Discussion sur la communication intra-système, les différents moyens de communication, l’améliorer, etc…
Kara: Bonjour et bienvenue dans ce nouvel épisode du podcast de Partielles! Et, aujourd’hui, si on parlait de la communication? Ben bienvenue encore dans un épisode de podcast qui était pas spécialement prévu mais il y a eu toute la semaine énormément de vent à l’endroit où on habite, ce qui nous a pas permis de tourner plus tôt et du coup, voilà pour sortir la vidéo, l’audio dans les temps, on s’est rabattus sur un truc uniquement vocal. Voilà. Mais bon, c’était quand même pas un truc qui allait être très illustré donc on se dit que ça va être un peu la même chose et que ça permettra plus de spontanéité. La communication, c’est un sujet qui fait suite à la série de vidéos qui s’appelle « Savoir si on est multiple ». La vidéo précédente de ce sujet, c’était il y a un mois et c’était la prise de conscience et donc voilà, la suite sur la communication. La communication c’est quand même un vachement vaste sujet et en même temps, en préparant un peu cet épisode, on s’est dit bah je sais pas exactement ce qu’on va en dire, j’ai l’impression qu’on en a déjà dit plein de choses et qu’on a pas grand-chose de nouveau à en dire, mais enfin voilà, je sais pas exactement où ça va nous mener. Est-ce que tu as envie de définir la communication?
Epsi: La communication, c’est un peu difficile à définir parce qu’on a l’impression que c’est transmettre un message, sous quelle forme que ce soit, sauf que la communication vraiment c’est vouloir transmettre un message et que ce message soit reçu, voire soit perçu, interprété de la façon dont on a voulu l’envoyer. C’est ça qui est le plus complexe dans la communication, je trouve, c’est que c’est pas juste envoyer un message, c’est aussi que le message passe. Voilà, définition simple et compliquée en même temps.
K: Tout à fait.
E: Comme la communication.
K: Là, dans ce contexte-ci, on va plutôt se focaliser sur la communication intra-système donc sur toutes les façons dont il est possible de communiquer les uns-les unes avec les autres au sein du système.
E: Maintenant, la communication intra-système, ça reste un des éléments qui est quand même essentiel dans un système.
K: Oui tout à fait parce que, ben, sans communication, quelle qu’elle soit et on va en parler après, c’est compliqué de pouvoir un peu savoir qui pense quoi et donc de pouvoir prendre des décisions collectives. C’est compliqué de savoir qui peut, c’est compliqué de savoir qui se sent comment et donc qui peut être influencé-e ou déclenché-e par quoi. C’est aussi, si on n’a pas de communication, beaucoup plus facile d’avoir des mésentente et de faire des mauvais choix qui peuvent avoir des conséquences sur- un exemple bête c’est par exemple quelqu’un qui est allé chez le coiffeur et qui a coupé les cheveux sans demander à personne d’autre. Et ça peut être des exemples plus profonds et moins concrets. Communiquer, c’est aussi important dans tout ce qui est processus de récupération de souvenirs, d’acceptation des traumas et de travail un peu dans ce sens quoi, de savoir et d’accepter un peu ce qui a pu se passer. Qu’est-ce qu’il y a d’autre?
E: C’est utile aussi pour rassurer des alters, notamment des littles, en pouvant communiquer d’une façon adaptée pour qu’iels aient moins peur et autre. Et plein d’autres, plein d’autres raisons.
K: Bref c’est vraiment important quoi. Mais à côté de ça, je pense qu’on peut avoir l’impression de ne pas communiquer dans son système alors que je pense que c’est rarement le cas, qu’il n’y ait pas de communication du tout. Je pense que la communication peut toujours être améliorée mais c’est rare qu’il n’y en ait pas du tout. Je pense juste qu’on a un peu toustes des a priori sur par quel canal la communication, ça doit passer. Je me dis qu’on pourrait peut-être parler d’un truc un peu commun qui peut entraver la communication, sur le fait de faire passer un message et lâcher prise et le fait de pouvoir le recevoir, tu vois de quoi je veux parler?
E: Oui. Je sais pas comment nommer ça.
K: Ben moi non plus.
E: Mais oui, il y a une part d’autorisation et de lâcher prise mais oui, un peu d’autorisation à recevoir des communications, sous quelle forme que ce soit. Parce qu’il peut souvent y avoir, même si c’est très inconscient, de la peur par exemple, qui fait qu’en fait, on peut avoir l’impression qu’on communique pas ou qu’on entend rien ou qu’y a pas du tout de messages qui passent alors qu’en fait, si, mais c’est bloqué par la peur.
K: Oui ce que tu veux dire, c’est qu’il faut accepter de recevoir la réponse.
E: Oui mais c’est à un degré très profond, c’est pas juste mental « oui je suis d’accord ». C’est un degré profond d’acceptation du fait que- si je dois donner un exemple, le fait que ce sera pas pire. Je sais que personnellement, j’avais l’impression au tout début quand je connaissais pas encore bien, j’avais même pas encore de diag de TDI et tout ça, j’avais l’impression que si je leur parlais, si je les autorisais à me parler, j’aurais pas mis ce mot-là mais voilà, ça allait empirer. Que les « symptômes » entre guillemets que j’avais, le fait qu’ils soient là, pour moi à ce moment-là, c’était des symptômes de quelque chose, que ça allait s’empirer, que je donnais du crédit à quelque chose pour lequel je devais pas donner de crédit. Et ça a mis longtemps pour que je comprenne qu’en fait, c’est en communiquant que les choses s’améliorent.
K: Oui ça c’est vraiment faux et même si ce que vous voulez, c’est aller vers intégration-fusion finale, et c’est votre choix, il y a que par la communication et l’acceptation des vécus et des traumas de chacun que ça peut aller dans ce sens. Donc même si vous voulez finir par être une seule personne, ce qui une fois de plus est votre choix et ne devrait être imposé à personne et interdit à personne non plus, il faut quand même communiquer.
