Présentation de la façon dont l’autisme peut rendre plus vulnérable aux traumatismes et en quoi être autiste peut contribuer au développement d’un trouble dissociatif de l’identité. Cette session a pour but d’aider les systèmes étant également autistes, et de témoigner sur la plus grande vulnérabilité des personnes autistes et ayant un TDI face aux traumatismes.
Présentation de la façon dont l’autisme peut rendre plus vulnérable aux traumatismes et en quoi être autiste peut contribuer au développement d’un trouble dissociatif de l’identité. Cette session a pour but d’aider les systèmes étant également autistes, et de témoigner sur la plus grande vulnérabilité des personnes autistes et ayant un TDI face aux traumatismes.
Mais avant toute chose ce que je vais vous expliquer tout au long de cette conférence est le fruit des connaissances que j’ai pu acquérir grâce à mes recherches sur l’autisme après avoir été diagnostiquée très tardivement à l’âge de 29 ans, mais également et surtout de ma propre expérience, de mon vécu et de mes ressentis personnels. Il ne s’agit donc pas d’un exposé scientifique exhaustif représentant une vérité unique qui, de toute façon, n’existe pas, puisque chaque personne autiste est unique, tout comme chaque être humain l’est. Prenez donc cette conférence comme le point de vue d’une seule et unique personne autiste atteint.e du TDI.
J’espère cependant que ce point de vue, que je partage aujourd’hui avec vous, vous permettra de mieux comprendre ce qu’est l’autisme, et peut-être un peu mieux les systèmes TDI qui sont également autistes, et qui jonglent donc au quotidien avec un double handicap invisibilisé par la société.
Avant de commencer, je vous laisse prendre connaissance du plan de la conférence pour afin d’avoir une idée de tout ce que je vais aborder.
Mais globalement en 1ère partie je vais vous présenter ce qu’est l’autisme de façon globale pour que vous puissiez mieux comprendre qu’est-ce que c’est d’être autiste puisque il y a beaucoup de clichés qui existent encore sur l’autisme.
Ensuite je vais vous expliquer de mon point de vue pourquoi les autistes peuvent être potentiellement plus vulnérables face aux traumatismes et enfin je vous livrerais ma propre expérience concernant le fait d’être autiste et pourquoi être autiste a largement contribué au fait que j’ai développé un TDI.
Également je vous ai réalisé une liste de Trigger Warning qui vont être abordés au sein de la conférence puisque naturellement comme on parle du TDI il y à donc un lien avec des traumatismes et je suis enclins donc à en parler de certains traumatismes et si jamais vous ne vous sentez pas d’écouter cette conférence, prenez soin de vous et protégez vous et peut être donc revenez-y plus tard lorsque vous serez prêt·e.
Alors l’autisme c’est quoi?
L’autisme est une condition neurodéveloppementale qu’on appelle dans la communauté une neuroatypie, et non pas une maladie comme beaucoup de personnes le pensent encore, qui concerne environ 1% de la population mondiale. Le cerveau humain, lorsqu’il se développe, le fait de façon normée (au sens normatif, pas de normalité). Un développement neurobiologique normé abouti donc à la formation d’un cerveau dit neurotypique.
Les autistes, quant à elleux, pour des causes multifactorielles encore pas tout à fait identifiées, mais qui pourraient être en grande partie génétiques, voient leur développement cérébral dévier de la norme neurotypique, ce qui fait d’eux des personnes neuroatypiques. Pour faire simple, la neuroatypie est une construction cérébrale différente, qui, de fait, induit un fonctionnement cognitif et psychique différent de la norme neurotypique.
Pour vulgariser et expliquer simplement ce qu’est l’autisme, et surtout ce que cela représente de vivre en étant autiste au quotidien, j’aime utiliser une analogie assez parlante : celle de la découverte d’une autre planète.
En tant qu’humain, imaginez-vous être, d’un coup, téléporté sur une autre planète, où vivent des êtres intelligents appartenant à une autre espèce que l’humanité que vous connaissez. Ces êtres, précisément parcequ’iels n’appartiennent pas à l’espèce humaine, ont un cerveau très différent du vôtre. Ils ont donc un fonctionnement cognitif et psychique unique, qui leur appartient.
Ce fonctionnement leur fait appréhender leur environnement et ses stimulis différemment d’un humain. Iels perçoivent donc le monde totalement différemment de vous, que ce soit dans la façon d’interagir socialement avec les autres personnes de leur espèce, qui possède ses propres codes sociaux, verbaux et non-verbaux.
Le cerveau de cette espèce qui vous est inconnue a également une façon unique de percevoir le monde : l’ensemble de leurs sens, tels que la vue, l’ouïe ou l’odorat, peuvent fonctionner différemment, ce qui fait que leur monde à eux, ils le voient, le regardent, et le ressentent différemment de vous, avec votre cerveau humain.
Enfin, la façon dont ils conçoivent, ressentent, vivent et partagent leurs émotions et leurs intérêts est, elle aussi, propre à leur espèce. Pour toutes ces raisons, en arrivant sur cette planète en tant qu’humain, avec votre cerveau à vous, et son fonctionnement que l’on considérera neurotypique pour l’exemple, vous allez vous sentir complètement perdue.
