pareil pour les prénoms: il y a des alters qui vont arriver avec leur nom comme si c’était une évidence et d’autres pour lesquels ce sera un peu plus subtile comme une intuition, et puis d’autres qui n’en n’auront aucune une idée et qui choisiront plus tard, ou d’autres encore qui n’en voudront pas pour l’instant ou qui n’en voudront jamais. Toutes ces possibilités sont possibles. Il peut même arriver que des prénoms viennent en tête sans avoir l’air d’être attachés à quelqu’un, ça viendra probablement avec le temps. Vous pouvez réfléchir au prénom de celleux qui n’en ont pas, en proposant, en essayant et en voyant ce que ça fait comme sensation. Et si vous n’avez pas de communication directe, vous pouvez l’écrire sur un papier et demander à l’alter de le valider quand iel passera par là. Si vous avez l’impression qu’un alter s’appelle d’une certaine façon et vous n’êtes pas sûr-e, essayez de l’appeler par un autre prénom pour voir, généralement vous serez fixé-e assez vite.
E: Que ce soit pour le prénom ou d’autres caractéristiques, ça peut vraiment être plus subtil et intuitif qu’une véritable révélation. Puis il y a des systèmes qui sont plutôt composés de fragments ou d’alters qui se développeront seulement plus tard et ça peut rendre le tout encore plus flou. Souvenez-vous simplement que ça prend du temps. Eh puis, ça reste ok d’avoir un nom provisoire, de donner un nom pour faciliter la communication et de changer plus tard. Bref, c’est ok de changer nom et même de pronoms ou d’apparence physique, ça arrive en fait, un système ça évolue. Et en passant, si vous ne vous sentez pas à l’aise avec le prénom du corps, c’est ok que vous aussi vous ayez un prénom à vous que vous choisissez ou qui vous vient naturellement. Il n’y a pas forcément un alter avec le prénom du corps dans le système, ça dépend des systèmes. Parmi d’autres trucs fréquent de la période de la prise de conscience, il peut y avoir plus de rapid-switching, c’est-à-dire des switches rapides et désorganisés. Des alters qui ont pris conscience de leur existence peuvent avoir tendance à passer montrer le bout de leur nez et ça peut être effrayant et très fatiguant au début mais ça s’apaise. Autre possibilité: ne plus entendre ou ressentir personne pendant certain temps, ou ne plus avoir l’impression de switcher ou faire du frontstuck, donc resté coincé-e devant, comme bloqué-e. C’est un truc commun mais ça peut être potentiellement plus présent durant la période de la prise de conscience, pour plusieurs raisons. Ça peut être dû au déni, aux problèmes de légitimité, au fait de se dire qu’on est singlet, à la peur venant de soi ou d’autres alters, etc… Mais ça peut venir aussi du fait qu’après avoir vécu en tant que « singlet » pendant autant d’années, les habitudes peuvent rester ancrées et c’est plus facile d’entendre ses alters quand on est seul-e que dans des situations sociales de masking par exemple, parce qu’on doit rester fonctionnel-les de la façon qu’on a toujours connu. Puis parfois aussi, ça peut être une sensation. Vous pouvez penser que vous ne switchez pas alors que c’est le cas mais c’est compliqué de s’en rendre compte sur le moment.