E: Oui et surtout, ben ça peut pas empirer vraiment parce que, on le disait dans la vidéo sur la prise de conscience de la même série « Savoir si on est multiple »: c’était déjà le cas. Les alters, ils sont déjà là. La multiplicité, elle est déjà là. Et en fait, communiquer, ça empire pas les choses, au pire on les entend plus ou c’est un peu plus instable pendant un certain temps, mais ça empire pas leur présence ou ça empire pas des trucs comme ça. Ça peut seulement permettre d’aller vers un mieux, une meilleure compréhension, une meilleure prise de décisions, etc, etc… Donc voilà, je pense vraiment que des choses comme la peur, la honte et plein de trucs intériorisés ou d’expériences passées peuvent faire qu’on s’autorise pas à communiquer ou à recevoir des communications. Et après évidemment, un autre truc c’est que malgré les efforts de communication, il y a des moments où ça fonctionne pas pour d’autres d’autres raisons. Comme par exemple des alters qui peuvent effectivement pas communiquer, pas parce qu’ils ont des moyens de communication différents mais parce qu’ils sont bloqués ou parce qu’il y a des barrières qui font que, c’est juste- les messages peuvent pas passer, soit dans un sens soit dans l’autre soit les deux. Et dans ces cas-là, en général, il faut communiquer soit avec un autre qui peut communiquer avec celui-là ou débloquer d’autres trucs qui vont permettre d’aller un peu ouvrir ces barrières, qui vont permettre une communication ensuite quoi.
K: Oui c’est ça. Et bah du coup ça va un peu dans le même sens que: si la communication est plus facile avec une personne, bon c’est pas du tout un problème de commencer par cette personne et de développer une communication plus fluide avec une personne et puis de l’étendre et d’un peu demander à cet-te alter-là d’être un peu un médiateur qui va permettre de faire passer- un médiateur ou un relais, qui va soit faire passer le message plus loin soit qui va aider à décrypter. Et ça peut aussi être un médiateur externe, ça peut aussi être un truc qui marche pour améliorer la communication, qui est de passer par une personne hors système à qui un alter A raconte quelque chose eh puis après la personne le re-raconte à un alter B. Oh et un autre truc de type tips généraux pour améliorer la communication avant de passer aux moyens de communication, un truc qui peut aider aussi c’est d’établir des règles de communication si ça peut être nécessaire pour vous. C’est pas du tout une obligation. Ça peut être sous forme intuitive, genre d’y avoir pensé et de se dire un peu que c’est fait et acté, ou ça peut passer par un truc écrit ou oral mais un truc acté quoi.
E: Ça peut par exemple être: obligation, si on sait communiquer un peu, de répondre, même si c’est pas la réponse attendue.
K: Par exemple dire « oui je suis là mais je veux pas te parler ».
E: Oui c’est ça, dire « j’ai pas envie de parler maintenant » si on pose une question mais manifester le fait qu’on est là. Ça peut être une règle par exemple de communication, parce que ça fait flipper quand on les entend plus du tout.
K: Oui c’est ça et ça peut signifier genre j’ai entendu, le message a bien été reçu, juste j’ai pas envie d’y répondre, ce qui est complètement ok. Ça peut être aussi des trucs sur s’il y a plusieurs moyens- s’il y a plusieurs moyens de communication qui fonctionnent bien pour vous mais qu’y a certains ou certaines personnes qui sont moins à l’aise avec certains, ça peut être « moi je suis d’accord de te parler et de communiquer avec toi mais vraiment, on passe par un carnet parce que sinon ça me stresse ou ça me donne trop envie de fronter et j’arrive pas à rester derrière si je formule mes pensées en mots, donc s’il te plaît, on passe par un moyen décalé comme l’écrit ». Enfin voilà, il y a moyen de trouver plein de trucs qui sont des freins qui peuvent être réglés simplement, juste en se disant « on va pas faire ça en fait », et voilà.
E: Je pense aussi qu’un autre truc dont il faut tenir compte, c’est que la communication c’est quelque chose qui se travaille et s’entretient. Il y a des systèmes pour qui ça va super vite, super bien -même si parfois, ça va super vite, super bien avec les premiers alters mais en fait, avec les suivants moins- et il y a des systèmes pour lesquels il faut vraiment beaucoup d’efforts et beaucoup de travail pour y arriver. Ça, ça dépend vraiment des systèmes et des alters mais je pense que dans tous les cas, c’est quand même quelque chose qui s’entretient ou qui s’améliore. Et je pense qu’un peu, une « erreur » entre guillemets de communication qu’on fait, c’est de communiquer seulement pour chercher des infos. Même si c’est très sain et innocent, de « comment tu t’appelles? tu es qui? », ça peut être trop- des informations trop compliquées à donner pour certains alters, surtout au début, parce qu’on sait pas forcément, parce qu’il peut y avoir le fait de vouloir se cacher, la honte, tout ça comme on disait. Ou alors dire « à quoi tu es rattaché-e? à quelle période? » et l’alter a pas forcément envie d’y penser et donc de répondre. Et donc je pense qu’essayer de communiquer autour de sujets plus cool ou d’intérêts communs ou des choses comme ça, ça peut vraiment faciliter un peu les choses et rendre la communication un peu plus accessible.
K: Oui, choisir et le biais qui fait un peu fronter l’alter le plus intuitivement pour choisir ce moment pour parler, et en parler.
E: Voilà.
K: Les deux. Bon ben ça y est, je crois qu’on a introduit un peu tout ce qu’on voulait dire. Ok ben du coup allons-y, cette longue liste. On va commencer par le plus commun, ce qu’on entend- ce à quoi on pense en premier alors que vraiment c’est pas la majorité je pense, c’est entendre des pensées, des voix dans la tête. Est-ce que tu peux en dire quelque chose.
E: Je pense effectivement que c’est le truc auquel on pense le plus vite, de « la communication, c’est censé se présenter comme ça ». Et je pense qu’il y a plein de systèmes pour qui c’est le cas, qu’y a un brouhaha dans la tête ou des musiques ou des paroles ou des espèces d’intuitions-pensées ou des pensées formulées ou pas vraiment, mais une forme de communication plus verbale, même si c’est dans la tête. Je pense effectivement que c’est le truc qu’on entend le plus, enfin auquel on pense le plus vite.
