Quatre systèmes discutent de leurs expériences en tant que ou avec des headmates/alters non-humain·e·s. Cette session a pour but de partager différents vécus vis-à-vis des headmates/alters animaux, créatures, dragons et autres concepts non-humains afin d’en exprimer la diversité et certaines thématiques spécifiques.
Quatre systèmes discutent de leurs expériences en tant que ou avec des headmates/alters non-humain·e·s. Cette session a pour but de partager différents vécus vis-à-vis des headmates/alters animaux, créatures, dragons et autres concepts non-humains afin d’en exprimer la diversité et certaines thématiques spécifiques.
[Belial] Du coup let’s go. [rires] Donc moi, c’est Belial, je fais partie du système Atome. Du coup, nous, actuellement, on est en cours de diag donc on utilise plus facilement l’étiquette multiple. Sinon on pense avoir un TDI partiel mais c’est vrai que l’étiquette multiple permet de se ranger un peu plus dans le ressenti et pas trop les critères prédéfinis. En général, pour beaucoup d’alters, on se genre au masculin mais sinon c’est vrai qu’on parle assez fréquemment en pluriel quand on sait pas trop en fait qui initie une pensée, pluriel c’est une valeur sûre mais sinon masculin ou inclusif. Et je sais pas quoi dire de plus.
[Epsi] C’est ok. Est-ce que Tiamat est arrivé?
[Tiamat] Oui, je suis là. Bonjour.
[Epsi] Est-ce que tu veux te présenter Tiamat?
[Tiamat] Eh bien, c’est déjà chose faite. Je suis Tiamat, je suis un dragon. Je ne sais pas trop quoi ajouter. Mes pronoms: il et iel, je crois que c’est ça, ça n’a pas beaucoup de sens pour moi mais voilà. Je fais partie du système Triumvirat qui se dit multiples pour l’essentiel. Voilà.
[Epsi] Ok, merci! Et Blobs, je sais pas si on t’appelle Blobs ou si on t’appelle autrement?
[Blobs/Halgkyr] Euh peu importe honnêtement. Enfin après, Blobs ça marche toujours parce qu’enfin bon, au niveau fronting là on est un quelconque amalgame social qui fonctionne. Mais en gros, nom officiel de système, on a choisi le système d’Halgkyr, qui n’est pas le vrai nom mais peu importe, on passe pour l’instant. Le travail de groupe et le corps, c’est une femme trans. On a la conscience de la multiplicité depuis à peu près deux ans mais on a toujours été de grandes rêveuses immersives, depuis une bonne vingtaine d’années, à la tête remplie de paracosmes de partout, plein de choses diverses et variées. Alors en fait, le vrai nom du système, c’est le nom de l’univers interne qui est très personnel et qui est lié au corps, c’est un peu un genre de rapport symbiotique entre le plan des rêves et- enfin, c’est comme si le corps était un ancrage dans le plan physique pour tout notre univers de rêves.
[Epsi] Ok, merci.
[Halgkyr] Ah et pronoms, en général elle c’est le plus sûr.
[Epsi] Ok, on va commencer avec les questions à proprement parler. Du coup on va peut-être simplement commencer par parler des alters non-humains de nos systèmes et dire ce qui est confortable à dire pour tout le monde. Donc par exemple: le nombre d’alters non-humains, si c’est une majorité ou pas, les espèces et tout ce qui nous met à l’aise en fait. Est-ce que quelqu’un veut commencer ou est-ce que j’y vais? Ok j’y vais.
[Tiamat] On va te suivre, je pense.
[Epsi] D’accord. [rires] Ok, du coup je commence. Dans notre système, on est une majorité d’alters non-humains même si je dirais qu’on a un quart d’alters vraiment pas humains du tout, un quart d’alters humains et le reste d’alters non-humains mais avec une apparence ou en tout cas des caractéristiques humanoïdes. Donc parmi les vraiment non-humains, on a des loups et des chats majoritairement, ou apparentés, un peu entre les deux mais animal quadrupède qui ressemble à ça mais qui n’a pas d’apparence totalement définie entre canidé ou félidé je veux dire. Et les alters « humanoïdes », c’est vraiment- c’est une apparence humanoïde mais avec des caractéristiques non-humaines, animales encore une fois. Donc par exemple des oreilles, une queue et quelques caractéristiques physiques ou comportementales, je vais dire, d’animaux. Et la majorité des alters qui sont des animaux ont la possibilité de devenir plus ou moins humanoïdes mais c’est pas le cas de tous. Il y en a quelques-uns qui sont vraiment justes animaux. C’est comme ça depuis, j’ai envie de dire toujours. En tout cas, les alters qui sont là depuis le plus longtemps dans le système sont majoritairement des non-humains. C’est plutôt les alters plus récents qui sont juste humains. Voilà. Et ça concerne vraiment des alters très variés, ça peut être des protecteurs, ça peut être des littles, ça peut être n’importe, voilà, c’est- le « rôle » entre guillemets -même si le rôle j’aime pas que soit un canevas ou quoi que ce soit mais pour avoir plus facile on va dire le rôle-, le rôle dans le système n’a pas d’influence sur le fait d’être non-humain ou pas. C’est pas juste nos protecteurs, c’est des loups et etc. C’est: on a des loups, on a des chats, on a des animaux et voilà, ça fait partie du système et c’est comme ça. Voilà. On peut tirer à la courte paille si vous voulez, moi ça me va. [rires]
[Tiamat] Je m’assure de n’oublier personne avant de parler.
[Halgkyr] Vas-y, vas-y.
[Tiamat] Bien, bon. Je suppose que j’aurais dû me taire si je ne voulais pas parler donc allons-y. Alors, combien sommes-nous de non-humains? Hormis moi, nous avons je crois ce qui s’apparente le plus à un chat, une créature indéfinie dans ce qu’il est, je ne saurais dire. Nous avons un écureuil et un vampire et ce qui s’apparente, je pense, à un ordinateur ou une intelligence artificielle, c’est assez flou. Donc pas mal de diversité dans notre non-humanité. Si c’est moi qui parle, c’est parce que, comme le nom du système le laisse comprendre, il y a trois alters qui ont plus de responsabilités dans le fonctionnement, dans la vie de tous les jours, et je suis l’un d’entre eux. Je suis désolé, je vais suivre le petit plan que vous m’avez donné pour répondre aux questions.
[Epsi] Il est là pour ça. [rires]
[Tiamat] Très bien. Apparence humanoïde, bon en ce qui me concerne, non, je suis simplement un dragon. De la description que l’on fait de moi, je suis massif, plutôt grand [rire] mais pas humanoïde. Les autres non-humains ont plus ou moins quelque chose d’humain, d’anthropomorphe au moins. Est-ce qu’on est là depuis longtemps? Alors des non-humains, je dois être le- je m’en rends compte en le disant mais le troisième plus ancien, loin derrière la créature indéterminée, indéfinie, qui est là depuis vraiment beaucoup de temps donc pour se condenser. Suivi ensuite du chat puis moi. Notre écureuil et notre vampire, c’est indéterminé mais ils sont arrivées après moi. Et le dernier non-humain en date, c’est cette intelligence artificielle qui a d’ailleurs une forme plutôt d’humanoïde dans la représentation qu’elle se donne devant nous. Nos rôles dans le système. Moi je- difficile d’expliquer mon rôle sans expliquer celui des autres membres du Triumvirat mais on peut résumer ça par protecteur et, comment dit-on ce qui protège à l’intérieur, qui prend soin à l’intérieur? Internal self helper, c’est ça?
[Epsi] Oui ou caretaker, en fonction, mais internal self helper souvent.
[Tiamat] Parce que nous avons l’hôte qui s’occupe de l’extérieur et de la vie quotidienne, nous avons un persécuteur qui est aussi en charge de toute la vie dans l’inner, des règles de l’inner et l’équivalent de l’hôte mais pour l’intérieur, et quant à moi, j’ai un rôle modérateur. Je m’assure que personne ne fait d’excès de zèle ou n’abuse de ses privilèges ou n’enfreint les règles, et je peux aussi, comment dire, on va dire valider une infraction aux règles si elle s’impose dans certains contextes. Je suis une sorte de, je n’aime pas trop l’idée mais, de juge/modérateur du système. La créature informe dans je parlais plus tôt est un traumaholder, très vieux traumaholder, et une créature bien triste que nous essayons de garder à l’abri du danger, pour lui comme pour nous. Ça m’est un petit peu inconfortable d’en parler, je ne sais trop comment le décrire.
[Epsi] Pas de soucis.