Déjà, parce que cette nouvelle planète est différente de la vôtre, et que vous ne la percevez donc pas de la même façon que le font ses habitant.e.s. De même, vous allez avoir de très grandes difficultés à communiquer avec l’espèce que vous venez de rencontrer : en 1er lieu car vous ne parlez pas leur langue, mais surtout parce que votre façon d’interagir avec vos congénères humain.e.s est totalement différente.
Du coup, parce que votre cerveau est calibré pour cela, vous allez vous référer à vos propres codes sociaux, en utilisant votre façon propre de communiquer, mais celle-ci ne sera pas adaptée aux habitant.e.s de l’autre planète, car iels ne vous comprendront pas forcément, et n’auront pas les mêmes intérêts que vous.
Iels ne auront du mal à comprendre comment vous fonctionnez, et pourront vous trouvez étrange, ou inadapté.e, ce qui pourrait, potentiellement, les conduire à vous exclure, vous considérer comme une curiosité, voire même à vous harceler ou à se montrer agressifs avec vous, ce qui va vous apeurer, alors que vous l’êtes déjà, puisque vous êtes dans un monde inconnu auquel vous ne comprenez pas grand-chose, voire strictement rien.
Pour terminer, vos sens et votre perception des différents stimuli environnementaux seront bousculés par cette nouvelle planète qui vous est inconnue. Vous pourrez vous sentir agressé par certains sons ou odeurs, ou au contraire, trouver le monde fade, et avoir envie d’y créer des stimuli plus forts, pour vous rassurer, et retrouver ce qui, pour vous, est normal dans votre monde. Vos émotions vous joueront aussi des tours, car vous pourrez ressentir plus fortement ou faiblement certaines choses, ce qui va affecter votre équilibre psycho-émotionnel.
Être autiste dans un monde de neurotypique, c’est vivre exactement ce que je viens de vous décrire. Le monde dans lequel nous vivons, parce qu’il est majoritairement composé de personnes neurotypiques, n’est absolument pas pensé, développé et calibré pour la façon dont notre cerveau autiste fonctionne.
Nous avons donc littéralement l’impression de vivre sur une autre planète, dont l’environnement et ses stimuli nous agressent sensitivement ou nous effraient. Nous n’arrivons que très difficilement, au prix d’immenses efforts de masking ou de tentatives de compréhension, à appréhender les codes sociaux et vigueur dans les échanges neurotypiques, ce qui fait que nous avons beaucoup de mal à communiquer avec les autres, ou à le faire de façon appropriée. Nos émotions sont chamboulées par toutes ces choses et ces codes qui ne signifient rien pour notre cerveau, qui a son propre fonctionnement cognitif, et sa façon unique de percevoir l’intégralité du monde.
Pour nous rassurer face à cet environnement qui peut nous effrayer, nous mettons donc en œuvre des comportements autistiques, tels que le stimming (ou stimulation physique), qui peut inclure, par exemple, des mouvements divers comme les balancements, le fait de se tordre les doigts, ou encore de battre des mains, ou de tripoter et/ou mordre différents objets. En tout cas ça c’est mes comportements autistiques.
Ce ne sont là que des exemples, car chaque autiste adopte des comportements de stimming qui lui sont propres. Nous avons également besoin d’avoir des routines spécifiques, qui nous appartiennent, et viennent construire un cadre rassurant dans un monde qui ne l’est pas pour nous. Ces routines sont handicapantes lorsque l’on est autiste, car nous avons besoin, pour chaque action, de savoir où, quoi, quand, pourquoi, et avec qui. Prévoir nous permet d’appréhender la situation dans laquelle nous allons nous retrouver, et va aussi nous aider à nous y projeter, ce qui est rassurant. C’est pour ça que pour une personne autiste, si un projet est modifié au dernier moment, et que nous sommes mis sur le fait accompli, cela nous perturbe énormément, car nos repères et nos projections volent en éclat, ce qui peut générer un stress intense, voire même déclencher une crise autistique si les changements sont trop importants, et que notre cerveau ne peut pas y faire face.
Nous avons également besoin, en tant qu’autistes, de moments de solitude, pour nous permettre de nous recharger en énergie, car communiquer avec les neurotypiques, en essayant de décoder leur langage qui n’est pas naturel pour nous, c’est extrêmement épuisant psychiquement, mais aussi émotionnellement.
Mais attention, cela ne veut pas dire que nous sommes asociaux et ne souhaitons pas communiquer avec les autres, ce qui n’est, pour beaucoup d’entre nous, pas le cas. Nous aimerions pouvoir communiquer et échanger : simplement, la façon dont nous le faisons diffère tellement de celle des neurotypiques que cela nous est difficile, et contribue à nous exclure des groupes sociaux. Pour de nombreux.ses autistes, l’exclusion sociale n’est donc pas une réclusion volontaire, mais une exclusion subie, par le manque d’inclusivité qui façonne encore notre société.