K: Bref il y a plein d’autres raisons possibles mais si ça vous arrive, vous pouvez essayer d’appeler les alters par leur prénom dans votre tête, de leur écrire un message avec une question, d’écouter une musique qu’iels aiment, de faire une activité qu’iels aiment, etc… Un autre truc fréquent, c’est de ne plus se sentir sûr-e de ses choix, de ses envies et de ses ambitions, voire de ne plus savoir qui on est avec tous ces chamboulements. Ça peut arriver de ne plus être sûr-e de rien, de douter de l’orientation de sa vie ou de choix qui ont été faits par le passé. Ce qu’il faut retenir c’est que, même si vous ne vous en rendez pas compte, maintenant vous savez que vous êtes plusieurs et vous ne ferez plus les choses exactement de la même façon. Parce que le passé en tant que système qui n’a pas conscience de son existence, c’est des années de noeux et de « on a fait ce qu’on pouvait sans savoir ». Mais dites-vous qu’à partir de la prise de conscience, c’est le début de quelque chose qui va vous permettre d’en discuter et de démêler petit à petit tous ces noeuds. Essayez de faire entre guillemets « ce que vous pouvez en ayant conscience voire même en étant d’accord ». C’est pas magique, bien sûr, mais dites-vous que c’est le début d’un mieux. La prochaine vidéo de cette série sera normalement sur la communication mais en attendant, logiquement, ça devrait arriver moins souvent voire plus du tout qu’une seule personne du système prenne les grandes décisions seule et sans concertation. Et même si c’est le cas, ça ne peut aller qu’en s’améliorant. Bref tout ça pour dire que c’est souvent assez compliqué, stressant, fatiguant et plein de questionnements comme période mais gardez à l’esprit que c’est provisoire, même si c’est long, ça ne peut être que mieux, même si on a l’impression qu’on allait mieux avant de prendre conscience. Le futur sera plus adapté à vous en tant que système que le passé ne l’était en tant que « singlet » entre guillemets. Bon et qu’est-ce qu’on fait ça? Bah on fait ce qu’on peut et on garde à l’esprit que ça va s’améliorer. Même si ça parait interminable, je vous jure que ça s’éclaircit. Ça l’a été pour tous les systèmes qu’on connaît. Ça prend surtout du temps. Et ça veut pas dire que après c’est tout le temps super, il y a toujours des moments chiants mais vraiment, ça s’éclaircit.
E: Voici une petite liste de trucs qui peuvent aider. D’abord, prendre des notes, garder des traces de tout, le plus possible, par la méthode que vous préférez. Notez qui a fronté, qui aime quoi, qui s’appelle comment, qui pense quoi, qui se sent comment dans le système, toutes les informations que vous avez. Essayez de recenser les informations plutôt que de les analyser dans un premier temps. Je sais: c’est impossible, mais je vous le dis quand même pour que vous l’ayez entendu. Ensuite, apprenez à vous écouter et à suivre votre intuition de système. Si vous avez une info, notez-la même si vous n’êtes pas sûr-e. Et tant que vous n’avez pas d’info qui va dans l’autre sens, dites-vous que ça reste une possibilité. Ça fait de mal à personne et si vous vous rendez compte que c’était pas ça, bah changez et puis c’est tout. Surtout, déculpabilisez. Dites-vous que c’est ok et que c’est possible. Même si ce que vous vivez ne ressemble pas à ce que les systèmes d’internet disent et même si vous ne l’avez lu nulle part, même si ça semble pas plausible. Généralement, les systèmes sur internet ne sont pas au début de leur prise de conscience et surtout, vous ne savez pas s’iels vous expliquent tout ce qu’iels vivent. Il y a énormément de choses que je sais qu’on est beaucoup à vivre mais que je n’ai jamais lu publiquement. Et aussi, même si vous avez vu un système ou l’autre dire qu’un truc était pas possible, souvenez-vous qu’on peut toustes avoir des idées reçues et que parfois, c’est juste un manque d’infos ou autre, et ça ne veut pas pour autant dire que c’est vraiment impossible. S’il y a bien un truc qu’on a appris nous, c’est ça: les expériences de multiplicité, c’est hyper, hyper vaste. Ça se vit d’une multitude de façons et comme on le dit souvent, chaque système est différent. D’ailleurs, il y a des systèmes qui vont aller très vite dans leur prise de conscience, différencier leurs alters facilement, communiquer très fluidement dès le début etc… Et d’autres pas du tout malgré leurs efforts. D’autres qui vont faire un bon vieux déni et lutter pour ne rien entendre. Bref, tout est totalement légitime.