K: Ouais c’est ça, et déjà là, je pense qu’il y a des nuances qui peuvent être un peu apportées. Par exemple, on peut penser que ça peut être obligatoirement des voix, comme des voix différentes, comme si chaque alter avait sa propre voix, et ça déjà pas spécialement. Ça peut être des- ça peut être juste la voix du corps, ça peut être la voix du corps un peu modifiée, par exemple un peu plus grave ou un peu plus aiguë. Ça peut être la voix du corps mais avec une intuition de à qui elle vient. Ça peut être, pareil, la voix du corps ou apparentée mais avec un emplacement spatial dans la tête qui signifie qui c’est en fonction de l’endroit. C’est aussi pas spécialement des pensées ou des voix qui sont formulées jusqu’au bout, ça peut être par exemple un début de pensée, de pensée formulée, mais où- comme si le message avait été reçu avant que la phrase ait été terminée et qu’il y a déjà une réponse. Et pourtant, tout ça fait partie à mon avis de la grande communication- de la grande catégorie « pensées orales dans la tête », et déjà ça c’est un panel hyper grand quoi. Peut-être qu’on peut parler un peu des « problèmes » entre guillemets souvent rencontrés avec ça?
E: Oui. Bah je pense que le premier problème rencontré, c’est quand on a l’impression que c’est pas le cas. On peut avoir des grosses crises de légitimité de se dire qu’on entend personne ou de se dire qu’en fait, il y a personne, ou que quand on les entend plus, en fait on avait jamais entendu personne et c’était pas vrai. Et ça peut être plus subtil que ça parce que ça peut être aussi- parfois, tu parlais de la voix du corps ou ils ont pas tout à fait la même voix, ils ont parfois -enfin, on a parfois, à l’intérieur- pas la même voix que dehors, voire on peut un peu- les voix peuvent un peu se mélanger, les voix, les intuitions, pensées, tout cette communication comme ça. Et du coup, on sait pas forcément qui répond, on sait pas forcément si on a vraiment entendu une réponse ou si on l’a inventée ou si c’est notre propre pensée, et donc ça peut être compliqué pour la légitimité de se dire- parce que c’est rarement très très divisé, très clair, on peut être tenté de se dire « oui c’est moi, il y a que moi, c’est mes courants de pensées » ou « je sais pas si c’est vraiment un alter parce que cette fois-là, il était à droite, cette fois-là, il était à gauche », « c’était lui mais avec l’intonation de celui-là », tu vois? Tous ces trucs-là. Et ça prend vraiment du temps pour essayer vraiment de voir un peu qui est qui, qui vient d’où, qui parle comment, qui s’exprime comment pour avoir moins de problèmes de légitimité avec ce type de communication-là.
K: Je pense que c’est un bon exemple, si c’est possible et sans culpabiliser personne et en étant bienveillant, de règle un peu à mettre en place: si c’est un truc qui stresse, ça peut par exemple être, dans la mesure du possible et si c’est pas le cas aucun problème, si vous savez qui vous êtes, dites-le. Si un moyen de savoir qui parle, c’est l’endroit donc un peu spatial dans la tête, de dire, pareil, si vous en avez la possibilité ne changez pas de place ou en tout cas, ne changez pas de place, pas genre pour toujours mais ne changez pas de place soit sans le mentionner soit pour communiquer. Et oui je pense que du coup, lié à ça, il y a un peu plein de tips et de mémotech qui viennent se mettre en place, genre Bidule il est toujours là ou il parle toujours comme ça, et qui au fur et à mesure du temps peuvent renforcer les certitudes et diminuer les doutes quoi.
E: Oui c’est ça, même si c’est clair qu’il faut rester ouverts au fait que les choses peuvent changer. Mais c’est clair que oui, les premiers mois c’est vraiment les trucs un peu « importants » entre guillemets à essayer de faire, c’est essayer de comprendre un peu qui est qui et un moyen de communication pour y arriver quoi.
K: Ouais. Un autre truc qui peut arriver aussi, c’est que le fait de, comme je disais dans les règles, de formuler ses pensées et parler, ça donne envie de s’approcher trop près et du coup, ça pousse à switch. Et un truc qui peut servir pour ça, c’est par exemple, si c’est possible pour vous- oui c’est toujours la même chose, il y a plein de- on va- c’est toujours la même chose, on va donner plein de tips et de trucs qu’on a vus, entendus, essayés, qui ont marché ou pas, et le but c’est vraiment de donner un panel hyper large pour que vous puissiez, dans le tas, trouver des trucs qui fonctionnent pour vous, mais absolument tout ne peut pas marcher pour tout le monde, ce serait trop simple. Un truc qui peut marcher, c’est genre de mettre un haut-parleur dans l’inner, dans la salle de front, dans- enfin de mettre en place un truc qui fait que le message passe plus loin, pour que le message puisse être envoyé plus loin sans que la personne ait à se rapprocher. E: Oui c’est ça ou un interphone ou même si c’est pas aussi visuel ou physique comme truc, essayer d’imaginer que le message peut aller plus loin, que ce soit dans un sens ou dans l’autre, qu’on peut- que les informations que le corps reçoit et que nous on pense, elles peuvent aller plus loin derrière pour qu’ils aient pas envie de venir plus près pour savoir ce qui se passe, et à l’inverse, que de derrière, ils puissent aussi envoyer leurs informations plus proche du front, pour pas devoir venir trop près et risquer de passer devant alors qu’ils en ont pas envie vraiment, de choses comme ça.
K: Est-ce que tu as encore des trucs à dire sur l’oral dans la tête?
E: Non?
K: Je pense qu’on peut brièvement parler du fait de parler à l’oral mais tout haut, qui est très très similaire. Il y a pas grand-chose de plus à en dire, vous pouvez faire tout pareil mais en parlant tout haut. Et c’est pareil, ça donne un peu les mêmes problèmes quoi, bah ça reste votre voix du corps et vous pourrez peut-être avoir l’impression que vous parlez tout seul, vous pourrez peut-être avoir l’impression que c’est un peu genre ridicule. Mais ça peut marcher plus, mieux, de formuler tout haut, en se mettant dans des endroits où vous pouvez pas être entendu-es. Et ça peut même par exemple genre être dans la rue en faisant semblant de téléphoner si vous en avez pas la possibilité chez vous par exemple, d’être seul vraiment. À l’heure actuelle, personne se dit que quelqu’un parle tout seul s’il a un écouteur ou un truc comme ça quoi. Je voulais rebondir sur un truc que tu as dit à moitié, et du coup je me suis dit: c’est vrai, on va le mettre maintenant. On peut peut-être parler du mapping? Parce que tu as dit « dans les premiers mois, c’est un peu ce qu’il faut, savoir qui est qui et qui fait quoi », eh ben c’est exactement ça le mapping. Le mapping c’est- en français je crois que c’est carte mentale?