Une autre façon pour nous, autistes, de nous ressourcer, est de nous plonger dans l’étude de nos intérêts spécifiques, car nous sommes attachés aux détails, et lorsqu’un sujet nous intéresse, nous aimons l’étudier dans son intégralité, en effectuant des recherches extrêmement approfondies, qui peuvent nous prendre des heures, des semaines, voire des mois !
Et cela peut paraître paradoxal à quelqu’un de neurotypique mais ce comportement là et se plonger dans nos intérêts spécifiques, cela nous apaise et nous redonne de l’énergie, mais aux yeux des neurotypiques, ces comportements et cette façon de s’intéresser de façon intense aux choses peuvent sembler étrange, et contribuer à nous exclure, car les neurotypiques ont tendance à passer rapidement d’un sujet à l’autre, notamment sans les approfondir lors des conversations, alors que nous, autistes, excellons dans l’approfondissement des sujets. La façon de communiquer et d’aborder différents en société diffère donc profondément entre autistes et neurotypiques.
L’ensemble de tous les comportements autistiques que je vous ai présentés sont pourtant essentiels à notre équilibre psycho-émotionnel, car si nous ne respectons pas notre fonctionnement, nous risquons de faire des crises autistiques, qui peuvent être des shutdown, où en résumé, nous allons nous imploser en nous renfermant sur nous-même, car nous avons dépassé nos capacités adaptatives, et cela peut conduire, par exemple, à ce que l’on nomme le mutisme sélectif, qui est l’impossibilité neuropsychique de parler, et qui peut durer plusieurs minutes, ou plusieurs heures.
Si nous ne pouvons pas nous extraire rapidement de la situation et/ou des stimuli environnementaux ayant déclenché un shutdown, ou qu’iels se répètent sur une longue période, comme, par exemple, dans le cadre d’un emploi où ne bénéficions d’aucune adaptation, nous risquons alors un meltdown, qui est un véritable effondrement, où la surcharge sensorielle et émotionnelle est telle que nous explosons : la crise est alors visible, car nous pouvons crier, nous énerver fortement, pleurer, et c’est une façon pour nous de manifester notre surcharge sensorielle et notre trop plein d’émotion de façon très diverses, propres à chaque personne autiste.
Être autiste, pour résumer tout ce que je viens d’expliquer, c’est donc être neuroatypique, et avoir un cerveau qui perçoit et appréhende le monde différemment d’un cerveau neurotypique. Il s’agit d’un fonctionnement cognitif, psychique et émotionnel propre, qui est profondément singulier et différent du fonctionnement d’un cerveau neurotypique.
Malheureusement, cette singularité contribue à nous exclure, parce que notre différence, si elle peut être invisible au premier abord, si vous nous croisez 5 secondes dans la rue, devient beaucoup plus manifeste et visible au quotidien, car notre fonctionnement autistique notamment dans les relations sociales va se heurter au fonctionnement neurotypique. Et malheureusement beaucoup d’entre-elleux ayant tendance à craindre tout ce qui diffère de la norme et de leurs propres codes, plus encore parce que notre société est encore très validiste, les autistes sont donc rapidement marginalisés, mis à l’écart, exclus voire harcelé et maltraités au quotidien, de fait de leur différence cognitive.
C’est en cela que l’autisme, déjà handicapant par les efforts d’adaptation constants et conséquents que nous devons produire pour nous intégrer dans une société validiste, pensée par et pour les neurotypiques et non inclusive, devient une « double-peine », car le validisme ambiant amène certain.e.s neurotypiques à nous faire vivre des choses traumatisantes.
Nous allons passer à la 2ième partie qui explique selon moi:
Pourquoi les autistes peuvent-iels être plus vulnérables face aux traumatismes ?
À ma connaissance, aucune étude n’a encore été menée sur la prévalence des troubles dissociatifs chez les personnes autistes, et c’est ce que confirme également le blog de Paye ta Psychophobie, qui a écumé Google Scholar à la recherche d’études, sans succès. Pourtant, les autistes sont, je pense, par nature, plus vulnérables aux traumatismes, et il est donc plutôt logique qu’iels soient donc plus susceptibles de développer des troubles dissociatifs, et notamment un TDI.
D’ailleurs, les faits sont là, puisque nous sommes de nombreux.ses autistes à être atteint.e.s d’un trouble dissociatif de l’identité. Je pense que cette vulnérabilité accrue des personnes autistes aux traumatismes tient à notre sensibilité particulière, aux différentes formes d’exclusion et de maltraitances sociétales que nous subissons au quotidien, à la nature de l’approche de soin de l’autisme en France, ainsi qu’au validisme de la société.
La sensibilité des personnes autistes est particulière, et le cliché le plus répandu chez les valides est que nous n’avons pas d’émotions. Or, c’est faux, et c’est même l’inverse : notre empathie émotionnelle est extrêmement forte, c’est-à-dire que nous ressentons très fortement nos propres émotions, mais également celle des autres.