K: Un autre truc utile à penser, c’est à votre sécurité et votre bonne entente. Au début, la communication peut être difficile donc restez à l’écoute de vos ressentis, émotions et intuitions, qui sont déjà des formes de communication, ou écrivez ou parlez à voix haute, même si vous avez l’impression de parler seul-e. Mais si possible, prenez le temps de réfléchir à quelques trucs importants comme parler de votre multiplicité à d’autres gens ou pas. Il peut y avoir des alters qui montrent de l’impatience parce qu’iels n’attendent que ça mais c’est pas forcément l’heure pour le système alors c’est bien de mettre un peu quelques règles, ou en tout cas, de réfléchir aux limites qu’on a actuellement. Et c’est valable pour plein d’autres sujets qui ne dépendent que de vous. Ce serait dommage de créer des frustrations par manque de communication. En parlant de ça, essayez petit à petit de trouver des moyens pour éviter les conflits entre vous. Ça peut vraiment être difficile, il peut y avoir un passif, des noeuds qui datent de plusieurs années, en plus de la peur et de la honte qui peuvent venir donner une forte envie de rejeter le système ou quelques alters. C’est normal mais dites-vous que la prise de conscience est la première étape pour apprendre tout doucement à vous pardonner entre vous, vous pardonner vous-même si besoin, et réapprendre à vivre ensemble et à vous faire confiance pour éviter les conflits internes qui peuvent avoir des conséquences désagréables comme la formation ou l’épaississement de barrières entre vous par exemple. On explique ça un peu dans la vidéo sur la mémoire et le switch. Vous êtes un groupe et après la prise de conscience, vous arriverez petit à petit à devenir l’équipe que vous êtes depuis le début. On vous le souhaite très fort en tout cas. Voilà, c’était un peu les grands points qui nous sont venus en tête concernant cette période qu’est la prise de conscience.
E: Maintenant, on va faire une liste en vrac de trucs à garder en tête parce que croyez-nous, vous risquez l’oublier. D’abord, vous êtes quelqu’un. Vous êtes toustes individuellement quelqu’un, que vous vous considériez comme des parties ou comme des personnes, ce qu’on veut dire c’est que vous existez toustes en tant que quelqu’un quoi. Même si la prise de conscience fait se poser des questions sur qui on est, quand est-ce qu’on était là, est-ce que c’était vraiment soi qui a vécu tel ou tel moment, etc… C’est compliqué et on le sait et ça peut vraiment donner l’impression d’être personne mais c’est faux: vous êtes quelqu’un et vous l’avez toujours été, avec vos forces et vos faiblesses. Même si vous n’étiez pas là depuis la naissance du corps ou la naissance du système, vous êtes toustes quelqu’un qui existe. On parle un peu de ces questionnements dans notre podcast sur le rôle d’hôte, on vous met le lien dans le « I ». Savoir que vous êtes devant ou pas ne définit pas que vous êtes quelqu’un. Vous pouvez évidemment essayer de savoir qui fronte, etc… mais c’est compliqué pour tout le monde à certains moments et c’est pas grave de ne pas savoir et de ne pas tout le temps chercher à savoir même si c’est tentant. D’ailleurs, pour essayer de savoir l’alter qui est devant, on peut se poser une question et en fonction du type de réponse, ça peut donner une indication sur qui fronte vraiment. Avec le temps, vous trouverez des mémos-tech, etc… Mais là, et même à d’autres moments, c’est normal que ce soit flou, c’est normal que les réponses soient floues, changeantes ou inexistantes. En fait, un truc important à garder en tête et qui vaut pour plein de sujets, c’est: c’était déjà le cas. Vous existiez déjà toustes, vous frontiez déjà, vous étiez déjà investi-es dans la vie, vous aviez déjà des tempéraments, vous partagiez déjà votre vie, vous aviez déjà des difficultés même si vous ne les perceviez pas de la même façon, même si c’était pas pareil. Vous êtes probablement chamboulé-e dans vos habitudes mais ça va se stabiliser, vous trouverez une nouvelle stabilité plus adaptée à vous toustes en fait.