E: Ouais, c’est cartographier, je suppose?
K: C’est un peu une carte, un plan, une liste, prenez le visuel qui convient le mieux, de un peu tous les alters, tous l’inner, qui se place à quel endroit, qui semble dater de quelle période, qui s’appelle comment, c’est quoi les pronoms de Machin, à quoi iel ressemble, est-ce que Machin est connecté à Bidule ou plutôt à Truc, est-ce que toutes ces personnes savent communiquer entre elles et sont interconnectées ou est-ce qu’il y a plutôt des grandes zones avec par exemple, un groupe là, un groupe à côté, etc, qui est à l’aise avec quoi, qui fronte quand, est-ce qu’il y a des périodes de l’année qui sont plus propices à certains alters ou pas, … C’est un peu recenser toutes les informations que vous pouvez avoir sur tout le monde et les noter.
E: Et essayer de les structurer
petit à petit comme on peut.
K: Et pour ça, il y a mille et une façons. Il y a simplement un bon vieux bout de papier et de faire ça un peu intuitivement. Y a aussi des applications sur téléphone de Mind Mapping qui permettent de faire ce truc d’avoir des connexions entre différents groupes, et dans un groupe on peut mettre plusieurs alters qui pourraient être un sous-système ou juste un groupe d’alters de -insère ici un critère, comme la même période ou la même zone géographique dans l’inner-, il y a des applications qui le font. Ça peut être plus banal et être juste une liste comme un fichier Excel. Ça peut être dans Simply Plural où on peut rentrer chaque alter, on parlera plus tard de Simply Plural mais voilà. Ça peut être un serveur Discord ou vous mettez toutes les infos un peu en vrac. Voilà, il y a mille et une possibilités. Oh et un autre truc qui est cool si vous en avez peut la possibilité, c’est de garder les différentes versions plutôt que de remplacer. Je sais que par exemple, sur un serveur Discord, c’est un peu intuitif de modifier son message avec les nouvelles infos mais en fait, si vous en avez la possibilité et que ça vous met pas mal à l’aise ou peut-être vous pouvez, si vous voulez plus voir certaines infos, genre les mettre dans un document Drive et pas les regarder, mais c’est hyper chouette au fur et à mesure des années, de voir ah ça c’est ce que je pensais en telle année, oh bah maintenant je pense plutôt ça, oh waouh c’est telle perception en fait, … Ça aide vraiment, comme plein d’autres choses, dans ce truc de garder des traces pour voir les évolutions mais c’est très lié à la communication quoi, c’est hyper valorisant de voir comment vous communiquiez il y a 3 ans et comment vous communiquez aujourd’hui, en fonction des perceptions que vous aviez chacun-chacune les uns, les autres.
E: C’est un bon conseil, c’est une bonne idée.
K: Et ouais, si ça vous met mal à l’aise de relire des vieux trucs, vous n’êtes pas obligé-es de les relire. Peut-être qu’un jour, vous serez à l’aise. Et si ça vous met mal à l’aise d’avoir des infos qui vous semblent erronées aujourd’hui, c’est ce que je dis, mettez-les juste de côté quoi. Mais oui, c’est cool de pouvoir relire des trucs.
E: Le mapping et la communication, ça reste des trucs- ça reste un peu la base de comment faire partie d’un système et gérer un système et-
K: Mais c’est déjà communiquer.
E: C’est déjà communiquer et c’est déjà aussi voir peut-être pourquoi la communication fonctionne moins. Tu parlais de différents groupes, sûrement que le groupe communique plus facilement entre eux qu’avec le groupe d’à côté ou qu’il faut un élément neutre entre les deux groupes pour pouvoir communiquer entre ces deux groupes-là. Il y a plein de choses comme ça et c’est en faisant du mapping qu’on peut aussi faire ce genre de liens. Les deux s’améliorent l’un, l’autre.
K: Et peut-être que communiquer en pensées ça marche bien avec tel groupe mais pas avec les autres qui sont peut-être plus loin et que faut passer par un truc genre écrire ou voilà. Ok, ben parlons d’écrire du coup. Donc écrire, c’est pareil, c’est un peu comme penser, c’est le deuxième grand truc qu’on entend beaucoup et qui, pareil, peut être un panel de possibilités. Ça peut être écrire dans un journal. Ça peut se laisser des petits post-it et des tableaux sur le frigo, genre attention aujourd’hui on a rendez-vous à tel endroit ou n’oublie pas de sortir le chien. Ça peut être écrire à la main. Ça peut être écrire sur des apps en se laissant des to-do, en se laissant des petites notes, en se laissant des trucs comme ça. Ça peut être écrire dans des applications spécifiques de chat qui permettent de de parler à plusieurs en mettant son nom ou un emoji pour représenter chaque personne mais du coup, qui visuellement montre vraiment bien les- plusieurs personnes qui parlent, parce qu’en écrivant à la main par exemple ou dans une note, ben ça peut être plus compliqué et être moins visuel, en écrivant à la main, il peut y avoir des différences d’écriture ou pas, ce qui peut être genre difficile pour la légitimité ou pas.
E: Il y a Discord toujours, avec PluralKit, pour différencier qui parle si on veut.
K: Et en parlant de post-it, je le glisse là parce que je pense que j’en ai jamais parlé et vraiment cette application est trop bien. J’utilise une application qui s’appelle NoteIn -en fait moi je dis « notin » parce que ça s’écrit « note – un » mais je pense vraiment qu’en fait, c’est « note in », en un mot, n-o-t-e-i-n- qui est une app qui permet de mettre des petits bouts de notes, comme sur un post-it, en notification. Et donc ça fait une petite bulle quoi et ça reste dans votre panneau de notifications. Peut-être qu’il y a plein d’autres apps qui font ça mais je ne le sais pas et donc voilà, c’est un peu le post-it moderne quoi, dans le sens où c’est pas comme un rappel qui doit sonner et qu’on doit paramétrer, tant que vous swip pas la notif, bah elle reste là quoi.
E: L’avantage de l’écrit c’est que, contrairement au mental, ça reste. Même si le mental, en fonction des systèmes toujours, ça va plus vite, c’est plus intuitif souvent, plus vite prendre une décision, et des choses comme ça. Mais passer par l’écrit pour certains trucs, même si on a une communication mentale ou en général, ça peut être cool, surtout si on a des problèmes d’amnésie parce que ça permet de garder une trace quoi et de revoir, même des années après effectivement, nos journaux en se disant waw quelle évolution. C’est un avantage de la communication par l’écrit.