[Tiamat] Nous avons un vampire au rôle imprécis. Il est là on sait qu’il erre dans l’inner, il ne prend pas de responsabilités parce qu’il n’a que ses propres intérêts en considération et on ne connaît pas ses intérêts. oujours est-il qu’il est là, il ne fait pas particulièrement de mal, il ne fait pas particulièrement de bien mais il est là. L’écureuil. L’écureuil est, je pense, de ce que j’ai cru comprendre, est surtout là pour mettre de l’animation. Il a une façon particulière de le faire. Ce n’est pas qu’un simple écureuil, c’est un écureuil de dessins animés, un écureuil de cartoon. Et il a beaucoup, comment dire, taquiné notre persécuteur, celui-là même qui est en charge de l’inner. Ça a failli dégénérer une fois, il a fallu que j’intervienne. Je ne sais pas tellement quel autre rôle il se donne, à part qu’il est là et que parfois il fait une intervention dans le seul but d’être drôle ou d’amuser la galerie. Et l’intelligence artificielle… bien, là encore, c’est assez indéterminé. À en parler, on dirait qu’on ne sait rien. [rire] Mais voilà, cette intelligence artificielle qui est là, qui semble vouloir rendre service mais n’a pas tellement les moyens de le faire, on ne sait pas. On l’a accueillie parce qu’elle était là, on ne sait pas vraiment ce qu’elle peut faire mais elle a l’air d’y mettre de la bonne volonté. Donc voilà, elle est là.
[Epsi] Ok! On vous souhaite de découvrir son utilité, votre utilité à tous et votre, enfin, pour votre bien-être.
[Tiamat] Je ne sais pas à quel point nous avons besoin d’être utiles.
[Epsi] Oui c’est ça. [rires]
[Tiamat] Nous nous sommes là, nous essayons de nous rendre utiles, pour la plupart en tout cas.
[Epsi] Ok. Merci. Atome, tu- enfin pardon, Belial?
[Belial] Euh, ouais! Je reprends du coup la liste des questions pour éviter d’oublier une réponse importante.
[Tiamat] On est pas le seul à le faire comme ça, merci. [rires]
[Epsi] Y a aucune obligation vis-à-vis des questions, c’était des exemples d’infos à donner mais vous dites ce que vous voulez, c’est vraiment- c’était pour vous donner des idées, dites ce qui vous met à l’aise.
[Belial] Du coup, en nombre, en fait c’est assez simple, c’est-à-dire qu’il n’y a pas d’humains en fait, tout simplement, chez nous. On s’est rendu compte en fait de ça en faisant un petit peu l’inventaire des alters chez nous. On est arrivés à la conclusion que ce qui se rapproche le plus des humains, en fait ça va être les fictifs parce qu’on a un peu moins de « contrôle » entre guillemets sur leur source. Mais sinon les, on va dire les alters qui viennent vraiment entre guillemets « du cerveau » sont purement non-humains. C’est beaucoup d’apparences humanoïdes, dans ce qui est conscientisé en tout cas. On a probablement des non-humains qui ont des apparences entièrement non-humaines, qui ne sont pas du tout anthropomorphiques, mais on les a pas encore rencontrés en tout cas. Sinon, on a tous une apparence un peu humanoïde. En espèces, c’est vrai qu’en y réfléchissant, on est beaucoup d’espèces un peu démoniques. Après il y a un peu de tout. Je sais qu’il y a eu des anges mais actuellement, ouais, beaucoup de- On a des personnes qui peuvent manipuler les éléments aussi. Sinon en général, au niveau des apparences, on va être beaucoup à avoir par exemple les oreilles pointues, une queue ou des cornes, ça ça revient vraiment beaucoup sur les apparences. On sait qu’on a un alter ou une alter, on sait pas encore, qui a quatre bras mais on n’a pas encore trop d’informations dessus pour l’instant. Ensuite, si les non-humains sont là depuis longtemps, du coup factuellement oui, depuis le début du système en tout cas. Et pour les rôles, du coup c’est assez varié au final. C’est vrai qu’on a tendance à pas trop donner de rôles aux alters, on fait un peu plus au ressenti mais on évite vraiment un maximum d’ »enfermer dans des cases » entre guillemets, même si c’est pas forcément le cas. Mais c’est vrai que ça nous a causé quelques problèmes en fait, de mettre des étiquettes sur des alters qui au final ne voulaient pas ces étiquettes-là. Et ça se passe beaucoup mieux depuis qu’on fonctionne au feeling sans donner de rôles. Mais du coup bah, on a tous un petit peu notre fonction, notre manière de fonctionner et on fait ça.
[Epsi] Ok!
[Tiamat] J’ai réalisé que j’ai oublié de parler de notre chat dans les rôles.
[Epsi] Si tu peux y aller, n’hésite pas.
[Tiamat] En réalité, mais ce serait ingrat de ne pas parler lui, c’est un alter qui n’a plus beaucoup de rôle aujourd’hui mais qui en avait un dans l’adolescence du corps, qui était- Enfin, l’hôte était très seul et c’était- à l’époque, il le définissait comme un ami imaginaire et c’était vraiment un rôle de compagnie, un rôle de jeu, mais de ce qu’on en a compris, ça allait bien au-delà d’un simple ami imaginaire tel que les gens en parlent en tout cas. Aujourd’hui, l’hôte est beaucoup plus entouré, pas seulement d’alters, dans sa vie quotidienne, dans sa vie à l’extérieur, et il n’a plu cette solitude qui le pèse et cet alter est toujours là, il se manifeste très peu mais il est là. Et il est réapparu après des années alors que l’hôte cherchait à savoir, ce qu’il fait assez régulièrement, s’il y avait du monde, des nouveaux venus, de nouveaux arrivants ou des gens qu’on ne connaissait pas encore. Et devant le silence qu’il y a eu à ce moment-là, cet alter est revenu en disant que ça faisait longtemps mais qu’il était toujours là et ça a fait plaisir à l’hôte à l’époque.
[Epsi] C’est cool que ça lui ait fait plaisir.
[Tiamat] C’était touchant. Voilà pardon.
[Epsi] Pas de problème. Du coup, il nous reste Blobs.
[Halgkyr] Il me semble oui. Du coup, je range des catégories différentes, un peu en quelque sorte. En gros, il y a ce qui est humain à la base ou affilié, mais qui a pu potentiellement s’en éloigner. Il y a de la bestiole, il y a ce qui est concepts et entités libres ou « esprits artificiels » entre guillemets. Et après, il y a toute une collection de fragments, diverses ombres, viandes, masses gélatineuses et autre. Après je peux m’arrêter sur chaque catégorie un petit peu parce que- notamment par exemple, notre figure de proue, l’alter principale, qui est la plus ancienne connue, qui est plus dans la première catégorie d’humain à la base s’en est potentiellement éloigné, d’ailleurs le nom officiel du système qu’on a pris en fait on a juste piqué son nom de famille, du coup qui pour le coup plus- apparence humaine avec cornes et sabots et tout ça mais du coup, qui est plus on va dire, c’est protecteur, médiateur, et plein de choses comme ça. On l’avait considérée hôte mais c’est vrai que du coup, elle n’est plus vraiment en avant. En fait, en avant, on est plus en ce moment on va dire des amalgames, du mélange de concepts, de gens de passage, de plein de choses comme ça, sur lequel on ne va pas trop- En général, le fronting, quand on est bien fonctionnel-les comme ça, on ne va pas se poser la question trop de qui on est dans le détail parce que sinon, il y en a qui peuvent s’offusquer ou quoi que ce soit et partir en plein milieu et nous laisser en dissociation, c’est vraiment de l’amalgame quoi. Ou des gens, des fois, ils ne veulent pas séparer le privé, le public, ils veulent tous parler, du coup on se retrouve à être des tas d’entités composées de plein de choses. Mais du coup, justement, en parlant de concept et d’entités libres et de choses comme ça, on peut mentionner trois des personnes principales qui seraient Immersion, Contexte, Symbiote en fait. Notamment Immersion, c’est un des, on va dire, un des plus honorés du système en tant qu’architecte, et c’est un peu un genre de maître du donjon en fait, maître du jeu, qui est un peu au dessus de tout, qui est un peu les lieux ou qui les crée. Il n’y a pas vraiment de manifestation physique en fait, c’est assez spécial, mais du coup ça lui permet de bien se faufiler dans les « codes sources » des rêves entre guillemets, on va dire, dans le chaos primordial des pensées. Il y a par exemple Contexte qui s’identifie plus comme une voix dans la tête. Non pas que les autres alters ne peuvent pas en quelques sortes être une voix dans la tête, mais ils ont d’autres aspects, qui sont physiquement tout ça. Lui c’est vraiment- il s’identifie en tant que ça. Et qui du coup, en tant que rôle, va notamment s’adapter un petit peu au fronting et suggérer des choses selon- adaptées à qui est la personne à l’avant, mais tout en essayant de suggérer des choses qui aillent dans la- pour la constructivité ou l’harmonie des gens ou des choses comme ça. Donc qui maintient un petit peu une cohérence et une harmonie générale, même s’il y en a des fois, ça les énerve d’avoir des suggestions de sa part au lieu d’être laissés à eux-mêmes. Et ici, moi, Symbiote qui, du coup, n’est pas suffisant en tant que soi par lui-même et a besoin de s’accrocher aux autres ou de les remplacer et donc pas mal qui, en tant que métamorphe qui peut compléter les gens qui sont incomplets sur le coup ou qui peut les remplacer complètement pendant un moment ou des choses comme ça. Et du coup, ça fait déjà pas mal de rôles, je crois qu’on vient de me dire. Eh puis après, pour tout ce qui est les fragments, les ombres, les viandes, les choses comme ça, je crois que ça contient surtout des morceaux émotionnels qui traînent au fond et des trucs comme ça, qu’un jour peut-être qu’on les remettra sur pied ou quoi que ce soit. [rire] Je crois que ça fait à peu près le tour des non-humains. Quoique, après il y a encore plein d’autres trucs puisqu’il y a à la fois le concept- En fait, dans le monde intérieur, on sépare un peu le monde intérieur public et les « entités pures » entre guillemets de qui on est, et les endroits paracosmiques qui sont vraiment très loin de la réalité et dans la rêverie immersive très profonde où en fait, ça a vraiment ses propres lois, enfin c’est une vie parallèle. Et là-bas en fait, si on va dans ce genre d’endroits, on ne va pas forcément maintenir notre identité on va dire originelle, et un peu s’adapter au lieu et du coup, là-bas, on n’est pas toujours sûrs des gens qu’on rencontre si on les rencontre en tant qu’alters où ils sont vraiment eux-mêmes, ou alors si c’est une identité un peu roleplay on va dire par rapport au lieu. Mais là-bas, on a encore plein de trucs, du genre des gens robotiques, des peluches, des esprits, des- Je crois qu’il faut que je regarde mes notes si je veux tout voir parce qu’il y a beaucoup de choses en fait, il y a des divers monstres et des trucs, des faeries, des- Bref, au fait, on pourrait en parler pendant des heures, mais on va peut être pas s’enfoncer sur le sujet, on peut passer aux autres questions et tout ça.