Ce qui nous handicape en tant que personne autistes, c’est notre empathie cognitive, qui est, en version très vulgarisée, la réponse sociale qui est attendue d’une personne face à l’émotion d’une autre personne. Par exemple, si je vois une personne pleurer devant moi, je vais ressentir très fortement son émotion, et elle va complètement m’envahir.
En revanche, je ne vais pas savoir ni quoi dire, ni quoi faire pour réconforter la personne comme le fait quelqu’un de neurotypique, et je reste généralement figée, sans rien dire. Socialement, ce n’est donc pas le comportement attendu, et je peux donc paraître froide, insensible, ou sans émotions, alors que c’est tout l’inverse à l’intérieur: j’ai l’impression de tout ressentir puissance 1000, mais je n’ai pas la capacité cognitive de réagir de façon neurotypée à ces émotions, elle n’est pas classique et neurotypique.
Les autistes ressentent donc de façon extrêmement forte les émotions, et dans le cadre du TDI, il est assez facile d’imaginer que l’intensité du vécu émotionnel au quotidien affecte plus l’équilibre psychique. Face à un trauma, les émotions vont être extrêmement intenses, et peuvent donc accentuer le traumatisme, c’est-à-dire les conséquences psychiques du trauma qui est l’événement traumatique qui à été vécu.
Mais cela vaut aussi pour le quotidien, où toutes les émotions sont décuplées. C’est pourquoi un événement qui n’affecterait pas ou peu une personne neurotypique, peut affecter plus profondément et surtout plus durablement une personne autiste, puisque nous avons tendance à beaucoup ruminer.
C’est-à-dire que face à quelque chose d’anodin, comme par exemple une altercation en voiture, une personne neurotypique sans troubles psychiques va rapidement passer à autre chose, tandis qu’une personne autiste peut être affectée des heures, des jours voire des semaines par cette altercation, ce qui va renforcer l’impact psychique et émotionnel de l’événement.
Le fait même d’être autiste expose, du fait de notre neurodivergence, à des négligences ou des maltraitances parentales et familiales, car pour un parent valide, avoir un enfant handicapé est souvent mal vécu, parce que l’enfant qui existe ne correspond pas aux attentes qui ont été projetées, de façon inconsciente, sur cet enfant avant sa naissance. Certains parents peuvent donc, consciemment ou non, rejeter l’enfant handicapé, et donc soit le négliger, soit le maltraiter.
Dans le milieu scolaire et professionnel, le même mécanisme se met en place, car la personne autiste ne correspond pas aux normes sociétales neurotypiques, ce qui favorise le harcèlement scolaire, le harcèlement professionnel, mais également, de façon plus générale, l’exclusion subie des groupes sociaux neurotypiques.
Les autistes sont donc plus exposé.e.s aux différentes formes de harcèlement et de maltraitance, qui, surtout à l’école, peuvent inclure de l’exclusion, des moqueries, des insultes, mais également des violences physiques, dont les conséquences émotionnelles et psychiques sont fortes, du fait de notre sensibilité accrue.
Enfin, certaines personnes autistes peuvent avoir une certaine forme de naïveté sociale, du fait des difficultés à comprendre les codes sociaux neurotypiques. Certaines personnes de type toxiques, manipulateur-ices, ou gaslighteur-ices, repèrent cette différence chez les autistes, et font d’elleux des cibles.
Il peut s’agir, par exemple, de personnes qui profitent de certaines capacités que présente une personne autiste en lui faisant croire être son ami.e, alors qu’en fait la personne l’utilise uniquement à son propre bénéfice, comme par exemple faire rédiger ses devoirs pour avoir de meilleurs notes si la personne autiste est doué.e pour cela, ce qui était mon cas car j’étais très doué·e notamment dans la rédaction, ou lui faire faire des tâches professionnelles supplémentaires.
Mais cela peut aller parfois beaucoup plus loin, car certaines personnes de type toxiques, manipulateur-ices, ou gaslighteur-ices vont repérer la vulnérabilité accrue de la personne autiste, et lui faire subir différents abus, qu’ils soient psychologiques, physiques ou sexuels.
C’est ainsi que selon l’Association Francophone des Femmes Autistes, « en France, près de 90% des femmes atteintes de troubles envahissants du développement subissent des violences sexuelles, dont 47% avant 14 ans », et ce y compris et parfois surtout, au sein de leur couple. Ce chiffre, considérable, démontre combien la vulnérabilité des autistes, et notamment des femmes autistes, est importante dans le domaine des violences conjugales et sexuelles.
L’autisme, en France, est encore considéré, par la majorité des médecins et par l’ensemble de la société, comme une maladie, qu’il faut donc guérir. L’approche thérapeutique même de l’autisme en France est problématique et induit des maltraitances médicales et institutionnelles, notamment chez l’enfant.
L’approche thérapeutique encore majoritaire en France pour les enfants autistes, c’est l’ABA : Applied Behaviour Analysis. Cette méthode, au lieu d’aider l’enfant autiste à se développer dans le respect de son fonctionnement neuroatypique, vise à lae « normalise », au sens normatif. En somme, cette approche place les enfants autistes dans des situations neurotypiques qui lui coûtent sensoriellement, émotionnellement et psychiquement, et ont pour but de le formater à limiter voire supprimer ses comportements autistiques, pour le forcer à agir de façon neurotypique.