K: Oui et ça permet aussi d’avoir une réponse différée, ce que le mental permet difficilement. Ça peut être poser une question, laisser un message à quelqu’un en particulier ou à tout le monde, et attendre que toutes les personnes concernées aient eu le temps de passer pour répondre. On n’est pas obligés d’être coconscients pour communiquer à l’écrit et on peut attendre juste soit un switch provoqué soit un switch involontaire, mais voilà, ça permet de donner la parole à tout le monde et d’être sûr-e des réponses quoi.
E: Ça aussi, message un peu à tous les alters de tous les systèmes parce que ça peut arriver: on parlait des messages différés, ne faites pas, s’il vous plaît, des messages différés dans la tête sans dire que c’est une réponse différée, sinon on comprend pas haha.
K: C’est vrai. Et moi aussi j’avais un truc à rajouter sur l’oral mais je savais pas si j’allais le faire mais vu que tu viens de le faire, je vais me l’autoriser aussi. N’hésitez pas à, si vous avez eu une conversation hyper longue et enrichissante à l’oral dans votre tête, à en prendre des notes après ou à en faire un résumé, que ce soit avec une note vocale ou quelque soit le moyen, mais à vous dire « potentiellement on va oublier ».
E: Si, si, vous allez oublier.
K: Et je pense que c’est normal, je pense que c’est compliqué de retenir toutes les informations qui sont passées. Et voilà, du coup, même si vous communiquez en pensées essentiellement, si vous avez des longues conversations ou des trucs importants, voilà, prenez des notes. Et je vous dis pas prenez des notes pour savoir ce que vous allez souper au soir mais pour des trucs importants et longs. J’ai vraiment l’impression que plus la conversation est longue et plus son potentiel d’oubli est grand.
E: Oui. Ou potentiellement quand il y a quelqu’un de bien loin qui débarque pour avoir une longue conversation, c’est souvent dans ce moment-là que c’est le plus entre guillemets « intéressant » sur le moment, mais que tu oublies le plus vite.
K: Et du coup, tant qu’on est aussi à rajouter des petites notes, j’ai dit qu’on parlerait plus tard de Simply Plural mais en fait, au final, on a dit tout ce que je voulais dire sur les applications et j’ai plus rien à dire, du coup c’est plus vraiment un point à part entière donc je pense que je vais parler de Simply Plural là. Simply Plural, c’est une application par les Plurals pour les Plurals, par et pour les multiples, qui a été créé par un système, qui est disponible sur iOS et Android. Nous en avons fait une vidéo tuto sur comment l’utiliser à sa sortie, l’application a été mise à jour depuis donc c’est plus exactement à jour, enfin il y a des petites choses qui ont changé, il y a plus de possibilités maintenant mais comme ça, vous avez l’idée. Qui permet- sa grande- son grand truc, c’est de noter les fronts et du coup, de pouvoir- donc c’est faire une petite fiche par alter et comme ça, on peut mettre qui fronte de quelle heure à quelle heure et un peu de traquer comme ça les switchs. Et il y a moyen d’ajouter des personnes en amix dans Simply Plural, ce qui veut dire que -multiplie ou singlet d’ailleurs- ce qui veut dire que vos proches -et c’est sur autorisation donc c’est pas genre tous vos amis, c’est pas pour tous les alters, c’est vraiment très bien paramétrable, il y a pas de souci avec ça- vont pouvoir savoir si vous avez switché ou pas, ce qui peut être potentiellement difficile de dire « j’ai switché », et voilà, enfin c’est l’idée. Je vous mettrai le lien de la vidéo qui parle de ça. Et je sais pas encore si on fera un épisode complet, une vidéo complète, sur la communication extra-système, on verra bien mais bref, ça rentre plutôt là-dedans mais voilà, c’était une parenthèse. Et Simply Plural permet aussi une autre option, qui est le point suivant, vous voyez je fais des liens, comme quoi, hein bon, qui est le fait de faire des sondages/sondages rapides. Donc Simply Plural a une possibilité de faire des sondages où on peut mettre les réponses possibles soi-même et chaque profil Simply Plural- donc si vous avez fait des profils pour tout le monde, chaque alter peut répondre et ça fait des statistiques de combien de pourcentage de telle réponse. Vous pouvez le faire comme ça. Vous pouvez le faire par tous les autres moyens mais si vous voulez un truc, genre si vous êtes beaucoup à voter, ça peut être compliqué de retenir. Et un sondage rapide, c’est la même chose mais plus intuitif avec moins de possibilités de réponses ou en tout cas, des trucs plus petits. Ça peut par exemple être répondu juste par oui ou par non, on pose une question « est-ce qu’on mange maintenant ou pas? » – oui/non, et de faire un peu intuitivement tout le monde donne sa réponse et un peu ressentir si c’est plutôt une balance vers le Oui ou une balance vers le Non. « On se coupe les cheveux maintenant ou pas? ». C’est un peu des petites décisions ou des trucs où l’avis de tout le monde absolument ne sera peut-être pas pris en compte parce qu’il y a des gens qui vont pouvoir répondre et d’autre part, d’autres qui en auront envie et d’autres pas, mais où c’est pas grave que ça se produise, et du coup voilà, c’est un peu sondage rapide.
E: Je vais juste rebondir sur ce que tu as dit du fait d’être beaucoup et de prendre une décision à beaucoup. On en a parlé un peu avec les médiateurs mais donc c’est possible aussi dans un système de un peu « nommer », « élire », en fonction de comment vous pouvez vous organiser, un alter qui est un peu porte-parole pour différents groupes ou différents alters. Ça peut, pour éviter que tout le monde parle en même temps, ça peut être bien qu’iels parlent au porte-parole qui parle- qui ramène ça devant, tu vois, notamment pour des systèmes qui sont très nombreux. Et ça peut être bien autant pour des prises de décision, des sondages et tout ça, que pour la communication en général quoi. Le porte-parole envoie les messages derrière, ramène les messages devant.