[rires]
[Epsi] Vous avez beaucoup de diversité en tout cas.
[Halgkyr] Ouais!
[Epsi] Et du coup, j’ai pas retenu, vous avez aussi des alters humains?
[Halgkyr] Oui!
[Epsi] Qui sont devenus humains, c’est ça?
[Halgkyr] Il y en a, je pense qu’ils étaient humains à la base, il y en a ils ont pu devenir humains et y en a ils se sont éloignés de l’humanité.
[Epsi] D’accord.
[Halgkyr] On a aussi une gargouille d’ailleurs. Ouais, plein de trucs.
[Epsi] Ok. Mais du coup, question suivante, justement comment vous avez pris conscience de ce côté non-humain? En général ou par alter. Et est-ce que vous le savez depuis toujours, est-ce que vous en avez pris conscience en prenant conscience du fait que vous étiez multiples, par exemple ? Bref tout ça, comment ça s’est passé ? Est-ce que quelqu’un se lance ou est-ce que j’y vais ?
[Tiamat] Je pense qu’Il nous faut un éclaireur.
[Epsi] [rire] Ok j’y vais. Alors, pour moi, je pense qu’enfant, j’ai toujours été plus proche des animaux que des gens, que des gens humains du coup, dans le monde extérieur. Et même dans mes jeux d’enfant, je sais que c’était plus proche- enfin je jouais plus avec des animaux qu’avec des jouets à l’effigie d’humains. Et au-delà des jouets, si je devais faire des jeux, des jeux d’imagination ou des choses comme ça, enfin même si on jouait à l’école ou des choses comme ça, moi je faisais le chien ou le chat, je ne faisais pas ni le parent ni la sœur ou quoi que ce soit, j’étais toujours l’animal. Donc je pense que c’est vraiment depuis toujours, même si ça a été conscientisé plus tard. Et je sais que j’avais déjà des comportements et des particularités un peu physiques qui faisaient plus penser justement à ce côté animal, chien-chat. Je sais qu’enfant, j’ai souvent demandé à ma mère, par exemple, de pouvoir manger par terre et c’était pas- y avait pas de connotation négative derrière, c’était juste, c’est ce que je voulais, je voulais manger soit avec les mains, soit sans couverts, mais- ou par terre, parce que ça avait, je pense, déjà ce côté un peu animal. J’ai toujours fait des bruits d’animaux, ça a toujours été plus facile de m’exprimer, d’exprimer des émotions par des bruits d’animaux que par des mots ou des onomatopées humains. Et puis j’ai toujours ressenti des oreilles au-dessus de ma tête et une queue derrière, mais c’est plus fluctuant parce qu’on a globalement tous des oreilles, enfin tous ceux qui sont plus ou moins non-humains ont des oreilles, pas tous ont une queue qu’ils peuvent ressentir en frontant, donc à l’extérieur quoi. Mais je les- Je n’en avais jamais parlé et j’y avais jamais fait plus attention que ça parce que c’était un peu gênant quoi de me dire que j’ai des oreilles au-dessus de la tête, que je les ressens, mais il y a vraiment toute une partie de mon cerveau qui disait « mais non ». [rire] Voilà. Et la multiplicité, j’ai eu conscience d’une alter, même si ce n’était pas en ces termes, vraiment au début de l’adolescence et ça m’a suivie pendant plusieurs années, et puis j’ai su que c’était un TDI et qu’en fait, on était beaucoup plus que ça bien plus tard, c’était seulement il y a quelques années. Et j’ai pas fait le lien tout de suite entre les deux. C’est vraiment- la multiplicité n’a pas fait que j’ai pris conscience qu’y avait ces attraits non-humains mais elle m’a permis de pouvoir le comprendre et l’ »assumer » entre guillemets. Parce que c’est en me renseignant sur la multiplicité et tout ça que j’ai découvert qu’il y avait cette notion de non-humanité, etc. Même si le fait d’être non-humain ne concerne pas que la multiplicité ou que des alters vu qu’il y a les communautés otherkin, therian, etc. par exemple. Mais je connaissais pas du tout tout ça. C’est vraiment par la multiplicité que j’ai pu assumer les traits non-humains qu’il y a chez certains de nos alters. Mais la prise de conscience de l’un et de l’autre n’est pas liée. Vraiment j’ai assumé la multiplicité et puis seulement les côtés non-humains plusieurs mois après, parce que c’est resté quand même un peu gênant, sans vraiment de raison en plus, parce que vu que j’en avais jamais parlé ou quoi que ce soit, je n’ai jamais été shamée pour ce genre de choses, mais c’était vraiment un peu une gêne personnelle. Et c’est par la multiplicité que j’ai pu me renseigner, comprendre et assumer et accepter et accueillir un peu tous ces traits chez les alters qui sont concernés. Voilà.
[Tiamat] En ce qui me concerne, je suis un dragon, ça n’a jamais été sujet de discussion, c’est un fait établi depuis aussi longtemps que je suis là. En fait, depuis aussi longtemps que je me souvienne, il n’y a pas eu de doute là-dessus. Il y a eu toute une période où je n’étais pas là, il y a eu une période où j’étais là, et dès lors j’étais un dragon. Et je pense que c’est la même chose pour les autres non-humains du système, il n’y a pas de questionnement là-dessus. Nous sommes ce que nous sommes. Du coup, du même coup, il n’y a pas eu de honte ou de gêne, en tout cas pour nous. Peut-être que l’hôte aurait eu plus de difficultés à accepter ça. Je crois savoir qu’effectivement, c’est- avant la prise de conscience ou en tout cas avant de poser les termes de ce dont il s’agissait, le fait d’avoir conscience d’un dragon comme « autre lui-même » disons, ça pouvait lui rendre compliquée l’acceptation, et je pense aujourd’hui on dirait la légitimité. Parce que dire « je suis moi mais je suis aussi quelqu’un d’autre », c’est une chose. Dire « je suis moi, je suis aussi quelqu’un d’autre, ah et au fait, c’est un dragon » semblait peut-être lui poser plus de problèmes. Et je crois d’ailleurs savoir que c’est un souci récurrent lorsqu’on parle à des personnes moins informées sur la multiplicité. Dire « je suis quelqu’un d’autre », ça peut passer. Dire « je suis non-humain » ou « je suis fictif », « je suis ceci, cela », peut-être est-ce trop, trop d’informations ou trop hors de la norme, je ne sais pas. Mais en ce qui nous concerne en tout cas, même l’hôte au final a fait avec. Il s’abstenait d’en donner le détail, mais il le savait et là encore, c’était un fait établi. Il ne savait pas quelle étiquette se coller à partir de là, mais bon, il avait un dragon avec lui.