Sauf que le cerveau d’un autiste est différent de celui d’un neurotypique, et qu’il ne peut pas, et ne doit pas être remodelé. Cette approche-là constitue en soi une maltraitance, car cela a des conséquences de subir, et j’insiste sur ce mot, une telle approche, durant des mois voire des années, surtout chez un enfant qui est encore en construction et donc plus vulnérable.
D’une part car cela conditionne l’enfant à croire qu’il est anormal, malade, et qu’il doit faire des efforts pour guérir et être normal, ce qui nie profondément ce qu’il est en tant qu’enfant autiste, et l’affecte profondément psychiquement. Mais également parce que cette approche est profondément validiste, et qu’elle n’apporte aucune aide à l’enfant : au contraire, de telles pratiques l’affectent profondément, car toute son identité autistique est niée, et cela laisse des traces, souvent profondes chez les enfants ayant subis cette approche thérapeutique.
De même, en France, des fondations, comme la Fondation Fondamental, qui dirige par ailleurs de nombreux centres experts et cliniques psychiatriques en France, mène des recherches en partenariat avec différents CHU de France, comme l’hôpital Henri-Mondor à Créteil, en région parisienne, pour identifier un gène de l’autisme.
Le très eugéniste et problématique sous-entendu de ces recherches, c’est d’une part que l’autisme demeure perçu par les valides comme une maladie à guérir, mais également à éradiquer avant la naissance. Cela pose, selon moi, un très grand problème éthique, et pointe l’eugénisme et le validisme de la société, encore très profondément ancré.
Le validisme, comme vous le voyez est, en matière d’autisme, omniprésent. La responsabilité des institutions médicales en France est grande, car le grand public, lorsqu’il effectue des recherches sur l’autisme, tombe systématiquement et en premier lieu sur des sites d’institutions médicales, de fondations ou d’associations validistes, créées et gérées par des valides, qui présentent l’autisme comme une maladie à guérir, et contre laquelle il faut, je cite, lutter.
La parole des autistes n’est, dans ces institutions, nulle part. Seuls les valides et les parents et proches des autistes ont droit à la parole, et c’est sur eux que l’on se concentre, en vantant les « mères courages » qui, je cite, « luttent au quotidien avec leur enfant autiste ».
Cependant, mon propos n’est pas de nier les difficultés que peuvent rencontrer les parents d’enfants autistes, car ils sont accompagnés par des professionnels et des bénévoles qui leur expliquent que leur enfant est malade, et qu’il faut le guérir, le rendre plus normal. Et malheureusement, beaucoup de parents n’ont que cet écho si iels ne font pas de recherche personnelle supplémentaire, et se fient donc à cet avis, ce qui renforcent la profonde incompréhension qu’ils ont de leur enfant autiste.
Les parents n’ont, selon moi, pas les outils d’accompagnement adéquats pour réellement aider leur enfant autiste, pour comprendre comment son cerveau fonctionne, et donc adapter son environnement à ses besoins, et non l’inverse.
De même, pour l’ensemble de la société, qui n’a que cette vision de l’autisme en tête, il est normal de voir que le validisme demeure la norme concernant l’autisme et toutes les autres formes de neuroatypies. Le militantisme autiste est donc selon moi essentiel, afin que nos voix soient entendues, car personne n’est mieux placé que nous pour parler de l’autisme.
En ce sens, certains collectifs militants, comme le CLE Autistes ou l’Association Francophone des Femmes Autistes, proposent des actions militantes et des campagnes d’information sur l’autisme, qui est fait par des autistes, et uniquement par des autistes.
En l’état actuel des choses en France, ces actions, tout comme l’ensemble des autistes qui s’expriment à travers les réseaux sociaux, les médias ou les livres, sont essentielles, car sans elles, c’est la vision médicale de l’autisme qui demeurera.
La réelle inclusivité des personnes autistes, mais également des handi.e.s au sens large, ne pourra se faire que par le pouvoir de toutes nos voix réunies, afin de faire comprendre qu’il n’existe pas qu’une seule façon d’être humain, et que les neuroatypies comme l’autisme ne sont pas anormales, mais simplement des façons d’être et de fonctionner qui sont certes différentes, mais qui sont néanmoins tout aussi légitimes que les autres.
Je vais maintenant passer à la 3eme et dernière partie de cette conférence:
Pourquoi et comment le fait d’être autiste a eu une influence sur le développement de mon TDI ?
À titre personnel, j’ai eu conscience très jeune de ma différence autistique, et les personnes neurotypiques de mon entourage familial et scolaire me l’ont, ensuite, très vite et bien fait comprendre.
Dès l’école maternelle, j’avais l’impression de me sentir différente, d’être sur une autre planète, et de ne rien comprendre à la façon dont les enfants jouaient et interagissaient ensemble. J’ai donc été rapidement mise à l’écart par les autres enfants, et je vivais dans mon monde, seule.