K: Et puis ça marche pour tout quoi, c’est pareil, ça peut- le porte-parole peut, si c’est une réponse en différé à l’écrit, peut juste noter pour toutes les personnes dont il a pris la température et comme ça, il y a pas beaucoup beaucoup de switches juste pour dire « Ok! ». Un autre moyen de communication qui est un peu en lien avec ça, avec les sondages rapides, c’est -je sais pas comment on pourra appeler ça en français, je suppose qu’on pourrait dire un « poke »? Comme sur Facebook, tu te souviens? Ce truc de juste faire « hey salut, -insère ici une mini question, genre- tu es là? » – « oui », « tu vas bien? » – « oui », « tu veux tel truc? » – « oui ». Vous voyez ce genre de mini questions juste à une seule personne du « hey », et qui donne une réponse instantanée et
intuitive. E: Souvent les réponses c’est « oui », « non » ou pas de réponse. C’est aussi un moyen et bah évidemment ça permet pas d’avoir des conversations très longues et développées mais c’est déjà de la communication qui au quotidien est vraiment utile.
E: Voilà, un peu- la communication mentale et la communication écrite, c’est un peu les deux grands moyens connus de communiquer mais en fait la communication ça passe- ça passe par plein d’autres choses, notamment parce que on partage le même corps. Et donc la communication, elle peut passer par des sentiments, des intuitions un peu physiques, corporelles mais aussi des sensations physiques, des douleurs, des frissons, des- je sais plus comment ça s’appelle, le fait de sentir une présence à gauche, à droite mais externe au corps plutôt. Tous ces trucs-là peuvent être des moyens de communication. Et évidemment quand on pense à l’écrit, il y a aussi le dessin et plein d’autres choses comme ça. Ou la musique, ça peut être aussi un moyen de communication. La communication en fait, c’est très large. J’ai envie de dire que ce qui est oral-mental et écrit, c’est le plus connu mais c’est pas forcément le plus commun, au final. Je pense qu’il y a beaucoup-.
K: C’est le plus conscient mais c’est tout.
E: Et c’est ce qui peut être peut-être le plus structuré, naturellement structuré, mais il y a en fait énormément de choses qui passent par énormément d’autres biais. Et ça peut difficile de rester attentif à ce genre de trucs parce que, bah, si je pense notamment à la communication par les sensations du corps, si on est un système trauma notamment, on peut avoir beaucoup de dissociation et donc en fait, être très dissocié de son corps, et donc ne pas se rendre compte qu’en fait il y a des sensations qui sont de la communication et que juste on l’entend pas.
K: Et ça peut être compliqué de savoir qu’est-ce qui est physique et qu’est-ce qui est communication. Genre si tu as une des douleurs chroniques ou même pas de douleurs chroniques mais juste, est-ce que j’ai mal quelque part ou est-ce que c’est un message?
E: Oui c’est ça. Mais pour autant je pense que c’est bien de reconnaître que ça reste une forme de communication. Comme je disais un peu au début, la communication c’est transmettre un message et c’est qu’il soit reçu. Et le fait de, je sais pas, avoir une sensation au milieu du crâne, un mal de tête ou une douleur quelque part, ben le message il est pas forcément bien reçu mais la communication essaye d’exister quand même. Et c’est bien, c’est c’est une bonne chose à prendre en compte. Et de se dire ok, et peut-être essayer par la pensée ou par un autre moyen de dire: je comprends pas ce que tu essayes de me dire, je sais pas si tu essayes vraiment de communiquer avec moi, est-ce qu’on peut essayer un autre biais, ou des trucs comme ça.
K: J’ai bien reçu ton message mais j’ai pas compris.
E: Je suis désolé de pas avoir compris, et voilà. Mais voilà, il y a beaucoup de systèmes qui, je pense, se disent qu’ils n’ont pas de communication, et c’est pas vrai, ils ont juste des communications plus entre guillemets « subtiles », moins concrètes. Et il faut, voilà, apprendre à connaître son système et à réaliser qu’il y a des formes de communication et qu’il faut juste trouver la façon de communiquer qui convient à- aux deux alters qui essaient de communiquer quoi.
K: Ouais c’est ça et sur la musique c’est pareil, ça peut autant avoir envie d’écouter des musiques que- genre qui sont pas dans vos playlists personnelles mais qui sont dans les playlists de plutôt quelqu’un d’autre, ou d’avoir envie d’un style ou d’un mood un peu lié à certaines musiques ou à certaines époques ou qui peuvent aussi donner un message sur qui est plus proche de vous, qui a peut-être plus de difficultés et aurait besoin d’être rassuré-e si c’est, vous voyez, des musiques un peu d’une époque un peu nulle ou des choses comme ça quoi.
E: Ou qui ressent quoi. J’ai envie d’écouter des musiques tristes alors que je le suis pas, bah c’est peut-être que quelqu’un derrière l’est et a besoin de l’exprimer mais peut- ne sait pas dire « je suis triste » ou on entend pas qu’il pleure à l’intérieur. Mais voilà, c’est une forme de communication.
K: On en n’a pas beaucoup parlé mais oui, on peut entendre des sons aussi.
E: C’est vrai.