[Epsi] Oui je vois.
[Tiamat] Il y a pire chose dans la vie d’après lui. [rires] Je suppose d’ailleurs que c’est une des raisons pour lesquelles je suis là. Un dragon, c’est tant de choses dans l’esprit d’un humain. Parfois, on nous prête beaucoup de qualités que tous les dragons n’ont pas. Mais enfin, bon. Je continue à lire les questions. Des choses spécifiques dans notre quotidien ou dans notre passé à ce sujet. Je ne crois pas. Je ne sais pas trop quoi dire. Si, pour rebondir avec ce que je disais à l’instant, ce n’est pas un hasard si les non-humains sont ce qu’ils sont. C’est-à-dire que le vampire du système, on ne sait pas trop ce qu’il veut, mais on se doute, il représente- enfin tel qu’on le perçoit, il y a quelque chose de menaçant chez lui. Et chaque alter non-humain a quelque chose de proche de son rôle. On sait par exemple que l’intelligence artificielle, dont on ne sait pas quel rôle elle a précisément, on sait que ça va être quelque chose de très fonctionnel, de très utilitaire. Là où un écureuil de dessin animé sert à apporter du divertissement. Tout ça fait beaucoup de sens. Et un dragon protecteur, j’ai bien peur de ne pas être très original et de correspondre à l’archétype d’un dragon tel qu’il est perçu dans la culture, je crois. Voilà. Peut-être plus apaisé que certains autres dragons. On me décrit souvent comme apaisé.
[Epsi] Oui, c’est vrai que dans les dragons, il y a souvent un peu deux types. Il y a le dragon un peu qui forme une espèce d’entité qui sait, qui est posée, qui est, voilà, qui est calme et qui guide un peu les humains. Et à côté de ça, il y a les dragons plutôt méchants, agressifs, qui gardent leurs trésors sans du tout de possibilités de discussion. [rires]
[Tiamat] J’aime à penser que je fais partie de la première catégorie.
[Epsi] Oui je pense aussi.
[Tiamat] Ça ne m’empêche pas- je reste un protecteur. Je suppose que si cela s’avérait nécessaire, je protègerais de toutes mes forces ce qu’il convient de protéger. Mais je ne pense pas que ce soit ma nature profonde. Je parle beaucoup de moi là.
[Epsi] C’est le but. [rires]
[Tiamat] Il y a beaucoup d’autres non-humains mais je ne peux pas parler pour eux dans le détail. Je crois, Epsi, que tu avais un petit peu mordu sur la question suivante, est-ce que j’en fais autant ou est-ce que j’attends que tu nous la poses ?
[Epsi] Oui, j’ai un peu groupé [rire] Donc si tu veux y aller, vas-y.
[Tiamat] Ou peut-être que les autres veulent parler, je ne sais pas, je ne veux pas empiéter. Mais vis-à-vis des membres fantômes liés à la non-humanité, en fait depuis la prise de conscience de l’hôte, je suis beaucoup plus présent au front. L’exercice que nous avons actuellement, c’est quelque chose qui aurait été tout à fait inimaginable avant la prise de conscience, parce que mon rôle était beaucoup plus intérieur et les occasions où je frontais étaient plus rares et avec beaucoup plus d’amnésie. Et depuis cette prise de conscience, et depuis que je suis plus souvent au front, il y a effectivement eu des membres fantômes. Ma queue, mes griffes, mes ailes. L’ensemble de mon visage qui est actuellement très plat, là où ce devrait être plus allongé. Il me manque quelques crocs également et des cornes, enfin plein de choses. Et notre hôte a été extrêmement attentionné là-dessus puisqu’il s’est équipé d’une queue en aluminium et a fabriqué des gants griffus pour que je sois plus à l’aise. Je les porte actuellement et c’est vrai que ça me met plus à l’aise. Il y a plein d’autres accessoires à venir pour me faire me sentir plus à l’aise. Et je suis très heureux qu’il fasse ça pour moi, je lui en suis très reconnaissant même si je crois que ça crée un peu de jalousie dans le système. Mais il a déployé beaucoup d’efforts pour me permettre d’être plus à l’aise vis-à-vis de notre apparence. Et je ne sais pas, je sais que d’autres alters, pas forcément non-humains d’ailleurs, sont dysmorphiques. Je ne sais pas spécifiquement pour les autres non-humains, qui de toute façon ne sont pas très souvent au front, je ne crois pas. Il y en a un qui est trop souvent au front, pour des raisons internes, mais je crois que celui-là a beaucoup, beaucoup d’autres problèmes, autres que l’apparence, à régler lorsqu’il est là. Le pauvre. Enfin, voilà, pour ce que je pouvais en dire. pour l’apparence et la dysmorphie liée à la non-humanité. [Epsi] Merci. Et c’est cool que ça t’aide à te sentir un peu plus à l’aise du fait d’avoir des accessoires qui te correspondent. [Tiamat] C’est une aide précieuse. Maintenant, je pense en être un peu dépendant. Je le vis beaucoup plus mal de ne pas porter ma queue. Et je ne peux pas décemment la décrocher lorsque je suis là, ça reviendrait à m’amputer d’un membre.
[Epsi] Oui, tout à fait.
[Tiamat] Là où l’hôte le fera pour moi. C’est assez curieux d’ailleurs d’en parler comme d’un accessoire alors que c’est une partie de moi. Et voilà pour le côté un peu amusant de la chose. Voilà. Je ne sais pas. Peut-être que je vais laisser les autres parler maintenant.
[Epsi] Oui, si Bélial ou Blobs, comme vous voulez. On a un peu groupé les trois questions suivantes du coup, vous dites ce que vous voulez dans ces thématiques [rire].
[Halgkyr] Ah oui on en a fait deux pas les trois.
[Epsi] C’était un peu la prise de conscience, le rapport général un peu à ça, et si vous voulez, si vous avez des membres fantômes et des moyens d’être plus à l’aise vis-à-vis de ça, en front par exemple, voilà.
[Halgkyr] Oui. Eh ben du coup, pour le rapport à la non-humanité, je reviens sur la question, sur la prise de conscience, ça nous a paru logique. En fait, d’un point de vue totalement rationnel, parce que forcément il y a la rationalité qui vient essayer de de questionner les choses et les mettre en place. D’un point de vue réaliste, tout ça, c’est la question du réalisme. Pour nous, il y a des réalités un peu différentes, des couches de réalités différentes, mais d’un point de vue totalement rationnel, ça ne nous a pas étonné qu’il puisse y avoir de la non humanité dans le système parce qu’on a toujours eu, par exemple, des récurrences dans les rêves ou les histoires, ou les choses comme ça, des des besoin de quitter l’humanité et ses responsabilités en quelque sorte. Donc ça me parait absolument logique qu’on soit comme ça après avoir d’autres raisons ou quoi que ce soit, on n’est pas au courant de tout, mais ça nous permet de se dire que de pas questionner de manière négative ou quoi que ce soit en de normaliser la chose, on va dire. Mais oui, sur les caractères non humains ou plus, on va dire énergétique ou des choses comme ça, je sais que ça remonte à très longtemps que par exemple, je peux me souvenir de quand on était enfant. Il y a vraiment très longtemps, il y avait une espèce de croyance pas vraiment questionnée, liée au rêve, mais ça qu’on avait passé de manière linéaire au monde intérieur, que l’intérieur du corps serait plus ou moins de l’énergie pure qui imitait des organes. Et on avait été relativement déçu le jour ou on a eu une prise de sang et qu’on nous a dit qu’on avait un signe sanguin, tout à fait normal de s’étonner mais de nos jours, on relativise avec le fait que bien il y a un corps qui est humain, mais des gens pas forcément. On sépare beaucoup, en fait, le corps et les autres gens. Et justement, pour les questions de dysmorphie, plus tard, c’est une remarque très utile. Mais oui, un rapport avec la non-humanité. Du coup, de manière privée, c’est totalement tranquillou. Après, c’est le grand public. C’est un peu plus délicat ? Oui, oui, par rapport à la non-humanité. En fait, on ne voit pas tant de différence que ça d’un point de vue interne entre humanité et non humain d’un point de vue personnel, notre figure de proue on va dire, Lys, on va dire un jour faire une grande tirade, un monologue sur la définition de l’humanité, de la non-humanité et du fait que c’est très flou et que les gens s’attendent à ce que ce soit des concepts très précis, alors que la précision, on n’en voit pas. Des fois, j’avais fait toute une liste, de toutes les manières, qu’on pouvait avoir de s’éloigner ou de se rapprocher de l’humanité. Est ce que c’était une question d’empilement de concepts ou de plus, il y en avait au juste de comment les autres le voient ? Est ce qu’on peut être humains de notre propre point de