Cela s’est accentué avec beaucoup plus de violence à l’école primaire, où les codes sociaux m’étaient étrangers, et où mes centres d’intérêts étaient différents. Là où tous les enfants n’attendaient que la récréation pour aller jouer en groupe, souvent en parlant, riant ou criant très fort, moi, j’étais surchargée et agressée sensoriellement par ces comportements, qui me semblaient très étranges, et qui ne m’étaient pas naturels.
Je ne pouvais m’ouvrir et apprécier la compagnie d’autrui qu’en tête à tête, ou en groupe de 3 enfants maximums, si tant est qu’ils ne crient pas ou ne bougent pas dans tous les sens. Du coup, je me suis très vite réfugiée dans la bibliothèque aux récréations, car l’endroit était calme, et je pouvais lire, ce que j’ai toujours beaucoup apprécié. Mais l’école étant profondément validiste, et non adaptée aux enfants autistes, les enseignants me forçaient à sortir en récréation avec les autres la plupart du temps.
Et c’est là que le harcèlement scolaire a commencé, avec des moqueries au départ, puis des violences physiques ensuite, avec des groupes d’enfants qui me coinçaient dans des recoins pour me voler des affaires, et même me violenter physiquement par la suite.
Je ne sais pas si les enseignants ne se rendaient pas compte de ce que je subissais, où s’ils décidaient de fermer les yeux, pensant qu’il s’agissait d’une dynamique sociale normée, mais cela a eu de grandes conséquences, puisque j’ai commencé à me dissocier à l’école, à développer une véritable phobie scolaire, qui ne s’est pas améliorée, puisqu’au collège j’ai vécu 4 ans de véritable enfer, avec une exclusion immédiate et du harcèlement dans ma classe, qui la même durant 4 ans puisque j’étais dans une petite école privée, et où les violences physiques sont devenues encore plus importantes et quotidienne, ce qui a accentué ma dissociation dans ces moment-là.
Le lycée a été une expérience similaire, avec de l’exclusion, des moqueries et des insultes, qui étaient assez violentes car j’avais choisi une option art plastiques pour mon bac,et en fait dans mon lycée de seconde car j’ai changé 3 fois de lycée comme nous n’étions que 4 au lycée à avoir cette option, le lycée nous a mis dans une classe de 35 personnes, qui regroupait tous les sportifs, et notamment toute l’équipe, masculine, du hockey club. Je vous laisse imaginer l’ambiance de la classe, remplie de 30 garçons hockeyeurs extrêmement bruyants, et qui ont décidé que le harcèlement à mon égard serait leur activité favorite de l’année.
J’ai changé de lycée en première parce que j’ai déménagé, puis en terminale car ça ne se passait pas bien, mais la même exclusion et le même buliyng s’est systématiquement remis en place. Cela s’est poursuivi lors de mes études supérieures, avec une mise à l’écart et des moqueries, du fait de mon inadaptation sociale. Ce qui avait pour dynamique de beaucoup me faire dissocier
La dissociation, alors inconsciente, était donc ma seule issue pour supporter déjà le système scolaire mais également toutes ces violences physiques et verbales que j’ai subie, et survivre à ces 22 années passées dans le système scolaire, puisque j’ai un Bac +7. Le harcèlement scolaire que j’ai subi parce que je suis autiste m’a donc profondément marquée, et constitue en soi un premier traumatisme complexe, puisqu’il s’est produit quotidiennement en milieu scolaire, durant 22 années quasiment consécutives.
Parallèlement aux problématiques de harcèlement scolaire que j’ai vécu en même temps il y a eu une autre problématique qui sont les négligences maternelles
Si j’avais eu de la chance pendant mon enfance, ma famille et mon entourage auraient pu m’aider, me soutenir, et faire en sorte de mettre en place des adaptations pour faciliter mon parcours scolaire, car j’adore apprendre, et l’apprentissage a toujours été pour moi une profonde source d’épanouissement, mais pas en milieu scolaire. L’école à distance, par exemple par le CNED, aurait pu énormément m’aider, et surtout me soustraire des violences quotidiennes de l’école.
Mais dans les années 1990, l’autisme était très peu connu et diagnostiqué en France encore plus chez les filles, et malgré tous les indices évidents de mon autisme, et tous les professionnels médicaux que ma mère m’envoyait voir, désespérée de voir que je n’entrait pas dans la norme, aucun d’entre eux ne s’est réellement intéressé à moi, à mon vécu, et c’est pourquoi mon diagnostic d’autisme n’a été posé que très tard, à mes 29 ans.
Ma mère, justement, par son validisme et sa psychophobie, a une grande part de responsabilité dans le développement de mon TDI en lien avec le fait que je sois autiste. Déjà, très jeune, elle m’a expliqué qu’elle ne voulait pas d’enfant, qu’elle ne m’avait « faite » que pour faire plaisir à mon père, qui est autiste et qui, lui, a toujours pris soin de moi enfant. Et en plus, ma mère m’a toujours dit être déçue de ne pas avoir eu un garçon au lieu d’une fille : il n’est donc pas surprenant que dans mon système de 15+ alters, il y ait 9 alters masculins.