K: Comme des pleurs, comme des cris, des rires, des- s’il y a des alters non-humains, ça peut aussi être des bruits de l’animal quoi comme des ronronnements, des feulements, … Le dernier moyen là, dont on a envie de parler- peut-être qu’il y en a d’autres, enfin évidemment qu’il y en a d’autres en fait, juste on a listé et les plus communs et ceux auxquels on a pensé-, c’est la communication automatique/intuitive, autant à l’écrit qu’à l’oral. Et je sais qu’il peut y avoir un lien avec la spiritualité dans ce truc mais c’est pas du tout ça que je parle, je parle d’écrire ou parler sans s’arrêter en disant tout ce qui vous vient par la tête et de juste voir ce qui sort, de faire ça pendant un certain temps et de voir ce qui sort. Et en fait, généralement, en se laissant s’exprimer sans réfléchir, ça finit par donner des choses intéressantes qui permettent de rebondir ou de juste laisser sortir, et c’est déjà bien. Mais il y a rien du tout de lié à la spiritualité là-dedans qui- c’est juste pour communiquer entre vous quoi, voilà. Et donc ben oui juste ça, ça peut vraiment être difficile et faire sortir des trucs un peu enfouis auxquels on s’attend pas. Et donc- et, tout comme ça peut sembler hyper long, où vous écrivez « je ne sais pas quoi écrire mais bon, je me suis dit que je ne pouvais pas m’arrêter donc je vais continuer à écrire ce que je pense pendant 10 minutes mais étant donné que je ne pense rien… », ça peut vraiment être très long, ça peut vraiment être les deux. Mais un truc que je peux vous conseiller au départ, c’est de vous mettre un chrono, par exemple 15 minutes, je pense que moins c’est compliqué pour sortir de « je ne sais pas quoi écrire ». Et comme ça, ben ça donne un but. Si vous- si après 15 minutes, il s’est rien passé et que vous en avez marre, ben vous arrêtez. Et si après 15 minutes, vous avez des choses chouettes, eh ben vous pouvez réfléchir à savoir si vous remettez un chrono ou si vous arrêtez ou voilà. Et même si il s’est passé des choses chouettes et que vous avez fait sortir des choses intéressantes ou bénéfiques, ça peut être ok de s’arrêter. C’est pas parce que ça a marché qu’il faut continuer et se remettre un chrono de 15 minutes parce que c’est ok que ce soit éprouvant et que ce soit assez, il y a pas besoin de toujours plus. Mais à côté de ça, si vous êtes dans un truc qui vraiment vous semble important ben juste continuez. Voilà. Et on entend souvent parler de ça à l’écrit et je pense vraiment qu’en fonction de ce qui fonctionne le mieux pour vous, à l’oral ça marche tout aussi bien. Vous mettez un enregistreur sur votre téléphone et vous faites la même chose en parlant. Et ça donne exactement les mêmes choses quoi, « oh là là, c’est vraiment long, je sais pas du tout ce que je vais faire aujourd’hui après ces 15 minutes mais oh là là, je ne vais pas m’arrêter de parler parce que j’ai dit que j’allais le faire… ». Voilà.
E: C’est très bien comme truc je pense parce que ça passe une espèce de barrière du conscient, que je disais tantôt, de passe s’autoriser à se laisser communiquer. Ça va chercher plus loin un peu tout seul, une fois que tu as passé ce « je ne sais pas quoi écrire » ou « je ne sais pas quoi dire ».
K: Oui c’est ça.
E: Souvent, ça finit par se faire tout seul, il faut s’entraîner un peu mais voilà, ça finit par être efficace souvent.
K: Et à côté de ça, ça peut vraiment être éprouvant. Genre, moi à un moment, je voulais faire ça, je voulais faire les pages du matin, et donc c’était ça le concept quoi, il fallait écrire quatre pages tous les matins. Et en fait, je le faisais tous les jours de la semaine, du lundi au vendredi, et je me sentais mais mal à fond en arrivant au boulot parce que je faisais ça dans le train pour aller travailler, et parce qu’en fait, je pense que j’allais toucher inconsciemment à des trucs un peu profonds et compliqués eh puis pouf pouf, je fermais la porte et j’allais bosser haha. Je pense que- bah oui, je pense vraiment que ça peut être dur et qu’il faut du coup, ouais, se mette un chrono ou pas le faire tous les jours, et rester à l’écoute de « c’est pas parce que ça marche qu’il faut le faire tout le temps en fait », il faut aussi un peu digérer ce qui a été sorti. Est-ce que tu penses qu’on peut parler un peu de trucs sur comment s’entraîner à communiquer? On a déjà un peu dit au début mais est-ce que tu penses à d’autres trucs?
E: Oh ben je pense que- je pense qu’il faut pas désespérer parce qu’il y a vraiment des systèmes pour qui ça va très vite et des systèmes pour qui ça prend vraiment beaucoup de temps, des semaines, des mois pour avoir un peu de communication, un peu de communication plus consciente et ce genre de choses, donc voilà, vraiment pas lâcher l’affaire. Aussi, un truc, ça peut être que tant qu’on est dans un environnement qui est pas suffisamment safe, ça peut être possible qu’il y ait pas de communication par exemple, parce que c’est le mode survie par exemple. Et donc voilà, c’est pas- l’environnement n’est pas propice à ce que il y ait moyen de se poser pour communiquer parce qu’en fait, on est toujours en état d’alerte et donc ça peut pas. À part ça, ben s’entraîner et essayer de voir ce qui fonctionne. Et il y a moyen de voir ce qui fonctionne, potentiellement même si c’est pas toujours linéaire, mais si on est plus à l’aise pour communiquer avec les gens de l’extérieur à l’écrit, peut-être que l’écrit est le moyen plus adapté pour communiquer avec les alters, ou à l’oral – à l’oral, tu vois? C’est pas forcément linéaire, parfois tu es plus à l’aise à l’écrit avec les personnes extérieures mais plus à l’aise à l’oral à l’intérieur, ça peut être l’inverse, mais ça peut être une piste pour commencer. Essayer, voilà, de rester attentif à toutes les autres formes de communication, parfois les plus inattendues. Communiquer par la musique, c’est un truc qui est encore fréquent, mais je suis sure qu’il y a plein de trucs auxquels on pense pas. Et je sais qu’une question qui revient souvent, c’est comment communiquer avec des alters qui ne parlent pas, notamment si on communique en parlant, que soit dans la tête, avec les autres. Ben passez par d’autres moyens quoi, soit l’écrit, soit ces autres moyens. Si on peut voir l’alter dans l’inner ou en tout cas le percevoir d’une certaine façon, il y a moyen de communiquer par langue des signes, que ce soit une vraie langue des signes du monde extérieur ou que ce soit une langue des signes un peu inventée de son innerworld, ça marche aussi. Il y a plein de moyens de communiquer de façon non-verbale. Je sais qu’un exemple qu’on donne souvent, c’est: les animaux du monde extérieur, ils parlent pas et pourtant, ils communiquent avec nous. Eh ben avec les alters, que ce soit des alters non-humains ou pas, il y a moyen d’essayer de communiquer comme ça aussi, par d’autres moyens qui peuvent même être très personnels au système.
K: Oui ça peut être voir des couleurs, un peu avoir codé chaque couleur pour chaque émotion.
E: Ou utiliser effectivement d’autres outils comme des roues d’émotions ou des trucs comme ça pour essayer, des dessins de différentes choses, pour avoir d’autres formes de communication.
K: Une question qu’on nous pose souvent et qui rejoint très fort ça, c’est: est-ce qu’on peut communiquer avec les fragments?