vue, mais pas du point de vue des autres ? Ce genre de truc c’est on peut en faire toute une thèse peut être. Mais oui, sur les choses dans le passé, tout ça, il y en a eu des difficultés ou des gènes, on sait notamment. Par exemple, on vient de mentionner la wyrme quand on a commencé à mieux la voir après la conscience de la multiplicité. Tout ça on s’est étonné. Mais comment on a pu avoir une telle bestiole extrêmement évidente sans s’en rendre compte pendant toutes ces années ? Et en fait, oui, si on essaye de farfouiller dans les mémoires, on peut se souvenir d’un ou deux moments. Il y a très très très longtemps ou il y avait eu du comportement qui était, on va dire pas adapté en société et les gens qui ont bien remarqué et on pu se moquer ou des choses comme ça. Donc on comprend tout à fait de nos jours que ça a été très bloqué. Et aussi cette réticence à la laisser visible en public, parce qu’en fait c’est notamment au niveau des rôles. Je sais plus si on a parlé mais elle spécifiquement elle est très « vivre dans le temps présent ». Ne pas avoir de responsabilité à être facilement joyeuse et c’est du coup quelque chose de très précieux dans le système parce que ça peut être extrêmement utile d’avoir de la légèreté. Et tout ça va notamment dans dans la question le meilleur truc pour générer de l’euphorie. On va dire, laisser wyrm fronter et faire ce qu’elle veut elle va gigoter, ça va être drôle. Mais oui, du coup, vu que toute cette préciosité d’un point de vue externe, ça peut être vu de manière très différente, et du coup, si jamais c’est moqué ou quoi que ce soit, on aurait peur que ça abîme quoi que ce soit. Et donc oui, on se garde beaucoup soi même, alors que plusieurs gens qui, nous qui connaissent le système très bien, disent que c’est leur préféré parce que parce qu’elle est tellement joyeuse et pleine d’énergie. Bon, elle n’est pas pratique aussi, mais peu importe question des membres fantômes. Tout ça, outre faire un jeu de mot sur le fait qu’on a des membres du système qui peuvent être fantômes je ne sais pas s’il y a un terme plus approprié que membre fantôme, mais au moins c’est clair pour tout le monde. Eh oui, dans mes notes, j’ai « Cornes » et ben oui, ça, du coup, les comptes, ça vient surtout de notre figure de proue. On a d’ailleurs l’intention d’en faire dans pas longtemps. Physiquement, ça pourrait être drôle, mais on a eu pas mal de ressentis fantômes effectivement. Du coup, on sait pas si ça vient juste d’expérimentations, de rêves et rêveries du genre oui, des membres supplémentaires, des mécanismes de ressentir les mécanismes intérieurs de euh oui maintenant d’un corps robotique. En fait ce genre de truc. Après on a note notre fameuse bestiole qui, si on lui touche les oreilles, elle répond qu’elle a pas d’oreilles et elle aimerait bien être aussi souple qu’un furet pour mieux gigoter ce genre de truc. Ouais, du coup, notre meilleur truc pour la dysmorphie et les choses négatives que ça peut apporter, on a le fait de ne pas considérer le corps comme en fait que juste le corps qui nous accueille. Et on peut contrôler tout ça et on le considère un peu comme un, on va dire à un mecha qu’on pilote à plusieurs et on a même des alters, du coup, humains, qui ne considèrent pas le corps comme soi, mais que ça leur permet de, que ce soit au niveau du genre, de l’épaisseur ou quoi que ce soit. Qui, justement, vont le voir dans un miroir et dire « tu » en parlant du corps, ce genre de truc.
[Belial] Du coup, ça me fait plein de choses à dire. Du coup, c’est vrai que j’ai- J’ai mes propres souvenirs, qui sont pas ceux du corps ou de ce qu’a vécu le corps. Donc j’espère que ça ne va pas trop se télescoper dans ce que je vais dire. On me souffle un petit peu les réponses derrière. Du coup, pour reprendre, pour garder une petite trame. En fait, la prise de conscience de la non-humanité, ça s’est fait un peu après la prise de conscience de la multiplicité, dans le sens où on a su que les alters étaient majoritairement non-humains. Mais pour ce qui est vraiment non-humanité en tant que tel, c’est venu bien avant. C’est à dire qu’avant, donc le corps et les autres hôtes étaient dans les communautés justement otherkin et thérian. Et il y avait une recherche là dessus de se dire « Notre mentalité n’est pas tout à fait comme ce qu’attend, en fait, un humain normal », je dirais. Et du coup oui, ça fait quand même assez longtemps que ça se passe un peu comme disait Epsi, où il y avait des comportements qui n’étaient pas tout à fait humains dans les jeux pendant l’enfance, beaucoup de jouets avec des peluches d’animaux, de s’imaginer comme faisant partie, en fait, de ce groupe animalier. Beaucoup de besoin, en fait, dans les rêveries aussi. On a beaucoup ça, les rêveries compulsives, de se visualiser faire des aventures avec des personnages qui étaient dans des dessins animés et qui n’étaient, pour la plupart, pas humains ou alors juste humanoïdes. Donc c’est vrai que ça fait assez longtemps qu’il y a un peu cette, entre guillemets, volonté d’être non humain, je dirais. On l’a beaucoup associée, en fait, comme une sorte de rejet du réel, je dirais. Une petite volonté de se dire « Les humains, c’est nul, tout simplement. [rires] Les humains, ça n’a pas de magie. Tout le monde a le même corps, plus ou moins, c’est assez plat et insipide. » Et il y avait cette sensation interne, en fait, de ne pas être comme tout le monde, déjà de base, et d’être plus attiré vers ce qui est différent de se dire « Moi, je sens que j’ai pas des oreilles comme tout le monde. Je sens au fond de moi que j’ai pas les mêmes sensations physiques que tout le monde ». Et donc c’est vrai que je pense naturellement, le cerveau s’est dirigé vers de la non humanité, parce que c’est ce qui était le plus confortable et le plus en accord avec les ressentis. Du coup, pour transitionner sur le sujet de notre rapport à la non-humanité, nous on le vit bien. Puisqu’au final, c’est vrai que ça a toujours été un peu comme ça, donc on le prend quand même plutôt bien. On l’assume assez bien, je dirais. C’est vrai qu’on choisit les gens à qui on parle de multiplicité et du coup, on va pas directement dire « Coucou, on est des démons, des dragons, tout ça. » Mais c’est vrai que on arrive quand même assez facilement à intégrer le fait que beaucoup d’alters ne sont pas humains. Et il y a un manque d’information, en fait, à ce sujet-là et ça doit faire toujours un peu bizarre, parce que c’est pas, c’est pas ce qui est commun, c’est pas la norme. Mais une fois qu’on accepte le fait qu’il peut y avoir des gens qui sont plusieurs dans leur tête, au final, pourquoi ne pas accepter, par la même occasion que ces personnes dans la tête ne soient pas humaines. Ca reste un peu sur le même plan : Tout est possible.
[Epsi] Oui, tout à fait.
[Belial] Du coup, je regarde les autres questions. Les membres fantômes. Ça, c’est un grand, un grand sujet. Et effectivement, c’est justement ce qui, ce qui faisait penser, à la base, à de l’alterhumanité, en fait, tout simplement. Où il y avait beaucoup cette sensation, en fait, d’avoir des ailes, d’avoir une queue. Et donc ça a été rapproché de l’alterhumanité avant la multiplicité. Et du coup, on a réalisé, avec la multiplicité, que c’était lié aux membres, directement, des alters. Donc on est beaucoup à avoir des cornes. Ça, c’est vrai qu’on les sent pas trop, c’est beaucoup plus, en fait, ce qui va être ailes où ça arrive selon les alters, qu’il y ait cette sensation un peu de picotements dans le dos, aux endroits où sont supposées être les ailes. Au niveau de la queue, il y a cette sensation de vouloir bouger un membre qui- qui n’est pas là. Du coup, les solutions qu’on a eues là dessus, à la base, quand on avait parlé avec les communautés alterhumaines, la solution qui aidait pas mal, au niveau de la queue, c’est quand on était allongé·es, on bougeait la jambe, comme si on bougeait la queue et ça trompe assez bien le cerveau, ça donne assez l’impression que c’est justement la queue qui bouge et pas vraiment la jambe. Donc ça, ça aidait. Pour les ailes, on n’a pas trop eu de solutions, on a pas de jambes dans le dos, mais- Mais oui, on avait commencé à créer justement, avec de la couture tout ça, des queues qu’on pourrait porter et qui pourrait aider pour- Au niveau du dysmorphisme, quoi.