Mais surtout, imaginez l’impact des paroles de ma mère ! Sur un enfant non autiste, cela va déjà profondément l’affecter, parce que cela revient à lui dire que son existence même est un regret, ce que aucun enfant ne devrais entendre, mais sur un enfant autiste, l’impact émotionnel, du fait de la profondeur extrême des ressentis des émotions, est encore plus intense. Et la dissociation revient, comme mécanisme de défense et de survie face à cette vérité écrasante : je n’aurais jamais dû exister.
Mais j’existe, et en plus, je suis autiste, donc handicapée. Pour ma mère, le fait que je sois autiste est le drame de sa vie, ce sont ses mots. En plus d’être un regret, je suis un drame, car je ne corresponds pas, et n’ai jamais correspondu, à l’enfant qu’elle avait projeté et imaginé. Rien de ce que je pouvais faire n’était donc suffisant, et surtout, pour elle qui n’a jamais développé d’instinct maternel, j’avais des besoins qui lui semblaient être des caprices, et donc qu’elle ne comblait pas : il s’agissait donc de négligence infantile.
J’avais peur du noir : elle fermait les volets de force, fermait la porte et m’interdisait une veilleuse. J’avais mal au ventre tellement l’école me faisait peur vu les violences subies : elle me forçait à y aller sans chercher à comprendre ce qui se passait là-bas et me mettait dans un tel état. J’avais réussi à créer des liens amicaux avec un petit groupe d’amis neuroatypiques dans une autre école puis collège : elle m’interdisait de les inviter à la maison, ou très souvent de sortir pour aller les voir.
J’avais des hypersensibilités sensorielles marquées, notamment alimentaires, avec des textures que je ne pouvais pas manger car elles me donnaient la nausée et que je ne peux toujours pas manger car c’est insupportable : elle me forçait à les manger tout de même. Les groupes d’enfants me terrorisaient car je savais qu’ils allaient me prendre en grippe : elle m’envoyait toutes les vacances scolaires dans le centre de loisirs de ma ville, et m’envoyait l’été durant les 2 mois en colonie de vacances, où j’étais également harcelée, pour profiter elle de ses voyages qu’elle faisait seule, souvent à l’étranger.
Elle a toujours eu des problèmes de surpoids suite à sa grossesse, dont elle me rend donc responsable et qu’elle projetait et projette encore sur moi : cela m’a amenée à développer des TCA avec lesquels je lutte encore aujourd’hui surtout que j’ai encore des réflexions alors que le corps de mon système a 31 ans et j’ai encore des réflexions car selon elle je devrais avoir un poids qu’elle considère idéal pour moi et si je suis en dessous ou au dessus ça ne va pas.
Bref, je ne vais pas vous faire un dessin, mais là encore, la dissociation était ma seule option pour survivre à ce sentiment de rejet que ma mère me renvoyait au quotidien, me montrant voire me disant clairement que je n’étais pas normale, que je devais m’adapter, que j’étais « fragile », une « petite nature », et que je devais « faire des efforts ».
Mais des efforts, je ne pouvais plus en faire. Je subissais beaucoup trop de violences et de négligences au quotidien pour avoir la capacité de faire face, et c’est ainsi que dès l’âge de 8/9 ans, un premier alter est apparu dans mon système. Ce dernier s’est considérablement agrandi quand, à mes 15 ans, ma mère a décidé, de son propre chef et contre mon avis (qui ne comptait pas) et celui de mon père, de nous faire déménager par rapport au développement de sa carrière professionnelle à elle.
Ce déménagement a été l’événement de trop, car même si mon quotidien était loin d’être rose, j’y avais quand même ma poignée d’amis neuroatypiques, qui étaient ma seule source de joie profonde, car avec eux, j’étais à ma place, et je pouvais être moi-même, et heureuxse.
Dès l’arrivée dans ma nouvelle ville, j’ai perdu mes amis car j’étais très très loin d’eux, j’étais tellement dissociée, et perturbée, car enlever tous ses repères à un enfant autiste, contre sa volonté, en niant complètement son ressenti, c’est d’une violence émotionnelle extrême. Pour survivre à cela, 9 alters sont apparus d’un coup dans mon système : iels sont toustes des alters non-humains qui ne vivent que dans mon innerworld, et qui étaient là pour m’aider, me guider, m’apaiser, me rassurer, et m’accompagner, en ayant des rôles de protecteurs et d’internal self-helpers et ce sont des alters qui ont été très très présents pour moi jusqu’à l’âge de mes 21 ans.
En tant qu’enfant autiste, j’étais différent.e, et cela se voyait. Malheureusement, en plus des négligences maternelles et du harcèlement scolaire, j’ai également subi des violences psychologiques et physiques par deux de mes nourrices, dont une en particulier. Elle gardait plusieurs enfants, mais j’étais la seule à être violentée.
J’ai été gardée chez elle en péri-scolaire pendant 8 ans, et chaque jour, je n’avais pas le droit de bouger ou de parler chez elle. Parfois, j’étais privée de nourriture, et cette nourrice me mettait à table, me demandait si j’avais faim, nourrissait les autres enfants ou elle-même, et moi, je devais les regarder en silence sans manger.