K: Un autre truc à se dire, c’est que; être plus que 1; ça peut donner l’impression qu’on se fait voler sa vie mais encore une fois, au fond, vous vous la faites pas plus voler depuis que vous avez pris conscience. Vous la partagiez déjà avant, quelle que soit votre façon de le percevoir, comme un vol ou comme un partage. Vous n’êtes pas moins seul-e dans votre tête maintenant que trois jours avant la prise de conscience. Mais dans tous les cas, vous êtes bien plus à même à partir d’aujourd’hui de le faire de façon juste et adaptée à vous en tant que système. Essayez de garder en tête de respecter votre rythme et vos besoins à vous. Si vous ne voulez rien savoir pour l’instant, prenez votre temps. Si vous voulez avoir un max d’infos, faites des recherches. Et rassurez-vous d’ailleurs, vous ne risquez pas d’attraper des trucs d’autres systèmes, c’est un mythe. La multiplicité n’est pas contagieuse. Au pire, vous découvrirez des trucs sur vous par écho interne mais vous ne risquez pas de développer des trucs qui ne nous correspondent pas de base. Bref, on attrape pas de trucs d’autres systèmes. Si ça oscille, faites un peu de recherches, laissez-vous le temps, réfléchissez à vous-même, refaites des recherches, etc… allez à votre rythme et n’hésitez pas à prendre votre temps. Enfin, une autre chose utile à conscientiser: c’est pas parce que vous, vous voyez vos différences et captez vos switches maintenant que ce sera d’un seul coup visible pour les singlets. Les personnes qui ne savent pas voir ne voient pas, même si vous vous voyez ça comme le nez au milieu du visage. Et même si des gens voient quelque chose, ils ne pensent pas à la multiplicité. Vous pouvez vous rassurer là-dessus. Ah, et un dernier truc, c’est que bah vous serez jamais totalement sûr-e ou pas sûr-e. Laissez venir et surtout faites-vous confiance en tant que système. Essayez de trouver le juste dosage entre lâcher prise et capter des infos qui passent.
E: Avant de terminer cette vidéo, on va juste aborder un point de questionnements important: les traumas. On rappelle brièvement que tous les systèmes ne sont pas forcément traumagènes, donc pas forcément issus de traumas, et aussi que la notion de traumas est totalement personnelle. On vous remet le lien vers la vidéo « qu’est-ce que la multiplicité », qui aborde ce point. Si vous êtes un système traumagène ou en partie traumagène, il est possible que vous ayez oublié des traumas, tout comme il est possible de vous en souvenir, tout comme il est possible de se souvenir de certains et pas d’autres, tout ça elle est légitime. En général, pendant la prise de conscience, si vous avez oublié des traumas, il peut être tentant de vouloir les connaître, que ce soit pour comprendre ou par besoin de légitimité ou parce que les alters ont besoin de les exprimer. Encore une fois, laissez- vous le temps. Tout comme la prise de conscience de la multiplicité, la sortie d’amnésie ça peut être long, plein de doutes et plein de flous, tout comme ça peut être du jour au lendemain, ça dépend des gens encore une fois. Par contre, retrouver des souvenirs peut être douloureux et apporter son lot de difficultés, prenez vraiment soin de vous, encore plus sur ce point. Et si on peut vous donner un conseil, c’est: chaque chose en son temps. Si les infos sont bloquées, c’est que c’est pas l’heure, ne forcez pas. Si les infos se sont débloquées, à moins qu’il y ait eu un facteur extérieur, c’est que c’était l’heure et que vous arriverez à surmonter tout ça, petit à petit, avec du temps et en essayant s’entourer de personnes bienveillantes pour se sentir moins seul-es et plus soutenu-es. C’est difficile mais souvenez-vous que vous êtes une équipe et que vos alters, vous, votre système allez y arriver.
K: Voilà, on a un peu fait le tour des possibilités plus communes qu’on voulait aborder et des questions vous nous aviez posées. Si votre expérience perso n’a pas été citée ici, elle est quand même tout autant légitime et vous aussi. La légitimité, c’est compliqué, la prise de conscience aussi, mais vous allez y arriver. C’est surtout long en général puis quand on regarde en arrière le chemin parcouru, on se rend compte à quel point c’est quand même passé vite et que l’évolution est impressionnante. C’est vraiment une étape à passer. Merci beaucoup d’être resté-es jusqu’ici. À dans quinze jours ici pour une prochaine vidéo et en attendant, on se retrouve sur les réseaux sociaux. À bientôt!