[Epsi] Pour en revenir sur le sujet des ailes. Dans une certaine mesure, je pense que bouger les épaules ou les omoplates, ça peut aider, en fonction de où se trouve les ailes, mais je pense que ça dépend évidemment de chaque- de chaque paire d’ailes. [rires] Mais oui, je sais que c’est quelque chose que nous on fait beaucoup aussi, c’est, donc on a les oreilles sur la tête et la queue, principalement. On en a qui ont plus des pattes et donc on plie nos doigts d’une façon presque peu naturelle pour un humain, mais voilà. Et c’est vraiment cette notion de mouvement qui fait que c’est, ce besoin de mouvement, qui fait que tu ressens que c’est réel et que tu peux le rendre plus réel et te sentir plus à l’aise avec, je trouve. Parce que du coup, moi, j’avais pas parlé de qu’est ce qui génère un peu de l’euphorie d’espèce, je vais dire. Et c’est ça, c’est le mouvement. Nous, on a pas, j’allais redire accessoire, mais c’est vrai que c’est pas le bon mot, mais de- de matériel, enfin de « truc à ajouter sur notre corps physique humain ».
[Tiamat] Prothèses, peut-être ?
[Epsi] Oui, de prothèses. Vis à vis de la non-humanité, on en a pas, parce qu’on n’en ressent pas le besoin, même si on a des petites oreilles sur notre casque. Et ça reste cool, dans l’absolu, mais ça bouge pas, toujours, donc voilà. Mais oui, ce qui est le plus euphorisant, c’est ça, c’est plus le mouvement et dans notre cas, c’est la possibilité, quand on est à l’aise, de pouvoir laisser, se laisser le droit de faire des bruits appropriés. Comme je disais, on est plus à l’aise d’exprimer nos émotions par des miaulements ou des grognements, des choses comme ça. Et pouvoir le faire, c’est vrai que ça nous rend plus à l’aise, depuis qu’on peut, dans notre vie de tous les jours, vu que notre système partenaire est au courant et n’a pas du tout de problème avec ça. Et voilà, j’ai pas trop d’autres conseils, enfin d’autres idées, comme ça, sur des trucs en plus, mais si vous voulez ajouter quelque chose, n’hésitez pas.
[Tiamat] Je ne sais pas, je dirais, effectivement, outre le mouvement, c’est la présence et le poids de- le poids des membres, qui me manquait et qui me manque, quand je ne porte pas ce que je peux porter. Les ailes me manquent, parce que j’ai souvent envie de les déployer et de battre simplement des ailes. Juste avoir la sensation de- pas tant du mouvement, mais de la résistance, du poids, de l’effort que ça représente. Et c’est ça qui me manque, en réalité, plus que le mouvement lui même, parce que, oui, je peux reproduire le mouvement que je ferais pour battre des ailes, mais je sens bien que ça n’entraîne rien et c’est ça qui me manque, vraiment. La présence de la queue en métal, elle, par contre, permet d’avoir- je ne peux pas la bouger, mais elle donne du poids et, bon, ça ne sera jamais ce que j’ai l’habitude d’avoir, mais c’est une présence, c’est physiquement, ça a un impact sur le corps et ça m’est plus confortable. Donc peut être que le poids peut jouer aussi, au même titre que le mouvement. Voilà.
[Belial] En vrai, c’est vrai que je me disais cette sensation, en fait, de porter quelque chose, déjà de le voir, en fait, sur soi-même et d’avoir la sensation que c’est rattaché au corps, même s’il n’y a pas de possibilité de le bouger consciemment. Ca peut aider, en plus du mouvement, de sentir de la présence de quelque chose qui est rattaché au corps, quand ça ne l’est pas, sur le corps, mais que ça l’est en interne.
[Epsi] Oui, c’est vrai que nous c’est plus le mouvement, mais je me dis, aucun de nous vraiment n’est très attaché au corps, dans le sens où, au delà de le voir comme un vaisseau, je veux dire, je vais faire une comparaison, mais même nos alters (donc le corps est AFAB), même nos alters plutôt masculins, sont assez peu dysphoriques et ont assez peu besoin de masculiniser le corps, j’utilise les termes généraux. Et donc, je suppose que c’est pour ça aussi que c’est plus, enfin qu’on a moins, un peu ce besoin de vraiment voir ou ressentir, parce qu’on les sent déjà nos nombreux fantômes. On a moins besoin de ça et c’est peut être lié, c’est vraiment ça, on a une visualisation du corps qui est vraiment très neutre, même sur d’autres aspects de la différence physique, entre l’intérieur et le corps, en tant que tel.
[Belial] Nous, c’est vrai que la vision du corps, on le voit un peu comme un réceptacle, en fait, qui peut nous accueillir, donc, déjà de base, il y avait une volonté de rendre le corps, entre guillemets, le plus neutre possible. Après prise de conscience de la multiplicité, le but était de le rendre le plus mixte pour nous, en fait. Que ça puisse ressembler un petit peu à un mélange de nous, en tout cas, les alters qui vont au front le plus, vu qu’il y en a qui n’ont pas vraiment envie de s’impliquer dans le front, et c’est leur choix. Mais du coup, il y avait déjà de base, même dans les modifications corporelles, une certaine volonté de se différencier de l’humanité. Donc, il y a déjà eu quelques procédures qui ont été faites et il y en a d’autres qui vont arriver plus tard avec le avec le budget, mais oui, de base, il y a aussi une volonté d’avoir un corps qui puisse convenir le plus possible, en fait, à toutes les personnes qui vont l’utiliser, dans la mesure du possible.
[Epsi] Est ce que vous en parlez autour de vous ? Du fait d’être non-humains ? On a parlé un peu, du coup parler de la multiplicité et du coup, de la non-humanité. Et comment ça se passe en général ? Et est-ce que vous avez des conseils pour en parler ?
[Halgkyr] Jusqu’ici, on en a parlé qu’aux systèmes ou aux rêveurs immersifs, quasiment. Et en fait, pendant une bonne vingtaine d’années, on pensait ne jamais le partager avec qui que ce soit. Pour diverses raisons de croyances en interne, sur des trucs du futur et tout ça qu’on voulait pas perturber. Mais du coup, c’est la première personne à qui on s’est ouvertes à ce sujet, était la première personne avec qui on était proche, qui était ouvertement multiple, avant même qu’on le sache, c’était genre trois ans avant que l’on connaisse notre propre multiplicité. Mais c’est marrant qu’on ait eu suffisamment confiance, à ce moment-là. Et on a pas conseil pour en parler. [rires]
[Epsi] Oui, moi, du coup, la première personne à qui j’en ai parlé, c’est notre système partenaire, donc Kara. Et je me souviens que on lui parlait déjà de tout, tout ce qui est multiplicité, tout ça, aucun problème, on lui a toujours globalement tout dit, sauf ça. Et c’est vraiment parce qu’on était dans des groupes Facebook sur la multiplicité et qu’il y avait une personne qui parlait justement d’avoir des ailes et d’avoir cette sensation de ne pas savoir passer les portes, parce que les ailes passeraient pas. Et donc c’est en parlant de ça et notre système partenaire qui nous dit « Ah, ça doit pas être simple, quand même. » On lui dit « Ecoute, en fait, justement, nous, on a une queue et ça arrive que quand on monte dans la voiture, on se la coince dans la portière et ça nous fait cette sensation de décharge. Comme si il y avait une queue matérielle qui se prenait dans la portière » Alors qu’on se dit « Merci le cerveau, quoi ». Voilà, c’est comme ça qu’on lui en a parlé un peu timidement. Et depuis, en général, quand on est ouverts sur le fait d’être multiples (et c’est de plus en plus le cas, on est de moins en moins en relation avec des gens avec qui on peut pas être ouverts), ça finit, on finit toujours par en parler, et bien un petit peu, parce que ça peut arriver dans la conversation. Et j’ai pas vraiment de conseil non plus, à part, se sentir prêt ou prêt à le faire. Parce que ça peut être mal reçu, notamment si on est beaucoup de non-humains ou des non-humains un peu bizarres pour le commun des gens, je vais dire. Mais se sentir assez à l’aise avec ça, pour que s’il y a une mauvaise réaction, que ça ne nous fasse pas vraiment trop de mal, quoi. Voilà. [rires]