E: Oui je pense que ça dépend juste des fragments et c’est- il y a des fragments qui parlent même s’ils sont pas forcément capables de développer une pensée très profonde, ils savent répondre oui ou non, ou donner une émotion ou des trucs comme ça. Et tout ça, c’est des formes de communication. Et donc oui, on peut communiquer avec les fragments. Après, ça peut être plus compliqué qu’avec des alters qui ont un conscient, une façon de parler et des structures de phrases plus complexes que les fragments n’ont pas forcément, mais oui, oui c’est possible. Et c’est un peu un moyen de savoir parfois si c’est un alter ou un fragment: en lui posant la question. Est-ce que tu es un fragment? Oui. Ok tu es un fragment. Est-ce que t’es un alter? Oui. Si tu réponds non aux deux, y a encore matière à chercher. Faut demander autre chose à ce moment-là. Est-ce que tu aimes le rouge? Est-ce que tu as une couleur préférée? Non? Est-ce que tu es quelqu’un? Parfois c’est juste réponse « non », « non », « non » à tout.
K: Un autre truc, c’est, un peu comme plein de choses mais c’est de commencer petit et facile. Par exemple, commencer dans des moments où vous vous sentez relativement bien, où vous êtes dans un endroit cool, que soit chez vous ou à l’extérieur, et peut-être aussi sans distraction. Un peu se mettre dans un endroit sympa, fermer les yeux et essayer de poser des questions en pensées, ou si c’est à l’écrit pareil, mais voilà, se mettre dans un bon climat pour pousser à la communication. Comme on le disait aussi, peut-être commencer par un seul alter si c’est plus facile. Voilà, un peu choisir un- choisir des choses qui vont rendre la situation plus favorable, que d’essayer en plein moment de crise et en pleine rue bondée, de communiquer avec quelqu’un avec qui vous avez jamais parlé, en pensées, pour avoir une conversation formulée hyper construite et hyper importante, genre c’est décisif. C’est pas le même genre de truc quoi.
E: Ça peut aider aussi de se mettre des bruits un peu neutres, des bruits de nature ou des bruits- une musique neutre, voilà. Ça peut être des trucs qui peuvent aider. Et aussi parfois, ça c’est un truc que j’ai remarqué chez moi, la communication elle peut dépendre, un peu, de vraiment l’endroit dans lequel on est ou de ce qu’on fait. Je sais qu’il y a des moments où, quand ma communication elle est bloquée, je communique plus facilement quand je conduis. Si je conduis en écoutant de la musique, la musique dans la voiture et tout ça, ou en chantant -parce que je suis seule dans ma voiture et donc je chante-, eh ben il se passe des choses dans ma tête.
K: Ouais ou on en revient, en cuisinant ou en faisant des trucs un peu où la communication est facile et propice. Et parfois, quand c’est un peu bloqué, débloquer la communication par un truc nul, genre vous voyez cet-te alter qui commente toujours comment vous faites à manger, eh ben ça peut après débloquer toute la situation. Pour finir, une autre question qu’on nous pose souvent, c’est: est-ce que les alters qui ne sont pas au front, qui sont pas coconscients, entendent ce qu’il se passe et sont au courant?
E: Ben ça dépend. Je pense que potentiellement, il y a plein d’alters qui sont au courant de plein de choses.
K: Ouais.
E: Mais qu’on le sait pas, voire qu’iels ne le savent pas eux-mêmes.
K: Ou qui ont pas envie qu’on le sache.
E: Ou qui ont pas envie qu’on le sache. Ça dépend en fait, ça dépend des barrières qu’il y a. Il y a des alters qui peuvent entendre de- enfin peuvent savoir ce qu’il se passe à l’extérieur- de très, très loin et d’autres qui peuvent être très près et ne pas l’entendre ou pas le savoir. Bah t’en parlais au début, du fait de mettre des moyens de transférer les informations à l’intérieur, je pense que c’est vraiment bien.
K: Et pas hésiter à s’assurer en fait. Qui- tu vois de quoi je te parle là? Oui tu étais là? Ok, oui, non. Et à l’inverse, ne pas hésiter, avec bienveillance et consentement, à, si c’est possible pour vous, demander à certains alters de reculer pour ne pas entendre. C’est par exemple parfois utile de parler de sujets en éloignant un peu les littles ou en éloignant des alters qui sont déclenchés par certains sujets. Et si c’est possible de leur dire, bah voilà, allez un peu plus loin, faites-vous un truc cool dans l’inner si c’est possible pour vous, et comme ça, nous on peut en parler, et ça fait de mal à personne mais en même temps on peut en parler. Communiquer, c’est aussi ça, c’est aussi pouvoir dire « s’il te plaît, n’écoute pas ».
E: Voilà. Un dernier truc que j’ai peut-être envie de dire, c’est que: c’est assez fréquent dans ce qu’on vit, connaît, lit que même avec une bonne communication, il puisse y avoir des informations qui passent pas de l’arrière à l’avant. Comme si il y avait une espèce de barrière entre le conscient et l’inconscient et que l’alter derrière, il sache plein de choses mais il sache pas les faire passer devant, même en frontant, même en essayant de les exprimer, des trucs comme ça. C’est pas un problème de communication, je pense, à ce moment-là. C’est plus un problème de barrières, il y a un truc qu’il faut faire tomber ailleurs pour que l’information puisse passer mais donc voilà. C’est en ça aussi qu’on disait, bah, de pas toujours forcément aborder que des sujets plus compliqués. C’est, voilà, c’est pas parce que des informations ne passent pas, même si l’alter le veut, même si l’alter essaie de venir à l’avant avec, que la communication est mauvaise, ça peut venir simplement d’autre chose.
K: Voilà, donc pour conclure, à la question qu’on nous pose le plus souvent: est-ce que, quand on les entend pas, ça veut dire qu’on ne communique pas? J’espère que, après tout ça, vous avez compris que non. On communique toujours même si on n’entend pas. Sachez que c’est hyper fréquent, que c’est- vraiment c’est hyper fréquent de pas les entendre ou que ce soit un peu brouillé et que ça revienne ou que ça dure un certain temps ou pas. On espère que tout ça vous aidera à voir un peu plus clair dans les moyens de communication et à vous sentir un peu plus légitimes de communiquer, peut-être par des moyens pas les plus abordés mais qui sont tout aussi valables. Et le principal c’est que si ça fonctionne pour vous, c’est le principal. Merci beaucoup d’être resté-es jusqu’ici. On se retrouve un dimanche sur deux sur Youtube et le reste du temps sur les réseaux sociaux, et à bientôt!