Parfois, je subissais également des violences physiques, avec de violentes claques au visage si j’avais bougé d’un millimètre de la place qui m’était attribuée. Un jour, la violence a été plus forte, et elle m’a littéralement frappée au très très fort au visage puis soulevée par les oreilles.
Ce soir-là, n’en pouvant plus, c’était l’événement de trop, sur le palier quand ma mère est venue me récupérer, et après des années de sévices, j’ai eu le courage de parler, et de dire à ma mère ce qui se passait. Sa réponse, je l’ai encore en tête comme si c’était hier, et voilà ce qu’elle m’a dit : « Mais non, c’est impossible, tu mens, madame machin est très gentille ». Fin de la discussion. Ma mère n’a plus jamais abordé le sujet, moi non plus du coup, et j’ai continué de subir ces maltraitances durant quelques années, jusqu’à mon entrée au collège.
En conclusion de cette conférence, ce que je voulais vous dire c’est que, en tant qu’hôte de mon système, je suis notamment traumaholder de tous les traumatismes infantiles, ce qui fait que ce je vous ai raconté dans cette conférence, ce sont les seuls souvenirs que j’ai de mon enfance. Je n’ai donc aucun souvenir de moments heureux, car partout où j’allais, quoi que je fasse, et même quand je faisais de mon mieux, être autiste m’a exclue de fait : de ma famille, des groupes scolaires, des groupes sociaux lors des colonies de vacances, et même au sein des groupes où je faisais des activités sportives.
Où que j’aille, je vivais donc un enfer, et personne n’en avait conscience. J’étais différente, c’était un problème, et comme je n’entrait pas dans les normes, au lieu d’essayer de me comprendre, on m’a niée, dans mon existence même comme dans mon vécu, et personne ne s’est jamais soucié de moi, ou n’a réellement tenté de comprendre ce qui faisait ma différence. J’ai dû me débrouiller seule, à l’âge adulte, pour faire mes propres recherches, et ensuite consulter des professionnels spécialisés, compétents et bienveillants, qui ont enfin su poser le diagnostic d’autisme, à 29 ans.
Je pense que si je n’avais pas été autiste, je n’aurais possiblement pas vécu l’ensemble des négligences, maltraitances et violences psychologiques et physiques que j’ai subies durant toute mon enfance, qui aurait donc potentiellement pu être très différente, et pourquoi pas heureuse.
Si je n’avais pas vécu tout cela, en le ressentant en plus très fortement du fait de ma sensibilité autistique, mon cerveau n’aurait peut-être pas eu besoin de se dissocier pour survivre, et je n’aurais donc potentiellement pas développé de TDI.
Mais je suis née autiste, à une époque où l’autisme était encore plus méconnu qu’aujourd’hui. Personne ne l’a vu, personne n’a cherché à comprendre, et mon cerveau a donc mis en place un processus dissociatif pour me permettre de survivre.
Cependant, je ne regrette pas d’être née autiste, et aujourd’hui, même si c’est en partie du fait du validisme et de la psychophobie que mon TDI s’est développé, je suis heureuse d’être autiste, et je n’imagine pas une seule seconde vouloir être neurotypique. Être autiste est certes un handicap dans une société validiste, mais c’est aussi avoir un cerveau qui fonctionne différemment, et je suis heureuse d’avoir la chance de percevoir le monde autrement, parce que cela me donne des perspectives différentes, que j’ai ma sensibilité propre, mais également mes forces et mes faiblesses, comme tout être humain et pour moi ça me semble difficile d’imaginer ce que pourrait être ma vie si j’avais été neurotypique parce que je ne comprends pas et je ne peux pas pas imaginer l’être, c’est comme me mettre dans les chaussures de quelqu’un d’autre en fait, je ne peux pas imaginer ça donc voilà je suis heureuse d’être comme je suis.
Le TDI est difficile à vivre au quotidien, parce que ma notion d’identité est complètement abstraite, et que je subis au quotidien les conséquences de ce trouble, qui se sont considérablement aggravées après des évènements traumatiques vécus à l’âge adulte, que j’aborderai dans la conférence dédiée aux abus rituels et aux systèmes programmés.
Pour conclure cette conférence dédiée à l’autisme et au TDI, j’espère que les systèmes non autistes, mais également toutes les personnes singlet intéressées par l’autisme et/ou la multiplicité auront pu en apprendre davantage sur l’autisme, et sur la façon dont le validisme de la société peut nous nuire et nous rendre plus vulnérable.
Les violences psychologiques, physiques, médicales et institutionnelles que subissent les autistes doivent cesser, car leurs conséquences peuvent être graves, et ajouter un handicap à un autre comme cela a été le cas pour moi, puisque les violences subies ont, comme vous avez pu le voir, très largement contribué au développement de mon TDI.
Si vous avez des questions, n’hésitez pas à venir me les poser en direct, tout de suite après la diffusion de cette conférence, et j’y répondrai avec plaisir. Enfin, un grand merci à vous tout.e.s de m’avoir écoutée.