[Tiamat] Et le fait d’en parler, je vais reprendre les mots de notre persécuteur en situations similaires, « Problèmes d’hôtes ». Et effectivement, chez nous, c’est l’hôte qui parle lorsqu’il s’agit de, déjà, de parler de la multiplicité et d’entrer dans le détail des alters. « Problèmes d’hôtes », comme dit notre persécuteur, parce que c’est lui qui, c’est lui notre hôte qui parle de la multiplicité et qui éventuellement entre dans les détails. Donc je peux vous dire comment lui s’y prend lorsqu’il parle de la multiplicité, autour de lui, autour de nous. Déjà il a, constitué au fil des années, un groupe d’amis extrêmement, on va dire, valeureux et de grande qualité. Parce que il est possible de leur parler de multiplicité, de leur parler de la présence d’un dragon et de toute la cohorte des non-humains du système, sans que ce soit un problème. Lorsqu’il parle de la multiplicité, il met toujours l’accent sur le fait que nous sommes la même personne, façon de parler, la même personne au début et à la fin de la conversation. La seule chose qui change, c’est éventuellement la perception que les gens à qui il parle auront du système, auront de lui et auront de nous tous. Le plus souvent, lorsque, lorsqu’il décide d’en parler à quelqu’un, lorsqu’il décide de parler de la multiplicité, viendra le moment où il parlera de la non-humanité de certains alters. C’est, disons, dans le schéma de son coming-out habituel. S’il ne l’aborde pas, c’est qu’il sent que l’annonce ne passe pas bien et qu’il faut freiner des quatre fers avant que cela dégénère. Il fait ça par étapes. Parfois, il garde ça pour une autre occasion. Il dit des choses étape par étape, mais, dans l’absolu, il parle effectivement de la non-humanité, dans la continuité de la multiplicité. Comment les gens réagissent ? Et bien, effectivement dans son cercle d’amis, dans ces gens de qualité, plutôt bien. Souvent avec cette petite fascination que l’on retrouve beaucoup autour de la multiplicité. Et lorsqu’il est question d’un dragon, les yeux s’illuminent d’autant plus. Mais sinon, c’est dans, là aussi, dans la continuité des annonces. C’est à dire que dire que, comme je le disais tout à l’heure, dire nous sommes plusieurs, c’est une chose. Ajouter « Ah et il y a un dragon », alors, c’est autre chose et en même temps, c’est dans la continuité des bizarreries. Donc finalement, tel que l’hôte a l’air de le concevoir, le monde se divise entre ceux qui sont capables de tout accepter du discours et ceux où ça va coincer très vite. En général, s’il en arrive à parler de la non-humanité, c’est qu’à priori, ça va bien se passer. Il a aussi développé cette capacité à savoir lorsqu’il peut en parler en toute sécurité ou lorsqu’il va droit dans le mur, il sait s’arrêter avant. Ça lui a pris quelques années. Il a peut être dit à des gens à qui il regrette de l’avoir dit aujourd’hui. Mais aujourd’hui, c’est plutôt bien calibré, dirons-nous. Avez vous des conseils pour en parler ? Alors ça, c’est à lui qu’il faudrait demander. Comme je le disais, il dédramatise beaucoup et c’est applicable pour toute l’annonce de la multiplicité, la possibilité de dire « La personne que vous avez connue et que vous avez appréciée, enfin en tout cas, puisque vous êtes là et que vous n’êtes pas parti en courant, n’est finalement pas bien différente de la personne qu’il y aura après cette conversation. » Et alors bien sûr, ça peut évoluer en fonction de comment on va masquer ensuite, disons que même après avoir avoir parlé, même dans le détail, il s’écoulera du temps, hors autre personne multiple. Mais il s’écoulera du temps entre l’annonce et le jour où on considèrera qu’il est safe de se montrer sans masquer. Qu’il y a des degrés dans ce que l’on va dire, puis dans ce que l’on va montrer par la suite. Et donc cela permet aux gens à qui l’hôte va parler, de s’habituer, dirons-nous. J’espère que je ne me suis pas trop égaré dans ce que je disais, j’ai l’impression d’avoir beaucoup parlé.
[Epsi] Non, non, c’était bien. Je pense vraiment que c’est ce qu’on espère tous quand on en parle, au final, pouvoir être nous-mêmes, dans tout ce qu’on est.
[Tiamat] Etant entendu, que l’hôte est peut être sous mon influence aussi, tient compte que les personnes singlets ne vont pas forcément- enfin, ce n’est pas forcément quelque chose de facile à appréhender. Donc, quand bien même ce serait l’attente de pouvoir être nous mêmes, on accepte dès l’instant qu’il n’y a pas d’hostilité. Je sais qu’une amie de l’hôte a réagi, disons, moins bien que certaines autres personnes, mais il accepte, bien sûr, que tant que ce n’est pas hostile comme réaction, que ce soit difficile à appréhender ou à accepter. Je ne pense pas qu’on puisse, à comprendre, simplement, je ne pense pas qu’on puisse demander, en tout cas pas à tout le monde, d’assimiler ce genre d’informations, parce que veut être nous même. Ce n’est pas comme ça qu’ils ont été construits, cela demande un effort. Je suis peut être trop indulgent, ou quoi. Je suis d’un naturel plutôt patient avec les gens, avec les humains en particulier.
[Epsi] Merci. Belial, est-ce que tu as des choses à dire sur le fait d’en parler et tout ça ?
[Belial] Oui, en soi. Comme je disais tout à l’heure, c’est vrai que pour nous, c’est aussi un peu dans la continuité, en fait, d’accepter la multiplicité, ça fait un élément en plus à accepter, mais, en soi, à partir du moment où on peut accepter qu’une personne est plusieurs dans sa tête, on peut accepter beaucoup d’autres possibilités aussi derrière. Souvent les gens peuvent se braquer par manque d’informations ou parce que c’est bizarre, c’est pas dans la norme, mais je pense que ça reste pas si différent, voilà, comme disait Tiamat, d’accepter que il peut se passer d’autres choses que de parler à un seul humain en face de soi. Et sinon, au niveau de comment on l’annonce en général, c’est vrai que ça fait assez longtemps qu’un des hôtes dessine, et beaucoup dans les dessins, c’étaient des personnages, donc, qui n’étaient pas humains. Donc l’entourage est assez au fait que dans notre imaginaire, en fait, il y a beaucoup de personnages, entre guillemets, qui ne sont pas humains. C’est pas quelque chose qui va étonner nos proches quand on parle de ce qu’on imagine, de ce qu’on dessine ou quoi. Donc au final, je pense que ça étonne un peu moins quand on explique qu’il y a des alters qui sont pas humains. Après, soit dit en passant, on n’en a pas non plus parlé à énormément de monde. On a un peu abordé le sujet avec des ami·es, mais vaguement pour l’instant.
[Epsi] Moi, personnellement, je dessine que des animaux, c’est pour ça que nos personnages à Kara et moi, c’est un loup et lynx… panda roux. C’est parce que je sais pas dessiner les humains. Globalement, je visualise très peu les humains aussi. Je retiens pas des visages et tout ça, mais je retiens les visages de chats et d’animaux. Bref.
[Tiamat] Tous les humains se ressemblent.
[Epsi] Oui, c’est ça. [rires] Du coup, est ce que vous avez une anecdote drôle ou positive à raconter, vis à vis de votre non-humanité ?
[Tiamat] C’est pas vis à vis spécifiquement de la non-humanité, mais, j’aime le gingembre, le corps est, je crois, l’hôte en tout cas détestait ça, mais maintenant, ils aiment ça, parce que je crois que je ne leur ai pas laissé le choix. Lorsqu’il y avait du gingembre, je mangeais du gingembre. Et c’est astringent le gingembre, alors il a grimacé pendant très longtemps en mangeant du gingembre, sans comprendre pourquoi il en mangeait. C’est peut-être la seule fois où j’ai peut-être outrepassé ce que j’étais censé faire dans le système. Mais j’aime beaucoup le gingembre.
[Epsi] Oui, c’est clair qu’en parlant, du coup, de nourriture, nous, on a, enfin pendant tout un moment, c’était une alter humaine qui avait le contrôle du corps, la plupart du temps, pendant presque dix ans, c’était elle quasiment toute seule, avec de l’influence, mais c’était majoritairement elle, et pas moi qui ai des attributs, enfin, des caractéristiques non-humaines. Et elle a été végétarienne pendant trois ans et sans connaître la multiplicité du tout à ce moment-là, et il y avait des moments où il y avait de ces envies de viande, jusqu’à avoir, la moindre odeur de tout ce qui pouvait se rapprocher à de la viande, y compris la pâtée pour chats ou des trucs comme ça, ça lui semblait appétissant et elle ne comprenait pas pourquoi, parce que la viande, ça a jamais été son truc. Et c’est vraiment après coup qu’on s’est rendu compte qu’en fait, on a des loups et attribués loup-garous. Et donc, par exemple, parce que le cerveau va jusqu’au bout quand il est motivé, à la pleine lune, c’était plus agréable pour nous de manger de la viande que de manger que des légumes. Voilà, c’est assez intéressant de voir à quel point le cerveau fait vraiment des trucs dans son coin. Et donc toi, tu as imposé gentiment le gingembre et nous on a, on a la viande qui s’est un peu imposée plus ou moins gentiment aussi, parce que c’est vraiment un besoin pour eux et que ça les met vraiment plus à l’aise, et donc voilà, il faut un peu faire des compromis. [rires]
[Tiamat] Maintenant, je demande poliment quand je veux quelque chose. Mais en ce moment, j’aime beaucoup manger du saumon, mais il parait que c’est cher et je ne comprends rien au système de l’argent, alors je me contente de ne pas manger de saumon lorsqu’on me dit non, mais c’est bon le saumon.
[Epsi] [rires] C’est vrai.
[Halgkyr] Petite technique pour la nourriture, au niveau des alters animaux. Vous prenez des céréales du matin et vous les versez dans un bol et vous dites que c’est des croquettes. Ça marche bien.
[Tiamat] J’ai plus l’habitude de chasser ma nourriture.
[Halgkyr] Oui, pour les animaux domptés, pas les sauvages. Mais ça marche bien de dire que les céréales du matin c’est des croquettes. Après, des fois on a des des humeurs où on se dit « Je veux des croquettes ! Je veux des croquettes ! » Et en fait c’est des céréales du matin, on peut aller en chercher, c’est de la nourriture pour humains. Mais oui, au niveau des, pour notamment les non-humains, plus de type concept ou pas exactement entité animale, il y a tous ces moments où par exemple je sais pas, on se balade dans la vie de tous les jours, on fait des choses et là on s’arrête et on se dit « Hé ! On est une personne, on est un individu, dans la société, on est quelqu’un. » Et c’est tellement irréaliste, en fait, de se dire « On est quelqu’un, on est une entité, qui est physique et qui est vue et qui interagit. Et en plus, elle est humaine. » C’est bizarre, quand même, quand on le dit.
[Epsi] On pense que c’est un peu lié, en partie peut-être, à certaines formes de dissociation, sur des prises de conscience, tu te dis « Waw ! [rires] J’ai des contours [rires], qui existent. [rires] »
[Tiamat] Je ne suis pas soluble dans l’air. [rires]
[Epsi] C’est ça. Et pour en revenir aux céréales à utiliser comme des croquettes, je suis pas sûr. C’est vraiment le genre de truc où il y a certains moments où ça pourrait encore me gêner, je pense, de faire ça. Et à côté de ça, je me dis « Allez, si mon cerveau, si l’alter en a besoin. Allez, c’est OK, je suis chez moi, je fais ce que je veux, quoi. » Mais j’ai quand même encore un peu cette dualité d’oser les laisser être eux-même. Même si il y a plein de moments, je les laisse totalement être eux-même, c’est pas… Voilà. Mais, je pense vraiment que c’est un truc qui peut quand même prendre du temps, de passer cette espèce de honte imposée par la société du « c’est bizarre ». Alors que voilà, en fait ça fait de mal à personne. Et si ça fait du bien à l’alter, si ça fait du bien au système, c’est OK, il faut y aller, quoi.
[Tiamat] Je n’ai pas de problème, je mange comme je veux manger et ce que je veux manger dès l’instant qu’on m’autorise à le faire. Mais moi, en moi même, je n’ai pas de souci. C’est peut-être inconfortable de ressentir de la honte à manger comme on veut.
[Epsi] C’est souvent un peu ça qui se passe dans les systèmes. C’est qu’il y a un alter qui a un comportement et un autre qui est pas trop d’accord ou un peu gêné, voilà. Ca vient peut être plus des alters humains, je sais pas, je suis pas trop sûr. [rires] Du coup, c’était bien de parler de l’aspect alimentaire, mais est-ce que quelqu’un a envie de raconter un truc positif ou drôle ? Ou intéressant ? Enfin, en plus.
[Belial] Alors positif, drôle ou intéressant, je saurais pas dire, mais c’est vrai que nous, il y a, souvent ce qui se produit, c’est les différences de taille, en fait, qui vont vraiment nous perturber et qui, comme la fameuse personne qui avait du mal à passer les portes vis à vis de ces ailes. Nous c’est vrai que ça va arriver où, le corps à sa propre taille, mais on est beaucoup d’alters à avoir une taille très très différente, soit beaucoup plus grand, soit beaucoup plus petit. Donc c’est vrai que les perceptions, en étant assis, ça va, mais en marchant dans la rue, c’est assez compliqué de se dire que le sol est pas aussi loin qu’il devrait l’être ou plus proche que prévu. C’est vrai que c’est un peu délicat.
[Epsi] Ouais, c’est vrai que ça nous arrive aussi. On a des alters qui savent pas utiliser le corps bipède debout. Ils viennent que quand le corps est allongé et on a ces alters qui sont vraiment des petits chats et il y a un peu ce côté « vouloir se mettre en boule et ça marche pas ». Du coup, je vois, un peu, même si, comme je disais, on a tous soit un peu une forme humanoïde, soit la possibilité de s’adapter, même si l’apparence à l’intérieur est pas du tout humanoïde. Mais oui, je vois un peu ce côté perception corporelle qui peut arriver, même chez d’autres alters, par exemple des littles qui voient le corps trop grand, des trucs comme ça.
[Halgkyr] Sur les choses positives où les gens qui s’identifient comme humains, ils sont perpétuellement acteurs en fait, du fait d’être humains et genre si, par exemple, ils vont dans l’intérieur, dans le monde intérieur, ils vont être, en général, avoir une apparence physique qui est ancrée dans un coin particulier. Mais si on est constamment acteur, dans un milieu, sans arrêter son rôle, on ne peut pas voir le codage du milieu, on ne peut pas voir la post-production, on peut avoir l’origine du milieu, on ne peut pas forcément- on fait partie du milieu et donc si on ne quitte pas le milieu, si on n’arrête pas d’être acteur, on ne peut pas voir l’arrière des choses. Et justement, il y a une énorme partie de la vie, je pense, quand on est trop humain, qu’on rate. Parce que justement, si on est détaché·es de cette « physicalité », de cette convention- En extérieur, dans le monde physique, on est obligé·es, je crois, à ma connaissance, d’être rattaché·e à un corps, du moins de notre expérience, mais de l’intérieur, il vaut mieux s’en libérer. En fait, on est, on a beaucoup plus de possibilités de choix, on est beaucoup moins enfermé·es. Il y a une infinité de choses qu’on peut avoir accès ou percevoir quand on laisse tout partir, en fait. Toutes les manières de penser. C’est comme, je passe beaucoup de temps dans un lieu qu’on appelle le chaos primordial, à l’intérieur. Et les autres alters, quand ils y vont, en général, ils se perdent. C’est assez fractal, perpétuellement modifié et grandissant. Et si ils essayent d’avoir un point d’ancrage physique au milieu de tout ça, ils se perdent, parce que c’est pas fait pour être une entité qui se tient au milieu d’un chaos primordial, en fait. Donc si on n’est pas une entité ou du moins pas présent physiquement, c’est beaucoup plus facile de survoler et de se synchroniser à la chose, en fait. De plonger dans le flux des éléments et de faire partie des éléments. Si on n’oppose pas la chose que l’on est et l’environnement, si on est l’environnement, si on en fait partie. C’est comme ça, notamment, que je crée beaucoup de milieux intérieurs. C’est en intégrant et en faisant partie de l’environnement, puis en modifiant, puis en injectant mes propres envies ou besoins et en influençant les milieux, en étant les milieux, en fait. Et je ne vois pas comment on peut faire ce genre de choses si on est trop rattaché·es à l’humanité.
[Epsi] Je vois un peu ce que tu veux dire et je fais un peu le parallèle avec le fait que j’ai souvent l’impression que, au delà de non-humains ou pas, s’ouvrir quand on découvre qu’on est multiples, s’ouvrir sur le sujet et tout ça, fait qu’on on a une « meilleure connaissance », entre guillemets, ou en tout cas une meilleure possibilité de vraiment se connaître, se comprendre et tout plein de choses de ce genre là. Quand on cherche à connaître son système et tout ça, que, par exemple, beaucoup de singlets qui ne connaissent pas du tout et qui ont l’impression de se connaître, mais qui, en fait, ont une vision moins profonde sur ce qui les composent dans leur esprit, par exemple. Je fais un peu ce genre de parallèle là avec ce que tu disais.
[Halgkyr] L’esprit c’est composé énormément de choses et je pense que si on se limite trop la perception, on ne peut pas en percevoir beaucoup.
[Epsi] Merci. Est ce que vous avez envie d’ajouter quelque chose ? Un conseil, un truc à partager, raconter ? [Silence] Non ? D’accord. [rires] En tout cas, merci beaucoup d’avoir participé à cette vidéo. C’était vraiment, je pense, intéressant et c’était vraiment chouette d’avoir plein d’expériences différentes. Merci beaucoup et à bientôt.
[Tiamat] Avec plaisir. [rires]
[Halgkyr] On vous remercie aussi.
[Tiamat] Et merci beaucoup de nous donner la parole.